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HISTOIRE
DES ROIS DES PERSES
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HISTOIRE
DES ROIS DES PERSES
PAR
ABOÙ MANSOÙR ABD AL-MALIK IBN MOHAMMAD IBN ISMÀ'ÎL
AL-ÏHAÀLIRi
TEXTE ARABE PUBLIE ET TRADUIT
H. ZOTENBERG
Li^
fl^^
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
MDCCCC
711693
PRÉFACE.
I
Le Icxli' public dans le pn'st-iil voluiiir lail partie d un ouvraf^c
(|ui, vraiseniblabliMiicul, na jaiiiais r-lc 1res répandu eu Oi'ienl, cl
doni, actucllenicnl, on ne counait que trois manuscrits inconiplcls :
lun dans la bibliollicquc d'Ibiàbîm-Pacha à Constanlinoplc, les deux
autres à la Bii)liolbè([ue nationale de Paris.
Lp manuscrit de Constanlin()|)le, doni le lili-e lif^ure au cataloque
de la bibliothècpie (ribràbîni-Paclia, sous le n" 916, se trouvait
autrefois joint à un exeniplaiic de la jurande Histoire universelle
d'ibn-kbaldoùn, comme la constaté, en 1828, F. E. ScJiulz. Dans
une lettre adressée à Saint-Martin, le célèbre voyageur rapporte ce
(pii suit : Le dernier ouvrage (|ui m'a particulièrement occupe
pendant mon séjour à (ionstantinople est le grand ouvrage d'ibn-
Khaldoun le l'ai trouvé, sept volumes in-iolio, dans la belle
bibliotlièque d'Ibrabim-Pacba, en face de la mosquée des princes du
sang {^Schahzadélerdjdmisi). Cet ouvragf; devait former neuf volumes,
mais les Turks, dans leur ignorance, ont pris les deux premiers \o-
lumes de fhistoire de JJuusaïn ebn-Muliammed elmeràcjla pour ceux fie
riîistoire d'Ibn-Klialdoun, et les ont substitués à ce dernier''^. » Dans
une Note sur le (jrand ourracje historique d'Ibn-Klialdoun, Schulz s'ex-
prime ainsi : « Sur buit volumes in-folio du manuscrit arabe que le
catalogue de la bibliotbèque d'iJirabim-Pacha donne poui- le grand
ouvrage historique d'Ibn-Khaldoun, il n'y en a que six qui appar-
tiennent à cet auteur On a pris par erreur les deux premiers
(^) Journal asiatique, 1828, I. ], p. yyelsuix.
.1 PREFACK.
volumes (le l Histoire universelle dellousaïn, fils de Mohammed, pour
le connnencemenl du Tarikli dlliu-klialdoun; et l'on a été assez if^no-
ranl pour ajouter au vrai litre de l'ouvrage de llousaïn, crlui de
j_j>N--s-iIj f«-#^j^ <T>r*-'l ^'y*>^y s-AjJt t_>i-*-J , qui est le lilre même de
l'ouvrage d'Ibn-Klialdoun. Mais il ne faut qu'un seul coup d'œil pour
voir que ces deux volumes n'ont rien de commun avec l'Histoire d'Ihn-
Khaldouii. l/ouvrage de Housaïii, dont ils lonuciil le coujinence-
ment, |)orle ce titre v-A-fJtjN-c [Les splendeurs des vies), ou bien celui
de ?>LsswL jJAX\ y>>^ ^ xyul 4_>ljo [Livre des Splendeurs, contenant la
buKjraphie cl l'Iiisloire des rois). L'auteur a composé, suivant sa préface,
cet intéressant ouvrage à la cour des Ghaznévides , et par ordre du
roi Aboul-Modhaffer Nasr, fils de Naser-eddin Abou'l-Mansour. Les
deu\ premiers in-folio, qu'on a pris, comme je viens de le remarquer,
pour ceu\ de l'Histoire d'Ibn-Klialdoun, donnent l'histoire des rois de
Perse depuis Caïoumourts jusqu'à Yezdedjerd, fils de Schehériàr, le
dernier des Sassanides. Ces deux volumes, reliés en un seul, sont d'une
fort belle écriture neskhi; on y trouve apposées toutes les voyelles.
Les titres sont en or et en caractères rekaïs; les vignettes, en or et en
caractères cufîques. D'après une note de la main du copiste, cet
exemplaire a été écrit en l'an 697 ou 699 {^^t-^ ou %-«o), 1201 ou
i2o3 de J.-C. "" . »
Ces indications ne sont pas entièrement exactes en ce qui concerne
le contenu du manuscrit. Celui-ci, outre l'histoire des rois de Perse,
renferme plusieurs chapitres relatifs à divers peuples de l'antiquité,
l'histoire antéislamique des Arabes du Yemen, de Hîra et de Ghassan,
et fhisloire de Mahomet. De plus, un nouvel examen du manuscrit
auquel a bien voulu procéder, à ma demande, M. G. Bay, drogman
de l'ambassade de France près la Porte ottomane, nous permet de
rectifier le nom ethnique de l'auteur que Schulz a transcrit Elmeràghi
.et qui, dans le titre, se lit (^vit, ainsi que l'indique aussi le cata-
logue lithographie de la bibliothèque d'Ibràhîm Pacha.
(') Cftie fatilf Sf trouve peut ('•tro dans le maniisciit de Constiinlinoplc, si ci; n'fst jws
siiuplcmi-iit une faute d'impression. — (-) Journ. a.iiat., 1828, t. I, p. i3().
PRÉFACE. irr
fjp manuscrit de la bilîliothèque d'Ibiàhîm-Paclia a elt* copii", en
i836, pour la Bibliotlie([U(' alors royale de Paris, avec les volumes
de l'ouvrage (ri])ii-Khaldoûn parmi lescpiels il était placé. Cette copie
porte aujourd'hui le n° i488 du fonds arabe de la Bibliothèque na-
tionale. A part YexpUcit du premier et du second livre, qui désigne*
l'ouvrage comme une partie du woJ! <__>lx5 d'Ibn-Klialdoûii et dont,
naturellement, il ne laul ])as tenir compte, on lil à la fin du vohnue
la note linaledu manuscrit de Constantinople: (_)Lx3 jj-o ^_3iL;sj| *yil ^
?jLs=^|j v^yUI s-^-M, ^ vpiJI. Mais le nom de l'auteur qui se trouve
en lèle du même manusciil a été supprimé par le copiste.
Le second manuscrit de la Bibliothèque nationale, le n" 5o53 du
fonds arabe, a été acquis en 1891 à Mossoul. Sur la tranche du vo-
lume fpii, a|)|)aremmenl, a ét('' écrit au wT siècle, on lit : Jjji\ jJl^
j^^L«;U| -^jh ^^. Le commencement de la préface manque et a été
remplacé par un feuillet, ajouté à une époque récente, qui com-
meiu'e par ces mots : ^^^JLx-iJt .p-A_5_iJ| vX->jJ! (L_5>j. Ces deux
mentions sont probablement tirées de divers passages du texte où
des remarr[ues incidentes de l'auteur sont introduites par les mots
<~^^ 4)1 ,_^j ^L.xjLJ|^_^..:^.^^t (ou ^Ul j^^t) ^U"^! Jii»
ou 4)1 <^\ j^^UlSJI jâ^v-a-^^j-»! iLJL^jIt jal«i\jJt)j <_>u5Jt i^j^ ijo
'^— <s^''', mots substitués |)ar le copiste, ou ])ar le copiste d'un ma-
nuscrit plus ancien, à la simple formule <_>u5Jt i_^j-^ Jls du ma-
nuscrit de Constantinople.
En résumé, l'auteur de l'ouvrage, dans le manuscrit de Constan-
lino])le, est nommé Al-Hosaïn ibn Moliammad al-Marghanî, et, dans
le manuscrit de la Bibli()thèc[ue nationale provenant de Mossoul,
Aboû Mansoûr al-Tha'àlibi. Or ces deux noms se trouvent, combinés
en un seul, dans une notice cpi'on lit sur la marge d'un exe)nplaire
manuscrit du Dictionnaire bibliographique de Hadji Khalfa, le manu-
scrit 4459 du fonds arabe de la Bibliothèque nationale, qui porte, au
''' Noyez ci -après, p. 43 1, iioU' i; 434, note 3; 709, note 4.
IV PRKFACE.
folio 3^6 v", tMi rci^ard <\v larlicle jv^, raiiiiolation suivante : j vC
^^^!JJ^ ?i-_m' Jj-i^j jji <-iL<w j jJ:)kji\ j^_.y^ 4)1 j.^ joo ut 4fj!
^jj-i5s;6v-^-4- ^j-«^ ^j^ ^l! v-^^! ;^l f-'i! er*^''- Maigre rincon-eclioii
(lu titre, l'ouvrage ainsi désigné, — les premiers mots cités et l'in-
dication du contenu le prouvent, — est celui dont nos manuscrits
forment la première partie.
L erudit musulman qui, au siècle dernier, a ajouté cette notice aux
listes de Hadji klialla, a-t-il eu sous les yeux les deiLX manuscrits qui
nous sont parvenus? On serait plutôt porté à croire qu'il a connu un
autre exemplaire de l'ouvrage, ou transcrit un renseignement plus
ancien. Mais, quelle que soit la source de la note, il est difïlcile
d'admettre comme authentique un nom d'auteur dont le copiste du
manuscrit de Constantinople n'aurait adopté qu'une partie, et celui
du manuscrit de Mossoul une autre partie. Le nom d'Aboû Man-
soùr al-Hosaïu ibn Moliammad al-^Iargliani al-Tha'âlibî est inconnu
dans la littérature arabe. H n'est mentionné dans aucun recueil bio-
graphique, du moins dans aucun de ceux qui, actuellement, nous
sont accessibles, et il n'est cité dans aucun ouvrage historique ou litté-
raire. Il en est de même, d'ailleurs, du nom de Hosaïn ibn Moliam-
mari al-Marghanî qui figure en tète du manuscrit de Constantinople.
Un personnage ainsi nommé jouait un rôle politique vers la fin du
VI' siècle de l'hégire. C'était l'un des chefs d'armée du prince ghou-
ride Ghayâth al-Din et de son successeur Schihàb al-Din'-'. Comme
If manuscrit de Constantinople a été copié en 699 de l'hégire*^', et
qu<', d'après la description qu'en a donné Schulz, il est exécuté avec
'' Wjy. Hatiji Kliaifa, édition fie Fliigel . ' Schulz dit : ^^ ou ^j— j " ">97 '>"
t. I\, |). 319, où cette note est repro- •>99 » [Jonrn. asiat., 1. c). Dans ta copie
duite entre crochets. Mais le nom ethnique de la Bibliothèque nationale, on lit : ^ <««,->
de l'auteur cité est, par erreur, imprimé ^jou-jj (les centaines laissées en blanc);
,^&*jll. I,e ras. porte ^i»*jA!, sans points. dans le Catalogue lithographie de la biblio-
"-' Ibn al-Athfr. t. \II, p. 1 lô et suiv.. thèque d'IbràhîmPacha, *^l.
121 r-t suiv.
PREFACE. V
un certain luxe, on croii'ail volontiers que le volume a été écrit pour
ce haut personnage. Mais M. Bay a l'obligeance de me faire savoir que
c'est bien l'auteur que le litre indique, et non le possesseur : jJt^t
Je ne suis pas à même d'expliquer ces différences. Tout en étant
persuadé que l'indication du manuscrit de Constantinople repose sur
quelque erreur ou sur une confusion, je ne voudrais pas afBrmei", à
raison de la très rare occurrence de l'ethnique ^^C^J.!, qu'elle ait été
inventée de propos délibéré'''.
Il est tout à fait probable que le copiste du manuscrit de Mossoul ,
ou un scribe plus ancien, qui a attribué l'ouvrage à Aboû Mansoûr
al-Tha'àlibî, a présenté ainsi sous une forme abrégée le nom du
célèbre littérateur Aboû Mansoûr 'Abd ai-Mal ik ibn Mohammad ibn
Ismà'îl el-Tha'àlibî. Si ce témoignage, à cause de la date plus récente
du manuscrit, peut paraître avoir une moindre autorité que celui du
manuscrit de Constantinople, cei'tains renseignements qu'on trouve
dans l'ouviage lui-même tendent cependant à le confirmer.
L'auteur, (huis la préface, déclare avoir composé cet ouvrage sur
l'ordre de son protecteur, le général en chef de l'armée, l'émir Aboû
l-Mouzaffar Nasr, fils de Nàsir al-Din. Il commencera, (Ht-il, par
rapporter l'histoire des rois des Perses, depuis Kayoûmarth jusqu'à
Yazdedjerd; puis, revenant en arrière, il présentera les principaux
faits et les plus intéressants de l'histoire des rois prophètes d'Israël,
des Pharaons, d'autres rois d'Israël, des rois himyarites du Yemen,
des rois arabes de la Syrie et de Tlràq, de certains rois des Grecs, des
Indiens, des Turcs et des Chinois, en relevant quelques traits de leurs
croyances et de leurs coutumes. Il exposera ensuite la vie de Mahomet,
l'histoire des califes ses successeurs, des princes de la maison
d'Omaiya, des califes abbasides et de leurs ministres et mandataires,
d'Aboû Moslim, des Barmakides, des Tàhirides, des princes du Se-
(1; ij^f" est le nom d'un bouii^ du Glioristàn (Ibn al-Athîr, l. <•., p. 1 15).
VI PRKFACK.
(Ijeslàn, (les Sainanides, des Hanidànides, des Bouïdes et d'autres. H
écrira l'iiisloire du règ^ue prospère et glorieux du défunt émir Ncàsir
al-Din Ava M-Dounvà Aboû Mansoûr Soboktiguîn, puis celle du sultan
régnant, le roi de lOrienl, Vhoù "1-Qàsim Mahmoud ibn Sohokliguîn,
l'ami du Commandeur des croyants'"; il parlera de ses hauts laits,
de ses nobles qualités et éminents mérites, de ses campagnes et ses
victoires et de ses officiers et ses ministres. Il donnera enfin des détails
circonstanciés sur la personne (]u prince illustre, le ch(»l de l'armée,
sur ses insignes vertus, ses talents et ses actions de guerre. La préface
se termine par des vœux pour le bonheur et la gloire du même
jirince.
Le ]nince \boù "l-Mozaff'ar Nasr ibn Nàsir al-Dîn abî Mansoûr était
le frère fin sultan Mahmoud le Ghaznévide. On connaît les principaux
événements de sa vie par \Al-Yamùu d'Al-Otbi : l'aide qu'il prêta à
Mahmoud pour se mettre en possession du trône de Ghazna; la charge
de comniiindanl eu cliel de l'armée du Khoràsàn et gouverneur de
^ischàpoûr qu'il remplit durant la première moitié du règne et ses
campagnes contre les ennemis du nouvel empire, notamment contre
le prince sanumide Montasir (Ismà'il ibn Noûh)'^'. Ses vertus et ses
mérites sont dignement loués dans le panégyrique, écrit apparemment
peu de temps après sa mort, qui levmine Y Al-Yamùiî, et avaient été
célébrés par les grands poètes persans qui vivaient à la cour de
Ghazna, par Daqîqî, 'Onsori, Farroukhî, Firdausî'^'. Nasr prit part à
plusieurs des expéditions de Mahmoud dans l'hide. En 896 de l'he-
gire, pendant que les troupes de Mahmoud, et apparammenl celles
du Khoràsàn, sont eu":a":ées dans l'Inde, Ilek-khàn envahit ses Etats
et les généraux d'Ilek trouvent le Khoràsàn sans défense. En 4o4i
^JMt^\J.>uo] lij, litre oUicicl qu'on de ces poètes; — Madjnia' al - Fousahd de
trouve aussi sur certaines monnaies de Mah- Rida Qouiî Khàn (Téfiéran, lagô de l'h(''-
nioùd. o're), tome I, p. 2i^, 355 et suiv., /160
!-) \o\ez 'f)tl)î, c-dilion de Sprenger et suiv. — Hanimcr, Gcschichte der schônen
(Delin', 18^7), p. i38, i58, i63 et suiv., Bedekûnste Pcrsians, p. /i6 et suiv. -— /.e
171 et suiv., 208, 332 et lilio. Livre des l'ois, éd. de Molli, t. I, p. 24 et
'•*' \oir Daulatschàli sous les i-ni)iifpie'. Miiv. ; I. \, p. y 66.
PRÉFACE. VII
dans l'expédilion do Nàrdîu, Nasr commande l'aile droite de l'armée.
Du resle, Al-'Otbi et, d'après lui, Mirkliond rapportent que Nasr,
après avoir résidé à Nîschàpoûr quelques années, fut rappelé par Mah-
moud à la cour et, depuis cette époque, demeuia toujours auprès de
sonlrère, soit à Ghazna, soit dans ses expcflilions ' . Il est mort, jeune
encore, vers l'an 4i2 de l'hégire -.
Dans la |)réface dont on a lu plus liaul le résume, le prince Nasr est
représenté, ainsi que son frère le sulfnii Miihmoûd, comme avani
acconqili de hauts faits (h' guerre et ayant renqjorté d'éclatantes vic-
toires. Dans le corps du texte, au chapitre consacré à l'Inde, l'auteur
déclare qu'il rapportera d'autres renseignements sur ce pays quand
il liailera de l'histoire de Mahmoud '^l De ces passages on peut con-
clure (|ue notre ouvrage a été composé à une date déjà éloignée (\n
commencement du règne de Mahmoud , vers la fin du quatrième siècle
de l'hégire ou au commencement du cinquième, avant l'an ^i 5, date
approximative de la nu)ii (\i\ prince Nasr. Peut-être même est-il
permis de fixer ces limites (fune fac;on ])lus précise. En parlant des
rois ghassànides, et à propos du nom du roi Hàrith ihn Hàrith ibn
Hàiith, l'auteur cite, d'après Al-Djàliiz, quelques noms analogues ei
1') Al-'Otbi. /. .-., p. o(>/i, ;5;5a cl /l'ii.
— Histona Gazncvidarum, etlùl. Wilki'ii .
|). 97 et suiv.
'-) CVst la date, d'apivs Firischtah, de la
campagne de Mahmoud contre le roi Djaïpàl
(voy. Dovvson dans EHiot, The kistory of
Inclia, t. II, p. 462), avec laquelle s'arrête
l'histoire du règne de Mahmoud dans l'ou-
vrage d'Al-'Olbi. — M. Ra\ erfy, dans sa tra-
duction du Tahaqdti-Nàsiri[Loinlcti\, 1881,
p. 84 et suiv.), rapporte, en note, un ré-
sumé de l'histoire de Mahmoud lin- d'un
ouvrage qu'il ne fait pas connaître et dont
les renseignements, dit-il, proviennent tin
« Makâmât of the 'Amïd Abu Nasr written
by the 'Amïd Abû-1 Fazl, Al-Baihakî » (c'est-
à-dire, je suppose, l'une des parties du
Jl ^y d'Al-Baïhaqî). Ces rensei-
i;ni'mi'nls oui toutes les apparences de l'un-
llicnticiti'. On y trouve la relation d'un fait,
peu important d'ailleurs, relatif au prince
Nasr, à la date de l\ 1 1 de l'hégire. Il n'csl
plus fait mention de Nasr parmi les |)rinces
de la cour de Ghazna, fds et frères de Mah-
moiul, aux([uels, en 4 16 de l'hégire, le
calife Al-Qàdir bi'llàhi conféra des titres
d'Iioiineur (Dowson, /oc. cî(., p. 474, d'après
le Tabaqàt-i-Akbari].
'■') Mss. arabes de la Bibliothèque natio-
nale n" i488, fol. 247, et n° 5o53, fol.
2 1 ô \" : ^jl W \ ,,.. ,1! Ljilyo ^Li^l i
»ljj j. ta-»j StLiL) ^i JUai (jjjJi j-ksb. Aux
mots il' M\ JUal, le scribe du ms. 5oj3 a
substitué' les mots UyjLiû-j ^1 ^Lii.
Mil PURlWCF,.
ajoute, à titir de rcmiiiiscciue porsoiinclle, que IVIa moûn il)ii Ma-
moùn ihn Kliwarizinschàli a\all, lui aussi, donne le nom de Manioûn
à son Ids « (jui résifl<> dans le Sedjestàn^'' ». (ie lils du dciiiler roi du
KInvarizni n'est pas connu, d'ailleurs. Mais nous savons que le sultan
Maliiuoûd, après la conqu(Me de ce pays, en 4o8 de l'hégire, avait
eniniene captils les niemlires de la lainille de Ma luoûn et leur avait
assigné des résidences dans dilï'érentes ]n-()\inces - . On peut croire
que c'est de l'un de ces princes prisonniers du roi ghaznévide (pi'il
s'agit dans le passage rapporté ci-dessus. Si l'on admet cette conjec-
ture, la date de la composition de l'ouvrage se placera entre les an-
nées 4o8 et 4i2 de l'hégire.
Le titre de ?jUà.|j ^iijll ws-**- j vt qu'on lit dans Vexplicil du ma-
nuscrit de Constantinople est tiré de la préface avec une légère mo-
dification. H indique très exactement l'objet de 1 ouvrage qui, en son
cadre de chronique universelle, contient les principales traditions
relatives aux personnages mythologiques et légendaires et, pour les
temps historiques, le récit des événements mémorables et des laits
et gestes saillants des divers souverains. Mais dans cette narration
sommaire, les anecdotes, les aphoi'ismes, les épisodes pittoresques et
les traits d'esprit occupent une grande place. Parmi les écrivains qui,
sous le règne du sultan Mahmoud, vivaient soit à Nîschàpoûr, soit à
Ghazna, les deux résidences successives du prince Nasr, auquel l'ou-
vrage est dédié, aucun ne paraît aussi particulièrement signalé comme
auteur d'une telle compilation qu'Aboû Mansoûr al-Tha'àlibî , l'auteur
tr:" pî;-6-^ Jl iSj-^ 1— I »3L-^!j ^jiX\ i yi ^yL. Ms. 5o5;5 , fol. 197 v". (Dans l'autir
fj-> >i^, 'irl'j jj«_«JI <i)^J^M ^ [.Iv^ IJ-) p'yâ^ maiiiiscrit, le texte est corrompu.] \oye/.
it , . . 1 , ,,, ii> aussi, plus bas. p. wii.
^ l-i Voy. Al-Baiha(|i, «■d. de .Morl.7 el
v^j^ JU p5\^i)l SiL, i ^J.,Ji ^ tj-^ jy; Lggj^ p. 802. Le Sedjestàn faisait i)artic
jw y_j-«'-^ *'— r-i)! x.v j . cy^l J^ tjUÛl l'PS VAa\.s de Mahmoud depuis ,'U)3 de l'iié-
PREFACE.
(lu } atirnal al-Dahr et de lanl d'auliTs aiilJiologies de prose et de vers,
de recueils de proverbes, de sentences, de curiosités d'iiisfoire et de
litlerature, 1 Un des maîtres du freine littéraire appelé Sw-^^iL^t Xc .
Il est vrai (pir le lilre de fjLsiwL ^^UJ.! >-6-*v vpC ou plulot jc^| jyi
i*s_i_4v. LiLUt (car telle est la leçon de la prelace] ne se rencontre, à
ma connaissance, dans aucun répertoire des diiïérentes bibliothèques
d'Europe et dOrienf. On a vu plus liaul qu'il ne llf^nirepas non plus
dans le texte oiiginal du dictionnaire de lladp Khalla, à moins (pie
l'ouvrage attribué à Al-Tlia'àlibi par le savant bibliographe turc et
cité évidemment de seconde main, sous le lilre peut-être incorrect de
^j-Li,\ ï^p,A__*«', ne soit précisément le 0^.1 jLà.1 x^, autrement dit
1') Vo>r<v. |)Oiir Irs ()ii\r;if,'t's di' 'l"li;i'à-
libl, Haclji Klinin., .-(I. (I,. Fiu-rl, I. I,
|). i64 t'I 3.")o; t. il, [). 'il, '\:u) il '\\)^:,
I. m, j). r)8/i, ôgo et ()/|i; I. I\ , p. 'i")(j;
I. V, j). ii-j, ï^l (compare/. I. VI, p. /io/i),
289, 3i8, 367 et 485; l. VI. p. 273 el
.'108. — Plusieurs ouvrages que Hadji
KhnII'n n'a pas connus se trouvent dans
tliflërentes i)ii3li()llii"-c|U('s : f»j-Le >S cl »-i :< ,
»,5LJ1 Jli«l i i^UJ! àji, JLL^i)! h-'ij-^-
LJwlaJ! i_j<-j!vJà, tjUÎjH! j-i-J, dans les bi-
bliotlièques de Constantinople (Noyez les
catalogues publ[(''s par Flûgel à la suite du
texte de Hadji Khalfa, I. VII, p. 62, n°' 720
et 7.3.3; p. 129, n" gf\'>; p. i3o, n" io/i5;
p. 2/|4, n"" 70.1 el 707; p. 24-'>, n" 709;
p. 322, n°' 969, 9G1 et 963; p. io\,
n°' 836, 839 et 8/u; p. 317, n" 773); —
AiLiJd' iJ^ dans la Bibliothèque khédi-
viale du Caire (Catal., t. VII, p'. 653);
— i_x>lIaAJi ^_Àj|JàJi ou o*Aï!^I civAiljj dans
la Bibliothèque Laléli à Conslaritiiiople el
dans la Bibliothèque impériale de Vieiwie
(voir Hadji Khalfa, t. Vil, p. 3^7, n" 790,
et Fliigel, Die arab., pers. iind tiirk. Hand-
schriften der hais.-Rvu. Hofbibliothck :ii
M icii , t. I, p. 333^; — \Xs- tjLc (j-o tjU^
ç^j^la-», dans la Hibliotliècpie Laléli à Coii-
slanlinople (II. Kh., l. VII, p. 382, n" i63:))
el dans la Bibliothèque nationale de Paris
n"' 3'|01, '1" et 33o.), 1°); — oijLiaJ
A-iLaï^l, dans la Bibliothèque de Leyde
(Catal., 2' rd.. I. I. j). 2.')9) et dans la Bi-
bliothèque nationale de Paris (n"' /|20i,
2", sans litre); — oijIIaAJt^ o»kX!!, dans la
Bibliothèque Bodiéieunc d'Oxford (Calai,,
n" 2()'i, 6") el dans la Bibliothèque impé'-
riale de Vienne (Catal., t. III, p. 270); —
•Sxxl^ Ja-j «làili^yij, dans la Bibliothèque
(le l.eyde (Calai., 2" rd., l. I, p. 264); —
-«xJlj ^^1, dans la Bibliothèque I.ali'li à
Conslanlinople (H. Kh., t. VII, p. 347,
n" 793. C'est peut-être le titre inconipl<'l de
l'ouvrage *(^w«J! ^iX-« ^ o«_a-ïI_j_L! o.a_sIj_>
*^i}). — Celle list(> devra èlre contrôli'e el
peut-être complétée d'après les calalogui's
récemmenl publiés à Constantinople el
d'antres répertoires qui, en ce moment, ne
sont pas à ma disposition. Il se peut aussi
que quelques-uns de ces titres désignent
diverses rédaelions ou éditions d'un seul el
X l'RKFACK.
On sait, parle lénioii^nago (rAl-Bakliarzî ot par Ihn Kliallikàu,
l\'\traor(liiiain' inionimce dont jouissail M-TluVàlibi |iarnii ses con-
leniporains ' . Il fait coniiaihc Uii-niènif, i-ii maint passaj^c de sa grande
Anlliolonic^ oi de ses autres compilations, indiquanl pailoul a\('( un
lonahle soin les sources de ses renseignements, les renct)nli('s occa-
>ionnelles ou les relations qu'il entretenait, non seulement avec les
nombreux poètes dont il rapporte les vers, mais avec des savants de
marque, des hauts louctionnauTs, des vizirs, et aussi avec (pielques
iiir-inc ouvrage; car Tlia'àlihi, parfois, en
ivinuniant ses U'aités, en modifiait aussi
les litres. — Sur un ouM'age iiitituli' xi#"
tUVjJI , conservé dans la Bibliolhcqup du-
cale de Gollia, et un autre qui y est cité sous
le titre de <i^l V^i ^o>- Pertsch, Die
arabischen Handschriften der herzoïjl. Bi-
bliothekzu Gotha, t. III, p. iS;. — Ibn
kliallikàn (trad. anglaise, t. II, p. i3<i) et
Hadji khalfa (t. VI, p, 270) meutionuent
un Os*^._jJI (j«ojj«.Mais l'ouvrage édite- sous
ce litre, en 1829, par Flùgel, n'est pas de
Tha'àlibî; c'est un fragment de l'Anthologie
de Ràghib (voy. Zeilschrift der Dentschen
Morgenlând. Gesellschaft, 1. \X\I\ , ]). 171'.
11 est douteux que le titre de .Xaï>._jJ1 (j«>j1.
attribué k l'ouvrage contenu dans le manu-
scrit arabe de la Bibliothèque nationale,
n" 33o4, en soit le titre authenti([ue et
que ce recueil soit d'Al-Tha'àlibî. — Tha-
'àlibî est aussi l'auteur d'un graud nombre
de poésies, dont la plupart sont des pièces
(le circonstance. Elles sont insérées dans
plusieurs de ses ouvrages, notamment dans
le Ahàsin al-Mahâsin et dans le Klidsx ul-
Kàss. 'Quelques-unes sont aussi reproduites
dans le ) amînî d'Al-'Otbî.) Mais elles ne
paraissent pas avoir éli- réunies en divan. —
Le texte de l'ouvrage principal de Tha-
'àlibî, le^^oJI A.«yj, connu par les extraits
qu'en ont publiés divers savants (De Sacy,
Wolll", MM. Dietf-rici. Barbier de Mevnard) ,
a <'lé inijMinié en i,'5o2 de riu'giie, à Da-
mas. — Des extraits de iùLfi*Jl ^^llaJ ont
été publiés parP. Cool ;i la suite de la grani
maire ai'abe de T. Roorda, à Leyde, en
i83J. — L'une des rédactions du traité
jLs?i)ij jLrfe! a été publiée par P. Valeton ,
en i8'i4, à Leyde. (Sur les dilTérentcs
formes du titre, voir p. 9G de cette écUtion,
la note de Weijers.) — Le ojUil v_ijlla! a
t'té publié par De Jong,;i Leyde, en 1 (S()7. —
Le iùiXJI Mi a ét(' publié ;i Paris, eu 18G1,
par Rochaïd Dahdah; au Caire, en 18G7 et
à Beyrouth en 1880, par le P. (Iheikho. —
J. de Hammeradouui' une analyse étendue
du V>^' J^ '''""ns 1'* Zeilschrift der Deul-
schen Morgeidàndischen (ieselhchajl (t, \ à
I\ . — Ln volume de Mélanges, conte-
nant entre autres les Iraili^s i>LSi)I iy et
(sic) jLr^yij \L:s?i)!,el un \olume contenaul
des extraits des traités iÂ'iLfJ^j.âi, J**<<J'
5j--èL^îj , ^w^' et ioUXJI i *jLgJ! ont été
imprimés à Constantinopii'. «n i3oi de
l'hégire. — Le traite'' >>s**JI J^j *làiJÎ yo
a été imprimé a Damas, en i3o() de l'he-
gire, et le traité JpUI Jp^i., ii Tunis, eu
1293 de l'hégire.
(^' ^oy. l'extrait du Doumyal a/-0(/sr dans
le Yalimal nl-Dahr, «'•d. de Damas, l. I\ .
p. '■)'>■[)■■ — t'"' Kliallikàn. trad. angl. I. 11,
p, i'><).
PRÉFACE. M
souverains de l'époque. Il cite les paroles remarquables de ces person-
nages illustres telles qu'il les avait entendues de leur bouche*'', et leur
dédie ses ouvrages *"''. Un passage très curieux du Tadhkirat al-Schou-
'ard de Daulatschàh, tiré du _^^.JL_«_)t —.0', montre Al-Tlia'àlibï
chargé par le sultan Mahmoud d'une mission diplomatique, délicate
et dilïlcile, à la cour de Baghdàd'"*'. Les conversations que, dans plu-
sieurs de ses traités, il rapporte du frère de Mahmoud prouvent qu'il
était l'un des familiers de ce prince'*'. On conçoit donc facilement
que l'émir Aboû'l-MozalTar Nasr l'ait engagé à écrire ou, comme il
(') Voy. l'djdz wa'l-Idjdz, ('■d. de Valeloii.
p. 3o, \i, Aa et 09; — Latâïf al-Ma'drif,
éd. De Jorijj, p. 57 etsuiv. et 129; — Ahâ-
sin al-Mahdsin, ms. arabe de la Bil)lio-
tlK'((iie nationale, n" 33o6, fol. 173 v"; —
Latâïf al-Saliâba, ms. arabe de la Biblio-
thèque nationale, n° /iaoi, fol. 23; — liard
al-:ikbâd, éd. de Constantinopic, [>. infi el
118; — Khdss (il-Khdss, éd. de Tunis,
p. /il.
(-1 L,e cijLn-li uX>LLaJ est dédié au Sàhib
Alx)ù'l-Qàsini Ihn 'Ai)l)àd, vizir du sultan
Fakhr al-Daula; les traités c:>]^L^Ij jlë
et ^— J-» sont dé(li('s à l'émir Schams al-
Ma'àll Qàboùs ibn Waschmguîr (voir lladji
Khalfa, t. II, p. ^■.îo)■ le i^SXjl yS: el le
**XJ! Axi à l'émir Aboù'l-Fadl 'Ôbaidallàii
al-Mîkàlî; le ioUX-!l i *jL^ et le JàJ! jii
au khwarizmschàb Aboù'l-'Abbàs Ma'moùn
ibn Ma'moùn ; le oukil^l <^^'jJ est dédié
à Aboù 'Imrân Moùsà ibn Ilàroùn al-Kordî
[ou al-Makoùdî); le Jo\M. J^Là». ii Aboul-
Hasan Mousàfir, etc.
(■') Ce passage (traduit et résumé par
D'Herbelot, Bibliothèque orientale, article
Mahmoud) se trouve au Tadhkira dans la
Vie de Ghadàïr Râzî. — j^^**" ^^ était le
titic spécial de la partie du Jt gjl— '
^JJSjx*M (le Baïbaqî qui traitait du règne
de Mahmoud. D'après ce texte, Tha'àlibî
«'•tait chargé d'obtenir pour Mahmoud un
titre d'honneur. Après de longues hésita-
tions et délibérations, le calife conféra au
sultan le titre de ^J-».J^-^^^ j^\ d), que
Mahmoud, k cause du double sens du mot
Jj [ami et serviteur), fit changer, en en-
voyant au calife un don de cent mille dir-
hems, en çjjJ^^'i jy>\ J,\j. Cependant nous
voyons <[ue Mahmoud est désigné par le
titre de (j-j^ *^l j-!-*^ dj "on seulement
dans la préface de notre ouviage, mais
aussi sur une de ses monnaies, datée de
l'an 390 de l'hégire (voy. Journal of the
Royal Asiatic Society of Grcal Britain and
Ireland, t. IX, p. 3o8).
(') Voy. Latâïf al-Ma'drif, éd. De Joug,
p. 12 1; — Bard al-Akbdd, éd. de Constan-
tinople, p. i39 et suiv.; — Khâss al-khdss,
éd. de Tunis, p. 4i et suiv.; — Latâïf al-
Sahdba, éd. de Cool, p. 26 (où, au lieu de
jAob jJdâl] ^\ , il faut lire ^«-aj^ilàii^jj!);
— rdjd: wa'l-ïdjâz, éd. de Valeton, p. 3o,
et ms. arabe de la Bibliothèque nationale,
11° 33o5, fol. 69 v" (où les sentences qui,
dans le texte du ms. de Leyde, sont attri-
buées au Khwarizmschàb, figurent sous le
nom d'Abou 1-Mozaffar Nasr). — >oy. aussi
la pièce de vers de Tha'àlibî sur une vic-
toire de Nasr, dans 'Otbî , éd. de Sprcnger,
p. 1-2.
XII PREFACE.
î^'exprimc, lui ail coinmaïulé de composer im ouvrage du gcnit' du
(ihorar Akhhdr al- Moloùk.
\1-Tha'àlibi, malgré les ressources de sa facile mémoire, aimo à
se rcncler. Dans plusieurs de ses écrits, il a reproduit les mêmes tours
de laiif;aj>(', les mêmes métaphores et hyperboles, les mêmes expres-
sions tirées du (loraii, les mêmes historiettes, bien que ces Heurs de
iheloritpie et ces ornements soient parfois des emprunts. Les noni-
bn>u\ passaf^es de ce genre que présentent, d'une part, le GJwrar, et
d'auti-e part le Yatîmat al-Dahr ou le Moiibhidj, le Latdïf al-Madrif, le
Tainlhil ifa'l \loli(i(lara, le iSatlir al-Nazm, le Khdss al-Khâss et surtout
le Sifir al-Baldgha, ne peuvent être des coïncidences fortuites.
Voici fpu'lqnes exemples :
o««»i La j— j; civ*»-!.! L* JvLio yl ojij yU, ri-après p. i 'if) et suiv.; — Silir (d-IUi-
lâqhu .p. 1 ,)8 : (j<»^*«I L< »>wi^5 ^j^ ^ (^*^ iS-^y°-
ri-après p. .^i(); — Siljr al-B(dd(]lia, p. 108.
*iUl oUX:-,! i »UvJ! v*^ tJ^' ci-après p. Sut; — Nathr al-J\'a:m, p. 5.'i : ^ji
(ou Ai) l^ î)! L0.XJ! t^ il , ci-après p. 104, 1 .'i i , 168, 38ç), '|65; — Yatiniat al-
Dabr, t. I, p. 50; t. Il, p. 2 3 et 1 5 1.
x^j^i^ V^'j '^^ uy^^ ojàlS^, ci-après p. 168; — Siljr al-lkdàxjha, p. 9!^.
iuULai Jo(--Jij »0^fcL^ 5Ji, ci-après p. 56/| ; — Sihr al-Balâcjha , p. i8n : ».>^L.
IqU-.iL j_j,aj^l^ l(|U....lj j^ t^yL», ci-après p. 56A; — Sdir ai-BaUujha, p. i83.
ojliOJI JSi\ fl/i'> cijl^LUl jLc ^Ljc::^! , ci-après p. 5 6 A; — 5j7ir alBcdâijhu, p. 182.
iLJLiX! »i.Lit,JI ijU^I ci»**^!, ci-après p. 1 '17; — Silir al-lkdâcjha, p. iGj : jJT
^50,1 jU' (s^i a.L>ûiJl o'**^ i o^' ci-après p. 688; — Sihr (d-Balàgha, j). yf).
Dja aI *JM ^, ci-après p. 27 '1 , 3'i 2 . /|o3 , 'i7() , -"jo^ , 669 , 728 ; — Yalimiil. (d-
iJahr. t.I. p. 87; I. IV, p. 63.
PREFACE. MM
jj_iLj J> >!^j ;l5**^ Js»^ »jO^-k> jj. ci-après p. 3o8 et ô-ç); — Silir al-Rald(fha ,
p. i8'i.
i-jj^ 3) ^)^^ «'t »'-»>>JU> x*-:».pill jji, ci-après p. i6, i45, etc; — Sihr al-Ba-
lâ(fha , p. 1 y I .
x>»jL) Jtfc cio! Ai>»t^, ci-après p. 63, lai, i-i; — Sihr al-Balâglui . p. lyG.
*jl_l, ci-après ]). 298, 3yi, 609, 6'i-j, 682; — 5i^r al-Balàgha, j). lyfi; Laiiuf
al-Maàrif, p. 80; Moubhidj, p. 67.
^Luâj! ^jàAj >>-<.l<fljj ^UjJI »<v. cajÂil, ci-après p. i64 et 270; — Sihr al-Biilâ-
^ta.p. 171.
ci-après p. 268, 271 , 6o5; — Sihr (d-Bnlàgha, p. 172.
J-rfU_Aj ■.I.M>->lj^>->ll3Jo tLiiclj j>^ »L«àj jJui |j«jjj i)l ^ ^, ci-après p. 270 et suiv.;
— Sihr (d-Balùgha . p. 171-
*-a.L«jJ fj^iLi f^LolA ^ si>[^]j »j\.ys\ f UOy JjJi *Xx3f . ci-après p. 698 ; — Sihr
nl-Balâgha, p. 170.
jj.X-«^t j, ^^Juûj i^y>M.C'o t.UoJI ^j-« r'-<yi «jj*-»" o<Xc. ci-après p. '•>■- '1 ; — Sihr
al-Bald(jhu, p. 171.
-Ja^âi^ tjJa-ôI. ci-après p. 263; — Sihr al-Bulàyha , |). 1 .')3.
*(]--j J^ j.La^ -"^'y L:*"- ci-après p. 1 'lô ; — Sihr id-Balàgha, p. 1 -'\ et 175.
iUlili J^ ç^.j iuJàJl jU il^l i ^^Ji:*?. ci-après p. 1 3 1 ; — Sihr al-Balâgha , p. 162.
j^ -yw> AjLol^ J>j(Ji jj^u. tL»j».t, ci-après p. 1 38 (comp. p. 53Aj; — Sihr al-Ba-
lâ(jha . |). I 60.
l^-iUsl ^io^i)i AiSCUj Lgx«j( Lu.>JI *JI oJLll. ci-après p. \ '17 et 687 (comp. p. 1 4); —
Sihr (d-lhdùghct , p. 161.
jJJUI aUcU oJijLt«-\, ci-après p. 391 et 466; — Sihr al-Baldgha , p. 161.
»yA«oj^v«<j LjjJI jl^tSj, ci-après p. 448; — Sihr al-Balàghu , p. 1 70.
^L_s «_sJLk^ ^j^ hjlxj yjj ajK *J î-j _^, ci-après p. 6 1 3 ; — Yatimnl al-Dahr,
1. 1\, p. 3i4.
[4** LjoJl (j— l^ ,»«»4 • • • "^ÀJJ^ ^. ci-après p. 207; — Sihr al-Balàtjha , p. 92.
Mv PRKFACE.
!j : g ,j_>â-jLj_j ^y o i !l yù Ub(^. ci-apros p. '.'.o-; — Aalhr al-}ni:ni, p. 12-2
(conip. ihid.. p. y y).
Xkii T. V Jls ^ âJUL» I^IS'âjjL. , ci-après p. iî i /i ; — Silir al-Balàcjhi , p. 9 '1 .
Lâi^-j l4.i:~.5l Lui. J^ l4J;l*' ;>^ ù'^j'^' ' *^' îiprès p. 3 1 3 ; — .SiVir al-IkUâgha , ]). 88.
*jtJ_ll (j-« jsîUi v-Àilj (j«»lajL> . . . l^Xfw A*i)! liJUwJ! U^i^j 'CLf^ '-b>^ U^jjU'î (**J^I)
ft . Vi 4! Jl^ ^Li. oikuj *^j , ci-après p. 3 2 6 ; — 5(7ir cilBalàgha , p. 9 2 ; — et , pour
la seconde phrase, enipiuntée au Sàhib Ibn 'Abbâd, Yatimat al-Daltr, t. 1, p. 87.
»Js«iI yllsuwJ! i<v=»j. ci-après j). 20; — Yatimat al-Dalir, t. Il, p. 120; — Siltr
al- Balàgha , p. 96 : fts^j ajJ\*« (jlla.»,^ '\
»,tÀJI i^y ^J^ (j-^j'i *^' J'jj ij* (5^' *'^>* *L*yi; 3>^- <^i-après p. 3 1 5 ; — Sihr
ul-Bal(i(}ha, p. 112; — Tamtliil ira'l-Mohâdara, p. 'ly.
x«,l^l J^y^ ;t«,LJI >JLJ1 ^^ l^Os^ai, ci-après p. Sag; - — Siljr al-Balàgha, p. 1 ôg.
l4j\yL* ^j-«y iJj l^liaJu. oLsr xyçyi ol^*** iy''^' ci-après p. io2 ; — Siljr al-Bald-
<jha, p. 9/1 et suiv.
*LuàJ! x^it U --«JI y*À.j -«Jl xyil U pLuJl^^jjji., ci-après p. 709; — Khûss al-Khâss,
p Ô5 et sui\. (attribut' à Ibii 'Awàschj.
JsjJviJI ^jSJaiJI J.* «N>J*4i ôjil i OyJ^^ iUi^o^, ci-après p. - 10; — Kliâss al-Khâss,
p. 35 (d'après 'Abd Saniid ibn Bâbak).
*^ i)l ^JJ,:> i) , ci-après p. \lvii; — Latâïf al-Maàrif, p. 7 1 : (»«5^ yji J^ o-l-J'-
jiii-l Jtc ys>Jlj ;^I J^ u«^l »iL»j • ■ • (•■«^ lt>olj. ci-après p. \Lvii; — Silir
al-Balàgha, p. 109; — Latâif al-Maârif, p. 2; — Yatimat al-Dahr, t. IV', p. 2/17;
— Nathr a/-Aaçm, p. 92.
yl_j_«.i)U _;'._nj5JI ^Lgiéu—lj ylkJuJI; J*!l yftUoï^ ylSji)! cyUi ^j-« iod^i -àl i}* L«j, ci-
après p. \u\; — Sihr al-Balàgha , p. 162 . . ylSjiJ' caLjb *XA^ 4Mi iy*).
Ce qui est dit fin sauîcj, p. 444, d'après Ibn Khordàdhbeh, se Jil
aussi dans le Latâïf al-Maârif , p. 7.
Le propos de Bahràm Gôr, ci-après p. 55 7, est rapporté égale-
ment parle Khâss al-Klidss, p. "j 'i et suiv.
f' Ces deux derniers tcxles mollirent qu'il faut rétablir, ci-après, p. 20, la leçon du
manuscrit et modifier la traduction.
PREFACE. XV
Quelques-uns fies propos gastronomiques qu'on lit p. 706 el 707
se trouvent aussi, avec quelques variantes et sous le nom de Fadl
ibn Sahl DhoiV 1-Riyàsataïn , dans le Latdï/' al-Sahâba (ms. arabe de la
Bibliothèque nationale n" 4201, fol. 23) et dans le Kluiss al-KIuhs,
p, 48, où ils figurent sous le nom de Hasan ibn Sahl'^.
L'observation sur l'égale durée du règne de Schîroûya, meurtrier
de son père, et du règne du calife Montasir, p. 780 ci-après, se lit
aussi au commencement du chapitre intitnié isLà-j*^! v^U^ 3 ^Ji'
Bard al-Akbdd (|). 1 1 i).
Notre ouvrage renferme un grand nombre de sentences et d'apo-
phtegmes attribués aux rois légendaires, à Alexandre, aux rois arsa-
cideset aux souverains de la dynastie des Sassaiiides. Ces sentences et
apophtegmes, tirés en partie des discours des rois que contenait
l'ancienne Chronique royale de Perse, en partie de certains recueils de
maximes, ont été rapportés, avec des variantes plus ou moins consi-
dérables, par divers écrivains arabes. Ceux qu'on lit dans le Ghorar sont
cités en termes souvent identiques par Tha'àlibi dans plusieurs de ses
ouvrages, le Tamthîl al-Mohâdara , le Latâïf al-Sahâha, le Ahâsin al-Ma-
hâsin, le Khâss al-Khàss, le Bard al-Akbâd, le Fdjâz iva'l-Idjdz^~K Les
noms des personnages, auteurs supposés des sentences, diffèrent par-
ci Ali lieu (le jjjJoLi *Aàj (t5«>s5l S*Â) «1- d'' Naleton, p. i j, 16, 29; Ahdsin al-
(jj-^ ^^jj des inss. «lu GAorar, on lit dans Malukiii, fol. 12; Tamthil al- Mohaâum,
CCS (lenx textes (ms. /i20i:^j) {^j^ Ç*à^ p. (i cl 17; Khàss al-Khàss, p. kk et 72;
i^j^ i#)J- Cette leçon est évidemment Yalimat al-Dahr, t. U, p. 29; — ci-après
prélérable. p. hk'-, et Khàss al-Khdss, p. 7^; — ci-
'-' Comp. ci-après p. /jo, 66,67, n3, après p. 606 à 608, et l'djàz, éd. de \'a-
ikçj, et Tamthil al-Mohàdura, p. ij;rdjdz jeton, p. 18; Tamthîl al-Mohâdara, p. 3 et
wa'l-Idjdz, éd. de Valeton, p. 11; — ci- 17; Bard al-Akbàd, p. 128; Lalâif al-Sa-
après p. iô3, et Ahdsin alMahdsin, ms. hdha, éd. de Cool, \). 5; Ahdsin al-Mahdsin,
arabe de la Bibliotlièque nationale n" 33o6, fol. 9; Khâss al-Khdss, p. 73; — ci-après
fol. 03; — ci-après p. 378, et Tdjdz, éd. p. 689 et 690, et Tdjâz, éd. de Valeton,
de Valeton, p. 12; Tamthîl al-Mohâdara, p. 19 ; Khâss al-Khâss, p. 73; Thimdr al-
p. 17; — ci-après p. /ioo, 4o8,/li2, 4i3, Qoloûb, clans la Zeilschrift der deulschen
et l'djdz, éd. de Valeton, p. i3; Khâss al- morgenlând. Gesellschajt , t. IX, p. 383;
Khâss, p. 72 ; Ahdsin al-Mahdsin , fol. 9 ; — Ahdsin al-Muhdsin, fol. 9; — ci-après p. 609,
ci-après p. ^6l, /182, /i83, /i84, et Tdjdz, et KhcUs al-Khâss, p. 72.
XVI im;ki-\(;k.
I(^is : tt'l ;i|)li()iiMiu' (luc le ( ihoinr hiit llj^iircr an nom dn roi légen-
daire Balinian , ti le Viljà: an non» d Islendivàdh, ])ère de Balunan,
a été, suivant le Tamtliil, prononcé pai' Vrdaschîr; tel autre qui,fraprès
le Ghorar csï d'Anoûscharwàn, est attribué par le Tamtiul à Mahomet .
(les variations sont, paraît-il, de simples inadvertances de lanleur;
elles se lenconlienl aussi dans un seul et même ouvivifj^e , oii une sen-
tence est répétée sous deux rubriques différentes'".
Les vers insérés dans notre texte sont cités également dans diverses
anthologies de Tha'àlibi. deux notamment qui sont empruntés aux
poètes du IV'' siècle de I hégire (igureni dans le Yalîinni aJ-Dahr. Les
vers de Mansoûr al-Faqih cités ci-après, p. 7, sont reproduits aussi
dans XVdjd: wa'J-ïdjdz, édition de (lonstantinople, p. 66; le vers de
1 ancien poète Basschàr ibn Bord, ]). 7^, est cité dans VPdjdz, édition
de Constantinople, p. \6, et dans le hfidss al-Khdss, p. 98; le premier
des deux vers sur le palais du vizir Ibn-'Abbâd, p. 398, se trouve dans
le Yatîmat al-Dahr, t. III, p. .).>; les vers cités p. 4o2 sont cités aussi
dans le Bard al-Alihdd, p. 1 87 ; le vers cité p. 422 se lit aussi dans le
Tamthil al-Mo/iddara , p. 22; les vers d'Ibn Tabàtaba, p. 445 et suiv.,
se trouvent aussi dans le Tliinuir al-Qoloûh (voir Zeitschrijt der deuisclien
morgenlàndiscfien GeseUscha/t, I. \, p. 187); les vers d'Ibn -Lankak,
p. 446, sont cités dans le Yatimat al-Dalir,[. II, p. i24; les vers d'Aboû
'1-Fadl al-Hamadhànî, p. 4 '17^ ^onl cités dans le Yntlmat aJ-Dalir, I. IV,
p. 200, et dans le Klidss al-Rhdss, p. i .^2 ; le vers de Farazdaq, ]). 586,
se trouve aussi dans \rdjdz, édition de Constantinople, p. 4i; l<^s vers
d'Al-Laddjàm, p. 589, sont cités dans le Yatimat al-Dahr, t. IV, p. 4 i;
le vers cite j). 691, qui esl d' M)oiVI-Hasan al-Djauharî, se trouve
dans le Yatimat al-Dahr, t. III, p. 264, et dans le Niltdya fi'l-Kiaàya ,
p. 194; If's vers d'Aboû Bekr al-Khwarizmi, p. 702 , sont cités dans le
Yatimat al-Dahr, 1. IV, |i. 1 \>.-j , dans XVdjd: , édition de Constantinople.
p. 91, et dans le Khdss al-Khdss, ]). i5o; les vers d'Aboû l-Fatli al-
Bosti, p. 7o3, sont cités dans le Yatimat al-Dahr, [. ]\ , p. 2.11, et dans
''! Voyez rdjâz wa'l-jcijd: , ikl. dcNalcloii, \i. \'.'>. 1. (i et p. 'l'i, 1. '1 (Teii l)as.
PRÉFACE. xvu
le Khdss al-Kkdss, j). ]55; les vers de 'OlîaïdaHàli ibn 'Abdallah ibii
Tàliii-, |). 709, sonl cités dans le Khdss al-Khdss, p. 56.
J'ai parlé plus haut de l'historiette que Tauteur rapporte à propos
du nom du prince ghassànide Hàrith ibn Hàrith ibn Hàrith. Le
Latdïf (tl-Madri/ , ouvraj^e de Tha'àlibî, dont l'authenticité n'est pas
douteuse, contient, en ternies presque identiques, la même citation
d'Âl-Djàlnz et la phrase dans laquelle l'auteur se met en scène et ra-
conte un iail ])ersonnel''^. Gependanl If texie du La/rti/" présente une
variante cjui ne parait pas confirmer les conclusions que j'ai cru pou-
voir tirer fie ce passage en ce qui concerne la date du (rliorar. Au lieu
de ^ — j ^4— «Lo ^^yj ^^^j./«Lo v*-* Lj»./oLo ^Lc-*icàîo «jû ^'3ol ^— *o
^y«Le, la phrase du Latdï/ se lit ainsi : ^L_S=. ^3^_J! <-J
^^»__*L^ % > ^«.joL* ^_j ^â^Lo ^L3\3 Ijâ-^Lo ^L*..*«.^i^ . Le Ijildij al-
Madri/iWiuû été composé aiilcrit'nii'incnl à l'an 38.1 de I liegire, date
de la mort du Sàhib Aboù l-Qàsim Ibn Vbbàd, auquel le traité est
dédié, et le OV/orar plu sieurs années a|)ies I axènement du sultan Mali-
moûd, la leçon du Latdïfi^vn parle du séjour du lils de Ma nioùn dans
le Sedjestàn au temps passé est en contradiction avec ces dates. Mais
le texte que nous possédons de cet ouvrage ne peut pas être la rédac-
tion primitive; c'est un texte remanié, comme le prouve la formule
4l!| "^-^j, dont est suivi le nom de Mahmoud, et le nom même du
Sàhib (^l
(') iMtdif til-Ma'diif, éd. tlo P. de Joug,
p. 57 el sulv. Le passage de Djàhi/. esl cité
aussi dans le Bard al-Akbdd, p. 122, mais
sans la remarque de Tlia'àlibî.
!2) Éd. de P. de Jong, p. 2 et 122.
Comme Ai-Tlia'âlibi a remanié les pre-
mières éditions de certains de ces ouvrages,
il est diiricile d'en connaître l'ordre chrono-
logique, bien que, dans ses nouvelles pro-
ductions, il cite fréquemment ses écrits
antérieurs. Dans la préface du Yatîinat al-
Dnhr, l'aulenr déclare que cette anthologie
est uni' rmuM'ili' édition, augmentée, d'un
livre composé en 38 'i de l'hégire. Cette se-
conde édition a été rédigée longtemps après
la première, mais encore du vivant du sul-
tan Mahmoud et du calife Al-Qàdir billàh
(voir éd. de Damas, t. IV, p. 160 et 27.")).
Le Yali'niat alDahr est cité dans le Lalài'f
nlMa'drif, p. .i3, et dans le Khdss alKhds.s,
p. (j(); le Sihr (il-BaIdgha est cité dans le
Yalimat al-Dalii; t. II, p. 17; le Monbhidj
est cité dans le Ahdsin al-Mahdsin (ms.
aiabi- (le la Bibliothèque nationale n° 3.3o(),
xvMi i'RKI'u;k.
\u cliapilir qui tiailf du règne du (leniier roi giiassànide, Djabala
ibn Aïliain (ins. 1^88, loi. 2 3'^; ms. ,^)o53, fol. 198 v°), Taulcur ra-
c'ontt' (jiie l<' poète Hassan ihn Tliàhit, lorsqu un messager du |Miiice
se prèsenlail chez lui, tendait aussitôt la niain pour recevoii" le ca-
deau ([u'il apportait. H lait suivre ce récit de l'extrait d'une lettre
d' Aboû lslià(| al-Sà]ii : ^J^~-^\ ^^ ^_^j_*«_ifc--u,t l\j iJijiSJ] ^Jf« Jls
^■> — g — } J^-i—jU! ^ .>ux ^ |tu/LâJI ^1 J,t 41 <__>Uci f^ !iLv^ ^L^v^Jf
L^L_JJ_x) U J,t -^— *Jt tj_OJ^ w'Lii.X j>!)^w**J| ijl ^t J-S^ U^LXi^ (^)-*^
Ji .♦ g ,>^l j,— > 4)^-^-?»- Jj-^j J^l «..ii^u' ;^. ,^L."o!^ Itbô^^ L^. Le même
extrait de la lettre d'AI-Sàhi est cité parmi les niorceauv choisis du
célèbre écrivain dans le lalimai al-Dahr, t. II, p. 27, où Tha'àlibî
s'exprime ainsi : di\. — ^^ ^ — Sis ^J (__>L*_S ^J-o '^À-.^a^ (d' \I-Sàbi) 4) cj|v3^
'^t JLLI iijjjJbj !Jo^ 4jcjJix_^| 4_aJI (d'Adod al-l)anla) <J<^ c:-J-^^
De ces deux passages il ressort avec évidence que le Ghorar Akhbdr
al-Mohûk, le Latâïf al-Maârif et le Yatimat al-Dahr ont été écrits par
un seul et même auteur, Aboû Man.soûr 'Abd ai-Mal ik al-Tha'àlibi.
II
La partie inipoi'lanli' du (îliorar Akhhdr al-Moloùl, , dans le Aolume
(jue nous possédons , la seule f|u il nous a pain ulilc de publier, est
fol. l.'i, r>7 v°, 28, 5/| v", 70 \", etc.', dans et 3(jG}, el dans If Kliàxs al-khdxs , p. .").">.
yi'clja:, ('-d. de Valelon, p. .42; dans le l,c di'iiiicr cliapiln' de Siljr al-Bahîfjha est
Tliimâr al-'Qoloûb ( \o'ir Zeitschriff dcr ilciil un cxlrail du MuuhliidJ. [,c Kluhx al-Khds.s
schen morgenlànd. Gesellschafl , t. \, p. 181 a été composé sous le règne dn snllan Mas-
et l8->; t. VI. p. .")17; I. T\, p. '.Uj-i, :\(j:\ '<>ùi\ (voir l'cd. de Tunis, p. i (mj el l8o).
PREFACE. MK
celle qui est consacrée à l'histoire des rois de Perse, composée à peu
près à la même époque et dans le même milieu, et aussi d'après les
mêmes sources, que le Schdhnâmeh deFirdausî. Les sections qui y font
suite ne présentent qu'un intérêt très secondaire. Ce sont quelques
récits détachés se rapportant aux « rois prophètes» (Joseph, David et
Salomon) et aux «rois appelés Pharaons»; l'iiistoire sommaire des
rois du Yemen, des rois arabes de Syrie et de Tlràq; l'histoire des
rois de Roûm, c'est-à-dire des courtes notices sur Alexandre, les Pto-
lémées et un certain nombre d'empereurs (Au<^uste, Constantin, Jus-
tinien, etc.); trois chapitres sur les croyances et coutumes des hidiens,
des Chinois et des Turcs; l'histoire de Mahomet et le commencement
de l'histoire d'Aboû Bekr. Parfois, l'auteur ajoute une réflexion de
son jn'opre fonds. Ainsi, établissant, non sans confondre les personnes
et les dates, un parallèle entre l'empire grec et l'empire musulman,
il énumère les étranges coïncidences des événements survenus dans
les deux Etats et les traits de caractère et de situation par lesquels se
ressendjlaient leurs souverains.
On peut supposer, au contraire, que la partie de l'ouvrage qui ne
nous est pas parvenue contenait, sur les événements de la seconde
moitié du iv" siècle de l'hégire, sur l'histoire des Bouïdes, des Sama-
nides, des Hamdanides, et autres dynasties dont l'auteur était con-
temporain , sur l'avènement de la famille de Sobolvtiguîn et sur le règne
du sultan Mahmoud, des informations de première source.
Les ouvrages dont l'auteur s'est servi pour composer son résumé
d'histoire sont de deux sortes : une chronique universelle qu'il a suivie
généralement mais dont il ne fait nulle mention, et un certain nombre
d'autres compilations historiques. Il cite en plusieurs endroits, les
chroniques de Hamza d'ispahan, d'Ibn Khordàdhbeh et de Tabarî.
Les passages rapportés d'après Hamza d'Ispalian (^■Lgj.v^ifi '■iys~ u^,
sans désignation plus précise , se trouvent tous dans le texte publié par
Gottwaldt sous le titre de^U^Nl]^ ^yl\ jJj}^ ^J^^ ^.j)^ou /Vl :^Jj.
XX prkfvcï:.
Une notico sur la deslruclion dvs livres ordonnée par Alexandre et sur
le massacre des prêtres à Babylone (ms. 1 4^8, loi. :«43 v°;nis. 5o53,
loi. MO \") et introduite en ces termes : ,^;>-«^ ^. Sy?- Jlsj
/il! Juyi ^.yj^ <_>L^ <_)UO ^ ^Lg_ft-v£>iil, est tirée du même opuscule
et non, comme il pourrait |)araître, d'un autre ouvrage de Haniza'''.
Les inlornialions que Tha'àlihî a (Mn])runlées ;i la chronicpie d'Ibn
Kliordàdhbeh ne sauraient donner une idée précise de l'importance
historique de cet ouvrage, dont Mas'oûdî a fait un si grand éloge.'-'
Quelques-unes cependant méritent d'être signalées, celles notamment
qui concernent l'Iiistoire légeudaire de Zaràdouscht (p. ^ôy et 262),
la formule de correspondance officielle de Bahman ou Kaï Ardaschîr
(p. 378), qui se trouve aussi dans Tabarî, les vers arabes et persans
de Babràni Gôr (p. 556 et suiv.) et les circonstances de la mort de
Mazdak fp. 6o4)-
Les passages cités de la chronitjue de Tabari sont, en général,
exactement transcrits ou résumés. 11 y a une erreur dans la repro-
duction de la phrase qui indique la durée du règne du premier roi
arsacide (p. 457 -'Pabarî, I. 1, p. 706 et 709), et Mâh, nom du lieu
où périt le roi Bahràm Gôr, a été changé en Mdh de Koâfa (p. 067
= Tabarî, 1. I, p. 865).
Dans l'histoire fies rois prophètes, l'auteur cite Al-Moubarrad el
les iAVaw«/<rd'Aboû'l-Hàrith Djoumaïn (ou Djoumaïz)'^' et aussi, mais
évidemment de seconde main, quelc[ues anciens commentateurs du
Coran : 'Atà al-Klioràsànî, Aboû 'Âsini, Al-Souddi, Al-Qatàda el
' \h(] al-Rahmàn ibn Zaïd.
'"' Voxez Uanizw Ispulianensis Annal. V'cl. de Sacliaii, j). i nT)) cl ('signe un autre
lAbri A, éd. riollwaldt, p. ">■!. I^es extraits ouvrage.
<|«'AI-Bfroùnî, dans sa Chronologie, donne '-' T. I, p. i.'i.
sous le nom de Hamza, paraissent égale- ■^' Les manuscrits portent ^aî~ et (j*î-.
ment toutes provenir du texte (pie nous L'ouvrage est mentionné dans le Mow/iffl?»(7i
possédons. Il n'est pas certain (pw le titn; d'AI-Dliahabî sous le titre de jài_jjJ! cjUj
de (►«yi ^Lj gjl_jj <_)bo fpril niriilioiiiic Tt^'j '''tl. de De long, p. 175).
PRÉFACE. \M
Une obsenalion relative à l'identité d'Alexandre et de Dhoù 'i-Qar-
naïn ( ms. 5o55, fol. 2 10), reproduite aussi dans le Tliimâr al-Qoloûb'^ ,
est empruntée à un ouvrage d'Aboû'l-Hasan 'Alî ibn Wbd al-'Azîz al-
Djordjànî intitulé : yj^jjÔ\j ?-<SjyJI t.jU^' JI>Lm.^ ^^ t:i>L|j4^ t_)U5
ixa^L^. Je n'ai aucun renseignement, ni sur ce traite de Djàhiz, ni
sur le commentaire de Djordjànî.
En parlant de la doctrine de Mànî (ci-après p. Soi), l'auteur cite
le ^vLJL jJs-JI c_)bo d'Al-Maqdisî. Au commencement du cha-
pitre qui traite des croyances et coutumes des Indiens (ms. i488,
fol. 347; ms. 5o53, fol. 2i5 v"), il mentionne le même ouvrage avec
le nom complet de l'auteur : (_>LxS ^ <jJJLj U LgA^ ^.^LS LL
r>-Ji-ll y—iblX, ^^. ., g la y (ms. l4o8 Zj\yJ\j ^Jv^') ^Jj^ljj^l
l.a première partie du ^»uJI. *Js>J' t_>Uo a été récemment pu-
bliée par M. Cl. Huarf d'après un manuscrit de la Bibliothèque
d'ibràhîm Pacha à Constantinople "'. Dans ce nianuscrit, comme dans
le Dictionnaire bibliographique de Hadji Klialfa'"'', l'auteur de l'ou-
vrage est nommé Aboû Zaïd Miinad ihn Sahl al-Balkhî. C'est aussi
sous le nom d'Abon Zaïd cpiun extrait en est cilé par un écrivain du
V' siècle de l'hégire '. De plus, au premier chapitre du ^^x-Jl t-jLo,
l'auteur mentionne l'un de ses ouvrages antérieurs, intitulé c_>Uo
rSjtxi\j J^K qiit^ Hadji Khalfa attribue également à Aljoii Zaïd al-
Balkhî'^).
(') Voy. Zeitschrift d. deutschen morçjeii [loc. cil., p. i ji) et suiv.; qui a identifié le
lând. Gesellschaji, t. M, p. 5ol). »N) .>^ '^'^'^ 1'^'' Aboù'l-Ma'âH Mohammad
f'^) Le Livre de la Création et de l'histoire avec Aboà Zaïd al-Balkhî. Je suppose que
d'Abon Zcîd Ahmed ben Sahl cl-Balkhî, pu- le passage en question se trouve au cha-
blié et traduit par M. Cl. Huait. Paris, pitre xii non encore imprimé du tJo
1899. S)^5' ^^^^^ M"' b'aitc de l'Inde.
'■"J H. klialfa, t. 11, p. 23. (*' Le Livre de la Création, texte, p. M,
'"' Ch. Schefer, Chrestomathie persane, et Préface, p. \v; • — Hadji Khalfa, t. V,
I. 1, p. il=v et i32 et suiv. C'est M. Schefer p, 119.
xMi PRKFACK.
On peut facileinonl supposer que linloiination de Hadjl Klialfa,en
ce qui concerne le nom de l'auteur, provient du manuscrit même de
Constantinople, le seul qui soit connu de l'ouvrage, et s'il en est ainsi,
son témoignage se confondrait avec celui du copiste dudit manuscrit.
Suivant Al-Saiadî, en son Dictionnaire biographique, et aussi selon
Hadji Khalfa, Aboû Zaïd al-Balkhî est mort en 822 de l'hégire''^, et
!<' iirbJL *.X-Jt (_>u^, d'après la déclaration lornidle de l'aufcur,
comme M. Iluarl le constate lui-même, a été composé en 355 de
l'hégire '■'. En outre, ni cet important oua rage, ni le cSjLuIj Xju\ t_>Uo
ne figurent parmi les ouvrages d' Al-Balkhî énumérés dans le Filirisl^^K
Il n'est donc pas absolument certain, à moins que la partie inédite
du texte n'en fournisse la preuve, qu' Al-Balkhî soit l'auteur du <_>Ijl5
^ nLU'. *Js-aJ'. l-e savant éditeur ne manquera pas, sans doute, au
cours de sa publication, d'examiner la question à nouveau. Le ren-
seignement apporté par l'auteur du Ghorar Aklihàr al-Moloàk , bien qu'il
soit isolé jusqu'à présent et que le nom de Motahhar ibn Tàhir al-Maq-
disî ne se rencontre dans aucun des recueils biographiques ou biblio-
graphiques que j'ai pu consulter, méritera d'être pris en considération.
Je ne connais pas non plus l'auteur cité en deux endroits de
notre texte (ci-après, p. 10 et 388) sous le nom de Masoûdî al-Mar-
wazî. 11 semble que son ouvrage était une histoire des l'ois de Perse
écrite en vers persans mouzdawidj ou mathnawî, probablement du
mètre motaqàrib, le mètre habituel de la poésie épique. Il faut sup-
poser que ce poème était peu connu ou, comme d'autres poèmes
épiques antérieurs à Firdausî, n'embrassait qu'une partie de l'histoire
nationale et même, seulement, les exploits de quelque héros; car si
l'irdausî alïlrnie qu'avant lui personne n'avait songé à mettre en vers
<■) Vov. Zeitschrift d. dentschen morgen- la date de 34o, f|iit' M. de Gooje considère
lând. Gesellschaft, t. XXV, p. 3i (article comme résultant d'une erreur.
<ie M. de Goeje,-, — Hadji Khalfa, t. \\ -' Le Livre de la Création, p. 6 (du texte
(). 119. — Dans deux autres endroits, et de la traduction) et Préface, p. ix, note .3.
t. Il, p. 23 et 623, Hadji Khalfa, donne l^' Éd. de Flùgcl, p. i38.
PREFACE. xxiii
les anciennes traditions de la Perse, c'est de la succession complète des
règnes qu'il veut parler '''.
Les seuls renseignements que l'on possède sur Y Ayîn-Jidmeh , im-
portant ouvrage de l'ancienne littérature de la Perse, sont ceux que
donne Mas'oûdî en son Kitâb al-Tanbîli. Le Kitâb 'Oyoun cd-Akltbâr
d'Ibn-Qotaïba en renferme plusieurs extraits*^', auxquels s'ajoute celui
qu'on lit dans notre texte (ci-après, p. i4 ft suiv. ), et qui est |)roba-
blement tiré, directement ou indirectement, de la traduction d'll)n al-
Moqaffa''*'. Il se pourrait que les détails que rapporte Masoûdi sur
l'étiquette de cour et sur la hiérarcliie sociale établies par le fondateur
de la dynastie des Sassanides, ainsi qu'un passage du neuvième cha-
pitre du Marzebân-nâmeh , eussent la même origine'*'.
En deux endroits de notre texte (ci-après, p. ^63 et h^'])-, il est
fait mention de «l'auteur du Livre de Schâhnàmeli » c-sUo ^_/,:k.U^
<-«U iLi. La première de ces citations pourrait se rapporter au
Schdhndmch de Firdausî qui, en effet, donne sous la forme Anijâsp
le nom du loi de Toûrân que Tabari nomme Kharsâsf (et Ibn Khor-
dàdhbeb, d'après notre auteur, Hazârâsf). Mais comme Ardjdsp est la
forme de l'ancienne tradition et, ainsi que le dit Tlia'âlibî, la plus
connue, elle devait se trouver aussi dans d'autres documents, et l'on
ne saurait tirer de ce rapprochement une conclusion certaine. Le
second passage, au contraire, celui qui est relatif au nom du premier
roi arsacide et à la durée de son règne, non seulement ne se trouve
pas dans le Schàhnàmeh, mais il est en contradiction formelle avec le
texte de Firdausî. Celui-ci déclare ne pouvoir faire connaître les
'•') K(l. de Molli, t. IV, ]). 4/(6; — comp. au lieu de (j**i''). — Le même passage,
Mas'oridi, t. II, p. ^fi. sans indication de la source (jvjjjS^Ui^Tyo),
('■" Voyez la notice du baron V. Rosen est cité aussi dans le Zoubdat al-Tawànkh
dans les Mélanges asiatiques tirés du Bal- de Hàliz Abroù (ms. persan de la Biblio-
leiin de l'Académie impériale des Sciences de tlièque nationale, Suppl. 160, fol. 197 v°).
Saint-Pétersbourg , t. VIII, p. 776 et suiv. ('1) Voyez Moroddj, t. II, p. iSaet suiv.;
''' Voy. Kitâb al-Fihrist, p. 118, 1. 27; comp. ibid. p. 2^0 et suiv. — Fdkihat al-
comp. p. 3o5, I. 12 (où il faut lire {^) Kholafd, cd.de Freytag, p. 202.
l'IlKl ACE.
années des rèj^iies (les rois asclikaniens, parce (|uV'lles n'élaienl pas
indiquées dans le Livre des Rois dont il reproduisait le récil :
^•1 B<X)â ij'jvwÀk
A-tb jà ^u>
pU ^-^ (jUi...Jjl
Sans doute, au inonientoù a été composé notre ouvrage, le poème
de Firdausî était déjà achevé depuis cpielques années'-'. Certaines
parties au moins étaient sorties des mains du poète, et Tlia'âlibî,
comme d'autres de ses contemporains, a pu connaître la célèbre
épopée. Mais il est douteux que l'ouvrage fût alors assez répandu pour
être désigné comme le Schàlinàmeh ])ar excellence, ou le seul exis-
tant, et son auteui' comme Iroj) illustre ])our être nommé; car tel
serait ie sens que comporterait la phrase <Jj) .iLi (_>Lx^ <_,^2»>Ln^ (jLi»
si elle s'appliquait à Firdausî.
On sait cpie le titre de Schàlinàmeh n'était pas particulier au poème
de Firdausî. Il existait sous ce titre d'autres ouvrages en langue
persane. Biroûni cite le Schàhnàmeh du poète Aboû 'Ali Mohammad
ibn Ahmad al-Balkhi, et un autre d'Ahoû Mansoûr ihn 'Abd al-
Raz7,âc['^'. (le dernier ouvrage, selon ce que rajiporle l'iuie des préfaces
persanes du Livre des Rois de Fii'dausî, a été conq)osé >ers le milieu
du IV' siècle de l'hégire par (piatre savants perses pour Alioù Mausour
ibn 'Abd al-Razzàq, seigneur de Tous, et serait la source directe du
poème de Firdausî. Bien que ladite ])réface, à côté de cpichpies ren-
seignements exacts, renlerme nombre d'erreurs et de liclions, M. Nôl-
deke, dans son savant travail sur l'épopée nationale de la Perse, admet
jusqu'à un certain ])oint comme authentique cette version coNcernant
!') Ed. ck-M„l,l, 1. \, |,. o.-jo.
(^) Voyez sur la date de la composilioii du
Schàlinâmeti de Firdausî, Nôldoke, l)as
iranische Nationalepos (Strasl)()urf(, 1896',
p. 2 1 et suiv.
'' Chronologie, «-d. de Sacliau, p. 99,
I. ij- 16, et p. 1 16.— M. le])aron V. Rosen,
dans son Mémoire sur le Khodàï-nànieti,
eroil qu'il ne s'ug^jt pas de deux ouvrages,
mais d'un seul Schâhnàmeli eom])osé par
Aboii 'Alî |)our Aboù Mansour, et il consi-
dère le récit sur les quatre n'-dacteurs du
Schàlinàmeh d'Aboù Mansoûr comme apo-
cry|)he. (Ivi> uoripocy obi. apaBCKHX'h
nepeB04axi. XyAâft-HâMa. Saint-Péters-
hourg, i8i)3,p. 189 et suiv.)
PREFACE. XXV
l'origine du Sclidhnâmeh (VlUn Whd al-Razzàf| pI du poème de Fir-
dausi'''. Il faut reinarcjuer cepcudaut que le Scltàhnàmeh d'ibn 'A])d
al-Razzâq couteuail , au témoignage d' Al-Biroûni, sinon l histoire plus
ou moins complète des Arsacides, du moins un tableau cluonologique
de ces rois - . Or, si Firdausî avait eu sous les yeux cet ouvrage, il
n'aurait pas écrit les deux vers qu'on a lus plus haut'' .
Ce n'est pas non plus au Schâlindmeli dlhn 'Ahd al-Razzà(j que se
rapportent les citations de Tha'âlibi; car celle qui est relative au pre-
mier roi arsacide et à la durée de son règne est en désaccord avec le
tableau re|)r()duit d'après cet ouvrage par Bîroiinî. La manière dont
Tha'âlibi désigne le Livre des Rois cité par lui , laisse siqiposer que c'était
un ouvrage généralcnKMit connu, comme celui qui est mentionné par
Ibn-al-Athîr dans un j^ropos attribué an sultan Mahnu)ùd''''.
A côté de ces ouvrages, l'auteur du Gliorar a eu comme principale
source une chronique ([ui, notamment dans la partie légendaire de
la Perse, avait une grande analogie avec la composition qui a été mise
en vers par Firdausî. Non seulement les anciennes traditions mytho-
logiques, en leur succession et leur enchaînement, les épisodes et
les situations se suivent parallèlement dans le poème et dans notre
texte, mais les détails mêmes de la narration sont souvent identiques.
Ferêdhoûn, en invitant son fils Èradj à se mettre en campagne contre
ses deux frères, lui dit : « Il faut déjeuner d'eux avant qu'ils ne soupent
de toi» (ci-après, p. 45). La même exhortation avec la même image
se trouve dans le discours de Ferêdhoûn tel que le rapporte le Schàh-
nàmeh de Firdausî (traduction de Mohl, t. I, p. i5o). — Manou-
m Dos iraniscke Nationalepos , p. i4 et '" Il en serait encore ainsi quand même
siiiv.; — comp. Le Livre des Rois. éd. de on voudrait supposer que Firdausî, eu
Molli, Préface, p. xvi et suiv.; — Noldelce, composant cette partie du poème, aurait,
(}eschichte der Perser and Araber ziir Zeit comme en d'autres endroits où il parie du
der Sasaniden aus der arab. Chronik des Ta- {j^jy-^ «^^ (par exemple, t. IV, p. ioo),
bari. Préface, p. xxiii et suiv. remplacé le texte qu'il suivait habituelle-
(■-' Chronologie, éd. de Sachau, p. ii() nient par un document différent.
et suiv. ' III» alAthîr, t. IX, p. 261.
xv\i PRKKACE.
fcliilir, en poursuivant Salni, lui adresse ces paroles : «0 roi, pour-
quoi iuir? Je t'apporte la couronne pour laquelle lu as tué Iradj!»
(ci-après, p. 63). On lit de même dans Firdausî : « Tu as tué ton frère
pour un diadème; lu en as trouvé un; jusqu'à quand courras-tu dans
le chemin? Maintenant, ô roi, je t'apporte une couronne et un trône »
(traduction de Mohl, t. 1, p. -.ioS). — Sàni, après avoir lu la lettre
de Zâl exposant son désir d'épouser le lille de Milirâb, dit : «Celui
qui a eu pour nourriciers des oiseaux et pour berceau des montagnes
peut seul adresser à son père une telle demande» (ci-après, p. 83).
Et, d'après Firdausî : «Quand on a été élevé par un oiseau sauvage,
on demande au sort l'accomplissement de désirs pareils» (traduction
de Mold, t. 1, p. ^79). — Manoufchihr dit à Zàl qui demande l'auto-
risation de retourner auprès de son père : « Ce n'est pas ton père que
tu désires revoir, c'est la fdle de Milirâb» (ci-après, p. 98). Dans le
Schàhnàmeh, on lit : « C'est la (llle de Milirâb que tu désires revoir;
comment serais-tu si impatient de voir Sam, fils de Neriman? » (trad.
de Mohl, t. I, p. 335). — Kawàdli, en allant combattre Badlimân, le
héros touranien , dit à son frère Kâren qui cherche à l'en détourner :
«11 est impossible d'entrer vivant dans l'autre monde» (ci-après,
j). 1 10). Le Schàhnàmeh contient la même phi'ase (trad. de Mohl,
t. 1, p. 398). — Afràsiyâb dit à Piràn au sujet de Siyàwakhsch : «Je
trouve Kaïkàous bien étrange et m'étonne qu'il se résigne à la perte
de cette image de beauté, la plus accomplie que j'aie jamais vue»
(ci-après, p. 3o3 et suiv.). Schàhnàmeh : «Ensuite il se tourna vers
Piran, disant : « Kaous est un vieillard de peu de sens. Qui donc peut
«laisser partir avec indifférence un fils comme Siawousch, si haut de
« stature et si bia\c.' » (tiad. de Mohl, t. 11, p. 3 i 1). — Siyàwakhsch
dit à Pirân : « S'il est décidé dans la prescience de Dieu que je demeu-
rerai éloigné de l'Irânschahr et ne verrai plus mon père Kaïkàous, ni
mon maître Pioustem, et que tu doives pour moi les remplacer tous
deux, fais ce que tu jugeras convenable» (ci-après, p. 2o5). On lit
dans Firdausî : «Siawousch jeta un regard sur Piran et lui dit :
"... Si je IIP dois plus retourner dans l'Iran, si je ne dois plus voir
PREFACE. xxvu
« ni Kaous, ni Zal qui m'a élevé, ni Rustem qui est pour moi comme
« le gai printemps , alors sers-moi de père, prépare pour moi ce
M mariage » (trad. de Mohl, t. II, p. 327). — Il est dit de Kai Khosrau
quittant Siyâvvnàbàdh avec Guêw et sa mère : « Le cheval qu'il donna
à Kîw volait avec ses jambes, et celui qu'il choisit pour sa mère parais-
sait avoir aux pieds les quatre vents» (ci-après, p. 220). Firdausî :
« Ils sellèrent leurs nobles chevaux aux pieds de vent » (traduction
de Mohl, t. II, p. 499)- — La reine Houmaï reconnaît son fils :
«Quand Dàrà, parmi les soldats, passa devant elle, charmant ses
regards par sa beauté et sa noble prestance, le lait coula du sein de
Khomaï et son cœur lui dit que c'était son fds » (ci-après, p. 396).
Dans le Schàhnàmeh, on lit : «Lorsqu'elle vit cette poitrine et ces
traits qui charmaient les cœurs, le lait coula de son sein maternel»
(trad. de Mohl, t.V,p. 33)(".
Ces ressemblances, qui touchent non seulement le fonds commun
des traditions perses, mais aussi la forme littéraire de la narration,
prouvent que les deux textes remontent à une source commune.
Cependant, tout en tenant compte de la tendance de Tha'àlibî d'a-
bréger le récit et, d'une autre part, des amplifications que Firdausî a
pu introduire dans son poème, on constate entre les deux composi-
tions de nombreuses et notables différences dont je me bornerai à si-
gnaler les principales.
Notre ouvrage contient, sur les institutions et inventions des pre-
miers rois, des détails qui ne s'accordent pas entièrement avec ceux
du Schàhnàmeh, et il donne sur Gayômarth deux traditions emprun-
tées à Tabari (t. I, p. l^']). L'une de ces traditions est aussi rap-
portée par Biroûnî [ChronoL, p. 99, 1. 22 et p. 100, 1. i) d'après le
Schàhnàmeh d'Aboû'Alî al-Balkliî. Les récits de Firdausî sur la lutte
(') Ci-après, p. 297, on lit que Kourksàr portant une figure de loup L)iJjijX*.j *iJj2i
ressemblait à un loup monté sur un aigle. (éd. de Mohl, t. IV', p. 382 et 482. Le
C'est une image étrange, et le sens n'est premier passage n'est pas correct.). Il est
pas satisfaisant. Dans le Schàhnàmeh, il est possible que dans le texte de Tha'àlibî, il y
fait mention deux fois , à côté du nom de ait une erreur et que le mot t->U* « drapeau •
Gouigsàr. d'un drapeau des Touranieiis du texte original ait été mal compris.
wviii PU K FACE.
(le Gavôniarth avec Aliriinan, sur la morl dv son fils Siàmak, la lutte
(le (îavc'iiiiarlh et de Hôschang contre le dèw noir, l'introduction du
culte (lu Feu et de la fête d(> Sadah par Ilôschang et sur Schêdàsp,
le dastoùr de Tahmoûrafh, inan(|uent. L'histoire de Hôschang' (p. 5
et suiv.) est, en grande partie, conforme au texte de Tabarî (t. I,
p. 171 et suiv.) et certains traits de l'histoire de Tahinoûrath (p. 8
fl suiv.) sont analogues (t. I, p. 170).
Quelques récits de Tha'àlibi sur Dahàk (p. 17 et suiv.) manquent
dans Firdausî, notamment la tradition relative à la sorcellerie pra-
tiquée par Dahàk (p. 24) au moyen des vestiges du langage d'Adam
et d'un tube (origine du Schofar des Juifs) , tradition rapportée d'après
'Pabari (t. I, p. 174)- D'autres détails sont empruntés cà la même
chronique avec les vers qui y sont cités (t. I, p. 201 et suiv.). —
Dahàk lait tuer tous les enfants de la race royale (p. 3o). — Un
seul fds avait été enlevé à Kàweh pour les serpents de Dahàk (p. 32).
Firdausî parle de seize fds.
L'histoire de l'enfance de Ferèdhoùn (p. 3i) diffère du récit du
Schàhnàmeh. — La scène de la révolte contre Dahàk (p. 34) est
placée dans la résidence même, tandis que, suivant le Schàhnàmeh,
Ferèdhoùn marche contre lui en partant du Démawend. Tabarî rap-
porte les deux versions (t. I, p. 2o5). — Ferèdhoùn lie Dahàk avec
une lanière coupée de sa peau. — Manquent dans notre ouvrage les
récits de Firdausî sur les apparitions du Serôsch à Ferèdhoùn, sur
l'attentat des deux frères de Ferèdhoùn, sur sa rencontre avec les
lilles de Djamschêd et avec Koundraw, le lieutenant de Dahàk, sur
le retour de Dahàk de l'Indostan et sur la mère de Ferèdhoùn, ainsi
(|ue l'histoire de ses trois fils, de levir mariage avec les trois filles du
roi du Yemen et de leur tentation*'-.
'') La trailition, rapportée par Mirkhoiul prétend l'avoir empruulée à Ibii al-Moqai-
et d'autres clironi([ueurs persans de date plus fa' ••!;■'- 1 (J^sh '^^ )^ iS'{sic) x*jtL! (jjI
récente, d'après laquelle Tour et Salm sont o**»! *:&• iJjX* (ms. persan de la Biblio-
nés d'une fille de Dahàk, Lradj d'une fille thèque nationale, Suppléineut n" iGo,
de Schàliniard, vient de Hàfiz Abroù qui fol. 3 4.
PREFACE. xxK
L'histoire de la naissance de Manoulchihr, fils d'Erad (p. 5 5 et
suiv. ) est différente du récit du Schàhnàmeh. L'explication fantaisiste
du nom de Manoutchihr est apparemment tirée des mots persans
^j^JL«oLo et v^a»-). Le discours de Manoutchihr (p. 66) qui n'est qu'un
résumé du discours que rapporte Taharî (t. I, p. 437 et suivJ, est
différent do celui (ju'on lit dans Firdausî.
Zàl est nommé Dastan par son père Sàm (p. 70) et non par le
Simourgh.
Les récils du Schàhnàmeh sur les astrologues consultés par Manou-
tchihr au sujet du mariage de Zàl avec Rodhàheh et les énigmes pro-
posées à Zàl; sur la naissance merveilleuse de Roustam et ses prouesses
pendant son enfance; sur l'éléphant hlanc et la forteresse du mont
Sipand, manquent dans notre ouvrage.
Manquent dans le Schàhnàmeh : riiisloiredc l'archer Arisch (p. i33],
dont un résume se li()u\e dans Taharî avec des détails différents
(t. I, p. 435); les traditions sur Zaw, sur le canal, sur la ville de
Zawàhî et les plantations, sur le laste de ce roi et ses lihéralités
envers l'armée (p. i36), traditions qui proviennent de la même
source que les passages correspondants de Taharî (t. I, p. 532) et de
Mas'oûdî (t. II, p. i3o et suiv.). Manquent aussi les détails sur le
règne de Kai Kawàdh (p. i38). — L'histoire de la défense de hoire
du vin et le conte du jeune homme et du lion (p. 1^9 et suiv.) sont
rapportés par Firdausî avec de notahles différences sous le règne de
Bahràm Gôr ''.
L'histoire de l'expédition de Kaï Kàôs au Màzandaràn, des sept
aventures de Roustam et de la délivrance de Kaï Kàôs manque dans
notre ouvrage, où l'épisode d'iblis déguisé en chanteur et de la l'ésis-
tance des grands de l'Iran se lit au commencement de l'histoire de
l^' Ce conte est rapporté aussi dans le la Bibl. nat., Suppl. n" i6o, fol. 3o \° et
Zoabdat alTawârîkh de Hàfiz Abroû, à suiv.). L'histoire de la découverte du vin
propos de la découverte merveilleuse du vin est racontée également par Mas'oùdl, t. Il,
par Djamschèd. La version de Hàfiz Abroû p. 88 et suiv.).
est celle de notre ouvrage (ms. persan de
xM PRÉFACE.
l'expédition au Yemen ou pays des Hamàwaràn ou Himyarites (p. 1 56
ot suiv. ). Manquent également différents épisodes de l'expédition de
llaniàwaràn.
Kaï Kàôs se rend au Yemen par terre (p. i58). Prisonnier, il est
enfermé dans un puits et Sôdliàneh le visite chaque jour (p. 109 et
suiv.).
La relation de Tha'àlibî est indépendante de l'histoire de cette ex-
pédition, rapportée par Tabarî d'après Ibn al-Kalbi et brièvement
résumée (t. I, p. 6o3 et suiv.). Peut-être le vers de Dhoû Nowàs
(p. 162) est-il emprunté à Tabarî; mais la citation peut provenir aussi
d'un ouvrage plus ancien.
Kaï Kàôs, dans son ascension au ciel, tombe à Sîràf (p. 166), non
à A mol.
Le récit de Firdausî sur le combat des sept héros et l'histoire de
Sohràb manquent dans notre ouvrage.
L'histoire de Siyàwakhsch (p. 68 et suiv.) diffère en plusieurs
points du récit de Firdausî. Sa mère meurt peu de temps après lui
avoir donné le jour. Il est rappelé du Sedjestàn par son père. La
femme, complice de Sôdliàneh, avoue avoir mis au monde les deux
fœtus (p. i83). Siyàwaklisch, entrant en campagne contre Afràsiyàb,
conduit l'armée au Sedjestàn, où il est reçu avec joie par Roustam
et la famille de Zàl (p. 187). Karsêwaz, frère d'Afràsiyàb, à l'approche
de l'armée iranienne commandée par Siyàwakhsch et Roustam, aban-
donne Balkh sans combat (p. 189). Afràsiyàb, après son rêve, déli-
bère avec son frère Karsêwaz (p. 192). Siyàwakhsch est égorgé par
Karsêw-az (p. 211). — Les autres événements racontés par Firdausî,
le tournoi dans le Maïdàn, le mariage de Siyàwaklisch avec la fdle
de Pîràn, la naissance de son fds Feroûd, la fondation de Kangdiz, le
premier voyage de Karsêwaz à Siyàwakhschguird (ou Siyàwnàbàdh) ,
les joutes de Siyàwaklisch avec les Touraniens, les supplications de
la fille d'Afràsiyàb''^ et, en général, l'une des deux versions rapportées
(11 Sur lawaie forme du nom de la fille d'Afrâsiyâb , <^jiA— S'dans notre texte et (j«»*xjj»
dans leSchâhnàmeh, vovez Justi, Iranisches Namenluch, j). 371, s. v. Wispân-Frijâ.
PRKFACE. xxM
par Firdausi sur les aventures de Siyâwakhsch et de Kaï Kliosrau
dans le Toûràn, manquent dans notre chronique.
L'histoire de la campagne de Roustam dans le Toûràn est briève-
ment résumée (p. 216 et suiv.) d'après une autre version que celle
de Firdausi. Manquent l'iiistoire de l'invasion de l'Iran par Alràsiyâb
et de la famine de sept années, les détails sur la fuite de Kai Kliosrau
avec Guêw, les récits sur le refus de Tous de reconnaître Kaï Khosrau
comme héritier du trône, l'aventure du château de Bahman et l'his-
toire de Feroùd.
Deux épisodes seulement de l'histoire de la guerre entre Kaï Khos-
rau et Afràsiyàb, racontée avec tant de développements par Firdausi
et assez longuement aussi par Tahari, sont rapportés avec quelques
détails par Tha'àlibi : l'expédition de Kaï Khosrau à Kangdiz, à la
poursuite d'Afràsiyàb (p. 229 et suiv.), et la prise d'Afràsiyàb dans
l'Adharhàïdjàn (p. 282 et suiv.). Afràsiyàb, après avoir été capturé
par Ilôm et s'être échappé, est repris par Godharz, qui tient déjà son
frère Karsèwaz; il est tué par Kaï Khosrau et enterré avec son frère.
Il n'est pas fait mention dans notre ouvrage, de l'opposition de Zàl
et des autres chefs à la désignation de Lohràsp comme souverain ''l
L'histoire de la première fuite de Wischtàsp de la cour de son
père manque, ainsi qu'une grande partie de ses aventures dans le
pays de Roûm. L'histoire de ses relations avec l'empereur et de son
i-etour dans l'Iran diffère du récit de Firdausi.
La notice sur la fondation de la ville de Fasà et la construction des
temples du Feu dans l'Inde (p. 2 55 et suiv.) est empruntée, paraît-il,
à Tabarî (t. I, p. 675).
Les deux fds de Wischtàsp et de Katàyoûn sont Isfendiyàdh et
Feraschàward (p. 2 56).
Les détails sur l'origine de Zaràdouscht, sur sa prédication, sa doc-
'■' Hàfiz Abroù, dans le Zouhdatal-Ta- eiiUe la maison de Lohràsp et la famille de
wânkli, dit avoir lu dans certaines chro- Zàl et qui aboutit au meurtre d'Isfendi-
niqucs c|ue cette opposition de Zàl était yàdh par Roustam (ms. persan de la Bibl.
Tune des causes de riiiiniitié qui existait nal., Suppl. i 60, fol. i i 8).
xvM. PREFACE.
trino ot sa iiiorl (p. ^56 et suiv.^ maïujuciil dans le Schàhnàmeli. La
tradition relaliM- à roiii^iiic de Zaràdouscht et à la conversion de
Wisclitàsp et son zèle pour la nouvelle foi, est empruntée à Tabarî
(t. I, p. G48), qui la rapporte d'après Ibn al-Kalbî, comme aussi
celle qui concerne le livre sacré apporté par le prophète (t. I, p. GyS).
Il v a de nondireuses différences, entre notre texte et le récit du
Sclîàlinâmeh, dans l'histoire de la guerre que Wisclitàsp soutient
contre Ardjàsp. Uischtàsp, d'après Tha'àlibî, écrit à Ardjàsp pour
l'appeler à la religion de Zaràdouscht (p. iCS). Ardjàsp recommande
à son envové, qu'il fait accompagner par mille guerriers, de tenir à
W ischtàsp un langage sans réticence. Wisclitàsp s'oppose au désir de
Zarèr, d'isfendiyàdh et de Djàmàsp de répondre à la lettre imperti-
nente d'Ardjàsp (p. 265). Les deux récits sont en désaccord aussi sur
divers points de la prédiction de Djàmàsp, sur les positions et les
commandements des troupes iraniennes et touraniennes, sur les péri-
péties de la bataille, sur quelques noms des fds de Wisclitàsp et sur
le combat de Bastoùr avec Bîderafsch (p. 266 et suiv. ). Le petit écrit
pehlevi intitulé 1^ cUkâr-i-Zar\râiv^\ qui raconte les mêmes événements,
ne s'accorde entièrement ni avec l'un, ni avec l'autre. L'épisode du
combat de Bastoùr, cherchant à venger la mort de son père Zarèr,
diffère dans les trois versions. Seul Daqîqî, dans le Schàhnàmeh, fait
intervenir Isfeudiyàdli cl lui attribue la gloire d'avoir tué le meurtriei-
du héros. On lit de même dans Taljarî (t. I, p. 677) que Bîderafsch
fut tué par Isfendivàdh.
La rencontre d'isfendiyàdh avec ses deux sœurs au Château d'airain,
la scène du banquet, rattac[ue du château, le combat, etc. (p. 33 1 et
suiv.) sont racontés par Firdausî avec des détails différents. Il ne
mentionne pas le trône d'Afrâsivâb -l
1' Das 'iàtkâri Zaïïrâu unJ sein Ver- l-J Hà(i/. Alnoù p.irlf aussi du tiôiie
hàltniss :uni Sâhiiânie. von ^^". Geiger d'Afràsiyàb en énuméiant le butin fait au
(dans les Sit:ungsberichle der philos.- philol. Cliâteau d'airain (nis. persan de la Biblio-
und histor. Classe der kôn. baverischen Aka- thèque nationale. Supplément 160, fol.
demie der Wissenschaflen, Mùnchen, 1890 . 122 v°i.
PREFACE. XXXIII
Un corbeau sert de guide à Bahman (p. 348). Roustani, monté
sur le 'Anqâ, est transporté dans une île (p. 368 V
Dàrà est exposé dans le fleuve d'Istakhr ou le fleuve de Balkh
(p. 395). Manquent dans notre ouvrage les récits du Schàhnàmeh
sur l'orage et la préservation miraculeuse de Dàrà et sur Raschne-
wàdli, ainsi que l'histoire de la victoire remportée par Dàrà sur les
Grecs et sur SchoVil), le chef arabe.
Le roi Philippe, pour instruire Alexandre, fait venir les sages de la
Grèce et, parmi eux, Aristote et Ptolémée (p. 4oi).
L'histoire du message de Dàrà à Alexandre et de l'envoi de la balle,
de la raquette et du sésame, et (]<■ la réponse d'Alexandre, manque
dans le Schàhnàmeh. Rlle est rapportée par Taliarî (t. I, p. 695 et
suiv. ) et, en partie, par Eulychius.
Les récits sur le séjour d'Alexandre en qualité d'ambassadeur an
camp de Dârà (p. 4o5), sur la balaillc et le meurtre de Dàià par les
deux chambellans de Hamadhàn (p. 4o8) et sur les demandes que
Dârà, avant de mourir, adresse à Alexandre (p. 4 10) sont différents
dans le Schàhnàmeh. La scène entre Dàrà mourant et Alexandre est
rapportée par Eutychius (t. I, p. '^77) à peu près comme dans notre
ouvrage et quelques phrases sont identiques dans les deux textes. Bien
qu'il eût accueilli la proposition des deux chambellans s'engageant à
tuer Dàrà (p. 4o8), Alexandre déclare n'avoir eu aucune part à sa
mort (p. 409 et suiv.).
La parole prononcée par Alexandre au moment de monter sur le
trône de Dârà (p. 4i4) se trouve textuellement aussi dans Tabari
(l. I, p. 701). La notice sur la destruction des temples du Feu,
malgré l'engagement pris envers Dàrà, le massacre des mages, etc., e!
la fondation des villes (p. 4i4) manque dans le Schàhnàmeh.
L'histoire du roi indien Kaïd (p. 4^4) a plus d'analogies avec le
récit de Masoûdi (t. II, p. 260) qu'avec celui du Schàhnàmeh. L'his-
toire de Qaïdhafa, racontée avec tant de développements par Firdausî,
est très brièvement résumée dans notre ouvrage (p. 432) et celle de
plusieurs expéditions fabuleuses d'Alexandre manque.
XXXIV PREFACE.
Lliisloiro de l'expédition du Tibet (p. 43/)) manque dans le Schàh-
nàmeh^'.
L'histoire de l'expédition d'Alexandre en Chine (p. 436) diflere
coniplètenient du récit du Schàhuâmeh. Ce n'est pas Alexandre qui
joue le rôle de son propre ambassadeur, mais le roi de la Chine qui
se rend auprès d'Alexandre, demande la paix, consent à toutes les
exigences du conquérant, puis lui montre sa puissance en faisant
entourer l'armée d'Alexandre par ses nombreuses troupes'""'.
Les lettres d'Alexandre à Aristote et à sa mère manquent dans
notre chronique.
L'histoire de la mort d'Alexandre (p. 448 et suiv.), très différente
dans le Schàhnâmeh , a une grande analogie avec le récit d'Eutychius
(t. I, p. 286).
Les apophthegmes des philosophes sur la mort d'Alexandre (p. 4>^o
et suiv.) sont, pour la plupart, différents des sentences qu'on lit
dans le Schànâmeh. Le plus grand nombre se trouvent reproduits,
souvent textuellement, mais différemment disposés, dans les chro-
niques d'Eutychius (t. I, p. 289), de Ya'qoûbî (t. I, p. 162 et suiv.),
de Masoûdi (t. I, p. 26 1 et suiv.), d'ibn al-Amîd al-Makîn (ms. arabe
de la Bibliothèque nationale, i\° 294, fol. i34 V et suiv.) et d'Ibn
al-Athîr (t. I, p. 2o3 et suiv.).
On a vu plus haut que le Schàhnâmeh ne contient, de l'histoire
des rois arsacides, que quelques noms. La liste de ces rois, dans notre
texte (p. 456), est conforme, sauf quelques variantes, à l'une des
listes de Tabarî (t. I, p. 710) et, à part la chronologie, au tableau
rapporté par Bîroûnî (^ChroiwL , p. 1 16) d'api'ès la chronique d'Aboû'l-
Faradj al-Zandjànî. La première liste de Hamza d'Ispahan (p. i4) et
les deux autres listes de Tabarî (t. I, p. 706 et suiv. et p. 710) en dif-
fèrent par quelques noms et surtout par la chronologie. Le nom
''1 Sur la particularité du Tibet de pro- ('-' Cette version est reproduite aussi par
duire le rire et la gaieté, voyez aussi le /,«- Ibn al-Athîr (t. I, p. 200) et par Hàfiz
tâif al-Ma'ârif, éd. de P. de Jong, p. 128; Abroù (ms. persan de la Bibl. nat., Suppl.
— comp. Mas'oùdî, t. I, p. 35o. n" iGo, fol. i4o v" et suiv.
PREFACE. XXXV
(ïlrânschalirschâh est, selon toute apparence, une corruption du nom
de ^^êzan (^V*j. En général, cette partie de la narration a plutôt un
caractère romanesque que légendaire. Je ne sais de quelle source
pro>'iennent les contes qui y sont insérés, notamment l'histoire des
trois anneaux (p. 465 et suiv.].
Le récit sur la découverte du drapeau des Kaianides (p. 458), la
conquête du Sawàd, l'invasion de la Grèce, la vengeance exercée
contre les Grecs et la reprise des livres enlevés par Alexandre, a son
parallèle dans Hamza (p. 42) , où la guerre de vengeance est attribuée
à Schàpoûr, fds d'Aschak. Tahari (t. I, p. 704), d'après Ibn al-Kalbî,
la rapporte, comme noire texte, au premier roi de la dynastie qu'il
nomme Aschak, fds de Dàrà.
Le roi Gôdbarz, fds de Schàpoûr (p. 462), qui venge sur les Juifs
la mort de Jean, fds de Zacharie, est appelé par Hamza (p. 42 et suiv.)
Gôdharz, fds d'Aschak, ])ien que ce nom ne figure pas dans ses deux
listes des rois arsacides (p. i4 et 36), et par Tabarî, Gôdharz, fds
d'Aschkàn.
La notice sur Ardawàn le Grand (p. 473, 1. 3 à 5) se trouve tex-
tuellement dans Tabarî (t. I, ]i. 709, 1. 1 4 et i5).
La mort de Sàsàn, père d'Ardaschir (p. àjà), n'est pas mentionnée
dans le Schàhnàmeh. La fuite d'Ardaschir de la cour d'Ardawàn
(p. 477)1 la poursuite (p. 478), la prise d'istaklir et la bataille livrée
à Ardawàn (p. 4 80) y sont racontées d'après d'autres traditions. Les
récits de Firdausî sur le sort d'Ardawàn et de ses fils et sur la guerre
contre les Kurdes, l'histoire du Ver et de Haftwàd, celle de Mihrak,
l'histoire de la fille d'Ardawàn, de son frère, du Mobedh et de la
naissance de Schàpoûr et l'histoire de la naissance du Hormizd man-
quent dans notre ouvrage. Firdausî ne parle pas des lettres adressées
aux rois (p. 479; ce récit est rapporté en termes presque identiques
par Eutvchius, t. I, p. 366 et suiv.), ni de la i-echerche des livres
qu'Alexandre avait envoyés en Grèce (p. 485; il ne s'agit pas appa-
remment du fait rapporté plus haut d'Afqoûrschàh ; l'auteur veut
parler des livres qui auraient été sauvés et qu'Ardaschîr fit recuelhr
xxxvi PRÉFACE.
en Perse) , ni de rétablissement de l'ordre des niobedhs et des hir-
bedhs, etc.
Dans l'histoire de la guerre de Schàpoùr contre les Romains
(p. 488), le Schàhnàmeh ne mentionne pas le siège et la prise de
Nisibe'"'; il rapporte d'autres faits.
L'histoire de Hadr, du Daïzan et de Nadira (p. 489], placée par
Eutychius (t. 1, p. 869) et par Ibn Qotaïba (p. 322) sous le règne
d'Ardaschîr, est rapportée dans le Schàhnàmeh, avec de notables
différences, sous le règne de Schàpoùr Dhoû'l-Aktài. Taharî (t. I,
p. 827 et suiv.) donne également de cet événement d'autres détails
que ceux de notre texte. Les vers d'Aboû Do'àd al-Iyàdî, d'Al-A'schà
et de 'Adi b. Zaïd (p. 492 et suiv.], reproduits aussi dans Tabarî, ne
sont pas empruntés à cet auteur, mais à un ouvrage plus ancien ; car
Tha'àlibi cite du poème de 'Adi un fragment plus étendu que Tabarî.
Firdausî ne rapporte aucun lait de Hormizd et de ses cinq succes-
seurs. Il place l'histoire de Mànî sous le règne de Schàpoùr Dhoù'l-Aktàf.
La campagne de Hormizd contre les Haitalites et l'érection de la
colonne frontière (p. 499] ne paraissent avoir été attribuées à ce roi
par aucune autre chronique ancienne '- .
L'histoire des serviteurs et courtisans qui, terrorisés par Bahràm,
lils de Bahràm, abandonnent tous ensemble le servicedu roi (p. 598),
ne se trouve dans aucune autre des anciennes chroniques. Elle est
contée par Hàfiz Abroù et, d'après lui, par Mirkhpnd, ainsi qu'une
autre version (avec changement du nom du roi mis en scène) de la
première des deux historiettes rattachées au récit principal et qui
provient du Marzebdn-nàmeh '^' . Le conte rapporté par Mas'oùdi (t. II,
'5 Le fait des scorpions de Schahrazoùr W Hàfiz Abroù, ms. pers.de la Bibl. nat.,
lancés dans la ville de Nisibe est raconté SuppL n° 160, fol. i8o v° et suiv.; —
aussi dans le Zoubdat al-Tawàrlkh de Hàfiz Pour Mirkhond, voyez S. deSacy, Mémoires
Abroû (ms. persan de la Bibl. nat. , Suppl. sur diverses antiquités de la Perse, p. 297
160, fol. 178 V). et suiv., 3oA et suiv.; — comp. Zeitschrifl
1-) Hàfiz Abroû donne le même rensei- d. deulsch. morgenlând. GcseUschaft , t. 52,
gnement (ms. pers. de la Bibl. nat., .Suppl. p. 38o et suiv.
160, fol. 179].
PREFACE. xxxvit
p. 169 et suiv.) a également pour objet de montrer le mauvais gou-
vernement de Bahràm au commencement de son règne et son retour
à de meilleurs sentiments.
Les renseignements sur Narsê (p. Bog) ne se trouvent dans aucune
autre des anciennes chroniques.
L'histoire de la grossesse de la mère de Schâpoûr Dhoû'i- Aktàf et
de l'enfance de ce roi (p. S12) diffère en plusieurs points du récil
du Schàhnàmeh. Notre texte s'accorde avec celui d'Eutychius (t. I,
p. 398) et avec celui, en partie identique, d'ibn Qotaiba (p. 323).
Un passage se trouve aussi textuellement dans Taharî (t. I, p. 336,
1. ifi-SO.)
L'histoire de la campagne de Schâpoûr Dhoû'l-Aktàf contre les
tribus arabes (p. 617) s'accorde, en général, avec le récit de Taharî
(t. 1, p. 839). Les deux vers tirés du discours de "Ali sur l'extermina-
lioii des lyàdites (p. 5 18) sont cités aussi dans Masoûdî (t. II, p. 178).
L'histoire de la captivité de Schâpoûr, de sa délivrance, de la bataille
livrée sous les murs de Djondaï-Schàpoûr et de la capture de l'em-
pereur, racontée à peu près avec les mêmes détails par Mas'oûdî
(t. II, p. i8i et suiv.), en partie par Taharî (t. I, p. 884) et (quel-
ques passages dans les mêmes termes) par Eutychius (t. I, p. 4i8
et suiv.], est différente dans le Schàhnàmeh''', où les autres faits de
guerre de Schâpoûr et l'histoire de sa maladie et du médecin in-
dien manquent. Notre ouvrage donne, sur la maladie de Schâpoûr,
une relation plus complète que les autres chroniques, et sur un point,
le choix de la ville la plus saine, une version différente.
Ardaschîr, d'après notre texte (532) est né un mois après Schâ-
poûr d'une favorite de Hormizd. Dans le Schàhnàmeh, il est le plus
jeune des frères de Schâpoûr; il règne dix ans avec justice et trans-
(') Une autre version de cette aventure daschîr lui-même se rendent à la cour du
avec riiistoire du siège de Djondai-Schà- Patrice de Roùni. L'histoire romanesque de
pour et de la capturr de l'empereur, est la délivrance d'Ardascliîr est également
racontée par Hâliz Abroù. Dans ce conte, différente du récit de Firdausî (nis. persan
le ministre d' Ardaschîr, Abarsàm, en qua- de la Bibl. nat. , Suppl. 160, fol. 178 v" et
lité de marchand et de médecin, puis Ar- suiv.).
wxvin PREFACE.
met, au terme convenu et volontairement, le pouvoir au fils de son
frère.
Schàpoûr, fils de Schàpoûr, meurt par accident (p. 533). C'est ce
que rapporte également Firdausî. Mais notre texte mentionne aussi
la version donnée par Daïnawarî et Tabarî suivant laquelle ce roi a
été tué.
Bahràm, fds de Schàpoûr, est tué après un règne de onze ans
(p. 536). D'après le Schàhnàmeh, il meurt de maladie après avoir
régné quatorze ans.
Yazdedjerd le Mauvais (p. 537), suivant le Schàhnàmeh, est le
frère de Bahràm. Les circonstances que rapporte Firdausî sur sa ma-
ladie et la fontaine de Saw manquent dans notre texte, comme dans
les anciennes chroniques.
Les détails de l'histoire de Bahràm Gôr (p. 539) sont, en grande
partie, différents du récit du Schàhnàmeh qui, pour divers épisodes de
l'élection du roi et des négociations entre Bahràm et les grands, est d'ac-
cord avec Tabari. Firdausî ne mentionne pas la nomination de Mon-
dhir commeroi des Arabes, ni les connaissances de Bahràm Gôr en fait
de langues étrangères. Une tradition relative au talent linguistique de
ce roi est rapportée aussi par Mas'oùdî ( t. II , p. 1 9 1 et suiv. ) avec les deux
vers cités dans notre ouvrage d'après Ibn-Khordàdhbeh (p. 556)''^.
L'histoire de la campagne de Bahràm contre le Khàqàn et son
aventure dans l'Inde sont conformes, parfois textuellement, aux textes
d'Ibn Qotaïba(p. 326), d'Eutychius (t. II, p. 81 et suiv.) et de Tabarî
(t. I, p. 867 et suiv.). Les autres aventures romanesques de Bahràm
Gôr racontées par Firdausî manquent dans notre ouvrage. La tra-
dition, rapportée dans le Schàhnàmeh, sur la mort de Bahràm Gôr
diflère entièrement du récit des chroniques.
Yazdedjerd, fds de Bahràm Gôr, laisse aux grands le soin de
(^) Le vers persan de Bahràm Gôr (p. 557) delà Bibl. nat., ancien fonds n° 320,
est souvent cite dans les Anthologies poé- fol. 4), le second misrà' aurait été une ré-
tiques. D'après le yjJoSUJl *<s>«j de Fakhrî plique de l'amante sous la forme
b. Mohammad Amîr al-Harawî (ms. persan ,,jj^_^ ^ «^j>N?j 'jJ Aj^ flj
PREFACE. x^xIX
choisir entre ses deux fils (p. ôyS). D'après le Schàhnàmeh, il désigne
comme son successeur Hormizd, plus jeune que Pêrôz.
La lutte pour le trône entre Pêrôz et Hormizd (p. 578), les deux
campagnes de Pèrôz (p. 078) contre les Haïtalites confondues en une
seule par Firdausî et Ya qoûbî (I, p. i84) et dans deux des versions
de Tabarî (t. I, p. 873 et 878), ainsi que les événements qui suivirent
la défaite et la mort de Pèrôz (p. 682], la compétition de Balàsch et
de Kawâclh et la fuite de Ka\Yàdh (p. 583], le règne de Balàsch,
l'avènement de Kawàdh (p. 586) et l'histoire de Mazdak (p. 596)
sont racontés d'une manière différente dans le Schàhnàmeh. Les dé-
tails sur le règne de Balàsch (p. 584) y manquent, comme dans les
chroniques. Le sobriquet de Kawàdh, Berczâdhrîsch (p. 695), dont
Firdausî ne fait pas mention, se trouve aussi, sous une forme cor-
rompue, dans Hamza d'Ispahan (p. 56) et le Modjmil al-Tawârîkh
[Journ. asiat., 18/1 1, t. I, p. 4'^7; i843, t. I,p. 426).
Dans l'iiisloire d'Anoûscharwàn (p. 6o4), le récit du massacre des
Mazdakites et la mort de Mazdak diflere de la relation du Schàhnà-
meh. La scène entre Anoûscharwàn, Mazdak et Mondhir, rapportée
d'après Ibn Khordàdhbeh (p. 6o4), a été reproduite aussi par Ibn al-
Athîr (t. I, p. 3i4) t't par Hàfiz Abroû [Zoubdat al-Tawârîkh, ms.
pers. de la Bibl. nal., Suppl. 160, fol. 197). L'histoire de Saif b. Dhi-
Yazan et de l'expédition du Yemen manque dans le Schàhnàmeh.
Plusieurs récits du Schàhnàmeh manquent dans notre ouvrage : la
révolte d'Anôschazàdh, Bouzourdjmihr et le Serpent, les exemples
de la sagesse de Bouzourdjmihr et ses discours, la guerre du Khàqàn
avec les Haïtalites, la campagne d'Anoûscharwàn contre le Khàqàn et
son mariage avec la fille du Khàqàn , les conseils et maximes d'Anoû-
scharwàn , la nouvelle campagne dans Roûm et l'histoire du riche cor-
donnier, etc. La longue histoire des deux princes indiens et de l'in-
vention du jeu des échecs est brièvement résumée (p. 624 et suiv.).
Une grande partie des aventures de Bahràm Tchôbîn et de l'his-
toire de son usurpation rapportées par Firdausî manquent dans notre
ouvrage. Manquent également plusieurs récits sur les événements du
XI. PRÉFACE.
règne (le Parwèz, comme le meurtre de Bindoëel la révolte deBislàni.
D'autres, comme l'histoire de la fuite de Parwêz (p. 665), qui s'ac-
corde en plusieurs points, parfois textuellement, avec la relation
d'Eutvchius, et l'histoire de la mort de Bahràm Tchôbîn (p. 679),
sont différents. Les circonstances du meurtre de Bahràm, avec le
détail du jour néfaste de Bahràm, sont rapportées aussi par Aboû
Hanîfa al-Daïrjawarî (p. io3 et suiv.)etpar Ya'qoûbi (t. I,p. igS).
L'histoire des deux musiciens Sargis et Fahlabadh (le Bàrbad de Fir-
dausî) diffère également. L'histoire de Schîrin (]). 691) est conforme
au récit du Schàhnàmeh, mais Tha'àlibî paraît faire entendre qu'elle
avait été une courtisane*''. Il manque dans le poème de Firdausî : la
notice sur les faveurs accordées aux chrétiens (p. 671), les traits
d'esprit de Parwêz (p. 690)'"-', les propos, gastronomiques et autres,
du page Khwasch-Arzoû.
Schîroûyeh tue ses frères (p. 728). D'après le Schàhnàmeh, les
quinze fils de Pèrôz sont égorgés par les insurgés.
Il v a d'assez nombreuses différences dans les récits sur les derniers
règnes.
L liistoire du songe et de la vision de Roustam avant la bataille de
Qàdisîva (p. 74 1)1 rapportée aussi dans d'autres chroniques, manque
dans le Schàhnàmeh.
La fuite de Yazdedjerd (p. 74'^), la trahison de ■Nlahouï (p. "jà^)
et la mort de Yazdedjerd (p. 7/17) sont racontées par Firdausî avec
des détails différents. Hamza d'Ispahan (p. 63) donne, sur la suite
emmenée par Yazdedjerd lors de son départ, des indications ana-
logues à celles de notre texte.
O Voyez, sur les difTi-rentcs versions con- clans le Ta'rikh-i-Gouzklch : Parwêz, en
cernant l'origine de .Schîrîn, Nôldfke, quittant la cour de son père, se réfugia en
Geschichte der Perser and Araber zur Zeil Arménie où il s'éprit d'amour pour Schîrîn,
f/cr Sasaniden aus der arab. Chronik des Ta- la fdle du roi (Pàdiscliàh' de ce pays (ms.
bari, p. 283, note 2, et Die von Gaidi he- persan de la Bibl. nat. , Suppl. 170, fol. 56).
rausgegebene syr, Chronik ûberseizt und ci- (-) Sur l'arc de Ilàdjib h. Zoràra, voy.
klârt, p. 10, note 3. Une autre version, lbiiQotad)a, p. -.uj-i. L'histoire de la bride
San»; v.ilpur historique d'ailleurs, se trouve rompue du chtsval de Parwèz est rapportée
PREFACE. xLi
On remarquera encore que les discours et sentences des rois, dif-
fèrent, en général, dans les deux ouvrages.
Des rapprochements qui précèdent, on pourrait conclure que, si
certaines parties de notre ouvrage ont la même origine que le poème
persan, des portions considérables, en dehors de quelques passages
directement empruntés à divers auteurs et cités sous leur nom, pro-
viennent d'un autre document. Cependant ces analogies et ces diver-
gences s'expliquent plus naturellement lorsque l'on suppose que Fir-
dausî et Thaalibî ont suivi des narrations distinctes remontant à une
source commune.
Bien que la tradition persane relative au Schàhnàmeh en prose
d'Ibn 'Abd al-llazzàq et à la composition du poème ne puisse être con-
sidérée comme absolument authentique, le propre témoignage de
Firdausî paraît cependant en confirmer les deux parties principales.
Le poète, dans l'Introduction, raconte que, parles soins d'un ami, il
avait obtenu un « livre des temps anciens », dont les fragments épars
avaient été recueillis par un homme illustre'"'. Si ces paroles désignent
réellement l'ouvrage composé sur l'ordre d'Ibn ^Abd al-Razzàq, il ïaiû
croire que l'exemplaire de Firdausî contenait une rédaction qui
n'était pas celle dont parle Bîroùni '. Quoiqu'il en soit, Firdausî dit
assez clairement que ce livre, ce ^Lw*«^ <x(b *^' (c'est une autre
forme du titre de "^Li ^Lij a été la base de son poème.
Nous ne connaissons pas les ouvrages, peu nombreux d'ailleurs,
que Firdausî a employés à côté de ce « Livre des Rois » en prose et par-
mi lesquels se trouvait un autre « Livre des Rois » .|,. .,.^^ <_x)b -, illustré ,
qui lui avait été communiqué par un nommé Sarwâzàd de Marw ''' .
Quant aux relations qu'il déclare avoir recueillies de la bouche de
aussi pai- Mas'oùdî (t. II, p. 216). Elle pro- signe ailleurs par les expressions j A_»i
vient peut-être du Mar;e6an-namf?i (voy. le yU«lj ou yb:*yLj l*Lj [Ibid., t. IV, p. 8,
Fdkihat al-Kholafà, éd. de Freytag, p. 9). vers 34; p. 10, vers 77.)
l^) Édition de Alohl, t. I, p. 16 et suiv.; (2) Voy. ci-dessus, p. xxiv et suiv.
— comp. ibid., t. IV, p. Ii!i6. — Je pense (3) T. I, p. 20; t. V, p. 270.
que c'est encore le même ouvrage qu'il dé- (*) Ibid., t. I\', p. 700.
xLii PRÉFACE.
certains diliqùiis, on peut croire qu'il ne s'agit que d'une fiction poé-
tique, connue l'a démontré M. Noldeke^'^ ou, peut-être, de lorniules
empruntées à la chronique originale dont l'auteur appuyait ou cher-
chait à attester les récits ]xu- la tradition orale.
Le Schàhnàmeh mis en vers par Firdausî dérivait selon toute pro-
bahilité, de l'ancienne chronique des rois de Perse, appelée Khodàï-
nàmeh, composée en langue pehlevie, peu de temps avant la con-
quête de la Perse par les Arabes'""'. Cet ouvrage n'est pas resté, sans
doute, pendant quatre siècles, jusqu'à l'époque de Firdausî, sans
subir des changements et, pour me servir d'un terme employé dans
la poétique du moyen âge d'Europe, il a dû être plus d'une fois re-
nouvelé. Et d'abord en son langage, soit que cette transformation ait
suivi l'évolution naturelle de l'idiome de la Perse, évolution entravée
pourtant dans une certaine mesure par le profond ])ouleversement
de l'état politique et social du pays , soit que, à la suite d'une interrup-
tion prolongée de la \ie littéraire, l'ouvrage ait plus tard été traduit
du pehlevi en persan moderne. En ce qui concerne le contenu, il a
été modifié de diverses façons et surtout augmenté d'informations et
de récits provenant des traditions mythologiques et épiques et d'autres
documents historiques, tels que le Ayînnàmeh'''*. De ces combi-
naisons de textes résultaient différentes rédactions du Khodàïnàmeh,
dans lesquelles les variantes et doubles versions étaient souvent juxta-
posées et qui furent reproduites par les Schàhnàmeh.
C'est par des variations analogues qu'a passé la traduction aral)e du
Khodàïnàmeh dont l'auteur est Ibn al-Moqaffa'''''. Par le fait des scribes
C Das Iranische Nationiilt'pDS, p. i(> et .Mas'oûdî (l. II, p. 'i/i, 118 et 120) sous
36. le titre, très corrompu dans les divers
'-' \'oir llamzœ Ispitli. Annal., éd. GtAi- manuscrits, de (_,«, C_ji J! oLa-ST i_>b5
waldt, p. iG, al, 64; — Kitâb al-Fihrist, (jL«,.jX«J!, ^yS^,^\. ^ySlSl/^]. Comme il
éd. deFlûgel, p. 1 18, 3o5. — Xôldeke, Ta- a été traduit par Ibn al ^Io(|a(Ta% on peut
barî, Einleitung, p. xv; — Das iranische supposer qu'il s'agit du Khodàïnàmeh ou
Nationalepos , p. i3. de l'Ayînnâmeh.
('' Voyez, ci-dessus, p. xxiii. — Nous '*' \oye/. Ilam/.a d'Ispahaii, p. 8, 16,
ne savons pas quel est l'ouvrage cité par aietsuiv. — Filirist, p. 118.
PREFACE. xLiu
et des possesseurs des copies d'abord, par des lettrés ensuite, des va-
riantes y ont été introduites, variantes tirées, soit de rédactions ou
traductions différentes du même ouvrage, soit d'autres ouvrages per-
sans et arabes. Cette traduction a été la source de plusieurs chroniques
arabes consacrées à l'histoire de la Perse et portant le titre commun
de u*;/*-^! '^^jJ-o^^-<i-*v ou de <.i^ji-Lt^j.<s^'". En reproduisant le texte
d'Ibn al-Moqaffa\ les auteurs des Siyar ol-MoIouk, à leur tour, l'ont
plus ou moins modifié et augmenté de matériaux de diverse prove-
nance. Nous savons par Biroùnî qu'ils ont fait des emprunts aux
Schàhnàmeh persans, comme ceux-ci, certains indices portent à le
croire, ont subi l'influence des chroniques arabes.
Les observations qu'on vient de lire sont, en grande partie, conjec-
turales; car l'histoire du Khodàïnàmeii et de ses dérivés, en plusieurs
points importants, reste encore obscure. M. Th. Nôldeke, dans l'Intro-
duction à sa traduction de Tabarî et dans son commentaire sur cet
ouvrage, ainsi que dans un travail plus récent sur le poème de Fir-
dausî'"^', a définitivement élucidé un certain nombre de questions con-
cernant les sources persanes et arabes de l'histoire de la Perse.
M. le baron V. Rosen, dans un mémoire spécial et plein d'aperçus
nouveaux sur la version ara])e du Khodàïnàmeh'^*, a également mis en
évidence certains faits et présenté des conclusions qui, dès à présent,
peuvent être considérées comme acquises à la science. Je ne saurais
rien ajouter aux résultats obtenus par ces deux savants et dois me
borner à renvoyer à leurs excellents travaux.
Les chroniqueurs arabes du m" et du iv'' siècle de l'hégire dont nous
possédons les ouvrages, au moins la plupart d'entre eux, ont puisé
leurs informations, non dans le texte primitif d'Ibn al-Moqaffa', mais
dans l'un ou l'autre des Siyar aJ-Moloûk qui, tous, malgré leur diver-
W Voyez Hamzae Ispahanensis Annal., (-) Das iranische Diationalepos ( Stras-
p. 8 et suiv.; — Tabarî, t. I, p. 708; — bourg, 1896).
Biroûnî, ClironoL, p. 99; — comparez t-^' Kt. Bonpocy OB-b apaBCKiixt ne-
Mas'oùdi, Moroudj, t. Il, p. i36 à i38 et peno^ax-b Xy^àii-HàMa [Saint-Péters-
239. bourg, 1895).
xuv PRKFVCE.
site, contonaiont les mêmes récits on Icrmos souvent identiques'"'. Et
ces auteurs, suivant leurs habitudes littéraires, reproduisaient leurs
emprunts littéralement. Tlia'aliLi, pas plus que Daïuawari, Tabarî,
Mas oudî , n'a utilisé directement le Khodàïnàmeh d'Ibn al-Moqaffa'. Sa
principale source a été un texte remanié de la version arabe du Kho-
dàïnàmeh.
Il me reste à complét(M- la notice des manuscrits qui ont servi à éta-
blir le texte de la présente édition.
Le ms. i488 du fonds arabe de la Bibliothèque nationale, dont la
notice se trouve dans le Catalogue imprimé, page 284, a quelques la-
cunes, le scribe qui a exécuté cette copie, ou peut-être celui qui a
écrit le manuscrit de Gonstantinople, ayant passé quelques feuillets.
Il a passé un feuillet au folio 182, et il manque une partie de l'histoire
de Pêrôz, fds de Yazdedjerd; — il a passé un feuillet au lolio 199 v°,
et il manque la lin de l'histoire de Yazdedjerd, hls de Schahryàr, et le
commencement de l'histoire des rois-prophètes; — il a passé un
feuillet au folio 2o5 v", et il manque la fin de l'histoire de David et le
commencement de l'histoire de Salomon; — il a passé un feuillet au
folio 243 , et il manque la fin de l'histoire de No'màn b. Mondhir et le
commencement de l'histoire des rois de Roûm.
La copie finit avec l'histoire de Mahomet.
Le texte est diWsé en deux livres dont chacun est précédé d'une
table de chapitres. Le premier livre se termine au règne de Pêrôz, fils
de Yazdedjerd; le second commence au règne de Balàsch. La table
des chapitres du second livre embrasse aussi l'histoire des autres
peuples anciens, ainsi que l'histoire de Mahomet. Les chapitres de
chaque section ont une numération particulière.
J'ai désigné ce manuscrit, dans les notes, par la lettre C.
Le ms. 5o53 du fonds arabe de la Bibliothèque nationale est un
volume de 285 feuillets, mesurant 208 millimètres sur i45, de
''* M. Nôldeke Tabari, Einleitung, p. xix <'l \\\ pense qu'Ibti Qotaïba et Eulychus
ont eu sous les veux le texte même de la traduction d'Ibn al-MoqafTa'.
PREFACE. xLv
2 1 lignes par page. L'écriture, apparemment du xvi"" siècle, est ca-
ractérisée par la fréquente coupure des mots à la fm des lignes. Les
folios 1, g, '?.']€) à -îSS ont été ajoutés après coup. La copie n'est pas
terminée; elle s'arrête au milieu de l'histoire d'Abou Bek.r (révolte du
Hadramaut). A partir du folio 2i8 les rubriques à l'encre rouge ont
été omises. Entre les folios actuellement cotés 4 et 5 , il manque un
feuillet, l'avant-dernier de la table des chapitres. Au folio 7 v", le co-
piste ayant passé trois feuillets, il manque la plus grande partie de
l'histoire de Djamschêd et de l'histoire de Dahàk. Au folio 1 13 le co-
piste a passé quatre feuillets, et il manque la fin de l'histoire d'Arda-
schu", l'histoire de Schàpoûr et le commencement de l'histoire de
Bahràm.
Dans ce manuscrit, l'histoire ancienne, antérieure à Mahomet,
forme un seul Hvre, dont la table placée à la suite de la préface énu-
mère les chapitres.
J'ai désigné ce manuscrit, dans les notes, par la lettre M.
Quant à la leçon du texte, elle ne diffère pas considérablement
dans les deux manuscrits; les variantes consistent surtout en fautes
de transcii|)li()n et en omissions. Quelques unes, cependant, de ces
omissions proviennent de l'exemplaire sur lequel les manuscrits (ce-
lui de Constantinople et celui de Mossoul) ont été copiés. J'ai souvent
suppléé entre crochets les mots ou membres de phrases qui manquent.
J'ai rendu la traduction aussi littérale que possible, saul aux pre-
mières pages, en deux ou trois endroits, où j'ai cru devoir para-
phraser certaines métaphores qui paraîtraient ridicules dans une
langue européenne.
PREFACE DE L'AUTEUR.
4!! joij ^^'l 'n I ,^ J|j ^ILlJL ^nU^)]^ oî'^y^ o*^' c)'* ^^J J'-=*i^
j.s_ajjj| <;oo.>s^ OJ-'^^ <Jot>Jwv3j <^:>U>|^ ^jvA^ f^JJ ^-S-"^ «C**J^
?yà-^ <-iVUt jU^t jvi ^ cjl-J cj'-*^ <__>U5 ,3<Jii' <À-u/L^ 4j^Li23
1') Ms. i. Entre ji_jAa>_« et [.b! il manque évidemment quelques mots ou une phrase
entière avec la mention du sultan Mahmoud.
PREFVCR DE L'AUTEUR.
p-ji^^jo. |?ljljLï^j ^jf^j ?^j-*^jj A-^"^ ?^j\yj 1*^-*-^^ ^^^\^
|?u[sl-^aJi^ y^^j ^*-i^J ^ ^J jJ^'-^^ iL^SlX^j A^Li.0. jîU_u,L^
»j* ^3j| ci:_^w^«_A.^ ^-^ cT* --^^ ^^ILo >-^>>o <_iJo' ^! ^Jlc (.jULSJi
2\_A__cj Ju^l^I jSij ^^LJ| A,J^ *L<yo':i'! Jj_Lo ^.aÎ J,| ^^JLgjJ!
'/■i.Y^^^^I jj~^ "^^j tl' ô[r*"^' '^jr^ oJjJ-^ j>LiJ| <~r>j-^ ^i^j-Lo -pj-it Lii
*x_;^^^ f^jr^' -i|j-Lo ^ o>-S>>o w-v>>L=*.t ^ r-^-^^ ^ i^'^'^l ^L? -^jj!»
J_i_i c:-'v->^ J-i ^;--^j ^J^\ j-<Ji 9--^-^ >^'^ 1^ ^^^ •■'' J
^ >_A-î*.» ^ >- ^ U >>-i-^ "C>ôj' ^-£ "^-Z^i ,^_i-<iLS« <_t-iâJi —Lv^ii^
j_[j_:^ J-i. ^^' J,! <_j'^IL=w ^'^_wj "OlîjHb '^[>#>^ <JiJl.^^. <^'U:j<^j
tillU-il ""LsJIj A<sLc Iaj^I '■ (-pU^^aJ^j ^_;-UjJ1 ^ *liJ-^ ?.Kjt_> jpSi!
'') Ms. *^l*AiI. — !-. Ce comnioncenipiit de la préface est remplacé dans M par
cette phrase : ;_j4iâ o>jj J} '^y<jjS' iJhX^ ^j^ L3ï',b ;C7:1 cai;l ^L«iJI >r^j'J«^' O^sxJ! ^îj.*>j
p!>XM>^)|. — Maïupie dans ('.. — '. MaïKjue dans M. — ■' Mantpie dans M. —
PRÉFACE DE L'AUTEUR. xux
s-
^\yiJ\ :-^)jLsji^t 7^* f;r^ "M^^Ij "i-pl^x^frJl; <^ULJ|j <j^^\j
^,^\ j^^\j c^Ul ^-A^"^! ^ll -J ,îUJ-c ,3)&i^ U^ls ^jt^[^
Lill_A»* » l^ * Il ^LkL«J! j^it 'J ^jr^\ vj* 4->l5^ 1^3^ "cT''^' tJ*
A •l'^k ^\ jjLSv^ '»4lLx_it (_i,Lx-«j* ^--o^l (j^-^^J "^"jj-^ jr^^^ o^LiL)
jt'il tv^ll J>_cNiJ j^ U Jic LilUt <A£| ^4j^p_>^ i^y-*i\ iJ^ i"i<.4i]jll>
•CoLoç» ïjj_Sj>J,' li «Cc^ULo^ ijj-^,^' iij^J^Lijjj "^j^l «tiL^lj "^^^t
^v|j_ï^ fj^\j ^>j-^\ f^\y> J^ c5^t '^^}j '■^'^jp'jr*-'' ''-r'I-^l^* ^jr<i^^^t
0v_6-«iL ;_/-j^>^'^t aJ-4«lL <a;^1 U t_,/-j^'jt •pV-«-'L. c^iJii }~^\} L>^^î
Oj_L Js-c c^USl't J^l 'ïj^û;'^! jJfllL (i.x^cw,! Lo^":^! c:^UL
(') M ; OvjJl jl^*-lj . — -) Manque dans M. — i^) M biL=w_5 '^Jo, C EijO^ jl ûr>Xi.
— (') Manque dans M. — '■=') M !a*-w^jJU. — W M ij^-^i) (?). — ("' Manque dans M. —
W Manque dans M. — P' M ^y^ii . — ('») (.:iJ%ilj. — (") C jSUùj. — C'-^) Mss.
iUjlx*j. — i"l Manque dans M. — ("> M x-^^i L^ . . . 0^4-^1'. — C^' C *-*à-9. —
i'6) C S;+^, M «;-^^.
L PRÉFACE DE L'AUTEUR.
làL-B )| ^jj« i-iLi-is-il (i)ULjL.iï Lft^-uou «LaJ-**^-« ij^^UjI <Cs*-L« <->LS\2*.
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C: C l;L*-il. — C^) Manque dans M. — t') C *^. — (') .M ^3;j. — (s) M JS^^i
J^t. — '^) Ms. JaIsj. — ("i Ms. tjiriàjj. — f'* Au lieu de ce passage, à partir de
fjia\^, on lit dans M : tjL^^i)!^ aJ )j ^2;jJI À.«^ Ajl^Xftl ^ja «JàjLsTj.
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HISTOIRE DKS ROIS DKS PERSES
l'Ai!
\BOl M\.\SOÎH ABl) \L-M\LIK IB\ MOHVMMAD IB\ ISMV'H.
AL-THA ÀLIBÎ.
REGNE DE KAYOLMARTH.
LES DIVERSES OPIMONS Qll ONT COLRS À SON SL.JET.
Il V a, au sujet de ce roi, une grande diversité d'opinions parmi les
lii.sloriens des différentes nations. D'après les uns, il serait le même
qu'Adam, le père du genre humain (que le salut soit sur lui!] que
Dieu a créé de sa main, à qui il a insufflé une parcelle de son esprit.
'2 llISrOlUK DKS 1\0IS DKS l'KRSKS.
^:il^l «<_^-L£ j-jsij-A ci.'j-o^ jjt ^^1 ^U-£ ^£j ^^LJ! ùtit^Ui
*L4-£ J—i-r» .^=^^^^-=*' ^ J^S |j^ cT" '^-J'-^ f*-it ^J <J! j?L^.à-)0 (♦-Cjj
j_d) JwA <->-' L-aJo^À"' Lf]^ f*-^l (J-° u*r^'^'j^ ei>p/«^<S^ J)I Jl i^^l
(1) ^1 i->«j. !l. — '-) Ces mots iii;iii(|ueiit dans M. — ■'' Maiwiiie dans C.
(luil a iail adorer par Ions ses anges et dont 11 a lait la source de ses
créatures Imniaines. D'autres disent qu'il était le premier roi et fds
d'Adam, comme Seth, qui était le premier pro])hète, l'un exerçant
le pouvoir temjîorel, l'autre avant la direction spirituelle. D'autres
t-nliii prétendent que c'est Adam (pii lut le premier roi sur terre, car
Dieu l'v avait établi comme son vicaire. Ahoû-Dja'far Moliammad ihn
Djaiir al-Taharî, en sa chronique, rapporte une tradition des saxants
(le l'erse, d'après laquelle Kayoûmarth est le même qu'Adam, et une
autre, dapres laquelle il est le propre fds d'Adam et d'Eve. Les sa-
vants des diilerentes nations, dit Tabari, qui s'accordent à considérer
Kayoûmarth comme l'ancêtre des Perses, diffèrent seulement en ce
qui concerne son identité avec Adam. Ils croient tous c[ue ce roi et
ses descendants se sont succédé, dans les contrées de l'Orient, en une
série de règnes ininterrompue, jusqu'à la mort de Yazdegerd, Ills de
Schalirvar. de cette ntème lignée, qui lut tué à Marw, du temps
d''Otliinàn ibn Aflan (que Dieu soit satislail de lui!).
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 3
"y i' fy<S-Ji JjJl^j^ Jsl «U^ I^U^ j<>j\j IjUj C) Jwg-wt A^^ocjUt
j^^j-jN^-*.^ ^^L3 lij^p-cj^ J^| p^xvj' ov'^'^j vj^ r^j rJ^j 'J^-'-^->l <J^
'^)oU^<f JU. ^^b^ 5^U "^j ^Lo ot;'^'! J '-^U i>! ^ f i-^^it jUi
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«Ole l*i| J;)t (îj^^j^t J^ elli '^a-1 e><s^ <jc4ls=u^ Jl^]^ (6)<jd.^
^ — A — i — L_j' ^Lo ci.>w.04,a3. <.à_*v ,^_9^i i_y^j^' o' ^^'-s'û U Joo Jj- j^x,tij|
f'I M Js^I, et les mots J^^è. . .j^! sont répétés. — t^l M lii. — W C »U j^ aJUù.
•'i C ^,^^1. — ■'•> M yl<j.'— "■' Miii.qn.^ dans M. — (") M gp\.
Quant à la chronologio fies rois de Perse, elle est plus claire et
plus certaine que celle de tous les autres rois, attendu que Ton ne
connaît aucune autre nation dont l'empire ait si longtemps subsisté
sans éclipse, des populations que leurs souverains réunissaient en un
corps d'Etat aussi uni, stable et régulier.
D'après les traditions des Perses, Kayoûmarth habitait les sommets
des montagnes, parce que, à cette époque, il n'existait sur terre ni
édifice, ni construction quelconque. Il était appelé Karschdh [Gar-
sf /*«//), c'est-à-dire «roi de la montagne». Kar (^Gar), en persan, si-
gnifie la montagne. H était le plus beau de tous les hommes, le plus
parlait et le plus fort; on le regardait avec admiration, et tous ceux qui
le voyaient, génies et hommes, furent ravis et se prosternèrent devant
lui. Si donc, réellement, il est le même qu'Adam, il fut aussi celui
qui possédait la beauté et la perfection absolues. Mais comment cette
identité serait-elle admissible, puisque, d'après les chroniques, Adam,
après sa descente sur la terre, vécut mille ans, tandis que le règne de
Kayoûmarth ne dura que trente ans?
4 HISTOIRE DKS ROIS DKS PERSES.
j^ilt ;t— 6— ?- cJ* <— s^^^t ci-oLiJjl^ ^j|!iiJx]l (»)ûL^=o «LaJI e>p-o^^
(^i Mss. ioÏLà-..— M MoJ:,.
Les rois qui avaient la qualité de prophète, disent certains tradi-
tionnaires, étaient Adam, Joseph, David, Salomon, Dlioû l-Qarnaïn
et Mahomet (que la bénédiction de Dieu soit sur eux!). Comme l'auto-
rité souveraine cherche un appui dans l'autorité prophétique, le ranj;
le plus éminent a été dévolu à ceux parmi les prophètes à qui Dieu a
accordé l'une et l'autre, pour faire connaître et faire régner sa vraie
religion et affermir sa loi; cette double qualité permettait au roi d'ob-
tenir l'observation de ses commandements et de réduire les incrédules
et les hérétiques qui lui résistaient. C'est de ce privilège que Dieu,
dans les temps anciens, a favorisé ceux que nous venons de men-
tionner comme, plus tard, Mahomet l'i^lu (que la ])éiiédicli()n de Dieu
soit sur lui!), couronnant ainsi les grâces dont il l'avait comblé et lui
assurant un éclatant triomphe.
Selon les traditions des Perses, lorsque Dieu ramena Kayoùmarth
vers lui, les hommes et les génies le pleurèrent et des lamentations
s'élevèrent de toute la terre. Sa beauté et ses vertus laissèrent un
immense regret. Dieu seul connaît la vérité à son sujet.
^ JV— ^1; o-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 5
_iJî, ^U_l'I ^'^!^ cLs«Jl JJU. f^l; jL^-^It ^_;^jjL«j'^l
'" Mss. iCA^jLiJL t^,ki5o JuUiyû >ilL«. — -' .Manque dans \\. — .^1 Mss. ^jo^}- —
REGNE DE HOLSCHANK.
Hoùscliank, — c'est ainsi que le nom s'écrit en persan ; dans les livres
arabes, il est écrit Oûschliandj , — d'après la plupart des relations,
était fils de Siyâmak, fds de Kayoùmarth, et roi des (sept) Climats.
Il réduisit sous son obéissance toutes les créatures et civilisa la terre.
11 inventa l'extraction du fer, en lit des outils pour les différents mé-
tiers, aménagea les eaux où elles étaient utiles et engagea les honmies
à ensemencer la terre et à domestiquer les animaux; il leur ordonna
de creuser des canaux, de planter des arbres, de tuer les bètes fauves
et de se servir de leurs dépouilles comme vêtements et comme lits,
(f éirorirer des bœufs et des moutons et de manger leur chair. Il fut le
premier qui éleva des constructions, fonda des villes, étabbt des pres-
criptions et des défenses et introduisit la justice, d'où lui venait le
surnom de Ptsclulàdh qui, en persan, signifie le premier (jui ordonna la
MISIOIRK DKS |\01S DKS PERSKS.
s-
.Xju. L-g^ Jld «Ci^^ïi. «Ciai». ^j-UJt w-iaii|^ <-»vU Jlc -,uJ| eX-ii «L.5Joo
<L^j i\j ^j)i\ -^iLo ^j^j^ ^•>-s»> "-^jj cS'^' ^I <->i-£ -'LuJ]^ 4l!t J^^
^J^l^t IlA^ 3^_ii.^ ^j-LJt ;i''J3!^0cifc.i[i ^j-» AjL/i^ o.ij-i^ ^j«.Jot v^
^L5^ o>!>^' U^ulé ^ilUl ^j^^jtXJ \f a)j\X\ y-^^<*^ L :■ <-.UufijJt |^>>Hfr*J'
justice. Il fit d aboi'd , dit-on, un séjour dans l'Inde et parcourut en-
suite les différentes contrées de la terre. Puis, lorsque son règ;ne fut
affermi et sa domination bien établie, il posa la couronne sur sa tête
et adressa au peuple un beau discours dans lequel, après avoir loué
et glorifié Dieu, il s'exprima ainsi : «C'est moi qui ai hérité de mon
aïeul Kayoûmarth de l'empire du monde. Je suis plein de mansuétude
pour ceuv qui pratiquent le bien, et sans miséricorde pour les re-
belles, .soit des hommes, soit des démons, faisant le mal. » H réduisit
ensuite Iblis et ses troupes : après avoir tué les démons rebelles et
exterminé les génies malfai.sants, il interdit aux autres tout commerce
avec les hommes et les força de prendre rengagement de ne point
chercher à nuire aux humains. Alors ces démons s'enfuirent devant
lui et se réfugièrent dans les déserts, les montagnes, les vallons et les
lieux écartés. Ce n'est que .sa mort qui leur ])ermit de revenir auprès
des demeures des fils d'Adam.
Kisrà Anoûscharwàn disait parfois : «Vous tous, ô rois, occupez-
vous avec le même soin de l'état de dihqàn que de fexercice du pou-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 7
^-■"' -*■ J <i>p-o^-6-^ <-N^ ^^l-^ «JilUj Jjjj ^J-» <^jj^J::>j^ ,J^s^
.x'ji. ' ^:>v>'^ <.^j'uL.Lj <' J^ ^>>JI <-Ï-^j1' ï:>ou4.J| ^L«_^ Ïxj-^'
_u' >X_i£ Lli. ^iVl-l' '*-4r''î "U-VJl •>>-*-*<'• **— SO^xil i\l^-o .N-6J œ^^=^
(') M viLIL. «iJliJl. — :2) :\laiu|ue dans C. — i^ M ^oul .
voir souverain, car les deux sont frères et notre premier ancêtre Hoù-
scliank était diliqàn en même temps que roi».
Après que Hoùscliank eut régné quarante ans, son sort fut de mou-
rir, ainsi (|ue dit Mansoùr al-Fa([ili :
Quelqu'un dit : Qu'a-t'il fait? Je répondis : Qu'a fait son père?
Il répondiiit ainsi ])ar sa question à la qviestion.
RÈGNE DE TAHMOÙRATH.
Après la mort de Hoùscliank, le inonde demeura trois cents ans sans
roi jusqu'à favènement de Tahmoùrath, l'un de ses descendants, qui
rappelait Kavoùmarlh ])ar sa beauté et le reflet de la majesté divine,
(Hip l'on nomme en persan Far-i-izadi. Il réunissait en lui la pureté
des anges, les vertus des prophètes et la majesté des rois. Lorsqu'il
eut ceint la couronne, il convoqua les cliels du peuple et les grands
8 IIISTOIIIK l)i;S KOlS DKS PKIISKS.
s.
|î^-^>— ^=>U |S-jj_iLJ <Jy,^i^.:^ ^>Lscjj AJSfS.^ ty^J~^ '^-«'1) j-E >-^liJ.I
<' ^o^-^ f*-^>ys' ^^L.s^'^Ijj JjoJ! ^^ ^»_Svsix J-^i;-!! J-^'^l; p»-^yJl
(le sa cour, les fit approcher de sa p(>rsonne, leur fit un accueil gra-
cieux et leur dit : » Sovez contents, car, avec l'aide et la direction de
Dieu, je veux purifier pour vous la terre de tout mal et de toute ini-
quité, et vous défendre contre les êlres malfaisants d'entre les hommes
et les "fénies. J'aurai soin de vous comme de moi-même, de ma femme
et de mes fils et vous traiterai avec la même bienveillance. Je ferai
tous mes eflbrls pour votre bien et votre prospérité et ne cesserai, ni
jour ni nuit, de vous procurer avantages et bénéfices et de répandre
parmi vous la justice et la bonté. >> Les assistants se prosternèrent
devant le roi et lui adressèrent des louanges; puis ils se retirèrent en
lui rendant grâces et en faisant des vœux pour lui.
Tahmoûrath, fidèle à ses ])romesses et à ses engagements, inaugura
son règne avec entrain et bonheur. Il s'appll(pia à répandre la culture,
à créer des institutions utiles et des prati(pies nouvelles : il prescrivit
l'élève du bétail et le pâturage, l'emploi d(>s chiens pour garder les
animaux domestiques contre les bétes féroces; il recommanda de
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 9
^.î (iT
"1 C yLy^l. — - M jil. — '' Mss. JJL*. — 'i M jUil. — ^ M *JLi.
se servir des oiseaux de proie et des bêles fauves pour la chasse et
de dresser les chevaux pour servir de montures et sépara les ânes
domestiques des ânes sauvages. Il parcourut les différents pays, éleva
de nombreuses constructions et fonda la plupart des villes du Fârs.
Il a\ait surtout soin d'honorer les bons et d'abaisser les méchants.
Il parvint à subjuguer Iblis et à le soumettre de telle façon qu'il s'en
servait de monture et qu'il parcourut avec lui toutes les contrées de
la terre, proches et lointaines. Les Perses l'ont représenté, dans leurs
livres, leurs palais et leurs monuments sculptés, monté sur Iblis.
Un poète en a tiré une comparaison en parlant d'un roi montant un
éléphant :
Puisse, pour mon prince, rélévation être aussi familière que l'est pour le lion
son repaire !
Qu'il soit sur son éléphant, sa fière monture.
Comme Tahmoûrath sur le dos d'Iblîs !
Puisses-tu toujours rester le protecteur de la religion et de l'Empire 1
10 IIISTOIRK DKS HOIS DKS PKRSKS.
s-
^^s>3J! ^_yà-V vj J)^9 *OJoO S.X^ jj (__5!yU^jll (j-« bjlÀJ^ LsîU-» r*-^=t
(•■!) JLcI ^L»J 4l]|^ * <À_*v ^t ^rlL» «ci! U-^à_)o J^ <Liww yj-iJJo c^U «Ot
ijU ^ ^L^I_*v «<_it jLa-Jj Un^v^ '''/^ '^ ui^j Ô^J^JUJ^ y&
yi^=^ l.i'î^i^AJ Jj"^ J>k£ kicj s-A^S jLi ^Jji^ bu^ ^!^L*Jt
l! i-J \f:inrfiii' fl;)n«: \î —, V*) \T .il :.•'.'.. A . ,.■... !>* ,vt- ^ et r-cu nmtc
..^-" eTjr
'' AI (jiaxJ. — >-' Manque clans M. — (•'') .M Jj^y6 ^o cy^^^yt? jJ^ ^j^, et ces mots
sont répétés. — ^' G Is» et ainsi, le plus souvent, dans la suite.
Quelques interprètes prétendent que la léj^ende qui rej^résente
Tahmoûrath monté sur le dos d'Iblîs signifie qu'il l'avait subjugué.
On rapporte aussi que Tahmoûrath fut le premier qui ait fait usage
de l'écriture pehlewî. D'après Mas'oûdî, en son Mou:dawulja persan,
Tahmoûrath aurait construit le QohancUz de Marw.
Parmi les règnes dont la durée est controversée, je n'ai entendu
citer aucun pour lequel le désaccord soit plus grand, quant au
nombre des années, que celui de Tahmoûrath : dans quelques ou-
vrages on lit qu'il avait régné trente ans; dans d'autres, mille ans.
Dieu seul sait la vérité.
RÈGNE dp: DJEMSCHÎD, DESCENDANT DE HOLSCHANK.
Djemschid, appelé Djem par abréviation, est supposé être le même
que Salomon, fds de David. Mais c'est là une insigne imposture et une
grande erreur; car ces deux rois sont séparés l'un de l'autre par tm
espace de temps de plus de deux mille ans. On les a identifiés parce
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 11
j^ 4! .:.^U_^ ^^i'ilfJL izXj ^lSX\j ^.uyt^ .^.^! j Utx^ U
<j jUX-sX.^v'lsIt jjjjr^l? ^ |;-><^i^J-^l ^:^/>A-o|^ wvil ,jNa-|j Jj^t vÂ-^=|^
J,_^^_^l -J ^'i% ^\j:>'i\^L.j ^\j ^j^\j c^_^jj|, <^^\
f C JX«. p. 23, i. 1, il y a clans M une lacune, le
<■■*' C «jL>««jJi5Î5 (iif), M Â*;«. Jlj. copiste ayant passé trois l'euillols.
(') Entre ce mot et les mots ajK -j«i •'' Ms. otjj3l«.
que le règne de Djein et les circonstances de sa vie présentent avec la
vie et le règne de Salomon certaines analogies : la force, la puissance,
la soumission des génies et des hommes, et d'autres. Mais pour l'ori-
gine, le temps et le lieu, quelle dillerence entre eux!
Lorsque Djem lut maître des sept Climats et que les génies et les
hommes lui furent soumis, il les harangua eu ces termes : « Je suis votre
souverain par la majesté émanant de Dieu dont il m'a investi et la part
de sa lumière dont il m'a revêtu, pour que je civilise la terre, protège
les hommes, répande la justice, pratique largement la générosité,
pour que je fasse régner le bien et détruise le mal. » Ses sujets se
prosternèrent devant lui, lui témoignèrent leur satisfaction et le bon-
heur qu'ils auraient d'être sous son pouvoir. Et Djem se consacrait
à faire de bonnes actions et à accomplir des œuvres méritantes. Il en-
seigna de faire des armes, des cuirasses, des selles, des brides et les
autres appareils et instruments. Puis il recommanda de fder la soie, la
soie grège, le lin et le coton, d'en tisser et coudre les différents genres
12 IIISTOIRK DES ROIS DF.S PKRSKS.
îi'jj' >>J<Â <<_â-So Lg-»^ i^^LS-Nb p|^' 0~ ' '~^JJ l g *^*Jj Lg-UolAii^
^,Li5Ut <_L^ ^«^[j] oji^^'^L* c>'^"^t' ^^' ^^-^j bj^ c?^
(liobt A^y ^>>Jl J-^Jy A-^ ^>-*|; ^Li^l^ jlj&Jl <.â-sl=^ t_>L:isii^
(le vêtements et de s'en couvrir. Il <,n"oupa les hommes en classes : la
classe (les guerriers qui gardent les frontières; la classe des médecins
[mobedlis] et des prêtres; la classe des scribes et calculateurs et celle des
commerçants et artisans. Il oixlonna à tous d'exercer la jjrofession
qu'il leur avait assignée, et chacun s'ap[)li(fua à sa s])hère d'action sans
en jamais dépasser les limites. Djcm combattit ensuite les démons
rebelles; il les tailla en pièces, en obtint une victoire complète, les
réduisit en captivité et en fit de misérables esclaves qu'il faisait tra-
vailler à de durs travaux : à tailler des pierres dans les montagnes et
des (Miartiers de roc, à produire du marbre, du plâtre, de la chaux et
du ciment. Il les força de construire de superbes édifices, des châteaux
fortifiés, des bains, des roues hydrauliques et des moulins, des ponts
de bois et de pierre et d'extraire des mines l'or, l'argent, le cuivre et
le plomb. Il enseigna ensuite à extraire le musc, l'ambre et les autres
parfums, à en faire usage et à en jouir, et aussi à employer des plantes
médicinales, des remèdes et des aromates, à les chercher au loin , à en
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 13
^j)UOl i_>Ls-w^ -»L*Ji Sic yjt ^^1 ,^>osJ| ^j-o j>yj ^j y^j "*'^ L/'-'^jj)-'
«X^Jt-«x -^-iS.^ ^NoJs4ik |<â J Ij-jfi -.LàJi J^i-J L^'»./o Joi_) vivjl' Sj-i^:^ '^-cs'î
"1 Ms. J^l. — ^ Ms. ^v^yi»^.
lairc (les éicctuaires, à les mélanger et en faire usage selon les règles
(le la médecine. U ordonna de faire des barques, des bateaux et des
vaisseaux avec leurs gréements et de s'en servir et de faire chercher
par des plongeurs les perles dans la mer.
Djem lit construire un char d'ivoire et de bois de teck et le couvrir
de brocart; après y être monté, il ordonna aux démons de le porter sur
leurs épaules dans la région qui est entre le ciel et la terre. Il voyagea
ainsi dans l'air, de Donbàwand à Babvlone, en un seul jour. Ce fut le
jour d'Ormazd, du mois de Farwardîn, le premier jour du printemps,
qui est le commencement de l'année, le renouveau, où la terre res-
suscite après son engourdissement. Les hommes dirent : C'est un jour
nouveau, une heureuse fête, une puissance réelle, un roi extraor-
dinaire! Et ils firent de ce jour, qu'ils appelèrent Nauréz, leur fête
principale, louèrent Dieu d'avoir fait parvenir leur roi à un tel degré
de grandeur et de puissance et lui rendirent grâces de tout ce qu'il
HlSrOlRK DES KOIS DRS PKRSKS.
<CO©JiU «LcJO^j <L«_**J| (^ «OJi ^JJ *<-Mîo ^\y ^ s^ ùj^S\JU
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<-i-** .>_Ajdo» «Cjc<Jo »^'i> JOO ?" ^_JL«»j »_g_Uu t_}>-i3Jl (J-e
k^"^! c^i^bt j ^^^•Lu «U^yi^ ^jvo"^!, ^i t^lsj JLcj J\X\ ^Uct
lj-âJ\. ^^jlj ^^^\j {■')-'Sklj -%J\j -Suit er ^A—^j Ly'^r'%
o Ms. t^o^. — :-''i Ms. yUT. — !■') Ms. i^jji^b^^. — !'" Ms. iULj.
leur avait accordé, jwr la bonne fortune de ce roi et sous l'ombre de
son gouvernement, en fait d'aisance, de bien-être, de sécurité et de
richesses. Ils célébrèrent la fête fortunée en mangeant et en buvant,
en laisant résonner les instruments de musique et en se livrant en-
tièrement aux divertissements et aux plaisirs.
Après cela, Djem demeura trois cent trente ans respecté et heureux
comme roi et jouissant de la vie la plus douce et la plus agréable,
tenant les rênes du monde, dirigeant l'Etat, maître absolu des génies
et des hommes. Ses sujets recevaient les pluies en leur saison, et
d'abondantes moissons et récoltes; ils étaient contents d'avoir les vivres
à bas prix , des chemins sûrs, leurs troupeaux bien portants ; ils n'étaient
exposés, ni aux dommages causés par des froids rigoureux ou des
chaleurs torrides, ni aux atteintes des épidémies et autres maladies;
ils étaient préservés de la disette, de la misère et de l'émigration, des
émeutes et des guerres, fie la sécheresse, des tremblements de terre,
des coups de foudre et autres calamités et catastrophes.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 15
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^•Jsjs 5| /o'^ ïC-^iïJL sclJiJi 5t_A,-<..^£^ !5) <^ JL i»yL^fOI x^>>a* .\'«-^
i»i Ms. t^Ul v^y y (^i)l UTij. !^' Ms. JU3.
'"•" Ms. jjwiiJlj . '^' Ces mots sont écrits deux fois rlans
(3) Ms. j^j^I. le ms.
Dans le livre des Institutions il est dit que du temps de Djem, les
hommes étaient classés suivant l'âge et le plus âgé avait la préséance;
du temps de Dahliàk, suivant la richesse et l'opulence; sous le règne
do Afrîdhoùn, suivant les services et le mérite; du temps de Menoû-
djehr, suivant l'origine et l'ancienneté; du temps de Kaïkàous, selon
l'intelligence et la sagesse; du temps de Kaïkhosra, selon le courage et
la vaillance; du temps de Lohràsf, selon la foi et la pureté; sous les
rois suivants, selon les belles actions; enfin , du temps d'Anoûscharwân ,
selon l'ensemble de ces qualités, sauf la richesse et l'opulence qu'il
dédaignait. On disait aussi que Djem traitait ses sujets avec la man-
suétude d'un père; Dahhàk, comme une femme sa rivale; Afrîdhoùn
était pour ses sujets comme un frère, Afràsiyâb comme un ennemi,
et Bischtâsf comme un maître à l'égard des enfants.
IC. IIISTOIUE DES liOlS DKS l>KRSKS.
^ V i ^ y', E, «< il ci ■» Wc. LojJI ijU.«! ù^X^Lc c:>I?^ ?" wo| ^iJ *-— *•
.,.sS<it, - - ■ ^ -y-^^ <OJl5 I L**J> .X/C j| "Oi-C UUoj "OUj JOL-oL <jLiaJ_*vj
J.I Jv_^;_i <_j:>^_>jJ! (^ ,3^]^ ^^t f*'^Vj ^1 J^ ^-^J (-^J T^J
4_5>Jk^ ^ i.zy-j^y-s^j <.Â.^jl| SiL*.^! cL»_^ <o^ ^jj *^-*-^<s^ ci/-i.^wvb|j
viJ ^J-• ,^_a_wUj-<SJ "^-ï-** ^ '-ttJ L» ^_5J£\*m ^_5s-A.^^ ci^Lîi^Jl ^•X.y^aJf^ ^^^UaJI
i" Ms. L-Jii. — - Ms. i^jj^^j. — ^^! Ms. iolii.
DERNIERS EVENEMENTS DU REGNE DE DJE^t.
Lorsque, possédant en ahondance les biens du monde, un prestige
et un pouvoir immenses, Djem fut jiarvenu à l'apogée de sa puissance
et que son règne et sa vie se prolongeaient, alors son cœur s'en-
durcit, il devint hautain et présomptueux, il fut plein d'orgueil et de
morgue, altier et impérieux et il dit : Jn suis votre maître suprême.
Il se refusa à rendre hommage à Dieu et arriva à s'attribuer la divinité.
Alors sa flamme ne larda pas à s'éteindre, son coursier tomba, sa
puissance s'écroula, son prestige s'évanouit, le reflet de la majesté
divine se retira de lui. Des événements graves survinrent dans son
empire, le peuple devint hostile, on se révolta ouvertement contre lui
et il fut en proie auv infortunes. Dahhàk le Himyarite qui, en persan,
est appelé Bèwaràsp, du pavs de Yemen, marcha contre lui avec des
troupes nombreuses et une force formidable et fondit sur lui comme
mSTOIRK DKS ROIS DES PERSES. 17
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I aigle sur le lièvre. DJem s enfuit sous un déguisement et Dahliàk
s'empara de son empire, de ses biens, de ses femmes, de ses trou-
peaux, de ses cavaliers et de ses fantassins, enfin de tout ce que Djem
avait possédé. H ne laissa pas de le poursuivre et de faire surveiller et
lui couper les routes, jusqu'à ce que, sur quelque rivage, Djem, dans
le plus triste état, tomba entre ses mains. Après l'avoir pourchassé
comme le chat fait de la souris, Dalihàk le coupa en deux avec la
scie. D'après une autre tradition, il le jeta aux bètes féroces, qui le
déchirèrent avec leurs dents et leurs griffes. Puis il retourna dans sa
résidence et au siège de son gouvernement. Djem avait régné cinq
cent vingt ans. Mais on attribue aussi à son règne une durée moindre
ou plus longue. Dieu seul connaît la vérité.
RÈGNE DE BÈWARÂSP.
Les Persans apjDellent ce roi Bêwaràsp et les Arabes Dahliàk, nom
qui, dit-on, vient de Azdalubj , «le dragon ». Les habitants du Yemen
1<S HISTOIRE DES UOIS DES PERSES.
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'') Ms. iùiJb.
préteiuU'iit (ju'il rtait de leur race, et Aboû-Nowà.s, dans sa (jasiflà.
s'en fait gloire en ces termes :
L'un des nôtres fut Al-Dahluik ; \1 kliàhil r\ les Djinn le servaient dans iems pi-es.
Par Al-Khàhd, le poète entend Satan.
Donc ce roi qui, d'après les Arabes, était Dahhak, lils de 'Alwan,
est appelé par les Persans Bèwaràsp, fils d'Andarmàsp, descendant de
Sivàniak, fds de Kavoûmarth. Ce nom de Bçwaràsp lui a été donné
jwrce que, en langue pelilewî, hcwar signifie « un nombre supérieur à
cent mille « et que Dabhàk possédait plus de cent mille chevaux avec
leurs selles et leurs brides et les équipements appropriés. Réwaràsp
signifie donc «maître de cent mille chevaux». Son père était roi du
Yemen. Satan excita Dabliàk à tuer son père en lui disant : 1 Si tu le
tues, je te donne ma promesse que tu feras périr le roi Djemscliîd et
que tu seras le maître des sept Climats. » Dahhak ayant réussi traî-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 19
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'' Ms. iùtMâij -«L». — '■' Ms. aA».j.
trousement à faire mourir son père, fut maître de ses possessions,
par lesquelles il se trouva en état de préparer la guerre contre Djem
pour lui enlever son empire. Il commença à se jDorter avec cette idée
et à vouloir la mettre à exécution.
Un jour, Iblîs lui apparut sous la figure d'un homme et lui dit : « Je
suis un cuisinier habile dans l'art de préparer des mets dignes de
figurer sur la table d'un roi et qui te conviennent. Veux-tu me
prendre à ton service? » Dahhàk lui ordonna d'en préparer un comme
échantillon, pour qu'il pût en goûter; puis ayant trouvé très bon un
plat appétissant et délicat qu'lblîs lui avait préparé avec beaucoup de
soin, il le préposa à sa cuisine. En ce temps, les hommes ne man-
geaient s:uère de viande. Iblîs voulant habituer Dahhàk à s'en
nourrir exclusivement, pour qu'il devînt cruel, déterminé à verser
le sauff et soumis à ses conseils, ne cessa de l'amener successivement
de la chair des volailles à celle des agneaux, puis à celle des brebis,
.1.
ii
■20 IllSTOinF, DES UOIS DES PERSES.
—^■=2 — :? f_* fl?"^' J^-^' •^^^ *^5^ ^*^ 0>~*^1j ^ S-'^^J U)3jd_>^
UJsj jjJJi ^ 4' .vils iJiLysJS.^ JwA-OU ^ J, .viil ^J^yJ^Ji ,\\ (^^^^Ufc.
^ '^ ' â__A« 'jv ^ 4_jLJ,«J>» 4_aJ..x ,\\j-~a-^Ji.jt ,vLiy.^à_!) UoL_J>^ (.:jLÂ-s.
puis à lu cliair des Lœuls cL de lui en faire des plais délicieux, doul
Dahhâk se régalait et se délectait et dont il était avide. C'est ainsi qu'il
s'habituait à la nourriture animale; il ne pouvait plus s'en passer et
il flcvint glouton et insatiable. L'estomac est un maudit Satan.
J.)aliliak félicita Iblis de son habileté en son art et, très satislait de
.ses excellents services , il lui dit : « Demande ce que lu di'vsii-cs. » Iblis
répondit : «Je veux que tu m'accordes la faveur de pouvoir baiser les
ficux épaules. » Dahhak se ])rêta à son désir. Iblis s'élanl approcln'' de
lui . baisa ses deux épaules et, se servant de son pouvoir de malélice et
de magie, il souffla sur elles. H en sortit alors deux serpents noirs
qui, toutes les fois qu'on les coupait, aj)paraissaient toujours comme
ils étaient auparavant. Suivant une certaine tradition ce n'étaient
que deux ulcères ayant la forme de serpents. Ils remuaient et s'agi-
taient sur Dahhak et le torturaient; il criait et hurlait, se tordait
dans son lit et exhalait sa douleur en jîlaintes, ne trouvant ni som-
med , ni repos.
Iblis, après avoir agi ainsi avec lui, s'en était ailé enant au hasard;
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 21
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cilL^Jt LjO*!^ ;^*;^t o)-^^ UA-SL^ ^^^..A^uil UfL-oLtLlj U^L^oLoit
JotJ u Lp-JoLAS^iL JolàJ, ^>tvifc.| <j)^^^j J--^^ ^[> r^'j «C^^-iaJIj i^iljJt
puis il se présenta à lui sous une autre forme et dit : «Je suis un
niétlecin connaissant ta maladie et le remède qu'il te faut; personne
autre que moi ne saurait te guérir. » Dahliàk lui répondit : « Si tu me
guéris et apaises mes douleurs, tu auras auprès de moi le premier
rang et tu seras comblé de récompenses et de dons. » Iblis dit : « Ces
deux serpents ne te quitteront pas aussi longtemps que tu vivras, mais
ils denieureronl trancpiilles s'ils sont nourris avec des cerveaux
dhonimes; alors ta soullrance cessera et ton corps trouvera le repos. »
Il lit donc tuer deux jeunes gens, prendre leurs cerveaux et en nour-
rir les deux serpents, qui furent ainsi apaisés. Daldiàk cessa de souffrir
et dormit d'un jîrofond sommeil, dont il ne fut réveillé, le lendemain ,
que par les mouvements des serpents qui voulaient être nourris de
nouveau. Alors il donna l'ordre de tuer encore deux hommes et d'em-
ployer leurs cerveaux comme ceux des premières victimes, et les ser-
pents furent apaisés. H fit faire ainsi chaque jour et épouvanta les
22 HISTOIRK DES 1U)IS DKS l'KllSES.
J'uk^l Jjt 3^t jjf'j ^>_£ ej-S^j l;r^ls I^U I^Lv ^bj Jis'^l iilLo
?I^J^ — .' i_>j — -^J JJ — ^ — * — '1 Jj-**- O^ JjI? S-^-*-^1j 5UaXJ| Jy-*v ^j-e ^j
« g B~fc >-^-*-:' "'L*^' <iiji~^^ jU_v^^| S^Lscj j^^_**^U 5-^^1j y-^-^l "^ L^'OJ
"Ms. ^^jjl. - Ms. yU^. — :•• Ms. yL*^y.
liommes par les deux serpenls. La ])lu|)ail des autcuis, dit Tal)ari en
sa clironique , rap])()rtent ([ue ce qu'il y avait sur les épaules de Dali liàk ,
c'étaient deux jurandes excroissances, comme des têtes de grands ser-
j)cnts ayant des élancements qui lui causaient de vives soulîrances tant
fpi ('Iles n'étaient enduites de cervelles humaines toutes Iraîches. Il les
cachait sous ses vêtements et, pourellrayer les hommes, il leurlaisait
croire que c'étaient deux serpents.
Les historiens, dit encore Tabarî, sont unanimes en ceci que
Dahliàk était maître des sept (climats, qu'il était magicien, habile soi-
cier et adonné aux maléfices. Il rapporte aussi, d'a])rès Ibn al-KaIbi,
que pàhhàk fut le premier qui mit en usage la peine de la mutilation
et de la croix; le premier cjui établit l'impôt du dixième et qui frap])a
des monnaies d'argent et d'or; le premier qui chanta et dont l'éloge
fut chanté en vers. Il ajoute, d'après une autre source, qu'Iblîs s'était
fait l'ami de Dahliàk, qu'il l'avait séduit et entraîné à l'impiété, à la
sorcellerie, au vice et à l'idolâtrie et qu'il l'avait excité à verser le sang
HISTOfRK DES ROIS DES PERSES. 23
>}j ^w- c j-^--^3J j'.Ji«Jt ^LSj iCLo]^ iO^:i Jlc ^bJt w■^^^.
.j J^JC_ii_j ÏJLc-*...^» i^iLxJL :^ 4'1jL« ^Jlc .3v:^ <_SJ_w ^ issji^.
,^JLXs\j ii/-^jil^ v^t 4[j:> ^Isl^ OUJ,! vJ>-*v ^_^a.^t OjpSi j)S-âJ 1^ 4-^
'' Ici (iiiil l;i liicniic du ins. M. l.ps - Mss. xLJUT.
mots 3ij|, ^c soTit séparés dos mots s^j , „«, ' C /wajLL*.
Ii's derniers avant la lacune, par une iii- ''' Mss. ,>;,it*la,ii.tl-
l)ri(|ue cpii n'a aucun sens ici : *ÀlaJL«JI ^b. ^' (. *ji!.
sans cause légitime et à disposer arbitrairement de la vie des hommes
et de leurs enfants. Dahhàk suivait aveuglément ses conseils et sa di-
rection et se conformait à son exemple. On continua à tuer chaque jour
deux jeunes gens et à nourrir avec leurs cerveaux les deux serpents de
ses épaules. Ce fait ainsi que les autres pratiques horribles et abomi-
nables plongèrent les hommes dans la désolation et dans la terreur.
Lorsque Dahhâk, comme il a été dit plus haut, après avoir pris
les armes contre Djem, se fut rendu maître de son empire et de sa
personne et qu'il l'eut tué, il s'installa sur le trône, établit le règne de
la sorcellerie et de la corruption, donna libre carrière aux malfaiteurs
et remplit le monde d'iniquité; car il était fincarnation du mal, la
tyrannie en personne, la source de l'impiété. Les hommes qui, aupa-
ravant, avaient été entièrement heureux et prospères, et qui, par la
justice des quatre rois précédents, avaient joui d'une parfaite sécurité
et d'un gouvernement paternel, se virent précipités par son régime
2'l IIISTOIIIK DKS ROIS DKS l'KUSKS.
<_iS_Aj I ^.-sms: ^\L-5s3 ^jti ^ 4' <Cv>^ ^ ^ <j':> ,t j^^lc .! 'i>\yo\
b. — bj J — *_)U. — b. J^,A_>UjI ^L.^cN*^ ^nU».lxL ^LliM_i' ^L5 «ôl ,.J^,
<lii paradis dans IViifcr et de la folicité dans les supplices. Loin de
vouloir édilier et faire llcurir la culture, il se jilaisait à détruire et à
ruiner. Tabarî ra])porte qu'il avait recueilli cjuelque chose du langaj^e
d Adam et qu'il s'en servait comme un moyen pour pratiquer la
magie. Lorsqu'il voulait faire venir de ses royaumes et attirer à lui
quelque objet ou s'il trouvait à son goût une femme, un jeune homme
ou un cheval, il souillait dans un tube d'or qu'il possédait et tous ceux
qu'il désirait lui obéissaient au son de cet appel. C'est de là que vient
l'usage des juifs de sonner du cor.
COMMENT LES DELX CUISINIERS HEMPLACEHENT
I.'UN DES DEUX CERVEAUX.
On raconte que Dabhàk avait deux cuisiniers, f un appelé Armayîi,
l'autre Karmàyîl, qui étaient chargés de sa cuisine et avaient succédé
à Iblis. Ils avaient pitié des jeunes gens que l'on égorgeait pour avoir
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 25
o> — « — >»y U !yv_«_jL_? J4_j JS «LaJ^ - 'CLcL^vi \i^^ ciJJi ^_5u^ .^l^ ^^iuLA-»
iJK Le ^ >' iil « )Lj L/C.À^3v»**»J v.,^^»y^| ^_^U)>>J! .•'; .v<S*-i-S. L^ï-iaU
î^y^j^^Ut [ j] l^yoj c)lr^]^ c)'-^^'' l^^-^ J flr^!^ !>^'
t_jL_)u^lj ^jL^aJI L/i<3s-tv. ^'jJool »_s^lsl i_j UiC-ôJj r<s^ L^"^^"^ |S^-v>«
leurs cervelles et ils convinrent un jour de sauver l'un des deux hommes
qu'on leur amenait à cet eflet, de remplacer sa cervelle par une cer-
velle de brebis et de mêler celle-ci à celle de l'autre jeune homme.
Dans le cas où ce stratagème réussirait et passerait, ils comptaient
l'emplover chac[U(' jour. Ils exécutèrent leur plan et nourrirent les
deux serpents avec les cervelles mélangées et, comme d'habitude, ils
furent apaisés. Alors les cuisiniex's laissaient vivre chaque jour l'un des
deux hommes, lui donnaient à manger de la viande de brebis, le
rehàchaient pour l'amour de Dieu et le cachaient. Quand il y avait dix
de ces hommes libérés, ils leur donnèrent des chèvres et leur recom-
mandèrent de se tenir éloignés des villes et des lieux habités, de s'en-
foncer dans les déserts et de monter sur les sommets des montagnes
et d'v vivre de ces chèvres. Ces hommes suivaient leurs recomman-
dations; puis, quand ils formaient un groupe considérable, ils se dis-
persèrent dans des pays éloignés et demeurèrent dans les steppes et
26 IIISTOIHK HKS HOIS DKS PKRSES.
J iL_^=Ni'l ;5*_^^î^ Jj-^^\ fLj f^^j^ ^-Ji^^j ^)^J^^jj y_wLjj
yj\j[i Jc^ 'U Li; ^)->si-l.;ixJl ^ J.;^! JJ^ ^b^ ^^Ul ^\y
Lii 4 il ^ ^_>^^^^ <Aaij: c^oLb ï,~X^\j àZ^ "il >.ijiai Llt-k;;^ ^,v^j-^
J^^j (^^-^ ^J-<sl~iàJm ^j-e j>ji <oL ^It jL^ •»^JT*' 1^''-^^ *^-^^-is^ ejOvJOit
-ill — f ^j-» j,"^ — u, J.__> (jLkkJl JULs J^L t^^^jtj .y^j^l xJjj^lt |Ju6 aU_f
(') Manque dans M. — -' Manque dans C, M kki À^SUà. — ''' Manque dans M.
les délilcs. Ils se imillipliùieul et leurs troupeaux devinrent de plus
en plus nombreux. Ce furent les ancêtres de la race des Curdes dans
les différentes contrées. Cette action des deux cuisiniers, c'était verser
l'eau du bien sur le feu du mal, alléj^iM- une misère accablanl(>;
Car telle calamité est moins louide ([ue Irlle autre.
Tabari rapporte, d'après une de ses autorités, que Dahliàk n'écouta
qu'une seule fois la plainte d'une injustice commise et rendit justice
à un plaignant, contrairement à une règle constante. Alors que son
t(;rrible régime et sa tyrannie pesaient sur les hommes, un certain
nombre de personnes Amenant porter plainte se rendirent à sa cour,
et parmi eux un homme d'Isfahàn nommé Kabî. Quand ils furcMit
admis en sa présence, cet homme lui dit : " De quel salut, ô roi, te
saluerai-je? Dirai-je : Salut au roi des sept (ilimats, ou salut au roi
de ce seul Climat, c'est-à-dire de Babylone.' » Daliliàk répondit : <' Il
faut me saluer flu titre de roi des sept Climats, car je suis le mailrc flu
HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES. 27
1^ (.)l^ JlsNIt ^^ ,_^^^\i ^Ip^'i] jLii ^^"^1 au J^ Jls'^l
"^^ *y— **'J (cT* ^v-6-^^>— ^ *xS^! '^-i-*-C .i>>vX« <0^..**JL AAajj '«-*-*-^J wa^^^L«JL|
''' Ce passage, à partir de -SU. -I, est omis clans .M. — '- .M ajoute JJU oJS'liU
monde.» Kàbî répliqua : «Or doue, connue tu règnes sur tous les
Cliuials, pourquoi sommes-nous, des habitants de tous les Climats,
plus ])articulièrenient exposés à ton oppression et à ton injustice, et
pourquoi ne partages-tu pas également ces iniquités entre eux et
nous? » Et il lui reprocha un grand nombre de ses pratiques abomi-
nables. Le langage de cet homme fit une grande impression sur
Dabbàk, qui donna des ordres pour alléger et égaliser les charges
entre ses sujets. Mais il ne demeura pas longtemps dans cette voie; il
reprit sa conduite tyrannique et persista dans son extrême injustice.
DAHHÂK A LN REVE TERRIFIANT.
Une nuit, Dahhàk étant couché sur le lit d'or entre ses deux
concubines, les filles de Djem, vit dans son sommeil trois hommes
pénétrer dans son palais; l'un d'eux le frapjDait avec une massue dont
2S llISrc^lRK DKS ROIS DKS l'KllSES.
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L^_jl b>_>^j^t LjUIs» <-)'->^ o^^ cj-^àjJI ç-y«^ bj-i'n "^-^sLc vLs^^^wtvjll
^u u .—^(-fS^ v_y=-»-' uftC.^. Lfii^ xjjJ ^Jv-Ai»- Lijv>vx J--*-L? cJ[f^-~> ^^llil
.v»_>o \ ,\j_JLi^ u s_i.S=[s cLï j[ Lois. <-A>x) U./;>.5n-*v. ■>"' u\.*«.2w UJLâJ
'" M Aïj. — '-' M JOjLJi, C x«*>:i. — "'' -M sLûlai-- — ''' -M «oot» Js ov)t.~jjl. —
(5) >r manque yl, C manque ^Li. — !«) M GlU. — ''> M U. ..:.,.■ — ''"> C 0.\jè\ M olj?.
l'extivinité «'lait comme une tête de taureau, le renAersait et, tirant
son couteau, coupait de sa peau une lanière, le liait en le pliant en
deux, le portait au mont Donbàvvand et l'y enfermait dans un puits.
Dahhàk se réveilla terrifié et poussa un cri si terrible, que tous
les gens de sa maison en furent réveillés. Ses deux concubines lui
dirent : « 0 roi du monde, fpi'as-lu.^ Que l'esl-il arrivé pour être frappé
d'un tel effroi au milieu de ton palais et de la foule de tes gens et de
tes serviteurs, puissant comme tu es?» Il leur dit : «Ne m'interrogez
pas; car si je vous racontais ce que j'ai vu dans mon sommeil, vous
seriez plus épouvantées que moi. » Alors elles insistèrent pour qu'il
leur en fit part, pleurèrent et le supplièrent en disant : «Raconte-
nous, ô roi, ton rêve; peut-être sommes-nous à même d'en prévenir
les suites funestes. » Il leur raconta donc ce qu'il avait vu. Elles lui
dirent de bonnes paroles et le calmèrent : « Ne l'effraye pas; la plupart
des choses que l'on craint n'arrivent pas. Mais tu devrais réunir les
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 29
_a_fl_
(_jij^lt j^u — <i ji <_-i>_*v ,^>J! c^Ud ^^jLi ^ LtU! jilU! Lgjt ijlsj /ît<i-^
mages et les astrologues, leur demander l'interprétation de ton songe,
les interroger sur l'issue de ton règne et les consulter sur ce qui
peut te profiter ou te nuire, prendre ensuite tes précautions, te
garder avec soin, tenant ton attention toujours éveillée et te fier à ta
bonne étoile. » Pcdihàk goûta leur langage et prit confiance à leurs
paroles. Puis, au malin, il fit convoquer les personnages dont avaient
parlé les deux femmes, leur fit son récit, leur demanda finterpré-
tation de son songe et voulut savoir ce qui lui adviendrait et quel
avenir lui était réservé. Les mages et les astrologues ayant obtenu de
lui un délai de trois jours pour réfléchir, examiner et délibérer,
Dahliàk les appela le quatrième jour et les mit en demeure de ré-
pondre. Alors ils se mirent à balbutier et à bredouiller, usaient de
circonlocutions et de détours, évitant de s'exprimer en propres termes.
Le roi, transporté de colère et de frayeur, donna l'ordre de leur tran-
cher la tête, s'ils ne parlaient clairement et ne faisaient connaître la
vérité. L'un d'entre eux s'avança et dit : « Ton règne, ô roi, est près
30 IILSTOIRE DF.S ROIS DES PERSES.
<_LL^ <_J' <_SOwO v.>y^.2^, Joij .xJ^ I ^Ut s.:^,xS:, J-^1 UJ* (*^ -S?
^^îj ^'uLs J,| «ULJ \yJjj^\s \jj^ J^^J\ ,11 U^^ fl^Js^ ^_^'^t
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■—^ ^j-o .i3v_i^', J:1L_Li <:.y^-> J-a' ^j-o ->J*J .>«Jj^ J^^J^ .>Lv£>rj| -X-y^^^
w^v_a-jl_.' <_<ut J^j sy«t c:^L5j «ui; j Al J^ iJkj ]f<^:ij «u.t
d'atteindre mille années et tu as surpassé tous tes prédécesseurs en
grandeur, en ])uissance et en bonheur. L'homme n'est pas éternel;
tout ce qui est né doit mourir et toute royauté est périssable. Ton
rêve et les constellations présagent ce que je n'ose dire. » Puis, Dahhàk
lui avant ordonné de parler, il lui annonça qu'il périrait par la main
d'un jeune homme de la famille rovale qui n'était pas encore né, à qui
passerait son pouvoir et qui remplirait le monde de justice, comme
pahhàk l'avait rempli d'iniquité. Dahhàk fit arracher à cet homme la
langue par derrière, affecta de ne plus se préoccuper de ses paroles
et dissimula la terreur et les anxiétés qui agitaient .son àme et qui
faillirent le faire mourir. Il devint de plus en plus méchant et orgueil-
leux et continua à exercer un régime de plus en plus tyrannique.
Il ordonna d'établir des espions et des gardes pour guetter tout enfant
qui venait de naître dans la famille royale, de l'arracher du sein de
sa mère et de l'égorger comme on égorge un agneau quand son tour
est venu.
'^^ * ^ '^ •
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 31
ùj ^1 oLjiw U:î>L_è i^^Jy^j 'wlV-i l-frJc^ ,^-^ Jk^ ^jj^L ^j ^^
.»j_^l 4K_iJ ^sïilijjJ! jjU^ lll-? 0^x4*^ JJ-#-'1j <-«-vi,j^' Ss-â-Jt ^::^LSJ>
<jj ^ «WïIj <Co|^ <<s1^ J^^i^l *Lf j-és? ■■-:?>-=»' jV*"
"' M ^jJs.yK «'t «insi dans la suite. — M C JL. — <'> C ij^Uw- — ''' C iy;UU,
M ^iWl. — '5) C |.lli*JI. — W M ^ltjjl\.
Or, la femme d'un descendant de Tahmoûratli nommé Âbthîn, se
trouvant enceinte, cachait sa grossesse et lorsqu'elle eut mis au monde
un (ils, son père le nomma Afrîdhoùn et le porta, pour qu'il fût en
sûreté, dans quelque pré éloigné et situé dans un profond vallon; il
emmena avec lui une vache qui venait de mettre bas et que l'on
appelait Gdw-i-Birmdyoûn et chargea une vieille femme de les garder.
La vache allaita l'enfant et la vieille femme le soignait. Quand il fut
sevré, son père le conduisit sur une haute montagne, prit toutes les
mesures pour sa sûreté et ramena la vache chez lui. Dahhàk, cepen-
dant, fit rechercher Afrîdhoùn avec ardeur. Inquiété par les rapports
qui lui parvenaient à son sujet, il requit son père de le lui amener;
celui-ci ne voulant pas livrer son fils, Dahhàk le fit mettre à mort,
détruire sa maison et égorger la vache qui avait nourri l'enfant. Afrî-
dhoùn, tandis que Dahhàk le faisait chercher dans tous les déserts et
toutes les villes, vivait en lieu sûr, croissant comme la nouvelle lune,
sous la protection constante de Dieu.
3:2 HISTOIRK DES ROIS DKS l'KRSKS.
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'" C ^LsJi. — -' M o^^ùj- — " M^y*a.^l,.
FIN DU REGNE DE DAHHAK. COMMENCEMENT DU REGNE D'AFRIDHOUN.
Lorsque l'oppression de Dalihàk lut devenue accablante pour les
hommes, qu'ils eurent été poussés au désespoir et qu'ils souffraient
cruellement de la perte de leurs fds que l'on égorgeait pour les deux
serpents, ils commencèrent à attendre pour lui des catastrophes; ils
invoquaient Dieu contre lui et se consolaient par l'espoir de la déli-
vrance quand Afrîdhoûn, dont la venue et le règne étaient annoncés
parles anciennes traditions, lèverait l'étendard de la révolte.
Un forgeron, nommé Kàweh, à qui un fils avait été enlevé pour
servir à la nourriture des serpents et dont on venait de prendre l'autre
fils pour l'égorger également, déchira ses habits, répandit de la pous-
sière sur sa tête et appela au secours. Il mit le cuir dont il se couvrait
les genoux en battant le fer rouge au bout d'un pieu et ameuta les
hommes en criant : « Que ceux qui veulent la mort de ce roi impie et
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 33
JiLuJI JwsijuJt ^^sJI jilL«^ ^LàJt s-slSJI \Xjb j^ILû
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!" C Jj^lj. — '-' C ^li«5U. — '^^ Manque dans C; M^>^ jù. — ''> Mss. »ly.
scélérat et ravènoincnt (rAfrîdhoûii , le très excellent et juste, me
suivent et se joignent à moi! » Une grande foule le suivit, s'arma,
arbora des drapeaux, se mit en marche, des forts et des faibles, et fit
des nouvelles recrues. Les chefs et les notables se joignirent à elle. Un
grand tumulte s'éleva et on en vint aux mains. Dahhàk, se traînant
péniblement, voulut monter à cheval, se jeter sur les révoltés et ré-
primer la sédition avec les gens de sa suite; mais il n'osa pas et recula,
et ses chefs d'armée l'abandonnèrent. Il donna donc l'ordre de rendre
à Kàweh son fils. Celui-ci, nommé Qâren , alla retrouver son père. Le
peuple, aussitôt, se porta vers la retraite d'Afrîdhoûn et fen lit sortir.
Tous ceux qui étaient venus ^'irent en lui la pleine lune sous la forme
d'un homme et un ange sous la forme d'un roi. Us se prosternèrent
devant lui, le com])lèrent d'éloges et lui jurèrent un entier dévoue-
ment jusqu'à ce qu'il eût réussi à vaincre Dahliâk, à en tirer une
vengeance complète et à régner à sa place. Afrîdhoûn se montra bien
Vi HISTOIRE DKS ROIS DKS PERSES.
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J L^l ciibi^l 4I Jls^ 4^ <^t ojLjjjpit ""''(^yu»^ j^ jLajû Jo
'■' MJj^U. — (-' C sans la préposition. — '^) ^^ sans la inrposition. — '' Mss. Sj.*^^ .
disposé et dit : " C'est ce que je désirais. » Il rendit grâces à Dieu
ft prit les mesures nécessaires. Il fit venir des forgerons auxquels il
donna l'ordre de forger la massue que lui avaient fait connaître les
traditions et qui est connue sous le nom de Goiirz-i-Gciwsdr, mot qui,
en persan, signifie «la massue qui, à son extrémité, a la figure d'un
taureau ». Kàweh déployant devant lui son étendard, Afrîdhoiin et ses
adhérents en armes marchèrent sur le palais de Dahliàk, tuènMit les
gardes et les factionnaires à la porte, firent irruption chez Daliliak fl
se précipitèrent sur lui. Afrîdhoûn, accompagné de Kàweh et de
Qàren. s'étant approché de lui, le frappa avec la massue donl il vient
d'être parlé. C'est ainsi que, par la volonté de Dieu, se réalisèrent les
menaces de l'interprétation de son rêve. Afrîdhoûn coupa de sa peau
une lanière avec laquelle il le lia, le porta au mont Donbawand el
l'y enferma dans un puits. On lit dans certaines relations cju'il le tua
et que Dahhàk lui dit : C'est pour ton aïeul Djem que fu me fais
IIISTOIIU-: DKS ROIS DES PERSES. ;i5
j j^lUil (.^-SJ^ >j»^-*J! fir^ ^^f '-^1 (JJ^r*' '^ JuLj ^.^ «-s^ôs^
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i^ j^_«_lLjtJLj x-jlj lii .» i JL^^L^ yb jj
'' ^ U>''^y' — ' ^' yj»*^^" — '^' Manque dans M. — ' C yld.
iiioiirii! Miidhoùii lui répondit: Ce serait un trop grand, honneur
pour toi; je le tue pour une côte de la vache Birmàyoûn. Plusieurs
j)oi'tes ont tiré des comparaisons d'Afridhoûn et de Dahliàk. entre
autres Aboû-Tammàm qui, dans une qasida, s'exprime ainsi :
11 a atteint ce que n'ont pu atteindi'e dans le monde, ni Pharaon, ni Haman, ni
Qâroûii.
H ne peut être comparé qu'à Dul.ihâlt avec ses violences contre toutes les créatures ;
mais toi , tu es .\fridlioûn !
D'après les fables des Plages et leurs criminelles facéties, Dahhâk
sei'ait encore vivant au mont Donbàwand et, comme Iblîs, il serait l'un
de ceux qui sont réservés jusqu'au jour de la résurrection.
RÈGNE D'AFRIDHOÛN.
Le jour où Afridhoûn eut définitivement vaincu Dahhàk, qu'il
l'eut enchaîné et emprisonné, était le jour de Mihr du mois de Mihr.
36 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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|s_Js__w ejJ^-<>«U J •wuJb ^_yo\^\ lc.^Ôil\l9 ^,»-_^^.£ *fc.^»*J ' l—jij (*-^^ vii^ |
Les hommes en firent un jour de fête qu'ils appelèrent Mihrdjân , pour
exprimer qu'ils retrouvaient par la justice d'Afrîdhoùn la vie qu'ils
avaient perdue par la tyrannie de Dalihâk et c'est pourquoi ils l'ai-
maient. Afrîdhoûn s'assit sur le trône, posa la couronne sur sa tête, les
rois vassaux des provinces, de près et de loin, l'entouraient; sa physio-
nomie resplendissait, de sa bouche tombaient des paroles gracieuses,
le reflet de la majesté divine brillait sur lui, il exhalait l'odeur de la
victoire. Il donna ensuite audience au peuple, fit approcher les gens
et leur parla en ces termes : « Grâces soient rendues à Dieu , qui a délivré
les hommes et les cités du fléau de Dahliâk, qui l'a fait périr, qui a
purihé la terre de ses abominations et en a fait disparaître les œuvres
de sa tvrannie et de sa magie. A sa place, il vous a domié quelqu'un
qui vous protégera, qui vous gouvernera avec justice, qui sera bien-
veillant pour vous et vous comblera de faveurs et qui n'épargnera
rien pour vous aider et vous préserver de tout mal. » La terre très-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 37
(^^v^tv, ?xOva-j| !'J^^^L»«o ,.\j^>OsJ! ,.^.Js-â_» âJ U-^j >->XS»-^ c:^04JU Jv,^ji.^«J|
^ "^J - -^ Il (__>LaXJL [''')y^\jJ!. huL^J {ô)^'^ksi^\ ^j*»_,LftJ ^ ^Ot<Vv ^il
" M sLw. — '-' Manque dans les deux mss. — '^'> M ^^yJ- — '^ C ^^ il! Is. —
'^' M (iil^l — l"' Manque dans C. — "' C Sjiûd.\. — l») Mss.jj^JOi.
saillit de joie et retentit partout de bénédictions et de grâces, comme
le ciel de vœux. Les gens se retirèrent et regagnèrent leurs demeures,
se livrèrent à la joie, au plaisir et aux divertissements, et célébrèrent '
ainsi l'heureuse lète et le temps béni. Ils auraient voulu donner pour
Afrîdhoûn la lumière de leurs yeux et les années de leur vie.
COMMEiNT AFRÎDHOÛN INAUGURA SON RÈGNE
ET INSTITUA LE DRAPEAU DES KAYANIDES.
Afrîdhoûn se fit présenter les trésors. On y découvrit ce que jamais
ou n'avait vu, ni connu en fait d'objets précieux, de joyaux magni-
fiques, de tissus de brocart, de diadèmes, de ceintures incrustées de
rubis, de perles aussi grosses que des œufs d'oiseaux, d'immenses
sommes d'or et d'argent et d'innombrables ornements royaux. Il
les fit mettre dans les caisses, ainsi que tout ce qui fut trouvé dans les
38 iiisroiin': dks ik^is df.s pkusks.
Ll6wiu_j ^^^N«.->^a_i: ^jJut>9 [W^l ^fe-^-^^-^"T^ '-^jT*' J^ W:* o)"^î^ *^b '~*'^^3
Jjlll ^"^ <-oLi J^ ^JJ) U-? <Jj-UjJL <o!pi j^j^j ^lyli' jioji
Aj^l > .>-6j Lgj^JoL> LjLSvJ v_,_SJi: <x5sjj olLiJI v>nJ; >-?J| "^jr^
' \1 l^JUjyà.. — - -M *j^'lj. — ' \Iaii([iii' dans C.. — ''J j\Iss. ^j^, M /j-««.=».l ^y>■
magasins des tapis, des armes et des autres objets et confier le tout
aux trésoriers. Il fit ensuite revêtir de robes d'honneur Kâweh et son
fils Qàren et les lit combler de dignités, de richesses et de dotations,
en récompense de la belle conduite et des services rendus |)ai' kàwch.
Avant demandé le cuir que Kàweli avait hxé au bout d un pieu
pour entraîner les hommes contre Dalihàk, il le lit broder d or cl
incruster de joyaux et en faire un étendard pour servir de bon
augure de la victoire dans les batailles et pour faire tomber les lorte-
resses. Il l'appela DiraJsch-i-Kâwiydn. Dirafsch , en pehlewî, signifie
«étendard»). Cet étendard, durant son règne et sous le règne de ses
successeurs, demeura pour les rois un moyen de s'assurer la victoire
et pour les troupes un talisman auquel elles se liaient. Les souverains
v attachaient leur fortune et livalisaient à le rehausser, à l'orner des
plus beaux joyaux et cherchaient à fciivi a le rendre magnifique,
de sorte que, dans la suite des temps, il devint la perle, le chef-
HISÏOIRK DES UOIS DES PERSES. 39
ïw_^jj| c:,s_>w_Sj A3jJ^ >^' j|jwg_.i ^. ^ys^yyj jdLô w>i! ^t J, ( L^^s^c
<_«-C3sI| ^\j]oi\j ^JJ^L^i^ ^Ls^jJl s^ U-'-?;; ùyttljs^ ^j>*Jjùj :ijj^:>\^
'' M lAjil. — - ('. ikjLw^UJI. — " M ;iif. inan(]iic dans (1 — '' M syci, V. Sot*..
— 1^1 Mss. 3^. — " C^jijjjJ!.
(l'œuvre, la merveille et la curiosité des siècles. Ils le faisaient porter
(levant eu\ dans les batailles et ne le confiaient ([uau commandant
en (lier d'entre leurs g(''n(^raux; après la guerre heureusement ter-
minée, ils le rendaient au trésorier chargé de le garder. Cela dura
ainsi jusqu'à la chute de Yazdegerd, fds de Schahryàr, le dernier roi
des Perses, Ses généraux ayant été mis en déroute à la bataille de
Qàdisîya, fétendard tomba entre les mains d'un homme de la tribu
de Nakha\ Sa'd ibn abi Waqqàs l'ajouta aux trésors et aux joyaux de
Yazdegerd que Dieu avait donnés aux Musulmans et le porta avec les
diadèmes, les ceintures, les colliers incrustés de pierres précieuses et
autres choses au Commandeur des Crovants, 'Omar ibn al-KhaUàb.
Celui-ci ordonna de le détacher de sa hampe, de le couper en mor-
ceaux et de le partager entre les Musulmans. On dit que le drapeau
des Kayanides a été bien défini par Al-Bohtorî dans une célèbre qasida :
Et les Trépas se tenant debout et .\noiischar\vàn poussant les troupes sous le
flrapeau.
40 HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES.
^.^i^,.)^Ul v^ ^ . i^U! ^>-^l ^Jji ^U ^L^ ^b"^!
^ ^j-l — ^1 ;t_Lot < â n ^^ jJi^ ^J^ t, ,j_?-tj-gj L^Sjjj jj^^t Jt.^]^
o^jJl <LoU.i. "^^-^rtJ '"^c)-^ J"-*^ '^' J''-?' * t_r'^<^^t jp^l < ^LS^ci^A^
1" Mss. jl^l . — (2) Manque dans M. — l^) Manque dans C. — "'> Cylil . — ^ C l^.
SENTENCES ET PROVERBES QUI SONT ATTRIBUES A AFRIDHOUN.
Les jours sont les feuilles de la vie qui vous est mesurée; donnez-
leur une durée permanente en les remplissant des plus belles actions.
— Qui recherche des hautes situations auxquelles il n'a pas droit
lera une chute sévère. — Qui nuit aux hommes les craint. — Celui
dont on ne connaît pas les moyens d'existence est soupçonné de vol.
— De celui dont on ne connaît pas la demeure, on éA'ite l'approche.
— Qui désire ce qu'il ne peut atteindre est un ignorant. — Qui ne se
connait pas soi-même ne connaît pas les autres. — Qui ignore le lieu
et le temps opportuns des affaires est un sot. — Qui parle beaucoup
apprend aux gens ses secrets. — Celui qui peine, gagne. — L'hon-
nête homme est confiant, le perfide ne se lie à personne. — Le sage est
honoré en tout lieu. — La magie , c'est Iblîs. — La beauté de l'homme
de belle apparence est bonheur et bénédiction; la laideur de l'homme
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 41
( ,^j.^t.>^j}i\j ^\yu\j jL«J]^ -^.uiJ]^ jUil «C*.^ ^x-^s*J| < ^ySsjj ^Jji,
*LsJ_^l . ^jilj ^LJ\j j^j}\j ^jlàj ^\jj\ <^ jy^'i]
i_it j ^ ^i .. Il; *^-jlJ! j f Lut; <j^wJt jjL^"^'! ^U>^
J-J«Ji-uUJ; à\jX\j J^s»J]; >>wwUI; 4j>X«Jl <>m4- •*!,>vc'^l < kc]^]; <ij-LJ;
«oLSlo JwoLJl Je
Je J — f. jLs-ci\^ 4-a'^L3 1^^^ ;■■!) ^1; j)^ 1^ ^j j^*^ jjj
Lllj ^_yij^! ^J^ILJ. ■ j?^ — ^:^-Cj—ij iL<J;Jy^j A.A->ibj jSU-AjsJ ;J ^jd-^^Lû;
''' C iiJ^yi -^i A^J. i^*' 1^' Jy ""^ plusieurs fois^jj; la forme
'-' M jv'^ }y3- Dans la suite, le premier ^jl se trouve encore fn-qucmment.
de ces noms est écrit, clans le même ms. , -^t M ♦p'^ -j ^OoJ»^j.
laid est mallu'ur et calamité. — H y a cinq sortes de serviteurs : le
boulanger, le cuisinier, l'échanson, le valet de chambre, le page;
cinq sortes d'employés : le portier, le trésorier, l'intendant, l'écuyer,
le gardien; cinq sortes d'associés: le cultivateur du domaine, le co-
propriétaire du village , le cohabitant , le coreligionnai re , le co-in téressé.
Il y a cin(j sortes d'amis : les deu\ parents, le précepteur, le profes-
seur de la loi, le prédicateur; et cinq sortes d'ennemis : l'homme vil,
l'envieux, l'esclave', la femme et celui qui remplace un gouverneur
dans sa province.
LES FILS D'AFRÎDHOÛN ET LES ÉVÉNEMENTS DE LEURS REGNES.
Afrîdhoùn eut trois fds : Salm,Toùz et Iradj. Ils grandirent pareils
à des nouvelles lunes et à des lionceaux. Afridhoûn, suivant sa
propre voie, eut soin de leur éducation et de leur instruction et s'ap-
6
.'»2 lilSTOIRK DKS H()[S DES PKRSKS.
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\j — ^ } — ^ ^ J6 j^^^j Ajuj] ^uX.-*. ^! ^L^^wsU^ ^[^y^ \'^'\\jjti\j
pli(ju;i a Irs roiulrc aptes à gouverner le monde. Quand ils eurent
atteint Tàge inùr, il partagea entre eux les sept Climats. Alors, ce roi
commit l'erreur de l'homme sage et la faute de l'homme instruit; il lit
le faux pas habituel aux rois, en agissant par sentiment, et non ])ar
raison, et en préférant le plus jeune de ses fils à ses deux aines. Il en
éprouva donc les suites fâcheuses et recueillit le fruit de la faute qu'il
avait commise à son propre détriment. En eflel, il donna à Salin le
gouvernement du pays de Roûm et de l'Occident; à Toùz, les contrées
de l'Orient, à savoir les provinces habitées par l(*s Turcs, la Chine
et l'Inde; et à Iradj, flrànschahr, qui est le centre de la terre, la
région tempérée et le plus excellent des Etats, depuis le Khoràsàn,
l'Iraq, les provinces de Fàrs, de Kermàn, de l'Ahwàz, de Djordjàn,
de Tabaristàn, jusqu'aux frontières de la Syi'ip- Il ordonna à Salm vi
a Toijz de se rendre dans leurs Etats, après avoir pourvu chacun d'eux
d'hommes, de chevaux, d'armes, d'argent et de tout ce qui constitue
l'attirail princier et l'équipage royal. Salm se rendit donc en Occi-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 43
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<" M ;cr. — -^ C ^vv — ''» C ^U. — '^' M Ow^. — ■■■" \] JO«:. —
dent et Toûz en Orient. Iradj, dé.sormais seul objet de l'afTection de
son père, posséda la couronne et le trône. Alrîdhoûn lui donna les
coffres des trésors et plaça toute l'armée sous ses ordres : il restait roi
de nom , tandis qu'Iradj avait la jouissance du pouvoir, pendant un
certain temps. En apprenant cet état de choses, Salm et Toûz étaient
fort irrités; ils se tordaient comme des serpents, la vie leur devenait
insupportable, ils nourrissaient la haine la plus violente, étaient ex-
trêmement agités, en proie aux sentiments d'inimitié et de rancune
et furieux de la préférence accordée par leur père, à leurs dépens, à
Iradj, à qui il avait donné le centre du monde, le nombril de la terre,
le jaune de l'œuf, la partie la plus excellente de l'Empire, et qu'il
avait mis en possession, à leur exclusion, des richesses et des trésors,
tandis qu'il les avait rejetés aux extrémités les plus reculées de la
terre. Enfin ils ne respiraient que jalousie et rancune. Ils se mirent en
correspondance par lettres et par messagers, se communiquèrent leur
mécontentement et leur chagrin et conclurent une alliance, s'enga-
6.
44 HISTOIRK DKS ROIS DES PERSES.
lO^LïSïOjisL
ULo. ^^iit WSjLc v>-c „v^VpJl ^ *|^_u- \y>y^. ,^5^ (^LL^l! ;_jii^ J5I
■yju\ -ySy^ ^SvA.J SJsjUJi! <.^^-v-3 j t wj U <^L5s^l .i | .^Jt-X-** jl t J>-SM ^U!
*•' C (jUr^iL. — '-' Manque dans C. — '^- C sla.
géant à se prêter aide et assistance et à faire cause commune contre
Iradj. Puis chacun d'eux quitta précipitamment sa résidence et ils se
rencontrèrent avec leurs troupes dans 1 Adharbaïdjàn.
MEURTUF. D'ÎRADJ, FILS D'AFRÎDHOÛN.
Salm et Toûz firent parvenir à Afridhoûn par deux de leurs offi-
ciers un message unique et très violent, lui reprochant vivement
d'avoir donné à Iradj le centre de l'Empire, la couronne et le trône,
le préférant à eux-mêmes, ses aînés, qui ne lui étaient inférieurs ni
])ar la naissance, ni par leurs talents, ni par leur aptitude au gouver-
nement. Us le mirent en demeure, ou d'envoyer Iradj dans quelque
province, afin qu'ils fussent tous également éloignés de la meilleure
partie du monde et du siège de l'Empire, ou de se préparer à la lutte
et de faire décider par le sort des armes à qui d'entre les frères appar-
tiendraient le siège de l'Empire et la dignité de la couronne et du
trône.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 45
Us^aJ Lli-i L^^'i-Jl ^Jï-va]^ L^J ^ils c_iLJL ':i)!^r>'^.j <=i]L«,Jlj ^.j^^î
L 4) Jls^ ^^ — jL L_ci ;:;5 Jj-a-i- <-cLi,jj ijj-»-«-'î lit U'î-A-^j; l^uiïo^
c)l
ii>
Les deux envovés portant ce message partirent pour la résidence
d'Afrîdhoûn. Lorsqu'ils se présentèrent à la porte du palais, Afridhoûn
leur donna audience et les écouta. Quand ils eurent accompli leur
mission et délivré leur message, il entra dans une violente colère
contre ses deux lils et se répandit en invectives et en injures contre
eux; il les appela rebelles et les accusa d'oublier leurs devoirs; puis
il fit venir Iradj et lui parla ainsi : «Mon fils, Satan a semé la dis-
corde entre toi et tes frères, qu'il a poussés à te contester tes droits et
à entrer en lutte avec toi. Ils ont suivi ses conseils et sont devenus
rebelles à Dieu, en se révoltant contre moi et contre mon autorité et
en formant le dessein de te déclarer la guerre pour la prédominance,
en dépit de ma volonté. Maintenant tu n'as qu'à te préjjarer j^our les
traiter comme ils le méritent, à agir avec diligence et vigueur pour
les châtier et les repousser, et à faire de telle sorte que tu déjeunes
d'eux avant qu'ils ne soupent de toi. » Iradj se prosterna devant Afri-
dhoûn et répondit: « Il en est ainsi, comme tu viens de le dire, et je
'ai UIsrOlRK DKS KOIS DES PERSES.
L ^jJvJsJI 4' JULJ «<wiMjiJ J^-*M '^î J"^' Cj* ^>w*v2ll |J^«^ iàJLC Jjî ^_|_o
y-^ J)! p-jr^t JL^ wL^LLi: ^'Isjj L^Là>oo aliJJj L^^^ '-^j-^^
(') M *^;yi. — -' Manque dans .M. — (^) M Uy/L,. — <'> C 0«jv — '^' M JJuei^.
suis prêt à t'obéir. Mais dans cette lutte entre frères, il y aura néces-
sairement une grande agitation parmi le peuple, des flots de sang à
faire tourner des moulins, des malheurs qu'il sera difliclle de réparer
et impossible de prévenir. Mes frères ont sur moi le privilège du droit
d'aînesse. Veux-tu me permettre que j'aille les trouver avec vm petit
nombre de mes pages et de gens de ma suite, que je renouvelle ma
connaissance avec eux, que je m'efforce à les satisfaire et les comble
de prévenances, que je fasse tomber leurs préventions, que je con-
vienne avec eux d'un accommodement en leur cédant quelques-unes
(le mes provinces et les oblige de s'engager à conclure la paix et à ré-
tablir l'union ? Car on dit que le cou du lion devient épais parce qu'il
est son propre messager. » Afrîdhoûn dit : « Mon fds, ce que tu dis et
ce que tu fais est digne de ta haute intelligence, de ta vertu, de ton
caractère élevé et de ta noble nature. Un vase laisse toujours trans-
suder ce qui est en lui. Mais je crains bien que ces deux mauvais fils
rebelles n'opposent leur méchanceté à ta bonté, leur violence à ta
HISTOIRK DRS ROIS DES PERSES. 47
m. S-
S^^^ l_*v <<_AjLXyO. .v>S^»3n^ l^_?wv^ ^^w»J»_*vJ| ^Jic JÏ-L^Ij woI« <jUL
douceur et leur I)rutalité à ta sincérité!» Iradj dit : «La plupart des
choses que l'on craint n'arrivent pas. Quant à moi, j'espère éteindre
cette haine et trancher ce mal, avec l'aide de Dieu et par ta bonne
étoile. M Alrîdhoùn dit : « Fais comme tu l'entends, mou fils; Dieu a
un dessein qu'il atteindra. » Il ordonna de revêtir les deux envoyés de
robes d honneur et de les renvoyer comblés de faveurs. Il fit écrire
à Salm et à Toûz en ces termes : « Iradj va vous rendre visite et
se conformer à vos ordres. Traitez-le comme il convient de traiter un
hôte, honorez-le à son arrivée comme à son départ et ne tardez pas à
me le rendre; car tant qu'il est loin de moi, je suis comme un homme
qui cherche une chose perdue et, lorsqu'il re^^ent, comme celui qui
est heureux de la retrouver. »
Iradj partit avec une escorte composée d'un petit nombre de ses
familiers et arriva dans l'Adharbaïdjàn. Les deux frères, à la tète de
leurs armées, vinrent à sa rencontre et mirent pied à terre devant lui,
ainsi que fit Iradj en leur honneur; ils se donnèrent la main et s'in-
formèrent les uns les autres de leur santé. Ils remontèrent ensuite à
cheval et se rendirent ensemble jusqu'au pavillon d'Iradj, où ils le
/Ï8 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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iiivnl descendre. Ils causèrent, mangèrent et burent, puis les deux
frères se retirèrent dans leurs tentes. Le lendemain, Iradj monta à
cheval, alla leur présenter ses hommages et porta à chacun d'eux
les cadeaux, les objets précieux et rares dont il était accompagné.
Tous les trois se rendaient alors des visites, entretenaient des rapports
familiers et se faisaient des politesses. Cependant, Salm et Toùz, non
seulement gardaient leurs mauvais sentiments à l'égard d'Iradj, mais
leur jalousie et leur haine ne firent que s'accroître, quand ils o])ser-
vaient sa belle prestance et sa valeur, ses excellentes manières et ses
hautes qualités, et quand ils surent la synq^athie que lui témoignai(mt
leurs chefs d'armée, qui cherchaient à devenir ses partisans. Ils déli-
bérèrent donc à son sujet et convinrent de le tuer traîtreusement. Or,
un jour, les frères étant réunis dans la tente de Toûz, celui-ci, qui
était entouré de ses officiers armés, finit dans la conversation par
dire à Iradj : « Nous sommes tous trois fils du même père. Le droit
d'héritage est au plus âgé; toi qui es le plus jeune d'entre nous, pour-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 49
s.
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^i^^. — - C Uyil. — '^ C Ul^ili!.
quoi t"es-lu ciiiparc de la couronne et du trône, auxquels nous avons
|)lus de droits? » Iradj, en ce moment, vit leurs mauvaises intentions,
se rappela les 2:)aroles de son père et regretta d'être venu de lui-même
se faire égorger. Il leur dit : « Vous savez que notre père a agi et qu'il
a fait le partage sans que j'eusse donné aucun avis, ni exprimé aucun
désir. A présent, je suis venu à vous, me mettante vos ordres, pour
vous abandonner le pouvoir. La royauté est à vous, prenez-la ! »
Toùz répondit : « C'est sous le coup de la peur et de la nécessité que
tu parles ainsi, non de bon cœur et spontanément. » Puis il lança
contre lui un siège d'or qui se trouvait devant lui. Iradj dit : « Crains
Dieu, mon Irère, n'attente pas à ma vie! N'oublie pas que je suis ton
frère; respecte en moi ton hôte et considère que je t'ai rendu hom-
mage, que je me suis fié à toi et que je ne me suis en aucune façon
opposé à toi. Laisse-moi me retirer dans quelque contrée éloignée, de
sorte que l'on n'entendra plus parler de moi. » Toûz ne l'écouta pas,
50 IIISTOIRF. DKS ROIS DES PKHSKS.
il [:* y\j L?!_^_>> i'pj. oUJt ^j^ ^1 Uo Ulc <jy;f^jJ'
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se dirigea vers lui, le Irapjja avec le sabre et le tua, aidé par Salm.
Il donna l'ordre de couper sa tète et de l'envoyer à Afridhoûn, à qui
les deux frères écrivirent : « Voici la tète que tu nous as préférée el
à qui tu as donné la couronne; prends-la pour toi.» Puis chacun
d'eux retourna dans son royaume.
En recevant la tète d'Iradj , Afridhoûn fut consterné et le monde
devint sombre pour lui. Il descendit de son trône et déposa la cou-
ronne. Il déchira ses vêtements, et ainsi firent toutes les personnes
de sa suite, ses serviteurs et les notables parmi ses sujets. Les salles
et les appartements de son palais et les autres demeures de sa rési-
dence retentirent de lamentations. Quatre milli; femmes, libres et
esclaves, coupèrent leurs cheveux et se vêtirent de noir, tant était
grand à leurs yeux cet épouvantable désastre, ce malheur public, et
tant elles étaient alDigées de l'cflondrement de cette puissante mon-
tagne, du déclin de cette lune brillante. Afridhoûn passa son temps à
pleurer et à maudire Salm et Toûz; constamment il se prosternait
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 51
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"' M jil. — (-' Ces mots manquciil dans (1. — '' C caLnJU».
devant Dieu, le suppliant, les mains levées au ciel, et s'écria nt : « Sei-
gneur, lais-moi justice d'eux, en leur infligeant le plus terrible châ-
timent; lais descendre sur eux ta vengeance, frappe-les de ton glaive
et ne me laisse pas mourir avant de m'avoir fait voir un descendant
d'Iradj me venger d'eux ! » Toujours il laissait couler ses larmes, de
sorte que sa vue s'afl'aiblit, ainsi qu'était affaibli son corps; les maux
delà vieillesse fondirent sur lui, en même temps que les tourments
du chagrin et de la douleur.
Iradj avait un magnifique jardin qui était comme l'image du para-
dis sur la terre. Afridhoùn donna l'ordre de brûler les constructions,
de couper les arbres et de n'en laisser aucune trace. Il s'y rendait
chaque jour : il se couchait sur les cendres, posait devant lui la tète
d'Iradj renfermée dans un coffre d'or, la découvrait et faisait entendre
des gémissements, auxquels compatissaient tous les cœurs et répon-
daient les pleurs des assistants; puis il s'évanouissait et restait long-
temps sans revenir à lui.
IIISTOrRK DKS ROIS DES PF.RSKS.
^Nv.*».-^! J,t <^ c_?>-^ r^' ^:i/jlS <ju^ ■'cJ-c ^^1^ '^'vXj ■-v^Uuj
'' C ,U; i_-Vi^' — ''' M »!>*'' "i^nquo dans C. — "'' M slëu»i. — '' C ^j. AI »\ALi.
NAISSANCE DE MENOLIUEUR, FILS D'IRADJ.
IL S'APPLIQUE ÉNERGIQUEMENT À VENGER LA MORT DE SON PERE.
Lorsqu'on reçut la nouvelle de la mort d'Iradj, sa femme, nommée
Màh-Âfridh, se trouvait enceinte. Elle mit au monde un fils qui res-
semblait éminemment à Afrîdhoûn. Celui-ci, ayant demandé qu'on le
lui apportât, le regarda et, voyant en lui ses propres traits, il ressentit
une grande joie et il s'écria : Menoûdjehr, c'est-à-din- (/ me ressemble.
Et c'est ainsi qu'il le nomma. Il reporta sur lui raflcclion qu'il avait
•nie pour Iradj et mit tous ses soins à le bien élever; il se consolait par
lui et cherchait un remède contre son chagrin dans l'espoir qu'il
plaçait en cet enfant; et celui-ci grandit, devint adolescent, puis un
jeune homme distingué, d'une éducation achevée, ayant sur lui le
rpflpt de la majestédivineetacquitau])lusliautdegré les bellesqualités
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 53
'ÀjlS ^j) ^j)[j Jo^ rJ jJjJl iLiJ «Lo J^iJ^ AiJi t__>iv^| c_>!j^Jo|
J ul — w :;^ s:>L_«JLS(M^Ls^jiL cU?»-'^! [js^^j^ '^,»mjo| j <juJ1.
(lun prince. Afridhoùn le nomma son héritier présomptif et son suc-
cesseur, le mit eu possession de la couronne et du trône, lui subor-
donna grands et petits et lui donna les coffres des trésors.
Alrîdhoùn ayant élevé Menoûdjehr pour la guerre contre Salm et
Toûz et lui ayant ordonné de se préparera venger Iradj, Menoûdjehr
répondit à cet appel avec l'empressement de l'homme résolu et éner-
gique et l'exécuta avec la rigueur du destin irrévocable. Il 23laçaQàren,
fils de Kàweh, à la tête de son armée, ordonna de délivrer aux chefs et
aux troupes des provisions et déploya le plus grand zèle à se préparer
et à rassembler des guerriers. La nouvelle en étant parvenue à Salm
et à Toùz, ceux-ci, fort inquiets et effrayés, convinrent de se rencon-
trer, comme précédemment, dans l'Adharbaïdjàn et se mirent en
marche à la tète de leurs armées. Quand ils y furent arrivés et qu'ils
eurent conféré secrètement, ils décidèrent d'envoyer un message à
x\frîdhoûn , de lui présenter par écrit leur justification et de gagner
54 HISÏOraK DKS ROIS DES PERSES.
j.>^. ^vjJo>j' Ss.,^1^ ^Lii-U Lgî.^^ L'^M-']^ i_,-jc5Jt L^L^?]^ 4lLvJt
.. — c >~gi».4-^ j^-x-sK ^-^jot vJj^ ->otxjj| jjj UO ^il «LjL J;I ■.■-^,^KL>.3
^_i!>-_).>__>' ^^yi:^ ^jJua-^a^ f^^^J f^J ^\}^\j rJ^\ **-*^t^ (A^J '*-^.
j >.s/T^ Li» j'iv^^'N' ' ^^ <=^-vx-il ^'L^^l Lîjj (.^oSOl l5A.-v^|j Ujv^ u-0
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s-
les bonnes dispositions de ses chefs d'armée et de ses conseillers par
leurs dons. Ils chargèrent de ce message, en leur remettant les lettres
et les cadeaux, deux envoyés habiles dans l'art de parler. Ceux-ci par-
tirent pour la résidence d'Afridhoûn. Lorsqu'ils arrivèrent à son pa-
lais, Afridhoûn leur donna audience, assis sur le trône d'or, avant
Menoûdjehr à sa droite, la couronne sur la tête. Les chefs d'armée,
les gens de la suite et les serviteurs, ayant des ceintures incrustées
de joyaux, et tenant des masses d'or dans leurs mains, étaient rangés
devant eux. Les deux euAovés s'avancèrent ensemble, rendirent hom-
mage, présentèrent les lettres et délivrèrent le message tendant à
excuser ce qui s'était passé au sujet d'Iradj et à exprimer la confusion
et le repentir des deux frères, la joie qu'ils ressentaient du haut mérite
de Menoûdjehr, leur ardent désir de lui rendre hommage et l'assu-
rance d'une entière soumission. Enfin, exhibant la liste des cadeaux
qu'ils avaient apportés, les envoyés demandèrent la permission de les
présenter. Afrîdhoùn répondit : Dites-leur ceci : « J'ai attendu pour
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 55
J,| Isj — ^a — ils » — fî? — *_!_£ ;k_UwL jp^l^ 4)^_?- ^j^ <j;5sj, 4)^^ ,j-» iwS'-^
ûLvLi^ ^JcjjJuJl *Li_^^^_jîJl i_LL e^ ù*Li_^ ('ji,i*Lgjj ^jjs^sjt L^
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— '■" M Kf^. — >"' Mss. ut (^. — '1 Mss. ULj. — '") M i[pj.
VOUS punir de raction al^ominable et horrible que vous avez coni-
iiiise et qui a dévoilé votre méchanceté et votre mauvaise nature, jus-
qu'à ce que Menoûdjehr eût atteint l'âge viril et qu'alors il saurait se
charger, pour mon compte et ])our le sien, de venger son père, puisque
je n'ai pu me décider, vieux comme je suis, à faire la guerre à des
hommes qui sont deux parties de moi-même. A présent, Menoûdjehr
s'est dressé pour vous infliger le châtiment qui vous est dû, qui est
commandé par les lois de la nature et sanctionné par la loi divine.
Rien ne pourra l'en empêcher, ni le détourner de son but. Quant aux
cadeaux. Dieu me préserve d'accepter de vous le prix de la tête de
mon fds ! Voilà en peu de mots tout ce que j'ai à vous dire. »
Après avoir, sur l'ordre d'Afridhoûn, reçu des robes d'honneur,
les deux envoyés retournèrent auprès de leurs maîtres, leur rendirent
compte de ce qui s'était passé et leur communiquèrent le message
dont ils étaient chargés. Ils leur parlèrent de la beauté et de la ma-
jesté d'Afridhoûn qui, malgré son grand âge, brillait comme brille
50 IIISTOIUK DKS ROIS DKS PKUSKS.
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'.X-^ija^ LuiJ. <__)K| J-S*; ^'is U ^W i^j^-^sJ-^lè l-V'bvpij ^! JwO ^j\-^j
M l4'X>^-.j l4«x»ai ^j >4=.._yi0i> oIaaj'j LtyiJjL^ *4=>._j^ iUil. — '' (> Joi-ll Jj^lxjj.
1 or, bien qu'il ait subi l'action du charbon; de Menoûdjehr, de sa
belle prestance, de l'éclat de sa jeunesse, de son heureuse étoile et de
son pouvoir bien établi; enfin de la ferme intention d'Afridhoûn
d'envoyer Menoûdjehr pour les attaquer et les faucher. Les deux
Irères firent sortir tous les assistants, puis l'un dit à l'autre : « Laissons
là le passé; faisons face au danger comme il convient de le faire,
abordons le lionceau avant qu'il ne devienne lion et attaquons-le
avant qu'il ne nous attaque. » L'autre frère ayant approuvé cet avis,
ils enrôlèrent et rassemblèrent des troupes, firent les préparatifs de
guerre et se mirent en marche, chacun se trouvant à la tète d'une
nombreuse armée, vers l'irànscliahr. Afrîdhoûn, à cette nouvelle, se
mit à rire et dit : « Vovez ces deux malheureux, ils courent à la mort
comme le gibier dans le filet et le |)apillon qui se jette dans la
flaninn'!» Il ordonna à Menoûdjehr d'entrer en campagne, mettant
a son service des troupes et lui afljoiguanl les chefs d'armée les plus
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 57
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illustres, lo pourvut d'argent et de tout ce qui était nécessaire ainsi
(jue (rrlé|)liants, fit porter devant lui le drapeau des Kayanides et,
au iiionienf du d(''part, il invoqua pour lui la protection divine et la
malédiction sur Salin et Toûz.
Meuoûdjelir, à la tète de ses troupes, marcha contre ses oncles
(lui avançaient. Les deux armées étant arrivées en présence l'une de
l'autre, on fixa un jour pour la bataille. Au malin du. jour convenu,
les adversaires sortirent de leurs camps et, suivant les règles du
combat, formèrent les lignes de bataille et assignèrent comme il fallait
leurs positions à l'aile droite, à l'aile gauche et au centre. On en \-int
aux mains, les combattants se couvraient de flèches, puis s'attaquaient
avec la lance, ensuite avec le sabre, s'assommaient avec la massue et
luttaient corps à corps, de telle sorte que le sang coulait comme
feau des ruisseaux et que les morts ne se comptaient pas. Les deux
frères étaient sur le point d'être mis en déroute lorsque la nuit sépara
les deux armées, et tandis que Menoùdjehr rentra dans son camp
58 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
«^ — pi— ^?l ^ 4 — * — L_c J-^jL *^'^ iJrV c)-J U*^J"^ Ls^b <_ii..^ai. ^
^J-e s — g >4 À— >8 ^N — iL UjjL^ilJ^ UJjLa.qJCJ <^Là». ^Ji ^ \ls |?U^-iÂ_>vU
oH^ o)J^ (^b-> vj^ j^ ^r"*-**^ 3 cJj-*-**J| |^-*-^j **-«-^ c>^ <-^Ov-«
content et joyeux, ils se retirèrent dans leur quartier abattus et dé-
couragés.
Les deux frères, voyant qu'ils ne pourraient pas lutter contre Me-
noûdjehr, résolurent de le surprendre dans la nuit suivante. Ils pré-
parèrent cette attaque et ne reprirent pas le combat le lendemain.
Menoûdjehr, informé de leur plan par un de ses espions qui était
revenu, confia je commandement à Qàren, en lui ordonnant de se
tenir prêt et sur ses gardes, et s'embusqua avec une troupe choisie.
A minuit, Toûz avec tous ses guerriers, s'étant avancé vers f armée
de Menoûdjehr, trouva Qàren sous les armes, à la tète de ses troupes,
le drapeau des Kayanides devant lui. Il se jeta sur lui avec ses gens,
et Qàren et les siens leur firent face. Pendant qu'ils élaient aux prises,
Menoûdjehr et ses compagnons sortirent de l'embuscade et tombèrent
à coups de sabre sur les soldats de Toûz par derrière, tandis que
Qàren et ses troupes les chargeaient par devant. La plupart de ses gens
ayant été tués, Toûz prit la fuite alors que le soleil venait de se
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 59
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"' Manque dans (]. — -' M;m(]iie dans C. — '' C M\. — "'' G SuJU. — '^' Manque
dans C.
montrer. Menoïkljehr, lancé à sa poursuite, le rejoignit au moment
où il allait atteindre son camp. Quand il l'eut en son pouvoir, il lui
fit une large blessure avec la lance et lui asséna un grand coup de
sabre. Toùz tomba évanoui. Menoûdjehr, ayant mis pied à terre, lui
coupa la tète et la rapporta au camp en triomphe, rendant grâces à
Dieu. Il l'envoya promptement à Afrîdhoûn avec la nouvelle de sa
victoire et lui fit dire : «Voici l'une des deux têtes, l'autre la suivra
avant peu. » Afrîdhoûn éprouva de la joie, mais aussi du chagrin; il
fondit en larmes, ses mains tremblèrent et, tout en cachant la pitié
que ressentait le père pour son enfant, il dit : «Je ne saurais me féli-
citer d'une fortune qui me force à faire périr les miens, les uns par
les autres. Je crois déjà tenir la troisième tête. Qu'il est donc malheu-
reux, celui qui voit les têtes tranchées de ses fils placées dans son
giron ! Fi de ce vil monde I Que son éclat est terne et qu'ils sont
00 IIISTOIRR DES ROIS DES PERSES.
^_<>*^_à_j ci,.-A,.à_Ci LgJLi^ol ^ S->>-«-'t Jj-ftJ 1^ <JU it ^j>>Osjt JLs*. i::^LS
-^|^-S^_X_S c:,J_«_? «Cs^v^l J^Ji-J' ,^5^ i^J^ U^^j (^5UHHij e^J (^5-«-U^
1" MjjJl^T- — '■' <''tj-^î- — '^' f^ jUjill t'I riicriiistuliPsuivanlnuHiquc. — ''' C Jjsitf*!.
perfides, ses jours et ses nuits! » L'auteur dit : Afrîdhoùn était alors
comme quelqu'un dont les Arabes disent dans leurs proverl^es : «J'ai
satisfait mon ànie, mais j'ai coupé mou nez. i> Et comme dit le j)oète :
J'ai ou satisfaction en tirant vengeance do Hamal ii)n Badr, d mon sahir m'a
vengé aussi do Hodhaïfa. Mais si j'ai assouvi sur eux ma haine, je n'ai lait (|uo cou-
per ainsi mes propres doigts.
CE QUI ARRIVA À MENofjDJEHR APRÈS LA MORT DE TOÙZ.
Toùz ayant subi son sort, Salm, com]:)li'l('ment abattu, pleura tant
qu'il faillit en devenir aveugle. Hésitant sur le parti à prendre, en
proie au découragement et au chagrin, il envoya à Menoùdjelir ce
message : « La douleur que me cause la mort de mon frère, ton oncle,
m'absorbe trop pour que je puisse reprendre le combat. Veux-tu
me donner du répit et m'accorder une trêve, jusqu'à ce que mon
HISTOIRE l)i:S ROIS DES PERSES. Gl
J J _>■■?! jUi <J! <^.ji= Sw*.!^ «Ulc 4r^^ oT^ J=' <.i-^-w| ^1
«LkiLs; LcJ._5 ^^y^^ <->i< <!' j>-^^ t5^ i-*- o)-*-*^ ^ <-vsÂ-w J <-*»
<.■■». X) ^^>_f^ 4)s ^:> ,^50^ ^^j-^»-*^ s^y "^ ^^ jj^ -^^^ <.aJ-£ ^>^;r^
immense douleur soit apaisée? » Menoiuljehr accueillit «•racieusement
sa demande et lui manda son consentement. Salm, en elTet, compta
résister tant qu'il pourrait et se retirer ensuite dans une forteresse
qu'il possédait, en commun avec Toûz, dans une lie de la mer des
Alains remplie de vivres et de pro^dsions, et il fit préparer à cet efl'et
des vaisseaux et des bateaux. Qàren, ayant eu connaissance de son
])lan,dità Menoùdjehr: «Il a conçu tel et tel projet. S'il se réfugie
dans cette forteresse, il pourra tenir longtemps; il nous sera dilïicile
de l'y assiéger et impossible de nous rendre maîtres de lui. Je crois
(|ue je devrais gagner la forteresse avant lui, m'en emparer et lui en
fermer la route. » Menoùdjehr répondit : « Fais-le, si tu peux. » En con-
séquence, Qàren, avec trois cents cavaliers sans bagages, se rendit au
bord de la mer et s'embarqua, lui et ses hommes, sur l'un des vais-
seaux de Salm. Arrivé à la porte de la forteresse, il fit appeler le
gouverneur et lui présenta l'anneau deToùz. Le gouverneur lui ouvrit
la porte et Qàren entra avec ses compagnons, prit possession de la
62 IIISTOIUK DKS ROIS DKS PKUSES.
^>d3.*..-m .1' <J»^=b) ^v! i-ct <f J1S« yi:Â ^'y=>-^ OyS^J ^Jv-?-l9 Jv^^ Lf
lorleresse, en chassa la garnison de Salm et de Toûz et la fit occu-
per par ses hommes de confiance. Il y avait d'innombrables trésors.
Il s'embarqua ensuite et, ayant gagné la côte, il brûla les vaisseaux et
les bateaux et retourna auprès de Menoûdjehr, à qui il rendit compte
de son exploit. Menoûdjehr le félicita et le remercia; puis il lui dit^
" Sache que Kàkoùyeh le Démon, un descendant de Dalihàk, s'est joint
a Salm pour f aider contre nous; Salm, par son concours, se voit en
état de résister, sa situation s'est améliorée et il est en état d'agir. On
m'a donné de la force de cet homme, de son courage et de sa valeur
une description qui m'inspire le désir de me mesurer avec lui. »
Qàren s'écria : m A toi la victoire, la prospérité et une succession àv.
bonheurs ininterrompue comme les perles des colliers ! »
Menoûdjehr envoya à Salm un message en ces termes : «i Tu as
pris largement du repos et tu as fait appel au concours de Kakoûyeh
le Démon. A quand le rendez-vous de combat?» Salm ayant fixé le
jour, les deux armées, aux premières lueurs du matin, sortirent de
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 63
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leurs camps et lormèreiit leurs lignes de bataille. Kàkoûyeh arriva
comme un éléphant en rut et se joignit à Salm. L'action s'étant en-
gagée, la bataille devint ardente et on luttait avec fureur. Kàkoûyeh
appela Menoùdjehr au combat singulier; il le défia avec insistance,
alors que Menoùdjehr lui-même désirait ardemment cette rencontre
et s'avança contre lui. Les deux adversaires s'abordèrent et firent jouer
leurs armes. Menoùdjehr saisit Kàkoûyeh par sa ceinture, et fayant
arraché de son cheval, il le jeta à terre et appela ses comjjagnons,
qui, sur son ordre, lui tranchèrent la tête. Ayant vu ce qui venait
de se passer, Salm prit la fuite avec ses troupes. Manoùdjelir, à la
tête de son armée, le poursuivit et lui cria : «0 roi, pourquoi luir?
Je t'apporte la couronne pour laquelle tu as tué Iradj et je veux la
poser sur ta tête ! Arrête , pour la recevoir de moi ! » Le cheval de
Salm ayant trébuché et étant tombé avec lui, Menoùdjehr parvint à
l'atteindre et lui asséna un coup de sabre qui pénétra jusqu'à sa
ceinture et mit fin à ses jours. Menoùdjehr, de sa propre main, lui
Cl HISTOlliK DKS ROIS DKS PKRSF.S.
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coupa la tête. Les troupes de Salm s'empressèrent de jeter leurs armes ,
se rendirent à Menoùdjehr, se prosternèrent devant lui et lui deman-
dèrent t^ràce. Il leur accorda la vie sauve, leur fit grâce et choisit
un certain nombre d'entre eux qu'il distribua entre ses chefs d'armée.
H envoya la tète de Salin à Afridlioûn et lui lit, dans une lettre, le
récit des événements. Qàren, sur son ordre, étant allé prendre dans
la lorteresse de la mer les trésors et les jirovisions de Salm et de Toùz
et les avant apportés, Menoùdjehr les ajouta au butin du champ de
bataille et du camp et distribua le tout à ses soldats, de sorte qu'il les
rendit tous riches. H réserva de la part qui lui revenait et des objets
précieux et rares ce qui méritait d'être possédé par lui-même et par
Afrîdhoûn. H fil ensuite donner le signal du départ et revint avec
ce grand succès et cette importante victoire auprès d'Afridhoûn.
Celui-ci fut heureux par lui, lui prodigua les distinctions et les hautes
dignités, donna à son intention aux chefs (farmée des robes d'hon-
neur et des charges de gouverneurs fie j)rovinces et combla chacun
d'eux de faveurs.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 65
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il 1^^ <^LJi5 *u.U
(" Mss. JJLu. — - Mss. Lcb. — ■•' MaïKiue dans C. — ' M Ai^JIj *Jl:rj AJi^-.
Lorsque Afrîdhoûn eut, dit-on, accompli l'àgo de cinq cents ans, il
ol)éit à l'appel de Dieu. Il fut de lui et de Menoûdjehr selon les paroles
du poète :
Les nuits et les jours ne se succèdenl, les étoiles ne circuiimt dans l(uus orbites
au ciel ,
Que pour transnieltrc la jouissance du pouvoir d'un roi, dont lu règne est arrivé
à son terme, à un «autre roi.
Mais le règne du maître du trône est éternel! Il n'est ni périssable, ni partagé!
RÈGNE DE MENOLIDJEHR.
Lorsque Menoûdjehr eut succédé au pouvoir à Afrîdhoûn, qu'il se
fut assis sur le Irône et qu'il eut ceint la couronne, il donna audience
aux chefs de la nation et au jjeuple qui arrivèrent à sa cour, lui ren-
dirent leurs hommages, puis prirent leurs places. Tous furent char-
més de sa beauté, de sa prestance, de son éclat et de sa majesté. Il leur
()0 IIISTOIRK DES ROIS DKS PF.HSKS.
_v_^ ^>4^ ^ .ii^vii^ ,,J-<S-^^-*^ ^>-*-:' '-ifcLjl itski*. «Ôt jLâjj l^li-* J^lî"^'
^v-fva, f -^'^^^^ |?UioLl J-_J<Jl ^^^-6J J-9-^ iUlkL^J «JLcLU]^ 5i-CuJt Jlc
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._(l) ^ Sw» ^ j:>Li_l' i>i_«^^|^ ^ju^ S^-^K (jJl^ (J-^ '-■fî'^ tjy^
adressa alors son friand cl célèbre discours, auquel aucune autre allo-
culion des anciens rois n'est comparable. D'après une certaine tra-
dition, il l'aurait prononcé à un à'^^' plus avancé de sa vie. Après avoir
loué et glorifié Dieu et ])arlé de la vanité de ce monde qu'il compara
à l'ombre des nuages et au rèAe que l'on voit en dormant, il les exliorta
a obéir strictement à leur souverain et à travailler aussi bien pour
leur vie présente que jiour la vie future. H leur promit de marcher
sur les traces d'Afrîdlioùn et, comme lui, d'avoir une grande sollici-
tude pour ses sujets. Il se livra ensuite à de très longs développements
('\ exprima sa pensée par des sentences telles que celles-ci : « La créa-
ture appartient au (Créateur, la reconnaissance est due au Bieidaiteur,
il faut se soumettre an Puissant. Ce qui arrixc est inévitable. H n'est
rien de plus faible que la créature et rien de |)lus lort que le Créateur.
En vérité, la réflexion est lumière, l'indolence obscurité, l'ignorance
égarement. Ceux (pii nous ont précédés et ont dis])aru étaient des
racines dont nous sommes les tiges; et quelle est la durée d'une tige.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 67
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'" M •^ililS. — - C JAiJ. — ■'■ Man.iup tians C.
O
lurs(|ue sa racine a péri? — Le roi a des droits sur ses sujets, comme
ceux-ci ont des droits sur le roi. Les sujets doivent obéir au roi, le
servir loyalement, délendre ses alliés et combattre ses ennemis. Le
devoir du roi envers ses sujets est de les protéger et de s'occuper avec
soin de leurs intérêts, de ne point leur imposer des charges trop
lourdes et, s'il leur survient un fléau, soit céleste, soit terrestre, à la
suite duquel leurs produits sont diminués, de réduire leur impôt en
proportion du dommage cfu'ils auront subi et de réparer leurs pertes
en leur fournissant les grains nécessaires pour la culture de leurs
champs. — Larmée est pour le roi ce que les ailes sont pour l'oiseau
et le roi est pour ses sujets ce que Li tète est aux membres, ou plutôt
ce que l'esprit est au corps. — Le roi doit avoir trois qualités : la véra-
cité, la générosité et la modération; parce c^u'il est puissant et riche
et que sa clémence est le plus sur moyen de faire durer son règne. «
Dans l'ouvrage de Tabari on lit que Menoûdjehr est célèbre par sa
justice et le bien qu'il accomplissait. U fut le premier cjui creusa des
9-
6S IIISTOIRR DI-.S HOIS ORS PERSKS.
vJlJI (_>Lil (?^v'|; <'>>4' ^j-LJ |?L«s-J]^ N^ LgJatil Jv-ki^j uLiufti
^^!Xj .v<s£« ^i'«_5 ^-^« « "Osi.^ iJ^X« ^w«l iA^ ^^ y-fir^v**^ ^-i^i-/* Lz_l
^' .vl 4— =fc. .\i4— L g, ■> <.»«, , LiJ L ^J^ c)*~^ '^^■gJl c-s'r^lî c)^^"*"^3J
u. ciiT. — a c, i^uwj.
fossés, qui dressa de «^mndes tentes et qui emmagasina des armes de
guerre, et le premier qui établit un dihqàn dans cliaque village, dont
il réduisit les habitants à l'état de serfs, les couvrit d'humiliations et
les obligea de garder les bœufs.
HISTOIHE DE ZÀL-I-ZEI\, PÈHE DE ROUSTEM.
Le soutien du règne de Menoûdjehi', l'appui de son empire, le pre-
mier de ses cheis d'armée, le gardien de ses provinces était Sàui, fils
de Nerîmàn, surnommé Sâm le héros. Il était sans pareil en fait de
chevalerie et de courage et hautement renommé par sa grande auto-
rité et son habileté dans l'administration. Il avait le gouvernement
du Sedjestàn, du Zàboulistàn et des provinces de l'Inde. Son titre, en
persan, était Pahlawdn-i-Djehân , c'est-à-dire « le défenseur du monde ».
Il venait habituellement présenter ses hommages au roi, demeurait
un certain temps à la cour et retournait ensuite dans ses Etats; et
rpiand on avait besoin de ses services, on l'appelait.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 6U
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Cl M^^I.— -' Mss. ^I.
Sàm (lemanflait constamment à Dieu et laisait des vœux solennels
pour qu'il lui donnât lui (ils. Il était déjà avancé en âge, lorsqu'il lui
naquit un enlant avant les cheveux de la tête, les sourcils et les cils
tout blancs. Il le repoussa avec horreur et donna l'ordre de le jeter
sur le sommet de quelque haute montagne éloignée, pour que Dieu
en fît selon sa volonté. Son ordre lut exécuté. L'oiseau 'Anqà avant
vu l'enfant, le prit et l'emporta dans son nid et l'éleva avec ses petits,
jusqu'à ce qu'il eut atteint l'âge de sept ans. Alors Sàm eut un songe :
un personnage lui apparut qui lui apprit que son fils vivait et qui lui
indiqua le lieu de son séjour. Il se mit à sa recherche et finit par le
trouver. 'Anqà avant su qu'il était son père, lui rendit l'enfant, à qui
il remit une de ses plumes qu'il devait brûler quand il lui arriverait
quelque malheur; alors, 'Anqà viendrait à son secours. L'auteur dit :
Je ne réponds pas de l'authenticité de cette histoire; si elle n'était
généralement et depuis longtemps connue et rapportée partout, et
si ce n'était pas un de ces contes par lesquels on amuse et dont on
divertit les princes dans leurs insomnies, je ne l'aurais pas reçue dans
âJs^
70 IIISTOIRK DKS ROIS DKS PERSIvS.
^ ^^L_*M_J' )?Lii-£ ■'U-V'^i (^^'y^wO ^fc^ J'LgJS oJM)* Lijj ^sJbi Jjia->
j'..S^_f N_*ls ^v->i^ j^lLli s gT^j-À^ ^"^j <jL4ji ;'')JoL^ «Oj e^w^Jo»
l'> C ^^^yi. — - Maiiqii.' ilans C. — (") M yUi;UJei. — '''> Mss. Uj, C ^i. —
(5> Mss. x*^. — •■' -M Jol>. — ■'' C viu»l^.
mon ouvrage. En ces temps primitifs, les faits extraordinaires étaient
fréquents; tels l'âge de mille ans d'un homme de cette époque, les
génies et les démons au service des rois, la flèche lancée par un archer
et portée du Tabaristàn jusqu'au Tokhàristàn, d'autres encore qu'il
serait trop long de mentionner. Pour nous, tous ces récits, à l'excep-
tion des miracles des prophètes, sont de la catégorie des histoires
plaisantes.
Sàm donna à son Ills, recouvré de l"x\nqà, le nom de Destàn. Il lut
surnommé Zal-i-zer, ce qui, dans le langage des habitants du Se-
djestàn et du Zàboulistàn , signifie « vénérable vieillard » . Sàm le ramena
dans sa demeure et l'enfant apprit à parler en fort peu de temps; il
brillait d'une A"ive intelligence et portait sur lui les indices de la
noblesse. Le roi ÎNIenoûdjehr, ayant appris son aventure, fit écrire à
Sàm pour qu'il vînt à sa résidence avec Zàl. En conséqence Sàm se
rendit à la cour, emmenant avec lui son fils. Menoûdjehr le reçut avec
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 71
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' Manque dans M. — ^' M J,A..iucJlj. ' M lyiJb^. - ^' M a)yIL.
dans (1. — ''''> ('•Jy*J}-
honntmr, l'écoula avec allcnlion et lui donna des témoignages de sa
bienveillance. Puis, ayant fait venir Zàl, il vit en lui un jeune homme,
heau de visage, de belle prestance, d'agréables manières, plein de
grâces et tout à fait aimable. Il n'avait d'autre défaut que ses cheveux
blancs; mais il send^lait qu'il étail plus beau ainsi que si ses cheveux
avaient été noirs. Menoùdjehr en lut émerveillé et fit des vœux pour
lui. Les astrologues, sur son ordre, observèrent son étoile et tirèrent
son horoscope. Ils prononcèrent que sa fortune serait la plus heu-
reuse, qu'il atteindrait la plus haute position et qu'il réussirait en
toutes ses poursuites pour le service du roi et la défense du terri-
toire. .Menoùdjehr, enchanté de ces prédictions à son sujet, conçut
de l'allèction pour lui. Quand Sàm demanda l'autorisation de partir,
il le fit revêtir d'une robe d'honneur, ainsi que Zàl, et leur donna de
nombreux cadeaux, et ils revinrent dans le Sedjestàn. Zàl continua à
croître comme une nouvelle lune et à gagner en lorce comme un
lionceau; il possédait les arts de la chevalerie et toutes les autres apti-
72 IIISTOIUK DKS IlOIS DKS PKllSKS.
4 g_=k.».Aw^ ^1 0>.JN-*M^ ^ ^ia-gj^ C^Ju^l. ^^|»./ol ^j-« «LXjs^^ .^L^_*«Jk_>l•^ .
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> ^'v^JOs ^>JCt*Oj |js..Â.-Ni2j;^ >-^^<*-:? or-*r^ i J^X J^-» '^^~' U '■' '*^-^~*fSb
ludes ])Our exercer le gouvernenienl el le cominaiuleineiil. Sam, le
voyant si accompli, fut charmé et tout à lait heureux.
Lorque Zàl eut allcinl l'âge viril el (jull lut en pleine maturité,
Sàm conçut le projet de faire une exj)é(lilion dans l'Inde pour se
rendre compte de la situation et pour châtier quelques rehelles.
Il nomma Zàl son lieutenant dans le Sedjestan et le Zàhoulistàn avec
])lein pouvoir sur les linances et l'administration des provinces, et se
mil en route à la tète de son armée vers le pays qu'il se proposait de
visiter. Zàl avec sa suite l'accompagna jusqu'au bout et, après avoir
pris congé de lui, revint dans sa résidence dans le Sedjestân. Il y
passa son temps, soit à chasser, pour exercer son corps, soit à s'entre-
tenir avec les savants, pour s'instruire. Puis, il se mit avec ardeur à
visiter les différentes provinces de son royaume et à ])arcourir les jar-
dins et les champs avec sa suite et ses amis. Il laissa les soins du gou-
vernement du Sedjestân à l'un de ses chels d'armée el partit en
grand apparat et avec un brillant ècjuipage. Il allait, se livrant à la
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 73
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'•' C ^j,.j<^\y>^ . — - (i JiwJù. — ^' Manque clans M.
chasse, so promenait dans les jardins et les champs, parcourait gaie-
ment les dilTérenies conlrées et coulait des jours heureux. C'est ainsi
qu'il arriva juscju'à Ghazna d'où il passa à Kaboul. Lorsqu'il fut près
de la ville, Mihràh, le roi de Kaboul, vint au-devant de lui, lui pré-
sentant des cadeaux et des offrandes, lui rendit très respectueusement
hommage et lui témoigna la plus grande déférence. Zàl le traita avec
honneur, l'approcha de sa personne, l'invita à sa table et à son ban-
quet et chassa en sa compagnie; puis, après l'avoir fait revêtir d'une
robe d'honneur, il lui permit de s'en retourner chez lui.
ZÂL ET LA FILLE DE MIHRAB.
LA PLLS BELLE HISTOIRE DE DEUX AMANTS.
Quand Mihràb, avant pris congé de Zal, l'eut quitté, Zàl dit à ses
compagnons : « Que Mihràb est donc parfait ! Quel chevalier accomjjli,
quel galant homme! » Alors l'un d'eux dit: «Il a une fdle, nommée
Roûdhàwadh, qui passe pour être la plus belle femme de son temps,
74 HISTOIRK DKS IU)IS DKS PKKSKS.
^. > ^r-'. ^Nk — i::- — > y>>j* Jt» cr° J^-=>' hIL^ c^oL^ '^rr'l ^ c'^^'^-^.
^ (k-^y-^ «W-ii. 4_XJKL<» ^=|;pLl J .^oLL; ii;<.^ ^v£ J-^jl <->t '^
Je ^.>_^|i>_> w^j ^J^-Si^j A.Ai ^ J\y^ 4-J^I -^I-Sjj V^=*^ '^' J-r»^^
'"' Mss. ^jjbùiJ. — ''■ Ces mots manquent dans C. — 'l M a,»j^Lo . — '' (\ JjUo i^*Ji y.^ .
— ;*» Mss. ^^. — '6) C Jlï jj* »^! . — (') ISI ^, C ^ o5Xoi.
la plus charmante, la plus intelligente, ayant les plus excellentes ma-
nières. » Ce portrait lit une telle impression sur Zàl qu'il se mit à l'ai-
mer et à la désirer ainsi que l'on désire le paradis sans l'avoir encore
vu. Sa situation était celle du poète Basschàr ibn Bord l'aveugle, qui
a dit :
Mes amis, mon oreille aime une femme de cette tribu; car parfois l'oreille aime
avant les yeux.
Ensuite Zal quitta son campement et parcourut les provinces de
son royaume, tandis que son cœur était retenu à Kaboul. L'amour de
Roûdhàwadh dominait toutes ses pensées, sa passion devenait plus
forte à toute heure et à tout moment, et combien plus en des mois et
des jours! Son cas ressemblait à celui du poète Qaïs al-Madjnoûn,
qui a dit :
.l'ai cornmencc à 1 aimer avant de connaître l'amour (jui, ayant rencontré un cœur
inoccupé, s'y est installé.
HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES. 75
J4^I Aj j<;j!îjj i^£\ ^^^ li**^ (j[ i4^-*-" '•=> Ô-^î '«>^ (^^-^5) '^•î
0Vp>^J^|j jL^jjj jL^^jj _^U.XàJ|j oiLvJI f^-*^ o>^^^ --5 '^v'6'>ià_> ^^À^
j, — *_*v <' ^:^L5J <jL;'>XjS^ U^LS'Jva; ^lijN 4JOoL A^^.^i^i A-*-^ 'Ol^-'o'
(" M j^. — ("^l C IJsaIï, m IJv*Lïj. — W M si*. — '■') Ces moU manquent dans (',.
— '^' (". oj^i i^rt-**» '■' -''"si plusieurs fois dans la suite. — '''' M oo-iail lil -jjJ' >^IW
Et quand il revint à Kaboul, il était flans \o cas de ce poète qui
dit:
Je ne suis pas venu chez vous .spontanément; mais l'amoureux, le pied le porte
là où tend le cœur.
Il dressa sa tente en dehors de la ville, en un endroit où il y avait
tout ensemble des jardins, des prés, des arbres, des ruisseaux, un lieu
de plaisance et un parc de chasse. Mihràb, comme précédemment, se
mit à ses ordres et le combla de prévenances. Zàl, de son côté, le
traita encore avec plus d'honneur et de familiarité qu'auparavant et le
prit en plus grande allection, à cause de l'amour qu'il avait pour celle
c[ui était derrière le rideau de Mihràb.
Un jour, Mihràb, revenant du camp de Zàl, entra dans l'apparte-
ment de ses femmes et se mit à causer avec sa femme Sindokht et .sa
fdle Roûdhàwadh. Sindokht lui dit : « Tu as quitté Zàl bien tard au-
jourd'hui, le jour étant déjà avancé. » — «Oui, répondit Mihràb, il
7(î HISTOlllE DES ROIS DES PERSES.
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«^ ) IS. >« • «cJl Isi-^i «LSJLô ^'is iJK ^ iSr-'^^ P^^ c>'''-^ f c^^
") Mss. ^^Ij. — '2) M ^ ^IX!j. — ' eu. — '•: M Uyii)L=w. — ^' Mss. o^Uj. —
a prolongé son entrelieu avec moi, puis il ni'a retenu à diner. » —
«Ce Zàl, rpiel homme est-ce, comment est-il de sa personne, quelle
est sa manière d'être? » — « Par Dieu, dit Mihràb, je n'ai jamais vu
un jeune homme jilus beau, plus viril, jilus sagace, plus noble, plus
intelligent, plus gracieux, plus aimable, plus pur! Mais, tout en étant
d'une beauté éclatante et malgré sa jeunesse, il est couvert de cheveux
blancs. » Quand Roûdhàwadh eut entendu de la bouche de son père
cette énumération des qualités de Zàl, elle se sentit prise d'amour
pour lui et cet amour surpassait en violence celui que Zàl nourrissait
pour elle. Ils étaient, l'un et l'autre, dans le même cas, de s'aimer
éperdument sans s'être vus ni rencontrés. Elle .souffrait dans son
cœur comme un feu ardent, passait ses nuits sans sommeil, luttant
contre sa passion, mais vaincue par elle et se résignant à sa défaite.
Enfin, à bout de patience, elle se vit contrainte à révéler son secret à
quatre esclaves d'entre ses suivantes les plus intimes. Elle leur dit :
« Si vous ne trouvez pas un moyen de me faire voir Zàl, je meurs de
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 77
(^L«_jSJa_Ll cuLl/oL^J! ^^y^j T'I^S^h o)'"^*^- ^->^-^ Ji-J^ U-' o)'^"'^^
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Jj^t (21H) J-CSÏ3 jr«-^ J^ J>-^' <-î:>|^ ^ J|^ ^jJi^3 Lgj j^J_!U.^j
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C'j jjjP^o J^lLo <jt ijLiJ ,^Jais: ^_;«^^ ^_5^l c^Ul t^^il» ij-» (?L^i-*-J aJ-*-'
^L-g-0 o-'^'V-V ^o^ ii^"^ ,0-^' o>"^ LaJoJI ^ v-i-âJ 4.' U ^^1 .•sIjLwJljK .
(•> C UjL^I. — :-^' Mss. yJUi. — ■■' M L-ju^^ Ij^i)!. — ') C y^^.
désir et de passion pour lui. » Ces esclaves se prosternèrent devant
elle et répondirent : « Nous sommes ta rançon, corps et àme, et nous
sommes prêtes à t'obéir. »
Ces femmes , ayant mis de beaux atours et s'étant parées, sortirent de
la ville et se rendirent à l'endroit où se trouvait le camp de Zàl. Elles
s'arrêtèrent devant sa tente entourée de jardins qui étalaient leurs
fleurs, et se mirent à en cueillir. Pendant qu'elles étaient ainsi occu-
pées, Zàl, de sa tente, les regarda et demanda qui elles étaient. On
lui dit qu'elles étaient esclaves de MihraJ). Alors Zàl se fit apporter son
arc et les flèches et, commençant à tirer sur les grues et les oies sau-
vages, il n'en manqua pas une seule. Les femmes le regardèrent pen-
dant que les pages allaient ramasser les oiseaux et les lui apportaient.
Elles demandèrent à l'un d'eux qui était ce tireur qui ne manquait
jamais son but. — « C'est, dit-il, le roi du Midi et du Zàboulistàn qui n'a
pas son pareil dans le monde. Mais vous, à qui appartenez-vous ? » —
«Nous sommes les esclaves de la fdle de Mihrab, roi de Kaboul, qui
n'a pas sa pareille dans l'univers. » Le page étant retourné à l'endroit
78 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
^ <X(6JVwO ^ — \t^ <JtJ>I J>-o-^ -p^is J\_g;JLi_f ^^j-sà^^J '^ >^ 1^ 4'Ltv
J..^' ^^"^ ^>t ^;)-ij5 -^''^^-X^ ^^^^ U-*-Ui« <_^|^''^t ^^J-U-âJ <lLvPl
''1 Os mots manquent clans M. — - M ^^»x^ . — ' Manque dans C. — ■ *) M (Ji^-^ ■
— '^' M l4ii.xi. — " M ciJlAi^lj.
OÙ se tenait Zàl, celui-ci le questionna et il lui répéta leurs paroles.
Alors Zal lit aj)porter de la garcle-robe quatre A'êtements de iirocarl
d'or et lui ordonna de les leur remettre et de leur demander de sa
part de faire le portrait de leur maîtresse. Le page alla, leur remit
les vêtements et leur communiqua le message. Les femmes pi-irent les
vêtements, les baisèrent, se prosternèrent en l'honneur du donateur et
dirent : '< Notre maîtresse est trop éminente, trop belle et trop parfaite
pour que nous puissions faire son portrait. Mais, si le roi tient à jouir
de sa vue, nous la lui ferons voir. » Le page ayant porté cette réponse
a Zàl, celui-ci lui dit : " Retourne auprès d'elles et dis-leur : « Si vous
•I me faites voir votre maîtresse, je vous donnerai tant d'argent que je
< vous rendrai riches. » Elles répondirent : 1 On peut compter sur nous,
nous sommes de bonne foi, fidèles à nos promesses. » Puis elles retour-
nèrent auprès de leur maîtresse et lui racontèrent ce qui s'était passé.
C'est ainsi que fut suggéré à Hoûdhàvvadh le moyen de se rencon-
Ireravec Zàl. Elle fit débarrasser une chambre qu'elle avait au palais, du
HISTOIRE DES UOIS DES PERSES. 79
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côté de la plaine, la fit orner, faire les préparatifs nécessaires et envoya
à Zàl une des esclaves qui lui lit promettre devenir au rendez-vous,
pendant la nuit, à rendroit cpii donnait accès à la chambre du palais
et lui en montra le chemin. Quand la nuit fut venue, RoûdJjàwadh.
avec les quatre esclaves, entra dans cette chambre, en lit lermer la porte
et monta sur la terrasse pour attendre Zàl. Celui-ci, lorsque tous ses
gens lurent endormis, se rendit, sous Tombre de la rtuit et accom-
pagné d'un seul page, jusqu'à l'endroit qui lui avait été indiqué et
s'y arrêta. Roûdhàwadh, le voyant du haut de la terrasse, dit : « Qu'il
soit le bienvenu, celui qui a pris la peine de diriger ses pas vers nous
et qui nous honore de sa noble présence!» Zal, ayant entendu ces
paroles pleines de coquetterie et respiré le doux parfum émanant d'elle,
faillit s'évanouir, succombant à la violence de l'amour et à l'excès de
joie qu'il éprouvait en obtenant ce qu'il avait tant désiré. U répondit :
«Qu'elle soit la bienvenue, cette voix délicieuse, telle que je n'en ai
jamais entendu ! Que je sois la rançon de la personne dont la parole
80 IIISTOIRK HKS KOlS DKS PKUSKS.
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a porté à son conililc mon amour! Mon oreille a été charmée; mes
veux auront-ils le bonheur de la voir?" Roûdhàwadh, détachant son
voile et mettant en liberté deux boucles de ses cheveux plus noires que
la nuit et plus longues que le soupir d'un amant, les laissa tomber de
la terrasse et dit : « Tu vas, ô roi, jouir de ce bonheur; aide-toi donc
de ces deux boucles pour monter. » Zàl, étonné de ces longs cheveux
qu'elle lui abandonnait si aisément, lui dit : « A Dieu ne plaise que
je les abaisse à un tel usage! » Dénouant son lacet, il le jeta sur un
des créneaux, s'en servit comme d'une échelle et fut auprès d'elle sur
la terrasse en moins d'un clin d'œil et d'un signe de la main. Ils
s'adressèrent les questions d'usage, se tenant embrassés, et finirent par
s'évanouir. Les esclaves les aspergèrent avec de l'eau de rose jusqu'à
ce qu'ils revinssent à eux, non sans peine. Puis elles Hrent descendre
Zàl dans la chambre, qui était comme une image du paradis; les
deux amants se virent à la lumière des cierges et ils furent plus heu-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 81
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reux par leurs veu\ qu ils ne l'étaieiil auparavant par leurs oreilles. Ils
rendirent ^j^ràces à Dieu de les avoir réunis. Ils passèrent la plus chaste
nuit, sans autre surveillant que leur noblesse et la pureté de leurs sen-
timents, se livrant à des doux propos, plus tendres que la plainte et
plus délicieux que le bonheur. Les coupes qui passaient et se suivaient
stimulaient une passion jamais languissante et faisaient apparaître le
fonds le plus intime de l'amour. Lorsque le matin fut sur le point
de paraître et qu'il fallut s'arracher à cet étonnant amour et à cette
ardente passion, Zàl se leva, ainsi que Roûdhàwadh et les esclaves qui
le reconduisirent à l'endroit d'où il était monté. Il descendit en se sus-
pendant au lacet et retourna à son campement.
Zàl fit appeler ses amis et ses familiers, leur fit part de son secret,
les consulta et leur demanda la voie à suivre pour chercher à obtenir
du roi Menoûdjehr fautorisation de s'allier à Mihràb en épousant sa
fille, ainsi que pour avoir l'approbation de son père Sàm et ne pas
encourir son mécontentement. Ces personnages gardèrent un moment
82 IIISTOIKK DKS ROIS ORS PERSES.
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le silence, puis délibérèrent pendant longtemps et lui conseillèrent
enfin d'écrire à son père, de l'informer de sa situation, de connaître
son avis et de lui demander d'obtenir du roi l'ordre de le satisfaire.
Zàl écrivit donc à son père, lui exposant avec ménagement ce qui
lui était arrivé, ainsi que son désir, et laissa entendre que s'il n'ac-
cédait pas à sa requête, c'est qu'antérieurement déjà il avait mal agi
envers lui. Après avoir cacheté la lettre, il la remit à un cavalier
emmenant un cheval de rechange, avec l'ordre de la faire parvenir
avec la plus grande rapidité. Le cavalier eut bientôt rejoint le camp de
Sàm à l'extrémité de l'Inde. Apprenant que le roi était parti pour la
chasse, il se mit à sa recherche en suivant ses traces. Sàm était monté
au sommet d'une haute montagne. Le vovant de loin se diriger de son
côté et inquiété par son arrivée, il envoya au-devant de lui un jiomme
pour le recevoir et lui montrer l'accès de la montagne. Le cavalier, se
présentant devant lui, mit pied à terre et lui rendit hommage. Sam lui
dit : « Avant tout, dis-moi si Zàljest en bonne santé. » — « Sois rassuré.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 83
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répondit le cavalier, il est en bonne santé et tout va selon son désir et
selon ce que lu désires pour lui.» Puis il lui remit la lettre. Sàm,
après l'avoir lue, se mit à rire et dit : "Celui qui a eu pour nourri-
ciers des oiseaux et pour berceau des montagnes peut seul adresser à
son père une telle demande. Je voudrais savoir, dans le cas où je lui
permettrais de s'allier à Mihràb, ce qui, de son union avec cette fille
de Kaboul de la race de Dahbàk, il pourrait naître, si ce n'est qu'un
Satan rebelle! Puis il monta à cheval et retourna à sa demeure et
passa toute la nuit dans l'insomnie, comme un homme blessé, tant
ses pensées étaient troublées. Au matin, ayant fait appeler les astro-
logues et les mages, il leur donna l'ordre d'observer les constellations
pour connaître les suites de cette union. Ils se retirèrent, firent leurs
t)bservations, méditèrent et considérèrent l'affaire en tout sens; ils
finirent par savoir comment elle tournerait et en avoir une claire con-
ception. Ils se présentèrent devant Sàm et lui firent connaître l'heu-
reuse fortune qu'ils voyaient attachée à cette alliance, son heureux
début et son excellente issue. Ils lui annoncèrent qu'il naîtrait à Zàl de
la fille de Mihràb un fils qui serait hors de pair en fait de force et de
84 lUSTOIRK DES ROIS DKS PERSES.
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vaillance et par son éminente joosition; nul comme lui ne réduirait les
ennemis, remporterait de si éclatantes victoires et serait l'appui des
rois; nul n'aurait une si grande renommée dans le monde et laisserait
un nom aussi impérissable. Sàm reçut ces révélations avec joie et donna
aux astrologues des robes d'honneur et des présents. Puis il répondit
à la lettre de Zàl en ces termes : «Mon (ils, tu as bien tort de laire
une telle demande. Mais j'y consens, je veux te contenter et taire selon
ton désir et ta volonté. Maintenant je vais me rendre à la cour du
roi Menoûdjehr et faire le possible et l'impossible pour réaliser tes
vœux. Que ces paroles te sulïlsent! » Il cacheta la lettre et la remit au
messager qui avait apporté la lettre de Zàl et lui fit donner des pré-
sents. Ensuite, après avoir pourvu au commandement de son armée
pendant son absence, il se mit en route avec sa suite et se dirigea à
grandes journées, en traversant le Kermàn, vers la cour du roi, qui
se trouvait dans le Tabnristcàn. Zal, ayant reçu la lettre de Sàm el
après l'avoir lue. lui r'ciiij)li de |oir et accomplit ses vœux.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 85
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Une feninn', qui avait ses entrées de temps en temps auprès de Sîn-
dokht, servait d'intermédiaire entre Zàl et Roûdhàwadli. Cette lemme
fut chargée par lui de porter à celle-ci l'heureuse nouvelle. Il lui donna
son anneau qu'elle devait remettre à Roùdhàwadii à titre de souvenir
et lui rapporter le sien en échange. Cette femme donc vint annoncer
la bonne nouvelle, remit l'anneau de Zàl et prit l'anneau de Roû-
dhàwadh. Quand elle voulut s'en aller, Sîndokht, qui avait sur elle
des soupçons, lui dit: «Eh! drôlesse, auparavant tu ne venais chez
nous que de temps en temps; à présent je te vois venir souvent chez
ma fille et avoir de lontrues conférences secrètes avec elle. Dis-moi,
sans mentir, ce qui se passe entre vous.» La femme répondit : «Je
lui avais apporté un collier que je lui ai vendu. » — « Montre-moi
l'argent qu'elle t'a donné. » — « Elle doit me le payer demain. » Sîn-
dokht, convaincue qu'elle mentait, la saisit par les cheveux, la ren-
versa, la fouilla et trouva sur elle l'anneau de sa fille. En proie à une
extrême agitation et éperdue d'inquiétude, elle fit fermer les portes
86 IIISTOII\K DES ROIS DRS PKHSES.
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t'i M i^li-jj^!. — Pi Mss. JuJ^. — ") M ^<p-yjJj yï. — (■') M c:*Jj. — !■') Mj^^y.
et s'adressanl à Roùdhàwadh, elle lui dit : «Je ne l'aurais pas crue
capal)le, ma flHe, d'une telle action.» Roûdliàwadli soupira, pencha
la tète et ne répondit que par des larmes, telles les perles d'un collier
défait qui se répandent sur des feuilles de roses. Sa mère insista :
" Dis-moi la vérité et tu n'auras pas de reproches. » Alors Roùdhàwadh
lui dit : «Oh! que lu ne m'eusses jamais mise au monde, ou que je
fusse morle lorsque tu m'as donné le jour, ou que, n'étant pas morte,
je n'eusse jamais entendu parler de Zàl et (pie je ne l'eusse jamais
vu! » Elle lui raconta alors exactement ce qui s'était passé entre elle
et Zàl, et comment la femme était venue lui annoncer que Sàm était
allé demander au roi d'autoriser cette alliance. Sindokht dit : « S'il en
est, ma fdle, comme tu me l'affirmes, je suis contente et heureuse.
Mais le roi approuvera-t-il jamais ce mariage? Pourtant, puisque tu y
es fermement résolue, je n'épargnerai rien de ce qui pourra conduire
à réaliser ton désir. »
Après avoir laissé partir la femme, Sindokht se retira dans ses ap-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 87
1 I *
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(" MJu.^ jsï. — '■^) C L:^; M JJ LooJi Jl^ .— ') CJuiyw. — '^l CUi.— ^> Cit.
partenionts. Elle y était assise, accablée de soucis et d'appréhensions,
lorsque bientôt Milirab entra chez elle. Il lui dit : " Puissé-je te servir
de rançon ! Qu'as-lu } Qu'est-ce qui t'a ainsi troublée ? » Elle répondit :
« J'étais montée sur la terrasse et j'ai contemplé tout ce que Dieu nous
a donné, ici autour de nous, maisons et palais, clients et serviteurs,
Jîétaii et tous les autres biens. Alors j'ai songé qu'il faudra quitter
tout cela, et cette pensée m'a rendue triste.» Mihràb dit : « U y a
longtemps, ce n'est pas d'aujourd'hui que l'on connaît cette condition
du monde et que son cours a été fixé. Il t'est arrivé autre chose; n'en
fais pas de mystère pour moi et dis-moi la vérité. Je suis là pour te
soutenir. » Alors Sîndokht se dit en elle-même : C'est là une affaire
qui ne saurait rester cachée et il n'y pas de secret pour Mihràb; il
vaut mieux que je lui révèle l'aventure, que je lui fasse part de ce
que j'ai appris et que j'allège mon cœur en lui faisant partager ce
grave tourment. Elle se leva, pleura et se prosterna devant lui et lui
dit : « Sache que le fils de Sàm a séduit notre fille, qu'il la veut pour
88 HISTOIHK OKS FiOIS DKS PKRSES.
4 9 A ^ J^-***-' >r-'~''« * ^«■>^-C>J| <JJs2fc.U t_>lv_g^ <L«Lo c^-^yoLiLJ <Csîfc.Lsa_>
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' Manque dans M. — (-) C ^jl. — '•'''> Mss. ^ (M ylJ^^J' lo^^- — ''* C tjs^jy.
sa femme et qu'ils se sont accejîtés réciproquement. » Mihràb fut con-
sterné; pris de fureur, il se leva, tira son sabre et courut chez Roû-
dhàwadh pour la tuer. Sîndokht, s'attachant à lui et l'adjurant au nom
do Dieu, lui dit : « Ecoute une seule ])arole, tu feras ensuite ce que tu
voudras. » — "Laisse-moi, cria Mihràb, me délivrer, moi el toi, de
celle qui a ])iétiné sur notre sang et qui a tâché de nous déshonorer! »
— '< Aj)prends, répliqua Sindokht, que Sàm est informé, qu'il consent
de grand cœui-, cjuil vient de se rendre pour cette affaire à la cour du
roi Menoùdjehr et qu'avant peu il viendra chez nous pour conclure le
mariage. » — « S'il en est comme tu dis, répartit Mihràb, ce serait un
événement dont il faudrait rendre grâces à Dieu et se réjouir. Mais je
ne suis pas assuré que les choses se passeront ainsi; je crains le mé-
contentement du roi qui pourra causer notre perte. » Il rentra dans
ses appartements, résigné à accepter ce que déciderait le Destin et
s'en remettant avec confiance à Dieu.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 89
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^ji— >>-T^ ^j — A__» 1 — fwi <_*-^ |j-s-^l (^^^ l^j^:^ ^IfÂ-J! ^U^l 3 j^y*
La nouvelle de cette aventure se répandit et parvint avant l'arrivée
de Sàm à la connaissance de Menoûdjehr. En apprenant que Sàm
était en route, le roi dit à ses familiers : « Il Aient peut-être afin de
demander l'autorisation pour Zàl de s'allier à Mihràb, descendant
do Dahliàk. Je ne saurais approuver une telle union, considérant les
suites lâcheuses qu'elle peut avoir; car je crains qu'il n'en sorte un re-
jeton avant la nature deDaliliàk, qui rallumerait la guerre civile que
je n'ai éteinte qu'à l'aide de cent mille épées. Les courtisans dirent :
« L'avis du roi est le plus excellent et le plus juste. » Lorsqu'il fut informé
que Sàm était entré dans le Djordjàn, Menoûdjehr envoya au-devant
de lui son fils Naudhar avec les principaux officiers de l'armée. Nan-
dhar devait le. saluer de sa part, lui exprimer combien il désirait sa
bienheureuse visite qui sera pour lui comme une vision d'Afrîdhoûn ,
et lui dire qu'il comptait les heures jusqu'à son arrivée. Naudhar
s'étant mis en route avec les principaux chefs d'armée, les deux partis
se rencontrèrent à la frontière du Djordjàn et du Tabaristàn. Les
90 I1IST()II\K DKS ROIS DF.S PERSES.
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il^:_ji_J! Lc^. j._«_'l ^ ^Lci 'ji «coiUi Jw>J.Lj <AUj ^LtUL Al
clipfs d'armée mirent pied à terre devant Sàm, qui, à son tour, des-
cendit devant Naudliar. Ils se touchèrent la main, s'adressèrent les
questions d'usage, puis remontèrent à cheval. Lorsque Naudhar, après
l'avoir salué de la part du roi, lui communiqua le message dont il
était chargé, Sàm descendit une seconde fois et se prosterna, le visage
tourné du côté du Tal)aristàn. Ils se mirent ensuite en route. A une
certaine station, Sàm reçut ses hôtes dans sa tente, les traita magnifi-
quement et respectueusement, leur donna un hanquet et offrit à chacun
des cadeaux qu'il avait apportés (h' l'Inde. Le lendemain malin, on
continua le voyage vers la résidence. Quand ils lurent arrivés à la
cour, le roi donna audience à Sàm qui, en se présentant, se prosterna
devant lui. Menoûdjehr l'écouta avec attention, le fit asseoir à côté
de lui sur son trône, lui souhaita la bienvenue et le questionna sur les
incidents de ses tournées et sur ses campagnes. Sàm lui en lit un
récit qui lui causa une grande satisfaction. Le roi le retint à diner et
à boire avec lui. Le h-ndemain, il l'invita avec les chefs d'armée et
les principaux personnages; on mangea, on but et on se divertit.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 91
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'i C A:>^}\y.}. — '-' C pli. - ■" M JUj. — * M Ul^.
Sam resta à la cour du roi quarante jours, le vovant matin et soir,
mais n'ouvrant absolument pas la bouche sur l'objet de sa visite; car
avant appris ce que le roi avait dit, peu avant son arrivée, au sujet de
Zàl et de Mihrab, il n'osa pas l'en entretenir le premier et garda le si-
lence, il demanda ensuite l'autorisation de partir. Le roi la lui accorda
et le fit revêtir d'une robe d'honneur; puis, quand Sàm se présenta
pour prendre congé, il lui dit : « H faut que tu fasses passer au fil de
l'épée Mihràb, le roi de Kaboul, sa famille, ses alliés et toute sa race;
que tu les extermines et que tu détruises leurs demeures; il ne faut en
laisser aucune trace et confisquer leurs biens; car ils sont de la race
de Daldiàk et il n'v a pas de sécurité contre leur mauvaise nature
et leur perfidie; je crains de leur part quelque événement qu'il nous
sera difficile de réparer. « — « Les ordres du roi seront obéis » , ré-
pliqua Sàm et sans rien ajouter il partit pour sa province. Zàl, accom-
pagné de ses gens, s'étant porté à sa rencontre, apprit, avant de le
voir, ce que l'on rapportait sur Mihràb et l'ordre du roi le concer-
92 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
U!iUo LaJjJ! *L.->i> ç_c\^j <::,/->^j Lç ^y-l <.à^ »;:-J>LvaJ ^Lol-o ^ >^\
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f' c **yi. — 1-' \\ is^f. — ''> c iii ^. — w Mss. jUi. — (5) c i^uX.. —
'**' Mss. Vt^r- oJU. Il manque peut-être une réplique de Mihràb. — '"' C UJuwil.
nant. Alors la terre, si vaste, lui devint étroite et le monde lui sembla
plongé dans l'obscurité. La nouvelle étant parvenue à Mihràb, celui-ci
fut anéanti et frappé de stupeur et il se laissa aller au désespoir. Il dit
à Sindoklil : «Je t'avais bien prévenue des suites de l'affaire dans la-
quelle tu t'es engagée; j'avais vu derrière un mince voile ce qui arrive
aujourd'luii. Si lu m'avais laissé faire quand mon intention était de
tuer Roûdhàwadh, le roi aurait été satisfait de moi. Maintenant il
faut que tu te prépares à fuir avec notre fille dans quelque contrée
éloignée. » Elle répondit : « Si tu m'autorises à agir comme je l'entends,
je te délivrerai et me délivrerai moi-même de cette calamité, par la
volonté de Dieu et avec son aide, et tu apprécieras mon mérite d'avoir
su éloigner le malheur, n — « \h's richesses et mes trésors, répliqua
Mihràb, sont à ta disposition, fais-en ce que tu voudras. » Sîndokht se
prosterna, puis se prépara pour aller trouver Sàm, disposa les ri-
chesses et les objets précieux qu'elle jugeait bon de choisir et, s'étant
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 93
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munie de ce qui était nécessaire pour le voyage, elle partit avec ses
suivantes et ses esclaves pour la cour de Sàm .
Avant l'arrivée de Sindokht, Zàl alla trouver son père et lui rendit
ses hommages. Sàm se leva et alla à lui, baisa sa tête et ses yeux et le
fit asseoir devant lui, admirant sa beauté et son esprit. Il lui dit :
« Mon fds, comment te portes-tu.** » Zàl répondit : « Comment peut se
porter celui dont les amis les plus chers ont été voués par toi à la
mort et sa famille à fextermination, celui qui a été ton fidèle lieute-
nant et a strictement exécuté tes ordres et que tu récompenses en te
plaçant entre lui et le noir de son œil, entre lui et le fond de son
cœur, le réduisant à un état où il préfère la mort à la vie ? » Sàm laissa
tomber sa tète sur son genou et, les yeux baissés, réfléchit longtemps;
puis, levant la tête, il dit : « Mon fils. Dieu agira, te délivrera de tes
soucis et te fera atteindre ce que tu espères. Quant à moi, je n'épar-
gnerai aucun eUbrt pour fléchir le roi Menoùdjehr, pour faire tomber
son ressentiment et gagner sa sympathie. Que ton esprit se calme
.J. .
Qk HISTOIKK DKS ROIS DF.S PERSES.
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et que tes craintes se dissipent!» Zàl se prosterna devant lui; son
cœur fui un peu soulagé et les larmes de joie coulèrent de ses yeux.
Il rentra dans sa tente et écrivit à IMihràb, lui faisant ])art de la lueur
de joie qu'il venait d'apercevoir et du doux arôme de contentement et
de bonheur qu'il venait de flairer; il lui conseillait de demeurer tran-
quille et rassuré jusqu'à ce que Dieu permit que l'aflaire fût menée à
bonne lin. Il retourna ensuite saluer son père et lui parla longuement.
Sàm, ayant bien réfléchi et considéré l'alTaire sous tous ses aspects, ré-
solut d'envoyer Zal à la cour du roi ]\Ienoûdjehr, de lui écrire à son
sujet et de solliciter respectueusement la grâce de Mihràb et de sa
famille. Zal se leva joyeux et content, fit ses préparatifs de voyage et
demanda à son père d'écrire la lettre intercédant en sa faveur et réu-
nissant toutes les conditions d'insistance et de pleine persuasion. Et
il partit, marchant avec rapidité, luttant de vitesse avec les oiseaux.
Après le départ de Zal, Sindokht arriva au pavillon de Sàm et de-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 95
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— :^i C LàAj,. — <■■> Mss. jJUîj.
manda audience. Sàin ayant consenti à la recevoir, elle entra dans sa
salle d'audience, se prosterna et répandit 'devant lui des jo vaux pré-
cieux et rares, dont il fut tout à fait ravi n'en ayant jamais vu de pa-
reils. Elle lui oiïVit une bague de rubis rouge dont l'éclat changeait
la nuit en jour et demanda l'autorisation de présenter les objets
dont elle était accompagnée et qu'elle apportait à titre d'offrande.
L'une de ses esclaves, sur son ordre, étant allée les chercher, toutes
les esclaves entrèrent portant des vases d'or incrustés de perles et
de rubis, des riches étoffes de brocart d'or, des boules d'ambre, des
cassolettes de camphre, des coupes remplies de coraux et de tur-
quoises, des magnifiques lames indiennes, le tout parfaitement beau
et admirable à voir et d'un effet charmant. Sàm lui dit : «Tu as,
noble dame, dépassé les limites de la libéralité pour tomber dans la
prodigalité; tu as complètement dépouillé Mihràb. Si je ne craignais
de t'affliger et d'être mal compris de toi, certes je refuserais ces
96 IIISTOIRK DKS ROIS DES PERSES.
^s-sJI, <' ei>>>v^î^ LfcLJLâJ Ls^N-^jj <.fcljCL«ki L^î^ LfcU-^ LgxLo (^^LSj,
j^j_> j3j ;-•: «UjLJ! ^;J--v^ <^IjJL tOp^ls * ^'LiLo J ^...^1 Ji}[jû>\
^ J, U ^ Svjfi'w^l J-ji. Lvy^i3^ 4->^]^l^t Li^ J!) ilt \i>\j r^
L4-0» oU^vXis: J^t (^ cîL_>Ut ,;^^x^! •^l'^jij (*''(;^l-vi ^j^L^ t^Li-^c
«dj c:..^^;,... -fcl J^ii 4' "^^l-gj ^ u 4-cLiaJL ÎS_JwJ| (^ LfcJv^^ ^JsXCj
cadeaux. Je les accepte pour te faire plaisir et afin de te rassurer. «
Sindokht se prosterna et le remercia; puis elle dit : «Je peux me
dispenser, ô prince, de formuler ma demande, puisque tu connais
ma situation. « Sàm répondit : «Je ne sais ce cpii est plus admirable,
de ta manière d'agir ou de parler. Sache donc que vous n'avez rien
à craindre et que tout finira bien. Zàl s'est rendu k la cour du roi
avec la lettre et le message que je lui ai adressés à votre sujet, et il me
semble déjà Aoir paraître le succès. Quand Zal sera de retour, nous
achèverons cette union et conclurons le mariage. Tout ce que je pos-
sède est à vous; ne me considère pas comme un étranger. Je veux au
plus tôt réjouir mes veux par la vue de Roûdhàwadh. » Sindokht baisa
la terre et dit : « Si je te voyais chez moi comme mou hôte, ce serait
une grande satisfaction pour moi et j'aurais atteint tous mes désirs.
Roûdhàwadh est une de tes servantes, et qui mérite mieux qu'elle de
te senir? Nous sommes, moi et elle, entièrement à tes ordres. » Sàm
dit : « Que tu es donc parfaite ! " Il fit remettre les cadeaux qu'elle
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 97
S-
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J_s». .,::./ — ^ii__J^ -.[_*« ijilpw J,| t^.XX L^I 'J <->^ r^\j\j <-sL9 t^jJ U
avait apportés au trésorier de Zàl et n'en prit pour lui que la bague
qu'il avait mise à son doigt; puis il donna des ordres pour que Sîn-
(lokht et sa suite fussent logées dans le meilleur pa\411on, qu'on lui fît
porter dos provisions et de nombreux présents et qu'elle fût traitée
avec le plus grand apparat. Sîndokht, portée par l'aile de la joie,
courut vers la demeure qui lui avait été préparée et écrivit à Mihràb
ce qui devait réconforter son cœur et dissiper sa peine. Le lendemain
matin, elle se rendit au pavillon de Sàm, lui présenta ses hommages
et demanda la permission de s'en retourner et de préparer sa récep-
tion. Sàm consentit à sa demande, la fit revêtir de magnifiques robes
d'honneur, lui fit de nombreux présents, lui accorda son appui et
lui donna l'assurance qu'il tiendrait les engagements qu'il avait pris
envers elle; enfin il lui remit pour Mihràb une lettre dans laquelle il
lui disait ce qui devait mettre son esprit en repos et lui ôter toute
inquiétude.
98 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
^j< i_>it ^ ^> >Xje_> ^v^ fj '^•^' J^XvaJI ^ ,_<v2j\|j ^'^-J'is JvX^^ajU.!
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;■) Manque dans C. — -■ M Silsl. -- ^ C t_,]j-iJL,. — '' M Ul^é. -^ •• AI J^.
ARRIVEE DE ZAL A LA COUR DE MEiNOUDJEHR.
IL S'EN RETOURNE AVEC PLEIN SUCCÈS.
Zàl, olant arrivé à la cour et ayant obtenu audience, entra et se tint
prosterné et baisant la terre devant le roi. Celui-ci le fit approcher, le
reçut avec honneur et lui demanda de ses nouvelles et des nouvelles
de son père. Zàl ayant réponflu convenablement, lui présenta la lettre.
Le roi, y ayant jeté un coup d'œil, se mit à rire; puis il lit apporter
le repas et mangea avec lui; ensuite, ayant commandé le vin, il Init
en sa compagnie. Le lendemain il l'emmena à la chasse, où il afl-
mira son adresse. En n'importe quel genre de talents qui distinguent
les princes et où il le mettait à l'épreuve, il le trouva parfait. Il fui
enchanté de lui et l'aflectionna de plus en plus. Après un mois, Zàl
demanda la permission de partir, parlant de son désir de revoir son
père. Le roi dit en riant : « Ce n'est pas ton père que tu désires revoir,
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 99
\-lS U* pjJl UoLc[5 Lg^ ^Jjr^l J ^' Uit Joj l.g^ ^ 4!| JjLo
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^1 wS'iv-Ol *'"?«^ W"0-\.AX o>"^ J^-N-*-' •\^r'' "^-i-Lc J^-S^]î <.^_iL> t_)|sjJ!
iiKii^ la lllle de Miliràh. Que Dieu te bénisse par elle! Nous te per-
mettons de l'épouser, nous faisons grâce à la famille et révoquons
l'ordre que nous avions donné à son sujet.» Zàl se prosterna, puis
regagna son pavillon. Menoûdjehr donna l'ordre de le revêtir d'une
robe d'honneur, d'entourer son départ d'un grand apparat et de pré-
parer une réponse j)our son père lui accordant ce qu'il avait demandé.
Après s'èlre |)rès('nté à la cour et avoir pris dûment congé du roi, Zàl,
poric ]i;u- l'amour, lit route pour rejoindre son père. Celui-ci, informé
de son retour, envova à sa rencontre les gens de sa maison. Tout le
Zàboulistàn et le Kàboulistàn étaient en eflervescence, se réjouissant
de son arrivée. Quant à Miliràb, son bonheur était complet; car c'était
pour lui le salut, la vie recouvrée et la gloire par une alliance illustre.
Quand Zàl se présenta chez son père et entra dans sa salle d'audience,
il baisa la terre devant lui. Sàm alla à lui et le baisa entre les deux
veux. Le messager, chargé de porter la bonne nouvelle, étant venu
au palais de Mihràb annoncer le retour de Zàl et l'heureux résultat
de son voyage, des cris d'allégresse y retentirent; Sindokht faillit s'en-
i3.
100 IIIS'IOIUK DES ROIS DKS PERSES.
w.^ J-^sJLJ <^Js:i^ <jL^P| ^ i_j|j_g^ IjOla-BJCa^,! LftlsvLi
w- i'L.<S-L_c ' J JLils J'j ) ^Lw JyJj 4_w«JLoo L.g^ .\L>oil \j_vi>j 4«^yi^
voler en extase et RoiulliàNvadli, tantôt cachait sa joie, tantôt îa faisait
paraître; tantôt son cœur était trop étroit pour contenir son allégresse,
tantôt assez large pour la supporter.
Ensuite Sàm et Zàl, à la tète de leurs armées, se mirent en route
pour la résidence de Mihràb. Lorsqu'ils en approchèrent, Miliràh
vint à leur rencontre avec ses olllcicrs et ses serviteurs, mit pied à terre
l't li'ur présenta ses hommages. Zàl descendit également de cheval (!l
lui ten(Mt la main; ])uis ils remontèrent, avancèrent avec Sàm, à la tète
de leurs troupes, et traversèrent la ville de Kaboul, décorée de bei-
ceaux et pavoisée d'étoflès de soie aux couleurs brilhintes el de bro-
cart, au son des luths et des trompcîttes et sous une ])luie de ])ièces
d'argent et d'or. Ils arrivèrent ainsi au palais de Mihrab. JSindokht
s'était évertuée à orner les salles et les appartements; il semblait que
les merveilles du monde y étaient étalées et que les images des jardins
du Paradis y étaient peintes. Lorsque Sàm et Zàl descendirent de
cheval, on répandit sur eux des oflrandes tombant plus denses que
les flots d'nn torrent ou les grains d'une avalanche de sable. Sàm dit :
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 101
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*L_tw — Il <.:jiLai^ f^y^' f^}j >Xi«JI cjSva^ls S:>Ljt..iJ| i|>X_jv_*vL S>Li^w*v^L
" Je ne veux. ])as nrinstaHer avant d'avoir eu la joie de voir l'illustre et
noble Roùdhàwadli. » Sîndokht le conduisit dans une chambre dont
les murs étaient dorés et qui était couverte de tapis tissés de i'or le
plus pur. Tel était le lieu où se levait cet astre, rival du soleil, lune de
la terre, image de la Beauté, portrait de la Perfection, Roûdhàwadh,
qui se prosterna devant Sàm. Celui-ci, lui entourant la tête de ses
manches, l'endorassa; puis il lui présenta un collier qui, dans ses
rubis et ses perles, de la grosseur d'œufs d'oiseaux, renfermait les
merveilles du siècle et les revenus du royaume. Il fit des vœux pour
elle et dit : « Par Dieu, je n'ai jamais vu une femme pareille ! » Il re-
gagna l'appartement qui avait été préparé pour lui et dit à Zàl : « Mon
fds, tu as fait un excellent choix; la réalité est au-dessus de la renommée.
Fasse Dieu que vous soyez longtemps heureux l'un par l'autre! » Puis,
ayant fait appeler Miliràb et Sîndoklit, il leur dit : « Nous allons com-
mencer par invoquer les heureux auspices et par former les vœux de
bonheur! » On procéda à la conclusion du mariage selon la coutume.
102 IIISTOIRK DKS IlOIS DKS PKUSKS.
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j — 1 — -^ J)\\ ^J — à — oj iv^'LàJO' jL^I^* j^'lSvCj ^^j_*vL^Jj^ t_>^L^ïO jbjj|j
MaïKjur dans M. — - Man(|iu' dans C. — '^' Manque dans (1.
et la quanlilé d'or qui pleuvait des murs du palais faisait oublier les
averses et les ondées des nuages. Puis on dressa les tables d'or chargées
des mets les plus exquis et les plus rares. Sàm , Zàl et les principaux
chefs d'armée restèrent au repas jusqu'au moment où la tunique du
soleil devint jaune, puis ils se rendirent dans la salle du banquet. On
donna à manger à tous les hommes de leur armée, sans exception, et
tous reçurent une large hospitalité. Cela dura ainsi quarante jours. Sàm
quittait un jardin de plaisance pour entrer dans un autre; il faisait
honneur à tous les banquets, soit dans les appartements, soit sous les
ombrages : les coupes circulaient, les cordes des instruments réson-
naient, les divertissements a])ondaient et les plaisirs se suivaient. Quand
Zal fut seul avec Roûdhàwadh, ralléclion des deux amants augmentait,
leur amour redoublait et leur passion prenait de nouvelles forces.
Sàm demanda à Mihràb de rendre son bonheur complet en fac-
compagnant dans le Nimroiiz. Mihràb ayant consenti, tous ensemble,
Sàm, Zal, Mihràb, Sîndokht et Roûdhàwadh avec leurs gens, leurs
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 103
^J Sjp_j> — w s^jJl ciJ-ii ]x>T^ -^ \jsXjiJi^j iLtj\js>^ aJJ^j |?LovXà..
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J (3) i — Wjj Â_>sy_S=.t ^ g -^. ^1 — w csviîJLs <i^UI ^U4j SvX;^!
Manque duns G. — f^' G pUjt. — ^' G LjiJL,^. . JI)^ pL-,.
(1)
sorvltours, leurs pages et leurs esclaves firent leurs préparatifs de
(If'part. Ils se mirent en route et le monde semblait marcher dans ses
[)lus beaux atours. Ils voyageaient d'étape en étape, les gouverneurs et
les chefs des populations venaient à leur rencontre avec des présents
et des provisions et ils arrivèrent ainsi dans la capitale du Sedjestàn,
qui était décorée et ornée; ils la traversèrent sous une pluie d'or que
l'on versa sur eux et descendirent au palais de Sàm, où ils s'instal-
lèrent dans les superbes appartements et dans les magnifiques jardins.
Sàm exerça à leur égard fhospitalité la plus large et les combla d'at-
tentions et de bontés, et ils menèrent pendant quelque temps la
vie la plus délicieuse. Puis Mihràb avant demandé la permission de
s'en retourner, Sàm lui dit qu'il ])artirait avec lui. Il le fit revêtir de
magnifiques robes d'honneur, lui fit des cadeaux nombreux et le pria
de laisser Sindokht demeurer une année avec Roùdhàwadh. iMihràb
consentit et partit avec Sàm. Zàl, après les avoir accompagnés, prit
lO-'i IIISTOIRK DES ROIS OES PERSES.
^1 ^L_*v jJooU .-! J>jL>o t_>L.g^ Jw^a.2fc^ Lfcj^-fOLj .ilSsj» L^ (i)ai LaJ^I
L iji — a>.|j Lg^wwL^ ^ y3u ^-^-iX^ i3~** l-^-î^-s^ '-4''^ J^4-*- ,^-^5
Ci Manque dans C. — f^' C jSlÇ. — (^l Manque dans C. — ('' C ^bj\y.
congé d'eux et revint dans le Sedjestàn, heureux à la fois d'être maître
du royaume et de son mariage avec Roûdhàwadh, qui résumait pour
lui le monde et qu'il n'était pas éloigné d'adorer. Mihràb arriva à Kà-
l)()ul et Sàm continua sa route jusque dans le cœur de l'Inde.
NAISSANCE DE I\OUSTEM. IL ATTEINT L'ÂGE VIRIL.
Ensuite Roûdhàwadh devint enceinte. Elle avait une grossesse
comme n'en avait jamais connu aucune femme et qui lui causa des
angoisses extrêmes, qui la fit dépérir, fit évanouir sa beauté et pâlir
ses joues et lui rendit imj^ossible tout mouvement, de telle sorte
qu'elle fut sur le point de mourir. Le temps de faccouchement étant
arrivé, elle mit au monde, après les plus grands elïorts et de grandes
douleurs, un enfant, beau comme un quartier de lune, fort comme
un lionceau. Zàl en fut ravi et transporté de joie et il distribua des
aumônes aux pauvres, rendant grâce à Dieu pour la naissance de son
fils et pour la conservation de la mère. Il nomma l'enfant Roustem et
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 105
^...jlX j3s-JL Lj^j Ss^l ,j_:k. Lj-^iiij 4I lyufcls .i^ji^t :i)jJJL As-i^-^->
J,l <_>Lv.*J| t_9^_v3^ <j;^^ ^l 44> -fcL JwoLj f-^y^ '*^-i>^Jr'. Jh J>' f*^
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^ ^J^^^l U ^*Lv jr-^J "W* JU"^! ej.>— £j U A)^Ui <>^ ^-jUc
annonça la naissance de l'enfant fortuné à Sàm et à Mihràb. Ceux-ci,
dans leur enthousiasme, oUrirent des actions de grâces et accom-
plirent des vœux. Sàm adressa à Zàl au sujet de Roustem des con-
seils, lui recommandant de le bien élever et d'en avoir le plus grand
soin; car, disait-il, c'est ce fds dont la venue de bon augure, la
naissance fortunée, l'éminente grandeur et les hauts faits nous ont été
annoncés.
Lorsque Roustem eut grandi, Sàm, poussé par sa vive affection
pour lui, accourut dans le Sedjestàn. En le voyant, il fut tout à fait
charmé et dit à Zàl : "Je rends grâce à Dieu pour le bonheur que
j'ai eu en toi et par toi et qui me vient de toi. Tout ce que je vois, la
beauté et les qualités de Roustem , les signes qui indiquent la grande
destinée qui lui a été promise, me comble de joie. Mais je sens, hélas!
les atteintes de l'âge et de la décrépitude et je crains bien que les mes-
sagers de la mort n'approchent ». Zàl dit en pleurant : « Non , Dieu pro-
106 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
^ ^^—A-Jj ^l u-^ 9 !| t_>!:>L t_>iUj» ^yJyJl JSjXJ]^ <ilLJl'L OLva^
'*' C /uJui'j ^ïviil- — '"' (>es mots niaiiquont dans (".. .M.jj^»^ au lieu de vfjj
longera tes jours et fera de nous tous ta rançon ! » Sàm fit ensuite
venir les cadeaux indiens qu'il avait apportés pour Koustem, pour
Zàl et pour Roûdhàwadh et, après leur avoir fait de touchants adieux,
il retourna à son campement dans l'Inde.
Roustem devenait de plus en plus beau et l'enfant devenait ado-
lescent; il acquérait la perfection en savoir et en vigueur corporelle.
Avec un corps d'éléphant, il avait la force du lion; il était mince
comme une lance, il était vigoureux comme un sabre tranchant. Il
joignait un esprit ferme à la douceur, la gravité à l'impétuosité; il
possédait tous les talents d'un cavalier accompli et surpassait les héros;
enfin, en sa seule personne il représentait une armée entière, une
multitude, ainsi que le montreront ses hauts faits qu'on lira ci-après.
FIN DU RÈGNE DE MENOL'DJEHR.
COMMENCEMENT DU REGNE D'AFRÀSIYÀB.
Menoûdjehr avait vécu longtemps, son corps était devenu faible,
ses membres étaient débiles et son règne déclinait. C'est alors qu'il
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 107
(2; Ji-jLlLo^ j_^' ^^2*. ':j\i J J-^'^il C_>l^t 41 ^l^/^i-ttJj <jLi »Ucj LiJsjJt
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^_5s — ^SsJI 4-cLiaJ| >^^^^[jl)j LjjJI ^c^/Ovia-v^lj t^Jj^-sl ^\yàJ '■^jj y'J '^ '^^
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(jls — j| Ov — ~a — a — > <-...-Q_> tjiLîO^ I <j| l.g--ij_«_> ^ cSr> ^ ^' o-j' "^-^^j
s'éleva un vent propice, dans le pays des Turcs, pour Afràsiyàb,
fds de Beschenk, descendant de Toûz, fds d'Afrîdhoûn, qui devint
puissant et qui vit s'ouvrir devant lui l'espoir de venger son aïeul
Toîiz et d'enlever l'irànschahr à Menoûdjehr. H enrôla et rassembla
des troupes, lit appel à ses alliés, fit ses préparatifs, donna cours
aux événements et commença les hostilités. Alors le monde fut boule-
versé, le jugement dernier se déchaîna et le peuple était dans une
extrême commotion. Afràsiyàb était un champion intrépide, un mas-
sacreur féroce, ou plutôt le mauvais génie parmi les hommes, le chef
des magiciens, le feu dévorant parmi les Turcs, le lion furieux dans
le royaume, la source du mal, le fléau de son temps. Il y a différentes
traditions en ce qui concerne la conquête de l'irànschahr. D'après
les unes, il l'aurait possédé alors qu'il tenait Menoûdjehr assiégé
dans le Tabaristàn, et le lui aurait restitué après la paix où il fut
convenu qu'il lui abandonnerait une partie du royaume égale à la
portée d'une flèche; et c'est alors qu'eut heu faventure du tir d'Aresch.
108 HISTOIRK DES ROIS ORS PERSES.
v_>l — * — J> — ?l ^^U <— v' j^y> r^J r^r^j-^ ^^j ^^-V ^t LfS!i^Ji-<>|j n-^
^Sj__*vi u|j ,^_à_*vL_i'Lj3 u'.Jj Lg.'^ jijpU (^_^^^^ <-*_**/ iv_.ik.£ t^5*-*-^1 Lg^Ji.^
i_>i)5sJj^ ^.:>-^l '■■;' :>!x>^ i_^^_il^ ,,;>-*-"-^l — LxÀ/o <j\sj
Selon d'autres traditions, Afràsiyàb ne songea à conquérir l'irànschahr
qu'après la mort de Menoûdjehr et l'avènement de son fds Naudliar,
et il le garda pendant douze ans, jusqu'à ce qu'il en fut chassé par
Zaw, fds de Tahmàsf. Quant à moi, je vais rapporter la relation la
plus complète et la plus intéressante; car si les jurisconsultes adoptent
habituellement le témoignage de celui qui donne les détails les plus
circonstanciés, à plus forte raison doivent le faire les historiens, qui
ne sont pas exempts de commettre des confusions et des erreurs.
Après un règne de cent vingt ans, Menoûdjehr désigna son fils
Naudhar comme son successeur et le déclara roi après lui; puis les
infirmités le conduisirent à la fin de ses jours et lui firent boire la
coupe du trépas. Sa mort ouvrit la porte à des troubles et à des guerres
et fut le point de départ de tribulations et de calamités.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 109
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REGNE DE NAUDHAR, FILS DE MENOUDJEHR.
Lorsque Naudhar monta sur le trône de son père Menoûdjehr, il
ne portait pas sur lui le reflet de la majesté divine. Il en était de lui
comme dit le poète :
Et tel d'entre eux dont le père est à son égard comme le feu cjue remplacent les
cendres.
Il y avait des troubles, ses frontières étaient envahies, ses ennemis
se mirent en mouvement, ses vassaux se révoltèrent. Alors Naudhar
écrivit à Sàm, l'appelant auprès de lui et lui demandant son assis-
tance. Lorsque Sàm, accourant à son appel, approcha de sa rési-
dence, les grands et les principaux dignitaires de l'Empire vinrent
à sa rencontre. Gomme il leur reprochait d'avoir trahi leur devoir
d'obéissance et les blâmait d'avoir provoqué la révolte, ils lui firent
connaître leurs griefs contre Naudhar; ils lui montrèrent son incapa-
no HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
cité et sa faiblesse et combien peu il était en état de porter le fardeau
du pouvoir, de bien diriger les affaires, de réduire les ennemis et de
rétablir l'ordre. Ils demandèrent à Sàm de prendre lui-même le pou-
voir, de ceindre la couronne et de restaurer l'ordre dans l'Etat, lui
promettant de se soumettre à son autorité, d'adhérer fermement à
son gouvernement et de marcher sous sa bannière. Sam, scandalisé
par leur langage, les désapprouva et dit : « Ne plaise à Dieu que mon
esprit puisse seulement concevoir une telle pensée! Tant que la pleine
lune du roi sera au sommet du firmament, maudit soit quiconque
suivra un autre! Que Dieu déverse son châtiment sur celui qui em-
brassera un autre parti ! » Puis, après les avoir admonestés et conseillés
et leur avoir donné les meilleurs assurances pour favenir, il s'avança
dignement et se présenta à la cour de Naudiiar; il lui rendit ses
hommages, lui jura obéissance et fidélité, s'employa à f aider et à le
servir, lui concilia les esprits et fit tout ce qui était possible pour raf-
fermir son gouvernement et le remettre à floi, n'épargnant aucun
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 111
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effort pour mettre ses affaires en bonne voie. H lui demanda ensuite
l'autorisation de retourner dans sa province, craignant, disait-il, que
son absence pût avoir des suites fâcheuses. Le roi la lui accorda et
le fit revêtir d'une robe d'honneur.
Après le départ de Sàm, le bâton qui avait été courbé se trouvait
redressé pendant quelque temps; puis l'Etat s'affaissa, l'Empire n'était
plus gouverné et se désorganisait de plus en plus. La situation devint
encore pire par l'entrée en campagne d'Afràsiyâb, qui franchit le
fleuve de Balkh à la tète d'une armée dont les colonnes nombreuses
se suivaient et les multitudes s'entrechoquaient comme les flots de la
mer.
HISTOIRE D'AFRÂSIYÀB. IL ENLEVE L'ÎRÂNSCHAHR À NAUDHAR.
Au temps où mourut Menoûdjehr et où Naudhar monta sur le
trône, régnait sur les Turcs Beschenk, descendant de Toûz, qui
avait trois fils, dont l'ainé, le plus avisé, le plus brave et le plus
énergique, était Afràsiyàb. Beschenk le désigna comme son succès-
112 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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plus loin owvi!; M |jJvj*'< ^jV;^'- — '' -^I iJ^I'j i.X«3l.
seur, le plaça à la tète du gouvernement et de l'armée, lui donna la
libre disposition de ses trésors et le pressa de marcher contre l'Iràn-
schahr, pour Aenger la mort de Salm et de Toùz. Cela répondait à un
ardent désir d'Afràsivàb lui-même de faire ce qu'il venait de lui ordon-
ner, et à son empressement de commencer les hostilités au plus tôt.
Il se mit à rassembler ses nobles guerriers, à ramasser ses hordes, à
entraîner après lui la population entière, grands et petits, nomades
et citadins, et à engager toutes ses forces pour poser les embûches et
fixer les guet-apens. Agrîrath, son frère, dit à Beschenk : «0 roi, si
Menoûdjehr a disparu de rîrànschahr, il n'y a eu qu'un seul homme
de moins; il v reste une population nombreuse, des preux guerriers,
des fougueux paladins, des héros illustres, des braves semblables aux
lions des fourrés, des champions hors ligne; je n'ai à ce sujet rien à
t'apprendre, et la preuve de ce que je dis, ce sont les violences qu'ils
ont exercées dans ce pays qu'ils ont foulé de la plus terrible façon
et qu'ils ont ruiné. Tu n'es pas prudent de provoquer le fléau qui
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 113
^-J^-C^t ^i'-A-l!| N-grk^j-i^ ^^ jïUt'Xv'-^vL ?Lv3lX ^J-ttUivJj ÂJC-i-i ^!il-i£wL
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dort, (le chasser la guerre de son gîte, d'attirer témérairement les
calamités et d'amener les dangers mortels. » Beschenk répondit : « Tu
as raison, mon fils; mais pour atteindre ce qu'on désire il faut courir
des dangers. L'occasion d'attaquer les Perses est favorable, à présent
qu'ils sont en discorde et divisés et que, à la place de Menoûdjehr,
le puissant lion, ils ont le renard ou plutôt le lièvre Naudliar. Voilà
Ion frère Afràsiyàb dans la force de l'âge, resplendissant de bonheur,
réunissant en lui les qualités du chef d'armée et du prince, capable
de soutenir la bataille et le combat singulier. La Fortune lui promet
de splendides et hautes destinées et il saura les atteindre par ses
illustres etforts et les éminentes quahtés qui le distinguent. Les occa-
sions passent comme les nuages. Se tenir en repos est le fait des
femmes et l'apathie est de la nature des animaux. Donc, ô mon fils,
suis le conseil de ton père et joins-toi à ton frère. Ne te contente pas
de ce petit royaume, dont tu ne pourras recueillir qu'un misérable
114 HISTOIRE OKS ROIS DKS PKRSES.
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— 5, M ^jji. — :") C L^Uz^I. — i"> -M »^L^. — i»' G ç.jUil.
canton. Porte tes ambitions vers rîrànschahr, l'étoile du front, le
nombril, le joyau, le point brillant de la terre, pays de grands reve-
nus, plein de ressources et de richesses et de choses précieuses. Em-
presse-toi et eiTorce-toi de conquérir l'opulence et d'obtenir la ven-
geance complète. » x\gnrath se prosterna devant Beschenk et dit : « Je
suis à tes ordres; obéissance à celui auquel il n'est pas permis de
désobéir!» Et se joignant à Afràsivab il lui prêta son concours et
suivit ses ordres.
Lorsque les froids furent passés, que la neige eut disparu et que le
printemps se fut épanoui, Afràsiyàb se mit en marche, le pays des
Turcs faisant sortir avec lui tout ce qu'il renfermait et tous ses guer-
riers. Il conduisit ses troupes vers le Tabaristàn , où se trouvait Nau-
dhar. Celui-ci s'étant retiré dans le Dihistàn, il le suivit. Il établit son
camp en face de lui et expédia un nombreux corps de troupes vers
le Sedjestàn, contre Zàl.
Les deux camps étant proches l'un de l'autre, Bàdhmàn, l'un des
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 115
s-
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o=j^' ,^_^ — ^ •< — ^j-^j iUi ij-o ^UiL j,Ss-pj ^^]^j (Il jj«-£vJI ^_^-Uï
'"' M yiLwl^ . — '-' C. yLoiL) et ainsi plus bas.
chefs turcs, après en avoir obtenu l'autorisation d'Afràsiyàb, vint dé-
fier l'année de Naudhar et se mit, en faisant tournoyer sa lance, à
provoquer les guerriers perses au combat singulier. Seul Qobàdh,
frère de Qàren, le chef de l'armée, répondit à son appel. Qàren lui
dit : «Ce Bàdhmàn, ô mon frère, est un guerrier contre lequel ne
peut lutter qu'un homme qui, comme lui, est dans la force de l'âge !
Toi, tu es vieux et faible; laisse ce combat à un autre. » Qobàdh ré-
pondit : «Chacun, ô mon frère, meurt quand son terme est arrivé.
Il est impossible d'entrer vivant dans l'autre monde! » Il s'avança donc
vers lui, et les deux champions se jetèrent l'un sur l'autre comme deux
éléphants furieux et luttèrent, usant de toutes les armes, depuis le lever
du soleil jusqu'à son coucher. Enfin Badhmàn l'emporta sur Qobàdh,
le renversa et arrosa la terre de son sang. Puis il retourna en riant,
tout heureux de sa victoire, auprès d'Afràsiyàb, qui en manifesta une
grosse joie et le combla d'éloges. Qàren, ayant vu le sort de son frère.
110 HISTOIHK DKS I\()IS DKS 1>KUSES.
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fut pris de fureur et donna l'ordre à l'armée de se porter en avant.
Afràsiyàb accourut à la tète de ses troupes et on combattit avec rage
jusqu'à ce que la nuit séparât les combattants. Ils reprirent la lutte le
lendemain; ils se couvraient de flèches et faisaient jouer les lances
et les sabres, de telle sorte que des ruisseaux de sang coulaient sous
leurs pieds. Afràsiyàb fut vainqueur et rentra dans son camp heu-
reux et content. Naudhar ayant regagné sa tente, triste et abattu,
prit des dispositions ])our mettre en sûreté sa famille, il l'envoya
dans un château de la province de Fàrs avec ses deux fils Tous et
Koustahm, auxquels il recommanda de faire ce qu'exigeraient les cir-
constances. Afràsiyàb, lui aussi, eut l'idée de diriger une forte armée
vers le Fàrs, comme auparavant vers le Sedjestàn. Alors un certain
nombre des chefs d'armée de Naudhar, préoccupés du sort de leurs
femmes et de leurs enfants qu'ils y avaient laissés et craignant qu'ils
ne fussent exposés aux outrages des Turcs, résolurent de se rendre
dans cette province et de la défendre. Après avoir conseillé à Naudhar
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 117
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de rester avec son armée, de se mettre en sûreté dans une solide
forteresse du Dihistàn et d'éviter de combattre jusqu'à leur retour, ils
se mirent en route avec Qàren vers le Fàrs.
Naudhar, se voyant abandonné par eux, lut tout découragé et pris
de peur. Il voulut les rejoindre et les suivre et se mit en marche; mais
il fut arrêté et attaqué par Afràsiyàb, qui s'était aperçu de son projet.
La bataille s'engagea furieuse, le sang coulait à flots, on combattait
avec rage, les existences étaient fauchées, les cris montaient au ciel,
la mêlée était générale, les champions se précipitaient les uns sur
les autres et on luttait avec acharnement. A l'issue de la bataille,
Naudhar avec plus de mille de ses chefs d'armée étaient prisonniers
d'Afràsiyàb. Celui-ci les fit enchaîner et bien garder. S'étant informé
de Qàren et ayant appris que, pour défendre le Fàrs, il avait suivi
les Turcs qui étaient en marche vers cette province avec le fils de. . . ,
connu sous le nom de Wîseh, il ordonna à ce dernier de rejoindre
IIS IIISTOIRK DKS HOIS DKS PKRSKS.
^ Ss_)^l vo^L-Si \ysj\j:^j I^jLjLaj JujlI' L^t5w^ <_jL-aJ^ ciLoo
iiuiiiquf dans C — '^' M UiLj..
son fils et ses troupes et de le lancer avec une puissante armée sur
Qàren, Wîseh, arrivant à marches forcées aux Irontières du Fàrs,
apprit que Qàren avait taillé en pièces les premières troupes, qu'il
avait tué son fils et qu'il s'était hâté d'atteindre le Fàrs. Il fut con-
sterné et profondément afiecté par la mort de son fils, et il continua
sa marche jusqu'à ce qu'il rencontrât Qàren. Lorsqu'ils furent en
face l'un de l'autre avec leurs deux armées, Wîseh cria à haute voix :
«Apprends, ô Qàren, que Naudhar est prisonnier avec mille de ses
chefs d'armée et que le roi Afràsiyàb est maître de l'irànschahr! »
Qàren répondit : "J'ignore tout à fait, ô Wîseh, ce que tu dis. Mais
moi, j'ai tué ton fils et je vais te tuer toi-même! » Les deux armées
ayant formé leurs lignes de bataille, on en vint aux mains. Wîseh fut
battu et s'enfuit précipitamment, la peur lui donnant des ailes, vers
le camp d'Afràsiyàb.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 119
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<" Manque clans M. — (-' C piL-j^^JC-^yLi. — W M ;lj5>ji-. — '*' Mss. jaiAi. —
(5' C sJv^^:?;^!.
ZAL INFLIGE UNE SEVERE DEFAITE AUX TURCS
VENANT ATTAQUER LE SEDJESTÀN.
Lorsque les troupes expédiées par Afràsiyàb pour attaquer Zàl et
pour s'emparer du Sedjestàn, et placées sous le commandement de
Khazwazàn et Schamàsàs, établirent leur camp sur les bords du fleuve
de Hidmand, le beau-père de Zàl, Mihràb, roi de Kaboul, gouver-
nait le Sedjestàn à titre de lieutenant de Zàl. Celui-ci, ayant reçu la
nouvelle que son père Sàm était mort dans l'Inde, s'était rendu dans
ce pays pour célébrer ses funérailles et transporter son cercueil dans
sa patrie. Mihràb adressa aux Turcs un message en ces termes : « Sa-
chez que je suis dans la situation d'un homme dont la volonté a dû
céder à la force, tandis que ses sympathies, son dévouement et son
amitié sont acquis à Afràsiyàb. Entre lui et moi, il existe des liens
de parenté et je me tiens entièrement à ses ordres. Par conséquent,
laissez-moi le temps de lui expédier un message et de connaître son
120 IIISTOIHK DKS HOIS DKS Pr.RSKS.
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bon plaisir. S il m onloniic dp me rendre avec vous auprès de lui, je
le ferai; s'il veut fpie je remette entre vos mains la province, je vous
la remettrai et vous servirai. » Par des cadeaux, des robes d'honneur
et de grandes libéralités, il chercha à bien disposer les Turcs, qui
furent circonvenus et consentirent.
Mihràb envoya un message dans le même sens à Afràsiyàb et écrivit
à Zàl, lui fit connaître la situation et le pressa de revenir en toute
hâte au Sedjestàn, pour prévenir des malheurs qu'il serait difficile de
réparer. Zal, laissant de côté tout autre soin. Ht route jusqu'à ce qu'il
arrivât auprès de Mihrab, qu'il remercia de sa combinaison habile.
Il aborda aussitôt l'armée turque en lançant trois flèches qui tuèrent
trois hommes. Une grande clameur s'éleva parmi les Turcs qui, sa-
chant alors que Zal était revenu, se reprochaient les uns aux autres
de s'être laissé tromper par les paroles de Mihràb. Ils se préparèrent
pour livrer bataille le lendemain.
Au malin, Zàl et Mihrab, avec leurs troupes, et, de leur côlé, les
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 121
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Turcs avec leurs escadrons étant sortis, ils formèrent leurs lignes de
bataille, et le combat s'enj^as-ea. Pendant là mêlée, Zàl et Khazwazàn
s'abordèrent en combat singulier avec la lance. Khazwazàn ayant porté
un coup, sa lance se brisa sans avoir pénétré. Zàl le frappa à son tour
d'un coup à l'épaule qui le désarçonna et d'un second coup qui le fit
expirer. H se tourna ensuite contre Schamàsàs, qui avait lait beaucoup
de mal aux troupes de Zàboul et de Kaboul en les couvrant de traits.
Le Turc se mit à manœuvrer contre lui perfidement et ne lui pré-
senta pas sa face. Zàl lui lança une flèche, qui ne le blessa pas mor-
tellement, puis une seconde, qui le tua. Alors les troupes de Zàboul
et de Kàboid chargèrent les Turcs, en tuèrent et blessèrent un grand
nombre et firent beaucoup de prisonniers. CeiLX qui n'étaient pas
tombés entre leurs mains s'enfuirent; mais, dans leur fuite, ils se heur-
tèrent contre Qàren et son armée venant du Fàrs et marchant vers le
Sedjestàn. Qàren les fit tailler en pièces et arroser la terre de leur
sang. Il n'en échappa qu'une petite troupe, qui apporta à Afràsiyàb
122 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
L'«— i:^j^ — ^! Li^L»^ ji.<s4 <^L5j ^__j-L4vLtw^ ivi^tvjjj^ >jJM..gj u»' ^^^^Ai».]^
» «u |nws->^ <JLvx ^js_~àLj wou j-^j^ Lc'>^ Ji^y iy-«Jl ^^x^U L^^àx
la nouvelle du désastre. Qàren, Zàl et Mihràb tenaient ainsi, par la
possession du Sedjestàn, un bout du succès et de la satisfaction.
AFRASIYAR FAIT MOIRIU NAUDIIAR, S'EÏARI.IT A SA l'LACE
ET S'EMPARE OE L'EMPIRE.
Lorsque Wîseh, après la défaite que lui avait infligée Qàren, lui de
retour auprès d'Afràsiyàb et lui fit part du sort de son fds et des autres
guerriers, et quand aussi les quelques survivants des deux rencontres
avec Zàl et Qàren revinrent et lui annoncèrent que Khazwazàn et
Schamàsàs avaient péri avec toutes leurs troupes, il fut pris de fureur
et saisi par l'orgueil en même temps que par le péché. Il fit amener
Naudliar et, délibérément, lui fit trancher la tète; puis il donna Tordre
de passer au fil de l'épée les chefs d'armée captifs. Mais Agrîratli, son
frère, lui dit : « Tu viens de tuer le maître et roi; il est inutile de tuer
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 123
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X^ (jl/r?' -^"^ J cJrW J-*r>^ S--«^l; V^J J)-C5 cljj J^ >>-iXj
Ây^'i] ^y.Ji-:.]^ Jj-^'i\ ^j ^,J^\ 4)|;|^ ^L^'^! ..^Uil^ ^1^1
mI w-jL-^j^ <-^i-£ ^ U l3jv-*v <^L. oU.^ jLI JjI ,' .jC^ ^yJl .>!5A_.
ceux-là ! Tu icruis mieux de les remettre entre mes mains pour que je
les fasse partir enchaînés ensemble pour le Tabaristàn et les y garde,
en attendant que l'on sache comment les traiter.» En conséquence,
Afràsiyàb les confia à sa garde et le fit partir pour le Tabaristàn, pro-
vince dont il l'avait nommé gouverneur. Quant à lui, il se rendit, à
la tète de son armée, à Uaï, s'assit sur le trône d'or, ceignit la cou-
ronne, décida en maître toutes les affaires, établit et destitua des gou-
verneurs, donna aux uns, enleva aux autres; puis il se mit à parcourir
les villes de flrànschahr, comme un éléphant furieux et comme un
feu dévorant, faisant partout acte de tyrannie et de violence, en rui-
nant ce qui était florissant, en réduisant les riches à la pauvreté, en
confisquant les biens, en anéantissant les familles nobles et en abais-
sant les grands, ayant surtout soin de faire passer l'argent, le butin et
les objets précieux dans le pays des Turcs, sa patrie. On rapporte que
son père Beschenk mourut de la joie que lui causait la bonne fortune
qui lui arrivait; car il v a des joies qui tuent.
i6.
12'i mSTOIUK DKS ROIS DKS l'KUSKS.
iji ,_f *^ — * — •' J3 — ^« h «^-vJ» Vi «o^o ^_^J ^^~=J T^^"^^> ' vS--^^>^ r-^-** '^'v:?'
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itiJLXvr^l
5j C ciiWl, M c:«l*Jl. — :'•: Manque dans G. — Cl M vi,J^. — l») C (^J].
Afràsiyàb, étant ain.si roi (le.s Turcs en même temps que roi de
rirànscliahr, devint orjjueiHeux et liautain, excessivement impérieux
et insolent, faisant œuvre de tyran et de despote. Du temps de sa
domination, il survint une grande sécheresse, le ciel retint sa pluie
et la terre renferma ses sources, les fleuves tarirent, les arbres dessé-
chèrent, les récoltes manquèrent, le bétail périt. Les soufirances étaient
extrêmes, la détresse était générale et les hommes faillin^nt succomber
à la fois à la disette et à l'oppression, tandis qu'Afràsivàb buvait du
vin et se livrait au plaisir, lieureux et épanoui, se réjouissant de leurs
misères, Aoyant son avantage dans leur ruine et sa vie dans leur mort.
Sachant qu'il ne resterait ])as maître de riràn.schahr, il agissait comme
le voleur qui entre dans la maison d'autrui, en emporte autant qu'il
peut et s'applique à y commettre des dégâts.
On dit que c'est Afràsivàb qui a inventé la liarj)e et la viole, qui a
fabriqué le lacet et le javelot et qui
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 125
jU-M^-sk» "' jjjs-w#j-s»i olyUi vj^^l S^M^^
^^ — A—S-C Là a f U ^ <« LàwaJ^-C c:--~;OU LiJC^Sii'^'l '^ *jJol tijN_JN-Cjl
AGIUHVTH HKM) LV LIBERTE AUX CHEFS D'ARMEE
TENUS EN CAPTIVITÉ DANS LE TABARISTAN.
Lorsque Tous et Koustalim apprirent qu Afràsiyàb avait tué leur
père Naudhar, ils s'acquittèrent du devoir du deuil et prirent soin de
mettre en sûreté sa famille; ils se rendirent dans le Sedjestàn et y
demeurèrent avec Zàl et Oàren. Les notables de l'îrànschahr étant,
venus se joindre à eux, on se trouva d'accord d'agir de concert et de
s'entr'aider, et, après avoir considéré sous toutes ses faces le plan de
venfi^er la mort de Naudliar et de châtier Afràsiyàb, on fit des prépa-
ratifs pour fassaut et la lutte. La nouvelle en étant parvenue aux chefs
d'armée prisonniers, ceux-ci dirent à Agrîrath: « Tu nous as sauvé la
vie et tu es notre bienfaiteur; tant que nous vivrons, nous serons tes
esclaves et tes serviteurs, et nous demeurerons les obligés de ta géné-
rosité et de tes nobles sentiments. Ne voudrais-tu pas achever l'édifice
dont tu as jeté les fondements, arroser ce que tu as planté et nous
1-20 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
^"^t «.svs^Ji- J\' jîO jLft_J LvJl^ ^Uj"^!» ■'^jû J^J-^» l>->^^ ^1 c)^"^*^^^
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(' Maiu|uo dans C. — t^» C ÂjCHil. — !'' M yJls^:. — (') M (jJu!;^.
conquérir et nous assujettir de nouveau en nous rendant à la liberté?
(!ar rîrànschahr ne restera pas au pouvoir d'Afràsiyàb, et nous crai-
gnons que, ([uand les partisans rassemblés au Sedjestàn marcheront
contre lui, il ne commence avant toute chose par nous tuer. » Agrirath
leur répondit: «Je désire autant aujourdhui vous mettre en liberté
qu'autrefois j'ai désiré vous sauver de la mort, et je n'ai rien tant à
cœur que de vous rendre service et de vous faire du bien jus(ju'au
bout. Mais vous savez que je ne pourrais le faire sans un prétexte
ostensible et une excuse manifeste. Si une armée iranienne marchait
contre moi, je lui abandonnerais cette province et me retirerais allant
rejoindre mon frère sans vous emmener avec moi , pour que vous soyez
sauvés, et que moi, avant une excuse évidente, je ne sois pas exposé à
cause de vous à la fureur de son mécontentement et de ses reproches. »
Les chefs d'armée trouvèrent son raisonnement juste et le remer-
cièrent; puis ils adressèrent un messaf>;e aux partisans rassemblés dans
le Sedjestàn, les mirent au courant de la situation, les adjurèrent, de
^1
11^ ^1;-
IirSTOIRE DES ROIS DES PERSES. 127
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les sauver et leur recommandèrent d'envoyer un corps de troupes
dans le Tabaristàn, pour que Agrîrath pût se retirer sans opposer de
résistance et qu'ils fussent délivrés.
En recevant leur message, Zàl et ses compagnons firent partir
Keschwàdh, le père de Djoùdharz, avec une troupe de gens déter-
minés. Quand Keschwàdh approcha du Tabaristàn, Agrîrath, sans
combattre, quitta précipitamment la province, en y laissant les chefs
d'armée dans les chaînes. Keschwàdh y pénétra, les délivra, pourvut
à leurs besoins et les emmena avec lui dans le Sedjestàn. Agrîrath,
en se présentant chez Afràsiyàb, lui fit le récit de la foudroyante
attaque des envahisseurs et comment il avait été forcé de se retirer, de
sorte qu'ils avaient réussi à délivrer les captifs et à les emmener dans
le Sedjestàn. Afràsiyàb lui fit de vifs reproches, d'abord à cause du
conseil qu'il lui avait donné de les épargner, puis de les avoir abandon-
nés aux Iraniens. « Si tu m'avais laissé faire, lui dit-il, quand j'ai voulu
les mettre à mort sans distinction et les envoyer rejoindre leur prince,
128 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
«îLolj^I <-t. B.À-> I. tjo.x_<i Liy^ <-<si-c yyr^j ('-«iLSsj ];^ **-fr?^
'^'v^jLwU.^ lH^^ i*(?^*^f? vW^^'r*' ^^|rJ^'j J[i ^jLi
il ne nous serait pas arrivé ce qui nous arrive à présent, que les lions
se sont échappés de leurs cages. Il me semble les voir déjà revenus
et se jeter sur nous avec leurs dents et leurs griffes aiguës! » Agriratli
répondit : « 11 ne faut pas (jue l'iionime sage fasse tout ce dont il a le
pouvoir; il doit, au contraire, ménager la vie humaine, être modéré,
exercer la clémence puisqu'il a la force, et songer à la vie future. » Afrà-
sivàb, plein de colère, s'écria : «Tu t'es entendu avec mes ennemis
pour délivrer les captifs! « Et il lui asséna un coup de sabre qui le
tua. Le sang jaillit à son visage. U pleura ensuite son frère et ma-
nifesta une grande douleur; mais son remords ne lui servit de rien.
ZÂI. ET LES IRANIENS PRENNENT LES ARMES CONTRE AFRÀSIyAh.
II.S ÉLÈVENT AU POUVOIR ZAW, FILS DE TAHMÀSF.
Quand Keschwàdh ramena au Sedjestàn les chefs d'armée délivrés,
Zàl, avec tous les chefs d'armée et les grands, alla à leur rencontre. Ils
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 129
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|^jjL_i:_J :^ i^^j .il «<_. Li* .Xo "^ cj^i U Jic^^I|^ ,::JJJv-vo JjJLâJ
remercièrent Keschwàdh de la belle action qu'il venait d'accomplir,
témoignèrent leur joie de la libération des captifs et les félicitèrent.
Tous les principaux personnages de l'Iran affluèrent de leurs diffé-
rentes provinces dans le Sedjestàn. Zàl les reçut comme ses hôtes et
pourvut libéralement à leur entrelien; il leur prodigua ses richesses
et les trésors réservés accumulés par son père par lesquels il amé-
liora leur situation et répara leurs pertes. Les Iraniens, tous en-
semble, se mirent ensuite en marche vers le camp d'Afràsiyàb, qui
était à Haï, et campèrent à la distance d'une parasange. Il y eut de
nombreux engagements entre les avant-gardes et une grande bataille
qui resta indécise. Zàl dit aux chefs d'armée : « Sachez que nous sommes
en présence d'une aflaire grave et difficile. Nous ne pourrons réussir
qu'à l'aide d'un roi, avant une autorité respectée, de race royale, que
nous couronnerons, aux ordres duquel nous obéirons et qui donnera
des commandements d'après lesquels nous agirons. )> — « Tu as raison ,
répliquèrent les chefs d'armée; il en est comme tu dis: il faut suivre
130 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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(=1 M ^.
Ion conseil. « On délibéra et discuta longtemps j)our savoir lequel
d'entre les descendants d'Afrîdhoûn et de Menoùdjehr serait apte au
trône. Quelques-uns proposèrent Tous et Koustahni, que d'autres
déclaraient tout à fait incapables, parce qu'il leur n)anquail le rellet
de la majesté divine. On tomba ensuite d'accord sur la j^ersonne de
Za\Y, fds de Tahmàsf, descendant d'Afrîdhoûn, qui réunissait en lui
le rellet de la majesté divine et les qualités d'un roi. On lui jura fidé-
lité et on le proclama. Tabarî rapporte que Zaw, lils de Tahmàsf, et
Karschàsf ont régné en commun. Ce qu'il y a de plus vraisemblable,
dit-il, c'est que la dignité royale appartenait à Zaw et que Karschàsf
était son puissant auxiliaire; mais il n'avait pas été proclamé roi. Ibn-
Khordàdhbeh, en sa chronique, rapporte que le nom de Zaw, fds de
fahmàsf, était Zàb, d'après lequel sont nommés le Zàb et les Zàb dans
1 Iraq, parce que c'est lui (jui a creusé les deux Zàb, de])uis l'Arménie
jusqu'au Tigre, et aussi le canal de Zàb dans le Sawàd , au parcours du-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 131
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^Lv^ i]^-^:->; i?u.4«5^ ^j-Lj ^J'âj Jl) ^-vîtjj ^JcjUj^*."^! ^j Lj,
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— 1-1 C jLu AMI. — >^: c:,ySi. ~ ■■'' Mss. J^^-rcw^. - •■' M Li:>l^!.
(jiicl il rl;il)lil liois cantons. Ibn-Kliordàdhbeh dit que l'empire était
|);tita<;c cnlrc lui el Karschàsf et qu'ils régnaient conjointement; que
Zaw se consacrait à relever le pays et que Karschàsf faisait la guerre.
Dieu seul connaît la vérité.
RÈGNE 1)K /.AU, KII.S DE TAHMÂSF.
Le choix des Iraniens étant tombé sur Zaw, Zâl et Qàren, Tous et
Koustahm, Keschwàdh et les autres chefs d'armée et les grands lui
jurèrent fidélité, alors qu'ils étaient campés en face d'Airàsivàb, aux
portes de Raï. Zaw s'assit sur le trône et fut couronné. Il rendit grâces
à Dieu et lui demanda aide et assistance pour rejeter Afrâsiyâb hors
du pays, relever les ruines, rétablir l'ordre et remédier à la situation
des habitants et des provinces. Il rappela que le pouvoir lui était échu
dans le temps le plus didicile et le plus troublé, le plus fâcheux pour
les grands et le peuple, ajoutant qu'il s'efforcerait d'éteindre les luttes
132 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
s-
'o_L :j i^j^^^\ -ÛjJi l^y sy^ UJUl >w er* '^1^ ^5UI^
J,t <_jL6--wlj_sljia->i.]^ Jw^l pljrîlj i-^ r-^"^ '-^ '^'-<i-^!/^!^Jj o?-=^
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|« Lg-vC <_>U>tvtv3! .XxL*Jy ^i^^<s!^ lj''^ ît-**olj ^yj\
(■-' C A.^^. - '^ C^^j. - '■') Alaïuiiie dans C. — t^' C ooiJui^l,.
intestines et de ramener la concorde. Les gens sentirent dans ses
paroles le prochain apaisement.
La famine, l'épidémie, la peste et la mortalité avaient atteint les
deux armées, comme la population, et avaient exercé parmi elles les
plus grands ravages. Tous, d'une voix unanime, disaient : « Cette peine,
ce fléau et cette disette sont les conséquences de nos méfaits; nous
sommes frappés pour avoir versé à flots le sang de victimes qui étaient
sacrées, pour avoir commis tant de péchés et de crimes. Allons, ré-
parons nos fautes, faisons la paix et remettons nos sabres au fourreau,
afin que la miséricorde de Dieu nous arrive! >• Alors les négociateurs
allaient et venaient entre Zaw et Afràsiyàb pour faire connaître leurs
dispositions pacifiques et amener la conclusion de la paix. Afràsiyàb,
forcé de quitter Raï, à cause de la rareté des vivres et du manque de
fourrage, se transporta dans le Tabaristàn , dont il fit le siège des négo-
ciations pour la paix. Zaw demeura en son camp, aux portes de Raï,
et, grâce au départ d'Afràsiyàb, on respirait un peu. Après un échange
incessant d'ambassadeurs et de lettres, on convint qu'Afràsiyàb aban-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 133
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oiUuft iaJL*vj .^ ^jl ^j» " JLs*. ^j' J.I Jv-âJ ,j?o»> JX"-* *^^ V*y '■^^J'-^
") C ^t/rt ainsi plus l>as; M ^^i ^^ . — W C yl^. — O M à^. ~ (*> C j^. —
<*) C Js^. — l«i Manque dans M. — (■' M ^\y - '"' Manque clans C. — (»> Manque
dans C. — "»! M j^->\. — '"> C ^.
donnerait de l'Irànschahr une étendue égale à la portée d'une flèche
tirée par l'arclier Aresch.
Zaw conçut l'idée de faire faire une flèche, dont on prendrait le bois
dans une certaine forêt; la plume, de l'aile d'un aigle pris dans telle
montagne; la pointe, du fer sortant d'une certaine mine. 11 donna
l'ordre à Are.sch de tirer cette flèche. Aresch, arrivé à une vieillesse
avancée et à l'extrême limite de la vie, avait été préservé à cause de ce
tir. Il monta sur une montagne, dans le Tabaristàn, en présence d'Afrà-
siyàb, lança de son arc la flèche à laquelle Afràsiyàb avait imprimé
une marque, et expira aussitôt. Ce fut au lever du soleil. La flèche
vola du l\ibaristàn jusqu'à Bàdhghîs. Au moment où elle allait tomber,
un ange, ainsi que l'on rapporte, sur l'ordre de Dieu, lui donna l'élan,
de sorte qu'elle parvint jusqu'au territoire de Khoulm, dans la pro-
vince de Balkh. Là, elle tomba à un endroit appelé Koûzîn, quand
i;V'i HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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Cl M jUi-. — (-' C ^. « Mss. iy — (^1 Mss. 2^U. — (=*' M ^jbyi. — W M
jj^i«xji,c^ujai. — t") M
le soleil fut sur le point de disparaître. Lorsque cette même flèche
eut été rapportée de khoulm au Tabaristàn où se trouvait Afràsiyàb,
celui-ci, voyant sur elle sa marque, et ses hommes de confiance ayant
attesté qu'elle était tombée audit endroit, fut fort étonné de la grande
distance de son point d'arrivée, il fut saisi de crainte et n'osa pas se
soustraire à ses engagements, reconnaissant qu'il s'agissait d'une déci-
sion céleste à laquelle il fallait se résigner. Comme aussi la destruction
de la plus grande partie de son armée, qui avait péri dans les deux ren-
contres avec Zàl et Qàren et par l'épidémie des dernières années, ainsi
que la disparition de la plupart de ses chevaux qui avaient succombé
au manque de fourrage et à la peste, lui avaient paru un fâcheux pré-
sage, il abandonna à Zaw le territoire compris entre le point de départ
de la flèche et l'endroit qu'elle avait atteint. H prit l'engagement d'ob-
server les conventions et se retira avec les débris de son armée dans
la ïransoxiane; les malédictions le suivaient et les imprécations l'ac-
compagnaient. Son règne dans l'Irànschahr avait duré douze ans.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 135
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(') M ^^. — (•-' Manque clans C — <" M ^^U, I^JO-I^. — (*> Mss. oJlIitf,. —
ÉVÉNEMENTS DU REGNE DE ZAW APRÈS LE DEPART D'AFRÂSIYÂB.
Quand Afràsivàb eut évacué l'Irànschahr, que les gens, après l'amer-
tume de la terreur, goûtèrent la douceur de la sécurité et, après avoir
été meurtris par la tyrannie, se reposèrent sur la couche moelleuse de
la justice et que la clémence de Tange de miséricorde eut remplacé
pour eux la fureur de Satan le lapidé, alors Dieu rendit la vie à la
terre engourdie et envoya d'abord les vents annonçant la descente de
sa grâce, les outres du ciel furent ouvertes et il tomba une grande
pluie continue. La terre se para de sa végétation et donna ses abon-
dantes moissons et les fruits de ses arbres; les hommes jouissaient
du bien-être, les troupeaux paissaient, la fertilité était générale et
les sources coulaient; les vivres étaient à bas prix, les pauvres de-
vinrent riches, la misère cessa et les mauvais jours disparurent. Zaw
s'appliqua dans la plus large mesure à faire régner la justice, à pro-
130 IIISTOIRK DKS ROIS DKS PERSES.
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^_y£^. — C-^' C l:sii)I. — W C l^jJàl. — (») M^y*<^.
digiier les libéralités, à réparer tout le mal qu'avait fait Afràsivàb, à
relever les ruines, à guérir les blessures et à fermer les ])laies qu'il
avait causées, à reconstruire les forteresses et les châteaux ([u'il avait
détruits et à rétablir le cours des canaux ([u'il avait comblés. Il remit à
ses sujets rini])ôt de sept années, leur donna des subsides et leur té-
moigna le plus grand intérêt. Il dériva dans le Sawàd le canal men-
tionné plus haut; il l'appela Zàh et fonda sur ses deux rives une ville
nommée Al-Zaivdbî. Il y fit ])orter, soit des montagnes, soit d'autres
endroits, des graines de plantes légumineuses et odoriférantes qu'il fit
semer et des plants d'arbres (piil fit planter. Zaw fut le premier à qui
on prépara des plats de viande variés et des mets dignes de figurer sur
la table fl un roi, et il surpassait ses prédécesseurs par son faste et sa
générosité. U donna à ses soldats une ])artie de l'argent provenant
des contributions et du butin.
Quand Zaw eut régné cinq ans, la grande étendue de sa puissance
fut contre-balancée par la brièveté de sa vie; il tomba malade et dans
cette maladie il rendit sa noble âme. Son règne si court avait été large-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 137
^j iLs-ii-6^ J,l l-g l-^»^ ^Lfc^ *Uj.> jj^ ^J'j s-jU-^-Lj! ^^ "^lSU-jJ.!
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_i» «<)>.^ii_? ^ Lg-vJi-Ô L^jJLJ ^LiaJI ^Jy^hJ» JS^^ 4l
dans C.
ment rempli par ses actions méritoires. U avait reçu la souveraineté
d'Afràsiyàb alors qu'elle était comme une hideuse vieille femme éden-
tée, et il la transmit à Kaïqobàdh comme une jeune et belle fiancée.
Et c'est une des misères de ce monde qu'un roi tel que lui, si vertueux,
si juste, par qui les hommes étaient heureux, n'eut qu'un règne de
cinq ans, tandis qu'Afràsiyàb, avec sa tyrannie, ses violences et les
maux dont il accablait les hommes et les pays, exerça le pouvoir près
de quatre cents ans. Mais que Dieu soit loué! Dans tout ce qui arrive,
il faut reconnaître ses bienfaits : quand nous les apercevons, nous les
attribuons à sa grâce et à sa bonté; lorsqu'ils nous restent cachés,
nous les ramenons à sa justice et à sa sagesse. Lui seul est le maître
des créatures; seul il dispose; il connaît ce qui est secret comme ce qui
est apparent.
RÈG^'1•: DE KAÏQOBÀOH, DESCENDANT D'AFRIDHOLN.
Après le règne de Zaw, le peuple, les chefs d'armée et les grands
portèrent leurs sulî'rages unanimes sur Kaïqobàdh, parce qu'ils trou-
i8
138 HIS'1'(M!\K I')KS ROIS DKS l>ERSES.
j^^s^'t ^^^ Jlil ^, AX\ ^.^^ ^^ ^ «Lo l^j^ U iLjU^=
J^v'^^t J 3 ^U^X^^ ^jJ p_^_; <3U!, J^t ^y^ ^L^l, ijjl
j^4-JJ ^c^oo jJO, ' ut:>U^U L6:>,J^Ji. o>'<^ LgiUuL ^J_5^Jt. ^|jsI-Jl
^VwsjL ï's > j s-<i»JtJI ^|sÂ.ij s_«l« ^_A.^v3\jll (__>j_4iJ lâ-AjuL
'1 Ces mois inaïujiu'iil dans (_!. !- C Jv'- - '''' M :>LiJj».!j. - " M UjUi-l^.
vaionl en lui l'iHustratlon de lOiigiiie royale, la haute moralité et la
noblesse de caractère et espéraient qu'il saurait gouverner et pien-
flrait soin avec une égale sollicitude des intérêts du peuple et des
grands. En consécpience, Zâl, Tous, Djoùdharz et les autres hauts
dignitaires et grands de l'empire lui prêtèrent hommage, le tirent
monter sur le trône d'or, le ceignirent de la couronne rovale et se
])rosternèrent devant lui. Il les remercia et les complimenta, leur
promit de défendre l'empire, de repousser les Turcs, de réprimer
l'injustice, de remettre en vigueur les institutions justes, d'abolir les
coutumes oppressives et de s'appliquer à relever le pays et à le faire
j)rospérer. Ils l'acclamèrent de leurs vœux, et ils demeuraient con-
vaincus qu'il tiendrait ses promesses.
Kaïqobàdh donna des noms aux villes et aux districts, détermina
leurs limites et leurs circonscri])tions, aménagea les eaux des canaux
et des sources pour lirrigaliori fies terres, et ordonna (pie l'impôt du
dixième fût aflècté au pavement de larmée.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 139
ij'ij Lffc^i (_jM_^| ^wvà_ïj| ^ ^U> il IjtJsik. LgJufcl ^^)-<SJj '^-'VSJ S->r^
^if_iJl ^^ JI; ^.x^w.1 JU Je :>LsL^'^;^ lii^ ^]^ J^J!
NOUVELLE CAMP.\(;NK D' \FU\S1YA15 CONTUE LMUANSCll AllIJ.
Lorsqii'Afràsiyàb apprit la mort de Zaw, il résolut d'envaliir dp
nouveau l'Irànschahr et de recommencer traîtreusement la guerre
avec les habitants de cette contrée; car, comme il avait sucé ses fé-
condes mamelles, goûté de ses fruits et qu'il s'était nourri et avait
lirofité d'elle, il fut porté à la convoiter et à l'enlever à Kaïqobàdh.
Rompant la paix qui avait été conclue et violant les engagements
contractés, il déclara la guerre et se mit en campagne, fit des enrôle-
ments et des appels et francliit le Djaïhoùn à la tête de légions si
nombreuses, que les flancs de la terre, en sa longueur et sa largeur,
eurent peine à les contenir. Kaïqobàdh, voyant cette situation, manda
Zàl, convoqua les chefs d'armée et fit ses préparatifs pour la guerre.
l'iO HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
^^jj >>--g » i' >— -..àJjbj w.f_«i ^s-j| I^Ljlx) i_>U.-^L?i j^-*-«_> JK x..^ LiL
f" M «yiJ. — '■-' Manque clans C. — '^1 C ovxLs. — *> Mss. al.x:u«l^.
ROUSTEM, IH.S l)K ZAI,, TROUVE SON GllKVAI, RAkHSCH.
Lorsque Zàl apprit qu'Afràsivàb avait franciii le Djaïhoùn et envahi
de nouveau l'Irànscliahr, violant le traité conclu, et que le messager
de Kaïqobàdli vint l'appeler auprès du roi, la tristesse emplit toute
sa poitrine; il passait les jours à méditer et les nuits dans Tinsomnie.
U reunit ses chefs d'armée et ses officiers, et leur dit : «Sachez que
le fléau d'Afràsiyàb est devenue la chose la plus grave que j'ai
jamais connue et que le roi Kaïqobàdh a besoin de mon aide accou-
tumée. Mais je suis avancé en âge et je ressens les atteintes de la
vieillesse. Voici mon fils Roustem, dans la fleur de la jeunesse et
dans toute sa vigueur, qui, on peut l'espérer de lui, me remplacera
ou plutôt me surpassera en hauts faits et en renommée. Seulement,
il est tellement énorme, sa taille est si haute et sa force si grande,
qu'aucun cheval ne peut le porter. Je ne puis cependant pas l'ein mener
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. UI
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(') M b^l. — (-1 Mss. ^y«J. - CI M y^ 5^i. ■'' Mss. >â^. — '^l M c:»^-
à pied à la cour du roi et eusuite à la guerre contre Afràsiyàb. Je
pense donc que nous devrions, moi ainsi que vous, faire venir tous
les chevaux que nous possédons dans le Zàboulistàn et le Kaboul,
dans le Qaschmîr et l'îrànschahr pour lui être présentés; peut-être
Dieu nous fera-t-il trouver pour lui une monture! » Les assistants se
prosternèrent devant lui, et dirent : «Certes, si nous pouvions nous
changer nous-mêmes en chevaux pour servir de montures à Roustem,
nous le ferions et nous vous les offririons. Nous, nos cavaliers, nos
piétons, nos corps, nos âmes et nos biens vous appartiennent. » Puis
ils firent venir de toutes parts les chevaux et les firent présenter à
Roustem. Tout cheval dont il touchait le dos s'affaissait, ne pouvant
résister à la pression de sa main , et moins encore aurait-il pu sup-
porter celle de ses jambes. On lui montra ainsi plus de cinquante
mille chevaux, parmi lesquels il n'y en avait pas un seul capable de
porter son étrier et lui convenant. U allait renoncer à l'espoir de ren-
contrer la monture appropriée, lorsqu'un jour on fit passer sous ses
]'rl IIISTOIHK 1)KS ROIS DKS l'KRSES.
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^-^J ë^J Jv' I^ 4-;0^>S-A ^ ''■g-gr';^ ciJaJL^ <_Ss^^| u:.yLxJ ^y\
veux un troupeau de clievaux amené du Qaschniir. Son regard tomba
sur un poulain Lai suivant sa mère. Il en fut frappé et donna l'ordre
de le retenir. Le pâtre dit : « Il ne faut pas songer à celui-là. » — « Et
|)Ourquoi? dit Roustem. » — « Parce que, répondit le pâtre, il est à
Pioustem . » — '< Qu'en sais-tu } » — « C'est que , dès sa naissance , il a
été appelé Rakhsch de Roustem, et c'est ce nom qu'il porte. Depuis
deux ans il est en état d'être monté, mais il ne se laisse maîtriser par
personne, et sa mère ne permet pas qu'on ose en approcher pour
le prendre.» Alors Roustem, l'ayant touché du lacet, réussit à l'at-
tirer à lui. La mère accourut pour se précipiter sur Roustem. Celui-ci
la repoussa, l'effraya par un cri et frap])a la terre de son pied. La
jument, épouvantée, s'abattit et tomba à plat ventre. Roustem posa
ensuite sa main sur le poulain, cpii ne plia point, demeura ferme et
se redressa fièrement. Et Roustem de s'écrier : « Par Dieu, voila mon
cheval, celui qui me portera et qui sera ma parure ! » Le pâtre lui dit :
« Si lu n'es pas Roustem, ne prends pas ce poulain, la propriété d'au-
o^
■;3: A.
IIISTOIKK DKS ROIS DP:S PERSES. I^i3
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Irai. Si c'est foi (|ui es Roustem , il t"aj)j)arti('nl; c'est la bonne iorlunc
cjui te l'a |)résenté. >< Rousteni se mit à rire, lit récompenser le pâtre
et 1(; congédia. Puis il donna l'ordre de maintenir et d'attacher le pou-
lain, de le bien loger et bien nourrir, de s'occuper de lui et de lui
prodiguer tous les soins. Avant que le mois fût passé, il était devenu
magnifique de forme et superbe de stature, réunissant les qualités
de la beauté et de la rapidité; les signes de la noblesse et de la force
proclamaient son mérite. Roustem donna l'ordre de lui mettre la selle
et la bride, et le monta. Sa brillante apparence dépassait ses qualités :
Rakliscb ressemblait à la fois à la solide montagne et au torrent impé-
tueux qui coule à ses pieds. Il marchait absolument à la volonté et
à la fantaisie de Roustem , lui obéissait plus docilement que la bride et
ne se laissait monter par aucun autre que lui. Zàl voyant Roustem che-
vauchant, pareil au lion sur l'éléphant et au faucon sur l'aigle, fut au
comble de la joie et dit : <i Tu viens de trouver, ô mon fils, ce qui te
manquait; tu possèdes ton instrument, et tu vas demander l'accom-
l'i'i IIISTOIUF. DES ROIS DES PERSES.
*
' M _jL^!. — 1-) C;L,. — <^) Man(|ii(" dans C. ~ <*) M yl^. - (^' Ces mots
iiiaiK[ut'iit dans ,M, et les mots cii.yij' . . .aa^^^s sont écrits une première fois avant J v_jl
(-«LmI^I, puis répétés. (_JLiiJl i est le fragment d'une phrase supprimée par l'auteur ou
omise par les scribes.
plissement des promesses que la Fortune a faites à ton sujet. Il me
semble te voir déjà ayant surpassé par tes exploits les rois des diiîé-
rentes parties du monde. Maintenant il faut encore que tu te prépares
pour la lutte contre Afràsiyàb, que tu déploies toute ton énergie pour
accomplir des hauts faits, obtenir la revanche et pour mettre fin au
mal décliainé. >' Rouslem répondit : « Je serai à la hauteur de la meil-
leure opinion que tu puisses avoir de moi et de tout ce que tu
attends de moi, parla volonté de Dieu et avec sa permission. »
KAÏOOIiÀDH MAKCHE CONTRE AFRÀSIVÀlî.
ASSALT QUE LU I.IVUE HOISTEM.
Zàl et Roustem se rendirent avec l'armée à la résidence de Kaïqo-
bàdh. Celui-ci leur souhaita la bienvenue et leur fit le meilleur accueil,
traitant particulièrement Roustem avec une grande bienveillance et
avec honneur. Ensuite il les emmena avec lui en se dirigeant vers le
camp d'Afràsiyàb . . . Roustem dit à son père : « Si Afràsiyàb se pré-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 145
(_ïlli J^ls U é < j <.::^^JiJ<J 3v_^ L jLjLi «UotlL Uj->J| cl/^^Xj:! «CCaL^v^
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<" C L^Jt. — (-' C aye L^. — W Mss. *ik^.
senU; à moi, je délivrerai le monde de sa personne ! « Zàl répondit :
«Sois prudent, mon lils, et tiens-toi sur tes gardes, car il n'est pas
facile de lutter avec ce sorcier. »
Les combattants s'élancèrent et se chargèrent, se précipitèrent les
uns sur les autres et s'assaillirent : la mêlée devint furieuse et acharnée,
les champions se prirent corps à corps, la poussière soulevée chan-
geait le jour en nuit, la lance et le sabre faisaient rage. Roustem,
à (pii on avait indiqué l'endroit où se trouvait Afràsiyàb, se dirigea de
son côté; il l'aborda et le déha, l'attaqua et l'emporta sur lui. Afrà-
siyàb, sentant qu'il ne pourrait lui résister et gagné par la peur, se
mit à fuir. Roustem le poursuivit et l'atteignit; le saisissant par sa
ceinture, il l'arracha de sa selle et le jeta à terre; puis, étant descendu
de cheval, il le prit sous son bras pour le porter vivant à Kaïqobàdh.
Afràsiyàb, au moyen de sa sorcellerie, réussit à échapper d'entre ses
mains, se sauva et courut au hasard. Les Iraniens, ayant l'avantage
sur les Turcs, les enserrèrent de tous côtés; ils se jetèrent sur eux
I.'i6 HISTOIRK DES ROIS DKS PKRSES.
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î') C JùU -►«ijiA'j- — ''' M *-U*. — <-^> C )ly^. - <') Maruino dans M. — !=) M ^.
comme des lions sur leurs proies et, après avoir fait dans leurs rangs
de larges brèches, ils les mirent en fuite, les poussant devant eux
comme des troupeaux et les tailladant comme du cuir. Afrâsiyâb, à
Cfui la peur donnait des ailes, les précéda dans leur course et réussit
à franchir le Djaïhoûn avec un petit nombre de ses gens et à gagner
son refuge dans la Transoxiane.
Kaïqobàdh, victorieux et joyeux, retourna dans sa résidence royale.
Il témoigna sa satisfaction à Roustem pour ses exploits, lui conféra de
hautes dignités, le fit revêtir d'une robe d'honneur et lui donna le
gouvernement de l'Inde. H investit aussi de gouvernements les autres
chefs d'armée et distribua entre eux le butin.
Afràsiyàb envoya des ambassadeurs à Kaïqobàdh, à Zâl et à Roustem
avec des présents comprenant tout ce qu'il y a de plus précieux en
trésors, objets rares et joyaux. Il lit amende honorable, leur fit tenir
un langage de nature à les bien disposer et prit l'engagement de ne
plus envahir leur territoire, ni de chercher à leur contester leurs
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 147
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{4)L^;ûxl ^J^\ <j6swLoj U^j' UjjJI <-J' c^^Ij (•-'^LftjLij <5^L<» jj
C_9^
o_*sj. — '"' Manque dans C.
droits, (le (Icvciiir leur allie en cessant d'être leur ennemi, et de se
contenter des contrées dOrient attribnées jadis à Toûz par Afrîdlioûn.
Les envoyés étant arrivés, l'accord se fit et la paix lut conclue. Zài et
Roustem s'en retournèrent dans leurs provinces.
Tout concourut à la ^^rospérité de Kaïqobàdh. Un ordre parfait
régnait, tant à sa cour que dans les provinces; l'univers entier lui
était soumis, la terre se laissait conduire par lui, et les rois vassaux
venaient lui oOrir leurs hommages en lui présentant des cadeaux.
MANIÈRE DE GOUVERNER DE KAÏQOBÀDH.
PAROLES QUE L'ON CITE DE LUI.
Lors([ue Kaïqobàdh fut entièrement maître de l'empire et que son
autorité fut incontestée, il consacra tous ses soins à créer quantité
d'oeuvres utiles, à rendre l'Etat prospère et puissant, à fonder et à
peupler des villes, estimant que tout ce qu'il exécuterait de la sorte
H8 HISTOIRK DKS ROIS DES PRRSKS.
jSv^-^t J^^iJt N-biJl ^^j-**v.^ <0.-«!5sJ U ^_y*-Lj\j 4l!t J^î ,^jJyJL u^ljj_iJ!
'' Mss. lAl^. — !-) MaïKjue dans C. — P' M ^Uv-^lj . — ''' Mss. ^j^. — (3) M J^.
l't qui se ferait par son pouvoir, sous son règne et sous son impulsion ,
compterait parmi les bonnes œuvres les plus insignes offertes à Dieu
et serait le meilleur moyen d'acquérir un excellent renom et la ])lus
haute reconnaissance. Il donna l'ordre de payer intégralement, des
revenus de l'impôt, la solde des troupes; il pensait que la monnaie
d'argent et d'or changerait ainsi de mains trois fois par an, entre
lui, ses troupes et les diflérentes classes d'employés, de marchands
et autres individus, de façon que chaque catégorie pût en profiter et
s'en servir pour ses besoins et que fargent ne restât pas longtemps
entre les mains de f une d'elles au détriment (fune autre. H disait :
« U faut que les sujets reconnaissent la nécessité d'avoir des ch(;fs et
qu'ils ne soient pas moins avisés que les abeilles et les grues, qui ne
manquent jamais de placer un de leurs individus à leur tète, se
laissant conduire par lui et suivant .sa direction dans les différents
mouvements et o])érations qu'il leur fait exécuter; elles savent par
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 149
J.Xi^ ^s^ ^.J^-^iÀ ^j«-J JjJ-> ^Li» <J<^ L^ J.J "^ ^'i "li' L^-sL^aj "^
i_r — ?-^^^l; ^"^^ 8 » l! vj-r*-^l^ S.>^i.^t \j^va_â-.'L ^_^■J! (_o'w;w^o' ^j-» <<o
leur nature qu'elles ne peuvent réussir de nulle autre manière; elles
ne peuvent se soustraire à cette loi. » Il disait encore : « En cherchant
par de superbes palais, de tapis étendus par terre, de magnifiques
vêtements, de mets variés, à exhiber tous les genres de faste, notre
but n'est que de donner de l'éclat au royaume et d'entourer son gouver-
nement de prestige aux yeux de ceux qui l'observent et qui y viennent
des autres pays; ce n'est pas le penchant exagéré pour les jouissances,
ni le grand amour des plaisirs qui nous guide. Tout ce qui profite à
l'Etat et ce qui relève sa grandeur contribue à sa prospérité, et ce qui
amène la prospérité de fEtat amène par cela même le bien des sujets. »
AVENTURE À PROPOS DE L'USAGE DU VIN-
SOUS LE RÈfiNE DE KAÏQOBÀDH.
Ce qui tenait le plus au cœur de Kaïqobàdh, c'était la culture de la
terre. Il la comparait à la vie, assimilant les champs abandonnés à la
150 mSTOlHK DKS ROIS DKS I>K11SKS.
^^jj' ^ wvs:*. v "^y^ O"^' ^^U^ L4>>jLi Je jp^^l ^J^-^Xjj ^.^
(') C i^ ^vMU. - '-' M AJyft. - (^) M L^. — W C ^ajù^, M ^,,. - t-^) M *^L,
mort. H lui était pénible de voir une coudée de terrain inculte, consi-
dérant ce spectacle comme de mauvais augure, de même qu un champ
cultivé lui paraissait une rencontre heureuse; et il se plaisait, assis
sur (pu'lque lieu élevé, à regarder les champs dans la saison de leur
verdure et de leur splendeur.
Un jour que, se tenant sur la terrasse de l'un de ses palais, il con-
templait les champs verdoyants qui se trouvaient tout autour, son
regard, aussi loin qu'il le portait, ne rencontrait que la verdure.
Pendant que, charmé de cette preuve visible de la culture, il jouissait
et repaissait ses yeux de la beauté du spectacle, il aperçut au loin,
dans un interstice de verdure, quelque chose de noir sur du blanc.
Avant donné l'ordre d'y envoyer en toute hâte un homme qui lui en
apporterait l'explication , le messager, à son retour, raconta (pi'un
homme se renflant d'un village à un autre, complètement ivre, était
bientôt tombe dans le champ comme un corps mortel qu'un corbeau,
s'étant abattu sur lui, lui avait arraché les yeux. Kaïqobàdh, très
aflecté par ce fait, ht |)roclamer la défense de boire du vin et les
HISÏOIHK DKS ROIS DES PKRSES. 151
Cl Manque dans C. — '-) C ^U. — "' M IjJL^, C jJUtf'. — '" Maii<iuc dans C. —
<*> Câï.1^. — («1 C JI.
peines les plus sévères contre les buveurs. Alors le peuple s'abstint
de boire du vin |)t'n(lanl un certain temps.
Or il advint, un jour, qu'un lion s'étant échappé de la ménagerie,
personne ne pût l'arrêter ni le ramener, juscpi'à ce qu'il vînt à passer
un jeune homme qui le saisit par les oreilles, le monta comme on
monte un àne et le lit marcher docilement, puis le remit à ses gar-
diens. Son aventure fut rapportée à Kaïqobàdh, qui en fut fort étonné
et dit : « Ce jeune homme ne peut être que fou ou ivre. » Il le fit
appeler et lui dit : «Fais-moi connaître sans mentir comment tu as
pu être assez téméraire pour aborder le lion et le monter, et tu seras
exempt de blâme.» Le jeune homme répondit : «Sache, ô roi, que
j'aime une cousine, qui est tout pour moi dans le monde. J'avais la
promesse de mon oncle qu'il me la donnerait pour femme, mais il a
manqué à sa parole et la mariée à un autre, à cause de mon humble
position et de mon dénûment. Quand j'en fus instruit, je fus sur le
point de me tuer, et mon désespoir fut extrême. Alors, ma mère, qui
avait pitié de moi, me dit : «Ceci, mon fds, est un chagrin que tu
152 illSTOIUr. DES ROIS DES PERSES.
Je* «CUi^ <-i_'L^ 4' £u.jj <C?0 Lc^ .ilUl <J v^'» J^NIIj
^<i;_à— '' ^j^_Lji^_*v^ 4--^3-j "^'jT^lj J-*-^ <-*^' ^_j>.I l^jjjj
U> r^ v--' (^ V)>-<i| ^j«LàJ|j ^:>jJ<i T^3 .»s-iÊi Je <jL£l»
■ Maïuiuc ilans C. — '-' Manque dans M. — '■'' M yL^-nJI L^ *JuJL).
ne ])Ourras vaincre que par trois coupes de vin, qui te soulageront
" un peu. » — « Comment pourrais-je boire du vin, lui dis-je, en pré-
« sence de la défense du roi? » Elle me dit : « Bois en te cachant; la né-
« cessité rend licite la chose défendue; d'ailleurs, qui te dénoncera?»
Alors je bus quelques coupes après avoir mangé du keidb, ^e sortis
avec toute la force du vin, de la jeunesse et de l'amour et j'accomplis
mon exploit avec le lion. » Le roi fut fort étonné. Il fit venir l'oncle
du jeune homme et lui ordonna de rompre le mariage de son gendre
et de sa fille et de marier celle-ci avec son neveu. L'oncle s'exécuta et
Kaïqobàfllî lui fit donner un présent. Il attacha le jeune homme à sa
])ersonne et faida à surmonter sa mauvaise fortune. Puis il fit adresser
au peuple cette proclamation : Buvez du vin autant qu'il faut pour
vous mettre à même de chasser le lion ; mais gardez-vous d'en boire
jusqu'à tomber dans un état où les corbeaux vous arrachent les yeux!
Le peuple reprit alors l'habitude de boire du vin, tout en évitant
d'aller jusqu'à l'ivresse complète.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 153
JJ^_*'Ï| ^j^ ;5î_?;;^ «i-Â-C^I (2)(J_jJ^ «Lx»y£ Jsj^j <3^1 4.L^a^ (')<^
s *_^^I "^ — i — ^' o>>v_«_) >iiLlt ^ ^^iiiwwls Lg>j ,__^ j^I <0<.^w/o
l g -^ » ' j_^ilJ Lg-^ijt_> i^ ♦-La '"■©-'^ '^-li-*«^?
<" M *:;iy-. — (•-» M ^1^. — ■'' MaïKiue dans C. — Ci M iiXJUH, JJai- — !*■ C;Loi.
FIN ni UÈGNE DE KAÏQDBÀDH.
Après avoir régné cent ans, pendant lesquels il avait élevé l'édifice
(le la grandeur, rendu le monde florissant, veillé avec sollicitude au
bonheur de tous, poursuivi énergiquement le bien de ses sujets,
amassé comme des monceaux de sable des richesses et, en quantités
innombrables, des joyaux et des objets précieux, Kaïqobàd h fut atteint
par la maladie dont il mourut. Il désigna pour lui succéder son fils
aine Kaïkàous, lui recommanda une bonne conduite, lui donna
des instructions sur la manière de diriger l'Etat, lui remit les clefs
des trésors, puis il termina ses jours. Il en fut de son règne et de
celui de son fils, qui lui succédait, comme dit Ibn el-Mo'tazz en ses
courtes sentences : « Les habitants de ce monde sont comme les
figures d'un livre d'images; toutes les fois que l'une disparaît, une
autre apparaît ».
15'i HISTOIRE DFS ROIS DES PERSES.
->>— ^«-'v.-c 3'*-*—?^ b-î~^J o^wi>_«i\ -^ILyo U«_la_5 ^LLo| js_>t>v_«i ^L<iJl (^./-A.^
^5Clil 5iUs^]^ ^.^-g-Jl ^^^J <--6-l-c ^.J^NII ^bj ^j.6^ oioUi^
1'' Maii([U(' dans M.
REGNE DE KAlkAOL'S, APPELE, EN AHAHK, OAI50US.
Les chefs d'armée, après avoir terminé les funérailles de Kaùjo-
hàdh, rendirent hommage de fidélité à Kaïkàous. Celui-ci s'assit sur
le trône et ceignit la couronne. Les j>remières paroles qu il leui-
adressa furent celles-ci : «Dieu (que son nom soit glorifié!] nous a
donné la terre pour y agir en faisant sa volonté et veiller aux intérêts
de ses serviteurs. Nous allons nous appliquer de toutes nos forces à
rétablir les affaires, à repousser fes ennemis, à protéger nos alliés, à
rendre le pays florissant, à accorder nos faveurs aux bons et à sévir
contre les méchants. » Ils se prosternèrent devant lui et le comblèrent
d'éloges.
Kaïkàous était d'une nature étonnante, extrêmement mobile : tantôt
bon souverain, tantôt tvran violent; à tel moment roi irré|)rochable,
à tel autre satan rebelle; parfois grave et ])rudent, d'autres fois léger
et étourdi. Il était surtout opiniâtrement volontaire, ardent à |)our-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 155
4-^
<" C ÀaA«a*JJ. — '-' M x»jb -131 c:, Js^ï, . ■ \l U. ' C !i. - >^' Mantiuc
dans M. — V' C JUil,.
suivre ses désirs, infatué de son propre justement, passionné pour
les femmes, inaccessible à tout bon conseil et porté à s'exposer à
des entreprises cpii toiiinaienl à sa conlusion. Il gouvernait avec ces
diversions et son règne se |)rolongeait : sa nature l'abaissait et sa for-
lune le relevait, ses résolutions le perdaient et sa bonne étoile le sau-
vai!. L'une (If ses folles entreprises, qui eut de graves conséquences
|)our lui et dont il recueillit les malheurs qui lui arrivèrent, ce fut sa
marche de Baikh au ^'emen à la tête de ses troupes, pour soumettre
le roi de cette contrée, nommé en persan Schàh-i-I Jemâivdrân , c'est-
à-dire roi des Himyarites, et en arabe, Dhoû l-Adhar, fds de Dhoû
l-Minàr, fils d'Al-Ràïscb , grand et finissant souverain , potentat absolu,
mais juste et équitable. Je reviendrai sur lui dans l'histoire des
DIkiû d'entre les rois du "^emen et des Qdïl himyarites, et rappor-
terai son histoire en son lieu, s'il plait à Dieu.
150 HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES.
«Us-Lc ^' l^jLil ilf^t ^U^t ^ fy>^jjjij_ç^j otr4; -'!; c)^
l-'' ^-C t_'oLx >-^C« v-g-*i .>l>r?I I>-^i>l^. .>»3v<J iii^-^J ^LlII ^-j^ (2) ^l;^5sA_ivJlL
,,>t J.' :>'j^_**J| ^_JtC ^\J-^! i.:::»^-?»!; SJv>« Lgj -bIsIs ^sJo| ^^)-6Jj •^-^-i«J '■>^
4>— 2^ .; ^—aJ'— c k— ^i« i'' \ «i» -i ^ «<* -fc ^Jmï S\ «-^^a_) ww-^Jol \«-v.aJ>
Cl G t^ijti. — P) Mss. jUSli^yi ^^. — W M (j*. — (»1 M ^...<. — ^^> M .L*oo. —
''"■' Manque dans C, M L> Jo>iI Lo^.
CE QUI nETEHMIN A K AIKAOl S A MARCHEn CONTP.E I.E YEMEN.
LES MÉSAVENTURES QUI l.TI ARRIVERENT.
/àl, 'Fous, Djoùdharz et les autres principaux chefs d'armée
avaient conseillé à Kaïkâous de fixer sa résidence habituelle à Balkh,
pour que, tout en demeurant dans l'Irànschahr, il ne fût pas éloi-
gné de la frontière c[ui séparait ses Etats du territoire des Turcs. Il y
résidait donc un certain temps et ses affaires suivaient leur cours
régulier jusqu'à ce que, un jour, pendant qu'il était à boire avec
ses amis, Iblîs, sous la forme d'un beau et jeune chanteur habile,
pénétrât auprès de lui avec les autres musiciens. Il joua du luth et
chanta en ces termes : « Quelle merveille que le ])ays du Yemen !
Comme il est beau et agréable! Que ses habitants sont heureux! Ni
chaleur ardente en été, ni froid en hiver. Point d'inlervalle entre la
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 157
^^\^\ L<ft^L_*4,^» LgJUj ^J-» wX^=>| L^JL^j^ —j::>-yO Ij6w<SoJ ;^ LfcJàArfO^
.j^^a^o^ i_5 ^v^l J,' ^?^ otH^ I^Sot;;^! il^t jLàJ L^Ou»
floraison et les fruits, les raisins et les dattes. La température est
douce. Les prairies ressemblent à des tissus aux riches couleurs,
l'air est parfume, les roses, coquettes, se lonl admirer. Son aspect
est ravissant. Les oiseaux sont toujours apjiariés. Ses richesses sont
plus nombreuses que ses grains de sable; ses femmes, pareilles à des
beaux parterres de fleurs et des pleines lunes sur terre; ses adoles-
cents, des délices pour les regards, des merveilles des cités. » Cette des-
cription fit une vive impression sur Kaïkàous et le passionna; son
cœur se mit à convoiter le Yemen, à désirer de le posséder et d'en sou-
mettre le roi. Il invita les chefs d'armée à se préparer pour marcher
avec lui sur le ^emeu. Ceux-ci, qui désapprouvaient l'entreprise à
cause du grand danger et du gros risque qu'elle présentait, mais qui
n'osaient lui faire opposition, exhalaient leurs plaintes entre eux et
se lamentaient. Ils disaient : « Satan a corné dans l'oreille de Kaïkàous,
qui a répondu à son appel et le suit aveuglément. Si, au moins, il
nous avait donné le temps de prévenir Zàl de cette afi"aire , nous au-
rions pu espérer recevoir de lui de bons conseils et son heureux avis.
Mais, au contraire, loin de temporiser, il agit avec précipitation. »
158 HISTOIRE DKS IlOIS DKS [>ERSKS.
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'' C hjL^. — C^' M I4JUI. — ''' Manque dans M. — C'i C c:,!^^. ~ '' C c:*i!i.j^,
M Àjli»*»,. ensuite réffulièreincnt iulii^»» dans les deux mss.
Puis, le roi, inijiaticnl de partir, se mit en route; ils le suivirent
avec les troupes dont le nombre était tel que la terre en fut couverte.
Kaïkàous, après avoir visité le Klioràsàn, le Djibàl, le Fârs et
l 'Iraq, examiné la situation de ces provinces et installé les agents, se
dirigea vers le Yemen. Lorsqu'il arriva près de ses frontières, le roi
niioû 'l-Adh'àr, fds de Dhoù '1-Minàr, fds d'Al-Râïsch le Himyarite,
marcha contre lui avec les Qail liimyarites, les princes de Oalitàn et
les tribus des Berbères. Une bataille terrible s'engagea, et la pleine
coupe de la mort fit ])ien des fois le tour dans les rangs. Dhoù'l-Adli'àr,
vovant qu'il ne pourrait soutenir la lutte contre Kaïkàous qui était si
puissant, inclina à l'accommodement et lui fit faire des propositions
de paix. Il s'engagea à paver un million de pièces d'or, avec mille vête-
ments brodés d'or, mille poulains arabes et mille lances yemenites,
et à lui donner en mariage sa lille SoVlà, appelée en persan Sôdhà-
neh, dont la beauté et la grâce étaient telles qu'elle est citée en pro-
verbe. Kaïkàous en avait entendu ])arler et était épris d'elle; aussi.
inSTOIRF. DES ROIS DES PERSES. 150
^,i— .>-aiJl J,I (i;<_>L^t Lg-*-» 7 » Ll lii-i L^^yl JUj L^ ^-tw ^_j-^^-5vs^
a_jLs->' J— *-^ i?Ljl^?! _LsJL_4v|^ A^<sj ' ^3jj^ .iu^"!!!! .i^^j .ij^'l^
^o^_-i_«wi_>o .\--î-J '^'1) c:^>wJl5o ^ Ig g>«J t:i./>-=k.sÀ.^ ufi^-»-^ (^j"v=»^ l^LaJ
'I CU^I. — '■-' M ji. - '•** Ces mots mai)([ueiit dans M. — '■'*' M 144^^5, '"••"M'"'
dans C.
lorsqu'on lui (Il espérer de la ])ossé(ler, il consentit à la paix. Dlioùl-
Adh'àr, (idele à sou eu<,raj.,M'nu'nt, fit conduire Sôdhàneh eu cortège
nuptial avec d'innombrables ricliesses à Kaïkàous qui fut cbarmé
d'elle, coninie elle fut charmée de lui; il se trouvèrent en parfait ac-
cord et s'aimèrenl.
Dhoù'l-Adli'àr résolut ensuite de prendre Kaïkàous dans un guet-
apens. Il l'invita chez lui avec ses chefs d'armée et ses soldats et,
lorsqu'ils eurent déposé leurs armes et qu'ils furent assis, devisant
familièrement et en toute confiance, il ferma les portes, saisit Kaï-
kàous, les chefs d'armée et les généraux, les sépara les uns des autres,
réduisit eu captivité les officiers, tua les plus illustres et s'empara
de leurs bagages. Il enferma Kaïkàous, Tous et Kiw dans une fosse
qu'il couvrit d'une large pierre, et les fit garder par ses hommes de
confiance. Il voulut ramener Sôdhàneh dans son palais, mais elle s'y
refusa; elle déchira ses vêtements, coupa ses cheveux et s'éloigna,
disant : « Par Dieu, je jure que, si tu m'empêches d'aller chaque jour
160 HISTOIRE DES ROTS DES PERSES.
.' ws_,Ja_và' «Uj-A^ J .Jj_5^t ..:l/_^iyCx]_; <.^=^Lg_) ,_^.<s?>-|;'î^l ci/Jtijj
^_y3\jl ^^:^ — )s — )\ » ,' ^N. à J| >.::,/^U** ^JoU' ^::,A^Llfi« >c.^*^sJa.-vi>l» s, g V»" (o'w'
^■^j-^j r>-^y-^ <^- >> ^J l-^U <^j J-^J-c]^ (5''L^Lij_cl ia-^t ^-^
'*' Ces mots manquent dans C. — '-' C LCi. M Lgjl^j c:*jLC» I^j';^- - ^^' M t_»l>ia«l.
— (») .Manque dans M. — W C l^Uisl . - (^ ^ ^^_^| o^^v.^^ 3;!jJi <^jJ^y —
à Torifice de la fosse, je me tue! » H la laissa donc agir à sa guise.
Elle visitait chaque jour Kaïkàous, lui faisait tenir, ainsi qu'à ses
compagnons, ce qui pouvait améliorer leur situation et les maintenir
en vie, leur ap])ortait des vêtements et cherchait à adoucir leur
sort.
Lorsquf la nouvelle de ce qui était arrivé à Kaïkàous se répandit,
que, sur le taux bruit de sa mort, il se produisit des j^aniques et que
l'on se mit à douter qu'il fût encore vivant, il y eut une grande
commotion dans l'Irànscliahr; il surgit des troubles, les factions
s'agitaient, la terre fut ébranlée, des bruits sourds se firent entendre
au centre même et sa maladie devint grave. Les rebelles prirent la
campagne, les Arabes se mirent en mouvement, et Afràsiyàb, sai-
sissant l'occasion, envahit l'îrànschahr et porta ses ravages aussi bien
sur les frontières que dans l'intérieur du pavs; selon son habitude, il
ie dévasta, pressura les habitants, enleva les richesses et les trans-
porta dans le pays des Turcs. Et cela dura ainsi jusqu'à ce que
HISTOIRE DES ROIS DES PERSEÎÎ. IGI
^ji_il <J>'sx|^ ^3-*-"-J' ô~'JJ '^-ïS^I'^l 3'^j
li J^ — wU L_g_3jL2 lli—i ^Lj'>-^ •wT^-' w'-î^-^'-*^!} •ï>-<vï-^ ^.>vXj <jL<çt_S
X_fWj AjJj->^ ^jSyjL y'y^aj^ ?i0^j «C^LjjIt ^Ij LZ^-» -.^-^- s_5w£
Rouslcm se mil ch devoir d'éteiiKln' la conflaj^ralion, de réparer le
mal, de souder la rupture et de secourir le peuple.
HOUSÏEM SK HEM) DANS LE YEMEN POUK l)Él,l\ KEK KAÏkVOLS.
Les Iraniens des diilérentes provinces se réunirent auprès de Zàl
et de Roustem dans le Zàboulistàn, acceptèrent leur direction et se
rangèrent sous leurs drapeaux. Roustem , après avoir lait ses prépa-
ratifs pour l'expédition, les mit en marche avec des forces considé-
rables et un nombreux équipage et en emmenant avec lui le drapeau
des Kaïanides. En apj)rocliant des frontières du Yemen, il envoya un
message à Dhoû l-Adh'àr, le mettant en demeure de rendre la liberté à
Kaïkàous ou d'accepter le combat. Dhoû 'l-Adh'àr choisit la guerre et
se présenta avec une armée mugissante. Mais lorsqu'il vit les Iraniens
et leur nombre, qu'il se représenta leur valeur et leur impétuosité
162 IIISTOIIIK DKS IK)IS DKS l'KHSKS.
u« <_:i.«\ ,_4c L-JL-À-Vtj» -i^L3vs^ <^!y^.*tJ UJJo *^'i ^ |f^-**') LtûL*»^»
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<— "^->-^ ' v^r» ^_;-^LSvis5 ^jr=»-]; <JS^^'i jLcis'isItji J-Jtij |?Ll|^t j^tU-c
l fl « «xl < cio^ l^A*. (j-^*** L«_L«»5\-««. jj (j-^U» '"làLï^
«<!La. ^..^sL^j <_;^tp^ <_,jj ;^:A..^3^j iO)«oUîp| ^_j^LSyi.5 J^l iviijls
(') MaïKjue dans C. — M MaïKiiic dans M. — (») Mss. jj:.JL,,. — '''' Mss. ^j*.
et qu'il entendit parler de l'invincibilité et de la bravoure de Rous-
teni réussissant en toutes ses entrej^rises, il en vint à composilion.
Roustem, qui chercliait à sauver Kaïkàous, pour la vie duquel il
craignait, s'y prêta volontiers. Les négociateurs allaient d'un cani|)
à l'autre jusqu'à ce qu'il fût convenu que Dhoû'l-Adh'àr mettrait en
liberté KaïLàous, Tous, Kiw et les autres prisonniers iraniens et qu'il
leur rendrait leui-s bagages. Dhoû'l-Adhar exécuta ces stipulations,
lit sortir Kaïkàous de sa prison, où il avait passé quelques années,
et le remit à Roustem. C'est de lui que jDarle Aboû-Nowàs dans sa
qasîda, dans laquelle il se fait gloire du Yemen :
l'.t Qàboùs a langui dans nos chaiiios sept aniK-cs bien compiles.
Kaïkàous fut rejoint par ses compagnons, il rentra en possession
de ses trésors, sa situation se releva, ses soldats arrivèrent successive-
ment et son armée devint plus nombreuse qu'auparavant. Alors il se
mit en route avec ses troupes ])onr retourner dans ses Etats, emme-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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ë's Jtjî J^-^*--^ ^* "^j'-^ ' '^)J ^^*^* i->>-*-*<' i gl tT^j Lg-i-^ ^JJ ^^
liant nvcc lui Sùdliàncli acc(im|)ajfnée de milU' esclaves. En consi-
(léialioii (les droits qu'elle avait à sa reconnaissance, il la combla de
f^ràces, l'cleva à un liant rang, en fit la princi|)ale de ses ieninies et
lui donna la direction de sa maison. Quand il arriva dans l'Iraq, les
rois vassaux et les seigneurs vinrent à sa rencontre avec des cadeaux
et des ollrondes et lui rendirent liomma<^e.
KAIKAOLS CHASSE AFRASIVAB DK I.'IRANSCHAHH.
FONCTIONNEMENT RÉ(;LL1EH DE SON COI \ ERNEMENT.
Ensuite, Kaïkàous adressa à Afràsiyàb, ([ui était à Raï, une lettre
dans laquelle il lui disait : k Maintenant que tu nous as montré ta vilenie
et ta mauvaise foi,va-t-en, retourne dans ton pays et laisse à son légi-
time possesseur ce qui lui appartient. » Alràsiyàb lui fit dire : « Ma
réponse sera ce que tu verras, non ce que tu entendras. » Et il marcha
contre lui avec ses troupes. Lorsque les armées se rencontrèrent.
Ifi'l HISTOIUK DF.S ROIS DKS 1>KRSKS.
une bataille terrible s'engagea : on combattait avec fureur, les lances
foncées s'enchevêtraient, les sabres brillants se croisaient. Afràsiyàb
fut mis en déroule et, seule, la circonstance que son terme n'était pas
encore arrivé le préserva d'être lacéré par les sabres tranchants et de
devenir la proie des accidents mortels. Il s'envola, rapide comme le
vent, en compagnie de ceux qui fuyaient. L"Iràq les vomit, le Djibàl
les cracha, le Khoràsàn les secoua, les rejetant dans la Transoxiane.
Kaïkàous se rendit dans le Fàrs où il examina avec soin les affaires
et fit rayonner le bonheur sur la province. De là, il passa dans le
Khoràsàn et revint à Balkh. Il eut soin de reprendre toute frontière
qui avait été envahie, de récupérer tout ce qui avait été pris injus-
tement, de réduire tout rebelle. Il était comblé des faveurs de la
fortune, il voyait les affaires de l'Etat en bon ordre et son règne de-
vint plus florissant et ])lus prospère qu'on ne l'avait jamais vu et connu.
Il accorda des robes d'honneur à Tous, à Kivv et aux autres chefs et leur
conféra des gouvernements. Quant à Roustem, il le nomma Sepahhcdh
de 1 Iran et le confirma dans son gouvernement du Nimroûz, du Zà-
HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES. 165
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f" C *;J.^**oL, M *jJv4>-«,L. — t-l G JljLj. — ™ M l^m. <■') G ajoulc JyJI,.
— (5) CiU, M;^.
boulislàn et de l'Inde; il le fit revêtir d'une robe d'honneur et le ren-
voya dans son royaume.
KAÏKÀorS C.ONSTRUrr À HARYI.ONK I, A TOUK D'Oi; IL MONTE AU CIEL.
Kaïkàous, lorsque Dieu eut fait monter très haut sa renommée et
son prestige, qu'il eut soumis à son pouvoir toutes ses régions et les
meilleurs de ses serviteurs et qu'il lui eut fait acquérir une opulence
telle qu'on n'en avait connu de pareille à aucun de ses prédécesseurs,
établit sa résidence dans Tfràq et fit construire à Babylone la haute
tour comprenant des compartiments de pierre, de ter, de laiton, de
cuivre, de plomb, d'argent et d'or, et on lui y apporta les présents et
les tributs de Roiim, de l'Inde et de la Chine. Alors Satan vint de
nouveau le mener et l'égarer, de sorte qu'il tomba en démence etper-
I()C. IllSTOlUK DKS l\()IS DKS PKUSKS.
w.©-^ . g -^^^^JL^U uî)vtAii.l ^_j;1jo« 'LtwJl ^ .i»_«_N^| ?«-^jls <Js^ jIL
^oJki. ^^13 ^>^A_H_)t_'i ■\ji ^ '^^-*-J.y^ y^s \jti-y^^y^ O^J-^^ «iiu^l
^■-_à_« — ^ .^-jiUk. lit-» ^UvwJjj ^y^ c)"^ ^ (^-W-« t-T-ait ^.ij^oLL» (jjok-
-J. «^'L ^>i)^l J,! wJa-ïL*»^" LgJC-^vS^t ^_f«_t\iJl <^iysJ\ti ^y^\ ^^
<^ g '"-^ Ji' ^_^L3v — <s-^ W i> ^ ,■>) 7^%-^ ^\ i^^yti-MKj ;.:i/OLS»j ci^U^s™^
(lit toute retenue, qu'il sortit de sa nature et qu'ii se flatta de l'espoir
d être Dieu. Il résolut donc de monter au ciel, d'en connaître létat
et d'en être le maître, comme il l'était de la terre entière. Il fit élever
et nourrir quatre aiglons, et quand ils furent devenus forts, il
monta au laîte de la tour, qui était d'une hauteur de quatre cents
coudées, fit apporter un siège léger au\ quatre coins duquel il fit
fixer quatre lances, suspendre à leurs pointes quatre morceaux de
viande et attacher les aigles par les pattes aux pieds des lances; et il
s'assit, tout armé, sur le siège. Les aigles prirent leur vol du haut
de In tour, avec le siège, et ne cessèrent de s'élever dans l'atmosphère,
cherchant à saisir les morceaux de viande au-dessus d'eux, jusqu'à
I extrême limite de l'espace qui sé])arait la terre du ciel. Alors, tour-
mentés par la laim et ne pouvant plus voler, le soleil l)rûl;uit leurs
ailes, ils descendirent à terre avec le siège et prirent [)ied dans le
plus triste état à Sîràf. Kaïkàous tomba misérablement et s'évanouit.
IIIS'IOIRK DKS llOIS DKS PKRSKS. lOT
<XJ^\ jdLj v.::./><sivvj L^^_^ L^ AjJ^ •'Ut* (^-^-^L ^Jj^l ?->^-vC Jj.g..^
ilïjj' v^^ ^-—K-L^ vr^r-**- ^^^« .>wo' ,^j-« .X.**»J U ,^i— v^« ^-5Lfl |^j-« ^^■w %ii_> u
«(■■g>jj '.x^
(" M j,^,>«jsv^. — (■-) M c^\^. — -^i Mss. e,yi. — :•') M ;!*. — ■-) M 4^11.
Mais Dieu ne voulait pas qu'il pérît; car il savait et avait décrété que
(le Kaïkàous (levait naître Siyàwouscli, et de Siyàwousch, Kaïkhosra.
(|ui (levait laire nicjurir Alràsivàl).
Lorsque Kaïkàous revint à lui, brisé et anéanti, les n^ens chez les-
quels il était tombé lui apportèrent sur sa demande du lait et de l'eau
et il en but. C est pourquoi cette contrée lut appelée Sirdf, c"est-à-diie
« lait et eau ». Ensuite, quand ils l'eurent reconnu et qu'ils lui eurent
rendu hommage, ils l'installèrent chez eux. Les ffens de sa suite vin-
rent le rejoindre, ainsi que ses chefs d'armée et ses familiers, du Fàrs
et de l"Iràq, et le ramenèrent, dans une litière portée par des mules,
à Babylone. Là, se dérobant à tous les regards, il se livrait à la dévo-
tion et, seul avec Dieu, il lui oifrait son repentir et s'humiliait devant
lui. Enlin, le reflet de la majesté divine l'entoura de nouveau, sa
splendeur reparut et les disgrâces qu'il venait d'essuyer se trouvèrent
réparées. Il monta sur son trône et les chefs d'armée se prosternèrent
devant sa majesté.
168 iiisToiui': DES uois DKS i>i-:kses.
.^Lx^' ^w^^_, ^Lyi J:^^^!, ^:i/Jt .^L^LS'^jU^ <i ^^^^
r« — K.J " 0>j_g_aL ^_j-» *_N_<s_J '" .iLc^XJOvL <_j^p<io t_jâJ_sJu 4}«J==b' .>»,<s*Jl
") C »U^. — M C ;lilàill. — W Mss. A, LyjJI ^^ i)j. — !'i MaiHine clans \l. —
NAISSANCE HE SIYAWOUSCII , EU. S DE KAIKAOIS.
On av;iit fait préscnl à Kaïkàous dune esclave d'une inc()ni])arable
beauté. H eut commerce avec elle et elle donna naissance à Siyàvvousch,
qui était comme l'étoile radieuse et la nouvelle lune; puis elle mou-
rut. Kaïkàous confia l'enfant à Roustem et le chargea de l'élever.
Ptoustem l'avant reçu, lit choisir |)()ur lui des nourrices, le garda lui-
niemc avec grand soin et femmena avec lui en son ])alais au Sedjestàn.
Zal, Roustem et Roùdliàwadli ne cessèrent de s'occuper de son éduca-
tion, de l'entourer de respect et de le considérer comme aussi pré-
cieux que leur ouïe et leur vue; ils ne voyaient le monde qu'en lui,
jusqu'à ce qu'il eût grandi et fût entré dans f adolescence, qu'il eût
acquis les belles manières et que son instruction fût complète, à tel
point que tous les yeux faillirent le dévorer et tous les cœurs l'as-
pirer. Alors, Kaïkàous l'ayant ajipolé au|)rès de lui, Roustem lui pré-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 169
«L^t Je J,L*j 4)1 js„ji_^ «lJI
para un équipage et lui donna des richesses, des montures et des vête-
ments brodés d'or, le tout digne de son rang, et partit avec lui pour la
résidence de son père. Lorsqu'il en approcha, les chefs d'armée et les
grands vinrent à sa rencontre avec des éléphants et des chars dorés. Ils
mirent pied à terre devant lui et se prosternèrent, et ils furent émer-
veillés de sa beauté et de sa perfection; puis ils l'accompagnèrent à la
cour. La ville était entièrement décorée de brocart d'or, on faisait
pleuvoir des monnaies d'or et on répandait du musc et de fambre.
Sivàwousch, avant à sa droite Tous et à sa gauche Roustem, et
suivi des autres chefs d'armée et des grands, arriva dans la salle d'au-
dience de son père et se prosterna devant lui. Kaïkàous alla à lui,
fenibrassa, lui baisa les yeux et le lit asseoir devant lui. Il se mit a
le regarder, rendant grâces à Dieu de l'avoir favorisé d'un tel fils,
félicitant Roustem de lui avoir donné une si parfaite éducation et lui
en témoignant sa reconnaissance. 11 lit mettre a la disposition de Sivà-
wousch la plus belle demeure avec tout l'apparat royal qu'il devait
170 IIISTOIRK l)i:S HOIS DKS PKUSKS.
L .w«- ,^_i,va_âJj^ ^^jujtJJ^ t_x_^|j J^.;i=>jllj U^ ^v>-<SV_)l i]^ÂJ|j ë-u^j Jt-x»
» f-i «<w-*>v-A-tt— > I- » ' ^ "^-^sLc ,?*-*-^J <ïv<S^ jlU-ol l') «iLiicU ,^ji»Us-«, jJsJLf
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4_Ai jLcjlI v.:i.Ji_f^ 4_> Js^I 4__>j->v3j .ij^v^i^ ^tAj ^1^3 ^^^-a«-jl J*"-^^
1') CjQacl.
avoir. Ensuite il donna Tordre de préparer le (estin et passa quarante
jours avec Roustem et les chefs d'armée à manger et à boire, à en-
tendre la musique et à se divertir, fêtant le retour de Siyàwousch,
qu'il combla de richesses et qu'il lit revêtir de magnihques robes
d'honneur. U distribua à tous les chefs d'armée des cadeaux considé-
rables, et à Roustem, en particulier, il donna les objets et les joyaux
les plus précieux. Siyàwousch, tel que le croissant de la lune, brillait
d'un éclat de plus en plus grand, de sorte qu'il atteignit le suprême
degré de la beauté et de la grâce, de l'élégance et de la prestance les
])lus parfaites et de l'adresse dans les arts de la chevalerie, ensemble
de qualités qui excita l'admiration des hommes et le désir des lemmes.
U devint le phénix et la gloire de son temps, il passa en proverbe et
on composa sur lui des chansons.
histotrp: drs rois des perses. i:i
s-
^:i/JLi_J L(fivX_a^ cl*^^ ufis-A^NO J-^£} io^'->^»i.j Lf ^_yij)^l '•4<si-C iji-oLs3^
<.Ao«Ovifc. ^ ^3~"^ i^^và-àjj <j^ * 1 Vi .) Js_^3vO <jLik.L <jL.g^| ^ ^»_»*»-oi
<_-^ J^_b ^ ^^1 J-iJOolj %-g-vl Jjifc.jJL Wds-oL Jj-jftbt 4_5jIaJ -«Ljjil
'"' C ^j^Tfy- — !-' Manque dans C. — >•' Manque dans C. — ''' M (j^Ij-
HISTOÏKK Dr. SIYWVOISCH AVEC LA KEMMK DP. SON PERE SODA,
NU.MMEE SÔDHÀNEH, FILLE DU ROI DES HIMYAHITES.
H arriva à Sôdhâneh, ayant vu Siyâwousch de loin, ce qui était
arrivé à la femme du gouverneur d'Egypte avec Joseph le véridique :
elle devint éperdument amoureuse de lui, la terre si vaste lui fut
étroite, sa volonté se trouva anéantie et sa passion atteignit les der-
nières limites. Alors, un jour, elle dit à Kaïkàous : « Ce que jai appris
de Siyâwousch m'a inspiré pour lui l'amour d'une mère pour son fils.
Le roi ne voudrait-il pas lui permettre de venir nous voir, nous autres
femmes, ses mères et ses sœurs? Nos yeux brilleraient de joie de le
voir, nous lui ferions un accueil digne de lui, nous pourrions avoir
part à sa lumière et profiter de sa bonne étoile. " Ses paroles firent
plaisir à Kaïkàous, qui indiqua un jour où il devait leur rendre visite
172 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
A — wlj v^s-L^wJLJ "OIj: v.::.--Lo|. 4' i^Js.^ J^_gJj|j^ Jj_gjUjj Lgjil-v^
Jj_g^>^' c:,ouLJj|^ ^Lsi-J' >j'»! ciyJLsJ^» wA-olJL vjJwi*siL ;.i,^<o|j-i-'ij 3 1?
et il ordonna à Sivàwouscli de se rendre auprès d'elles. Siyàwousch,
n'obéissant qu'à contre-cœur à cet ordre, entra dans l'aj^partement des
femmes, au jour fixé. Sôdhàneh, entourée de ses lilles, de ses coépouses
avec leurs filles et de leurs esclaves, vint à sa rencontre, se prosterna
devant lui, puis, s'approchant, lui baisa la tête et le visage. Les
autres femmes et les jeunes filles, à son exemple, se prosternèrent
également et versèrent sur lui des monnaies d'or, des perles, des
rubis, du musc et de fambre; les cordes des lutbs retentirent entre
les mains des musiciennes, qui chantaient ses louanges et invoquaient
pour lui la grâce du ciel.
Sôdhàneh, avant fait asseoir Siyàwousch sur le trône d'or, s'assit
devant lui et se mit à le regarder, non avec les yeux d'une mcre, mais
avec ceux d'une amante, et lui dit : « Je rends grâces à Dieu de m'avoir
donné un fils tel que toi, qui charme les yeux par sa beauté et le cœur
par sa perfection. Je lui demande de me rendre apte à te sei'vir et de
me faire trouver le moyen de gagner ton affection. » — « Et moi, ré-
pliqua Siyàwousch, je remercie Dieu d'avoir donné au roi une femme
HISTOIRK DES ROIS DRS PERSES. 173
j i ^ <ap "^ «Ji—L-Llj (.5vgJ! <i>.^? M=^ l^uJl ^j* J-t^-wlé ^JuJa^Lo
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L 4I c:^Li_i ^_;r%-^ ^y* U-''^^ cT ^2>y^^ ^ '-^b!^ «LiJ_;J]^ «Uy'
<_J| ^ ^,-,_L_, Je Jt "^^ c:JLiL3 J.jl._^ ^4 ^ -^^^ -^'^J
(I) M i_jU. — (■-' M LuCl. — f^i M ^L_^cJO. — (^' C ^;Lï. — (*' MaïKiuc dans C.
telle que toi comme épouse principale et maîtresse de sa maison, et de
m'avoir fait trouver en toi une mère qui ne m'a pas mis au monde. " Et
sur ces mots, elle recommença à l'embrasser et redoubla ses caresses.
De ses paroles et de ses œillades, Siyàwousch nota, non une page de
bonté et de tendresse, mais une page d'amour et de passion ; se rendant
compte de ce qui se passait en elle, il eut des soupçons et il se leva
pour sortir. Elle lui dit : 1 Pourquoi, ô prince, cette hâte? On dirait
tjue tu es pressé de partir! » Siyàwousch répondit : « C'est la première
visite et nous avons du temps devant nous. Répéter est plus méritoire
et revenir plus heureux. » Elle l'accompagna jusqu'à la porte de l'ap-
partement, faisant des vœux pour lui et recommandant à la protection
divine les parfaites beautés de sa personne. Elle revint ensuite, de plus
en plus en proie à l'ardeur de l'amour et aux frénésies de la passion.
Bientôt Kaïkàous entra chez Sôdhàneh et lui demanda ce qu'elle
pensait de Siyàwousch. Elle répondit : « Si je n'étais pas certaine
qu'il est ton fds, je dirais que c'est un des archanges. De même que
tu es sans égal parmi les rois, il est sans pareil parmi les princes.
17'4 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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Je ne me doutais pas que le monde pût produire un homme tel que
lui, si beau, si intelligent, doué de toutes les vertus. Que Dieu vous
rende heureux l'un par l'autre! Mais j'ai conçu pour lui un projet que
je veux te communiquer, si tu le permets. " — « Quel est-il.^ » demanda
Kaïkâous. Elle dit : « Fais-lui épouser une de tes fdles, pour que le
Soleil soit uni à la Lune, qu'une merveille soit jointe à l'autre et que
d'eux naisse le plus fortuné des astres. >< Kaïkâous dit : « C'est, pour
ainsi dire, ma propre pensée que lu traduis, et tu exprimes exacte-
ment ce qui est en mon àme. » Et il lui ordonna de faire venir Siyâ-
wousch et de lui présenter les jeunes lilles, afin qu'il choisit parmi
elles celle qui lui plairait. Cela répondait au désir de Sôdhàneh et
lui causa une vive joie et la soulagea. Kaïkâous, immédiatement, fit
appeler Siyâwousch et lui dit : « Mon fils, tu me donnes toute satisfac-
tion et j'espère que Dieu me donnera de toi des descendants, comme
il m'a béni par toi-même. Il faut donc que tu prennes une femme
dans notre famille, avec laquelle tu vixras content et heureux. Va à
IIISTOIUE DKS ROIS DES PERSES. ITfi
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Ss.::fc.Ltv l.^f} I^L?- ;c^ ^::^^ ;tX,vajJ|^ ^.yjl ^ -
l'appartemenl des femmes, où Sôdliâneh te présentera les' jeunes
fiHes, et choisis l'une d'entre elles avec laquelle je te marierai. " Siyà-
wouscli, après avoir baissé la tête un moment, se rendant compte
que c'était là une combinaison de Sôdbàneh, dit : «Je voudrais que
le roi me donnât une épouse de son choix, car je craindrais que le
mien ne s'accordât pas avec le désir de Sôdbàneh et qu'elle lût mécon-
tente de moi. » Raïkàous se mit à rire et dit : « Mon fds, il faut que
ton épouse soit choisie par toi-même. Sôdbàneh t'aime trop et s'in-
téresse trop à toi pour qu'elle soit mécontente de ce qui ferait ton
bonheur. Demande l'inspiration de Dieu, va chez elle et choisis parmi
celles qu'elle te présentera. » Siyâwousch se prosterna devant lui et
dit : « L'ordre du roi doit être obéi. «
Sôdbàneh se prépara pour le projet qu'elle avait combiné et en
fixa le jour. Elle s'occupait avec le plus grand soin à se parer et à
s'embellir; car, avec sa beauté et ses charmes, elle était sorcière et
pleine d'adresse; et elle envoya un messager après l'autre pour inviter
176 IIISTOIUK DKS ROIS DKS PKUSKS.
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Sivàwousch à venir. Lorsqu'il arriva, elle alla à sa rencontre avec ses
filles et les filles de ses coépouses, le fit asseoir sur le trône d'or et
les lui présenta d'abord individuellement, puis toutes ensemble. En-
suite elle les éloigna, s'assit auprès de lui, se prosterna et dit : «Je
sais, ô prince, qu'aucune d'elles ne te plaît, tes yeux étant imprégnés
du charme de ma personne, dont la beauté et la perfection sont
proverbiales et dont la pareille n'a jamais été créée sur terre. Je suis
maintenant forcée à rejeter toute honte et à me découvrir devant toi,
car je faime d un amour que je ne saurais décrire ni exposer. Si tu
lais ma volonté et si tu me promets de garder mon secret, je te ferai
épouser ma fille, je te donnerai toutes mes propriétés et je serai ton
esclave, tu obtiendras mes dernières faveurs et je m'abandonnerai
entièrement à toi. » Elle l'attira à elle, fentoura de ses bras et baisa
sa bouche. Siyâwousch, rougissant de pudeur et après avoir baissé la
tête un moment, lui dit : « Tu es bien telle que tu t'es peinte; mais tu
HISTOIIŒ DES ROIS DES PERSES. 177
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W C Ju^o. — ■-" C Ji^yU. — ^ M JuJt. — ' C 4p^. — = M ^y
lie devras jamais appaiiciiir (jiiaii roi. Ont* Dieu me préserve de
Iraliir mon père en son lionneur conjugal et en ce qu'il a de plus
sacré! Si ton intention est de me donner ta fdle en mariage, parles-en
au roi; de mon côté, je te promets de garder ton secret, à condition
([ue nous demeurions dans les rapports qui existent entre un fils ef
une mère. » Puis il s'en retourna chez lui.
Lorsque Kaïkàous entra chez Sôdhâneh, elle lui dit : Je viens de
présenter à Sivàwousch toutes les jeunes filles; c'est ma iille qui lui a
plu. » Kaïkàous en lut heureux et dit : « Je la lui donne. » Et il fit
porter à cette jeune fdle de f argent, des objets précieux et des jovaux.
Sôdhâneh, ensuite, par des messages répétés, invita Sivàwousch à
venir. Lorsqu'il se rendit enfin à son appel, elle resta seule avec lui et
lui dit : Il Le roi t'accorde ma fille en mariage et il lui a donné des
richesses 'nnombrables. Mais ce dont je t'ai fait part de ma violente
passion et de mon extrême amour pour toi, ce sentiment est tel qu'il
m'étoufie et qu'il me rend tout à fait misérable. Si tu as pitié de moi.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
JN-s-U= J,l ^s^^^^\j ^S-^^^^l} <S-^^J ''c)^ <5^ (j^ J^
11) M JU. — (-' MaiHiur dans C. — Pî Maïuiu,' dans M. ^ (') M ^^L.^.^-^ . —
t'I M JJ.
si tu viensà mon secours et que tu te rendesà mes désirs, je te donnerai
toutes mes propriétés, je balayerai de mes cheveux le sol que tu
foules, je te ferai un tapis du noir de mon œil et du fonds de mon
cœur. » Elle fondait en larmes, priait et suppliait et ne cessait de se
prosterner devant lui. Siyàwousch lui répondit : « Je l'ai déjà dit que
je ne trahirai pas mon père et ne m'exposerai pas au feu (\p l'enfer et à
la honte en commettant l'action à laquelle tu m'in\ites. Je me tiens
à cette réponse. Il n'est pas dif^ne de toi de vouloir séduire ton iils,
toi qui es la principale et la directrice des épouses et la reine des
femmes.» Sôdhâneh dit : «Je jure par Dieu, et l'on ne peut jurer
par plus grand que lui, que, si tu ne fais pas ma volonté et si tu n'as
pas pitié de mon triste état, je te prendrai en haine, je te ferai sortir
du royaume de ton père et je foulerai ton sang! » Siyàwousch s'étant
levé pour sortir, elle s'attacha à lui et dit : « Je viens de te dévoiler
mon secret; tu vas te tourner contre moi et tu veux me déshonorer! »
Sivàwousch répondit : "Je jure que je ne divulguerai pas ton secrel
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 179
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('* M JiiiAi)^ Jj:« ^iy. — '■-' C ,^âé J,Aj-, M^jôe j-ij-y duU^i). — W M a]^. —
et ne te déshonorerai pas et que je ne manquerai pas aux égards qui
te sont dus, car je te considère comme une noble dame et une mère
respectée. Ainsi laisse-moi m'en retourner chez moi et m'occuper
de mes affaires." Elle dit : «Non, par Dieu, je ne te laisserai pas
partir, à moins que tu ne satisfasses mon désir par l'embrassement et
l'étreinte et que tu ne rafraîchisses mon foie brûlant par trois baisers. »
Siyàwousch la repoussa, s'en alla à grands pas et regagna sa demeure.
HKSSE-NTIMKNT DK SÔDHÀNEH CONTHE SIYÀWOI SCH.
SON AMOUR SE CHANGE EN HAINE.
ACCl'SÉ KAIJSSEMENTI'AK ELLE, IL EINIT PAR ÈTREMCTIME DESA MECHANCETE.
Sôdhâneh, ayant perdu tout espoir de voir Siyàwousch se rendre
à son désir et, sous le coup à la fois de la froide déception qu'elle
venait d'éprouver de sa part, de son ardent ressentiment, et de la
180 HISTOIRK OKS ROIS DKS PERSKS.
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crainte que son secret ne fût rendu public par lui , lacéra ses vêtements,
s'arracha les cheveux, se frappa le visage et se meurtrit la poitrine,
pleura et poussa des cris, et ses esclaves pleurèrent avec elle. Kaï-
kàous, surpris d'entendre cette clameur qui montait de l'appartement
des femmes, entra chez Sôdhàneh et lui demanda ce qui lui était
arrivé. Elle répondit : « Saclie que Sivâwousch a voulu me faire vio-
lence en disant qu'il ne désirait pas d'autre femme que moi, et comme
je lui ai résisté, il m'a frappée, m'a arraché les cheveux et m'a mise
en l'état que tu vois. " Kaïkâous dit : " Tu aurais bien pu te dispenser
de t'attirer ce qui t'arrive par ta propre maladresse et par ta sottise! "
Il donna l'ordre aux femmes qui l'entouraient de se retirer, ht appeler
Sivâwousch et lui dit : « Cette femme rapporte de toi un lait que je
ne puis croire et je ne te soupçonne même pas; car c'est moi-même
qui t'ai envoyé auprès d'elle malgré ta résistance. Maintenant dis-moi
exactement ce qui s'est passé. ^ Siyàvvousch lui raconta l'aventure du
commencement à la fin. Sôdhàneh lui donna un démenti et pro-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 181
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(lulsil son accusation une seconde fois. Kaïkàous, pensant qu'entre
eux deux, se contredisant l'un l'autre, il ne devait juger que sur une
preuve, prit la main de Siyàwouscli et la flaira : il ne lui trouva
aucune odeur pouvant faire supposer qu'il eût touché cette temme,
qui était parfumée et imprégnée de senteurs. Alors, apostrophant
rudement Sôdhàiieh, il la chassa, après avoir songé à la tuer. Il avait
renoncé à ce dernier parti, parce qu'elle occupait une large place
en son cœur, qu'elle lui avait donné de nombreux enfants et à cause
de la reconnaissance qu'il lui devait. Il ordonna à Siyâwousch de
regagner sa demeure et de garder le silence sur cette aventure.
Sôdhàneh, avant compris que le roi n'avait pas cru en ses paroles
et craignant que son cœur ne se détournât d'elle, eut recours, le
lendemain, à l'imposture. Elle fit venir une femme enceinte de
quatre mois, lui donna de l'argent et lui demanda d'avorter, afin
de pouvoir présenter à Kaïkàous le fœtus comme étant celui dont le
coup que lui avait porté Sivâwousch l'avait fait avorter elle-même.
Cette femme lui dit : «Je ne me plaindrai pas d'une blessure par
182 IIISTOIRK DES ROIS DES PERSES.
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^â—ljj oiLg-^ ^T ils < » S^-^ ^1,1 ^^^ ot^^^^ S-'^j'' J,'-"-^ ^Js_^^
''' M l^. — '-' -M o-iJs, et ainsi plus bas. — '"'' M ^Ui- — ' M i^-cJLo.
laquelle lu trouveras ton contentement. " Elle prit alors un breuvaj^e
uhortif et, au temps de minuit, elle accoucha de deux fœtus. Sôdhàneh
les fit déposer dans un plat d'or et recommença à pleurer et à pousser
des cris. Elle dit aux esclaves : « Regardez ces deux enfants que le
coup de Siyàwousch a fait naître avant terme! » Les esclaves se mirent
à pleurer et à crier, et leurs clameurs furent telles qu'elles réveil-
lèrent Kaïkâous. Celui-ci, s'étant rendu auprès de Sôdhàneh, la vit
couchée, les vêtements tachés de sang et, devant elle, dans le plat,
les deux fœtus. Elle lui dit : » Tu n'as pas voulu me croire et tu t'en
es laissé imposer par mon adversaire; maintenant mon état atteste la
vérité de ce que j'ai dit. »
Kaïkâous, fort perplexe, rentra dans sa chambre à coucher; mais
il s'agita sur son lit et ne put trouver du sommeil jusqu'au matin.
Il fit alors appeler les astrologues, les mages et les devins, leur
montra les deux fœtus dans le plat et leur ordonna de faire des obser-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 183
j'I ^ y^j^ Ls-kLsjj L<sÂ3 LjàÀi LtK-Aï '\j*ji "Oiiâ-vv
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(') M ^JA3. — (-■' M \^j. — ' M L^jdaJÙ.!. — ' M i^j^. — ''■>• Manciue cl.ins C.
— C"') Miuuou.
valions et de chercher à connaître s'ils provenaient de Sôdhàneh
ou dvine autre femme. Après de nombreuses observations et de
loiij;ues déhbérations, ces personnaj^es furent unanimes à déclarer
([ue les deux enfants n'étaient ni de Sôdhàneh ni de Kaïkàous, et,
par k'ur perspicacité et leurs enchantements, ils désignèrent la femme
(jui les avait mis au monde et indiquèrent le lieu où elle se trouvait.
Kaïkàous donna l'ordre de la rechercher et de la soumettre à l'inter-
rogatoire le plus rigoureux. On la trouva et on l'amena. Menacée
d'avoir les mains et les pieds coupés et les yeux arrachés, elle finit
par avouer qu'elle avait mis au monde les deux fœtus. Sôdhàneh dit :
«Cette femme est une menteuse, une misérable, une sorcière; elle
parle ainsi par crainte de la mort et de la mutilation; et ceux-là sont
des menteurs et des sorciers; ils mentent parce qu'ils prennent parti
pour Siyàwousch et par crainte dé Roustem, son maitre. Ces enfants
sont indubitablement de toi et à toi. Si tu punis mon ennemi de
leur mort, à la bonne heure; sinon, je demande à Dieu en grâce
de me rendre justice de lui. " Et elle versa des larmes dont Kaïkàous
JsJLJ
1 HISTOIRE DES KOlS DES PERSES.
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«C-A-ji Js^^y-Xi ^pa-gJLS ^!^0o <..^ri^j o^^^v s->^' "^-^sLcj ?:>' u'r' ^
se sentit eniu et sa conviction lut ébranlée. Le lendemain, il donna
l'ordre de réunir les lierbedhs et les mobedlis, leur exposa l'afTaire et
les invita à la juger. Ils dirent : « Il laut nécessairement les laire
passer tous deux par le feu ardent. Celui qui y entrera et demeurera
sauf sera l'innocent qui a dit la vérité; celui qui périra dans les
flammes sera le coupable qui a menti. "
Kaïkàous fit appeler Sivàwouscb et Sôdhàneb et leur demanda
s'ils consentaient à passer par le leu. Sivàvvouscli garda le silence.
Sôdhàneh dit : « Moi, j'ai déjà démontré la vérité de ma déclaration
et clairement établi mon innocence. Ce n'est pas à moi qu'incondie
la preuve. » Alors Kaïkàous donna l'ordre de rassembler une grande
quantité de bois et d'en former deux grands bûchers séparés par un
espace permettant le passage de deux cavaliers marchant de front.
Le lendemain, il s'y rendit à cheval avec sa suite, ordonna de mettre
le feu à cette montagne de bois et fit appeler Sivàwousch. Celui-ci
arriva vêtu de blanc et monté sur un cheval noir; sa figure brillait
de l'éclat de la lune. Il mit pied a terre devant son père, se pro-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 185
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qj_j;_ïwlj Lj—-^] < -^y-s joijj Lg/Oo t_)Jj Liij *L.SvJU -*L£>>JL <^L,v3^!
>'' MaïKnic tians \I. — ('-i C ^^U^o.
sterna, puis se tint debout devant lui. Kaïkàous, honteux et plein
de chagrin, n'osa pas le regarder et ses yeux étaient noyés de larmes.
Siyâwousch dit : «Ne t'aflQige pas, ô roi. Si je suis innocent. Dieu
nie sauvera; si je suis coupable, tu ne devras pas regretter que j'aie
péri dans les Ihimnies. » 11 demanda son cheval, le monta et se dirigea
vers le brasier fland)ant, tandis qu'on entendait les cris de la foule
Taisant des vœux j)()ur lui et pleurant. Quand il fut près du feu, il
fouetta son cheval, traversa fimmense bûcher d'un trait et ne fut pas
brûlé. H en sortit de l'autre côté, sans qu'il eût été touché par le feu,
non plus que ses vêtements ni son cheval. L'heureuse nouvelle de
sa préservation, volant de bouche en bouche, arriva à Kaïkàous qui
mit pied à terre et se prosterna, adorant Dieu. Les gens pleuraient
de joie et faisaient vœu d'accomplir de bonnes œuvres. Lorsque
Siyâwousch parut devant son père, celui-ci alla vers lui, l'embrassa,
versa des larmes de joie et dit : « C'est aujourd'hui, mon fds, que tu
180 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
^' 'J f^-iXs^j ot^U^ oi^ ^-i^j ^ilj p-i-[Lj ^[^\j i]fiJ| Jt^L
^j"^! J~^j ^La_? Lg_,-*Lv| Je LgJl J^U «Oot ^-Li jjt ^Ls^ Ls.
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m'as été donné! » 11 l'eminena avec lui au palais royal, donna l'ordre
d'y recevoir les chefs d'armée et les grands, les invita à sa table et
but avec eux et les fit revêtir, ainsi que Siyàwousch, de robes d'hon-
neur. Il fit ensuite livrer Sôdhàneh aux exécuteurs. Quand ceux-ci
Teurent saisie et entraînée pour la tuer, Siyàwousch, sacliant ([ue son
père l'aimait encore malgré sa mauvaise action, se leva, baisa la terre
devant lui et le pria de lui accorder la grâce de Sôdhàneh et d'avoir
pitié de ses enfants en l'épargnant. Kaïkàous dit : «Quelle bonté que
la tienne, ô mon (ils! Comme tu es généreux, compatissant, sage! Je
t'accorde sa grâce. » En conséquence, les serviteurs coururent l'ar-
racher d'entre les mains des exécuteurs et la ramenèrent dans son
palais.
SIYÀWOISCH SK MKT EN CAMPAGNE CONTHE AKRÀSIYÀB.
Kaïkàous ayant été informé qu'Afràsiyàb avait quitté ses Etats
et marchait sur l'Irànschahr avec cent mille cavaliers, résolut de
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 187
^ I?» — IUl^I
partir en personne pour le repousser et le combattre. Siyàwousch,
qui appréhendait de demeurer à proximité de Sôdhàneh et désirait
s'éloigner d'elle, se proposa pour conduire la campagne contre Afrà-
siyàb à la place de son père, et lui demanda de le charger de cette
expédition. Kaïkàous lui accorda sa demande, le complimenta et dit :
"Je te donne, ô mon fils, la direction de cette guerre! Dispose libre-
ment de l'argent et des troupes et emmène avec toi Roustem el ceux
des grands que tu voudras. » En conséquence, Siyàwousch s'occupa
à laire ses préparatifs pour entrer en campagne, choisit les chefs
d'armée qui devaient l'accompagner, leur donna la solde, fournit ce
qui était nécessaire à ses serviteurs et aux gens de sa suite, et se mit en
route avec douze mille cavaliers et autant de fantassins, en emportant
le drapeau des fvaïanides. Après avoir reçu les adieux de son père,
qui l'accompagna au départ, il conduisit l'armée au Sedjestân.
Roustem, transporté de joie par l'arrivée de Siyàwousch, alla à sa
rencontre avec ses chefs d'armée et ses officiers. Lorsqu'il l'aperçut.
188 H1ST0I1\K DKS I\01S DES PKUSKS.
'.J^_ifc.« A—jL^i, <l 1 Lj^^ ij|i>5jj ^jlî)j ^b '^'■^ ^L>-v^ ^ ,ji^Ls^
J^-vij.!« ^JCi-o^^* <jda_tv'wv^ <JO\U:x^ <JC«f-Lii/0 ^ ï:>L«J| ,^ \}rr^j
<') M J^j. — (■-' Manque dans C. — (■■» C^.
il mit piod à terre, se prosterna (levant lui et pleura de joie de voir
qu'il était sorti sain et sauf d'un si j^^rand danger; puis il remonta à
cheval et le conduisit à son palais, celui que Sivàwousch avait habité
en son enfance. Zàl, Zawàreh et Roûdhàwadh lui rendirent hom-
mage et se prosternèrent devant lui. Il leur parut comme un astre
ciui leur venait du ciel; ils le firent asseoir sur le trône d'or, l'entou-
rèrent et lui demandèrent de ses nouvelles. H leur dit : « Soyez bénis
et les bienvenus pour moi! Plût au Ciel que je ne vous eusse jamais
quittés; car vous êtes ma famille, vous êtes mes meilleurs amis el
ceux qui me sont les plus chers! Je le jure par Dieu : depuis que je
vous ai quittés, je n'ai pas rencontré le bonheur; après mètre séparé
de vous j'ai été exposé au feu ardent! Enfin Dieu, faisant descendre
sur moi sa miséricorde, m'a donné une nouvelle vie! » Alors ils ren-
dirent grâces à Dieu de l'avoir préservé et de leur avoir accordé de
le revoir. Et ils reprirent f habitude de manger, de boire et de vivre
familièrement avec lui et de fentourer de tendres soins. Sivàwousch
leur remit les cadeaux qu'il avait apportés pour chacun et demeura
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 18<i
(')<_,^^! iU^5_^_^' J_^__5 ^^j.>^_^ Jl^'î^l^ ^i[ :,\j^\^ ^^ J^\y
■'' Ces mois niuiiqueiit ilaiis C. — '-' C »jlj.
avec eux pendant nn mois, menant la vie la plus délicieuse. Puis il
partit avec son armée , et Rousteni avec ses chefs d'armée l'accompagna.
Siyàwouscli et Roustem se dirigèrent sur Héràt, de là sur Tàlaqàn ,
puis sur Balkli. Lorsqu'ils approclièrent de cette ville, Karsiwaz, le
Irère d'Alràsivàb, l'éNacua et alla rejoindre son frère, qui campait
entre Soghd etBokhàrà. Siyâvvousch, Roustem et l'armée occupèrent
Balkh et envoyèrent de là les avant-postes contre les riverains.
Siyàwousch, par une lettre, annonça ces faits à son père. Celui-ci,
dans sa réponse, lui fit des compliments et lui recommanda de se
garder des embûches d'Afràsiyàb et de ne point franchir le Djaïhoûn ,
mais d'attendre qu'Afràsivàb traversât le fleuve. Il lui envova aussi,
ainsi qu'à Roustem et aux chefs d'armée, des robes d'honneur et des
gratifications.
Lorsque Karsiwaz arriva auprès de son frère, celui-ci lui fit de
vifs reproches de s'être retiré sans combattre. Karsiwaz répliqua :
« Qui pourrait, ô roi, résister à Roustem, que tu as appris à connaître,
dont tu as éprouvé la valeur et dont tu as subi fassaut, alors surtout
qu'avec lui se trouve Siyàwousch, qui est la Fortune personnifiée,
l'.Kt IIISTOIUK 1)KS ROIS DKS PEIISKS.
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CI Manque dans C. — C^i \\ .joiil^. - i^' C ^jJlsî.
un homme ayant la pureté des anges que la protection divine accom-
pagne et ne quitte jamais!» Afràsivàh se calma, se montra radieux
et oublia ses soucis en s'amusant à deviser et à boire avec ses chets
d'armée et ses familiers. Mais, cette même nuit, il eut dans son som-
meil un horrible songe, pareil au songe de Dahhàk. H se réveilla
plein de terreur, poussant un cri formidable qui réveilla tous ceux
qui dormaient dans son pavillon, descendit de sa couche et, trem-
lilant comme une feuille sur l'arbre au souille du vent, il laissa tomber
sa tète sur son genou. Aucun de ses compagnons n'osant le ques-
tionner sur son état, on envova prévenir Karsiwaz qui, accourant en
toute hâte, entra chez lui et le trouva ayant l'apparence d'un mort.
11 lui prit la main, l'attira sur sa poitrine et lui dit: «Que t'est-il
arrivé, ô roi."*"' Afràsiyàb ordonna à tous ceux qui étaient présents
de se retirer et après avoir lait baisser les portières, il dit : « Sache,
ô mon frère, que j'ai vu en songe mes drapeaux renversés; les rivières
roulant des flots de sang, celui de mes troupes; mes chefs d'année en
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 191
S-
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fuite; les têtes des Turcs plantées sur des lances, leurs demeures
détruites, leurs enfants captifs; moi-même, mes frères et mes enfants
enchaînés entre les mains des ennemis; et j'ai vu Kaïkàous, redevenu
jeune et vigoureux, m'assener avec son sabre un coup qui me fendit
en deux. » Karsîvva/, tondra sans connaissance. Quand il revint à lui,
il dit : «Voilà ce que j'éprouve au récit de ton songe; qu'as-tu dû
éprouver en voyant! Cependant j'espère que le bien sera pour nous
et le mal pour nos ennemis. Je pense que tu devrais consulter les
interprètes des songes au sujet de ce songe dont nous chercherons
à écarter les conséquences fâcheuses. » Lorsqu'il fit jour, Afràsiyàb
fit appeler les interprètes des songes, leur raconta le songe qu'il avait
eu et leur en demanda l'explication. Ils dirent : « Ce songe présage la
ruine des Turcs, soit par Siycàwousch , soit à cause de lui. On ne
peut aller contre le décret de Dieu, et il n'est aucun être qui puisse
changer sa sentence. » Afràsiyàb fut interdit et atterré; mais il garda
le secret sur cette affaire.
192 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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AFinSIVAH INCLIM: a l.A PAIX ET ENVOIE DES CADEAIX ET DES OTAr.ES
À SIYÀWOUSCH.
Afràsivàb délibéra avec son frère Karsiwaz au sujet de TafFaire qui
l'occupait. Ils résolurent de chercher à gagner les bonnes grâces de
Siyàwousch et de Roustem par des richesses, de leur abandonner
quelques provinces qui se trouvaient sous la domination des Turcs
et d'opérer habilement de façon à mettre (in à la guerre et à en écarter
les calamités. Afràsiyàb invita donc son frère à partir pour négocier
et à emplover tous les moyens possibles |)()ur obtenir la cessation
des hostilités. Il lui donna pour Siyàwousch et pour Houstem tout
ce qui pouvait plaire et bien disposer les cœurs : de l'argent et des
cadeaux, à titre gracieux et à titre d'hommage, des jeunes garçons et
des jeunes fdles esclaves et des montures, et le fit escorter par deux
cents cavaliers jusqu'à Balkh. Un personnage de la cour de Siyàwousch
vint à la rencontre du frère d'Afràsivàb, l'amena dans la ville, le cou-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 193
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(liiisit à sa demeure et le reçut avec honneur et le complimenta. En-
suite Sivàwouscli, avant à côté fie lui Roustem, donna audience à Kar-
sîwaz, lui fit un accueil honorable, lui témoigna de grands égards,
i'écouta avec attention, accepta gracieusement les cadeaux qu'il avait
apportés et en tira bon augure. Il fit de lui son convive pendant une se-
uïaine et le condila de prévenances. Puis, ayant auprès de lui Roustem ,
il le Ht appeler et lui dit : « Si ton frère veut la paix, qu'il nous envoie
a litre d'otages cent de ses chefs d armée et de ses familiers, que
Roustem désignera, et (pi'il abandonne les territoires qui nous appar-
tiennent et qu'il détient; nous écrirons alors au roi et nous deman-
derons son autorisation pour conclure la paix. » Karsîwaz manda ces
propositions à Afràsiyàb, joignant à sa lettre les noms des otages
qui lui avaient été dictés par Roustem. Afràsiyàb accepta ces condi-
tions, envoya les cent personnes désignées, évacua les territoires ira-
niens et retourna sur-le-cbamp à Bihischtkank, sa résidence. Lorsque
les otae:es arrivèrent à Balkb, Karsiwaz les remit entre les mains de
lO'l IIISTOIRK DES ROIS DKS l'KUSES.
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Siyàwousch; il fit passer en son pouvoir les villes restituées et, après
avoir reçu les engagements des Iraniens concernant la paix, il partit
en recevant des marques d'honneur et alla rejoindre son frère.
(^omme Roustem jugeait qu'il serait prudent d'aller lui-même
communiquer à Kaïkàous la conclusion de la paix que f appréciation
directe de la situation avait imposée, Sivcàwousch fy autorisa, le lit
revêtir d'une robe d'honneur et lui remit pour son père une lettre
confirmant ce que dirait Roustem; puis il lui donna congé de partir
et, après favoir accompagné, lui fit ses adieux.
Quand Karsîwaz arriva auprès d'Afràsiyàb, il lui parla du pres-
tige de Siyàwousch, de sa beauté, de ses nobles qualités et de ses émi-
nentes aptitudes pour exercer le pouvoir. Afràsiyàb dit en riant :
« Les richesses ont fait leur effet et nous ont débarrassé de nos inquié-
tudes. Que Dieu soit loué et grâces lui soient rendues! »
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 195
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iLi-JJ^ «CJI JLit :^-~> ,ji^L_*v Jss».| (^^oJj 1*1^1 l>sJ\ jî^-^Jj ^'-♦--'
kAÏKAOUS REFUSE OE RECONNAITRE LA PAIX CONCLUE
l'AK SIVÀWOI SCII ET ROUSTEM. CE QUI ADVINT DE SIYÂWOUSCH.
I^orsqiie Roustein fut arrivé auprès de Kaïkàous, qu'il lui eut remis
la lettre et communiqué le message de Siyàwouscii en l'appuyant par
le récit éloquent de ce qui s'était passé, Kaïkàous entra dans une
violente agitation, il fut pris de rage et de fureur et il s'écria : « Le
sorcier Afràsivàb vous a séduits avec les miettes provenant de ses
rapines et de ses méfaits et avec les cent sauvages dont les têtes ne
valent pas le salaire du barbier! Mais j'enjoins à Siyàwousch de lui
rendre l'argent et de m'envoyer les otages que je veux faire passer au
fil de l'épée. Je lui ordonne d'attaquer le territoire turc, de le livrer
au pillage et au feu et de marcher contre Afràsiyàb, pour que celui-ci
sache que l'on ne peut tromper un homme tel que moi! » Roustem
répliqua : « Tu nous avais ordonné de nous abstenir de franchir le
106 mSTOIRI': DKS ROIS DKS PKUSKS.
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fleuve et rrattendre qu Afràsiyàb le traversai. Voyant qu'il ne le fai-
sait pas el qu il montrait (les dispositions pacifiques, nous n'avons pas
cru devoir répondre par des hostilités à celui qui cherchait la paix.
Les sages ont dit : Celui qui préfère la lutte à faccommodenienl ne
doit pas s'attendre à triompher. Il n'est rien de plus vil, chez un roi,
ni de plus déshonorant pour lui, dans le présent et dans l'avenir, (jue
de rompre un traité et de ne point exécuter une convention. Et n'est-ce
pas réellement la victoire et le triomphe ])our nous, que de n'avoir
pas versé le sang et d'avoir mis hn aux hostihtés, d'avoir recouvré
les provinces et reçu comme otages ces chefs d'armée (jui sont les
principaux seigneurs d'Afràsiyàb, les personnages les plus considé-
rables de son Etat et les cavaliers illustres de son armée; et font
cela sans effusion de sang et sans avoir couru aucun risque? Tu sais
d'ailleurs que Siyàwousch, en son éminente dignité, avec ses hautes
qualités et la noblesse de ses sentiments, n'est pas de ces hommes
qui violent un traité et qui ne craignent pas de commettre le parjure
et la félonie; il ne foulera pas le sang des otages en te les envoyant.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 197
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pour que tu puisses, loi, assouvir sur eux ta haine, et qu'il porte, lui,
riguomiiiie du crime commis sur eux. » Kaïkàous, de plus en plus
furieux, dit : «C'est là le langage que tu dois tenir, car c'est toi qui
as donné à Sivàwousch de tels conseils; tu as craint l'effort du combat,
cherchant la conservation et le repos. Maintenant il faut que tu restes
à la cour; nous allons envoyer Tous vers Siyâwousch qui, s'il refuse
d'obéir à l'ordre de marcher contre l'ennemi et de nous envoyer les
otages, lui remettra le commandement et reviendra à la cour pour
qu'il reçoive de nous le traitement qu'il mérite! » Roustem fut désolé
et dit : «Je crois que, par la fâcheuse mesure que tu prends, Sivà-
wousch est perdu pour toi. Que Dieu nous soit en aide! »
Kaïkàous fit appeler Tous et lui dit : < H faut que tu te rendes au
camp de Siyâwousch avec ma lettre et mon message. S'il ne nous
envoie pas les otages qu'il garde et s'il ne marche pas contre les Turcs,
prends le commandement à sa place. » Tous, s'empressant d'obéir à
I9S HISTOIRE DES UOfS DES PERSES.
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C M »Ij. — '"-' Manque dans C.
son ordre, partit et se lit précéder par la lettre. Lorsque Siyàwousch
lut cette missive, il fut profondément affligé des paroles de Kaïkàous
d'abord et, en second lieu, de la détention de Roustem. 11 dit en lui-
même : Si j'envoie les otages à mon père, il les tuera jusqu'au dernier
et je serai responsable de leur mort. Si je prends les armes contre
Afràsiyàb, je violerai mon serment et m'exposerai à la colère divine.
Kt si je retourne auprès de mon père sans faire la guerre, il me trai-
tera avec mépris et me flétrira! Avant fait appeler ses familiers parmi
les chefs d'armée, il leur fit part fie sa pénible situation et de son
cjiagrin et leur demanda conseil. Tous furent d'avis qu'il devait sur-
le-cbamp obéir à son père et le prier instamment de rendre à Roustem
ses charges. Siyàwousch répliqua : « Dans aucun cas je n'enverrai les
otages à mon père ; c'est à leur maître que je les rendrai. Je ne prendrai
pas les armes contre Afràsiyàb après avoir conclu un traité de paix
avec lui. Et je ne retournerai pas dans l'irànschahr avec mon échec,
mais je me retirerai flans un pays étranger. Et à la volonté de Dieu! »
Les assistants pleurèrent tous ensemble et ils s'écrièrent (pie leurs per-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 199
-A^» '^j-^î 'lïA-ic» "x^^ia-? 4]^Jv-« "Lu*^! JJkJ> I ^j-« ,i»Ls'tv "^| JlcI ^Iv^s-»
(" M c:,Joj. — (^) M l}^j 'JI. — w M viiiuy. — '^' M À*»LuiJl. — 5' C *«L.
sonnes étaient sa rançon, et ils firent pour lui des vœux de bonheur
et de prospérité. Sivàwousch, ensuite, fit partir un messager avec les
otages, pour les remettre entre les mains d'Alràsiyàb et pour lui dire
de sa pari ; « Mon père a été mécontent de moi, parce que j'ai conclu
avec toi la paix. Il m'a mis en demeure de lui envoyer tes otages, de
marcher contre toi et de conquérir ton pays. Mais je n'ai pas manqué
aux engagements que j'ai pris envers toi et je n'ai pas cru qu'il fût
permis de verser le sang de tes compagnons que tu m'avais confiés.
Je te les renvoie donc à présent sains et saufs. Puisque j'ai encouru
la colère de mon père pour toi et que, à cause de toi, je me décide
à quitter ma patrie, tu ne pourras faire moins que de m'accorder le
passage par ton pavs pour me rendre dans quelque contrée éloignée. »
L'envové, arrivé auprès d'Afràsiyàb, remit entre ses mains les otages
et délivra le message de Siyàwousch.
Afràsivàb fit appeler Biràn, fils de Wesîkàn, le mit au courant de
la situation et lui donna connaissance du message. Bîràn lui dit :
•200 ii[STO![;k [)ks rois dks i>f-:i\sks.
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J^ * .>' l g %-<s-^ iâ_;vJI «Oui^s^ ^Jâ^v^i .vU ,_5Uvi_i v_c ^'v-Â^I j!» ^_A_L«.
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^JLc oJ^i;>.:i.l_4v :■ ..iJi'Aj i^»L»i j;^Ua-.:xJ .^U (J*>-Ju' Jv?_wJIj -^isi^l jJjJl
Il Saclio (ino jamais Tniimo n'a doiiiK' 1(^ jour à un lioinnir Ici <[up
Sivàwouscli . avant (('tic vcitn , cette inlcHifj^cncc, ccUe f^(''ncrosit<'', cette
nolllessc. Il \iciil diisci- de si excelienls piocedes envers loi, (|ii d a
droit à la nicilleuic des rcconjj)ens<'s; il nienie (|uc In saisisses Tocca-
sion de faire acte rie «^énérosit/' envers liii , ([iic In le combles de houles
el (|Me lu ladoples coiiiiiie lils; il le lera lionnenr aussi bien à |)rc-
seiil <|ne dans I avenir. !■ Les yiaroles (le Biraii l'épondaienl an désir
d Mrasival). il lil appeler rciivoyc de Siyàwoviscli, lui fil un gracieux
accueil et le ciiarj^f-a de dire à Sivawousch : " Le pavs des Turcs, pour
loi, est le prolongenieiil de I Iransclialir, e| mon allection j)oni' loi ne
le cède ])as à celle de Kaïkaotis. Je I enf^a<^e ma loi de j)artager a\ec
loi ce que je possède et de I associer à mou ])on\()ir, de ne point laire
de dillérence de moi à loi, de le j)î()lég(M' ainsi (|tie les lourreaux jiro-
lèfifeiit les sabres ou plutôt comme les |)auj)ières jirotèf^eul les yeux, de
satislaire tous les désirs el de ne clierclier (pi'à te plaire. Si lu ])re-
ières rester avec moi, lu seras le (ils (pii lait ce cpi'il veut, le premier
des princes; et si In veux absoliimenl relouriier dans Ion |>ays, je le
laisserai pnriii' en toni»' lilx'ili'. » Alrasivab dicla à son s(M'rétaii'e une
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 201
(•i)^_9_iJ|^ L!^v_gJ|^ ' ^^jJt i_,.».s=L^ ^^U' ^-^l ^^-^^^-^T»- J •»'^»'
<_2fc.L^i-^ ^i^-v^u ^>_>Lw. .>'>-6J '*^~i«-y^j <'*Ltvj ;i«LA_*v <^Lsa_j ,^UaJjlL
'■"So^ — 24- — « ^^« ->. — * — ?> — tu '^ 5> A—^U 3LÂ.4JO JlyjjlU SvXjl^o «OjotJL
,jj^_>, et U -ilLit ^J L Jijj <__515s.aJ ISs^ c)'r*^ bj '^'■^^^i-^ <-c«^i
' M iC*^_ll _^jJIj wsàidij. - Maïuiue dans C. — ''' ('. »»Xax<i. >>oij_,-w.
lettre conlorme à ce message, la (if sceller et la remit à l'envové qu'il
conji^édia, après l'avoir fait revêtir d'une robe d'honneur. Sivàwousch,
(|iiand l'enxovc lut anixé e! lui eut communiqué ce dont il avait été
chargé, ne lit f[ue remettre le commandement à Tous et partit immé-
diatement avec sa suite eu se dirigeant vers la Transoxiane.
Lorsque Sivàwousch eut traversé le Djaïhoùn, il trouva Biràn, qui
était venu à sa rencontre avec ses troupes, avait amené des éléphants
caparaçonnés et des chars dorés et apporté des dons et des cadeaux.
Il lui tendit la main et lui adressa les questions d'usage. Biràn lui pré-
senta ses hommages et vovagea de concert avec lui en lui faisant
escorte. Partout on trouva le fourrage et les quartiers préparés. La
ville de Samarcaude, par laquelle ils passaient, était décorée; on
versait des offrandes, les musiciens joiiaient. les troupes rendaient
hommage. Sivàwousch se rappela alors le jour où il revint du Se-
djestàn à la résidence de son père; ses veux débordaient, et il essuva
ses larmes avec la main. Mais Biràn les vit et, compatissant à sa dou-
leur, lui aussi pleura et dit : <' Comme je comprends bien, ô prince.
202 IILSÏOIUK l)KS ROIS DKS PERSES.
j^,«_i_- <-<s-i-c ^^ -^' -Lolx-'l ^;^-:^ oJ.A.J*.i^ 4!j^ -^-t^^j J^l^
<' JL_â_9 l^L_«^_ï^ L^_b\ 2xi 'Cs=»^L^^ Li*>wOo Ji' J^jpi^ ojJj. <.j^|^
ta situation et tes sentiments intimes! Mais Dieu te suITit, et puissent
les suites être heureuses pour toi! » Siyàwousch le remercia. Conti-
nuaiil leur \()vaj;e, ils arrivèrent en vue de Bihischtkank. Afràsiyàb,
avec ses ti-oupes, accompa<,nié de ses irères et de ses fils, vint à la
rencontre de Sivàwouscli, et de part et d'autre on mit pied à terre.
Puis ils remontèrent à cheval et marchèrent ensemble. Airàsivàh dil
à Sivàwousch : » Ton arrivée parmi nous est la venue la plus heureuse
et le lever le plus fortuné. Tu as scellé les liens de la parenté, coupé
le mal et éparj^né le sang. C'est dans ton propre pays que tu es venu
séjourner et ce sont tes propres serviteurs que lu as trouvés. Sache
donc que tout sera lait pour te contenter et que ce sera jiour moi un
flevoir de satisfaire tous tes désirs. » Sivàwousch répondit uracieuse-
ment et le renuM-cia. Ils se rendirent à la demciirr (|Mi avait été pyr-
parée pour Sivàwousch et (jui était comme le Paradis, renlermanl
tout ce que désirent les âmes et tout ce dont les veux sont chaniM-s.
Ils V desceiidii-ciil a\cc leurs compa<>nons les ])lus inlimes, s'assirciil
sur le tronefloi- et causèrent. Airàsival) tlil à Bîràii : " .le trouve Kaïkàous
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 203
!X.^ vDU ^^^MxJll ^j«jLiJ^ iJLjO^II ^__jj^;.-v3 ^j-« olia^U "'--«Jr? ^--«•iLii, \L*^-i
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^if^i, :.'^^":^i^ S^^l^ ^!.
bien ('lran<;c cl incloiine (jw il se rôsifi^iH' à la perle de cette image de
ix'aiilc, la plus accomplie cpie j'aie jamais vue! » Puis ils mangèrent
cl huicnt, se divertirent et se livrèrent a la gaieté et à la joie jusqu'au
soir. Alràsiviàl) rentra ensuite en son palais.
Le lendemain matin , Sivàwousch monta à cheval et se rendit auprès
d'Alràsivàb pour le saluer. Afràsiyàb vint à sa rencontre et lui fit une
ollrande de dix mille dinars, le retint à boire avec lui pendant toute
la journée et lui donna, en fait de richesses de toutes sortes et d'objets
précieux et rares, tout ce qui pouvait lui plaire et le charmer. Dès lors
ils se rendaient visite, buvaient ensend)le, se faisaient des politesses,
jouaient à la paume et chassaient. Les frères et les llls d'Alràsivàb el
les chefs d'armée, chacun à son tour, donnaient des festins et orga-
nisaient des parties de plaisir selon l'usage. Les jours qu'ils passaient
avec Sivàwousch leur paraissaient comme des jours du Paradis.
kaïkàous, lorsqu'il fut informé de ces nouvelles, regretta ce qu'il
avait fait; il frappait ses mains l'une contre l'autre et se mordait le
pouce. Et il ne demeura pas sans être inquiet au sujet des suites du
20'j HISTOIRE DKS IlOIS DKS PF.RSES.
^>^^'î <jj^K «o.^.*-^ ^^Ul <-<Xs^ ^-g^l? <jL5^ c^U^vvI^I <£jLji^
sIjI 'LijJkJ^ j_^i^U-«- ^L-wIjil !s-JûUa^
(') Manque dans C. — !-> M JUj .
départ de Siyàwousch, et il renonça, à cause de lui, à la «guerre <ju il
avait eu l'intention de faire à Afràsivàb. Tout le monde le blâmait,
le condamnait et flétrissait sa façon d'agir envers son fds. Quant à Hoiis-
tem, il faillit tomber dans le désespoir, perdre l'esjjrit et devenir fou.
AFRÂSIYÀB FAIT DE SIYÀWOtJSOH SOM GENDRK
F.T LUI DONNE I,E GOUVERNEMENT D'UNE PROVINCE.
Bîràn, qui de tous était le plus attaché à Siyàwousch, lui flit un
jour : « Je n'aime pas, ô prince, que tu restes dans la solitude et dans
la retraite; je voudrais pour toi, au contraire, les joies du monde et ses
plaisirs! Le roi Afràsivàb a une fdle que je désire ne voir mariée à nul
autre que toi; car de toutes les femmes créées par Dieu elle te convient
le mieux, et elle n'a pas sa pareille dans tout le pays des Turcs. M'au-
torises-tu à arranger ton union avec elle et à parler au roi à son sujet.^ »
Sivàwousch le regarda, ses larmes étant près de parler pour lui, et lui
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 205
s-^^ o)]^ j'^-**'^ ^S^—^^j—' ^,^^wv3j ^_j^L5s^ ;_5-^]; c5;l \}j-i-^ sJjr^'
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,^^wv_^lj <_^L.2.^\ .>_5 JJLJ ->v^^| ^'«.àx. Js.iju! (^jaJâr. v<S=i- ^J?"^ '^**
l — g — «J^_a^ ^vL — * — > < — > ^.>JO>|j ■•! wj^jj-il^ jtj_*^IL \.^ y>o\^ ^^.f^.^^
^^, — i-iis ^-p— « — i— *»^ v_9^'>— ' U-J->J' <-<Jl ^^j -^*i ^\'-=>' LlU ,^Wl
(lit : <> Mon seigneur, mon j)rotecteur, s'il est décidé dans la prescience
de Dieu ([ue je demeurerai éloigné de l'irànscliahr el ne verrai plus
mon père Kaïkàous, ni mon maître Roustem, et que tu doives
pour moi les remplacer tous deux, lais ce que tu jugeras conve-
nable. » En conséquence, Biràn alla trouver Afràsiyàb et, après l'avoir
longuement entretenu, lui parla au sujet de l'alliance avec Siyàwouscli.
Afràsiyàb dit : « Je le préfère à tout autre; cependant je crains que le
lionceau devenu lion ne cherche à faire périr son nourrisseur. »
Biran réplicjua : « Que le roi ne redoute aucune mauvaise action de
Siyàwouscli, (jui est limage de la probité, la personnification de la
raison, femblème de l'honneur. » — «Eh bien, dit Afràsiyàb, je lui
donne ma fille Kasîfarî. » Et il ordonna de porter à celle-ci des ri-
chesses et des joyaux. Biràn, à son exemple, lui Ht hommage de riches
ornements et d'objets précieux. Puis, se rendant auprès de Siyàwousch ,
il lui présenta ses vœux et ses félicitations et indiqua l'heure du cor-
tège nuptial. Lorsque le moment fut arrivé, on amena à Siyàwousch
en la personne de Kasîfarî tout le bonheur du monde. Alors Vénus et
206 HISTOIRE OF.S ROIS DKS PKRSES.
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C jLsiJI . — '•-) M JJu ^^Ij JJU Ai^l . — ■' C jil .
Mercure se renconlrèrenl, le Soleil et la Lune se joignirent, le lien
lut noué et l'union scellée. On dit que jamais, dans les anciens
temps, prince plus beau et princesse plus belle ne furent unis.
Afràsivàl) conféra ensuite à Sivàwousch le gouvernement de la con-
trée située entre le pavs des Turcs et la Chine, lui donna des richesses
de toutes sortes et l'invita à se rendre dans sa province avec sa femme,
ses serviteurs et sa suite. Sivàwousch fit ses préparatifs et se mit en
route emmenant avec lui Kasifarî avec mille femmes esclaves, et il mar-
cha accompagné d'un cortège des plus brillants et en grande pompe.
Biràn, vovageant avec lui, le garda dans le Khotan, qui était sa
propre province, comme son hôte, le traita pendant un mois, lui et
toute sa suite, et lui prodigua les produits de son pays et les objets
les plus précieux de ses trésors. Il le conduisit ensuite jusque dans sa
province, où il lui choisit comme résidence un district renfermant
des plaines et des montagnes, des cours d'eau et des arbres, des lieux
de plaisance et des parcs de chasse. Après être demeuré avec lui pen-
dant quelque temps, il lui fit ses adieux et retourna flans le Khofan.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 207
*J^ O)^^ l^ ^,J-r>^l Y^'-*^ Ot^~^ ('^'^^J '-^!)J OU"^^^ V^^ C3^ ''-î^
<_>Us«wLj| iUlj ^LaJj"^! asUw|.>s.^ 'Ijsi"^! 's'iLjoj ^\yJi\ ^i^^l ^j^jj
O M ,^^. — -' \lyb, ('. L4^;^*aAJt JAi. — ^i M s:>ji\. — "') Manque dans ,M. —
CE on \1)VI\T A SIVWVOUSCII Jl'SQU'A CE QU'IL FUT TUE.
Sivàwouscli coiisliiiisil dans ce district une ville fortifiée, occupant
un vaste espace dans un site charmant. Il y réunit, en ses divers quar-
tiers, toutes les belles choses du monde et la nomma Siyàwnàbàdh.
Il conslruisit pour Kasifari une demeure près de laquelle tous les jialais
avouaient loin- infériorité, et pour lui-même un palais dans lequel il
fit peindre, d'un côté, Kaïkàous, Zàl, Houstem, Tous et les autres
seigneurs et les grands; et de l'autre côté, Afràsiyàb, Karsîwaz, Biràn
et les autres chefs d'armée (turcs). Il montrait une telle générosité,
déployait un si grand faste, les repas et les banquets qu'il donnait
étaient si royalement somptueux, que la renommée s'en répandit et
qu'Afràsiyàb, peu à peu, devint jaloux de lui. Des délateurs le dénon-
cèrent auprès de lui, le calomnièrent et l'accusèrent de chercher à
gagner les Turcs à sa personne, d'être de connivence avec les ennemis
208 IIISrOlUK DES KOlS DES PERSES.
' • Mss. AiUJl»! . — C^) Mss. ^ . — (3) .M ^XJ«!^ . — <') C ^\j . M iO!, . — '•"<; ï^l*, .
— "''' Ces mots manquent clans M. — ('' C jiaÀj.
(If iHtat et de nourrir des sentiments hostiles envers ses alliés. Alrà-
siyàb, voulant s'assurer des vraies dispositions de Siyàwousch, députa
vers lui Karsîwaz avec des cadeaux et le message suivant : " Je désire
beaucoup te voir et me rencontrer de nouveau avec toi. Prends la
peine de te rendre auprès de moi et accorde-moi, comme une
insigne laveur, la joie de la présence ef de la présence de ton épouse;
je veux jouir de votre société et impréf>iier mes yeux de votre vue; je
vous ferai ensuite retourner à votre résidence. »
Karsîwaz, qui de tous les hommes était le plus hostile à Siyàwousch
et le plus jaloux de lui, partit. Lorsqu'il lut près de sa ville, Siyà-
wousch vint à sa rencontre avec sa suite, lui lit l'accueil le plus gra-
cieux qu'il pouvait, le fit demeurer dans son propre palais et fit des
efforts extraordinaires pour entretenir avec lui des rapports entière-
ment cordiaux. Mais, témoin de son prestige et de ses hautes vertus,
karsîwaz devint encore plus jaloux et sa haine s'accrut. Alors il se mil
à semer la discorde entre Siyàwousch et Afrâsiyàb, à tramer, à ourdir cl
à tout préparer pour jeter l'inimitié entre eux. 11 disait à Siyàwouscli:
HISTOIRK DES ROIS DES PERSES. 209
^»La_«/ 4J JLâJ ,' ^A_j kjJjLijj «^'UoLaJ ^j>L£>>oj ^3silj *^-»*Jl ^Jic J:!
(»; ^lyj k-jL-s-^-lv^l .>^>^ Jw^a-s»^ v<S*^! ^Xdis ^i^5 ^^ ijJjU>^« ^-^ix
' MiÉiique tlai.s C. — P) Mji.^. — ^••'l M ooy. — * -M jy. —1^' M -î^Iju.
X Alrasivàl) a (le mauvaises intentions a ton égard; il t'appelle auprès
(le lui pour te prendre à l'improviste et pour t'assassiner. » Siyàwousch
lui répondit : « L'innocent est sans crainte, et celui qui agit bien n'a
pas de soupçons. Je vais donc me rendre à l'appel d'Afràsiyàb et lui
démontrer ma loyauté, mes intentions irréprochables et ma complète
innocence, pour qu'il revienne à de meilleurs sentiments envers moi
el (jue son animosité contre moi se dissipe.» Karsîwaz dit : «Il sera
bon (|ue je te précède, que je fasse sur toi un rapport favorable,
montrant que tu ne peux, avoir commis les crimes dont tu as été ac-
cusé et que j"e.\pose tes droits à sa reconnaissance et les raisons qui te
rendent inviolable pour lui. » 11 précipita donc son départ et voyagea à
toute vitesse. Arrivé auprès d'Afràsiyàb, il exagéra encore les charges,
s'appliquant sans trêve ni repos à semer la discorde entre lui et Siyà-
wousch et à dénigrer celui-ci, et il inspira à Afràsiyàb un extrême
courroux. Il lui dit : « Réveille-toi enfin, pour faire face à l'ennemi que
tu as reçu dans ton rovaume et avec lequel tu as partagé tes posses-
sions; car il est devenu assez fort pour lutter avec toi, et il est prêt à
•2\0 lIISrOIHK 1)KS Ut)lS DFS PKUSKS.
''"' Manque dans C.
le laire périr. Mon avis est que lu le ])ré\ienues, que tu rexlerniines
sans lui donner de répit et que tu déjeunes de lui avant qu'il ne
soupe de toi. » Afràsiyàb, sur l'heure, se mit en route avec l'élile de
ses troupes et, accélérant sa marche, arriva en vue de Sivàwnàhàdli.
Siyàwousch, averti par un terrible sonji^e, savait d'une manière
certaine qu'il devait périr, il ht les recommandations nécessaires à
Kasifarî, qui était enceinte, lui annonça qu'il allait mourir et hii dit :
«L'eniaiit ([iie tu portes dans ton sein, je le nomme Kaïkhosra. il me
vengera, et Bîràn interviendra pour toi et te sauvera. " Et il alla avec
sa suite à la rencontre d'Alràsivàh. Celui-ci, aussitôt qu'il l'aperçut,
l'apostropha durement et donna l'ordre de le faire descendre de
cheval, de lui lier les mains et de le faire marclier (ievani lui, mi-lrlc
et nu-pieds, jusqu'à Sivàwnâbàdli. Les protestations de Sivàwouscli,
qui se justifiait et l'invitait à reconnaître son innocence, le por-
tèrent a le traiter encore avec plus de rigueur. Alors Karsîwaz se mil
à achever l'œuvre dont il avait jeté les fondements. Il insistait anprès
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 211
sLiJt ^,^^ '>^ <-i.A-*«j ^-^^ <Ji^(5 d^Ji^ ye^j <-0 <->3U :^j^j
vij\LjO| (ijiL^ ^y^ ^_>LaJ' 3V*5 "^ g> j .» ri ' » <_w^ ,j-« *<-..>-&-'> ^_4^l9
f) M cy;tJlj. — '-1 C ov*;*iI. -- '' VlaFKiue dans C. — f»' Mss. l4is^.
cl'Afràsivàl) pour quil lil mourir Sivàwouscli, le meltant en garde
contre le danger de le relâcher. Afràsivàb avant donné l'ordre de le
laire mourir, Karsîwaz le coucha sur le côté et l'égorgea avec son
sabre comme on égorge une brebis, recueillit son sang dans un bas-
sin d'or et le lit répandre sur le sol de la plaine. Alors un vent violent
se mit à souffler, une épaisse poussière se leva et de lourdes ténèbres
s'étendirent sur la terre; Afràsiyàb, immédiatement, se repentit; il
adressa à Karsîwaz des malédictions et le chassa de sa présence. Puis
il donna l'ordre de mettre à mort Kasifari. A ce moment même arriva
Biràn, qui se jeta à bas de son cheval et, extrêmement affligé de cet
horrible malheur, se frappa le visage et lacéra ses vêtements. Il entra
chez Afràsiytîb, lui déclara qu'il venait de manquer de jugement en
faisant mourir Sivàwousch, et lui dit: «Puisque tu as lait ce que
lu viens de faire et que tu as mis le monde en feu, feu qui t'attein-
dra, toi, tes sujets et ton pavs, qu'a à voir en cela ta fille .^ Quel est
son crime pour que tu ordonnes de la tuer.^ » Afràsiyàb la fit re-
mettre entre ses mains. Biràn la prit, veillant sur elle, et la recom-
manda aux soins de ses gens.
27-
Olî
^«->sX
■2\-2 llISTOirxK DKS ROIS DES PKRSES.
g '■ .\\>—>\j JwolLI v-^^ j~^^aj\ LiL» Lg_» ,''4)^_(fi| ^jAi3.u Lg-i-Lc LlLLx^
2) ij^vi.^ J^\ ^_ya-^j ^1 ^'L*^ A-5 ^^.x-iui v-â-ll iS-*<o "-^"^Ij ;^t^'
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yjA^Lv^-d'» y gl t ^ "j-^ >-s^ "Olit-tv iv.^LjLJ| i>j.:^Lt»J| ijJo'jLjLo ^ ,^L^^
(') Manque dans M. — !^) Mss. *Jé^^ij. — -^ M io;_^I. — ''' M Js. JoLàti,.
Lorsque la nouvelle du meurtre de Siyàwousch arriva dans l'Iràn-
schahr, le monde lut en révolution et la terre fut ébranlée par les
gémissements; ce fut une calamité publique et un grand désastre,
et on se réunissait dans des assemblées de deuil pour pleurer en
commun. Kaïkâous éprouvait ce qu'avait éprouvé Afrîdhoùn lorsqu'on
annonça à celui-ci la mort d'Iradj. Roustem, en proie à une agita-
tion extrême, ne put se retenir d'accourir à la cour de Kaïkâous.
11 se présenta à lui, nu-pieds et nu-tète, pleurant, et lui dit : « Tu as
mal agi, o roi, en cliassant ton fds, qui n'avait pas son pareil dans le
monde, et en le forc^ant à chercher asile auprès de ton ennemi et
le sien. Il en est résulté qu'il a arrosé la terre de son sang, et nous
voilà désespérés et tout est en commotion à cause de lui. (i'est que
tu as laissé cette sorcière, cette femme dévergondée, Sôdhàneh,
commettre son abominable action et que tu n'as pas voulu voir ses
vices! » Il courut ensuite à l'appartement des femmes, prit Sôdhàneh
par les cheveux, la traîna dans la salle d'audience de Kaïkâous et la
tua devant lui. Kaïkâous le laissa faire sans dire un mol; il dail brisé
et anéanti.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. :>I3
I ^s — ^i — A — 5 ^s — 8 — A — «^ r-^^-^ o>*^ jjOL*ç» 4)»jî)L Lc^ij <.,ool9 ^joi_>
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(') C »^. — !■■') G J^li.
Roustem et les chefs d'armée s'assirent pour la cérémonie funèbre,
ou plutôt ils restèrent debout, nu-pieds et nu-tète, pendant sept
jours.
NAISSANCE DE KAÏKHOSRA, FILS DE SIYÂWODSCH.
SON ENFANCE ET SON ADOLESCENCE.
Lorsque, étant chez Biràn, Kasîfarî fut sur le point d'accoucher,
Bîràn, crut voir en songe Siyàwousch lui disant : «Puisque tu ne
m'as pas sauvé moi-même, du moins, après ma mort, sauve mon lils. »
S'étant éveillé, il lit appeler ses gens et leur demanda des nouvelles
de Kasîfarî. Ils lui annoncèrent qu'elle se portait bien et qu'elle avait
donné le jour à un fils, qui ressemblait tout à fait à Siyàwousch.
Bîràn ayant fait apporter l'enfant, fut émerveillé de sa beauté et, ému
de pitié jusqu'aux larmes, il s'écria : «Je jure par Dieu que je le
protégerai, lui et sa mère, autant qu'il me sera possible, lût-ce au
'il'i mSTOIUK DKS UOIS DKS PKHSKS.
<_}' J^JJ v.::^J_JlJ l'i-^v 4' >-*vàJ J ^ ^.ii^U ^Is ^^ O*^ 4_*_^| l-^J-V-o
1' < a.. fs^ .•} s^ — A — ; — ^ <_a1x. 4_â-à_.lJ| . «;C>\J^ '^ <_) . Csii '4_*M_>
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.v-A.^i_«. ?£->-«. S%_4.*jit-i «J^-Lj t^J^î^ ' .^-^ g *->« .A ^ .a-tt-AJ 4_»^ij' ^>^à-0 ;.:i^«J|
«_,-_iU^I Lgj .x-A^-o.) ^iàJo« L(fii.>w*v» Lg_s^-v^l. :■> ULg-tv» LwjJj .>^x>o ^«jiils
' Manque dans C. — '-' M Aibi. — '') Manciue dans M. — ('• M sjvfj^. — (^' M
L«y^j. — '*' MjLs^i. — ('' Ces mots manquent dans C.
prix (le mon sang! » H recommanda à ses gens de veiller sur lui et leur
ordonna de l'entourer du plus grand bien-être et de l'élever avec
soin. Puis, saisissant une occasion favorable pour informer Afràsivàb
de la naissance de cet enfant, il lui dit, à un moment où il le
trouvait de bonne humeur : » Kasîfarî est accouchée d'un lils qui
te ressemble tout à fait. Je te supplie de ne pas songer à le faire
mourir. « Afràsivàb répondit : «Je crains bien qu'il ne devienne un
danger; mais je me sens pris de pitié pour lui. Il faut que tu le
portes à la campagne et que tu le confies à un pâtre qui soit chargé
de l'élever.» Bîràn, très heureux de ces paroles, confia l'enfant au
chef de ses pâtres en lui recommandant de veiller sur lui avec soin;
et il envoyait de temps en temps ses hommes de confiance pour
prendre de ses nouvelles et pour pourvoir à ses besoins.
Il en fut ainsi jusqu'à ce que Kaïkhosra eût atteint l'âge de sept
ans. Alors l'enfant confectionna de sa propre main un arc et des
flèches, les raccorda et les ajusta, et se mit à chasser les lièvres,
puis les gazelles, ensuite les ânes sauvages, et il ne tenait aucun
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 215
^'J^^J 4"--»^ ^IpAJ ,_^1S <^^ ^^j_AJ ^JJ <' J-^J ^^'^'l SiL*_*V
^J.>> ^.o Sy-^u* -^ J jLftj 4>-Â^ <^s-î==U <_> ^_/^J » ,1 <_jl_5. 4jL^ (^
Je t_>i — <^y-^\ {^ ^. 8 < -Csii, ^.i^L < U 1 S.J jLiuc]^ .iL^j^ <j^L
«< — îJ-^ <-/i-^ <-s=i ^_^! <-<J| jpkj '-i^ <j Lci (_>Ls^|^l jj! ;;jî <.s>^j
'') Man(|ue dans C. — >-J Manque clans M. — ^^J Manquo dans M. — '') xMss. L«-*J1.
compte du pâtre. Celui-ci alla trouver Biràn et rinforma des laits
et gestes de Kaïkliosra. Bîràn monta à cheval, se transporta auprès
de lui et le fil appeler. Kaïkliosra se présenta, brillant du rellet de la
majesté divine, se prosterna et se tint debout devant Bîràn, qui,
frappé de sa beauté et admirant sa prestance, le fit approcher, lui lit
ses compliments de bienvenue, le traita avec distinction et l'embrassa.
Kaïkhosra dit : « Us ont bien raison, ceux qui disent que tu n'as pas
ton pareil en générosité et en noblesse, puisque tu juges le fils d'un
pâtre digne de toutes ces marques d'honneur. » Biràn répliqua : « Mon
enfant, tu n'es pas fils d'un pâtre, mais fils et petit-fils de rois. " Il
l'emmena en son palais et réunit ensemble le fils et la mère; il lui
donna de riches habits et des cadeaux et le fit demeurer dans la
société de ses propres fils. Cependant son cœur palpitait, car il crai-
gnait qu'Afràsiyâb n'attentât à la vie de l'enlant. Afràsivàb, ensuite,
demanda qu'on lui amenât Kaïkhosra. Quand il le vit, il lui donna
toute son affection et ordonna de le faire partir avec sa mère pour
Siyàwnàbàdh, la ville de son père. Ils y furent conduits accompagnés
2 II, IllSTOlUE. DES ROIS. DES PERSKS.
>§^'^ j^w»l>-ijt\»i*! ^j-»- [A..«»ikft.)|"| c^^-^'wvjj^ isLjy^^^l ^U^ Jl ...S^-à-*-"^
JliUt ""Uv-^ «C^ix p^p^J - >>4--^a^j
..i^^'lj^L^j '}^:yc>ùu^\ji\j\jLXsJj |^.«»<j I^U-^ cjpj-*-^' •^t'->^-*^^-**'^l (^
(iun ojefcit nombre desçlaves, hommes et ieinuies, H y avait ia des
trésors ; cachés ayent appartenu à Siyâwousch que Kasîtarî exhuma,
en prenant ies-précautioîir nécessaires, et elle trétablit ses affaires
et celles de son fils. Kaïtliosi^ grandissait comme la nouvelle lune el
acquérait des forces cbranue un lionceau. II. ^lontail à che\al et clias-
sah. et la marque de la royauté briftait sur lui.
l'ttEMIKRE GUERRE POl R VENGER I.A MORT DE SIYÀWOUSCH .
' Ensuicje Roustem réunit les chefs d'armée et les grands, les exhorta
vivement à vejjger la mort de Siyâwousch et les invita à se préparer
j^jÉHU' entrer en campagne. Répondant à son appel, ils se rassem-
blé neiit, a fil liàcent de tbu6 côtés, s'enrôlèrent et marchèrent sous son
fbapeau vers le-pavs^des Turcs. Afràsiyàb se dirigea contre eux avec
-<^'- lidupes. Lorsque les avant-gardes se rencokitrèrent, celles d Alrà-
HISTOIRK DES ROIS DES PERSES. 217
M 4i»_A.j^ ^ i__/_jjj <_Â..^_i. <L;C>1:^ Slél \ZX-> ljLf!..v^ yJÎ) lik-n I Àj^y^aJ]
..-/■ w V j^LàJ^ "LtwJi cj.ij_^|j ^y=;^i '^i"^!? '.-jy-*-*^' (.ii^O^'^^ t' T
jLjLjJt |J>X,>^ JLia_)jt ^>-v3} >_/^l^Jl J^ ^ <_>iL£ j__^ h^) ^jr*U
V
si\àl) ('tant commandées par son fils Sorklia, il v eut un sérieux
en<,Mj((MM('iit. Farànior/., (ils de lioustem, fit prisonnier Sorklia el
l'aniena a son peie. (Iclui-ci le lit éf^orf^er, comme avait été éj^orgé
Sivàwouscli. En recevant celte nouvelle, Airàsivàb fond)a évanoui,
tandis (pi'un immense cri de douleur s'éleva de son camp. Iievenu à
lui, la lureur le poussant en avant, il se mit en mouvement avec ses
troupes, et les deux armées se trouvèrent en présence Tune de l'autre.
Roustem disposa ses lignes de bataille, forma l'aile riroite et l'aile
gauche et prit position au centre. Afràsiyàb fit de même. Puis on
s'aborda et on en vin! aux prises: on combattait avec rage, les lances
se brisaient, les sabres volaient en éclats, la terre était rouge de
sang, le ciel noir de poussière, et la bataille devint terrible. Hous-
lern, selon sa coutume, fit des prodiges de valeur, al)attant les cham-
j)ions, mettant enjeu toute sa lii-avoure. Les autres cliels d'armée, à
son exemple, ne laissaient debout aucun ennemi. Et ils mirent en
déroute Afrâsivâb, qui s'enfuit avec les survivants de son armée. Les
Iraniens, en les poursuivant, envahirent le pays des Turcs, et Afrà-
siyàb se réfugia en (Ihine.
218 IIISTOIHK DKS ROIS DKS PKHSES.
j^'^K^ ;5f— A_^ ^1 ^«.^v^ Jw4A-^|« <30L<* ^_Jc iS-^3 .^J-^^-**''} .v^-^^l i!Xj
ij^_*^ ^_op-*v\|j ^j^w^l^ ^U>JL j^j\j <.^j.^Xj ^jof^\j l') Jj_a_ftjlj
Roustem prit possession des Étals d'Afràsiyàb et fit occuper toutes
ses provinces par ses troupes, auxquelles il recommanda de tuer tous
ceux qui résisteraient les armes à la main et d'épargner les diliqans
et les agriculteurs. Lorsqu il lut maître de Bihischtkank et quil eut
pris la place d'Alràsivàb, il dit : «Si nous n'avons pas tué l'ennemi,
au moins lavons-nous chassé et mis en déroute et nous sommes
maîtres de ses provinces, de ses trésors, de ses armes et de ses che-
vaux!» Comme il n'avait aucune information concernant Kaïkhosra,
il ne trouva aucune trace de lui. Ensuite, avant jugé nécessaire de
retourner dans firànschahr pour défendre le royaume et Kaïkàous,
il donna l'ordre aux chefs d'armée et aux troupes de revenir avec lui,
et il se mit en route, emmenant le butin, les captifs et les prisonniers.
Quand il fut rentré dans le Sedjestàn, il renvoya les chels d'armée à
la résidence de Kaïkàous.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 219
Joo c^--*j' »J?>— =^ >'-4^ ^:>"*-^Lî J"^' <St*^. .Jf^%^ !>Y*>>J^^>^ *^_^^jL
RETOUR IVAFRASIYAB DANS SON PAYS. KAIKHOSRA VIKNT DANS I.'IRANSCHAII R.
I^orsque Alràsiyàb eut appris que les Iraniens étaient retournés
dans rirànsclialir, il rentra flans son pays, qu'il trouva dévasté et
saccagé. H s'enquit de Kaïkliosra et, ayant su qu'il était toujours dans
sa résidence, il ne pensa plus à lui. il s'occupa à exhumer ses tré-
sors, à rétablir ses affaires, à reconstituer son armée et à se préparer
pour la reprise des hostilités.
Dans rîrànschahr, on fit choix de Kîw, fils de Djoûdharz, pour
aller dans le pays des Turcs, gagner Siyâwnâbàdh et en ramener Kaï-
kliosra. Kiw se mit en route, voyageant la nuit et se cachant pen-
dant le jour, jusqu'à ce que, après beaucoup d'efforts et de fatigues,
il arrivât enfin à un parc près de Siyâwnâbàdh. Kaïkhosra, qui s'était
rendu dans ce parc à cheval, soit pour chasser, soit pour se divertir,
voyant Kiw de loin, eut aussitôt l'idée qu'il venait de l'Irànschahr
•220 lllSTOliU-: DKS ROIS DKS PKRSF.S.
^jB_^l« .' i>lLi5LiS-*v J,l ii>— **v..^>-^ ^3^ii.|, NI*L40j lÂj[jJj Isylxjj Laj'^Ajo
«_>S-^ ^^JivU d^Ji^ >_j I "C^JJ L*v>_? ^^-iv <J>I ^ <Jt^ >-<S**m i—.'Jftbj ^w«'
J ^ilUL ï>— ->-i^— i Jlc jLiL f ■^J^ PiJaJj^i -^3-^ ^.JlUI |?La_sL?
s-
pour le chercher. Kîw, de son côté, était persuadé qu il avait devant
les veux Kaïkhosra. Ils s'avancèrent l'un vers l'autre, se firent con-
naître, s'embrassèrent et s'adressèrent les ([ueslions d'usage. Kaïkhosi-a
ramena Kiw à Sivàwnàhàdh, tint son arrivée secrète et se pré|)ara à
partir- avec lui. Il monla un cheval avant apparlenu à son père et tel
(jnon n (Ml avait jamais vu. Le cheval cpi'il donna à kiw volait avec
ses jambes, et celui qu'il choisit pour sa mère paraissait a\()ir au\
pieds les quatre vents. Chacun d'eux menait un autre cheval en laisse
et portait sur lui une bourse remplie de pièces d'or. Pendant (|u ils
vovageaient à marches forcées, ils furent rejoints ])ar les cavaliers
lancés à leur poursuite. Kîw, après avoir lutté de toutes ses forces,
réussit à les repousser et recommanda à Kaïkhosra d'accélérer encore
davantage sa course. Ils firent donc des nou\eaux elVorts. Mais lors-
qu'ils arrivèrent aux bords du njaïhoiin, le gardien ne voulut pas les
laisser passer. Kîw dit à Kaïkhosra : "Tu es h; roi de l'univers, et tu
portes le reflet de la félicité divine. Je pense donc (|iir lu devrais tra-
verser le fleuve à la nage et (jne nous le suivions, a\inil cpT Miàsivàb
HISTOIRE DES KOIS DES PERSES. 221
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-M pIaw^ , Vi ^Um^ '
soit sur nos trousses. » Kaïkhosra traversa le fleuve, et les deux autres
avec lui, sans le secours d'un bateau. Quand Alràsivàb, qui s'était
surmené à leur poursuite en parcourant de grandes distances en peu
de icnips, arri\;i au llcuve, il apprit qu'ils l'avaient franchi sur leurs
clxevaux. 11 •^riiic;a des dents et se mordit la main, et il s'en retourna
avec sa déconvenue.
Lorsque Kaïkhosra entra dans l'Irànschahr, les chels d'armée et
les hauts personnages vinrent à sa rencontre avec des chars, des
olTrandes et des cadeaux. Roustem vint au-devant de lui du Sedjestân,
Djoùdliarz d'Isialiàn, les autres grands des autres villes, et ils lui
firent escorte pour se rendre auprès de Kaïkàous. Celui-ci, qui était
brisé par son grand âge et dont fouie et la vue étaient affaiblies par
la vieillesse, s'avança vers kaïkhosra, se prosterna devant lui, le fit
monter sur le trône d'or, lui remit la couronne et le questionna sur son
vovage. 11 félicita Kiw de l'action méritoire et du haut fait qu'il venait
d'accomplir. Il fit mettre tous les trésors à la libre disposition de
222 IIISTOIRK DKS ROIS DF.S PKRSRS.
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^J_^ ^1 ^i_^ «^ — i_M ._-vi_;C__) ^l^^ajJt J Jsd! ijb^ ^1 Ji-J \yX.Ç^^
Kaïkhosra et plaça sous ses ordres lous les cliels d'armée et toutes
les troupes, qui lui rendirent hommage et lui prêtèrent obéissance.
KAÏKHOSRA SE MET E^i CAMPAGNE AVEC LES CHEFS D'ARMEE
POLR FAIRE LA GUERRE À AFRÀSIYÂB ET POUR VENGER SON PERE.
Ouand Kaïkàous et les chefs d'armée engagèrent Kaïkhosra à faire
la guerre à Afràsivàb et à venger sur lui la mort de son père, ils le
trouvèrent plus animé qu'ils ne l'étaient eux-mêmes de l'ardent désir
de faire l'un et l'autre. Il leur dit : « .le jure que je ne me livrerai pas
aux plaisirs de la table, ni des banquets, que mon cœur ne sera en
repos et que mon chagrin ne cédera, tant que je n'aurai obtenu la
vengeance complète, avec l'aide de Dieu et par sa volonté! Aidez-moi
donc et suivez mes ordres! » Les chefs d'armée se prosternèrent devant
lui et s'engagèrent à faire tous leurs efforts et à mettre tout en œuvre
pour le seconder en toute circonstance et à le servir avec un entier
dévouement.
O'
fUSTOIHE DES ROIS DES PERSES. 2215
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iL^X/Oo ^i' ;kA_) J,« .s^vJj :>LolJ' i».A^ jLjtx»
''' M x«i><À.. - — '■' Ces mois iiiniiqueiit dans M.
K.;nkli(>sra passa la revue (les troupes, rappela les absents, leur pava
la solde et, après avoir (léplové une grande activité et pris toutes les
mesures, se mit en marclie avec une armée nombreuse et un immense
é(|uipage, accompagné de Houstem, de Tous, de Djoùdliarz, de Kîw
et des autres grands et seigneurs, et emmenant avec lui le drapeau
des Kaïanides. Les avant-gardes qui les précédaient mirent en dé-
route celles ci'Afrcàsivàb, après les avoir très rudement malmenées et
en avoir tué un grand nombre. L'armée de Kaïkbosra avait son camp
près de Balkli , et Afràsiyàb était campé entre Soghd et Bokhàrà. Alors
les hostilités commencèrent; il v avait entre les deux armées des
engagements uonibreux et de sanglantes batailles, les horreurs de la
guerre étaient permanentes et les calamités se suivaient sans inter-
ruption, de telle sorte que les combats faillirent les dévorer tous et
que la population qui se trouvait entre les deux camps fut presque
anéantie. Ces combats, dit-on, durèrent ainsi quarante ans et les
ravages des troupes s'exercèrent à la fois sur les habitants et les pavs.
A la fin. les armées d'Afràsivàb commencèrent à perdre du terrain et
■2-2'\ IIISTOIRK OKS R(~>1S DES PERSES.
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M a..C>..c ■
les troupes do Kaïkhosra à avoir l'avantage. Après plusieurs combats
qui se terniinèrenl par uue grande bataille, Afràsivab lut délait et
contraint de s'enfuir lionteusement avec ses compagnons, de telle
sorte quon n enteiubt plus parler de lui et qu'on percHt sa trace.
Pioustem et les cbels d'armée retournèrent au camp de kaïkhosra,
triomphants et chargés de butin.
Ensuite Afràsivab revint dans son pays et reprit haleine. Il réunit
ses troupes dispersées et écrivit aux commandants de ses frontières,
leur demandant de venir à son secours et de faire leurs préparatifs
pour la guerre. Des niultiludes innombrables s'étant rassemblées
dans sa résidence, il ne sOccupa (pa'à les passer eu revue, à leur dis-
tribuer la solde et à leur fournir ce qui leur était nécessaire. Puis il
se mit en marche, précédé par Bîrân à la tète d'un corps nombreux.
Kaïkhosra. informé de son entrée en campagne, s'avança avec ses ar-
mées, I^joûdharz avec un gros détachement prenant la tète. 11 se
passa entre les deux généraux de graves affaires qu'il serait trop long
de rapporter.
HISTOII\K DIvS ROIS DES PEHSES. 225
Jt^^! Je . >jJl jt^ ^\^'i\
«Lols'^I J fr^j jïUools (?^-^Jj ^_^ ]^.*:x3^
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('. jAiJLit jl^ *^i"- "' Mi'i'fiuf <li"'>'i M
l)|(»(i(lliai-/, <i Hiràii, sélitiil iciiconliV's ciisuilc dans iiiic <'iitrc\ ur,
• Miicnl (le longues conférences el linirenl par conclun' un accord
aux lernies ducjuel dix cliels de 1 un des deux partis devaient se
mesurer en combat singulier avec dix chefs de l'autre; Djoûdliarz
aurait pour ad\ersaire Biràn. Les dix Iraniens eurent le dessus et
les dix Turcs lurent tués. Biràn périt par la main de Djoûdliai/..
(iomme, en ce moment, kaïkiiosra arrivait avec ses armées, les Turcs
jetèrent leurs armes et ôtèrent leurs casques. Kaïkiiosra leur accorda
la vie sauve et leur laissa le choix de rester avec lui ou de rentrei-
dans leurs Ion ers. Un certain nombre d'entre eux demeurèrent, les
autres partiient.
Kaïkiiosra, 1res affligé de la mort de Biràn , s'écria : « Hélas, comme
je déplore la perte de celui qui fut un noble parmi les vils, un ange
parmi les démons! Certes, si je l'avais trouvé vivant, je l'aurais ho-
noré comme il le méritait et l'aurais dignement récompensé! Mais
ce qui est passé est irréparable! n Puis il fit pourvoir à ses funérailles
et transporter son corps dans sa patrie.
226 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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cyi. ^|:> <_jL>.|j iv^V^I J^^l^ ^;rSJ«-'' JU-*^1 o^ ]^-io5 <>5và3^ '^];-^l'
<_x_i /JL-aJI I5s.iij oSvtM^ ^t?^J ■i-ij^-ft-' ^-^Ij *WU-i' tj^ jr*^ ^ |^4-'l?
''' M j^jJl. — *-* Ces mots mainiucnt dans M. — (^' Ces mots manquent dans M.
EVENEMENTS QUI ABOUTIRENT A LA MORT D'AFRASIYAB.
Les chefs d'armée et les troupes vinrent des différents côtés re-
joindre Kaïkhosra, portèrent devant lui le drapeau des Kaïanides et
marchèrent avec lui, tous étant à cheval. Afràsiyâb ayant franchi le
Djaïhoûn avec ses troupes, et ayant appris ce qui venait de se pas-
ser, la mort de Bîrân et des chefs qui avaient succombé avec lui,
ainsi que la capitulation des Turcs entre les mains de Kaïkhosra,
fut découraf,^é. Il fit éloigner tous les courtisans et, demeuré seul,
descendit de son troue, déchira ses vêtements, se couvrit le visage de
poussière et donna libre cours à .sa douleur en versant des larmes, en
poussant des soupirs et en s'abandonnant à l'inquiétude et à la crainte.
Après avoir changé de vêtements, il donna audience aux chefs et aux
principaux officiers de son armée, leur exposa avec émotion sa détresse
et son chagrin, fit appel à tous leurs efforts pour la lutte, leur promit
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 227
ïjLii! t_5>Js ^ ^UjLiJI eJ*l>J^ S^_»«.aisJi S\M<^ l^iL^ ,^50^ <JL>0 UjL*^
JLjlJ Jjj-^"^'! ^L-£^ -ii— vaJ! ^_pUJt J 3;p«*-ii!«^ J,l J-*^! t_>U_*vl^l
■^I Jo^^s-^j (^5v<sj ^j^-iJj À^ "^ f«^^^^ v.5^->^ '^ ^' "^1; ^jT^'-^ii^
t_>Us->|^ .iv>>_4«_c (^"'•j-?- J: v_)^_; 4|_j>x_tv Jw^i!! ^j\ ll^J «^U^l ;«-«j)l
des richesses et donna l'ordre du départ. Ils marchèrent avec lui
et arrivèrent en présence de l'année de kaïkhosra. Les deux années
se trouvèrent en lace l'une de l'autre sur la lisière du désert, qui était
bordé à droite par le Khwarezm, et à g^auche par le Dehistàn, et y
établirent leurs camps.
Afràsiyàb ouvrit des négociations avec Kaïkhosra, lui demandant la
paix et s'engag-eant à donner des richesses. Kaïkhosra répondit : « Non ,
par Dieu, tu ne me séduiras pas, ni par des paroles, ni par de mi-
sérables biens! Entre moi et toi, il n'y a que le sabre! » Alors Afrà-
siyàb donna l'ordre de battre les timbales et de sortir du camp pour
la bataille. Les deux armées combattirent jusqu'à ce que la nuit les
séparât. Kaïkhosra recommanda à ses chefs d'armée et à ses officiers
de veiller et de prendre des précautions contre une surprise de nuit,
comme s'il avait vu derrière un mince rideau ce qui allait arriver.
Afràsiyàb, en ellet, avait résolu une attaque nocturne. Lorsque la nuit
eut laissé tomber ses voiles, il s'élança avec l'élite de son armée et
les premiers de ses officiers pour assaillir Kaïkhosra et ses troupes.
Mais il trouva Roustem et les principaux chefs d'armée prêts à le re-
228 inSTOIHK DKS IlOIS DKS PF.RSKS.
J. J'. k_>'NjJI» ^S>â^L -iJl^al o-cStl i.::^w^-à-> M>-5Lt) iw^C (_LJ\b'> |^_4-NiaLc
LlU «4 N^jvi (^ ùwOsjLj» ^iJvx» ^JycL ^Lot^» ^L^Vpifcj .iLvôJ^ jLi_t-J
t" M J.
'- Manque dans M.
cevoir, et il lut mis imi (IpiouIc ii])n's que la plus grande partie de sa
troupe eut d»' tuée. Le leiHlcmain, les deux partis arrivèreut sui- le
champ de bataille pour reprendre le combat eu plein jour; ils lor-
mèrenl leurs lignes et établirent leurs positions; puis ils se couvrirent
fie traits et s'abordèrent avec la lance et le sabr(\ La mêlée dura ainsi
jusqu'au moment où le soleil dardait ses rayons du midi. Alors un
ouragan se leva, une elVrovable poussière remjilit l'aii-, et les Turcs
furent aveuglés par le gravier et le sable. Les Iraniens llrenl une
charge suprême et les assommeif-nt à coups de massiu' et de sabre.
Alràsivàb s'enluit a\ec un petit nombre de ses lamiliers, tandis (pie le
gros fie son armée se rendit. Kaïkhosra retourna en son cauq),Aicl()-
rieuv l't maître des (lé|M)uilles de I ennemi. l'I, allègrement, lise mil
à boire avec Fioustem et les autres grands. H se réjouit de la delaile
fie l'ennemi et dit : Si nous n avons jias tué rennemi, au moins
i'avons-nous entame et blessé et mis en déroule; nous lin a\()ns ia\i
ses héros et ses soldats, et nous ra\ons chassé de son |)a\s. . \ii
HISTOIRE DES KOIS DES PERSES. 229
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<ji.L^ y-v=._^. <jLi|j '<j'^T. >^t ^.5^Lo 4! t^j-ÂJft. ^ilkJ';^!. Li^l;
''' (' AsLy;. — '"' (.es mois manqui'nl daiis M; ciisuiti' i.y.~^^. — •'* C Jlv-^ -
malin, il lil des alilulions, revèlil les liabils de l'adoration, et, seul
en lace de Dieu, il loucha la terre de son Iront, louant Dieu et lui
rendant grâces. Puis il distribua de l'ai-j^enl au\ pauvres, accorda des
vètemenls d'honneur au\ chels d'armée, partaj^ea entre eux le butin
et les captifs et lit parvenir à Kaïkàons un message lui rendant compte
des événements. Ensuite il se mil en roule avec ses troupes vers
liiliischtkank et, avant atteint cette ville, il s'y établit.
Kaïkhosra , ([ui avait expédié de tous côtés des détachements cl'éclai-
reurs et des espions à la recherche d'Afràsiyàb, fut informé qu'il se
trouvait au delà de l'exlrème h-onlière de la Chine; car il a\aif
manœuvré pour passer la mer et s'était réfuf,né dans sa lorteresse
nommée Kankdiz. Lorsque Kaïkhosra, en suivant sa trace, passa par
la Chine, le Faghfoûr, le roi du pavs, lui témoi<,nia son respect et sa
soumission et mit à sa disposition ses services, ses provisions et ses
richesses. Ainsi firent les autres rois de ces régions et de ces parages,
qui vinrent lui présenter des ollrandes, des cadeaux et des provisions,
lui procurèrent des vaisseaux et tout ce qu'il fallait pour naviguer et
l'accompagnèrent jusqu'à ce qu'il eût traversé la mer avec ses troupes.
230 HISTOIUK DKS ROIS DES PERSES.
^^->._=i^iu_; 3^^-*_a^ '^'■^-'-^ <-csi-c ijLiy^l ^J^\ J)L2>5 ^"(3-s5y-'l J^^^^«ô|
Lorsqu'il arriva près de Kankdiz, Afràsivàb en disparut comme du
vif-argent et comme si la terre se fût fermée sur lui. Kaïkhosra prit ses
quartiers dans la forteresse et vit que c'était un lieu charmant et plein
fj'agréments, le paradis de la terre, oii abondaient les biens et les
vivres. Il s'y reposa, jouissant de ses délices et y menant joyeuse vie,
et mil la main sur toutes les richesses qu'elle renfermait, i'ioustem et
les autres chefs d'armée lui conseillèrent ensuite de retourner dans
rirànschahr, lui représentant la situation dangereuse du royaume
laissé sans défense, exposé aux entreprises des ennemis et à une inva-
sion que pourrait tenter Afràsiyàb. Kaïkhosra se prépara donc au
départ, remit le gouvernement de ces contrées à leurs rois en leur
imposant tribut, et s'en retourna, accompagné du Faghfoûr et des
autres rois de ces régions, qui tous se mirent à sa disposition, par mer
et par terre, lui apportèrent de leurs pavs des richesses, et s'enga-
gèrent à lui payer des redevances et des tributs. Les Khàqàns vinrent
à sa rencontre, se prosternèrent devant lui et l'accompagnèrent jus-
qu'à Sivàwnâbàdh. Il s'v arrêta et, heureux à la fois des succès qu'il
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 231
LL^ii-^t |fvv\ I "L^lilj^ ejK-^]_5 J..^=\L LLiLX^L 'La^JL :>|LâJl L^
venait de remporter et allligé au souvenir de son père, il versa des
larmes. De là, il se rendit à Bihischlkank et s'informa auprès des habi-
tants du séjour d'Afràsivàb; mais ils n'en savaient pas plus que lui-
même. Il s'occupa à régler les affaires publiques et à mettre en état de
défense les frontières; il renvoya aussi, après leur avoir donné des
robes d'honneur, les rois de Chine, du Khotan et des Turcs dans leurs
différents pavs, et conféra à ses chefs d'armée des gouvernements.
Puis, continuant sa route, il vint à Scliàsch, de là à Boukhârà, tra-
versa le Djaïlioiin, s'arrêta à Balkh jusqu'à ce qu'il fût rejoint par ses
troupes et, par le Khoràsàn, gagna sa résidence dans le Fàrs. Kaï-
kàous, accompagné des grands et des hauts dignitaires, vint à sa
rencontre et chacun des deux mit pied à terre devant l'autre. Ils
s'assirent ensuite sur le trône d'or, entourés des chefs d'armée et des
seigneurs, passèrent le temps à manger et à boire et à vivre dans
l'allégresse et le contentement. Ils demeurèrent ainsi quelque temps,
pendant que le monde leur prodiguait ses délices.
23-2 IIISTOIRK DF.S ROIS DKS PKHSKS.
'j^j ^.'^-^|;-ji Je _vu_;'^;' ^j 3 ^\jU\j ' LL.j'^i j^\ ^^b"
*— i J'> *LL o^ws-ai.' ^ o^_s: s-^iii «lJ! :>jpu| i_>pi| j J .ij^ c)~^ '^"'^^
Kaïkliosra avant expéflié aux gouverneurs des provinces centrales
(M fies pro\inces Ironlières Tordre de placer partout des gardes pour
lernier à Alrâsivàh toute issue et de le rechercher assidûment dans
tous les coins, dans les campagnes et dans les villes, découvrit ses
traces aux confins de rÀdherhaïdjàn. Kaïkàous et Kaïkhosra s'y trans-
portèrent avec les chefs d'armée, afin de visiter les temples du Feu et
ffiniplorer Dieu pour (juil lit hientot tomher Afràsiyàh entre leurs
mains. Quand ils furent arrivés à destination, ils envoyèrent de tous
côtés des reconnaissances et des émissaires j)Our explorer et fouiller la
contrée a la recherche du roi turc.
Karsiwaz était prisonnier entre les mains de Djoiidharz avec d'autres
notahles turcs. Or il arriva qu'un pieux solitaire voué au service de
Dieu, nommé Hoùm, parvint un jour à capturer Afràsiyàh, qui vivait
seul et à l'écart, misérahle et déchu, méconnaissable. Après s'être bien
assuré de sa personne, Hoûm fit prévenir en toute hâte Djoûdliarz,
celui des chefs d'armée qui était le plus ra])proché de lui. Quand
Djoùdharz arriva, Afràsiyàh, usant de ce cpii lui restait de sa magie,
venait d'échapper a Hoûm et était entré dans un étang formé par
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 233
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j (^5 <jL;s3» j-X^h.^ «^-...-aJ J.I <j>Xai^ <jUi ^ ïi^Aj^Ji
Manque dans C. - - C ljl.«.i«. — C ^^y^- — ' f- *;>^j
l'eau de la mer, où il se cachait. Hoùm, qui était troublé et agité,
montra à Djoùdharz l'endroit où il était entré dans l'eau. iJjoûdhar/
lit amener Karsiwaz, le fit mettre à nu et frapper à coups de louet.
de telle sorte que sa chair se détacha et qu'il se mit a hurler et a
pousser des cris de détresse. Afràsiyàb, en entendant la voix de son
irére. ne put s'empêcher de lever la tète de dessous l'eau. Alors Djoù-
dharz jeta sur lui le lacet qui s'enroula autour de son cou comme
un collier et, l'attirant à lui, le saisit, lui lia les mains derrière le dos
et le remit à la garde de ses officiers. La nouvelle qu'Afrasiyab était
tombé dans le filet fatal ayant été rapidement portée à Kaïkaous et «i
Kaïkhosra, ceux-ci le firent amener, et lorsque L>joùdharz le plaça
devant eux, ils se prosternèrent, adorant Dieu et lui rendant grâces.
KaTkhosra qui, en voyant Afrésivab harassé et usé, couvert de loques,
fut sur le point d'avoir pitié de lui, se hâta de le frapper du sabre et
le fendit en deux. Puis il pleura sur lui, essuyant ses larmes avec sa
manche. Il donna l'ordre de l'enterrer et Karsiwaz avec lui.
23'i IIISTOIRK DKS UOIS DES PERSES.
^^^s_^_j \js_**J! ^j <-> \».A_4VjJ> \2i^Lil^ <^^ yelj ,1 <4^V •^-Ç^-^
^^lîj< — v^i — il is — u^^ii — i oj— ^ "^ — ? \jj--^^j <s^v»i\j ^_3/'Ujli i__>U_wL5l
^L. \^_/0^| i^v^Jà^L ^^U-ll |^j_4iU jjb^l ^3s-«^ iLouj ^^jiotAJJ^ ilXAJl
^ A—is-OO ^w>Xc ^^^^--.^^ Mjv.ÂX/ol ^»»LjN«AjO Cl^J-^ljSJ' >-A.^^ \ »S_«J| -^>-^
■ .Man(|u.' dans M. - '-' M ^j. — ^> M (»^iU. — '*' Manque clans M.
La mort d'Afràsivàb causa, de près et de loin, une satisfaction
générale parmi les iiommes, qui s'annonçaient cet heureux événement
les uns aux autres en se félicitant. Kaïkhosra distribua des aumônes,
fit beaucoup de bonnes œuvres, accorda des robes d'honneur aux
chefs d'armée et les combla de présents, en particulier Djoûdharz, à
qui il fit des dons considérables. Ensuite il se mit en route avec Kaï-
kàous et, accompagné des chefs d'armée, se dirigea vers la résidence
royale, dans le Fàrs. Alors il dispensa largement la justice et la bonté
et assura la sécurité; les provinces étaient tranquilles, les habitants
se relevaient, le monde jouissait de la paix, l'Empire brillait d'un
grand éclat, les alfaires étaient bien réglées et le bonheur était du-
rable et continu.
Kaïkâous, ayant vu réalisé ce qu'il avait désiré, fut surpris par la
mort, après un règne de cent cinquante ans.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 235
^^j_jc_ji_j| (*j_j-^ «Oi_;ss>» ^3~*^ '^y~^j
'■ M ilyili. — C^' M AxiL-ÀJl. — l'> M JL.. — t»' C y*àJI. — (*' Manque clans M.
REGNE DK KAlklIOSKA, FIKS DE SIYAWOLSCH.
Après la inorl de Kaïkàous régna Kaïkliosra. Le monde lui illu-
miné par sa gloire et la royauté reprit tout son éclat. Les envoyés des
rois vinrent lui apporter des cadeaux et des tributs, et ses trésors se
remplirent de richesses, comme les cœurs de ses sujets s'emplirent
de vénération et damour pour lui. Sous son règne, la monarchie
devint pareille à une jeune et belle fiancée couverte de magnifiques
étoffés et de ricfies ornements. Son temps était un temps doux et fieu-
reux : il n'y avait ni discorde, ni conflit, ni désordre, ni révolte. Le
peuple respirait à l'aise après avoir subi le mauvais régime et l'incon-
stance de l'vaïkàous, privé du concours de Dieu pour assurer la bonne
administration de ses Etats; il était content d'être délivré des cala-
mités qu'avait amenées Afràsiyàb, des incursions de ses armées et des
guerres continuelles pendant tout son règne. A la place de l'un et de
3o.
236 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
^U LlLj «<-JL3j St_la_6_Àjj «0.^1 ,..<và-â-Àj (^5>^ *J-**J| vjL«sJ
_oL^ <-:?->^-40 Jlâ'^t <^! ^j <-J! JjJdl c^>^-À^ <f Uj^I <£Uo
js. 4!| <,;0 !*'|;-^ J-*-s*^l ''ly^ ^^^ ,^5^ Ov^l J^t J l^) ^_j-^L5vs^
•OU->9 ^ <Ci_*v ^_y^-^ o-A-^ii^ ^J^=*' ^LiUl yJt-^ ^j.LaJ\ i'):>yyj^ ïy^.!^
l'autre, on avait maintenant un ange sous l'apparence d'un roi, un
peuple entier en un seul homme. Elle est bien juste, la parole du
sage qui a dit : Les époques ont leur terme, comme les hommes;
supporte donc la mauvaise époque jusqu'à ce qu'elle arrive à sou
terme et qu'elle soit accomplie!
Kaïkhosra, quand il vit la terre à ses ordres, les rois empressés à
rechercher son amitié et l'univers se laissant avec tant de facilité
gouverner par lui, appréhendait d'être peu à peu envahi par l'orgueiL
l impiété et la présomption, comme le lurent, l'un à la fin de sou
règ^e, l'autre dans les commencements de son gouvernement, Djem
et Kaïkàous, qui alors s'égarèrent et se perdirent, méconnurent les
grâces que Dieu leur avait départies et se montrèrent ingrats. C'est
pourquoi il se détournait de plus en plus de la manière de vivre des
rois pour suivre celle des dévots, et il se portait avec l'intention de
renoncer aux biens transitoires de ce monde et à ses vanités, de s'aj)-
pliquer à gagner par de bonnes œuvres la vie future et de se munir
de la sainte piété pour la route du Paradis. Kt cela fut ainsi jusqu'à
ce que son règne eût duré soixante ans.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 237
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KAIKIIOSRA SK KETIKK DU MONDK ET REMET LE POUVOIR A LOHRASK,
SON COUSIN.
Lorsque la résolution de Kaïkiiosra d'embrasser la vie dévote et
de renoncer au pouvoir lut définitive, il fit assembler tous les cliels
d'armée, les hauts dignitaires et les grands, et leur parla ainsi : « Mes
oncles, mes frères, mes fils, je vais partir pour aller vers Dieu, aban-
donner le soin de vos allaires pour ne travailler qu'à mon salut. Je
vous laisse comme mon successeur Lohràsf , qui est de ma race et fun
de mes cousins et que j'ai choisi pour me remplacer et me repré-
senter et pour observer mes instructions. Maintenant demandez-moi
ce que vous désirez et promettez-moi d'obéir à celui que je vous donne
comme souverain. » Les assistants fondirent en larmes, manifestèrent
leur extrême douleur et furent désespérés de son départ. Ils se décla-
rèrent prêts à exécuter fidèlement ce qu'il ordonnait et à se soumettre
à son successeur. Kaïkhosra, ensuite, leur assigna des gouvernements,
soit provinces, soit royaumes, leur fit délivrer les lettres d'investiture,
23« IIISTOIUK DKS ROIS DKS PERSES.
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!" M ^JJJ^,. — W MaïKiue dans C. — W C i^j^^lj, M (^j^^'j-
leur distribua un de ses trésors et donna à Houstem ses vêtements, à
roùs ses chevaux, à Djoûdliarz ses domaines, à Kîw ses armes et à
Bizan son mobilier. H distribua un autre de ses trésors aux pauvres et
aux déshérités, aux aveugles, aux malheureux, aux paralytiques, aux
orphelins et aux veuves. Il en donna un autre pour que Ton pûl
construire des lieux fortifiés, des postes militaires, des temples du
Feu et des lieux d'adoration; réparer les ponts de bois et les ponts
de pierre; mettre en état de défense les postes d'observation et les
passages ouverts des frontières, et traiter les malades, les hypocon-
driaques et les déments. Ensuite, ayant fait venir Lohrâsl, il le fit
asseoir sur son irône, lui posa sa couronne sur la tète, lui remit son
sceau roval et ordonna aux chefs d'armée et aux grands de le recon-
naître comme souverain, de suivre sa direction et de lui prêter aide
et assistance. Il lui donna ses suprêmes instructions, consistant en
excellents conseils, et des enseignements sous forme de maximes sur
toute matière.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 239
<.î-si>j! ''--î'j^j <.Â>JJJj «LJ^Lfw <ijy>^ «Câud^I^Iis «CiU». {3:<:Xû ^ ^v3.>
V g » , -^ jj->e L^^_.^ 4) ^LâJt__^ ^j_5sj^ J_Ui[j_^l ^J-» >'.iLjJ| J; * ^s>o
'" Mss.j^^. — W M c:**ilj. - W Mss. iCi6. — :^' Manque dans C.
Al'IlOlUSMES KT SENTE.NCKS Ql K KAIKHOSRA ADRESSA A LOIUUSF
DANS SES DERNIÈRES INSTRUCTIONS.
«La coutume des anciens, lui dit-il entre autres, d'appeler maures
les rois nos prédécesseurs, n'a d'autre raison que celle-ci : Les actes
des rois, lorsqu'ils sont conformes à la justice et tendent au bien,
ressemblent aux actes de Dieu qui se manifestent dans sa sollicitude
pour ses créatures, la divinité étant une souveraineté céleste, la
royauté une souveraineté terrestre. Celui qui est considéré comme
digne d'un tel titre doit, dans les affaires humaines qu'il régit en ce
monde, toujours strictement observer l'ordre des choses établi par le
Créateur; il doit être, intendant fidèle de Dieu, l'administrateur qui
ordonne et dispose toute chose convenablement. — Les rois, nos
ancêtres, n'ont laissé, ni dans les plaines, ni dans les montagnes, ni
sur les rivages, ni dans les îles, aucun endroit de la terre pouvant se
prêter à la fondation d'une ville et à une construction, sans l'utiliser.
240 HISTOIRE DES ROIS DES PKRSES.
,.)JÎ^'^'! ^_^j.vo* i^LfJl, p)^Ut :iU.^'^ ^'f^Jt 4.»^ ^Jl JUL
^>!jU_a_I! j ^U.;;^ :■.' c^.^^5 ^.^..^ ^^L^ ^\ ^j3 l%^j l^^^»^j
JU.\ ijy-^j ^j_>y^l ^ <-^ J J\y^\ <^^j ^'^\ (i").:,^lL^ Uls
' C tljo. — '-' Manque dans C. — <" M o>i.Uo!. — '"' M Ij6^>. — '^' C ..iJL^,
M osjuiJU. — ''^'' M iifiJJ J>^L). — '"' C iUilj. — '*"' Ces mots manqunnt clans C. —
de même qu'ils ont introduit les arts et métiers et inventé les diflPé-
rents outils. Ton devoir est d'entretenir ce qu'ils ont créé, de déve-
lopper ce qu'ils ont fondé, d'achever ce qu'ils ont commencé, de
construire sur les assises qu ils ont posées. Il faut veiller avec soin à la
conservation des édifices et augmenter leur nombre, lortifier et em-
i)ellir les villes, v faire les restaurations nécessaires et réparer leurs
enceintes et leurs fossés. — Il faut que tu forces le peuple à se livrer à
l'agriculture, à s'y consacrer avec constance et à étendre la culture
des champs; car le roi et le peuple subsistent par la richesse, dont
Dieu a fait un moyen pour chercher par de bonnes œuvres à s'assurer
le séjour du Paradis. Or l'agriculture est la source des richesses, la
mine d'où elles sortent. — Il v a dans les pays tantôt abondance, tan-
tôt disette. Lorsque, une année, les récoltes avant manqué et les den-
rées étant rares, le roi craint la pénurie et la famine, il devra faire
HISTOIRE DFS ROIS DES PERSES. 241
i^ /4-5s-5 ^^|^_A_il j;:^-^_«_> <_> t^jJl *|3oJ! j.kjti L^"^ *U3l '> LdiLs^l^
<Ov_i_^| ^!^A_v^ L.^^]^^ ïjLjOi *Làj w-A-^v -,<jjj <JCri^^iji-cj
«Cj ;»i^j»J ^3Jl ^^I's_<si,|^ -iiUl J^^^ '^-^S-À^ '^'-«-^ ^-<S^ U Lg^dijj
'' Mss. yjjLuil. - Maii(|iic dans C. — ■'' C i^I ^jjjJ'^- — '' (^ L^**-»!, inaiiquc
locueillir la plus «grande (|iiaiilil(' possible de grains el en empêcher
I e.\])orlalion par les accapareurs; car c'est ce que lont les Irafiquants
el les luarcliands ambulants; ils exportent les marchandises et les
denrées d'un pays et les importent dans un autre. Les Héaux qui font
périr les êtres vivants et les cultures sont de trois sortes, à savoir : les
disettes, les guerres destructives et les grandes épidémies. De ces
fléaux, le plus grave et le plus néfaste, celui qui détruit le plus
proniptement, ce sont les disettes, qui suppriment la nourriture donl
les êtres vivent. Maintes cités ont péri parce C[ue leurs gouverneurs
et administrateurs ont négligé de prendre les mesures que nous
venons de dire! — Quant a la justice, tu connais assez son rôle émi-
nent et sa grande importance, sachant que c'est par elle que subsiste
et se conserve l'état florissant du pays et que c'est elle qui lait prospérer
l'empire et le maintient en bon ordre, pour que je puisse me dispenser
(le te la recommander. La justice du roi est la balance avec laquelle se
ai
242 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
J w il J| J— ^ ^^! JU.Ij-<6 c^\j ^jj^\ J-W v--*^ ^\yiX\ J o^
^^_A_). .vjoJ! <_-> J_^«_jLj ^->J| n-aLUî 'Lll Lii_>! 4JÊJ ^wsc J^\ <j^
^ov, — ^»_^ ^j-^>^^. ^1 i3;L_«6j|^j! s>pil (j-^ '■^--«-^ '-^l J^ ^t'^Ij-'!
^../-a^aUI Jjt»^=^ L^L^sii-âjt ->oij^ .:■ s>r^ J^ <J "^w^-^Ovl <-Ai-c s^
' M yLaiJI, C yLajJl. — - M Jxio, C manque *j. — W C U>jl)il ^^w.*.~.; L» tj;^-
— '» M JJuJI . — '■'' M ç^l .
pèsent tous les actes et toutes les affaires; par elle on distingue le mal-
lailenr de l'honnête homme, l'indigne de l'homme de bien. Quand la
balance est faussée, l'épreuve est sans valeur. Le roi est le sel qui assai-
sonne l'aliment et qui sert à en empêcher la corruption; mais lorsque
le sel est gâté, il ne peut être amendé. Le roi est l'eau avec laquelle
relui qui étouffe désobstrue son gosier; mais si, en buvant, il est suf-
foqué par l'eau, il ne peut trouver contre celle-ci aucun autre secours.
Le roi est encore l'eau pure avec laquelle on lave la souillure et que
l'on nettoie l'immondice. Lorsque cette eau elle-même est polluée, il
n'est aucun moven pour la purifier. Le roi est le remède avec lequel
on se guérit des maladies; raais^ lorsque le remède est avarié, il n'y a
aucun moyen pour se guérir. — Le roi, lorsque la guerre est terminée,
a le devoir de s'appliquer exclusivement à réparer les maux qu'elle a
causés et de travailler à relever le pays; car pendant et après la guerre,
il lui incombe les mêmes devoirs qu'au bon et secourable médecin qui ,
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 2'i3
Lf-6.^j l^±Ljj -'Liï-c'^l J_*i J,| jJa,^ ^jJ| J-AJ^t cS^WI iJ-iJ-^!
t_/ — ~iawX-c|^ wJ6U_^Ij ^^-^wil ;^_/^>>JI >->y~^ <>..J-^^y^ JOlJCjL vj] jL y-^t^
^If-â-Jl^L-w^ j_^i^_a^ O-J-^J ji^-*"^ 0)-=*]^ ^^' ^^ P^J r^'^
i^_..^is^' Ai! LL^j ^! ^^^ ksU^ Jl (?l1 Jls^ (îwlc j^ls ^U^"^!^
!'' Mss. AJ^^UI. - '-1 M ajoute *JJu ^. ^ M L,^. — W Manque dans M.
forcé de couper, d'inciser et de cautériser les membres, est obligé,
après avoir fait tout cela, de panser les plaies qu'il a produites, de
recoudre les incisions et de souder les déchirures. »
RÈGNE DE LOHRÂSF.
Après avoir assuré le futur gouvernement de l'Etat et donné à
Lohràsf ses instructions, Kaïkhosra fit ses adieux aux chefs d'armée et
aux grands dignitaires et s'en alla devant lui, errant par le monde
et menant une vie solitaire, consacrée aux exercices spirituels. Jamais
on n'entendit plus parler de lui.
Lohràsf s'assit sur le trône d'or incrusté de joyaux, mit sur sa tète
la couronne et s'attacha le sceau de l'Empire. Il donna audience à
Roustem, à Tous, à Djoûdharz et aux autres chefs d'armée et aux
grands, leur fit un gracieux accueil et leur dit : « Je veux, avec l'aide
de Dieu, observer les instructions du roi Kaïkhosra, marcher dans
^
244 HISTOIRK DES UOIS DKS PKRSKS.
U .^ I, <ji.3>J| <t -^v -/-> ^ ^_J^ L<JLo« 4]v>Ji. .>vJ| ^u<Xj«^ 4)s.4.A_tv vJ^Lu.»
^-3_^lJ ^I jj^\' ^S^^^ <_>| -J «LaIê I^L 4I tjjs^ '^Ir'l) ^'->^'
^_3_*v!wgJJ fJls'^l til-L* ^^ij; i_>u3J' \^yjb ^ <J>LX/o J 'a&>3i ''__çr^
L^! J^^]^ s^j^^'l <-';H-^ ^^y^l^j ^«UJ^I, LU«JL ^y-[;j
sa voie et suivre sa trace et sa direction, travailler au bien général el
faire régner la justice et la clémence. » l>es assistants se prosternèrent
(lexant lui et le complimentèrent. Il s'appliqua alors avec zèle et de
tout cœur au gouvernement de l'État, justifiant l'opinion que Kaï-
kliosra avait eue de lui et se montrant tel (ju'il l'avait jugé. Et d'abord,
il agrandit la ville de Balkli, la mit en meilleur état de défense et
l'embellit, y construisit des temples du Feu et des édifices religieux,
sans négliger' les autres constructions et œuvres d'utilité publique.
11 établit les rôles de l'armée et paya largement les troupes. Il nomma
Boklit Nassar, appelé en langue persane Boklitarscheli, commandant
général de la contrée située entre l'Ahwàz et le pays de Roùm , lui fil
entreprendre une campagne contre l'Occident et lui donna le pou-
voir absolu sur les fils fl'Israël. Les faits accomplis alors par Bokhi
Na.s.sar seront rapportés en leur lieu dans le présent ouvrage. Les rois
de l'univers se reconnurent les vassaux de Lohràsf; ils lui envoyaient
des ambassadeurs avec des cadeaux, venaient constamment à sa cour
pour y chercher à gagner ses bonnes grâces et solliciter sa faveur, el
ils exécutaient ses ordres.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 2'i5
>_»jij v-*'^ * ,_5— *vL':-^ _5-^^^ L^.X^t ^Lot *<■' c>^ ^;r^|;! ]^-Uxx»|j
i.iL_«__«^ Il ^Ljt_4i ^^l^t ia-^L ■Xs».'^]^ «LoLsJt :>|jvJOo|j SpJl A^j
^^t \'ySs-J<Ji^-K ^_Svi2_^ U.-^i>LJLo i_-j£)3^J 0>^' 4.lLàx|j (^LiLJ! ?Ljt <J<^jJj
■'' Ces mots inan()iii'iit dans M. — -' C i)jl. — ■ ■ Mss. vJX».
Loliràsf avait deux fils, Bischtàsf et Zarîr, tous deux du plus grand
nuM'ile et de la plus grande vaillance. Mais Bischtàsf, en particulier,
était distingué par sa beauté, une force extraordinaire, une haute sta-
ture et par le reflet de la majesté divine qu'il avait reçu en partage à
un degré éminenl. Or, mécontent de voir son père élever à de hautes
dignités les descendants de Kaïkàous et leur conférer des gouverne-
ments, tandis qu'il le laissait de côté, il partit, plein de dépit, sous
un déguisement et se rendit dans le pays de Roûm, où il se trouvait
errant et solitaire, quand il fut accueilli par un de ses compatriotes,
un descendant d'Afrîdhoùn, qui lui donna une généreuse hospitalité.
HISTOIRF. DK BISCHTÀSF DANS LE PAYS DE ROLM.
Il était de coutume, chez les rois de Roùm que l'on appelle Césars,
quand une de leurs filles arrivait à l'âge d'être mariée, qu'ils réunis-
246 inSTOiRK DKS ROIS DKS PERSKS.
_^^^iJl ^^j_*«_a.! ^ SJ— ^ ^:^-^jr' U^^-^= U^l-^ J «^t; c)^^-*-^^'
- > — «! ^ |?( — A — â_„^, i^L^L » Lu ii:>LjLJL== ^j~LJ| -Hr»^ ^»< IjêvjI N-^is
' M ^>iy. — f-' Maïuiue clans C. — O C^y..aiis?.
saienl dans leurs palais les principaux dignitaires et les grands de
1 Etat, et qu'ils donnaient l'ordre à la jeune fdle de se rendre an
milieu d'eux accompagnée de ses esclaves; et lorsque elle avait fixé son
choix sur l'un d'entre eux, elle lui imposait son diadème et son père
la lui donnait en mariage. Or il advint que l'aînée des filles de fem-
pereur, nommée Katàyoïin, vit en songe qu'elle avait épousé un jeune
homme ayant la plus belle figure, la plus noble stature et la j)lus
haute intelligence, mais qui était étranger. Ce fut au temps où elle
devait être mariée. Son père, selon la coutume, après avoir lait réunir
les principaux dignitaires et les avoir fait trait(;r dans un repas et un
Iwinquet, ordonna à Katâyoïin de paraître parmi eux et de faire son
choix. La jeune fille les examina et ne trouva aucun de ces personnages
a son gré. L'empereur ayant fait procéder de même le lendemain,
et Katàyoùn, après avoir paru, n'ayant choisi personne, donna
l'ordre, le troisième jour, que tous les citoyens, gens du peuple et
notables, se rendissent à la cour. Tous se présentèrent, et avec eux
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 247
(ÎL,*_Lc c^lLi L^jJ^ J ^j^\^ ^\-p> J-^"^! ^ j^_;-> '^li-? o-^'
^ - s.
Bischtàsf , qui se plaça au dernier rang. Après le repas, Katâyoûn vint,
entourée de ses esclaves, et parcourut les rangs jusqu'à ce quelle
arrivât à Bisclitàsi. Elle le regarda attentivement et dit : « Voilà celui
que j'ai vu dans mon rêve! " Elle lui imposa son diadème et se retira.
En apprenant qu'elle avait choisi un jeune étranger inconnu n'ayant
d'autre qualité que d'être le plus beau des hommes et le plus grand
ravisseur de cœurs, l'empereur fut lort irrité et dit : « Je la lui donne! »
Et il la lui fit remettre telle qu'elle était, en ses vêtements ordinaires,
et les chassa tous deux de la ville. Bischtàsf dit à la jeune fille : « Ne
quitte pas, ô noble dame, le palais du roi et le bien-être pour la de-
meure de l'exil et pour la gêne. Sache que je suis un étranger, hors
d'état de satisfaire à ce qu'exige ton rang et à te procurer ce qui
convient à une personne comme toi. » Elle répondit : « Noble jeune
homme, je suis contente du Sort et heureuse par toi; sois également
content et heureux par moi; aie confiance en l'aide de Dieu et espère le
meilleur dénouement. » Alors il l'emmena dans sa demeure etluipro-
248 HISTOIRI. DKS ROIS DKS PKRSKS.
.- -■■ ^' .^^JC3 ^^JoJOvU i-X.>^ijL)til» i.3^xL**J,|» <JL4lL*iu <JLJ|J,L L^
(• l^jt», J . -■ Mss. «iLHl . - ' *' Maiiiiut' <hiiis C. - ''' M;iii(]ii(' dans C.
^^-^ ^
t^'
digua, .'uilaiil qu'illiii élail jîo.ssiblc, ses plus teiiflics soins. L'amour
(|u ils éprouviiicnt l'un pour l'autre s'iin|)lanta solidement dans leurs
cœurs et ils passèrent une délicieuse nuit. Au matin, Katàyoûn dé-
tacha d'un collier qu'elle poitait une perle qu'elle remit, en le char-
<^eant de la vendre, au maître de la maison. Celui-ci la vendit pour
deux mille pièces d'or et au moyen de cette somme il changea la
situation des jeunes époux qui, obéissant à l'ordre de l'empereur, se
transportèrent hors la ville et choisirent une demeure où ils vécurent
heureux, par leur parfaite union et leur amour, se secondant et en
sappuyant l'un sur l'autre. Katàyoûn, voyant les nobles qualités de
Bischtàsf et sa haute distinction, fut amenée à reconnaîtie qu'il était
de naissance royale; elle l'aima davantage et lui témoigna ])lus d'é-
gards et de déférence.
Les circonstances avant conduit ensuite Bischtàsf a chasseï' des
lions et à faire preuve de tous les accompli.s.sements des princes, la
renommée de ces faits parvint à la connaissance de l'empereur, qui
en eut une grande satisfaction et l'appela à la cour. Il vit alors un
homme dont la beauté et la perfection le charmaient. Quel que fut le
(2)
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 249
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s_SL-^=| 1^' > — .0 â > ^^^^_<5 J~ * > « y^'<^ i^L>^\j Uj^-M i.::^>_>vO t:jU|%-30|
(I) Manque clans M. — •-') M juftLi,. — !'> M JJU. — W M ^. — (5) Manque
dans C. — '''' Mau(|uc dans \\. '" ('. aM jL»« l^. — '*' C wiaiï.
genre d'exercices dans lequel il le mil à l'épreuve, il le trouvait sans
pareil. Alors il s'excusa d'avoir été, ignorant son mérite, injuste à son
égard. Il le fit conduire avec sa femme et installer dans le plus beau
des palais impériaux et il leur donna, en fait de richesses, tout ce que
les hommes désirent el recherchent le plus. Puis, un jour, comme
l'empereur avait insisté pour qu'il lui dit son origine et se fit con-
naître, Bischtàsf s'exécuta, et son apparence confirma ses paroles.
L'enqiereur, se proslernant devant lui, lui dit : «Qu'il soit le bien-
venu, le prince, fils d'un prince, qui m'apporte honneur et gloire, la
joie et la force! » Et, sur-le-champ, il se rendit auprès de Katâyoûn,
lui baisa la tète et les yeux et lui dit : « Quel excellent choix tu as fait,
ô ma fille, et quel discernement tu as montré! Dispose donc de tous
les biens de ton père et de son pouvoir royal. Réjouis-toi de la bonne
fortune que Dieu t'a envoyée et de la grâce spéciale qu'il t'a faite! »
Katâyoûn pleura de joie et le remercia.
250 IIISTOIRK DES ROIS DES PERSES.
(s) j|| L<sJ>>J! ^>-> j* «ciJo^Lj, <joi.iLv^» ^_i_4vL;c_^ il <.«jL^ ^Jic <jls.!
2l^_4vj ,»i]^ (5' .»j-=«-* ^j-» iS^ls r^jr^*-^ ^>>-rf>|j Jsc! >-ilUl L^t t^U (Jl-^
,j?^ L^'j^À.|j ^bl L^-ï^Jt (jvJl >^\j~^\ JL U_? j;^ J~-^
^ cJsj 'U-o ^Is jIL LgJjL./O Lg-jJt ^__i>S-^2->f i-g-û Lfi^i^' ^t ^^1
i^_j_*vU_gJ SwvJi.:^ (__ovL4i ^Ai»^ 'V-i-?' 'si <i.<s(fc ^ ij^^l k>^i-«j i"'4}w<*U
") M *i-J'^. — '^ .Manque dans C. — W M «Gi. — W M sjy^i^. — (■>) 0^=.,. —
(«) Manque dans G. — C> M aJUjI. — '»' M iu**.
L'empereur passait le meilleur de son temps clans la compagnie de
Bischtàsf, à causer et à boire avec lui; il le comblait de prévenances
et ne voyait que lui au monde. Un jour, comme il désirait savoir
de lui pour quel motif il avait quitté son père Lohràsf, Bischtàsf lui
raconta ce qui s'était passé. L'empereur dit : « Veux-tu que je le mette
à la raison et que je l'amène à te contenter?» Bischtàsf répondit :
«Tu es, ô roi, le meilleur juge de ce qu'il y a à faire. » En consé-
quence, l'empereur députa l'un de ses principaux chefs d'armée
vers Lohràsf, en le charfreant du message suivant : «i Nous sommes,
moi et toi, de la race d'Afridhoùn, et tu n'as aucune prééminence sur
moi. Pourquoi donc m'as-tu forcé à te payer tribut.^ A présent, il
faut que tu restitues le double de toutes les sommes que tu as reçues
de moi. Si tu refuses, je viens avec mes troupes, je t'inflige un chà-
liment sévère et annexe ton Etat au mien. » Et il lui adressa une
lettre conçue dans les mêmes termes que ce message. L'envoyé,
pour\-u d'un brillant équipage, partit. Lorsqu'il arriva près de la rési-
dence de Lohràsf, les personnages chargés de le recevoir vinrent au-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 251
Jic ■O. ,.•:;, 4! MJL^vJl jJ-b ^J-« ^Ul '»-ç^ <-*--'! ,j?-v^]^ J^-^i» l-c.i5 •^^\y>
.iLjOo J,| Jj_*vJt ]^y^j ^^oL.-^! ^^"vil l>>>j* cZ-'jl; f«^^^^--J^I 1-^ J-^^
J J^_«^' |j_àJLU_) ^J Je ^Jl)| uj^_iJC-w(s ];);jb::o^ V^^ ]^y^ ^
iilLj (j-o J^3Jj <0>^ j-N^LiX_> U Je j_^,a-A3 '*'!>?>■ (^5^1 (--.»-S**Jl ONLsiw**-!
oLoo <_jlUj ij ^Lvsc ■"■ ^y; i Lç- Lt'>-gJ| o^ .i^^"^ !J5 <-vL5sl|^ 4-^LLI
devant (le lui, le (Ireiit outrer dans la ville et l'installèrent. Ensuite
Lohràsf, donnant audience à son fds Zarîr et à ses principaux chefs
d'armée, fit appeler l'envoyé et l'écouta attentivement lorsqu'il délivra
dans toute sa teneur l'impérieux message qu'il apportait. Il en fut
surpris, ainsi i^iw tous les assistants. Ceux-ci dirent : « U doit y avoir
une raison pour que l'empereur ait osé tenir un tel langage et se soit
élevé à ce sommet escarpé. » Après avoir fait rentrer l'envoyé dans sa
demeure, ils discutèrent, délibérèrent et examinèrent, et ils déci-
dèrent de flatter et de circonvenir l'envové pour savoir de lui ce qui
avait donné à l'empereur la hardiesse d'envoyer ce message et cette
lettre, hardiesse à laquelle ne correspondait pas sa puissance. Ils
cherchèrent donc à le gagner par des cadeaux tels qu'il n'en avait jamais
vu ni espéré. Alors il leur confia que l'empereur était devenu puis-
sant par le fait d'un gendre qui avait la plus grande ressemblance
avec Zarir, qu'il agissait d'après ses conseds et exécutait ses volontés.
Ils tenaient pour certain que ce gendre était Bischtàsf, et, si d'une part
ils redoutaient son inimitié, d'autre part ils étaient heureux de sa
252 IIISTOIUK DKS ROIS DKS PKUSKS.
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haute position. Ils conseillèrent à Loliràsf de lui donner satisfaction,
de Jui remettre le pouvoir spontanément, avant qu'il ne le prît de
force, et d'imiter Kaïkhosra en appelant au trône son successeur. Ce
conseil s'accordait avec le propre et ardent désir de Loliràsf de re-
noncer au monde et d'embrasser la vie dévote. U envoya donc Zarir,
en lui adjoignant quelques-uns des jDrincipaux cliels d'armée, avec
la couronne, le sceau, les vêtements royaux, ses joyaux et ses chars
vers Bischtàsf, et le chargea de lui dire : «On ne peut, ô mon fds,
s'opposer au Destin, ni lui échapper. Il t'avait créé pendant tout ce
temps une haute situation dans le pays de Iloûm; n'aimes-tu pas
mieux recevoir sa faveur entière dans le Fàrs.^ Comme l'exil t'a rendu
meilleur, que les vicissitudes ont fait ton éducation et que les années
ont passé sur toi, te voilà apte à exercer le pouvoir qui est fait pour
toi et te revient; il s'attache nécessairement à tes pas, il te cherche et
on te l'apporte. Accepte-le donc de bonne grâce, viens dans ton pays,
donne-nous la joie de te voir, et prends le gouvernement à la place
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 253
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de ton père pour le laisser libre de servir Dieu et de travailler à gagner
le Paradis, car il ressent les atteintes de l'âge et la vieillesse avancée
l'a affaibli. » Lohràsf lit appeler l'envoyé de l'empereur et le chargea
de dire à son maître : « J'ai compris ton intention et veux faire ce que
tu désires. Bonne chance maintenant pour la jonction des deux situa-
tions et la fusion des deux Etats! » Il donna l'ordre de revêtir l'envoyé
d'une robe d'honneur et de le faire partir avec Zarîr et les chefs d'ar-
mée. Et ils se mirent en roule ensemble.
BISCHTÂSF REVIENT DU PAYS DE ROÛM.
Lorsque Zarîr et les chefs d'armée arrivèrent dans le pays de Roùm ,
Bischtàsf vint à leur rencontre et fut très heureux de les voir. L'em-
pereur les reçut avec les plus grands honneurs, les traitant d'une ma-
nière digne de leur rang, les fit loger dans ses propres palais et leur
donna une large hospitalité. Zarîr ayant délivré le message qu'il avait
apjjorté, Bischtàsf se déclara prêt à obéir. Il revêtit les vêtements
25i 1ILST011U-: DES ROIS DKS PKUSES.
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royaux, ceignit la couronne et prit les chars et les joyaux. On versa
sur lui des offrandes : d'abord l'empereur, ensuite Zarir et les chefs
d'armée. Ceux-ci restèrent quelque temps les hôtes de l'empereur
dans le pays de Roùm , puis Bisclitàsf partit avec eux. L'empereur avait
vidé ses trésors particuliers pour les combler de cadeaux. Quant à
Bischtàsf, il lui avait donné d'innombrables trésors les plus variés et
des objets rares de Roùm, et il mit en route Katàyoûn avec mille es-
claves et quantité de biens de toute sorte et de grande valeur. Il ac-
compagna Bischtàsf jusqu'à la limite de trois journées de marche et
lui demanda la permission de voyager avec lui; mais Bischtàsf refusa,
et, l'ayant revêtu d'une robe d'honneur et lui ayant olfert une partie
des chars et des joyaux que Zarir avait apportés, il le laissa partir, lui
disant les paroles les plus aimables et lui donnant les meilleures assu-
rances pour l'avenir. Il poursuivit ensuite avec ses compagnons son
voyage vers l'irànschahr. Lohràsf, avec les chefs d'armée et les
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 255
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o^rands, vint à sa rencontre, mit pied à terre, ainsi que fît Bischtàsf, le
traita avec les plus ^^rands égards et lui prodigua les marques d'hon-
neur. Lorsqu'ils furent au palais, Loliràsf, de sa propre main, lui
posa la couronne sur la tête, lui remit le pouvoir devant les gens
assemblés et fit dos vœux pour lui. Le même jour, il partit avec ses
familiers pour Balkh, où il se consacra à la vie religieuse, après
avoir régné cent vingt ans.
RÈGNE DE BISCHTÀSF.
Lorsque Bischtàsf eut pris le pouvoir, il loua Dieu et lui rendit des
actions de grâces. On vovait briller sur lui le reflet de la majesté
divine. Il établit les agents dans leurs différentes fonctions, fit rentrer
les impôts, donna des gouvernements aux chefs d'armée et mit les
provinces en bon état. Il fonda dans le Fcàrs la ville de Fasà, et dans
rinde, des temples du Feu dans lesquels il établit des prêtres. Plus
250 IIISTOIRK DES ROIS DRS PF.RSES.
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nouveau ^Ljsjju,!. — '^' C â^^. — '^' M i^^ AaXc ^1 J*-o
encore que son père, il faisait régner la justice, s'occupait avec solli-
citude (les intérêts de ses sujets et se montrait sévère contre les mal-
faiteurs. Il donna à Katàyoûn, la fille du roi de Roûm, le premier
rang parmi ses femmes et la direction de ses palais. Il eut d'elle deux
fils, Isfendiyâdh et Feraschàward.
Trente ans après l'avènement de Bischtàsf parut Zardouscht, le faux
prophète, qui enseigna la religion des Mages.
HISTOIRE DE ZARDOUSCHT. EXPOSÉ DE SA RELIGION. SA FIN.
TaLarî, en sa chronique, rapporte d'après Ibn al-Kalhi que Zar-
douscht était originaire de la Palestine et qu'il avait été pendant long-
temps le serviteur d'un disciple du prophète Jérémie (que le salut
soit sur lui!), vivant dans son intimité et ayant toute son affection.
Mais avant trahi son maître et lui avant faussement attribué des
paroles qu'il n'avait pas dites, il fut maudit par lui et devint lépreux.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 257
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— '*' M Ajiliys.. yj., G ofcii *jili-i. ^J}. — '*' Manque dans G.
Il passa clans l'Adherbaïdjàn et y enseigna la religion des Mages.
Puis il alla trouver Bischlasf, qui était à Balkli. Quand il se présenta
devant lui et l'appela à sa doctrine, Bischtàsf l'adopta et força le
peuple à Y adhérer; et ses sujets, dont il fit mourir un grand nombre,
finirent par l'embrasser et en faire leur religion. Zardouscht, d'après
Tabarî, avait apporté à Bischtàsf un livre qu'il prétendait avoir été
révélé par Dieu. On écrivit ce livre sur les peaux de douze mille
vaches; l'écriture, gravée dans la peau, fut couverte d'une couche
d'or. Bischtàsf le fit déposer dans la citadelle de Istakhr, le confia
à la garde des prêtres et défendit que le commun peuple en prît
connaissance. Au rapport d'ibn Khordàdhbeh, Zardouscht était un
descendant de Menoùdjehr et originaire de Moùqàn dans l'Adher-
baïdjàn. Le livre qu'il apporta, dit le même auteur, contenait des
prières et des hymnes à la gloire de Dieu, des récits des événements
passés, des prédictions des choses futures, des prescriptions et des lois.
258 IIISTOIRK DES ROIS DKS PERSES.
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Un autre historien dit que Isfendiyàdh , plus encore que son père, avait
une foi absolue en Zardouscht, qu'il était iermement attaché à sa reli-
gion, qu'il la soutenait avec ardeur et qu'il combattait pour elle. Les
prédécesseurs de Bischtâsf suivaient la religion des Sabiens et adoraient
les astres; ils vénéraient particulièrement le Soleil et la Lune et les
deux étoiles Vénus et Mercure. Une preuve de ce culte des astres chez
les Sabiens dans les temps anciens, ainsi que de nos jours, se trouve
dans ces vers d'Aboû Ishàq Ibrahim ibn Hilàl al-Sàbî, le Secrétaire,
où il parle d'une esclave, sa maîtresse, nommée Thouraïvà :
Je suis Sabien et adore les astres, parmi lesquels sont les Pléiades {Al-Thouraïyâ).
Quand je me prosterne devant le Soleil une fois, je me prosterne dix fois devant
Thouraïyâ.
Zardouscht, lui aussi, apporta le culte des astres et enseigna beau-
coup d'erreurs et d'insanités. Il attribua un rôle éminent au feu
comme moyen de se rapprocher de Dieu, parce qu'il est une émana-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 259
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lion de la splendeur de Dieu et l'un des principaux éléments, et il
lui rendit des honneurs. Il recommanda aussi d'honorer l'eau, qui est
la subsistance des créatures et l'agent par lequel le monde devient
prospère. Il prescrivit de la tenir comme une chose sainte, d'éviter
don faire usage pour laver les immondices et les souillures, si ce n'est
par le moyen d'un liquide sécrété tel que l'urine de bœuf et la résine
qui découle des ceps des vignes et des rameaux des arbres. Il interdit
la chair des animaux morts naturellement. Il affirma que tout ce
qui sort de l'homme, de quelque orifice que ce soit, est imjîur; c'est
pourquoi il prescrivit de parler à voix basse pendant le repas, pour
éviter les jets de salive, laquelle rend l'aliment impur. Il établit trois
prières par jour que l'on devait accomplir en suivant exactement la
révolution du soleil : l'une au lever du soleil, la seconde à midi, la
troisième au coucher du soleil. Il défendit de manger et de boire dans
des vases de bois et de terre qui gardent des résidus. Il rendit licites
les mariages entre frères et sœurs et entre les pères et leurs filles, sous
33.
200 HISTOIRE DES ROIS OES PERSES.
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(') M o,|^yi. — '■' Cot«àio. — P' MaïKiuo clans M. — (») Mss.yl.^. — W C Jsa^.
prétexte qu'Adam avait maiic' ses fils avec ses filles. Il afTirma que les
âmes des morts revenaient dans leurs demeures pendant les jours
intercalaires : on devait alors nettoyer les maisons, étendre des tapis
frais et y placer des mets appétissants, consommer ensuite ces mets
entièrement afin que, par leur odeur et leurs propriétés, les âmes
des morts fussent sustentées. Il défendit de toucher les cadavres. Qui-
conque était venu en contact avec un cadavre devait accomplir l'ablu-
tion complète, parce que, disait-il, le corps est impur quand Fàme
pure l'a quitté. Il établit l'obligation de se purifier une fois par jour,
purification qui, dans sa loi, consistait à laver le visage et les mains.
Il imposa aux hommes le devoir de donner le tiers de tous leurs biens
pour secourir les pauvres et malheureux, tant de leurs coreligion-
naires que des autres, et pour subvenir à la réparation des ponts, au
nettoyage des canaux et à la culture des terres. U n'établit aucune res-
triction en ce qui concerne le mariage et le nombre des femmes. Il ne
permit le divorce que pour l'une de ces trois causes : la débauche, la
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 261
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sorcellerie et Tapostasie. Il défendit l'ivrognerie, la fornication cl le
vol. Le fornicateur devait être puni de trois cents coups de bâton ou
d'une amende de trois statères d'argent. Le voleur, si le vol commis
par lui était attesté par trois hommes honorables, ou s'il en faisait l'aveu
lui-même, était condamné à avoir le nez ou l'oreille percée et à payer
la valeur de l'objet volé, Zardouscht prétendit que le Dieu éternel et
créateur ayant conçu une mauvaise pensée, il en naquit, sans qu'il
le voulût, le méchant et abominable Ahriman, son opposant. Loin,
bien loin de Dieu ce que débitent sur lui les mécréants! Grâces lui
soient rendues de nous avoir favorisés de l'islamisme, la meilleure des
religions, la plus vraie et la plus pure! Ses bénédictions soient sur
Mohammad l'Elu, le meilleur de ceux qu'il a envoyés avec le meilleur
des messages!
Zardouscht, après avoir définitivement gagné à sa loi Bischtàsf,
son fds Isfendiyâdh et son frère Zarîr, ainsi que ses autres intimes
et les hauts personnages de l'Empire, se mit à parcourir les villes,
262 IIISTOIRK DES ROIS DES PERSES.
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<jx^^ ^ ùj^\ji\ <L^^jj <xj')ks^ iLjJl ,^_9_u-ULs^ J,jj <j ^_j«LJl
forçant les hommes à embrasser sa religion et à observer ses pres-
criptions. Alors, dans la ville de Fasà, il fut assailli par un homme,
nommé par Ibn-Khordàdhbeh en son ouvrage, , qui le tua
et le mutila. Il périt ainsi, trente-cinq ans après s'être érigé en pro-
phète, à fâge de soixante -dix- sept ans. Bischtàsf, aflligé de cet
événement et plein de courroux, mit à mort le meurtrier, ainsi que
des milliers de gens qu'il accusait d'avoir approuvé le meurtre. Il re-
doubla de zèle pour établir solidement la religion de Zardouscht et
pour forcer ses sujets à l'embrasser. Il mit à la place de Zardouscht
et à la tète des Mobedhs, ses disciples, le sage Djàmàsl.
LE ROI DES TURCS S'ÉlÈVE CONTRE RISCHTÂSF.
Apres la mort d'Afràsiyâb, le royaume des Turcs était demeuré
entre les mains de ses fils, parce que Kaïkhosra avait négligé de s'oc-
cuper d'eux et que Lohràsf, pareillement, avait pris le parti de vivre
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 263
:2)^3_^h5^ «Lil ^j-^AJ\ J^j_5 -CfuI JjUi^^l mUj, ■4jyô\ s^L^t
^.^/JL^aJ WU3^ ,^j»^|j eiLxJI ^^_^y>y S-V*^ Â^iLxj^ s_g-ii (^U?! tJ {^^-«^l^
dans M. — ''•' C ^j. — <"' M j^^}, C ^I^ et manque âÂ*. — i""' Maïuiue clans M.
en paix avec eux. Bischtàsf, suivant leur exemple, ne molestait point
les Turcs tant qu'ils le laissaient en paix. De son temps, il régnait
un roi donl le nom est diversement donné par les chroniqueurs et les
liistoricns: Taharî le nomnip Kharzàsf, et Ibn Kliordàdhbeh, Hazàràsf.
L'auteur du Schàhnameli dit qu il s'appelait Ardjàsf, et ce nom est le
plus connu. Ce roi se portait avec l'idée de trouver quelque grief
contre Bischtàsf, avec l'espoir de conquérir l'Irànschahr et le désir de
rallumer la guerre entre les Turcs et les Perses. Or Bischtàsf lui
adressa une lettre par un envoyé qu'il lui députa pour l'appeler à la
religion de Zardouscht. Ardjàsf, en recevant ce message, entra dans
une furieuse colère. Ayant trouvé l'occasion de parler, il parla, et
n'ayant plus à chercher un prétexte pour se dévoiler, il donna libre
carrière à sa haine cachée et découvrit sa pensée intime. 11 fit appeler
son secrétaire et lui dicta une lettre à Bischtàsf en ces termes : « Homme
égaré et abusé, tu as perdu le droit chemin, tu as abandonné la foi de
264 IIISTOIRF. DES ROIS DKS PERSES.
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(') C ij!^;,. — (-1 Mss. L. — ■ M ow^ï, C o^j^i!. — ™ Manque dans C. — t^) Ci-
tes pères, tu as cru un imposteur prétendant venir du Ciel, tu as
accepté ses mensonges et ses billevesées, tu as encouru le méconten-
tement du Créateur et tu t'es exposé aux reproches des créatures;
puis tu t'avises de m'écrire et de m'envoyer des messages, et tu veux
m'entacher do l'infamie dont tu es entaché toi-même et me plonger
dans l'abomination dans laquelle tu es plongé. Maintenant, si tu
abandonnes cette fausse religion, que tu en fasses pénitence à Dieu
et restes fidèle à la vraie religion, celle de tes pères, alors je demeure
en paix avec toi; mais si, au contraire, tu t'obstines à persévérer dans
ton erreur, il ne peut y avoir que la guerre entre nous, et je viens t'at-
taquer avec des armées plus nombreuses que les fourmis et les grains
de sable, qui dévoreront tout ce qui est vert, brûleront ce qui est
sec, tueront les hommes et emmèneront les femmes captives! » Anljàsf
fit sceller la lettre et la remit ])our la porter à un homme rude et
farouche, accompagné de mille Turcs de condition, et, après l'avoir
chargé d'un message conlorme au contenu de la lettre, il lui recom-
IIISTOIHK DKS ROIS DES PERSES. 205
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'"' Man(|uc dans M. — ('-! C ÂlALiol^^U. — W Maii(|iii' dans M. — ' C e^3s*j. —
<^' C Uuj^. m wiX:»- (i)}- — '* -M ajoiik' (le nouveau J,Jvï j^j - ' M lil^.
iiKiiida (](' |);irl(M- lihrcinciii cf sans réticence et sans se servir du lan-
gage (le réliquelte royale, et (le hâter son voyage. L'envoyé partit et,
conlorniénient aux ordres d'Ardjàsf, présenta la lettre à lîisclilasl et
délivra le message en présence de Zarir, d'Isfendiyàdh, de Djâinàsf
et des autres personnages de la cour. Ceux-ci, stupéfaits de l'imperti-
nence de cette communication, demandèrent à Bischlàsf l'autorisa-
tion d'y répondre; mais il s'y opposa, traita l'envoyé avec bienveillance
et lui dit : « Dis à ton maître : « Tu es bien présomptueux et tu parles
« de choses qui sont au-dessus de tes forces. Bien souvent la mort
« est amenée par une parole. Qui es-tu pour désapprouver ma reli-
« gion et pour t'élever contre mes actes.-* Si je ne t'avais pas laissé
«dormir, tu n'aurais pas fait ces rêves! Quant à la réponse, elle sera
«non point ce que tu entendras, mais ce que tu verras. Salut, mais
« non à toi! » Il ne lui dit rien de plus, et l'envoyé partit.
Bischtàsf, d'accord avec ses familiers, résolut de prévenir l'at-
taque d'Ardjàsf et de lui faire sentir la rigueur de ses armes avant
200 IIISTOIHK DKS ROIS OKS PKRSKS.
^-^l»^« .iià.'S^» ^w^iâ-ATk. ^ ^ww ^ iJoUl s.a3*J'« iJoeJI wOLjsj. «^^^j!'
j._^,l^ ^j^^^^. > ^,_.^ ^>L:ij j.'^l ^i^UU :^ Jji\ 4^;r^l i^j
jLi ^ 4'L^ ,-^1 Jc5^l j <^l.s^\'l^ (fs^L^ f^i-ol^jSJt j j^i
qu'il devînt redoutable. Il donna l'ordre de rassembler les troupes,
de préparer les armes, de faire de nombreux enrôlements et de réunir
une grande quantité d'équipemenls; puis il se mit en marche avec ses
armées et les personnes de son entourage. Ayant fait halte à la pre-
mière station, il eut un entrelien particulier avec le sage Djàmàsf qui,
dans la science de la divination et des prédictions fondées sur l'obser-
vation des astres et dans l'interprétation infaillible des jugements
astrologiques, n'avait pas son pareil en son temps; il l'inlerrogoa au
sujet de sou entreprise et sur l'issue de la campagne dans laquelle il
était engagé. Djàmàsf garda le silence, les yeux baissés, et après avoir
réfléchi un long moment, il dit : «Je voudrais, ô roi, que Dieu ne
m'eût pas donné cette science et ne m'eût pas mis eu face de la
question que tu viens de me poser et à laquelle il m'est pénible de
répondre. Mais, puisque tu m as demandé ce qne je ne crois pas
devoir te cacher et en quoi je ne dois pas te tromper, promets-moi de
ne point me maltraiter en apprenant de moi ce que tu n'aimeras pas
entendre. » Bisclitàsf jura les plus grands serments de ne pas lui faire
le moindre mal, de le combler de faveurs et de ne négliger aucun
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 207
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— '•'' Ces mots iiiaii(|(ieiit dans M; ciisuitf LLijte ZH--
moyen pour lui rendre de grands honneurs. El il le mit en demeure
de révéler tout ce qu'il prévoyait, de faire connaître fidèlement ce qu il
savait d'une manière certaine et de n'en rien omettre. Alors Djâmàsf
pleura, puis il dit : « Ce qui va arriver, ô roi, c'est le Ciel qui l'a dé-
cidé; on ne peut le détourner ni l'éviter. Heureux qui n'assistera pas
à la bataille qui t'attend , iieureux qui ne verra pas ses péripéties et
ses horreurs! Ce sera le Jugement dernier et la Grande catastrophe,
le trépas de tes principaux auxiliaires et des plus illustres de tes dé-
fenseurs, d'un grand nombre de tes parents et de tes propres fils.
Il arrivera que le jour sera changé en nuit par la poussière du combat
et que le sang coulera comme l'eau des ruisseaux. Mais la bataille
aura une issue heureuse pour toi et néfaste pour ton ennemi. » Bisch-
tàsf, en entendant ces paroles, tomba évanoui. Lorsqu'il revint à lui,
il descendit de son trône, posa son front sur son genou, lais.sa couler
llISTOIUr, DKS ROIS DF.S PF.RSF.S.
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ses larmes et dit : » Quel est le bénéfice de la vie, lorsque Ton a perdu
ceux que l'on aime; et que ferai-je du pouvoir, alors que mes auxi-
liaires et mes défenseurs auront disparu? Aussi ne veux-je pas, dans
le but d'écarter cette calamité de moi-même, les exposer aux morsures
cruelles du sort et compromettre leurs existences. » Djcàmàsf dit :
« Si tu veux les soustraire aux dangers du combat, qui s'op])osera aux
armées turques (pii se jetteront sur l'irànschabr comme des lions et
extermin(;ront la population qu'ilslaisseront comme un cliamp lauché?
A présent, il est de ton devoir de te soumettre au destin, de taban-
donner en cordiance au maître du Ciel, de te consoler ])ar le fait que
tu demeures sauf toi-même, que ton empire reste debout et que
l'ennemi ne touche ni à tes branches ni à tes rameaux; car tu es la
racine et le tronc; tant que tu demeures intact, les accidents n'ont
pas de suite. Toute personne peut être remplacée près de toi par une
autre, tandis que tu ne peux être remplacé ni suppléé. » Son émoi
s'étant calmé par l'eflet des sages conseils de Djàmàsf, Bischtâsf donna
l'ordre, le lendemain, de battre les tambours et de reprendre la
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 269
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(2)^j_^^ls L^LLj]^ L^Lg|^ U^U-jj; <.iCJ! tiolp?- j w6-^l ^il>>-c]^
s-
(') Mjl^l^. — W Mss. ,^1^. — P) Mss. j^l_y^. — ' M ilj^I. ■ M ^p.
marche; il envoya en avant les éclaireurs et doubla les étapes. Quand
il fut averti qu'Ardjàsl arrivait avec une armée noire comme la nuit,
tant étaient nombreux ses cavaliers, et apparaissant comme le jour
qui se lève, et qu'il s'avançait rapidement avec l'élite des Turcs, leurs
chefs, leurs braves et leurs héros, il se prosterna et implora le secours
de Dieu. ArdjàsF, s'étant approché, établit son camp en lace de lui,
et ils prirent rendez-vous pour la bataille.
GRANDE BATAILLE QUE BISCHTÂSF LIVRE À ARDJASF.
Bisclîtàsf prit activement toutes les mesures pour livrer bataille
aux Turcs et déploya la plus grande énergie pour affronter la lutte.
A l'exemple des rois, ses prédécesseurs, il répartit les troupes, fixa
chaque position et aligna les escadrons de cavaliers comme un mur
solide. Il plaça son frère Zarîr et le corps qu'il commandait à l'aile
270 HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES.
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^:^^'>— «->•* -^U-*^ J^-<Sg-v^ eî^ (''"""'jI^ rf^AxJiU t:jLl>J| ly^-^aJj i-)^|s-5s...ol)[
'" C i^:^.-^. M ij^ij. — '-' CyC-*jiJ!. ^ '^' Ces mots manquent dans C. — <*> C i)l.
— (5' M J*JI.
droite, le fils de Zarîr, Bastoûr, à l'aile gauche et Isfendiyàdli au
centre, et ordonna de battre les tambours et de sonner les trompettes.
(Juant à lui, il monta sur une hauteur dominant le champ de bataille
et s'y tint avec sa suite. Ardjàsf se présenta avec ses troupes, établit
kohram à l'aile droite et Nàmkhwàst à l'aile gauche; il prit lui-même
position au centre. Lorsque le soleil parut à l'horizon, les deux armées
s'alignèrent et on planta les drapeaux et les étendards. Les oreilles
lurent assourdies par les hennissements des coursiers et les cris des
guerriers, les yeux aveuglés par l'éclat des sabres et des armures, la
lumière du jour fut obscurcie par la poussière qui remplissait fair.
On commença par lancer des flèches qui, se succédant sans interrup-
tion, ressemblaient à une grosse pluie continue; puis les lances brunes
s'entremêlèrent, les sabres blancs se croisèrent, les Trépas ouvrirent
leurs gueules et allongèrent leurs grilles. On ne voyait que des têtes
qui tombaient, du sang se répandant sans être vengé, des membres
HISTOllŒ DES ROIS DES PERSES. 271
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jjLUt ws^'L-j^i^ jo^_ttJ|j *L>ii-fiJ! <_)LSo |?lo jOj^UJI s^i^];
(') M ILsI^. — (2) M iJUL. — W C o^ jU», M ciwà^ ;U. — (" Maïuinc clans M.
— '^' Manque dans C. — C"' Manque dans M, |»_^_*JLc dans C. — ^"' M ^j».^.
qui volaient dans l'air, dos corps qui se disséminaient. La bataille dura
ainsi sans relâche sept jours et sept nuits, de sorte que les monceaux
de cadavres s élevaient hauts comme des montagnes et que les flots de
sang coulaient comme des ruisseaux. Au huitième jour, Ardeschîr, fds
de Bischtâsf, s'avança hors des rangs avec ses compagnons et fit une
charge sur l'aile droite des Turcs. Il tomba sur eux comme un loup
sur des brebis et en tua un grand nombre. Les Turcs le tuèrent
enfin et le dépouillèrent. Ln apprenant sa mort, son frère Ràm Ar-
deschîr se précipita sur les ennemis comme un lion affamé et comme
un serpent mâle en rage. Il sévit parmi eux comme le Destin et la
Mort et fit des ravages comme le feu dans les broussailles. Les Turcs
l'attaquèrent en masse, le tuèrent et prirent ses dépouilles et son cheval.
Alors le frère des deux princes, Schîdàsb, plein de fureur, chargea
l'aile gauche des Turcs et, faisant un sillon avec son sabre, y j)énétra,
tuant plus de vingt personnes, jusqu'à ce qu'il fût tué lui-même.
'21-2 UlSTOinE DKS ROIS DES PERSES.
^J<a_«_i. ^__é_A_*^L t_>s — ^i2_> Jlj U. <jLà_wL <L3n.«*^^U iyJc^lNO oJ^^ls
^ s- ,
'" C N)l. — W Ces mots nianqncnt clans C. — '''1 C #-ylj- — ''' M J^jj. —
5) ^^
(►***•
Kiràniîkard , fils de Djàniàsf, s'avança avec ses compagnons et fit une
cliar""e extraordinaire et un o-rand massacre. Les Turcs le chargèrent,
lui et ses compagnons, et luttèrent contre eux avec tant de vigueur
que le centre des Iraniens fut culbuté et que la majeure partie des
soldats lâchèrent pied. Le drapeau des Kaïanides étant tombé à
terre, Kiràmîkard le saisit et le tint avec ses dents, sans cesser de
jouer du sabre et de combattre en accomplissant des prodiges de va-
leur, de telle sorte que les Iraniens vinrent reprendre leurs positions
du centre. A .son tour, le quatrième fils de Bischtasl, nommé Faïwin-
dadh, sortit des rangs. Il attaqua les Turcs et tua vingt de leurs
braves, jusqu'à ce qu'il lonihat lui-même, ])artageant le sort de ses
frères. Alors Zarîr, le Sipahbadh, .s'avança avec ses compagnons et
chargea le centre des Turcs. Il exerça au milieu d'eux des ravages
comme le feu dans un champ de roseaux, en fit un grand carnage
et leur infligea un formidable désastre. Ardjàsf, adressant un ap[)el à
HISTOIRE l)i:S UOLS DES PERSES. 273
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Joi3 <xy^ JJOiU <JCj>\ c:,^À£L^aJ o»^.| ^--*J! ,..^0 wl^sJ <Jtj\J •OUoI
'' ,Mss. jij-js^, l'I ainsi plus bas. — ''- Mss. sLci^ . ' (. j-aj?. ' Mss. Sjtj'i^.
ses compagnons, s(^cria : «Oui vcul allrr se niosuier avi't Zarir et nie
flcbarrasser de lui? (ielui-là aura en mariage ma (ille et je ])arlagerai
avec lui le pouvoir! » Personne ne répondit à sa proposition, jusqu'à
ce qu'il l'eût répétée |)lusieurs fois. Enfin Bîderafsch se déclara prèl
à tenter l'entreprise et promit de réaliser le désir d'Ardjàsl. Celui-ci
le complimenta et fit des vœux pour lui. 11 lui donna son cheval, ses
armes et un javelot qu'il possédait et qui était trempé dans du poison.
Bîderafsch s'avança. Voyant Zarir tel qu'un éléphant furieux et comme
un lion cherchant sa proie, il en eut peur; il redouta ses coups formi-
dables et n'osa pas l'aborder de face. 11 guetta donc un moment où
Zarîr ne fût pas en garde; l'attaquant par derrière, il lança sur lui le
javelot empoisonné et lui porta un coup qui le désarçonna et le tua.
Il mit pied à terre, prit son cheval et l'amena à Ardjàsf. Des cris de joie
s'élevèrent des rangs des Turcs.
Bischtàsf était en proie au plus vif chagrin à la suite du malheureux
sort de ses quatre fils. Ce fut pour lui une infortune bien plus grande
27'l IIISTOIHK l)i;S ROIS DES PKUSKS.
S-
<-<s-^ >^-A^ .^v iVi )| ^ ^-^v-aJ <Lai.'x-44.*^ «L-w^-ij LcJsa, *L£\^ <_4*.JJ ^4c
3^.ik.U .»j_-«U <_^.!y. — IV, 4_«,j_j ^LixCU oL£^>vJ "Ca^I ^bo >_^JJa-l' ■"\4ji_*»^j
jU\ • !!A_<s-i— 5 s_^b'. 4.-».-t3 .v-c L^jtii» 4_v.-jjv_> \«jo«.j ^'LftLiLjis ^rsJL
' <". ^»jy.*Jlj. — -' Manque dans C, jvajJ dans W. — '' V. i^iij, et ainsi plus
bas; M i,jJUi^, plus loin i^AXio, )_y*A*», )_^>^j, ).^*-~:»- — ' ^Iaii<iue dans M. —
1^) C jb\ — («' Mantpip dans M. — " M ^;j.^.. — "^ M »libU.
et il lut au cl(''ses])oir lorscjunn lui annonça la mort de son frère.
Il lacéra sa cotte d'anncs, puis il demanda son cheval et ses armes,
pour aller ven<i;(M' la mort de Zarîr. Djàmàsf lui représenta qu'il devait
demeurer et lui dit : " Ce n'est pas ton rôle d'aller chercher le combat.
C'est Bastoûr qui doit aller venger son père. » Bischtàsf fit appeler
Bastoûr, lui donna son cheval et ses armes et lui recommanda de
faire tous ses elforts pour venger la mort de son père sur Bideralsch.
Bastoûr obéit. H vint aborder Biderafsch et lui dit : « Meurtrier de
mon père Zarîr, sache que la vie n'a pas de prix pour moi main-
tenant qu'il n'est plus. Si je viens te provoquer, malgré ma jeunesse
et tout en étant incapable de me mesurer avec toi, c'est seulement
pour que tu me fasses rejoindre mon père et que tu me délivres du
chagrin qui me consume. » Bideralsch, trompé par ses paroles et le
considérant comme un adversaire sans inqiortance, lança contre lui
le javelot. Bastoûr ayant évité le coup au moyen de son bouclier,
recula un peu, puis tira sur lui une flèche qui traversa sa cuirasse
et le frappa à l'endroit de la ceinture. Bideralsch tomba par terre.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 275
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«L^|j_i. j ,3_wL.jl ^K^l ^^ <i^' ly^ >^,A^ f^jrt? fy-^=];
'' M 8JC.M.C. — '-' Mss. Syi\j. - '■' M:iii<|iw dans C " Man(|ii(> dans M.
Basloûr se jeta sur lui avec son sa]:)re, lui trancha la tête, lui
enleva les armes de son père et revint trioinpiiant auprès de son
oncle. Celui-ci lui ordonna d'aller r('|)rendre sa place au cliani|) de
hataille.
ISSUE DE LA BATAILLE. VICTOIRE DE BISCHTÀSF ET UÉl'.OLTE D' tUDJÀSK.
Isfendiyàdh, Kiramikard et Bastoûr, avec les principaux cliels ira-
niens, chargèrent ensuite les Turcs, pénétrèrent au milieu de leurs
rangs en faisant le vide à coups de massue et de sabre, les abattirent,
les assommèrent et les anéantirent. Enfin la bataille se termina par la
fuite d'Ardjàsf avec les gens de son entourage, tandis que ceu\ de ses
soldats que le sabre avait épargnés se rendirent en demandant grâce.
Bischtàsf donna l'ordre de leur accorder la vie sauve et de les répartir
entre les chefs d'armée, et retourna triomphant et victorieux à son
27G IIISTOIRF. HlvS ROIS DES PKRSES.
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^.ij— 'vil ,^_ô.s ■> U jLO' s^-^Aj -J^-SJ ^J^r*• ; » 1^ " ^J^ "W^*! S-C '^i l>-5N_Ci
4_SdJ.' -i <xJlkr iL-V.-oL^I^]^ ^^\j^\j LU^L* ^^1 J-^vj <JoI^
M -.^.-^j ■ — -' Ces mois ii)an;|ufiit dans C. — '^-^i ('. oLyU,! .
camp. Le lendemain, il se transporta au champ de bataille, lll placer
a ])art les morts iraniens et conduire les corps de ses quatre fils et de
son frère Zarîr dans des cercueils à l'Irànschahr; il recommanda
de donner des soins aux blessés et distribua le butin. Il envoya Bas-
tour avec un nombreux corps d'armée à la poursuite d'Ardjàsf, lui
donnant l'ordre de marcher sur ses trousses jusqu'aux bords du Djaï-
hoùn. Quant à lui, étant retourné avec ses armées à Balkli, il distribua
des aumônes et accomplit de bonnes œuvres, témoi<^nant ainsi sa
fjratitude envers Dieu pour la victoire, et construisit à Balkli le temple
du Feu connu sous le nom d'Adharnoûsch. Il conféra à Isfeudivàdh
la charge de Sipahbadh et lui donna, ainsi qu'aux autres chefs d armée
et aux grands, des robes d'honneur. Les envoyés des rois vinrent lui
apporter des cadeaux et des tributs. Puis il ordonna à Isfendiyâdh
d'aller à la tète des troupes qu'il commandait inspecter l'Empire et
d'employer toute son énergie pour allermir la religion des Mages.
HISTOIRK DES ROIS DES PERSES. 277
4 wL,A_**vJ| *'*— ' >-^iw^)4 <^«s-*^| ,^_j,A_,*, :>r.< ^ ^j_oJ| J.xI»-5 J^_Â.4i<_)» '-i^l
<<_^.La .n J| ^ ^^ s— tt— J I ^ W âÀ^ iLsXÀJ-wl ^Ljj <Jt^ "^<S^' -:mJoo [ju^m
>" M layillj. — (^) M ^Ul i :,iV. i- — W Mss. J^o...,. — '''> C o.^^^.
IIISTOIHK D'ISFENDIVADH ET CE QUI LUI ADVINT.
Isfendiyàdh partit à la tète de rarniée et se mit à parcourir le.s
provinces de l'Empire, à étendre l'autorité de l'Etat, à consolider les
Fondements de la religion, à assurer le respect de la loi, à faire régner
le bon ordre et à exercer le gouvernement d'une façon parfaite à la
place de son père, aussi bien dans les provinces centrales que dans
les provinces frontières. Tout était dans une situation régulière et le
peuple docilement soumis. La renommée des succès et de la pro-
spérité d'isfendiyàdh se répandit dans toutes les contrées et, par lui,
le règne de son père jouissait d'un calme parfait. Il n'avait pas son
pareil en beauté et en libéralité, sa force et sa vaillance étaient pro-
verbiales, on ne trouvait pas d'expressions pour désigner ses qualités,
lesquelles ne rentraient pas dans l'ordre des choses ordinaires. Aussi
fut-il frappé par le mauvais œil et assailli par cette adversité à laquelle
^ ^
278 IllSTOIRK OKS ROIS DF.S PERSES.
^ ^''-^ Ui« oJ> g< "CaoI .v-i->« "O^Aj i_jC.,^<à_? 4' Jv «w-v. iLuNv^ï-u-Jl
— i-à-*v' ■-' ^^l 4' Jâ_Lj» "^-^J .iw«' i> ♦-va .^-S*-*^ oJ^^i^C 4jLsk. iL**^l
' '^>_^ «0>jtj.-J^^_«_. U e:.^J^ ^! "îi^ J-J^ <jLi^! LlL^o jLijlc
sont exposés les hommes supérieurs, et il lui victime de la laiblesse
de jugement et de l'ingratitude de son père envers Dieu qui lui avait
donné parmi ses eiilants un tel fils.
Bischtàsf avait un ami intime, nommé Kordam, qui avait un grand
ascendant sur son esprit et jouissait d'un grand crédit auprès de lui.
Cet homme nourrissait une haine profonde contre Isfendiyàdh et lui
portait envie; il s'ell'orça de semer la discorde entre lui et son père et
chercha constamment à le desservir auprès de Bischtàsl et à le déni-
grer. — «Certes, disait-il au roi, jamais femme n'a donné le jour à
un fds comme Isfendivàdh et on n'a pas encore vu son pareil; mais
il fait œuvre de prétendant; il se porte avec l'espoir de s'emparer du
trône de son père et il veut l'attaquer et le surprendre. Sa puissance
est déjà si grande que j'en suis elfrayé pour toi, et je crains, matin
et soir, qu'il n'arrive par lui quelcjue événement qu'il sera dilTicile de
parer. » Ces propos finirent par iaire inqjression sur Bischtàsf, par
linquiéteret le mettre dans un état de grande agitation. Il envoya donc
Djàmàsf auprès d'Isfendivàdh, pour le sommer de venir promj)te-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 270
C .M Js-jliillj. — '■-) Manque dans C. — W C tjl^5)tj. — ''' Mss. JI^JI.
Jv.;^
ment à la cour. Djàinàsf se rendit auprès de lui et lui ( onunuuicjua
le message; puis il lui fit connaître les dénigrements dont il était
l'objet de la part de Kordam et ses calomnies dont le bruit était déjà
parvenu à Islendiyàdli. Celui-ci, embarrassé et fort perplexe, dit en
lui-même: Si je résiste à l'ordre de mon père, je confirme entière-
ment les allégations de mon ennemi; si je me rends à son appel, je
suis certain qu'il me lera subir un mauvais traitement. Cependant le
mieux sera de ne pas lui désobéir et de ne pas m'insurger contre .son
ordre. Il demanda donc à Djâmàsf de rester avec lui quelque temps,
pour lui permettre de profiter et de jouir de sa compagnie, avant
de se rendre avec lui à la cour. Mais Djàmàsf refusa, disant : « Le roi
m'a ordonné de ne pas te laisser prendre de délais, ni d'atermoie-
ments, et de ne rien épargner pour faire diligence et éviter les len-
teurs et les retards. » En conséquence, Isfendivàdb remit le comman-
dement de l'armée à .ses fils et partit avec Djàmàsf pour la cour de son
père. Arrivé en pré.sence du roi, il se prosterna et se tint humblement
devant lui. Bischtàsf lui dit : «Est-ce là ma récompense pour t'avoir
280 IIISroiRK OKS ROIS DFvS l'KUSKS.
,j il^ ^-à—! Là£^ oiwi^viJ ,^>>Xi: ^>l ^iL<-« ^i'-'^ '^ ^î^-isi-C *^LjLj|» >_iJLj|
^ 4.'! -^-«_^>. JwjK ^^^y^uc jt J-^\ c^^JU^ ^«^^ ^lUt L^l jUi Jlc
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Je -4 0 <" >^| 2;5 J'^^jlU Jww!i/^4*Jlj ^^.XJ^^ r'! JLjLaJI ik,AjL)L ojJv^JLj
' Mmikhic dans C. — (••!! M 6.X«3?. — (=> C Uj^,. — t^' C î^;*là,, M J\ .[^3\
elev('', comble de hicnlails cl pour l'avoir doniir un si liant rauj;-, (|U(>
niainlcnant lu songes à te mettre en révolte ouxcrtc conlic moi?»
Islcndivadli répondit : «Quand ai-je, o roi, contrevenu à tes ordres
ou me suis-je insurgé contre ta volonté? Ne plaise à Dieu que je mé-
connaisse ton autorité et (|ue j'oublie le respect que je le dois! n Et
il se mit à démontrer son entière innocence et la pureté de ses inten-
tions et s'elTorça de se disculper auprès de lui. Mais tout cela ne Ht
qu'augmenter la sévérité et le courroux de Bischtàsf, cpii lui dit :
<i Je veux te faire subir un traitement qui servira de leçon pour dé-
tourner les fils de conspirer contre leurs pères et les sujets de se ré-
volter contre leurs maîtres! » Il fit venir des forgerons et leur ordonna
de mettre à Isfendiyàdli de lourdes entraves, de le lier avec des chaînes
et de le charger de carcans; puis il donna l'ordre de le transporter
sur un éléphant dans le château de Koumendhan et de le laire garder
par des geôliers. On exécuta ses ordres et Isfendiyàdh se trouva réduit
dans sa prison à un état inspirant la pitié et l'épouvante. Ses ([uatre
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 281
^
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__i >>• s. ^O^-i-A—Av'. ^i^Oo .Xgg^ ^Jv.^. <_>>^^ <jl-waJ, ' ^^^- ■ ■ f
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(ils vinrent ly rejoindre pour partager son infortune et lui témoigner
leur dévouement.
Bischtàsf se mit en route avec ses troupes, pour visiter ses Etats,
laire de nouveau connaissance avec ses provinces et pour travailler
énergiquement à établir sa religion. Mais à peine la nouvelle de ce qui
était arrivé à Isfendivàdh se fut-elle répandue que l'Etat fut troublé et
que l'Empire dépérit; les rebelles se soulevèrent, les troupes se révol-
tèrent, les provinces furent sans défense, et le désordre et le brigan-
dage firent leur apparition. Ardjàsf saisit l'occasion pour attaquer
l'Irànschalir en disant à ses chefs d'armée : « Ce sot de Bischtàsf a en-
chaîné le soutien de son empire et, de sa propre main, s'est réduit à
l'impuissance. Maintenant qu'il n'est plus sous la sauvegarde d'Isfen-
diyàdh et qu'il est en complet désarroi, il ne compte plus. Je pense
donc que nous devrions nous jeter d'abord sur Balkh, puis sur les
autres villes; nous prendrons notre revanche, nous ferons du butin
et réduirons les ennemis en notre pouvoir. Les chefs approuvèrent
son avis et se conformèrent à ses ordres.
282 ilISTOIRK DF.S ROIS DKS PKRSF.S.
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' C JjJbj. — -' Manque dans M. — !" C Jué. — '*' Mantiiir dans C.
ASSAI T QUE LES TURCS LIVRENT AU VENERABLE LOIIRASF.
ILS SACCAGENT ini.KII ET PRENNENT LEUR REVANCHE EN INFLIGEANT
UNE SÉVÈRE DÉFAITE À RLSCHTÀSF.
A rdjâsf chargea son fils Kohram d'attaquer à Timprovisle la xilic
deBalkh. H le fit partir à la tète d'un gros détachement, le pourvut de
tout ce qu'il lui lallait et lui ordonna de marcher avec les troupes de
son avant-garde sur la ville, d'y tuer tous les gens de Bischtàsf qui
tomberaient entre ses mains, de saccager leurs maisons et leurs palais,
de faire main basse sur leurs biens et d'emmener leurs femmes cap-
tives. Kohram, conformément à son ordre, se mit en marche et arriva
devant Balkh. Lorsque Lohràsf , qui alors avait atteint le terme extrême
de la vieillesse et se livrait entièrement à la vie spirituelle, en fut
prévenu, il dit : «Honte à Bischtàsf! Quelle folie que de s'en aller
loin de cette pauvre ville, d'y abandonner ses biens et sa raniille. <li'
mettre aux fers Isfendiyàdh à cause du langage fl'un homme trop vil
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 283
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•'' M -Jv^l, llKill(|ilc dans ('.. - (; UULC*. ' M «qj^j ('. M a (i — ;'
pour être nommé et pour (|ii(' 1 On pense à lui, cl de consacrer son
activité au service de la relififion ([ui lui a été funeste et dont la détes-
table doctrine l'a perverti! » Puis, malgré son très grand âge, Lohràsf
forma une troupe de deux mille hommes avec la garnison de la ville
cl la milice, prit les armes, monta à cheval et marcha avec ces
hommes contre les Turcs. Lorsqu'il fut devant eux, il les apostropha
cl exhorta ses compagnons à leur livrer bataille; puis il chargea les
Turcs et les combattit avec tant de vigueur qu'ils le prirent pour Isfen-
diyàdh; car il fendait en deux tout ennemi qu'il frappait du sabre, et
ceux qu'il touchait de la lance furent désarçonnés. 11 continua ainsi
ses étonnants exploits jusqu'à ce que Kohram , élevant la voix, or-
donnât que tous, les uns après les autres, devaient diriger leurs efforts
contre lui et le couvrir de traits. Ce qui fut fait, et ils tuèrent la plu-
part de ses compagnons. La chaleur était accablante, le soleil ardent,
et Lohràsf, à qui la faiblesse de l'âge avancé se fit sentir, tremblant
d'épouvante et succombant à ses blessures, tomba de son cheval. Les
2Si IIISTOIRF. OF.S ROIS DES PERSES.
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sabres s' abattant sur lui le mirent en morceaux. Ce fut le terme de sa
vie et le lieu fie son trépas. Les Turcs étaient étonnés du courage et
de la vigueur dont il avait lait preuve avec un corj)s débile et des os
fourbus et malgré son extrême vieillesse. Ils dirent : « S'il accomplis-
sait de tels exploits, lui cpii était arrivé à la limite de la vie, que faut-il
craindre d'Isfendiyadli qui est dans la force de fàge et joint à la vi-
gueur de la jeunesse la prudence des cheveux blancs! » Kohram leur
dil : " \e savez-vous pas que Lohràsf a effectué ces prouesses par ce
([ui lui était resté du reflet de la majesté divine.^ Eli bien, nous en
sommes débarrassés pendant que Bischtàsf est loin et Isfendiyàdh
dans les chaînes; allons, mettons Balkh en ruines et emparons-nous
des richesses de Bischtàsf qui s'y trouvent! » Les Turcs répondirent :
"Nous sommes à tes ordres. » Et ils se ruèrent sur la ville, la sacca-
gèrent, détruisirent les temples du Feu, tuèrent soixante-dix niolmlli.s
et herbedhs et éteignirent avec leur sang les feux sacrés; ils s'empa-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 285
,^J-J<JLJ:^ J\j-a\ J^ \jjj:i^\j L^LaJ jî^U^ l^jliislj l^^s» s J^l^lj
4_/«jJj ci^jix J^-^o-s».. ^^ j_j w g *<j Lv^==lj w«ji-i_4v| s_yo|j3J| i_,xs-<i<J ^^5U|
C Manque dans C. — t^' C iojlsîj- — ''' Mss. v_juMLiUij. — '' Manqiu' dans M. —
(••) Mss. *j>>j Syji^j x«>j 'T. jjjie' iù* J^ J^'^^^^j- — '''^ C ijx4-
rèront des ricliossos de Bisclitàsf, vidèrent ses trésors, enlevèrent ses
trésors cachés et emmenèrent captives ses deu.v fdles Kiiomàï et Beh-
Afrîdh.
BISCHTÀSF REVIENT AUPRES DE BALKII.
IL LIVRE BATAILLE AUX TURCS.
IL EST BLOQUÉ PAR EUX ET OBLIGE DE METTRE ISFENDIYÂDH EN LIBERTÉ.
Lorsque Bisclitàsf fut informé des désastres survenus à Balkli, dont
riiorreur faisait blanchir les cheveux, il jjleura et se repentit, et la
faute qu'il avait commise lui causa de vifs regrets. Il donna f ordre à ses
généraux d'appeler les troupes des provinces et de les lui renvoyer, fit
ses préparatifs pour se mettre en campagne et marcha avec ces troupes
vers Balkh. Au moment où il arrivait sur le territoire de la ville, Ar-
djàsf parut à la tète de troupes innombrables. Les deiux armées s'étant
rapprochées fune de l'autre, cavaliers et fantassins formèrent leurs
281) IIISroïKI, DKS IU)IS DKS l>KUSKS.
^_û'w.^\ i^-v'^ ^>-_s. \j >_^>^_a_>C^^ J. g ..>,1U ^y*- ^î^^'^'j J^Si^JL Js-^il
o>-J>N — ^~_£ j>— H— J ^ LjiJls ,^_à-*vLA_i^> ^Jlc is-jjJl c^oLij ^L^CJU JitakâJl
^<;^^^ ?•> — N^Lk^ o>'|>-Jjli it-) sj^=».U <--> >..gjàA_*vU ,5^-i-'^ ^^\ J^-^r*- ii,i
^.g-^sj-i. J-:==L j?^>ji <-i^^-«v_^_[. J-^vil j^i Jji \jj}a.^'\i ^LtLit ^j__^l
lignes; les liauteiirs cl la plaine en Inrent couverles. La bataille s en-
gagea et devint acharnée. Elle dnra trois jours et trois nuits, et des
deux côtés il y eut un grand nombre de blessés et de tués. Ferascha-
ward tomba mortellement blessé. La mort frappa plus de vingt fds
de Bischtàsf brillants comme de nouvelles lunes, courageux comme de
jeunes lions; elle frappa aussi Kordam, le calomniateur d'isfendiyàdli,
et la plupart des chefs et des grands. Bischtàsf lut vaincu et, en sa
déroute, se réfugia avec le reste de son armée sur une haute et inacces-
sible montagne, où il se mit en sûreté. Les Turcs les ayant entourés,
bloquèrent les Iraniens, qui, les vivres venant à leur manquer, se
virent obligés, pour se conserver, d'égorger les chevaux et de se nourrii-
de leur chair. Ils éprouvèrent de dures misères et eurent à supporter
de cruelles souffrances.
lîischtasf exhala sa peine et son grand chagrin dans le sein du sage
Djamàsf et lui demanda conseil. Djàmàsf lui dit : « Pour mettre lin
à cette grave situation, il n'y a, après Dieu, que le seul Isfendiyàdh. «
IIISTOIKK DKS ROIS DES PERSES. 287
il oJoL-iJé ■y^ 3v \> <S^ '^' j-ï; "^^ s^j-^ j-^ '^■^l O'^^' w^ji-'
^î J^-^tj j3_«Jl J^^b <' S^ "iJ ^l^J^\ J LxJ c^t^ d^ :Uj
' s-
— '^' MaïKnic dans (', ; M L^joj>« '■6*»r! W-
Bischtàsf répliqua : « l'^l il n'y a (juc loi pour 1 anu'iipr. » Djaniàsl dil :
«Si k' roi me rordonnc, je le Icrai sans hésiter. — \a donc le trou-
ver, dit Bischtàsf, fais-lui accepter mes excuses et dis-lui de ma part :
« J'ai été injuste envers loi, ô mon fils, quand je t'ai traité en coupable
« sur la parole de ce calomniateur, de ce menteur, qui a cueilli le fruit
« de ce qu'il avait machiné contre toi et, en ta personne, contre moi-
« même. Tu sais que l'on ne peut détourner la destinée. Accepte donc
« mes excuses, viens me rejoindre et me sauver, et venge la mort de
« ton grand-père et de tes frères. Porte-toi au secours de l'Empire, afin
«de le conserver ]X)ur toi et tes lils, et délivre-moi de cette pénible
« situation par ta bonne étoile. J'aurai alors contracté envers toi l'obli-
" "[ation de l'abandonner la couronne et le trône et de te remettre l'em-
« pire du monde, ainsi que me l'a remis Lohràsf et comme celui-ci l'a
« reçu de Kaïkhosra; je n'aurai plus d'autre soin que de m'occuper de
« la vie future et de faire mes provisions pour la route du Paradis. »
Djàmàsf promit de faire parvenir ce message et de l'appuyer ])ar des
arguments qui en assureraient le succès.
288 HISTOIRE OKS ROIS DKS PERSES.
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^ ^ ^ .. . . ^ .. .. (JJ-- .
Ci C j^y. -- 1-^' Mss. .^4^.
Comme Djàmàsf devait passer par les rangs des Turcs, il prit leur
costume et traversa ainsi leurs lignes; puis il fit route vers le château
dans lequel Isfendivadh était détenu. Les gardiens de ce chcàteau
l'avant vu de loin avertirent Isfendiyàdh que l'on apercevait un cava-
lier turc se dirigeant vers le château. Isfendiyàdh dit : «Je crois que
c est un Iranien qui a pris le costume des Turcs. » Lorsque Djàmàsf
arriva à la porte, le gouverneur lui demanda qui il était. — «Je suis
Djàmàsf, dit-il, fenvoyé du roi.» Le gouverneur le reconnut et
donna l'ordre de lui ouvrir la porte et de l'introduire auprès d'Isfen-
diyàdh. En le voyant, Djàmàsf fut épouvanté par le spectacle qu'il
offrait, chargé comme il était de ses fers. Il se prosterna devant lui,
lui présenta ses vœux et pleura en se tenant dehout devant lui. Isfen-
divadh lui souhaita la bienvenue et dit : « C'est une circonstance grave
qui t'a forcé de venir; ce n'est pas un sentiment de sympathie qui t'a
inspiré le désir de me voir! » Puis il lui demanda ce cjui était arrivé.
Djàmàsf lui donna connaissance des malheurs et des catastrophes et
lui fit le récit complet des événements. Isfendiyàdh pleura sur le sort
de son grand-père et de ses frères. Il écouta Djàmàsf jusqu'à ce qu'il
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 289
^>-*-:^ ^*-i'^»' ^ l'^^' •-^ i,S^-^^^J 1^^-^^^' ^ <L^^^K ;_ç>-i-«' 'jJjiA» ^:>
N_«lj (^5^* — ^'^— :? ■^— =»-l i)-;iL_^l <jlj ^>J« -iA-A-l <_) iow:^l« C-^àJi <-J<^
1" C JJai. - -' M ^ilj.*i«,t,. • M *juLJI, C ^ i ■--- 1' ' M c,.Lj. —
(;iU tlolivrc le message de Blschtàsf, puis il dit : «C'est à présent qu'il
parle ainsi, après m'avoir auparavant couvert de honte et m'avoir
infligé, malgré ma parfaite innocence et les grandes actions que j'avais
accomplies, ce traitement par lequel il a foulé mon sang; après
m'avoir déshonoré et avoir réjoui mes ennemis du spectacle de mon
malheur, et après m'avoir mis vivant dans l'enfer! Quand il est atteint
y)ar l'adversité, qu'il est assiégé par les Turcs, que la mort frappe a
sa porte, il se meta m'envover un message, à ordonner de me mettre
en liberté et de m'appeler, non par bonté pour moi, mais pour que
je l'arrache de la dent du dangereux serpent et de la grilTe du lion et
pour que je m'expose cà la mort en le rendant à la vie! Mais je ne
répondrai pas à son appel et je ne serai séparé de ces chaînes et de
ces entraves que lorsque je quitterai ce monde avec ma peine et que
j'irai me plaindre de mon infortune à Dieu, pour qu'il me venge de
mon persécuteur!» Djàmasf répondit : «Tu as raison, c'est comme
tu le dis. Mais les malheurs viennent de te quitter, les temps heureux
se lèvent pour toi. Ton père et tes parents sont forcés d'avoir recours
290 iiisioiuK nr.s unis dks pkusks.
^ — *J — C >~^- ^\'v-j| JUU ÂJU! I'l(,::^«-i3jj "^J-^ ^-^^ ^^Jt jia.-vi>|^
^ J— f"!» oJwS-Lï ^v_£ ^_j^L*vjJ| .iJ-JÊ J\\s ^jL<S 4)>.x^^jJl Jv>.£L^
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<_!>'^>^_£' ■' <^-~-^-£. (^ ■^-Àjj' 4.Â_^K ^^L .Jlc ii>jLJ| ÏJ—vi;» 4Ji»^U .ikXail
Lli; "^ — fu^-^ ^^ L .g fT J'X-CilL i^iJI ^jyi-'i-J <_**wàj ,_<lc i-i^v^ »_i=»-«^
'" C c-ài,. — (•-) c AL,. — (') M l^. — (■') C e**fi, M c^.
à toi; c'est sur toi que reposent leurs espérances et celles de Tlràn-
schalir. La Fortune te promet un spîendide avenir. Chasse donc de
ton cœur ces folies et agis selon ta vraie nature. Va, en prononçant le
nom de Dieu et en mettant en lui ta confiance, pour éteindre le mal
et répandre le bien. Travaille pour toi et tes fils, afin de t'assurer la
possession de l'Empire et pour réaliser les espérances que l'on place
en toi. ') Et il continua à faire des efforts pour le fléchir jiar ses conju-
rations et à l'impressionner par ses douces paroles, jusqu'à ce que
isfeadiyàdh fut touché et qu'il consentit. Djàinàsf alors lit appeler,
pour détacher ses chaînes, les forgerons. Ceux-ci étant arrivés et s'étant
mis à fœuvre, mais ne parvenant que lentement à les rompre à cause
de leur solidité, Isfendiyàdh, s'impalientant, interpella rudement ces
artisans. — « Vous êtes prompts, leur dit-il, à imposer des entraves et
lents à les ôter! » Et sous finflucnce du chagrin intense qu'il éprou-
A'ait de la mort de son grand-père et de ses frères, de sa grande colère
contre son père et de la violente indignation ([u'il ressentait d'avoir
IIISTOIRK DKS ROIS DKS PKRSES. 291
<jJ Js-v^ "^Uj ,_>iij! iJ^J ^-slvial ;J^ 3vs*.|^ /«U-*- J-^-^ ^®i t5*=^
été haloué par ses ennemis, il se lendit et se secoua et rompit toutes
les chaînes et les entraves, qui tombèrent de son corps. Vovant fle-
vanl lui leur masse, haute comme une montagne, il dit : «Voilà le
cadeau (\o Kordem. » Puis, épuisé ])ar l'eflbrt violent qu'il venait de
laire, il tomba évanoui. Djàm.àsf l'avaul aspergé avec de l'eau de rose,
il revint enhn à lui. Il se rendit au bain, coupa ses ongles, revêtit le
])lus pur de ses vêtements, bénit Dieu et lui rendit grâces de l'avoir
délivré de sa prison et lui demanda son assistance dans ce qu'il allait
entreprendre.
Isfendiyàdh, ensuite, se réconcilia avec Djàmàsf, but avec lui, lui
demanda conseil et se montra très gracieux envers lui. Au matin, il
revêtit son armure, monta à cheval et partit avec ses fds et sa suite,
en hâtant sa marche, il demanda à Djàmàsf de prendre avec lui un
chemin conduisant vers l'endroit où était tombé Feraschàward, son
frère de père et de mère. Djàmàsf l'v ayant conduit, il trouva en
arrivant Feraschàward sur le point de mourir. Il mit pied à terre, se
frappa le visage et pleura. Feraschàward le regarda et dit : « Mon
37.
'102 IIISTOIliK DKS IlOIS DKS PKUSKS.
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«.«jij oJàU. . '' (' ■,->'^^ ■ — '■'' MaiK]uo dans C. — '^' C nj\^.
frère, l'état clans lequel je me trouve m'empêche de me réjouir de
ta délivrance et de ta visite. » Isfendiyàdli lui répondit : « Mon Lien -
aimé, joie de mes yeux, la pitié que tu m'inspires m'anéantit et ternit
ma vie. Nomme-moi celui sur (jui je dois venger ta mort et fais-moi
connaître tes dernières volontés. » Ferascluhvard dit : « Ce ne sont pas,
0 mon frère, les Turcs qui sont cause de ma mort; c'est uni(juement
Bischtàsf, notre père, qui m'a tué, moi, ainsi cpie mes frères et mon
grand-père; c'est sur lui que tu dois me venger. Et ne néglige pas de
faire de bonnes œuvres en mon nom. » Puis T'eraschàward expira.
Isfendiyàdli fut désolé. Après avoir pourvu à ses funérailles et à son
enterrement, il continua sa route et arriva au champ de bataille, qu'il
vit couvert des cadavres de ses frères, de ses guerriers et des guerriers
de son père. Ce spectacle fit couler ses larmes. Voyant le cadavre de
Kordem, celui qui l'avait calomnié, il l'apostropha en ces termes :
1 Malheureux, toi qui as perdu cette vie et la vie future, qu'est-ce qui
t'a poussé à amener une conflagration sur l'irànschahr, en tenant de
méchants propos contre moi et en me calomniant auprès de mon
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 293
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,_è_w'U^ ^p3s.».OL^ J.' iLjw;.i_vvt jLvj lLKi\j SJvAj ?wï-Si=! 1^1^
|)(','re, (le telle sorlc quo celui-ci m'a emprisonne el enchaîné et que
les Turcs, prolilanl alors de mon éloignemenl el de mon emprison-
nement, ont osé porter le deuil et la ruine dans ma famille et dans le
royaume de mon père? Le mal que tu as fait avec ta vilaine langue ne
sera jamais guéri! Subis maintenant la peine de ton œuvre et va-l-en
dans l'enfer où est ta place!» Isfendiyàdh, ensuite, quitta ce lieu.
Lorsque, à l'ombre de la nuit, il eut atteint le camp des Turcs, il
parvint, grâce à une faveur spéciale de sa bonne étoile et grâce à son
audace, à combler le passage du fossé qu'il traversa avec ses compa-
gnons. Il rencontra quaIre-A'ingts cavaliers des avanl-postes d'A rdjàsfqui
demandèrent: « Qui étes-vous.^ " Isfendiyàdh répondit : « Nous sommes
envoyés par Kohram pour vous tuer, parce que vous avez laissé passer
Isfendiyàdh qui a réussi à traverser vos lignes. » Puis lui et ses com-
pagnons les chargèrent avec leurs sabres et en tuèrent la plupart. Les
autres s'enfuirent. Isfendiyàdh se rendit ensuite au camp de Bischtàsf.
294 lIISrOinK DF.S ROIS DKS PKHSKS.
_lw*J| rJ 4mJ>. ^^jvJ^ t_i -Xc*j| ^\L^L iï)^L^->) l3■'^-^ ^ Ji^xs»-»./© ^_J^
(" Mss. i;5 U. — (-' -Mss. Ai**. — P) .\Iaiu|iR" clans M. — ('" C ,^i.
ARIUVEE IVISFKNDIVADH AUPHES DR SON l'EKK.
!L LIVRE RATA II. LE AUX TURCS Ol 1 SONT MIS EN DÉROUTE. .
CE QU'IL LUI ADVINT AVEC LE TURC KOURKSAR.
Lorsque Isfendiyàdh arriva auprès de Bischtàsf, il se prosterna
devant lui el lui rendit les hommages qui lui étaient dus. J3isclitàsf se
leva et alla vers lui, le serra dans ses bras, lui baisa les yeux et kii dit :
"Mon fils, je désire que tu pardonijes ce qui a eu lieu, que tu ne
gardes pas de ressentiment de ce qui s'est passé et que tu aies entière
confiance en ma promesse de te proclamer roi et de te remettre la
couronne et le trône, quand tu auras terminé la guerre contre les
Turcs et que tu les auras châtiés. » Islendiyàflh répondit : « Je ne puis
assez te remercier, ô roi, de m'avoir gracié et de m'avoir fait sortir de
ma prison. Avec faide de Dieu, je te débarrasserai de tes soucis et,
par ta bonne étoile, j'obtiendrai une vengeance comjilète! » Les chefs
d'armée et les guerriers étant accourus auprès d'Isfendiyàdh se pro-
IHSTOIRF. DKS ROIS DES PERSES. 295
^j-ibj <_^i ij-» O^-^' *-:^^-^ 3 <^^yJij\ ,";jpgJ<ÀJ^ 4).-tt.A-*-^^ ^j iLj^Xi_w|
(«) Mi. -m M^j^;,.^ ^> CjùJii!.
slciiK'iriit (levaul lui, le coniplinientùrcnl et tonioignèronl leur joie
de son arrivée. H les remercia et leur ordonna de se préparer pour
infliji^er une bonne défaite aux Turcs. Ils lui promirent de lui obéir et
d'exécuter ses ordres, de rivaliser de zèle et d'empressement, et lui
déclarèrent que leurs corps et leurs âmes étaient sa rançon.
Lorsque Ardjàsf lut informé qu'lsfendiyàdh était en liberté, qu'il
avait tué les avant-postes et qu'il avait rejoint son père, il fut en proie
à une extrême agitation et la peur et le chagrin se glissèrent dans sa
peau. U réunit ses chefs d'armée et ses familiers et leur dit : « Nous
aurions dû chercher à surprendre Isfendiyàdh dans sa prison et saisir
l'occasion d'arroser la terre de son sang alors qu'il était dans ses fers
et ses chaînes. Le voilà libre, ce terrible Satan, ce lion féroce, cet
éléphant furieux, ce dragon qui engloutit les créatures, et nous
sommes impuissants contre lui! Le mieux sera de nous en retourner
dans notre pays, victorieux comme nous sommes, de partir sans avoir
subi de pertes, nous contentant du butin que nous avons fait. » Parmi
ses chefs d'armée et ses familiers était un homme portant le surnom
296 IlISromK DKS UOIS DKS I>K1\SKS.
. ii 1 :^» l à 1 '^ ^j-LU| <.A_*il <Jj xL*m3s_So vI'^^-JLLLi 'C^Lik.. ^iUi>
^^i x\ ^'-^ LJL U ^1 L^l 4 J'^^kII ^^jlx^j^ ^^ ^^j j^JI
' Cwsiil'. ' Manqiu- dans M. — '• M o4^.
fie Kourksar, parce que, par son extérieur et son naturel, il ressem-
blait le plus au loup.
On lie voit guère un homuie dont le caractère, si l'on observe bien, ne soit itj-
<Ji((ué par son surnom.
H était jjlein de fourberie, d'astuce et de bravoure, expert dans les
coups de surprise et dans la bataille, ne se lassant point de ravager,
avide de combats et emplovanl la ruse avec une grande habileté.
Il dit : " Pourquoi, ô roi, devrions-nous nous enfuir devant des gens
que nous avons taillés en pièces, mis en déroute et enfermés? Ont-ils
reçu d'autres renforts qu'un seul homme , dont on sait ce que vaut la
force et ce qu'il peut faire? Si tu me charges de lui livrer bataille, je le
provoquerai en combat singulier, lutterai avec lui et ferai disparaître
du monde sa renommée. « Ardjàsf lui dit : « Si tu fais ce que tu dis, je
partagerai avec toi mon rovaume et mes possessions et te donnerai en
mariage ma fille. » Kourksar s'écria : «Je suis l'homme pour cela et
lirSTOIRK DES ROIS DES PERSES. 297
«^-^i-^L-iauj fj-^\j ^.r-^s?- <-i-" }~^j «-r^r^ ^i-*^>T»'>' •i'^'»-' 3j^jj^_»i J-SJj
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<') C 114^. — '-' C ^^4=-^. MaïKiu.' dans C.
pour loulo allaire (lilficile!» En conséquence, Ardjàsl lui confia la
direction de la bataille et lui donna le commandement des troupes,
qui eurent l'ordre de lui obéir, de se conformer à ses instructions, de
suivre son exemple et de ne point enfreindre ses dispositions.
Le quatrième jour après son arrivée, auv premières lueurs de l'au-
rore, Isfendivadli sortit du camp avec son armée, fit battre les tam-
bours, former les lignes de bataille et établir selon les règles les difie-
rentes positions. Kourksàr, pareil à un loup monté sur un aigle, se
présenta à la tète de ses troupes qu'il répartit et disposa en bon ordre.
Ardjàsf se tenait sur une liauteur qui les dominait. Le soleil était à
peine levé, que déjà il était couvert par la poussière que soulevaient
les sabots des chevaux, et bientôt la bataille était engagée, les lances
et les sabres s'entre-choquaient, les champions étaient aux prises; on
luttait avec rage et les massues et les masses d'armes tombaient sur les
cuirasses et les cottes de mailles comme les marteaux qui frappent le
fer. Isfendiyàdh réduisit les Turcs à l'extrémité et en écrasa la plu-
298 IIISIOIKK DKS HOIS DKS IM'.USKS.
J — w >.^ j\ — ^ — yj_b ^.>wvaJL? <_>Ll <_>! fjjj <-^w? > gk ^^^ L^jL^Jt
''■ M \Sjt>. — '-' C JX». — '■' l.a place de ces dcuv mots esl restée en hiaiic dans M.
part comme la meule écrase les grains. Ardjàsf envoya un messager
a Kourksàr el lui (il dire : « Si tu veux, dans cette bataille, remporter
une grande victoire, fais-le avant qu'il ne reste plus de Turcs. » Alors
Kourksàr se tourna contre Isfendiyàdh et tira une flèche qui perça
sa cuirasse. Isfendiyàdh se laissa tomber de cheval, comme s'il était
blessé à mort. Kourksàr courut vers lui, le sabre à la main, pour lui
couper la tête. Isfendiyâdli se releva, lança sur lui son lacet, l'enleva
de dessus son cheval, se remit en selle et partit en le traînant derrière
lui. Il donna l'ordre de le lier et de l'envoyer à Bischtàsf, auquel il fit
dire : « Garde-le, ne le fais pas mourir; car nous avons besoin de lui
vivant. » Quand Ardjàsf vit ce qui venait d'arriver à Kourksàr, il ne
tarda pas à s'enfuir avec ses familiers sur des dromadaires, en donnant
l'ordre de mener les chevaux à la main, et s'enfonça dans le désert,
emporté et aiguillonné par la terreur. Isiendiyâdh et les siens, entiè-
rement maîtres des Turcs, les brisèrent et les fauchèrent. Alors les
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 299
L_i_^l_5j Aji -s^ «..| USL-^ ^_p^-à^ ^^^'«a^Lv^) y~^\j '■îUj.l /«y^jl ->-9^ ^''^b^ ^
L^'L-.i— A^ 5> -â— > Jl3 ^_>>-^2J| 3n_0 (J-o l g g<> .'''i(_53Jl jL>Jil^ *U^| ^jlv^
4I J^— >j >-<S-^ •^'jr?^ ^-nLc (^5o'|j «oJl |J>L«L5 c>Jj\j ^ S^^ -^ ^\^yj<j
— C"'' M IftJLft. — i"' M AjLi. — '^ MaïKiuc dans C.
soldats lurcs diicnt cnlrc eux : " Pourquoi reslons-uous, puisque le
roi a pris la fuite et que le chef de l'armée est prisonnier? » Et ils
jetèrent leurs armes, ôtèrent leurs casques, se prosternèrent devant
Isfendivàdli et demandèrent quartier. Islendiyàdli leur accorda la vie
sauve, pourvut à leur bonne garde et les fit enfermer.
La bataille était terminée et Isfendivàdli rentra dans son camp. Sa
barbe et sa tète étaient entièrement couvertes de sang; il avait un
aspect épouvantable dans ses vêtements, si bien que ses gens ne le
reconnurent pas. Il lui fut impossible de détacher sa main et de la re-
tirer de la poignée de son sabre, à laquelle elle était collée par le sang
chaud et jwr l'engourdissement qui l'avait gagnée, tant elle avait porté
de coups. On ne parvint à séparer l'une de l'autre qu'en versant sur
elles beaucoup d'eau chaude. 11 ôta ensuite ses vêtements de combat,
revêtit des habits de dévotion, bénit Dieu et lui adressa des actions de
grâces pour ses bienfaits et accomplit les vœux qu'il avait faits. Puis
il entra chez son père, qui alla à lui, le complimenta, le remercia et
38.
300 IllSIOIUK DKS ROIS DES PERSES.
jL*«-iv3sj Lx:s ^^s^] LlLj J^-«"«-' A-^J ÀjuaJ] ^ J^j ijXjy^^j^^ J^\ jv^
JyJl ci-^-L-^î-Ji— *vl ^ •. r^ L ^1 <! Jls^ ^^^^^^ bj^"^^ l^*"^ Ij-iLiJ
— (5) M;Uj *ljs*i)!.
lui dil : <i llciilre clans ton pavillon, restaure-toi et prends du repos. »
Isfendiyàdh fit ainsi. Le lendemain matin, il se lit amener Kourksàr
qui, tremblant comme la feuille sur l'arbre au souffle du vent, lui
dit : «Laisse-moi la vie, ô prince, pour que je puisse te servir, te
conseiller et te guider vers la Ville d'airain où Ardjàsf s'est retiré avec
ses troupes. » — «J'aviserai sur ton sort", répondit Isfendiyàdh. Et il
le fit ramener dans sa prison. Puis il monta à cheval, se rendit au
champ de bataille, ordonna de réunir le butin et de le distribuer à
l'armée, et de relâcher ceux qui avaient demandé quartier et de les
laisser libres de partir.
Isfendiyàdh étant retourné au pavillon de son père, ils causèrent
et délibérèrent longtemps ensemble. Bischtàsf dit : « Tu viens de faire
preuve, ô mon fils, de la plus grande énergie, d'accomplir des faits
extraordinaires et de nous délivrer de cette grave affaire. Il te reste
à anéantir les derniers vestiges du roi des Turcs et d'arracher tes
deux sœurs à la captivité; car si elles devaient rester entre les mains
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 301
>>s_C^| CiJjVpSil ^j-UJl J «A?«|^ ^:i/wsà-Âjj JoL^t <-iJLj (jsL? j^ ;^j]^
«^ <xLLj Lji.<Vv i>Ljs^Li-*v| j'^ij ^ilUt O^aJI ;.::..4w^»
i g ^L^ Jj-Ll\ <_.LLj^-*.|^ •■i.l^t |?lLa^j ''LU ^Li! J^IjsJ^
de rennemi, ce serait une honte inexcusable que le temps n'effacerait
jamais. Quand, scellant avec du musc ce que tu as écrit avec de
l'ambre, tu auras terminé ce que tu as commencé, oté de mon cœur
les dernières préoccupations et que tu m'auras rendu l'honneur parmi
les hommes, j'accomplirai la promesse que je t'ai donnée et te remet-
trai le pouvoir. » Isfendiyàdh répondit : «Je suis prêt à t'obéir. »
ISFENDIYÂDH SE MET EN CAMPAGNE ET .MARCHE VERS LE PAYS DES TURCS
PAR LA ROUTE CONNUE SOUS LE NOM DE HEFT KHÂN.
L'histoire suivante, du commencement à la fin, v compris les der-
niers faits de Thistoire de Roustem , est de celles que la raison ne peut
admettre et que f examen réfléchi rejette comme apocryphes Mais je
ne veux pas qu'elle manque dans le présent ouvrage, attendu qu'elle
est célèbre, que les gens la racontent les uns après les autres et
l'aiment, que les princes sont charmés par ses incidents merveilleux
302 IlISroïKK DKS 1101 S DKS PKHSKS.
J<Jit, L_g_AjJ'^-A_tv J.t '.-^ <JC2fc.L2^ t_>LA.SJ| ,^_j^:i-Nia_? ^j-0
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^- — ^.2 — i — ) r-^l; "^^^j-^ Jv^ -^ ^_)~|; A^ c5^ "^ J^ i* i^i^ Ji
et en multiplient les représentations dans les livres et sur les monu-
ments; attendu enfin qu'elle se relie aux récits qui précèdent et ([ui
ont besoin d'èlrc complétés ])ar elle. Nous avons déjà ju.stifié l'inser-
tion de tels récits à propos de l'histoire de Zàl et d'autres. Nous ne
retenons de ces relations que ce qu'elles ont de plaisant.
Or Bischtàsf donna l'ordre de faire revenir les troupes des difïe-
rentes provinces, de les réunir et de les faire passer en revue par Isfen-
diyàdli, qui choisirait celles qui lui conviendraient et en disposerait.
Isfendiyàdh prit douze mille hommes, leur distribua la solde, donna
des vêtements d'honneur aux chefs d'armée et mit un extrême soin à
se préparer pour la campagne. Puis il fit battre les tambours pour le
départ et se mit en marche avec ses fils, avec Beschoùlhen et ses autres
familiers, emmenant Kourksàr, bien gardé, dans une litière. Arrivé à
la frontière, il s'installa dans sa tente, donna l'ordre de j)Oser les tables
et d'arranger les salles des banquets et se disposa allègrement à donner
libre cours au plaisir et à faire jaillir le joyeux divertissement. Il se
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 303
< «Lji_LL wols \L*»J!iv3Nj [^:>j t_}>-la^ i^y-iuj <OU.xj ;oo ' ,>otJjj_gJ!i
iij!iA_> L^^Jl UidLî» ^j« (Jr^l c)' i-^' ^L^l L^' ci.'laB.*v ' ^^jp^AJtl ^
J-a.1^1^ ^;r-^!^ ^^1^ ^^^-^' J^ J'Jjr^^ ^'^' ■' '^''^^' <j'— ^
mit donc à boire avec ses convives et à s'amuser. Puis, avant flemandé
que l'on amenât Kourksàr, il lui fit donner à manger et lui lit boire
trois coupes de vin. L'ayant ainsi bien disposé à causer, il lui dit : « Je
vais t'adresser, ô Kourksàr, quelques questions. Si tu me dis la vérité,
je te récompenserai largement et te ferai roi du pays des Turcs, quand
j'en serai revenu victorieux. Mais si lu me trompes, je te ferai goûter,
avant la chaleur du feu de l'enfer, la chaleur du sabre. » Kourksàr ré-
pondit : « Demande-moi, ô prince, ce que tu veux, je te dirai ce dont
je suis absolument certain. » Isfendiyàdh dit: « Renseigne-moi d'abord
sur les routes qui conduisent d'ici au Château d'airain et sur le temps
qu'il faut pour les parcourir, et en second lieu sur l'état du château
lui-même.» Kourksàr répondit : «C'est sur l'homme bien renseigné
que tu es tombé, ô roi! Sache que les routes qui mènent d'ici à ce
château sont au nombre de trois. L'une, qui est de trois mois de
marche, traverse des contrées où l'on trouve du fourrage, des villes,
des villages, des stations de halte et des aiguades. La seconde route est
de deux mois de marche; elle aussi passe par des régions cultivées et
304 IIISTOIRK DES ROIS DES PERSES.
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^_jî]ai^ i^Lû! ^__Pj ^jp>' '-''cj^-"- ib^-i-à-^vl JiÂj G^il Lgjy;^ Ij J^I
' C JjlJvjJi. - -1 C. ooiL,. — '•■'! Manque clans C. — ('') M ^^^^ .
])ar (les cités. La troisième est de sept jours de marche; on l'appelle
Heit Khàn. Mais, à chaque station de celle-ci, il y a un écueil qui te
guette, un fléau prêt à te saisir : loup, lion; dragon, sorcière, l'oiseau
Anqà, froid, désert où personne n'a encore pénétré. Quand tu auras
traversé ces lieux avec leurs horreurs, tu arriveras à la Ville d'airain.
Dans le monde entier il n'existe de forteresse plus puissante, plus pro-
tégée contre toute attaque, ayant une enceinte plus élevée, occupant
un plus vaste espace. Elle renferme des sources d'eau, des palais, des
trésors, des vivres, du fourrage et d'autres ressources que l'on ne sau-
rait dire et dont ie nombre est illimité; sa garnison est de cent mille
soldats, si elle ne dépasse pas ce chiffre. » Isfendiyàdh dit : « Pour
nous, ce que nous avons à faire, c'est de passer par cette route qui
est de sept jours de marche. >' Kourkscàr répliqua : « Cette route, ô roi,
n'a jamais été foulée par un homme; jamais un être humain n'y a pé-
nétré. — Tu verras, dit Isfendiyàdh, comment j'aborderai ses horreurs
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 305
— y^.M*j\ (^jw-^A ^^jJ^ J^\ ^jfïs-64- ' .^-**' i-ivJ>l* cJ)'-^ '^^^^ 1^^ ci^i-£6
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\ — ^z — ii «^ — ^^LiJi ^ '^->^-^j <~s^^ s-c •4! ij-soj ^-''^^ï; U'^-^^aï^ U'^-^J^
U_^JS_A_? ''wsWik.L> .v-i^«wv2_/0 v,-SAJ^| IjIjJ ;jiv>s4-î .0— 'V-*^ J^^ ^
''! Ces mois maiiqiiciil dans M. — -' C i_jj iL_^. — '•*' Maii(|iie dans M. —
et coinmciit je la traverserai. Ainsi fais-moi connaître ce qu'il y a dans
la première station. — H y a^ dit Kourksàr, deux loups grands comme
des éléphants, ayant des défenses comme eux, dont les chocs sont ter-
ribles en proportion de leurs énormes corps. » Isfendivàdh fil ramener
Kourksàr en sa prison et passa le reste de la nuit à manger, à boire et
à se divertir. Au matin, il fit battre les tambours et se mit en marche,
en prenant la route de Heft Khàn. Lorsqu'il arriva en vue de la sta-
tion, il donna le commandement à Beschoùlhen, jjrit ses armes et,
précédant ses troupes, se porta en avant. Les deux loups, pareils à
des éléphants, se trouvèrent devant lui, lui faisant face, montrèrent
des dents comme des lames, se dii-igèrent de son côté et bondirent sur
lui. Il les cribla d'une grêle de traits de telle sorte qu'il leur fit perdre
leur force, qu'il les paralysa et les réduisit à l'état de deux masses
inertes; puis il tira son sabre, les assaillit et leur fendit le corps. Il se
purifia ensuite et bénit Dieu et lui rendit grâces de l'avoir sauvé d'eux.
Lorsque Beschoûthen et l'armée arrivèrent et virent les deux loups
306 HISTOIllK DF.S ROIS DKS PERSES.
u t.:iA_>l\ |J^_C LotjO tc-',^ .\| Jis« 4U-5 ^ LSsïk.Lvi> iL.X^vÀ-*v| jt^û-S^j L^*^
"' C iojJli», M wjJ^ jtt(^>je. — '-' Manque dans M.
étendus par lerre coniiiir deux monta«^nes, ils en furent stupéfaits
et félicitèrent leur exterminateur. Kourksàr, au contraire, vit avec
peine (pi'il avait échappé au danger; mais il cacha ses sentiments.
Isfendiyàdh s'installa dans sa tente, s'assit à table avec son frère, ses
(ils et ses familiers et mangea avec eux. Il fit venir du vin qui les mit
tous en très grande joie. Puis il donna fordre d'amener Kourksàr,
après lui avoir fait servir un repas. Il lui donna à boire trois coupes
de vin et lui dit : « Eh bien, misérable Turc, que penses-tu de ce que
Dieu a fait pour moi et par moi, et que dis-tu des deux loups, qui de
toutes les créatures de Dieu te ressemblent le plus et que tu as vus
étendus devant toi.^» Kourksàr répondit : «Je n'aurais pas cru, ô
roi, que personne oserait entreprendre seul ce que tu as osé. Aussi
Dieu te fera-t-il triompher demain des deux lions, comme il t'a lait
triompher aujourd'hui des deux loups I » Et il se mit à donner une
description terrible de ces lions et à l'elfraver. Isfendiyàdh rit de
ses paroles et dit : « Si tu es avec nous demain, tu verras des choses
dont tu seras encore plus étonné. » Quand la tunique du^soleil devint
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 307
^woj <L_)s-^ <_i.A.^^ iLj^>^i_wl <jwvb-5 s33J| ^■>^\j ^y^ J,! LgJ>^
^_^v<SA-s^l \j\y~^ ^J*^if^ ^-^J ds^N-wj 41)1 uk^ <Jlc J^Ij J«4^sJj ;> <-*vls_»
^') M L«fc. — '-' C^^I J«3j. — W Mss. j.jJii. — '" MaïKiuedansM. — >'■ M Ua^
jaune, il lit donner le signal du dcparl el se mil en roule à la tète de
l'armée, effectuant après la marche du jour une marche de nuit.
AVENTURE DMSFENDIYÂDH DANS LA SECONDE STATION DU HEFT KHAN.
IL ABAT LES DEUX LIONS.
Lorsqu'il arriva en vue de la station qui était le repaire des deux
lions dont on n'avait jamais vu les pareils, Isfendiyàdh , comme il
avait fait la veille, prit les devants. A peine avait-il parcouru une faible
distance, qu'il aperçut les deux lions, tels que deux masses détachées
de deux montagnes. La femelle ayant bondi sur lui, il lui asséna
sur la tête un coup de sabre qui la fendit jusqu'au dos. Le mâle
s'étant approché à son tour, Isfendiyàdh le frappa avec le sabre de
façon à faire sauter sa tête. Alors il descendit de cheval et se mit à
louer Dieu et à lui rendre grâces. Lorsque les troupes arrivèrent,
elles virent les deux fauves comme deux montagnes; elles furent
39-
308 IIISTOIHK DES UOIS DKS PERSKS.
-i^ •>-*£' J'wÂJ 'w^îlJ^ ^«;iJi>cyi ;•!; ^XUt ^>X-u,^l ^ ^^'U->t c^/jU ,^J-6^
^J^ j^^iJ' _.J^_5_-i^ J--Nr*- <Jtk3 >_^^ ^->-''t ^nLaJlXJ! ;t^ |j^ L^La.
"' Mss. Uij. — - M.mquo dans M. — '^) M manque ^1^, hlnnr (Mifri- ^iLU! <•!
émerveillées et transportées de joie. Kourksàr, en les regardant,
témoigna sa satisfaction; mais son embarras et sa confusion indi-
quaient qu'il mentait; en son intérieur s'agitaient et bouillonnaient
des sentiments d'amertume et de haine.
Isfendiyàdh s'assit dans sa tente avec ses familiers et ses convives; on
avait dressé les tables et arrangé la salle du banquet. Quand, après
avoir fini le repas, il se fut mis à boire, il fit venir Kourksàr et lui fit
donner à manger; il lui ser\dt ensuite trois coupes de vin et lui dit:
« Que penses-tu de la manière dont j'ai expédié les deux lions dont tu
m'avais fait peur?» Kourksàr répondit : «Que Dieu te protège, ô
prince! Je jure que jamais je n'ai vu un homme comme toi, ni entendu
parler d'un pareil, et je ne crois pas qu'un tel doit exister! Tu viens
d'atfronter deux affaires difficiles et surmonter deux périls. Mais je
ne sais pas quelle sera ton attitude demain, en présence du dragon.
Ce dragon ressemble à une montagne isolée; de ses dents jaillissent
des étincelles, la fumée sort de sa bouche; avec son haleine il attire
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 309
*^— 9>.jL^ ■' (J-« iJo^-^ (L,^avU| t_/-<3w*o ^>X-ftJ» jOyl* '^ ^«^>-«>.,vo Lg^JLC
^jLs*>Jl 'Oui^ XJJLiJI XJlai^l j ' '^JL-ai
w^jol ,^5>^ v<s^! '>«i|^ ,j*^-is^ >»^x-âj o^bul JyvXI i>Ljs>>i-*ul ^_à\i-^ ci,
l'éléphant ot encore plus facilement les cavaliers et les piétons. »
Isrendiyeklli se mit à rire et dit : « Tu verras, ô Kourksàr, ce qui fera
sauter les globes de tes yeux. » Et, immédiatement, il lit préparer un
char de bois portant une caisse avec deux ouvertures et ordonna de
munir cette caisse extérieurement de lames effilées. Il lit charger le
char sur deux ch(>vaux vigoureux et bons coureurs; jiuis il se mit en
route avec l'armée et marcha pendant toute la nuit.
AVENTURE D'ISFENDIYADH DANS LA TROISIEME STATION.
IL TUE LE DRAGON.
Quand Isfendiyàdh approcha de la troisième station, il prit les
devants et, accélérant sa marche, arriva à l'endroit où se trouvait le
dragon. 11 prit ses armes, donna l'ordre de faire passer le char et la
310 HISTOIRK I^KS ROIS DES PERSES.
:^— t-_>| L^Ls^ î--* l«>i£ U ('^■4k#Jl ]^ L^ (')U^^ ^L^ /^yjuii\
i^l c^>Lâr <jb>"
— W M e*jj. — '"' Mss. ijjji.. — '^' Man([ue dans ('..
caisse sur deux chevaux plus vigoureux et plus rapides que les pre-
miers, moula dans la caisse, dont il ouvrit la porte antérieure, et
lit retentir un cri pour enlever les cheAaiLX. Ceux-ci coururent, traî-
nant le char et son chargement, comme s'ils avaient été lerrés des
quatre vents. Quand ils furent à une portée de flèche du dragon,
celui-ci, s'élançant sur eux comme une nuée noire, les attira par
aspiration pour les avaler; mais son gosier fut obstrué par la caisse,
les lames restant attachées à son palais, et il ne parvint ni à l'avaler, ni
à la rejeter. Isfendiyàdh, ouvrant la porte de la caisse qui était en
arrière, sauta dehors et se mit à le frapper avec son sabre jusqu'à ce
qu'il l'eût haché et fendu; puis, par l'elTet de l'horreur du dragon
et de la puanteur qu'il avait aspirée de son corps, il tond)a éva-
noui. Beschoûthen, arrivant avec l'armée, le trouva étendu, le visage
contre terre. Il fut consterné. Il descendit de cheval et ne douta pas
que le dragon n'eût fait son œuvre. Les troupes étaient affligées et
Kourksàr se réjouissait, car il le croyait mort. Beschoûthen ayant
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 311
^Is 1 X g •> \ __5-ik.| L ^^JiyJU^ ijlsj (Ojjlsls .»jjv_v.3, '^•^« vj^ ■i'jUj'
J^ ;^-«^î» ;-V'<..U>J.| <Ji\y}\ [-^y] Jlc ^Lv U'I^ j_w ^5V.**s-.^_ ij iLv
Tji 2ii "^^ !j c^i. iL.x.>>_«_*v' ^_^ V^l^ "^'^•^ ij^» *^Ui ^y^"-^ isià-i^
<_!)L>i ^^ <-*-i^' ^i-^ <_5.i'w_<* ^ JoiJ>« <JooLx< J-4-?j <-cis:> ,.:>~**"-=^
' Manque dans C. — '-' M;in<|ur d.ins C. — W M **«<3?JI . — '" M ^>j4i.
fail asperger avec de l'eau froide le visage et la poitrine d'Isfen-
diyàdli, celui-ci revint à lui et dit : «Ne t'inquiète pas, mon frère,
je suis sauf; je n'ai éprouvé aucun mal; c'est seulement la puanteur
(|ni m'avait saisi. » Les soldats entourèrent le .corps fendu du dragon,
(lui remuait encore. Ils étaient stu]iéfaits de sa masse énorme, de son
terrible aspect, de la grande quantité de son sang et de la durée de
ses dernières convulsions. Ils félicitèrent Isfendiyadli et firent des
vœux j)our lui. Isfendivàdh se lava, revêtit des habits d'adoration et
bénit Dieu et lui rendit grâces avec effusion de l'avoir tant protégé et
assisté.
Isfendiyàdh, ensuite, s'assit dans sa tente avec son frère, ses fils et
ses familiers et, après avoir mangé avec eux, il se livra, selon son
habitude, au plaisir de boire en société. Il fit venir Kourksàr, lui donna
à boire et lui dit : « Que penses-tu de la grâce que Dieu m'a faite et
de la façon dont il a fait périr le dragon par ma main.^» Kourksàr
répondit : «En vérité, ô roi, je ne me croyais pas réservé pour voir
ce que j'ai vu de mes yeux. Il me semble que c'est en rêve que je
312 iiisroiiiK i)i:s IlOIS dks pkkses.
s- p
^JsJl ^•— jU _?— « l->^-£ c:.wC> ^^1 Jis^ iLjs-vi-w! JiUiki Uk3s^ Jlk.."^!
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^.> — ^Ij t_o — bi — il ^j-, — A — Il — S ^jpS^..*-^ ^J (Sy^j J-<s^v-'i' v«i c5*^^' ^-y
J> — ^J.' ^\i — «i ^ — £w — !| *_;^'^^L_2^ ^^ '~>^\ ^-^y iSy^^^j ^_j.-v^L«j!
conlfiiiple les prodiges et tes merveilleux exploits. Mais demain nous
rencontrerons sur notre chemin une magicienne diabolique, dont
l'action malfaisante défie, le courage et contre laquelle la force et l'hé-
roïsme ne peuvent rien. Elle fait disparaître les armées par ses en-
chantements et choir les héros par ses artifices. » Isfenchyàdh dit en
riant : « Si demain tu es avec moi, tu verras telle chose qui te fera
oïdilier ce que tu as vu de moi aujourd'hui. »
AVENTURE D'ISFENDIYADH DANS LA QUATRIEME STATION.
IL TUE LA MAGICIENNE.
Lorsqu'il fut soir, Isfendiyàdh donna l'ordre du départ. Il fit avec
son armée une marche de nuit, dévorant l'espace comme l'cclair
éblouissant et comme le vent impétueux, et arriva près de là station
quand le soleil s'élevait à fhorizon. Alors, prenant avec lui des pa-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 313
^ il l^ ^-yJ^Xl J,\ (J'^JoI (..^«^^ |3^jL/o jLi4^ <.JiLjL3 CX<s^ j^X_«Jj uLAJaJ
L_£t>.ij.>^ i-T L^_jjLcl jjJil JjLS U>-^^j) \j^_.ys.j ^^jjj -l-^-^Ai». LjoJ (_5U
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^jjjilt jlayU! Joi. - ^' M ^vyl^. — '«) Manque clans C. — t'» C 6;^^. — W M ^^;a^^.
quels (le pâté zotimùu'ard , une outre de vin, une coupe d'or et un
luth d'une exquise tonalité, il devança l'armée comme il avait fait
précédemment et alla rapidement jusqu'à la station. Là il vit un
champ couvert d'une luxuriante végétation, un jardin, un étang et
des arbres auxquels les Houris avaient prêté leurs tailles et qu'elles
avaient revêtus de leurs atours. 11 fit halte sous un arhre à l'épais
ieuillage, au bord d'un étang dont l'eau, quand le vent avait efQeuré
sa surface, ressemblait aux plis de la traîne de la tunique bleue. Il
entrava les pieds de son cheval, étendit par terre la couverture de sa
selle, déploya la nappe, ouvrit l'outre et, prenant en main le luth, il
le toucha et en fit résonner les cordes et chanta une chanson, dont
voici le sens : « Jusques à quand serai-je balloté entre les déserts et les
montagnes, combien de temps encore la patrie et fobjet de ma pour-
suite me fuiront-ils? Jusques à quand serai-je engagé dans les combats
et endurerai-je les peines? Où est le joyeux divertissement avec les
belles, où le déduit d'amour avec les jouvencelles? Pourtant celui qui
31 'i IIISTOIHK l)i;S IlOIS I)KS l'KUSKS.
ji_ç_*^ 1 <_>xLs: ,J^>x J_âJ ^^I ^jils ^L^ii >_^-^ ^«^Jt ^\L-5sit t-xjû
<^ L^^o>>£i v:>-\-v3 ^vij'^Jl ">L^ ylr-*^ i^^^l ^L?^ i_^ ■^T-^y'i (^ t'-'iÇ'wv^
<" M AijLsr- — (■-' C i^ï. — W Mss. ,^v^y,. — ''" C iUL+_4I, M aJL^. —
m'a amené en cet eiulroil, qui ressemble aux jardins du Paradis, peut
me rendre heureux par une belle et lorte fdle qui me charmerait par
sa vue et me tiendrait agréable compagnie! »
La magicienne, qui avait vu et entendu tout cela, dit : «i Le lion est
tombé dans le filet, voilà du gibier pour moi! » Et, sans tarder, elle
se montra sous la forme d'une jeune fdle, pareille à un quartier de
lune brillant au-dessus d'une tour d'argent, portant des parures et
des atours qui excitaient l'admiration et le désir. Elle vint s'asseoir
auprès d'Isfendiyàdh qui, levant le bras, s'écria : «Que tu es grand,
ô Dieu! Que ta puissance et la bonté sont sublimes! Tu me donnes
dans un tel lieu une telle beauté qui n'est que grâce et perfection! »
!^^is il versa, de foutre dans la coupe d'or, un vin qui y brillait comme
si les coqs y avaient versé leurs yeux, la vida en son honneur, la
remplit de nouveau et la présenta à la magicienne qui but. Us se
mirent ainsi à boire ensemble et, entre deux coupes, ils mangeaient
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 315
al_«_s_j! ^5UJlLIj ^!jJ.L <j«-^|^|^ ^UkJL <i.Ull <-o^ ^^..^ ï. *_^_.v
(lu zoiimàii'urd. Isfendiyàdli aviiil une chaîne que lui avait donnée
Zardousclit et sur laquelle la magie n'avait pas d'action. Il la prit
à la dérobée, la tint prête et, au moment où la magicienne éternuait,
il la lui jeta au cou et la garrotta avec elle. La magicienne prit la
figure d'un lion vomissant des flammes de feu et s'eflbrça de s'arracher
de sa main. Islendivàdh lui dit : «Je suis, moi, Isfendivàdh et ceci
est la chaîne de Zardousclit; tu ne m'échapperas pas; monlre-toi donc
à moi dans ta véritable forme. » 11 apparut alors une vieille femme
hideuse, avec une large bouche, plus horrible que la misère après
l'opulence et plus affreuse que la mort subite. Elle lui dit ; « Ne sois
pas, ô Isfendiyàdh, un mauvais hôte et n'oublie pas que je te suis
sacrée, ayant partagé ton repas et bu du vin avec toi. Relàche-raoi,
je te rendrai service. « Isfendiyàdh, avec son sabre, lui asséna un coup
qui sépara la tète du corps. Alors une épaisse poussière s'éleva, un
tourbillon formidable se déchaîna, une obscurité se répandit dans
316 msToiuK ni:s rois des pkusks.
J^_A.-s-^» J^-A^Jo-J' .>xi-v^->» J--^^l '-• ^ ^ ^ I^^Jls v<>^i cS'^-^^^l -'^'LiÀjJt
Ci M o^Ij. — t-' M
l'atmosphère el cliangea le jour en nuit. IsJendivadli pria Dieu de faire
cesser ces ténèbres et elles se dissij)èrenl après peu de temps. Puis il
lixa la tête de la magicienne sur un |)ieu (pi'il planta sur une liauleur.
Beschoûthen el les troupes, en arrivant, regardèrent avec étunnement
une tête terrifiante comme le jugement dernier, et une figure horrible
comme une sinistre fatalité. Ils remercièrent Dieu avec efiusion de la
grâce qu'il venait d'opérer. Quant à Kourksàr, il faillit mourir de
dépit. Isfendiyàdh, suivant sa coutume, adressa à Dieu des actions
de grâces et se mit à manger et à boire avec ses amis. 11 fit venir
Kourksàr el, après lui avoir donné à boire, il lui dil : «Ne m'avais-tu
pas dit que la magicienne faisait périr des armées par ses enchante-
ments? Y\\ bien, j'ai fait sauler sa tète! Qu'en penses-tu.'^» Kourksàr
répondit : « Dieu t'a lait réussir, ô prince; il ta favorisé el secondé.
Mais la cruche ne reste pas toujours intacte et la lortune est chan-
geante. Retourne d'ici, te contentant de tes succès. 11 ne faut pas
qu'il t'arrive le plus grand des malheurs du fait de TAnqà qui enlève
l'éléphant, fait sa proie de l'éléphant mâle et anéantit une puissante
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 317
''UjLjJI s.>sju05 jLwM^lii XX&^I ^ '5 «^-ijilî
^L«_«i ^'-^Ja ooj JyUI s-v)^ c5^^ J~^! <_i*-*^jj J-<sa^v^y v^l '^' I>S
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L
armée; qui, par sa puissante action et sou pouvoir destructeur des
humains en grand nombre , est un être céleste , différent des adversaires
terrestres dont lu t'es débarrassé par ta force et ta vaillance. » Isfen-
diyàdli dit : « Tu as vu et tu verras encore, mais tu ne verras que ce
qui fera pleurer tes yeux el te brisera les reins. Cependant prends
bien garde de me ti'omper; car alors le doux souffle de ce monde ne
passerait plus sur toi! » Kourksàr répondit : «Je te dis la vérité pour
mon propre salut, non pour le donner de bons conseils. » Isfendiyàdh
le lit ramener dans sa prison et continua à boire jusqu'à ce que le
soleil disparût sous l'horizon.
AVENTURE D'ISFENDIYÀDH DANS LA CINQUIEME STATION. IL TUE L''aNQÂ.
Isfendiyàdh, ayant donné foi'dre du départ, marcha, s'avançanl
avec la nuit, jusqu'à ce qu'il arrivât près de la station, au moment où
les rayons du soleil étaient déjà attachés à l'horizon. 11 fit préparer
318 lllSTOniK DKS ROIS OKS PERSI'.S.
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'"' -Mss. aJL£. — - MaïKjue tlaiis C. — '' M OJlcj ts?4» *>T»-i • — '' M<i"(l"'' i'<i"s C.
— W Mss.AÛà. — C'i M .UJI. — ('' C *j, inaiiquc dans M. M C c:,j^JbU —
promptement le char, fixer solidement à l'extérieur de la caisse qu'il
portait des sabres elTilés et des fortes pointes et le charf»^er sur deux
chevaux de la meilleure race et excellents coureurs. Il s'assit dans la
caisse et poussa un cri pour enlever les chevaux cpii, avec la rapidité
de l'eau, traînèrent le char juscju'à un arbre élevé sous l'ombre duquel
il les arrêta. L"Anqà descendit de l'air comme une nuée tonnante,
tant son corps était énorme et le bruissement de ses ailes effrayant.
Il se jeta sur le char pour l'emporter avec les chevaux. Mais lorsqu'il
s'abattit sur lui et s'y cramponna, les sabres et les pointes fixés à la
caisse le harponnèrent, et à mesure qu'il frappait avec ses ailes, les
lames s'ancraient davantage dans toutes les parties de son corps. Isfen-
fUyàdh, sautant Adte hors du char, tira sur lui des flèches empoi-
sonnées, de sorte que foiseau perdit ses forces; puis, sans disconti-
nuer, il le laboura avec son sabre jusqu'à ce qu'il tombât inanimé.
HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES. 311)
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_ . ^ ^ t , ^^
Lorsque, en arrivant, les soldats virent l'oiseau étendu par terre
comme une énorme montagne, son bec comme un pic, le plus grand
qui existât, ses serres comme les plus longs des javelots, ils furent stu-
péfaits; ils félicitèrent le chasseur qui l'avait mis à mort et furent pleins
de confiance dans l'heureux succès de l'expédition, pour la partie qui
restait à accomplir. Isfendiyàdh se mit à prier, à louer et à remercier
Dieu; ensuite il se livra au plaisir de manger et de boire avec ses
convives. Il fit venir Kourksàr et, après lui avoir fait donner à manger
et à boire, il lui dit : " Allons, parle-moi.de la station que nous ren-
contrerons demain. » Kourksàr répondit : «Dieu t'a sauvé, ô prince,
toi et tes compagnons, des cinq fléaux. La sixième station est un lieu
où règne un froid mortel, où la neige tombe en telle quantité qu'elle
fait tout disparaître et où souffle un vent qui laisse les êtres vivants
à l'état d'os pourris. » Isfendiyàdh répliqua par une sentence que le
poète exprime en ces termes :
Le Seigneui" nous a favorisés dans le passé, il nous favorisera de même dans
l'avenir.
:V20 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
LgjjLi-o t^*L^i>u Lgj.>is_«< ,?'-"-'ji ^
^__>\» — ^ia — « ,»: v.:i^^_JiIJL_? ^__4_siîL£ ^j c:^-Jaî>» <Cîk.L-K) \l.g-«J| U^J i «CjL^Jo
(«)^4-^«^^>— ^1 ^J^i^l ^_C i^:^>-'^^ c_3lwv^'U k_S^^i.S*.iJ ^Lsby^. L:i,■o^_^i>• ^^.A.-?-
- — g_ih.jj_?! v:i^.iLj^ LûilJs^t i.::,OLjbL^ ^--^iJl >.^=L*^ i^^A~*j\^ yj>y.^y\^
''' M ^^I. — f^) C x2u. — W M j£, C Jfi iO,5Uj. — •') C l^j. — >■ MaïKiuc
dans M. — W C oJlïJ. — '"' Mss. ^^Jl.
Il donna aussitôt l'ordre du départ el, après avoir doublé la marche
du jour par une marche de nuit, il arriva à la station au moment ou
le soleil venait de se lever et l'Orient de s'illuminer.
AVENTLRF. D'ISFENDIYÀDH DANS LA SIXlÈ.MK STATION.
IL DEMEURE SAUF DANS LES CALAMITES QU'IL Y RENCONTRE.
Isfendiyadh et ses trou])('s arrivèrent à la station par une journée
claire, d'une température douce, une journée fort agréable. Mais à
peine avaient-ils dressé leurs tentes et s'étaient-ils installés que les
nuages s'amoncelèrent, que le soleil se couvrit, que l'air se troubla,
que la température changea, qu'il s'éleva un vent violent qui renversa
les tentes des soldats et fouetta leurs visa"-es de «rravier et de sable,
et que la tempête de neige et le froid intense menacèrent. Puis la
neige se mit à tomber en masses serrées se succédant et se suivant
il-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 321
K ^ r^ i — J_-<iJLisi— ? À^} <3'y3 1.^ 1 ^mSAj L^Jj-gJ o^^' ;.:>^L2 ,^_5l«=w
,^_^^ s_y=5^' ^3"^ i-S-V^ "^^-o-i^ ''h^ •<JiJJl «c^LSj
^j ^_^*.-_£wJ| ^JaJk-tv c5J-^ i3)4-<5sàJ! v^J-i^ '^-?%-'l c:-JyO 'LejJJ^
sans inlerrii|)ti()ii, de telle sorte que la terre, fraj)pée fie terreur,
devint toute blanche. La neige continua à tomber ainsi pendant trois
jours et trois nuits, couvrant le sol d'une couche qui dépassait la
hauteur d'une lance. Quand le ciel se lut un peu éclairci, le Iroid
devint extrêmement rigoureux et commença à sévir cruellement, au
point de faire congeler la salive dans la bouche et les larmes dans
l'intérieur de Td'il. Lurine des bêtes se convertissait en glace à
l'instant, avant d atteindre le sol, et devenait comme un bâton de bois
planté dans la terre. Lorsque l'armée fut sur le point de périr, car il
y avait beaucoup de mains et de pieds gelés et quantité de nez étaient
tombés, Isfendiyàdh dit à son frère, à ses fils et à ses familiers : « Nous
avons fait notre devoir d'hommes vaillants, nous devons encore accom-
plir le devoir de piété. Allons, frappons à la porte du ciel pour jDrier
que la calamité cesse ! » x\lors ils se mirent tous ensemble à prier et
à invoquer Dieu. Et la miséricorde descendit du ciel, le fléau se dis-
sipa, le soleil recouvra sa vigueur, le froid se modéra et la neige, en
très grande partie, fondit. Les soldats séchèrent leurs vêtements.
yil IIISTOIKK DKS UOIS DKS PKRSES.
iL-X-^i-â-wl wcis •' ^-aJ^ -^v-vI S^>^-«i 1^ <^-^}> w '^r-'' J-**' ^ ufiCa^ '*'>-!sJ»
soiji^iièreiit les plaies produites dans leurs niendjres par le iioid et
remercièrent Dieu de leur avoir manifesté sa miséricorde après leur
avoir fait éprouver sa puissance.
CE QLI \I)VINT À ISIF.NniVÀDH SLIU LE CHEMIN DE I. A SEPTIEME STATION
DISTANTE DE DEl \ l'ARASANGES DE I,A MELE D'AIlîAIN.
MISÉr.ABLE FIN DE KOimKSÂn.
Isfendiyàdli lit appeler kourksàr et liiilcrrofrea sur la septième
station. Kourksàr dit : " Cette station est à deux parasanges de la
Ville d'airain. Mais le chemin ([ui y conduit est un désert où il est
impossible d'échapper au tourment. U n'y a point de fourrage, pas
même ce dont pourrait se nourrir une brebis, ui, en fait d'eau, de
quoi humecter le bec d'un oiseau. La chaleur y est aussi funeste que
le froid dont tu as éprouvé l'extrême rigueur. » Isfendiyàdh donna
l'ordre de laisser en cet endroit la plus grande partie des bagages et.
HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES. 323
LufiU» Jli ^ U ''Ul >-*i= i^lj-v^' ^■^-«J Jls JsJ J^s ijLj-lt ^-^Jt» «J ""U N
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<JL_â_5 ^ilL^-Ll t_>JsSJ| l3v^ oJwO^ oC>U.i ^Js:. c^xs^i:^^ ■>-' jy^-*<Ji ;Jr^'
'"' M Juiiu-tj. - '-' Mss. ^3-lU. — ' ' MaiH|iie dans M.
à Ipur place, de charger les chameaux d'eau et de vivres. Et il marcha,
sans s'arrêter, jour et nuit avec son armée et ses compagnons. Oi',
à minuit, le cri d'un oiseau d'eau frappa son oreille. H fit appeler
Kourksàr et lui dit : «Ne m'avais-tu pas déclaré qu'il n v avait pas
d'eau dans ce désert? — En elïet, répliqua Kourksàr. — Et ces cris
d'oiseaux d'eau, que signifient-ils.^" kourksàr répondit : «Il v a ici
une source d'eau anière que l'on ne peut boire; peut-être les oiseaux
en viennent-ils. « Isfendivàdh ajouta foi à ses paroles. Oui écoute,
s'en lait accroire. Poursuivant sa marche, il n'avait encore parcouru
qu'une courte dislance, quand on se trouva devant une large rivière
pleine d'eau. Les chameaux qui marchaient en tête ayant touché l'eau
de la rive, les chameliers poussèrent des cris, craignant de les voir
s'enfoncer, et appelèrent au secours. Isfendivàdh saisissant les cha-
meaux par leurs queues, les tira et les ramena en arrière et leur fit
prendre pied sur le sol. Puis il fit venir Kourksàr et l'accabla d'injures
et de menaces. «Misérable Turc, lui dit-il, tu A^ens d'exposer notre
vie et la tienne par ce mensonge pernicieux ! » Kourksàr répondit :
32/1 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
J^—^^v^l Li^ ^i)-4-^l ]^^j-*v5 ^^Lv ;j:i]jJt \jy<Sij JU4 ^^ ^>4JJsUjj
(3j — ^ <-^ls|j ;_^,;>^| iVl^::,/wVo ^_,,wva^| (_Jb ^ gUx...j» <.^\^s^ 5t^ ijJLiJt
'" M J2^l. — C^) Mss. |_y«iii!. — l-^) M aJ yl^j. — (*' M o^s+i, C o^ et manque
" Je ne craignais pas de périr, pourvu que vous périssiez en même
temps.» Isfendiyàdh, maîtrisant sa colère, lui dit : «Ne gâte pas ce
que tu as si bien fait, ne détruis pas ce que tu as fondé et ne mens
pas après avoir dit la vérité. Songe aux richesses et à la royauté cpie
je t'ai promises, et montre-nous le gué et le passage de cette rivière,
et cela d'abord dans ton propre intérêt, puis dans le nôtre. » Kourk-
sàr, pris du désir de parvenir au pouvoir royal après s'être résigné à
mourir, indiqua aux Iraniens le passage et les y conduisit. Isfendiyàdh
donna l'ordre de vider les outres et de décharger les chameaux. Les
Iraniens traversèrent le fleuve sains et saufs et continuèrent leur
marche de nuit en toute sécurité. Aux premières lueurs de l'aurore,
le Château d'airain se trouvait devant leurs yeux comme perché sur
un observatoire et semblable à une nuée surmontée d'un casque.
Isfendiyàdh fit faire halte. Comme de coutume, il s'assit avec ses
compagnons et se prémunit contre la fatigue en buvant du vin et en
donnant libre cours au plaisir et au divertissement. Ayant fait venir
mSTOIRF. DF.S HOIS DES PERSES. 325
i_5 ^^Jl^I^ J,^>^|^ J-j^jiiJ' j j^jJl -s^ii)^! Jj-âj ^1 i>\j\j ajI^jj
:>L.X— i^_i «,1 ^- — ;i\ IJ <~X—^ <J,^^.^ ^_?-'^^ ^"^ • *^-^ >^-r?-^^ ^' '*^-'^
l — it- '}■>■ — )j L_^JoLf, a^^^-^a_»« <Jli_5J| ^1 L^XjC yjàJu >v <^U ^ J~^J^J
Komis, sàr, il Im lit (loriiicr;! innDji^cr <'l ;'i hoin-; puis il lui dil : > Nous
\()il;i ;iii hul; rohjcl visi' est dcvaiil nous. Driuiiiu, quand nous nous
serons rondus ni.nlns du riiàtran d airain, (luand nous aurons tue
Ardjàsf, ses lils el .ses ])roches, (|uand nous aurons brûlé leurs mai-
sons et leurs palais, réduit à la captivité leurs femmes el leurs en-
fants, — il voulut ajouter : alors nous remplirons à ton égard notre
promesse, nous te mettrons en possession des richesses et nous te
nommerons roi»; mais kourksàr, ne |)Ouvant contenir Tinlempé-
rance de son lanj^age, se laissa em|)orter à dire : « Que toutes ces cala-
mités tombent sur toi, non sur eux! Puisse le malheur atteindre non
])as eu\, mais toi-même!» Isfendivàdh, bouillant de colère, étancha
dans le sang de Kourksàr la soil du sabre el fil prononcer sa con-
damnation par l'injustice, et il ne resta de lui que la mémoire. Sou-
vent la morl est vite amenée par une parole.
Isfendiyàdh, ensuite, monta à cheval el se porta sur une hauteur
d'où il regarda le château. Il le considéra, l'examina attentivement et
songea aux moyens de s'en rendre maître. Puis, regardant dans la
320 IIISTOIUF. DKS \U)IS DKS PKHSKS.
i( — i — )1 >.V«_=ill9 ^if» J^-Âl-NaJOo ^iwj^l ^^ ^>L«-w5 <J^C)' ^'v^ ^>-~£a-> (__ji->^^
j, — C j?^ — ■> — '.^ — > ^v-iS-i^j-^-à-^^ ^»-i^U_*v[s <^W Aj|»-i ,jr^i A-VSJ i3y^
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;î_1 — pi 4k-^_s!_j «Lijsl^l^ SsjL4j.|j i^LSsiL J^ is-s^L^|j (■-') Ssji54,]^
' MaiHiiic dans M. '■■• M ll«w- — ■'' M ,>(}»»Cj. '' iMss._j.)jjj. — '■'' (Is^mij.
plaine, il vil trois cavaliers turcs se livrant à la chasse. Il descendit
de la montagne, se dirigea vers eux et, avec sa lance, les désarçonna.
Us demandèrent grâce pour leur vie. Isfendiyàdh les questionna sur
le C^lîiiteau d'airain et sur Ardjâsf et ses gens qui se trouvaient dans
la lorteresse. Ils lui donnèrent les mêmes renseignements que lui avait
donnés Kourksàr, décrivant le cliateau comme inexpugnable, culmi-
nant au-dessus de l'astre des Gémeaux et s'élevanl si haut qu il évin-
çait l'Kpi de la Vierge; ils lui firent connaître sa nombreuse garnison
et la grande quantité de ses provisions. Islendiyàdh alors se précipita
sur ces Turcs avec son .sabre et les tua tous les ti-ois. Il rentra en son
camp et demeura à ruminer et à combiner, et à réfléchir longtemps,
jusqu'à ce qu'il eût trouvé la vraie solution et le meilleur plan à suivre.
Il fit appeler Beschoûthen et lui dit : » Sache, mon frère, qui^ le (Ihà-
leau d'airain se dresse fier et altier, car il est inexpugnable, et il défie
toute attaque. On ne saurait l'enlever de haute lutte, non plus par le
nombre, ni en y mettant le siège. Ce n'est que ])ar le stratagème, la
HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES. 327
^_^-_jij J_iLj;^L o*->->-^ -^-^jl; S""^^ ^r-^^ J^' c;,-J:iji|j Jsf- v^i-f-
^pjj*. — -' M ç^lij- — ' M;iii(|iii' dans (1.
(lissiiniilalion cl la Iroinj^eric que Ton pourra s'en einpaivr. I^a ruse
est |)lus ellicace que la iorce el Tasluce j)lus |)roinpte que la vigueur.
On ne réalise ses espérances qu'en allrontanl les terribles aventures
cl l'on iTohlient ce que l'on recherche (ju'en s'ex|)osant au danger. J'ai
donc résolu de me rendre sous un déguisement au château et de
mettre en œuvre mes ruses les plus subtiles pour m'en rendre maître.
Or, je le confie l'armée et t'investis du commandement. Remplace-
moi comme chef auprès de mes gens et aie soin des alTaires comme
mon lieutenant pendant mon absence; demeure à ton poste et lais
bonne garde. Place des avertisseurs sur les sommets, jour et nuit, et
lorsque vous verrez, le jour, s'élever du château une grande lumée
et, la nuit, un vaste embrasement, tu sauras que j'ai mené à bonne
fin mon entreprise et que j'ai réussi. Alors revêts mon armure, monte
mon cheval, arme-toi de ma lance, accours au château avec les
troupes et prends mon nom jusqu'à ce que tu m'aies rejoint. » Be-
schoùthen répondit : « \ tes ordres; je vais faire ce que tu com-
mandes. M
3i'8 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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l" Manque flans C. — W C JU4..
ISFENDIYADH, DEGUISE EN MARCHAND, SE REND AU CHATEAl D'AIRAIN.
SON ARRIVÉE À LA COUR D'ARDJASF.
Isfendiyàdh donna l'ordre de choisir cent chameaux. Sur quatre-
vingts d'entre eux il plaça quatre-vingts doubles caisses, ayant leurs
fermetures à l'intérieur, dans chacune desquelles il fit asseoir un
liomme puissamment armé. 11 chargea les vingt autres des marchan-
dises les plus précieuses, de vêtements de grand prix et de toutes
sortes de richesses, se déguisa en marchand et partit avec les cha-
meaux conduits par des chameliers. Lorsqu'il arriva à la porte du
château, Ardjàsf en fut informé, et il le fit appeler. Isfendiyàdh rem-
plit de joyaux une coupe d'or, prit avec lui deux chevaux de race cou-
verts de housses de brocart et de capuchons de soie peinte et alla à
la cour. 11 se prosterna devant Ardjsàf, plaça devant lui la coupe, hxi
('■-)
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 321)
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présenta les deux chevaux «-t lui iulnssa de lougs complimeuls. Ardjàsl
le questionna sur sa personne et le but de son voyage. Isfendiyàdl»
répondit : « Je suis un grand et opulent marchand d'entre ceux de
riràn.schahr. Ayant amassé des uiarchandises dignes d'être négociées
à la cour royale, j'y suis venu de ce pays lointain avec de vastes
espérances. Le roi voudrait-il étendre sur moi sa protection, ni'ac-
corder la faveur de son patronage et me faire donner un petit abri
|)()ur me loger, moi et mes marchandises .^ » Ardjàsf dit : «Ta de-
mande est accordée. » Et il donna l'ordre de le loger dans une maison
magnifique, dans son voisinage, et de lui fournir des provisions. Is-
fendiyàdh s'y installa et y transporta les caisses et les marchandises.
Il eut grand soin de visiter souvent les hommes renfermés dans les
caisses et de pourvoir à leurs besoins, ainsi que de tenir leur pré-
sence cachée. Il ouvrit près de son habitation une boutique pour le
trafic et s'occupa à acheter et à vendre.
330 HISTOIRE DKS ROIS OKS PKRSES.
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''! M sJju^S . - i'-i AIss. i,Lj>jou.i)
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Deux jours s'élant ainsi passés, islendiyàtlli porta à Ardjàsf des
boîtes de vêtements, à titre de présent, rt lui dit : « f^e roi voudrait-il
envover l'un de ses officiers à ma boutique pour choisir ])armi mes
marchandises ce qui pourrait convenir à son trésor? » Ardjàst répon-
dit : «Nous donnerons des ordres pour cela. » Il le fit approcher, lui
parla gracieusement et causa longuement avec lui. Il lui demanda par
quelle route il était venu. Isfendiyàdh indiqua celle qui était de trois
mois de marche. " As-tu, demanda Ardjàsf, quelque information con-
cernant Isfendiyàdh.^ — - Oui, j'ai appris sur ma route c[u"il se dirige
vers cette \ille par la route de Heft Khàn. » Ardjàsf éclata de rire,
d'un rire si violent que ses petits yeux se fermèrent et qu'il tom])a à
la renverse. Puis il dit : «S'il est un \rai homme, qu'il le tente!»
Isfendivàdh se retira, retournant à sa boutique, où il se remit à
vendre et à acheter.
IIISTOIIU'. I)F,S ROIS DES PERSES. 331
c_>L_A_>' c^-,Ji: "OJI ^^>^ '^'^J S-^J i>\j^JJu^\ ^-r^J^ 4JoLOo| ^Ij. 4_J1
c
CE QUI AUniVA A ISI'ENDIYADH AVPX: SKS DEUX SOELRS
KHOMÀÏ ET BEH-AEKÎD ET AVEC KOHHAM, EIES D'AUD.lÀSE.
Isteiulivàdh, ensuite, aperçut ses deux sœurs captives sortant du
palais d'Ardjàsf, couvertes de haillons et tenant dans leurs mains
deux cruches en or pour puiser de i'eau dans la rivière. Il Ifs
reconnut, mais elles ne le reconnurent pas. Elles s'approchèrent de
hii et lui dirent: «Quelle nouvelle, ô marchand, d'islendiyàdh? —
Il leur répondit avec rudesse : " Que sais-je d'Isfendiyàdh? Que Dieu
détruise la ville dans laquelle se trouve Isfendiyàdh! " Les deux sœurs
le reconnurent à sa voix et comprirent qu'il était venu de l'irànschahr
pour les délivrer. Renfermant en elles leur joie, elles invoquèrent
Dieu pour lui et rentrèrent dans leur demeure au palais.
Koliram, fils d'Ardjàsf, se rendant à la chasse, passa près de la
boutique d'Isfendiyàdh. Il le regardait attentivement ainsi que ses
marchandises. Isfendiyàdh se leva précipitamment, baisa son étrier.
332 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
«.4-SJI 1- v->'* a <i}~^à, £u../>>0 ,1 4.'â.^sJL> ^C_*«_>» ^<oL,«X_> .^| ,^_è_4vL^J "^wAjI
ïj^^ (.5^-*^;—^ J^-ia-ll -^^^ vjc <Jy^J ^^'1 v5^ /^7^1^^ ■^'
lui présenta une boite de magiulujucs vêtements, un arc et trois
flèches. Kohrani s'arrêta et dit : « Lare et les flèches suffisent, ô mar-
chand; remets la boîte dans ta boutique.» Islendiyâdh dit: «Je de-
mande au prince, par la vie de son père Ardjàsf, de me faire l'hon-
neur et le plaisir de l'accepter. » Kohram sourit et l'accepta. Il prit
l'arc, y mit la corde sur laquelle il ajusta le bout d'une des flèches, le
tendit et le trouva à son goût. Voyant sur les flèches le nom d'Isfen-
diyàdh, il dit : « Mais j'y vois la marque d'Isfendiyàdh! » Isiendiyàdh
répliqua : « Que Dieu maudisse la terre où séjourne Isfendiyàdh et
détruise par le fen la ville dans laquelle il se trouve ! Sache, ô prince,
que je lui avais vendu des vêtements et des joyaux dont il ne m'a pas
payé le prix, me traînant comme sur une claie de délai en délai et me
frustrant de ce qui m'avait été promis. Alors j'ai cherché à gagner ses
bonnes grâces et lui ai présenté à titre d'hommage des arcs et des
flèches marquées de son nom, espérant qu'il me payerait ce qui
m'était dû; mais il ne l'a pas fait et ces trois flèches m'étaient restées.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 333
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JL(L_5 '■^' J^.*-? ^j^-^:i^ U Je J-.S^'u^j ^y^i jj^^l^ J |îU ^ïNlL
'"' M *xjl«. — ■' Man(|iie clans C.
C'est que la l)oniu' éloilf du prince les lui a réservées, afin que je
lui en fasse homnia<je maintenant. » Koliram le remercia et s'en alla à
son affaire.
ISFENDIYADH SE HEM) MAITRE DU CHATEAU D'AIRAIN ET TUE ARDJASF,
SES DEUX FILS ET LES PRINCIPAUX TURCS.
Ensuite Isfendiyâdh alla trouver Ardjàsf, se prosterna devant lui,
le complimenta et dit: « Le roi a été gracieux et bon pour moi, il ma
comblé de laveurs, m'honorant de sa protection et m'enveloppant des
rayons de son heureuse fortune. Je désire donc ardemment offrir un
repas aux personnes de sa cour, à ses chambellans, à ses chefs d'armée
et à ses autres officiers; je me tiendrai honoré de leur compagnie
et leur témoignerai une cordiale amitié. Le roi voudrait-il ajouter
à mon bonheur en leur permettant de se rendre à mon festin et en
3;vi iiisroinF. dks rois dks pkrsfs.
< — « — ;>_-! oiv_d) Joi_> ;î_L>' I Jtfj <' Jv^ ^->ji.\ ,j^j»^^ Jlj c^sjil Jsi
;t_>w^ ^^^î. >i'%>aî> >^w/<JOi >-^» Js^ls^'j N j^XjJ! ,^/^v2_J. >.a;oO| i_Ja^
j y J^j:^ f^-^J fj'-^' ^ j?U-LÏ. ?-^' /?L?~L' 4-^^t .,:^ji!
niaidant à réaliser le désir que je nourris?» A rdjàsf répondit : "Je le
permets et, si tu m'invitais, j'accepterais moi-même. » Isfendiyàdh se
prosterna et dit : «Je n'ai pas encore atteint ce degré d'honneur.»
A rdjàsf se mit à rire et ordonna à tous de se rendre à son festin.
Isfendivàdh s'occupa avec ardeur à égorger des bœufs, des mou-
tons et des agneaux de lait et à préparer tout ce qu'il fallait pour le
festin, acheta tout le vin qu'il pouvait trouver et compléta les apprêts.
Alléguant que sa maison était trop étroite pour la loule des convives
et que seul le toit du château serait assez vaste pour les contenir, il le
fit couvrir de tapis et le décora avec toute la magnificence possible.
H y fil amasser une grande quantité de bois, poser les marmites et
les chaudrons et chaufiFer les fours. Puis il fit appeler tous les gens de
la cour, les chambellans et les chefs d'armée et les officiers jusqu'aux
gardes et aux factionnaires. Ils arrivèrent et prirent place. Lue grande
fumée monta de tout ce que l'on faisait cuire et rôtir. Lorsque les mets
furent prêts, Isfendiyàdh servit ses hôtes, les fit boire et fut plein de
prévenances pour chacun, selon son rang, et leur fit des présents.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 335
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Ij 4>-JL_B_S ijjL^wNi) <_),,_s^ ^.y-vl ^^Ji. sjJ.
(') Alaïujuc dans M. ^ M >_*-.^. — ■ Mss. JU..
de sorte qu'ils lurent tout à lait à l'aise et en liesse et que, huvant à
longs traits, ils devinrent complètement ivres; avant que l;i nuil cùl
laissé tomber ses voiles, aucun d'entre eux n'avait gardé sa raison. La
cour d'Ardjàsf était vide; aucun ollicier, ni grand ni petit, n'y était
resté.
Isfendiyàdh fit mettre le feu au bois accumulé sur le toit du châ-
teau, ayant au2)aravant ordonné aux hommes renfermés dans les
caisses de sortir, de prendre leurs armes et de se tenir prêts. Ils étaient
cent soixante-dix hommes dont chacun valait mille. Après s'être armé
lui-même, Isfendivàdh se porta avec eux à la résidence d'Ardjàsf dont
l'accès était absolument libre. Ils se précipitèrent dans le palais, frap-
pèrent de leurs sabres tous ceux qui cherchaient à les arrêter et ar-
rivèrent ainsi à la chambre d'Ardjàsf. Celui-ci, réveillé par les cris,
tira son sabre et marcha sur eux. Il dit à Isfendivàdh : «Oui es-tu .«^
— Je suis, répondit Isfendivàdh, le marchand iranien; voici mon
sabre que je t'apporte à titre de cadeau, reçois-le! » Et, lui assenant
plusieurs coups, il le tua et lui trancha la tète. Au moment où il
330 UlSTOIRb: DES ROIS DKS PEUSKS.
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venait de le tuer, arriva Beschoûthen avec les troupes devant les-
quelles on portait des torches et des flambeaux; car ayant vu la
fumée pendant le jour et le feu dans la nuit, il était parti incontinent
et avait couru jusqu'à ce qu'il eût rejoint son frère. Isfendiyâdh pourvut
à la garde des trésors, balaya du palais tous les Turcs, donna l'inten-
dance des appartements des femmes à ses deux sœurs et sortit avec
son frère, en recommandant à ses officiers et à ses hommes de con-
fiance chargés par lui de la garde du palais d'en fermer la porte à
l'intérieur. Il prit position à la tête de ses troupes devant la porte.
En entendant les cris qui sortaient du château, les Turcs accou-
raient en désordre et se rassemblaient. Ils se réunirent autour de
Kohram et de Kandarimàn, (juand ceux-ci furent arrivés à leur tour,
et, ignorant la mort d'Ardjàsf, ils engagèrent le combat. Isfendiyâdh
et Beschoûthen et leurs troupes firent une charge vigoureuse qui rompit
leurs rangs et les dispersa. Lorsqu'il fit jour, les Turcs se relormè-
rent, amenèrent des renforts et luttèrent énergiqu-ement contre les Ira-
IIISTOIKK DKS UOIS DES PERSKS. 337
^s^ Jn' '^ J^JjjJ]^ ^ISvJL î<J\y^ <lA^j L«^^2_«_^2j. ^iPioiilj jfUxS'
L_.g A > ^^__q w^i^v' ^o^:>, u6j4>J> ,_Jlc J^JO*ls <-îsix LgJL^I
niens à la porte du cliàtcau. Isfcudivàdh avani fait jeter la tète d'Ar-
fljàsfdans leurs rangs, ils lurent découragés et abattus et manifestèrent
leur cliagrin par des pleurs et des gémissements. Kohram et Kan-
dariman les excitèrent au combat et firent de suprêmes eflorts. Islen-
diyâdh cria aux Iraniens : «Que valent ces chiens dont nous venons
de tuer le roi et prendre les femmes? F^aites sauter leurs tètes! » Les
soldats chargèrent comme un seul homme, enveloppèrent les Turcs,
les taillèrent eu pièces, en tuèrent le plus grand nombre et mirent en
fuite ceux que le sabre avait épargnés. Kohram et Kandarimân et
d'innombrables chefs restèrent sur le champ de bataille. Isfendiyâdh
ordonna à ses soldats de camper dans leurs lentes à la porte du châ-
teau et expédia des détachements de cavalerie à la poursuite de ceux
qui avaient pris la fuite, leur recommandant de ne donner aucun quar-
tier. Le château fut à lui et toutes ses richesses allèrent à lui. Il prit
possession de tout l'argent et des trésors d'Ardjàsf qui s'y trouvaient
338 IIISTOIUK l)i:S ROIS DES l'KUSKS.
(_5^ <; il i'.'U^ ^'LâJt-o ,^_qJ| <iU <-AJ v_>U-«'(ji[ ^^L3 w^i Wv.«v vi-k^
«LjL^Is j^xj^ jL^L ^>>Nii.L (5)«ô| ixj «co^I .x.**<îl^ «Oisjj j ^Vpil j_t«|^
;') M oill aSU, C L. JUu^ iuL.. — '-) M àlylj- — '•'' M J^i)'- - ''' .Mihhiih' dans M.
— W Manque clans C.
et s'empara du trône d'or de cent mille nnlhcjàl i\m avait appartenu à
Afràsivàl), ainsi que des innombrables objets précieux provenant de
son béritage. H assigna un palais comme demeure à ses sœurs, leur
donna de grandes richesses et les laissa maîtresses de choisir toutes
les esclaves qu'elles voulaient. Enfin il annonça par une lettre ses
victoires à son père. Celui-ci, tout en s'en montrant heureux, res-
sentait dans le secret de son âme du chagrin et était jaloux de son
(ils, qui, il le prévoyait, l'obligerait à tenir sa promesse. Il lui ré-
pondit en le félicitant et en le remerciant et lui ordonna de revenir.
l'.I-.TOlU D'ISFF.NDIVÂDII À LA COUR DE SON PERE BISCHTÀSF.
Isfencbyadh, après avoir rassemblé de toutes paris ses troupes et
établi ses agents comme gouverneurs dans les provinces turques, en
leur imposant l'obligation de payer tribut, se prépara à retourner dans
rirànschahr. Il accorda des robes d'honneur à son frère, à ses lils el
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 33«)
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•^\L^ ^^^JU ^y^ O-^' P'-* "OtÀjl j_ll* l g t- **« J^-i>^ ,J^ s_sJÎ)^l vr?r-^
»jJl.à_(6 "^^ B i ■^ .v>3 U J. ^•^ o) ■.L.^^Ji-tt ■' ViJvio |.Xsk.|* <->iUifc. ^ jJÛ
ojLi^l J^— V3J i,^'^-^ "^ — J vi.Os^ *xil ^j«U ilo Li^ ') JU-«jl|j JLijil! (J-»
j!x^ji! (j-« .jl».. i^yj-^ ^■~j==>\s sXjLiU *L«JJ| ^ ^Lâ_Lj j__j_wUl^
''' Ces mots iiiaiu(ui'[il djins (",. - ('. tVJl. ' T.cs mots maiH|uciit dans (!. —
(*' Manque dans (',.
à SCS clicls (rarm(''(î cl leur (it tant de largesses qu'il les curicliil et les
mit dans la situation de n'avoir plus rien à désirer. Avant lait charger
toutes les richesses sur deu\ mille chameaux et le trône d'or sur un
élépiiant, il les fit |)artir par la grande route, sous la garde de ses fils,
avec mille esclaves hommes et mille esclaves lemmes et avec ses deux
sœurs, leurs esclaves et leurs biens. Quant à lui, il prit avec sa suite
le chemin de Heft Khàn, pour emporter le gros bagage et les biens
qu'il y avait laissés. Arrivé à l'autre bout du passage, il y attendit que
ses fils avec leur caravane l'eussent rejoint, et ils continuèrent tous
ensemble le voyage vers l'Irànschahr.
La nouvelle de l'arrivée d'Isfendivàdh lut accueillie avec joie par
les habitants. Les grands et les personnages de haut rang mirent
le plus notable empressement à aller à sa rencontre et à lui rendre
hommage. Lorsqu'il approcha de la résidence de son père Bisch-
tàsf, celui-ci, accompagné des principaux dignitaires et des mobedhs,
vint au-devant de lui, le reçut avec de grands honneurs et lui témoi-
gna tous les égards qu'il méritait, jusqu'à ce qu'il fût installé au pa-
lais, au sein de toutes les joies. Alors Bischtàsf se mit à boire avec lui ,
;U0 IllSTOIUK DKS ï\0\S DKS l»Kl\SKS.
__i < — « — *^ ^_jji_A_à_) ^« <_)\_à_*v ^ n'u^fc-I s_£ 4)^L**w>A <_j:>L.g^ <_à_L'^«
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L_f ^_jls» .>_£ ^ — *-_>| __ja|s^l .v^jUcJi <_i| Jjl OSw4i. ^jw»>.,v3 cT-î^î ^\J^.\^
C' C Aiii^l^. — - M.UKiiu' (l;.ns M. " M JL.!. — (') .M Gj. — :5) .Ma,„||„. dans C.
— '"' Manque dans C. — f'' C A*JL>.
à le choyer, à lui faire des présents et à le questionner sur ce qui lui
était arrivé pendant son expédition; mais il n'aborda point avec lui le
sujet de la promesse qu'il lui avait faite de lui remettre le pouvoir et
de lui donner la couronne et le trône. Enfin Isfendiyàdh, fort mé-
content et perdant patience, s'en ouvrit à sa mère Katàvoûn. Il se
])laif(nait que son père manquait aux engagements qu'il avait pris
envers lui, qu'il n'avait cure de le satisfaire et qu'il cherchait à oublier
sa promesse; il la consultait sur ce (ju'il devait faire pour sommer et
exiger, stimuler et obtenir. Katàyoùn lui dit : « A quoi te sert, mon
(ils, de discuter et d'agiter en toi-même un sujet qui t'est désagréable
l't de demander à ton père ce qu'il ne donnera pas bénévolement et
qu'il ne te cédera pas tant qu'il vivra .^ Mais, s'il en porte le titre,
c'est toi en réalité qui es le roi : ton autorité est grande, tout ce que
lu ordonnes se fait et l'armée est dans ta main. Ton père n'a jdIus que
peu de temps à vivre. Laisse-lui donc le titre, la couronne et le trône
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 3'4l
L^-^UL^ ,^^;; l.^:/^ <^^ ^ J^^^Ul ^ y^ Jj^Ll[s^_^i..v^i.
c.,J.-,:^_^. .^bil ^5COsàJ)' U JLL Jsj, e:_ol IrJU, ^Jj^ 4l JLiJ
et sois le maître dans tout le reste; attends avec patience et espère; car
espérance vaut mieux que jouissance. » Isfendiyàdh, nullement satis-
fait du lanjii^age de sa mère, la quitta en colère.
BISCHTÂSF ENVOIE ISFENDIYÀDH DANS LE SEDJESTÀN
l'OlR ARRÊTER ROLSTEM.
Isfendiyàdh, contrairement au conseil de sa mère, réclama de son
père l'exécution de la promesse qu'il lui avait faite de lui remettre le
pouvoir, lui rappelant les hauts faits et les grands exploits accomplis
par lui-même pour obtempérer à ses ordres ainsi que pour sauver son
empire de la ruine. Bischtàsf lui dit : « Tu as raison; c'est comme tu
le dis. Voilà longtemps que tu t'emploies à me délivrer de mes em-
barras et que tu réalises toutes mes poursuites. Il ne me reste main-
tenant qu'un seul désir, réalise-le-moi et exige ensuite l'exécution de
mon ancienne promesse. " Isfendiyàdh demanda quel était ce désir.
Bischtàsl répondit . « Tu sais que Roustem est un de nos serviteurs et
342 IIISTOIRK DKS ROIS DKS PKllSKS.
^j^^^-jj]^ ^^^^p_*v. ^'Ow ^J-^j\j _^J>-9 O^ ^^! ^_;^l t^S'-S»- ijUJi
fie nos clients. Or, il est devenu plein d'orgueil, la grandeur Ta
enivré, il s'est laissé aller aux dernières limites de l'ingratitude, et sa
jactance et son insolence sont au comble. 11 ne tient aucun compte
de moi, me traite avec dédain et ne me rend pas les hommages (|u il
rendait aux rois mes prédéces.seurs ; enfin il ne cesse d'attiser l'irri-
tation qui me dévore. Si tu fais entrer le calme dans mon cœur et
ajoutes de nouveaux gages à ceux que tu as sur moi, en allant l'ar-
rêter et en l'amenant enchaîné devant moi, je ne goûterai pas une
gorgée d'eau fraîche avant que je ne t'aie cédé mon pouvoir et que je
ne taie donné ma couronne et mon trône; et, à l'exemple deLohrâsl,
je me consacrerai au service de Dieu. " I.sfendiyâdh lui dit : «0 roi,
Pioustem n'est pas un homme dont on puisse méconnaître les droits,
oublier les hauts faits et récorajienser les belles actions par un mau-
vais traitement, attendu surtout qu'il est nanti fies engagements fie
Kaïkâous et fie kaïkhosra, lui donnant le privilège d'être entière-
ment inflépendant et de n'être pas considéré comme sujet. — Mon
IIISTOIHE DKS HOIS DES PERSES. 3'i5
-X j« s JiL^osJ^ <^Li^, «La^»-».»^. 4_à_*v'^ _gv^-^ i ^j-<, cAjjJl .x^»l
O/l^-^L-^-* ,J(?^-;S-C >-<S^ ^V>a_> ^'js^ J~^>^ bl Ufi* ^__^jJoL<"» 1^ M '^ ■«
L.g-îs-' '^ » > I >-J j_j ï.xjik.L^l ^->^-^ ^-iJ--s^! ^Jc ^ j^y i? JLii ^^_à_w ^
i> — 4v> '\i i— *-J L<' (j^w y ci-J^i^ i>-*^> ^\Li (^ oLjI 4.8 ul; Lç Li6s-«^|j
fils, reprit Bischtàsf, cosso do le dôfriidre et occupe-toi de porter re-
mède à ma peine. » Isfcndivàdli dit : i Je jure par Dieu, ô roi, qu'il
n'a aucun tort envers toi et qu'il est absolument innocent de ce dont
tu l'accuses. Il est contraire à la loi divine et à la nature d'arrêter un
lionune incomparable tel que lui, cpii est unique dans le monde et
dont les belles actions, les exploits et les batailles ne peuvent se
compter. Ce que tu veux, c'est gaji^ner du temps et employer des
movens dilatoires envers moi. Mais voici, je vais exécuter strictement
et sans m'en écarter ton commandement, marcher contre Roustem
à la tête de mon armée et m'exposer, au sujet de cette campagne,
aux traits des censeurs et aux pointes des médisants. » Bischtàsf
dit : «Mon fils, donne à ton père cette satisfaction seulement et ne
cherche pas à le faire changer d'avis. » Isfendiyàdh répondit : " Je
suis prêt à t'obéir. » Il se leva et se rendit auprès de sa mère.
Islendiyàdh, exposant de nouveau à sa mère ses plaintes contre
Bischtàsf, lui parla de la pénible mission de faire la guerre à Roustem
qu'il venait de lui imposer. Sa mère lui dit : «Ne sais-tu pas, mon
fils, que Roustem a fait plus de bien dans l'irauschahr que ne fait
:\'l'[ IIISTOIUK DF.S UOIS DES PKRSES.
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'' M yLiuiJI, ('. yLâjOl. - (> Jti). — > -M ^^y-yX«^il d in;iiK|iU' »Uj6jJi^. -
iiiif abon(l;int(' pluie clans un pré flcssoclié, et rnic 1 amour quOnt
pour lui SCS comijaliioles est aussi ardcnl (pie le désir d'un homme
sufibquant de soif pour l'eau froide? C'est lui qui a vaincu les dé-
mons et secouru les souverains. Il est de la force de quatre-vingts
éléphants et personne n'est capable de lutter avec lui. Tu devrais faire
ce que je te conseille, ne point marcher contre lui, ne point l'attaquer
et laisser le titre de roi à ton père, car il ne te le cédera pas. » Isfen-
diyàdh dit : «Tu sais qu'il n'est pas possible de négliger son com-
mandement, ni d'agir autrement qu'il ne décide.» Alors Katâyoûu
pleura, se frappa le visage, se meurtrit la poitrine, en s'écriant :
" Mon fds, comme tu es avide de posséder le pouvoir! Celui qui est
avide est déçu; chacun reçoit sa part sans qu'il la demande. Si, ce-
pendant, tu ne veux pas suivre mon conseil, parce que je suis une
femme, consulte d'autres personnes, des hommes d'expérience, des
gens perspicaces et sages et agis selon leur avis. Ne cours pas à ta mort,
montre de la piété en épargnant ta mère et ne l'afflige pas par la perte
d'un fds tel que toi. » Puis elle se tut. Isfendivàdh ne réjiondit pas,
IllSTOIHK DES ROIS DES PERSES. 345
s-
.<N^
.)<ji^L^
M-JoU. — -! C^u*]!. - 'I CajjjLsî^.
sortit, (it SCS ])r('' para tifs de de-part pour le Scdjestàn et ordonna à ses
lils de se préparer ])()iir l'accompagner. l*uis il se mit en marclir à la
tète de son armée, emmenant avec lui Beschoùthen.
Lorsque l'on arriva au point de jonction des routes et que l'on
s'engagea sur la route du Sedjestàn, le cliaincau qui marchait en tête
de la troupe des chameaux chargés des bagages se coucha; c'est en
vain qu'on le talonnait de rude façon et qu'on l'accablait de conps;
il ne put être amené à se relever. Isfendiyàdh considéra cet incident
comme un mauvais présage. Il tira son sabre et, d'un coup, trancha
la tète au chameau. Puis, poursuivant son voyage, il arriva au bord
du fleuve Hinmand. Il y établit son camp et il s'avisa d'adresser à
Houstem un message et de conférer avec lui.
ISFENDIYÀDH ENVOIE SON FILS BAHMAN ALPI'.ÈS DE KOUSTEM.
ROUSTEM SE REND AI 1>RÈS DE LUI.
Isfendiyàdh donna l'ordre à Bahman de se rendre à cheval auprès
de Iioustem et de lui dire de sa part : « Il m'est pénible de venir dans
■Mi(} IIISTOIHK DKS ROIS DKS PERSES.
^J^-g-'î o>^
Ion navs flf cette niamère et de le contraindre a nne cliose devant
laquelle tn reculeras. El pourtant je reconnais tes titres glorieux et
ti's «grands mérites par lesquels lu l'es élevé au-dessus de tes contem-
porains, les hauts faits que tu as accomplis dans l'Irànschahr et la
belle renommée dont tu jouis dans les pays voisins. Mais, tu sais que
Ton ne peut s'insurger contre un ordre du roi Bischtàsl, ni refuser
d t'xécuter ses commandements. Or il e.st iort mécontent de toi et
le reproche de t'ètre abstenu de lui rendre tes hommages et d'avoir
négligé de te pré.senter à sa cour dans les graves événements (pii
lui sont arrivés et dans les guerres qu il avait à soutenir. Il m'a donc
ordonné de me rendre auprès de toi et de te ramener enchaîné. Si
lu obéis à son ordre, j'intercéderai pour toi auprès de lui pour cpiil
rompe tes chaînes, pour qu'il soit bien disposé envers toi et qu'il le
pardonne ta faute en considération de tes hauts laits d'autreiois; et
je ne serai content qu'en obtenant de lui qu'il te donne l'investiture,
qu'il t'accorde une robe d'honneur et qu'il te rétablisse dans le rang
le plus élevé que tu aies jamais occupé et dans les ])lus éminentes
HISTOIRE DES UOIS DES PERSES. 347
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'" M ylJyi. — (•-) Manque dans C. — W yj j-^^^ _ (») yj^^ l^^^-.
(Ii<;iiil('.s dont lu aies été revêtu. Mais, si tu refuses et résistes et que
lu continues à être rebelle à ton souverain, prépare-toi à la guerre.
(À'iui (pii prévient demeure sans reproches. »
Bahman partit et traversa la rivière. Le guetteur de Zàl l'ayant vu
du haut de la montagne, avertit son maître qu'un cavalier portant le
çostunic des princes venait de passer le fleuve et se dirigeait ra])i(le-
ineiil vers la ville. Zàl avait un observatoire dominant la route; il y
monta et, après avoir attentivement regardé Bahman, il dit : «H est,
certainement de la famille royale. » Il descendit et s'assit à la porte de
son palais à la laçon des dihqàns. Bahman ne tarda pas à arriver
et lui dit : « Je pense que tu es Zàl, père de Boustem. Dis-moi où je
le trouverai pour lui communiquer le message de mon père Isfen-
diyàdh, fils du roi Bischtàsf. » Zàl alla à lui, lui souhaita la bien-
venue et se prosterna devant lui. Bahman mit pied à terre et l'em-
brassa, puis remonta à cheval. Zàl lui dit : «Daigne descendre dans
ton palais, où nous demeurerons comme tes serviteurs et aussi
|)our que nous puissions nous réjouir de ton arrivée et avoir l'hon-
IIISTOIRK DKS ROIS DKS PERSES.
jjs,'w>sj ï^_*.,^ ^1 I U -x.^1 JvA^ JyJi ^ ^y ^T-^i ^-'o*^ J)' ^Sr^
>«L*i Jw>^ ^ »JÎ)« r^-**'^ Js-X-s^aJC^ Jjl jLv^ (^^v^^fc. jLtv <j| 2i
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hiaiic dans M. — ' Mj-f^. — '•' C ^jy*^. - '' ('. LLL-s^. M U^li-i^ .
iicur (le J)oir(' avec toi en aUeiidaul (|ue liouslem rcvieiiuc (le la
chasse.» Bahnian répondit : «L'ordre de mon père est de ne in'ar-
rèter chez personne avant d'avoir vu Roustem. Fais-moi donc con-
naître le lieu où il se trouve, pour que je me rende auprès de lui et
lui communique le message dont je suis chargé. » En conséquence,
Zàl envoya avec hii quelfju'un pour le conduiic au])rès de Rousleni.
D'après les légendes des Perses, ce lut un corbeau vivant an|)rès de
Zcàl qui servait de guide à Bahman et que celui-ci suivait. Il marcha
ainsi |us(ju'a c<' cpi'il arrivât sur le parc de chasse de liouslem ([iii.
à ce moment, se trouvait sur une montagne élevée; nue montagne
sur une montagne, tel il paraissait aux yeux de 15ahman, épouvanté
])ar son énorme corps et son formidable aspect.
Bahman, avant mis pied à terre, attacha son cheval et gravit la
hauteur jusqu'à un point d'où il dominait Roustem. Celui-ci, assis,
ayant devant lui un grand leu et une outre de vin, tenait dans sa
main droite une lance sur la([U('lle était embroché un jine sauvage
qu'il faisait tourner et rôtir, el dans sa main gauche une grande
HISTOIRK DKS 1U)IS DES PKKSES. 3'i0
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'*' C (^LJo, M ^J„yLJo. — '-' Ces mots iikiikhiciiI diiiis ('., M jl au lieu de j| . —
coupp leinplio de vin. Raliman se dit : « Je veux délivrer mon ])ère de
sa préoccupation au sujet de ce démon. Ce démon, je veux le tuer
par surprise! » Et il lit choir sur lui un bloc de pierre en visant sa
tète. Lorsque la pierre détachée se mil à rouler, Roustem, l'enten-
dant arriver, leva les yeux, mais ne s'en inquiéta pas; seidemenl,
cjuand elle fut proche, il détourna la tète jusqu'à ce qu'elle eût passé
sur lui, puis il la ivpoussa avec son pied et la jeta en bas en disant :
"('/est peut-être quelque lauve qui l'a fait partir avec son pied.»
Baliman , avant vu cela, se mit à craindre et à redouter pour son père
lui tel adversaire. Il descendit par im autre chemin et se dirigea vers
Roustem qui avait été rejoint par son frère Zehareh, assis auprès de lui.
Roustem, en voyant Rahman de loin, dit cà Zebàreh : «Mon frère,
ce cavalier qui se dirige vers nous est assurément de la famille royale. »
Quand Bahman se fut approché, il mit pied à terre et se prosterna
devant lui. Roustem alla à lui, le fit asseoir et lui demanda quel était
350 MISTOIUF. DES ROIS DKS PKUSRS.
^ a ^i .v-c •'^ ?^T^^ ** — *3.JL<» ,_,■-*_«/ ^^j-Cj ^Jv^ ,^y-^J "^-i^i ^o-^ 4JL*v
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t_j|^ b| Jls^ Lg^l iS^j ,>-^ls SjLà^l ^^j-^^o^l; 4'Lw^l ^sl ^^)-^ Jjt
' Mss. L^bil .
son nom et à ([urllc finnillc il appartenail. Bahmaii le lui ayant dit.
lioustem se prosterna devant Ini, le visage contre terre, et se mit à
lui baiser la tète et la main; puis il le questionna sur son père et son
i(rand-])ère et Sur le motif de sa visite, lîaiiman répondit à tout cela
et dit : ".Mon perc Isfendivadh est campé au bord du Hînmand; d
m'a envoyé vers toi avec un message; si tu permets de le présenter,
je vais te le faire connaître. — Mangeons d'abord, dit l»oustem, de
ce que nous avons ici. » Le rôti étant à point, il le posa devant lui en
disant : «Nous mangerons, nous, pour satisfaire notre appétit, toi,
tu mangeras pour nous tenir compagnie. » Puis il se mit à manger et
à boire copieusement selon son liabitude, tandis que Bahman ne
touclia (pu- modérément à la viande (>t au vin. Rouslem lui dit : " Il
ne faut pas que le prince soit un petit mangeur et un petit buveui-;
car alors il serait peu apte à porter des coups de lance et de sabre. »
Bahman répondit: « Nous autres princes, nous mangeons peu, mais
nous sommes vaillants. » Ensuite il délivra le message et s'acquitta
iilsïoirp: dks uois des perses. 351
■> — i J ^a > U :>
Jp — * — Il J5I cj-Sh^L i\ljj ^'>.^| iS-*^^ V-*
c>-5;j cS-^jpl c^l-^ J,l c:)-^ .^'^ J 1 fi.'jj <-s*:Ss <->! j^XJJ .il iLj^.;>i_w|
L—fJO JlSy :>Lj^_;^_ft_4v| ùy-s^-y-S 'LJLJj <JviJj^j ,3,^^^^i.,,^2_, Jsa^t^ oJ^j^.,
^^L;: J,I ^-^js <—^j-L^ L_£ij A^j' (^^-^ f>-^j -^^^ >s^ j[LJ)î\j
' M Lj^aJI ■ - '■' -Miinqui' dans ('.. — ' MaïKiiu' dans ('.. ' Maii(|iu' dans C. —
fl«' sa mission. Iioiistt'in .ivant ccoiilf' avec altciilioii, dit : «La ré-
ponse, c est nioi-nionit'. Je vais Taccompagner auprès de Ion père.
Allons-y ensemble! » Et ils montèrent à cheval.
lîoustem ordonna à son frère Zebàreh de retourner à la maison el
de tout préparer pour traiter Isfendiyàdh; car il supposait qu'il accep-
terait son invitation. Quant à lui, il fit route avec Bahman jusqu'au
bord du fleuve, où il s'arrêta. Bahman entra dans l'eau, traversa le
fleuve et se rendit auprès d'Isfendiyàdh. 11 lui annonça l'arrivée de
lioustem, venant sans escorte, et se mit à lui parler de sa bravoure et
de sa force. Islendiyàdh lui dit d'un ton sévère : « Il y a longtemps que
l'on a dit : « N'envoyez pas les petits pour traiter les grandes aflaires.
Quels champions et quels héros as-tu vus, toi, pour compter parmi
eux Roustem ou pour le placer au-dessus d'eux ? "
Isfendiyàdh ayant demandé son cheval, monta et se transporta au
bord de la rivière. Roustem, en le voyant, la traversa. Arrivé près de
lui, il mit pied à terre et se prosterna. Isfendiyàdh lui tendit la main,
se montra fort gracieux et lui dit de remonter à cheval. Roustem
332 msTOiuE i)i:s iiois i)i:s persks.
Jjt L_j* — ^ — ij ,^'i> J_<s-g-*>^-^ ^'i f*-*j| ij'^^ ^^jr* ^^^--is^ oJjuu-vit
i[*l — ^>^j L-L-j^jlJj i>-^j <-<sJt f-'-Ji-' ^j^ J-S*!; "^-^ "^jr^ J^!s_«J|
s'étant remis en selle, dit : «Je rends grâces à Dieu de ta conserva-
tion et de cette rencontre avec toi; je le remercie de la faveur ([uil
m'accorde de te voir en bonne santé, ici dans mon pays, et me don-
nant occasion de te rendre mes hommages; car je te regarde des
mêmes yeux que je regardais Siyàwousch ! » Isfendiyàdh répondit :
«Moi aussi, je loue Dieu de m'accorder de te voir en bonne santé
et en bon état; car tu m'es aussi cher que mon frère Beschoûthen.
Il y a longtemps que j'aspirais au bonheur de t'approcher et que je
désirais me rencontrer avec toi. Enfin, Dieu a favorisé mon désir! «
Ils se rendirent au pavillon et y descendiienl. A l'arrivée de Be-
schoûthen, Roustem alla à lui; ils s'embrassèrent et s'adressèrent les
questions d'usage. Fuis, tous les trois se mirciil à causer.
Isfendivàdh développa tous les arguments qu il avait dans la tète,
répéta les considérations du message cjue Bahman avait été chargé
de porter à Houstem et continua toujours à exiger de lui de se sou-
mettre et de venir avec lui, en chaînes, à la cour de son père, où
il se proposait d'intercéder en sa faveur pour le faire réhabiliter et
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 35;^
J_^j ciiU-^l ^j^ <' ,^5Ui_5^j JJi_«J! p^y-Â-i|^ ^L«4^ jj^*^! ^J-« ^J^
^^^...-a. w'^^j Aj[jb Jljil^ A^Ij^I^^. jîUjLcl^ oi^l <J-Ut^ i-^lJilU!
^ c)' c)"^' ^!r-'l> ' ^^>-^^ cT ^-^M^j 3r^ ^ c)'^ J»^' «^j;Kj ^J^''
le rdaMir dans sa dignité. Uousteni répliqua : « Je ne veux pas croire,
o Isfondivàdli, qu'avec tes éminentcs qualités, ton rang si élevé et tes
hautes vertus royales, tu puisses entretenir la pensée dont tu viens
de parler et, encore moins, que tu l'exprimes. Ce n'est pas là un
langage que tiennent des hommes sensés et raisonnables et, n'était
le respect que je te dois, je dirais que ce sont des paroles de fous et
didiots. Qu'à Dieu ne plaise que je subisse la honte et que je me
soumette à l'humiliation, alors qu'il m'a accordé une telle force, une
telle puissance et cette haute fortune; qu'il a fait accomplir par
moi de si grandes choses et remporter de si éclatantes victoires et
qu'il m'a mis en mesure de sauver l'empire d'une ruine imminente,
de prêter aide et assistance aux rois, de réduire leurs ennemis et
de les venger d'eux ! Sans mes exploits et mes succès il y aurait eu
des événements que je suis honteux de dire. Maintenant je te con-
seille de ne point te laisser envahir par les suggestions de Satan,
ni de te flatter d'obtenir ce qui ne sera pas, ce qui ne se peut pas.
35'i HISTOIUK OKS ROIS DF.S PKUSKS.
^ — fu> — > ' l^ — g_-i^-Ss — ... — > ^ — 1\ >)]•>■ — )' J,! ^-^v^L JwnLàaJ ^J o)"^^^"
^->J.I J <-J^-«-?- U* LsULcj^ ^_^jjjJ:ij i_s^\y^ ^\j->\ -^ ^\ 'J ^j^'^l}
S*L_> Je >Xi6|^_^! fOJj (^^^' ^_^|j ^j.X£^ J,L^ ^^ .^AJls cjJLlt t-jJ-s?!
>_4.c^. >-«-b ovXs -^lUt w«l ,_5JU^ i^ J)! Juo jJJSsJj <^dj U ^^>_i..r^| U
!' Mss. L^jXiixj". — '"-' C jsjswjj. — ■'' Manf|ii(' clans M.
cr qui est impossible; de daigner venir au palais où nous demeure-
rons à tes ordres et où lu disposeras de nous comme de tes servi-
teurs, pour que tu y passes quelque temps à manger, à boire, à te
divertir et à t'amuser; ensuite je t'ouvrirai les portes de mon Trésor
et de nos trésors réservés et te donnerai ce que j'ai amassé pen-
dant de longues années, de l'argent, des objets précieux et exquis
et les richesses les plus rares. Je payerai la solde de tes troupes,
ferai des cadeaux à tes fils, à ton frère et à tes familiers et leur don-
nerai des robes d'honneur; puis je t'accompagnerai comme ton
humble serviteur, quand tu t'en retourneras à la cour du roi, ton
père. Alors j'exposerai mon cas et me justifierai, je plaiderai ma
cause et produirai les preuves de ma parfaite innocence et ne serai
satisfait que lorsque je t'aurai fait proclamer roi et posé la couronne
sur ta tête. » Isfendiyàdh répondit : «Ce que tu dis est parfait. Mais,
tu sais que celui qui désobéit au roi fait acte d'infidélité et perd sa
part dans ce monde et dans l'autre. L'ordre que le roi m'a donné
a ton sujet, je ne |)uis me dispenser de l'exécuter, ni le transgresser.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 355
<_^s_c o,-N-è J^-tt_s ^jJ|^ ■».>v4jJt v>o>>^ J^y-o S.ijLjL/0 J,l (■■il'i^Ls^
^,-^d»3v-Aj ^.X-*o Ja^l .>l jjii^Livj J*-Ci ^Ir^l ^-^y-' ij^ V^i ^ '^''
C' M jl. — '"■'' La place de ces deux mots est restée en l)Iaiic dans M. — W Manque
dans (",.
ni m'en ('carlor, quand luènic le ciel tomberait sur la terre. Mais il
laut que tu restes avec nous, pour que nous mangions ensemble. »
Uoustem dit : «J'ai besoin de retourner à ma maison et de revoir
mon père; car voilà plusieurs jours que je suis loin de lui. Je vais
me rendre auprès de lui, changer de vêtements et attendrai le mes-
sager cpie lu enverras pour m'appeler. » Puis il se leva et monta à
cheval.
CE QUI SK l'ASSV KNTHE ISFENDIVÀDH ET ROI STEM AVANT LE COMBAT.
Roustem, lorsqu'il revint d'auprès d'Islendiyàdh chez lui, raconta
à Zàl tout ce qui s'était passé entre lui et le prince; puis il dit : «Je
ne sais vraiment comment finira l'aflaire entre nous. Il refuse abso-
lument d'accepter mon inAntation et veut me contraindre à me laisser
;^r>0 IHSTOIUK OKS HOIS DES PERSES.
AU.\ ^^j iLj^^-à— ' ^v! Juo ut 4f^- ^sJ\ l^ofc U 3y L Jl; <' Jbij
s^ ^ <jLi>vl ji iJjJjJlj c-'jt.^l ^--Ojj <Js"!lXjî) ^ <jtxi '.l'c^^w?
(»-■■ C,
**>•
conduire par lui, encliaîné, à la cour de son père. Je crains bien
d'être forcé de lui résister et de le combattre! — Que dis-tu là, mon
fils ? s'écria Zàl. Ne sais-tu pas qu'lsfendivàdh est le fils du roi et quand
on est rebelle au roi, c'est contre Dieu qu'on est en révolte? Je ne
vois pas d'autre moyen que de se montrer conciliant et d'avoir une
attitude liumble devant lui, de cbercber à en faire notre liôle et à
gagner sa bienveillance par de l'argent et des présents. » Roustem dil :
"J'ai épuisé avec lui tous ces moyens; je n'ai rien épargné et lui ai
fait toutes les concessions, sauf de me soumettre; mais il n'en est que
plus inflexible, plus dur, plus implacable et plus impérieux.» Zàl,
plein de tristesse, dit : «Ayons recours à Dieu contre les mallieurs
(pii nous arrivent! »
Lorsqu'il fut l'heure du repas, Isicndiyàdli dit à Besclioûlhen : uJe
ne ferai pas appeler Itousteni, ])as plus que je n'accepte son invi-
tation; car nous sommes, moi et lui, sur le point de nous battre. On
ne mange pas ensemble au moment où l'on en vient aux mains. » Be-
schoûthen répliqua : « J'ai été heureux quand tu lui as proposé de
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 357
^>> — \\jj JK Uj iJ^-jUJ^ i'')^_A>^JàJl f*~»J>j ù<x.^\j lly\ pt-JtJ "^^ <Jy^':^jLj
Jv—J. 41. — s — i U J. — S — ï 1 — I ^\ L iîLjv-^^i-»*! 4' jLiJ y^ c)'r^^ <.iUoo
1" Manque dans C. — '-' M L.. - " M .eJu. — <') C »jjà\^. - ■' M _^1. —
partager ton repas et tu l'as trouvé disposé à la conciliation et à raccom-
modement; à présent je suis affligé de ta résolution de prendre les
armes contre lui et d'écouter le conseil d'iblis qui te pousse à le com-
battre. Quoi que ce soit dont tu puisses douter, ne doute point qu'il
ne se soumettra pas, qu'il ne déshonorera pas sa belle renommée et
qu'il ne descendra pas de la hauteur de l'astre de l'Epi au fond de la
poussière, en supportant ce que tu veux lui imposer. Maintenant, au
lieu de le heurter, tu devrais plutôt le ménager et, au lieu de le traiter
en ennemi, te lier avec lui par un pacte d'amitié. Tu devrais te rendre
à son invitation et converser amicalement avec lui. L'excellent ami et
soutien, le parfait protecteur et auxiliaire! Ces hommes, lui et son
père Zàl et son aïeul Sàm, ont toujours été célèbres par leurs vertus et
les grandes actions qu'ils ont accomplies, ainsi que par les nombreux
services qu'ils ont rendus aux rois de l'Irànschahr! » Isfendiyàdh dit :
« Pourquoi, mon frère, parles-tu ainsi, ayant entendu toi-même l'ordre
que le roi m'a donné à son sujet .-^ Notre religion enseigne que celui
qui se révolte contre l'ordre du roi doit être mis à mort dans ce
358 mSTOIllK l)i:S UOIS DKS PKUSKS.
»^3J1 i ' JJ i)' J ^X-îljiL» ,^U:Js5 ja ^j>~^ lP»^ cj_j*i
.M;m(|ii.- dans C. — M Mss. J.i,. — W C JLi. — '') M JJ^. — !=' Mss. c^^-s?-'; •
monde cl subir le Ifii (\r renier dans l'antre. » Besclioùthen ré|)Ii(]ua :
" En te donnant ces conseils, je viens de parler selon mon intelligence
et mes lumières; mais tu es le meilleur guide et sais le mieux ce qu'il
V a à faire. Il Isfendiyàdh se tut; |)nis, ayant demandé le repas, il
mangea et se livra au plaisir de ])oire avec son Irère, ses fils et ses
lamiliers.
Pioustem attendait le messager d'Isfendiyàdh qui devait l'appeler.
Ce messager n'étant pas venu, il monta à cheval, traversa la rivière
et se rendit à la tente d'Isfendiyàdh. Celui-ci, lorsqu'il arriva, se leva,
lui souhaita la bienvenue et le fit asseoir sur un siège d'or incrusté
de jovaux. Pioustem lui dit une parole (pii a été exprimée ainsi par le
poète :
Je nit; suis invité moi-niènie, puisque tu ne m'avais pas a|)p('li''. C'est donc à moi.
non à toi qu'est dû le remerciement pour l'invitation.
Isfendiyàdh répondit : « Le jour était avancé et le soleil déjà ardent.
.lai craint de le fatiguer et j'ai voulu te laisser tranquille. Mais comme
tu as en la bonté de venir spontanément, prends part à notre partie
IIJSTOIKE DKS IIOIS DES PERSES. 359
^L_3| ^'ï\j-x>j ^' ^\}—^ "^'w-a-^v^ 'Jc.^^ ^^1^ t3^J^ j'^ii ^./jftjJl *L^
(^Li^ — wi — la — !| 2( — i — 1 — c (.^L>>'^ 4M--0 i>lj.>s^\j_«-l (__>j_«i, <.g^, ^_j£. <_)j_»;^
isL^-^Oi — wj i>-«*'^ J'"-''-* ^--s^-L^o ^ooij* «Cyo«lJL« s_jjs_»» .i^J:k.>-i_/o s-iU^t
>^L^I tJâJJ ^J-e ^Lot^ Sr'r-'^ '.-)^t5
(le plaisir. — Très volonlicis, dit Roustcin. » Alors, prenant en
main un hanaj) d'ov n'ni|)li diin vin qni élail comme de l'or llnidc,
il dil : « Ce vin limpide, je le jnre, est l'image de la sincérité de mon
allection pour toi et de mon amitié! >■ Et il vida la coupe en son hon-
neur. Isfendiyàdh fit comme lui et les hanaps et les coupes circu-
lèrent parmi les convives, jusqu'à ce que le vin eût envahi leurs
os et leur fût monté à la tête. Les deux champions, adversaires et con-
vives, commencèrent à se vanter et à revendiquer la prééminence;
cliacvm d'cnix se mit à énumérer ses exploits, à proclamer ses
triomphes, à rappelei- ses combats, en critiquant l'autre. Enfin,
l'ioustem dit à Isfendiyàdh une parole exprimant à peu près ce que
le poète dit dans ce vers :
La vie est de trop courte durée jjour cpi'elle soit encore amoindrie par les récri-
minations récipro([ues.
Puis il recommença à insister auprès du prince pour qu'il vînt
dans sa maison et à lui renouveler ses promesses. Isfendiyàdh ré-
360 IIISTOIRK DES IIOIS DES PERSES.
J A 8.:. __^vJ, J— «^i-j I ^Is ^')LJi\ JjlX ^-^^^^ ^\ iiLJ! SiLc^l|j
s-
' ^1 j>^T*-*J'- — ' ^•''* 'iT'ts iiiaiK|ucnt dans M. C yl Uj^j . — ''' Mss. tilJUil jl ■
— <" M Lbl*,. — 1*1 Mss. J^iU...
pondit : « Tu m'invites chez loi el tu me fais de telles oflVes alin de me
rabaisser aux ycu\ de mes compagnons, pour qu'ils disent qu'lsfen-
diyàdh agit mal envers l'homme qui le comble de bontés, et traite
■avec injustice et violence celui qui est plein de prévenances pour lui.
Je t ai (lit et répété plus d'une fois et le le dis encore : je ne serai pas
en |jaix avec toi tant que lu ne te soumettras pas, pour que je te con-
duise enchaîné à la cour de mon père, ainsi qu'il me fa ordonné.
J'interviendrai ensuite en ta faveur pour te faire relâcher et te faire
rendre l'ancienne position à laquelle tu as des droits acquis auprès
des précédents rois. Mais si tu ne le fais pas, et tu ne le feras certai-
nement pas, eh bien! prépare-toi au combat et cesse tes tentatives
pour nous circonvenir. » Roustem dit : « Si tel est Ion sentiment, tu
seras mon hôte demain quand, t'ayant désarçonné, je te conduirai
dans la maison de mon père, Ion serviteur, et quand je m'acquitterai
de tout ce que je t'ai promis. « Isfendiyàdh répliqua : « Jusqu'à quand,
ô Roustem , pèseras-tu le vent et t'oindras-lu d'une amphore vide? Tu
verras comme je t'assaillirai et comme je ferai de toi ma proie, et
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 361
c^-^j) Jtii J^Liit J._*vUJ|^ J-WJ! J-r^^I '-^ cT" }~^J ^^^ s_SvoLu3|^
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lu sauras ([ui fie nous (lru\ is| |r vrai héros et le preux champion! »
Iiousteni dit : «Je te ferai voir de telles clioses que tu te repentiras
de faire la guerre à qui t'olTre la paix et de traiter en ennemi celui
([ui te propose son amitié! » Et s étant levé, il monta à cheval et re-
tourna chez lui.
PUEMIEU COMBAT DE UOLSTEM ET D'ISFENDIVÀDH.
MOin D'Àl)H.\RNOÛSCH ET DE MIHR.NOÛSCH DANS LA LUTTE DES IRANIENS
ET DES GENS DU SEDJESTAN.
Le lendemain, Pioustem prit ses armes, monta à cheval et partit
avec un détachement de ses troupes accompagné de son frère Zebàreh
et de son fds Faràmorz. Arrivé au bord du fleuve Ilinmand, il leur or-
donna d'y rester et leur dit : « Je suis convenu avec Isfendiyàdh que
nous laisserons nos gens tranquilles et que chacun de nous se présen-
terait seul pour combattre. » Ayant traversé le fleuve, il se dirigea vers
:16
362 IIISTOIUK DES ROIS DES PERSES.
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la tente d'Isfendiyâdh, et s'étant arrêté sur une liaiiteur qui y faisait
lace, il cria de toutes ses forces : « Isfendiyâdh, viens trouver ton
adversaire qui est arrivé ! » Isfendiyâdh se leva , prit ses armes et monta
à cheval, en disant à ses troupes : «Ne prenez pas la peine de vous
armer, car je dois aller seul me mesurer et combattre avec lui. »
Quand Isfendiyâdh fut près de Roustem , celui-ci lui dit : « Ecarte
l'animosité et accepte mes propositions conciliantes; daigne te rendre
à mon invitation et consens à venir chez moi; au lieu d'échanger des
coups de lance et de lutter, nous mangerons et l)oirons ensemble et
nous remplacerons les actes d'hostilité par des témoignages d'amitié.
Je nrac([uitterai envers toi et te ferai tenir tout ce que j'ai déclaré
vouloir dcjnner et ce que j'ai formellement promis. Si, cependant,
tu veux la lutte et que tu aimes mieux verser le sang, nous mettrons
aux prises les Iraniens et les gens du Sedjestàn, pour qu'ils se jettent
les uns sur les autres et combattent; la Mort enlèvera ses victimes de
près et nous regarderons de loin.» Isfendiyâdh répondit : "Tu
viens d'arriver chez moi, de grand matin, prêt à engager la lutte et
IIISTOIUK DES UOLS DES PERSES. 363
J o"^-^' <^1^ ^-^^^ i^j>>-£l JLfti ^.k<sj ^Jajtj ^! U]^ ^_^jjjLj" ^1 U^
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JvJiiJt JOOi|, *Ls5s-gJ! ,::,,,s».L4J A,AA^^ ^j^-V ^V* l^'^'A'VS^ ^i.iiA..-:vJ|
^^ <_:ydl .•■.^.J^I :i ^^yi ^^^j ^UjJi ^>^^ Jl^'îil J^UlJj
W Maiiqu.' (hins M. — («) C os-Jl=wl .
lu viens de m'appeler au combat; puis, lu recommences tes tentatives
pour nie leurrer et me circonvenir. Mainten;uit, ou bien tu le me-
.sures avec nu)i, ou tu te soumets.» iioustem réplif[ua : «Je suis
exempt de tout reproche envers toi et envers les hommes, ayant fait
tous mes efl'orts pour t'amener à la conciliation et pour montrer que
j'étais disposé à un arrangement pacifique avec toi, tandis que toi,
tu ne veux que la collision. Eh bien, viens! » Alors ils se précipitèrent
l'un sur l'autre et s'assaillirent comme deux lions féroces et comme
deux éléphants furieux. Ils luttaient longtemps avec la lance et le
.sabre, sans qu'aucun d'eux eût l'avantage, ni même que l'un pût
blesser l'autre.
Pendant qu'ils étaient ainsi engagés dans la plus terrible des luttes,
les compagnons d'Isfendiyàdh, vovant les compagnons de Roustem
armés et montés, prirent également leurs armes et montèrent à
cheval, et Satan les poussa les uns contre les autres, comme il avait
poussé leurs maîtres. On en vint aux mains, on luttait avec acharne-
nement, les champions étaient aux prises, le sang coulait, la mêlée
364 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
U' i> ^j L Jlî^. ^j_A_;_«Jl k_A_iiJ|^ ^Jv-^t ^yJl <.a1£ ;si-t^ls ^_çs^
i_«w| bjj 3t_5j U ^J-9; ^ ■■v-^r? J^ '^ -^r^' ^:>-C c?-^ f ^ '^-^•^-^r" "'-^si^
rw»vj L jLii dX.Aj^\ Aja^ L^L^jiSaJj t-sUU U'LaJ ^yO \.^\yjj ijU cAaJI
'' C ^JOLll. — -' C xff^Jl. — i*' Ces mots inanquont dans Vj. — '' M Ji^j, *' r>^'
— (î*) M ^_^U.
devint ardente. Adharnoùsch et Mihrnoùsch, les deux fils d'Isfen-
diyàdh, restèrent sur le champ de bataille. Bahman étant venu
avertir son père de l'événement, Isfendiyadh fut en proie à la fois au
plus grand chagrin et à la plus violente colère, et il s'écria : " N'as-tu
pas honte, ô Roustem, de manquer à la parole donnée et de faire
acte de perfidie.^ Psétions-nous pas convenus que nous combattrions à
nous deux, moi et toi, en laissant de côté les deux armées.^ » Roustem,
fort affligé, jura que cette lutte témérairement engagée par son armée
avait eu lieu sans qu'il l'eût ordonnée, et il ajouta : «Je suis peiné
de ce qui est arrivé. Je te livre Zebàreh et Faràmorz, pour que tu
en disposes comme il te plaira et que tu venges sur eux la mort de
tes deux fds. » Isfendivàdh répliqua : « Faire mourir des esclaves
pour des maitres, ô Roustem, n'apaise pas les âmes!" Puis il se
mit à tirer sur lui des flèches qui le blessèrent, ainsi que son cheval,
tandis que les traits de Roustem n'eurent aucun effet sur la cuirasse
d'isfendivàdh et encore moins sur son corps. Une flèche, partie de
l'arc d'isfendivàdh, cloua ensemble les deux cuisses de son cheval
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 365
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i>Ljs_À_jL_*v|^ ^il^I SwJiLik.1 (^5»^^*. *WLc L^LLj o^JjiJ^ <-Oo i,:^b ^^_^|
J ^a-^a-. 4}-?-' cT* J— :?^-«-'lJ ''^^^vJt c^I^-v^"^' L^-^ ci^otjjjls Oj!i J,t
Uakhsch. Celui-ci s'a<i[ilail et se débattait, de sorlc que ses hrides
et sa san<rle se rompirent. Iloustem toniha et le cheval .s'enluit et re-
gagna la maison, ayant une housse formée par le sang et une entrave
formée ])ar sa blessure.
Roustem se retira sur une hauteur, se traînant avec peine et se
raidissant contre la douleur que lui causaient ses blessures. Isfen-
diyàdh lui cria : «Que signifie cet arrêt, ô Roustem? Pourquoi ne
reprends-tu pas le combat.^» Roustem répondit : «Monseigneur, le
jour est avancé et la nuit est proche. C'est elle qui sépare les com-
battants. \ a-t-en en paix et donne-moi un répit jusqu'à demain. »
Isfendiyàdh consentit de bonne grâce, malgré son courroux et son
excitation et le chagrin cuisant qu'il éprouvait de la perte de ses deux
lils, et lui permit de retourner chez lui. Roustem s'en alla, tout
épuisé et accablé qu'il fût par ses blessures; arrivé au fleuve, il le tra-
versa, au grand étonnement d'Isfendivàdh qui le regardait, admirant
sa fermeté. Ses officiers venant au-devant de lui, le transportèrent sur
36(î IIISTUIRK DKS HUIS DKS PERSES.
L g a:^ w->>^-^ :^'wK_c|^ ^^r^J (^*-'L^l ^'^ r^' I-S ^JjLs». «UOy*^ <L«oU
Il II char à son palais, d'où s'élevèrent les cris et les lamentations. Zàl,
les veux on larmes et l'àme désolée, dit : « Que mon àme soit ta ran-
çon, ô mon 111s! Qu'est-ce que ce malheur, ou plutôt l'époux a ntahle
catastrophe qui marrive à mon âge et à la fm de ma vie! Voilà le lot
de celui qui n est pas mort avec ses contemporains ! »
ZÀL DEMANDE SECGUUS À SON OISEAU 'a.NQÂ.
nncONSTANCES Qlil AMÈNENT LA MOHT n'ISEENDIVÂDII.
Ce grave événement détermina Zàl à avoir recours aux moyens
artificieux. Il brûla la plume de TAnqà qu'il avait reçue de celui-ci
dans son enfance avec la recommandation de la brûler et de faire des
fumigations avec elle, quand il se trouverait dans quelque grave dif-
ficulté et s'il lui arrivait un malheur. Puis il fit égorger des moutons
et des agneaux et les avant fait dépouiller, les fit préparer. L "Anqà ne
larda pas à arriver comme une nuée tonnante, descendant d'une haute
HISTOIRE DKS UOIS DES PERSES. ;^67
(^ ^-^xvp-^ Lg->JL^ LûjLft^ «O-.'' <.jjjjî)l ijj <jL:^I^ ^Juôbcj Lg<s-'!
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f^-^yJ ' l-^'*-'^-»-' ^^T*^) "^— **'V-*r' *Li>^I v-ii-Joti. ^JLÂw.iX^» «Ull .^i5lJ <_ajLjlJ|
'ULolJ' ^^Ji/09 ^w*_> ;J|\ ^^-^ W ... *JU W .•".•. U J^.^^v3* - vàJJoU V^-^»
''' Mss. xJLui. - -' Mss. ijàJiJul^. ■'' M SyJa. ' \hiiii|in' clans C
monlagne dans le verger de Zàl. Celui-ci s'approcha, se prosterna et
fit placer devant lui les arnniaux préparés et l'Anqà en mangea. En-
suite, Zàl lui exposa en ])leurant ce qui lui était arrivé et lui présenta
Roustem. L"Anqâ regarda attentivement ses blessures, puis, posant
sur lui son bec et ses serres, il retira de ses membres plus de vingt
pointes de llèches, quantité de fer qui, dit-on, formait presque une
charge de chameau; il passa son aile sur les plaies ([ui se fermèrent à
l'instant même, et les lécha avec sa langue, liouslem se trouva com-
plètement rétabli, redevint plus lorf qu'aupai-avani et, par la grâce et
la volonté de Dieu, il recouvra la santé ])<irraile. L'Anqà lit de même
avec son cheval Uakhsch, retira de son corps (piantité de pointes
de flèches, passa sur lui son aile et le lécha avec sa langue. Uakhsch
fut entièrement guéri, se secoua, se mit à hennir et fut plein de viva-
cité et d'allégresse.
L"Anqà qui avait été le nourricier de Zàl pendant sept ans et dont
celui-ci connaissait le langage, lui dit : « 11 faut maintenant que
308 HISTOIRE DKS ROIS DKS PKRSKS.
- — ilv_5 >^«.3 f-^y^ JK J'y'^ ù^Ksb ^f~*^ 4N>-=^ '^-<S' ^::-->-**xV; «iv^l ^^^-Jv^J
LLL;^^ <—} k^Jo^lj <Jtia_tt3 -^IswaJl ^ ^^j.,.^a_)Ji Je <jJ^ ,-■ SwJl ^
^_JL^I L_gJ i^_c' .y^j J\j _,Loo J.I <jta.U -^LjLoJt <-j ^^j^j <.aJ«c
"' M Âjy^.. — -' (". Uy^, \I L«L^. — !■'' Les mots ^jj^t ^ t_«,t l^it-^ls i ,gj sont
écrits, dans les deux mss. . après la phrase * . 1^ ij ^ ^\ % U II ^_^ (j-»^'*!' J^ *jJii«. —
Iiousteni monte sur mon dos : je veux le porter vers une île dans
laquelle se trouve le tamaris et lui en montrer une branche qu il cou-
pera et dont il lera une llèche; et, lorsqu il ira combattre Isfendiyàdh,
il la lancera et l'enverra dans son œil pour être débarrassé de lui. Il
n'y a pas d'autre moyen que celui-là. » Zàl traduisit ces paroles à
Roustem qui reçut la proposition avec joie et se disposa à partir. Il
se munit d'un couteau plus tranchant que la mort et d'un eflet plus
siàr que l'inévitable destin, et monta sur l'Anqâ. L'oiseau, dont le
vol était plus rapide que l'éclair, le ])orta à l'ile, lui montra la branche
de tamaris que Roustem coupa et serra soigneusement, et le ramena
au palais de Zàl. (Iclui-ci lui avait ])réparé des moutons écorchés et
des agneaux rôtis. Quand il fut descendu et eut déposé Roustem à
terre, Zâl se prosterna devant lui et lui présenta ses aliments. L'Anqà
en mangea. II recommanda de chercher à concilier Isfenrlivàdh et à
apaiser son ressentituent, attendu que c'était l'homme le ]j1us glorieux
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 369
, X » .^^ . ;;. ^ v_^£y^ ^^-A.^=y -iU-â-J^j .^"^J ^y"^ <lwsJU_wl <j5iL_4v
*i ->■ » ' L-fi A ■»»■'»« i>->->^ iv^-va iljj^-iwi-wl iJul? f^y>y.^j ^y>\'y\ J-*-a-J
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(le son t('ni[).s et le plus parfait héros. Et il ajouta : «Enfin, s'il ne
veut que le combat, eh bien! sa mort est clans celle llèche ! » Il lit ses
adieux à Zàl et s'envola. Uouslem fit de la brandie d'arbre une flèche
el V fixa une pointe de ier. 11 se purifia, pria el implora Dieu, lui
denuindani le succès de son entreprise. Puis, il mangea el pri! du
repos.
Lorsque Isfendiyàdh revint dans sa tente, Beschoûtlien , Bahman
et les chefs d'armée le reçurent, fondant en larmes, accablés et dé-
solés de la mort d'Adharnoûsch et de Mihrnoûsch. Il leur dit : « Con-
solez-vous et soumettez-vous à la volonté de Dieu, contre laquelle on
ne peut pas lutter! » Après avoir donné l'ordre de faire à ses deux fils
des funérailles comme on faisait pour des personnages de leur rang,
il se mita manger et à boire, selon sa coutume. 11 dit à Beschoûtlien:
«J'ai mis Roustem dans un triste état; ou il mourra de ses blessures,
ou il sera obligé de se rendre. »
Le lendemain matin, Roustem prit ses armes, monta sur llakhsch.
370 IIISTOIIIK DKS UOIS l)KS 1>KUSES.
"*■ «_ai:=?_>0 ij^ jIs^ << — *Vt5 ii-Jj J\*^)S_^ (^ «^■«^sj» <J»^vl_> <_>Jol9 «Oj|
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il — ^j Jj^j-ù.^ J— ^-s]^ ^_5^ii^^-^l J>1 L <l Jlsj ii:'4(L tJ^**^ 4lU^'^
plein deiili'aiii et en excellonl état, et se jjorta vers la lente d'Isfendi-
yàdh, qui dormait encore. Il l'appela en criant: « Isfendiyàdh, voici ton
adversaire qui te réclame! Viens combattre!» Islendiyàdh se réveilla
à son appel, loul étonné de son arrivée si matinale et de la force de sa
voix. Il se leva de sa couche, mais il elail las et exténué. Beschoùlhen
le regarda et lut ellrayé de son état de faiblesse et de prostration. Il
lui dit : « Écoute-moi, mon frère, et accepte mon conseil; fais la paix
avec lioustem et ne reprends pas le combat avec lui; ne risque pas
de perdre l'avantage que tu as remporté hier en le mettant hors de
combat; car je redoute pour toi l'accident imprévu et ne suis pas ras-
suré contre les fâcheuses surprises cjue réserve la Fortune. Tu as été
frappé hier déjà par la mort de tes deux fils et tu ne sais pas comment
finira la rencontre d'aujourd'hui. >' Isfendiyàdh dit : «J'ai toujours
entendu dire, ô mon frère, que Zàl était un habile magicien, agis-
sant par artifice en tout ce (ju'il entreprend, .le ne le croyais pas.
Mais, à présent, il est certain pour moi qu il pratique la sorcellerie,
quand je vois avec quelle promptitude il a rétabli lioustem qui m'avait
IIISTOIIIE DKS UOIS DKS l'KUSES. 371
ou
J — j^ls^l' ^^^wg__> ^*^t ,^'^Lt J. ^j^ _iJ^vx _sj' i j^' iL,>J.i_«-| J
quitlô liici- cnhlc de Mcssuros et si épuise", qu'il uir paraissait près
fie sa inoil, cl (pii, dr i^Maïul malin, vieut pour combattre avec moi,
iiilacl et plein (I entrain, se pavanant eu sou insolence. Mais je le
mellrai aujourd'hui en un tel état que Zàl ne pourra pas l'en guérir! »
lîeschoûthen dit : « Ne te fie pas, ô mou frère, en ta force et ton cou-
rage. Prends garde de la défaite résulta ni de l'injustice et ue fais
pas la guerre à c|ui l'offre la paix. Tu viens de voir d'ailleurs un
exemple de sa lermeté, de son énergie, de sa force et de sa bravoure. »
Isfendiyàdli ne l'écouta pas, car son derni«'r jour était venu. Avant
demandé ses armes et son cheval, il s'arma, monta et partit.
Isfendiyàdh s'étant avancé vers Iloustem, celui-ci lui dit : «Mon-
seigneur, crains Dieu et n'expose pas ta vie. Arrache la haine de ton
cœur; ne fais pas acte d'injustice contre moi et contre toi-même; ne
préfère pas l'infortune au bonheur et prends ce que je t'ai promis :
mon entier dévouement et les richesses. » Isfendiyàdh répondit : « Si
je ne t'avais pas laissé aller hier, tu ne recommencerais pas aujour-
d'hui à me tenir ces vains discours. Maintenant reprends le combat
•M2 IIISTOIIIK DES UOIS |)KS PF.RSF.S.
(') M 11$:*. — P) C Jlii^li.
OU rends-toi! » Rousteni le supplia humblement et chercha à l'adoucir;
il n'épargna rien pour le faire revenir de ses mauvaises dispositions,
pour le fléchir et pour calmer son irritation. Isfendivàdh persista
dans son emportement, n'en fut que plus ardent à la lutte et fondit
sur lui avec sa lance, lioustem manœuvra de telle sorte qu'il put le
repousser, leva sa main vers le ciel et s'écria : « Tu sais, ô mon Dieu,
que je subis de sa part la violence, qu'il agit mal envers moi et
qu'il exige de moi ce que je ne puis faire. Ne m'impute» donc pas à
jx'ché, ô Seigneur, si je fais ce que je peux pour me défendre contre
lui ! » Il ajusta l'entaille de la llèche de tamaris à la corde de son arc
qu'il banda de toute sa force, et tira. La flèche entra dans l'œil d'Is-
fendiyàdh et pénétra jusqu'à la nuque. Isfendiyàdh se pencha sur le
pommeau de sa selle, retira la flèche de son œil et la tint dans sa
main. Affaibli et épuisé par la perte du sang qui coulait abondam-
ment et ne pouvant plus se soutenir, il descendit de son cheval et
s'étendit en appuyant sa tète sur son bras.
IIISTOIKE DES ROIS DES PERSES. 373
Jv » 4 ) v_i'»_;i._) w^j^i-ls <-v>^ UaLJL*v .^~~^-~j ^-iJ' - ■^ '>
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1^1 '\l X—S-\ f wv L J^î *^— «*'n ->^A£ JolÏ. "^aJi jJvJiJO
(') M;iii(|Uc' (l;iiis C. — '-' MaïKjui' diiiis M.
Bahman, voyant son perc par terre, couché sur le côté, eu in-
forma Besclioùllien et, ensemble, ils accoururent au lieu on il était
t()n)l)e; ils mirent ])iefl à terre, pleurèrent et furent désolés, lloustem,
lui aussi, descendit de clieval, (il retentir fair de ses sanglots et dé-
chira ses vêtements et sa cuirasse. Arrivèrent ensuite Zàl et Zebàreh , les
chefs d'armée du Nimroûz et les Iraniens. Tous versaient des larmes,
poussaient des soupirs et des cris et déchiraient leurs vêtements. Ils
entourèrent Isfendiyàdh, lui arrangèrent un lit et le couchèrent. Il
demanda de l'eau et, après avoir bu, il dit : « Appelez-moi Roustem. »
Olui-ci s'approcha et s'assit près de sa tète. Isfendivàdh lui dit :
«Sache, ô Roustem, que celui qui m'a tué, ce n'est pas toi, mais
mon père Bischstàsf; c'est lui qui m'a fait périr par ta main. Que
Dieu le punisse! Or donc, le destin avant accompli son œuvre, je te
confie et remets à ta garde mon fils Bahman, y>out que tu l'instruises
des talents que tu possèdes toi-même et que tu lui enseignes ce que
Dieu t'a enseigné; car Djàmàsf (que Dieu anéantisse sa mémoire!)
T'i IIISTOIIIK l)i:S UOIS DKS l'KUSKS.
. 1, 't ■Ov- ,2,, ï, 4 iLJi_A.— v^« '^wSJ'>-g-'« "C^'s-^sl ^_i ^..LawM' ^St^ ^->^-^
o à X -^^ ^\ J_5 ^' L 4' jLaJ jri^-^ ^ -ilJsJjL^] Js-ol l2 <_Oi
lui a adjuge rcmpirc de 1 Inuischalir. " Roustcni répondit : « Tu seras
])onctueiiemenl obéi. Je me charge de Ion fils que tu viens de me
confier et m'en<raj^e à le traiter comme j'ai traité Sivàwouscli, de
[)onr\oir larj^ement à ses besoins, de le former, d'en avoir soin et de
l'élever pour la position (pie lu viens de dire. » Isfendiyàdli, ensuite,
s'adressant à Besclioûtbeji, lui dit : « Dis à mon père : " Garde main-
« tenant ton empire, après t'ètre débarrassé de moi et avoir foulé mon
1 sang! » Salue aussi ma mère et dis-lui : " Je viens de cueillir le fruit
« de la résistance que j'ai opposée à tes conseils et de mon indocilité
«envers toi; pardonne-moi de t'avoir désobéi et espère la meilleure
«des réconqxMises dans la plus parfaite résignation. » Après ces pa-
roles, Isfendiyàdh ne tarda pas à expirer. L'air rclcntil des cris des
deux armées qui |)leuraienl et gémissaient.
Zàl, en proie au [)lus ])rolond cliagrin, dit à Roustem : « En vérité,
mon fils, je pleure sur toi comme je pleure sur Isfendiyàdh; car j'ai
entendu dire que celui qui l'aura tué ne lui survivra pas longtemps. »
Iioustem répliqua : «Ne sais-tu pas, ô mon père, que la mort avec
HISTOIRE DES UOIS DES PERSES. 'M5
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(') C àXs:. — M C Jui JJii. - (^) Ma.uiu.- dans M. — (') M J^ ^X\.
riioMiicur est préférable à la vie avec la lioiilc?» /ehàrcli, à son tour,
s'adressant à Uouslcin, lui dit : «Tu as eu tort, ù mon Irèrc, d'ac-
cepter de son père la charge d'élever Bahman; c'est le lionceau d'un
lion dont tu as versé le sang et je crains bien que c'est par lui (pic
périra notre famille. » Roustem répondit : « Ne te tourmente pas, mon
frère. On ne peut lutter contre ce que réserve l'avenir; le destin est
le plus fort, l'arrêt de Dieu est immuable; il est inutile de se préoc-
cuper. Dieu nous a toujours été lavorable! »
ÉVÉNEMENTS QUI SLIVIRENT LA MOUT D'ISFENDIYÀDH
JUSQU'À L'AVÈNEMENT DE BAHMAN.
Les funérailles d'Isfendiyàdh ayant été célébrées et son cercueil
porté à la résidence de Bischtàsf, tout l'Irànschahr fut mis en commo-
tion par les pleurs, les gémissements et les lamentations. Cette mort
fut pour les grands et le peuple, les hommes et les femmes une
370 insrOIRK DKS nOIS DKS l'ERSES.
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immense calamité, et on se réunissait selon l'usage dans les assem-
blées de deuil. Quant à Bischtàsi, lorsque Beschoûthen lui fit le récit
de la mort d'islendiyàdli et qu'il lui conimuuicjua sou message, il
conçut un violent repentir qui 1 accablait d'angoisse, lui faisait verser
beaucoup de larmes et assombrissait sa vie.
Roustem se dévoua au service de Baliman et, fidèle aux recom-
mandations de son père, s'appliqua à pourvoir largement à ses besoins,
à le traiter avec de «grands égards, à faire son éducation et à le former.
11 adressa à Bischtàsf une lettre lui j^résentant ses consolations, dé-
montrant d'une manière évidente son innocence et in vot[iuuit, pour cor-
roborer son exposé des faits, le témoignage de Bescboûtlien. Bischtàsf
accueillit son apologie et se représenta la situation dans laquelle il
s'était trouvé. 11 lui manda de renvoyer Bahman à sa cour, pour qu'il
pût se consoler par lui. Roustem mit Bahniau en route avec un magni-
fique équipage et le combla de cadeaux. Il l'accompagna, lui faisant
cortège lui-même avec les membres de sa famille et son armée, et
le renvoya à son grand-père parfaitement heureux de sa fortune.
Bischtàsf fut charmé de sa beauté et de sa sagesse, heureux devoir qu'il
avait acquis les talents de Roustem et qu'il s'était approprié ses qualités.
lirSTOIRK DES KOIS DKS PERSKS. 377
^—V"» "^ *^-? 41]' "Lsà-S JoLJ. 43>«J.>o |^j-« c:,-^»^!.^ <Owtv ^»w^Lx< <CjU Jot_>
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^ ^ * ^
Lorsque l'extrême vieillesse eut conduit Bischtàsi à la fin de ses
jours et à la coupe fatale, il remit le pouvoir, le trône et la couronne
à Baliman, après avoir régné cent vingt ans, et il subit le décret de
Dieu. Basschàr ibn Bord, entre plusieurs autres, a lin- une compa-
raison de la personne de Tiischtàsf dans ces vers :
Allons, donne-nous à boire, car le jeune lioniine n'est pas fomié de pierre; mais
les pierres et les tombeaux l'attendent.
Arrose mon àme; car le Temps plein d'enseignements a lait disparaître Qobâdli
et a ébranlé l'empire de Biscbtàsf.
RÈGNE DK HAIIMXN, IMI.S n'ISl-ENDIVÀDH.
Après avoir procédé aux funérailles de son grand-père et accompli
la cérémonie de son deuil, Bahman s'assit sur le trône, se ceignit
de la couronne et donna audience aux grands et au peuple; il leur
48
;i78 IIISTOIUK DKS UOIS DES PRRSES.
adressa un très beau discours en leur prodij^-uant les meilleures pro-
messes. Possédant à un degré éminenl le rellet de la majesté divine,
doué d'une intelligence supérieure et des plus grandes capacités, s'ap-
pliquant à procurer aux hommes la sécurité de la justice, Bahman
consolida l'État et affermit la religion. H était à la fois craint et aimé
de ses sujets, il fit de nombreuses campagnes et s'occupa à rendre le
pays florissant. Ibn Khordàdlibeh rapporte qu'un autre nom de Bali-
mcfn était Kaï Ardaschîr et que les lettres que l'on adressait aux pro-
vinces portaient cette formule : « De la part de Kaï Ardaschîr le ser-
viteur de Dieu, gouverneur des serviteurs de Dieu. « Il fonfhi la ville
de Bahman Ardaschîr qui est Obollah.
Parmi les adages de Bahman, devenus proverbes, se trouvent ceux-
ci : " C'est par les mérites personnels que s'élèvent les hommes. —
La reconnaissance l'emporte sur le bienfait; car celle-là demeure,
celui-ci s'efface. — Mettre à fépreuve fhomme qui déjà a été éprouvé,
c'est perdre son temps. »
IIISTOIKK DKS ROIS DKS PKUSKS. 379
>»^ CH -^îj) o^ f^^^j J»-*-*-<
^^' ^_«k ^>-.^-^ "-^l^J "^yS»^J J'vs*~=*-j'y '<--'-à-' c:i«J^:*.. e^^yJ JJ>-^ ^-^^l
O C y*. — M C, innn<|Ufi.l Lua. H Js!/iJl5'. — "' M *«^.
MKI UTI\I. ni: KOI STEM, Fil. S DE ZAL, lll.S DE SAM.
Il clail ne à Zàl, vers la lin de sa vie, un (ils ([u il avail iioiiune
Scliai^liàï. Les astrologues lui ayant annoncé que llioroscope de cet
entant indiquait qu'il serait fatal à sa famille, Zàl l'éloigna en dou-
ceur, le relégua dans le Kaboul et demanda et obtint pour lui en
mariage la fille du roi de ce pays. Schaghàï demeura donc un certain
temps auprès de son beau-père, comme associé à son pouvoir et
{■oninie son assistant. Or, le roi de Kaboul était tenu de paver un tribut
annuel à Doustem. Scbaghàï avait espéré que ce dernier, par égard
pour sa personne et afin de l'honorer auprès de sa famille, lui aban-
donnerait cette redevance et ne l'exigerait pas de lui; mais Roustem
n'en fit rien. Alors la jalousie et la haine envahirent peu à peu le cœur
de Schaghàï, de sorte qu'il devint un mortel ennemi de Roustem et
qu'il songea aux inovens de l'assassiner traîtreusement.
18.
380 IIISÏOIRP: DKS ROIS DES l'KRSES.
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Schaghài, ayant résolu de concert avec son beau-père d'attirer
lioiistem sous un prétexte au Kaboul et de chercher à le faire périr,
partit pour le Sedjestàn, présenta ses hommages à son père Zàl et à
son frère Roustem et se plaignit à eux de son beau-père, rapportant
de lui des propos si blessants et si injurieux concernant Roustem, c[ue
celui-ci fut amené à se rendre au Kaboul et à le châtier. Il dit : « Je
vais venir au Kaboul comme à une partie de chasse, ne considérant
pas ton beau-père assez important pour croire nécessaire de déranger
pour lui l'armée; je veux agir selon les circonstances, le punir ou lui
pardonner. » Et lorsque Roustem se mit en route avec un petit nombre
de ses compagnons, Schaghâï le précéda et annonça son arrivée à
son beau-pere. Ils délibérèrent et finirent par décider de creuser,
dans le bocaee, sur le chemin de Roustem, un irrand nombre de
fossés qu'ils garniraient de lames tranchantes et de ])iques très poin-
tues et de les recouvrir, pour que le sol s'enfonçât avec Roustem
HISTOIRE DKS ROIS DKS PERSES. .581
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et ses compagnons cl avec Iciiis nionluics et (ju ils lussent précipités
dans ces fossés. Et ils exécutèrent ce plan.
Lorsque Roustem, accompagné de Zebàreh et d'un petit nombre
de valets de chasse s'approcha, le roi de Kàhoul alla à sa rencontre
nu-pieds et nu-têle, se prosterna et se roula dans la poussière devant
lui, et lui présenta ses excuses des propos f[u'il avait tenus dans
l'ivresse. Uoustem lui pardonna et lui dit de remonter à cheval. Le
roi s'étant remis en selle et ayant conduit Uoustem au bocage, lui
dit : « U y a ici un parc de chasse extrêmement agréable. Monseigneur
est-il disposé à s'y mettre à l'œuvre tout de suite, jusqu'à l'heure chi
repas? — J'en ai bien envie, répondit Roustem. » U se dirigea donc
vers ce parc de chasse et entra dans le bocage. Lorsqu'il arriva aux
fossés recouverts, Rahhsch, percevant du danger, commença à se jeter
de côté et à faire des sauts. Roustem ayant cinglé sa tète avec le fouet,
le cheval ne résista pas davantage, s'avança et fut précipité dans le
fossé avec Roustem. Ils tombèrent sur les lames et les piques dont il
était garni et furent atteints par de graves et cruelles blessures qui les
,^8:2 IIISrOIRK DKS KOI S DKS PKHSES.
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paralysèrent et les firent succomber. Ze]:)àreh et les valets de chasse
que les fossés avaient engloutis également, se trouvèrent dans la même
situation.
Iioustem, par son énergie et par ce qui lui restait de vie, pendant
que son sang coulait et que les envoyés de l'ange de la mort allaient et
venaient auprès de lui, chercha le moyen de sortir du fossé et de re-
monter. Voyant Schaghàï qui se tenait à proximité pour observer ce qui
adviendrait, il lui dit : « Mon frère, tu as amené ta perte et la mienne. »
Schaghàï répondit: " Jusques à quand tuerais-tu les hommes.^ N'est-il
pas temps que tu sois tué? — Tu as raison, dit Uoustem, te voilà dé-
livré de moi et ma fin est proche. Mais préserve-moi des bêtes fauves
en fixant la corde à mon arc et en le posant près de moi avec deux ou
trois flèches; peut-être pourrai-je me défendre contre leurs atteintes
avant de mourir. « Schaghàï fit ce qu'il lui demanda et s'en alla. Alors
Iioustem lui lança une flèche qui entra dans son dos et sortit par le
vpntre; il poussa un cri et tomba mort. Roustem s'écria : «Loué soit
mS'lOlKK DES ROIS DES PERSES. ;^8;i
^>LjL.*-_âr J,| iji-jj £-^j Jj--><i J-âJ* «CLJi^. <.;J5^^v^'' ^ J-^j
(" M oJlxï. — W M *i«Lï. — M;.n<iur (h.ns C.
Dieu ([ui a iail |)(Mir mon iiifurtricr par ma main el m'a ])ormis de
pouvoir me venger avant d'expirer! » Puis il entra en agonie, tondra
comme une puissante montagne et s'éteignit. Le roi de Kaboul,
lorsqu'il vit en arrivant son gendre mort et Roustem expirant, fut
terrifié. Il fit porter Schaghàï chez sa femme et fit garder le corps de
Roustem jusqu'à ce qu'il eût rejoint son frère dans la mort.
Un seul valet avait échappé à cette catastroplie. Il courut rapide-
ment en porter la nouvelle au Sedjestàn et raconta comment cette
haute montagne avait disparu, comment cette lune brillante avait
cessé de luire. Zàl en perdit l'esprit et Faràmorz fut consterné. L'air
retentit des lamentations qui s'élevaient de leurs palais et de tout le
Nîmroûz. Faràmorz se rendit incontinent avec ses compagnons à l'en-
droit où avaient péri son père et son oncle. Il retira Rakhsch du fossé,
l'ensevelit et l'enterra, et transporta les cercueils de Roustem et de
Zebàreh au Sedjestàn. Le ciel faillit vaciller et la terre se soulever.
On se réunissait en assemblées de deuil et on se livrait à d'intermi-
38/1 HISTOIRE DES l\()IS DKS PERSES.
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W C, manque *j; M a. bldi Le. - "■'> M L^^ l^ .
nablcs com])laintes. Zàl, las de sa longue vie et la prenant en dégoût,
accablé con)ine il Tétait par les malheurs, disait comme s'exprime le
poète :
Les enfants de ce monde, quel bien en peu\eiit-ils e.sjjérei-, puistju'il ne cesse de
tacr ses enfants ■*
Qui vit longtemps est affligé par la perte de ceux qui lui sont chers; celui qui
meurt, le malheur est pour lui seul.
Lorsque le chagrin de Roûdhàbad, la mère de lloustem, lut devenu
absolument intolérable, elle dit à Zàl : " Y a-t-il dans le monde une
doideur plus cruelle que celle dont nous sommes affligés? — Oui,
répondit Zàl, la faim!" Alors Roûdhàbad jura qu'elle ne prendrait
plus aucune nourriture, afin de mourir. Elle ne manqua pas de tenir
son .serment et refusa d'écouter .ses e.sclaves rjui la pressaient de manger
pour soutenir le peu de vie qui lui restait. Après une semaine, elle
fut en proie à la folie de la faim ; elle entra dans la cuisine et mit la
main sur une marmite hors d'usage. Il s'y trouva par hasard le cadavre
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 385
AilLJJ "i^ » ' ~^lL>oj .j*L*4»-> ,^^--<*j «VjLj-^ *^3"^ '^U-^l ^j§-^a.* «"U .ivJNwt*<x.
J'i^Jl ît»< JoLOi^j <jLjL»_y JoïJL^ls iLj^^oLtvl > jli" tjic •>j'>^
dans C.
(l'un serpent noir. Elle le prit et le porta vite à sa bouche. Les esclaves
l'avant rejointe le lui arrachèrent; elles lui donnèrent à manger, et la
nourriture calma son esprit trouMé et ramena sa raison. Alors elle
dit : « Zàl, certes, avait raison (piand il disait (pic la faim est ce qu'il
Y a de plus terrible, n
Ensuite, Faràmorz se rendit avec son armée au Kaboul pour venger-
la mort de son père. Il livra bataille au roi, le tua, extermina ses
troupes, s'empara de ses biens, détruisit ses palais et emmena ses
lemnies captives. Après avoir établi un de ses chefs d'armée roi du
kàboul, en lui imposant l'obligation de payer tribut, il retourna dans
le Sedjestàn. Sachant que le roi Bahman ne manquerait pas de l'atta-
([uer pour venger la mort d'isfendiyàdh, il fit ses préparatifs pour
résister et s'occupa à enrôler des troupes.
49
380 IIISrOlUK DI'.S IU)IS DKS PKUSKS.
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(.js—i ^^y.-^L^ ^^^■--^ij'j^ ^_à_AjïJ) ^Ji^<s>' tj ^'-*-**J-j[) o^ jjr^W-^ J^J "^
M aJIî-Ij. — - MaïKiup (lansC. — '^i M J^i^j.
BAHMAN SE REND DANS LE SEDJESTAN,
Tt K K\r, \M()I',/. KT EMP(^nTE LES P.ICIIESSES DE HOl STEM ET DE ZÀE.
Bahman, en apprenant que Rousteni avait été lue et que Faràmorz
avait tué le roi du Kaboul, dit : « Schafi;-hàï, en tuant Roustem, m'a
devancé. Mais il faut que je tue Faràmorz pour Islendiyàdh, comme
il a tué le roi du Kàhoul ])our son père. « Il se mit en marche avec
son armée vers le Sedjestàn et élahlil son camp au bord du Ilinmand.
Faràmorz se trouvait alors dans le Zàboulislàn, pour appeler le peuple
aux armes. Zâl se transporta à la tente de Bahman, se prosterna devant
lui et fit les suprêmes efforts, supplia et se justifia, rappela les titres
qui le rendaient inviolable, promit des richesses et chercha à exciter
sa pitié en versant d'abondantes larmes. Bahman, tout en lui témoi-
gnant de la sympathie, donna l'ordre de l'emprisonner el de lui
mettre des chaînes.
Faràmorz approcha avec une puissante armée du Zàboulislàn.
11 attaqua Bahman et la bataille dura trois jouis sans disronlinuer,
IIISTOIRF. DES ROIS DES PERSES. ;i87
,jf=>^-^ (_jLjU|^ ^.Sva «LL ^J^J <:^y^j <.aJo'-JU <Jy^l ^ ci^iSsi
^l g <■> )L ^ a — w\ « <LAji_^ia_> A-^-r» >--«* "\?r'^'î '*>^J~'^Î ^-v'j-:?^'
^i-ifij L^-û LifcL:^» <-i^^ <jU ;o._4* ÏJ^^ ^ Ljêol^ ,^^1 l^x ♦-i^
M t.J^.j. — '-' Mss. *JXlÛt,. - ' Manqii.' (I;uis M.
fie sorte que, des deux côtés, il v eut un grand nombre de morts, de
blessés et de prisonniers. Le quatrième jour, le soleil commençant à
décliner, il s'éleva un vent violent qui soufflait contre les troupes du
Sedjestàn et du Zàboulistàn et faisait voler à leurs visages du gravier
et du sable. Bahman excita ses soldats au combat, en s'écriant : «Le
secours vous vient du ciel!» Ils cbargèrenl et firent de vigoureux
elïorts pour rompre les rangs de l'ennemi et abreuver leurs sabres de
sang. Les troupes du Sedjestàn et du Zàboulistàn furent mises en
déroute. Faràmorz, avec sa suite, continua à combattre et à faire face
à l'ennemi jusqu'à ce qu'il fût entouré par les Iraniens qui le jetèrent
bas et le firent prisonnier. Baliman donna l'ordre de le mettre en
croix et de tirer sur lui des flèches, de sorte que sa chair, ses os et
son cerveau tombèrent par morceaux. Piiis il saisit les biens de Zàl
et de Roustem et les trésors amassés par eux pendant sept cents ans, et
en prit possession.
Bahman voulait aussi mettre à mort Zàl, mais Beschoûthen lui fit
49.
388 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
1 JK 4 — «^ — à^ ^wJisXj», <_o .^-^^' ^K >■*"-> «C^^tS^ i3^7^ <i .•:-.i .-^ »w .
. — bi, 4'U ^j-« <Ok_«^ __^>_c 4' _Ljj[|^ 4L0) J.I ^isy jpx»L <c^ Là-o
des représentations, lui rappela que Zàl avait des droits à sa recon-
naissance, qu'il lui était sacré et qu'il était absolument innocent; et il
ajouta : «Tu viens de tuer Faràmorz et, par lui, obtenir une ven-
geance complète. Pourquoi tuer ce vieillard si avancé en âge, dont la
vie touche à sa fin et dont il ne reste plus qu'un vestige et un souille? »
Ce langage répondait au sentiment d'estime que Bahman, lui aussi,
avait pour Zàl, dont il se rappela les actes de dévouement. Il lui fit
grâce, donna l'ordre de le ramener dans sa demeure et de lui aban-
flonner une faible partie de sa fortune. Masoûdi de Merw, dans ses
Moa-dawidja persanes, dit qu'il le tua et qu'il n'épargna aucun
membre de sa famille.
GOLVERiNEMExNT DE BAHMAN
APRÈS SA CAMPAGNE DL SEDJESTAN ET JUSQU'À SA MORT.
Lorsque Bahman eut satisfait sa vengeance sur les gens du Sedjes-
tàn et qu'il se fut emparé de richesses dépassant tout ce que Ton pou-
HISTOIRE DES ROIS DES l'ERSES. 389
i_)L«-^| JJi^ <r->'»;r^l -::1Uj 4-A^jpJl x-L .j^ji. c_»-jlII Lc^ eusljLfïJl ^j-«
^^<_£wJ "Ool 4' t::^Ji^ «OJ :>.x_ixJj <ji..v-ii_) t_>js^ ^•«.iijj ^:i '^J^J
<-âJj L g 1 t> i^^iL:». o>^l ^5«-^-?- ^^vSO^ <-<sl-£ .Li^-J-»-' ^ ""^'1 UOvxJt
''' \Ian(|iR' dans C. -' M Aj,aj J^.
vait allfiidic cl plus nombreuses que les grains de sable, il retourna
dans sa résidence. Il aciieva les villes qu'il avait Fondées et les con-
structions qu'il avait commencées. Il fit une exjx'dition en Occident
jusqu'à lioùmiya; il l'ut maître du peuple et assujettit ceux qui résis-
taient. U rallermit la relif^non de Zardouscht, la releva et la mit en
ii^rand lionneur, et s'appliqua à la propager.
Bahman avait une fille appelée Khomàï ou, dans les livres persans,
Homàï, nommée aussi l)jehràzàd,qui était la plus belle lemme de son
temps, de figure et de taille, et la plus éminente par son intelligence
et ses capacités. Il faima d'amour, l'épousa et ne vit le monde qu'en
elle. Elle avait un empire absolu sur lui et dirigeait toutes ses affaires
et il Unit ])ar la désigner comme héritière du trône et maitresse du
souverain pouvoir après lui. Il avait aussi un fils, nommé Sàsàn, à
qui manquait le reflet de la majesté divine et qui n'était pas apte au
gouvernement de l'univers. Quand Bahman proclama Khomàï héri-
tière du trône, Sàsàn, mécontent de voir que son père lui eût préféré
sa sœur, s'exila et, errant par le monde, s'en alla dans une province
.100 inSTOIRK DKS ROIS DKS PKRSKS.
IjlM U <y«— C J^-^I *OOoO (J^ «^.^^ SyM^ LaAJ'U *CjU (_5V2^ LlLj iiLoLjLl
»_<\à_/«« ^'i ,_Jc ^L{S-cjU ii3wLl| Js.g_û;U ijL^sJl ^-L>>» (^-^^ o^'-^ ^1
^^^-♦4^ t^i^ (^'^ ^^^
>ôUk. k.::^il» >_/-ifi>>J,l -^La-j^xJi ^^ i\Uc_*v L-^-aXc eijsX^» ^^^^ii,| vrîj-**' ^J^^-?"
" -M i,yi.. — '2' C ajoute ^^yJI 4WLj. — '■'! C ^^«ai; M «^ ^^j ^^j^ Cl.
éloignée, vivant dans la rcliaitc et se livrant aux prali([ii('.s de la vie
s])iritupHe.
Après avoir régné cent douze ans, lialunan tond)a malade de la
maladie fatale, alors que Khomâï était enceinte. Il la proclama de
nouveau, en présence des mobedhs et des grands, héritière du trône
qu'elle devait transmettre à l'enfant qu'elle'portait dans son sein, au
cas où il vivrait et atteindrait l'âge d'homme; puis il mourut.
RÈGNE DE KHOMÂÏ, Fil, LE DK liAHMAN.
Ce fut la plus grande et la |)lus illustre reine du monde. Après la
mort do Bahman, Khomàï s'assit sur le trône, fit tendre devant elle
une tenture de brocart d'or et donna audience aux grands et au peuple.
Les gouverneurs des provinces s'étant rangés autour de la salle, elle
harangua l'assemblée de derrière le voile en belles et excellentes
lllsrolKK DKS ROIS DES l'ERSKS. 391
J. ?-| (_sLi_wj w-a_*mJ! ^^^j_*m^I •'Us»'!» ^rL-o*."^!^ JsXjJI J Js g^' csvajj'
.:^._^jl^ ^1 ^L^L ^Jju_*v| L^i -j [LgJj l^^x^j U-!^ l^y**-* ô^l
cSv^ls"^]^ (0 jU"^! p^^Uj]^ ^«I;!'^'^ LLv."^! ks-ij SjL?Jl^ <iLwLs-Jl J
'js_ïfc. LfifcÂ.2».is '^L....î^ 1 jL^ Lsli* L^-oô' ^:>-<H o* ^y^ (.^iso^-vaJU
|)a rôles : « Dievi, dit-elle, mous avant, en sa f,n'àce, (Icjniié I Kmpire, nous
prenons rengagement de iau-e tous nos plus grands ellorls pour gou-
verner avec justice et honlé, de pralicpier les plus belles vertus et de
suivre la meilleure voie. » Les assistants se réjouirent de son langage
et se prosternèrent. Khoniaï, ensuite, s'acquitta eu personne des devoirs
du gouvernement, s'appliqua à bien administrer l'Etat, à développer
sa prospérité, à diriger avec sagesse, dans les provinces centrales
comme dans les provinces frontières, les all'aires publiques, et à bien
ordonner toutes les parties de l'Empire, mieux que n'avaient lait plu-
sieurs des meilleurs rois. Elle expédia des détachements et des armées
entières contre des ennemis et des rebelles et elle eut la satisfaction
de la victoire et du triomphe. Elle s'occupait avec sollicitude des inté-
rêts de ses sujets; elle fit fortifier les villes, élever de nombreuses
constructions et répandre les ollrandes et les aumônes. Les popula-
tions, heureuses de la prospérité de son règne et jouissant des résul-
tats de son excellent gouvernement, lui étaient fort attachées et
demandaient à Dieu de prolonger ses jours et de faire durer son règne.
392 IIISTOIIIK DKS HOIS DKS PKRSKS.
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'" C. J*iiii.
HISTOIRE 1)K DARA, I-II.S DE BAHMAN.
Kliomàï, arrivée au terme de sa grossesse, mit au monde un
enfant, beau comme la nouvelle lune qui se lève. Elle s'en débarrassa
secrètement et fit croire qu'il était mort; car elle se plaisait à com-
mander, soit ordonner, soit défendre, et trouvait une grande satisfac-
tion dans l'exercice du pouvoir souverain qu'elle désirait garder pour
elle et qu'elle enviait à son fils; elle prévoyait avec appréhension le
moment où son fils avant grandi, elle serait forcée de le lui trans-
mettre, ainsi qu'en avait disposé Bahman. Cependant, reculant devant
le crime de tuer fenfant, elle le plaça dans une petite caisse tendue de
brocart d'or, attacha à son bras un rubis rouge de grande valeur et
mit près de sa tête un sachet contenant des joyaux et, à ses pieds, une
bourse pleine de pièces d'or; elle fit fermer la caisse, l'enduire de
poix et la fit jeter, pendant la nuit, dans le fleuve d'istakhr, ou,
selon une autre version, dans le fleuve de Balkh.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 393
i")_s_ftJ| <^^2k.L s'i^LjJaj UlSnj ^-Ajb^t, r*W^ ^ 'sjixj "CvjtiJ^^ ^y->
ilLjLi «L-6_Lc L^>^-s^ Jv^X^L ;:4-^_^\' J ^i-^-^i5^ 3V ^^ J^' ^^*-^ «-^
LiÊ.>J«J i.:^Lb L^gXsi ^Jic <' LgJCj^ i^Lii'^\ (.5*^^- <_>>_^ '^-^J'-i ■' 'x->^ <-^l>!
La caisse fut entraînée par l'eau, entre les arbres, jusqu'à un
endroit où se trouvait un foulon qui était venu, avant le jour, pour
laver. Le foulon la saisit ])n)nipt('inent et, à la faveur de lobscurité
qui n'avait pas encore disparu, il la porta en courant dans sa maison.
L()rs(|ue, de concert avec sa leninie, il se décida à fouvrir, un (juartier
de lune dans du brocart d'or apparut à leurs yeux et, en apercevant
les joyaux et les pièces d'or, ils faillirent s'élever en l'air sur les ailes
de la joie. Comme, dans la même semaine, il leur était mort un petit
enfant et qu'ils éprouvaient un grand chagrin de cette perte, ils
dirent : « Dieu nous envoie à sa place cet enfant arrêté au passage ! »
La femme pleura de joie et elle aurait voulu se souder h lui. Puis elle
lui donna son sein; à peine l'enfant eut-il commencé à sucer, qu'il en
eut abondamment du lait dont il se rassasia. Cette lemme finit par
l'aimer plus c[u'eHe n'avait aimé son propre enfant. Elle et son mari,
le foulon, se dévouaient à lui, l'entouraient de tendres soins, rele-
vaient, le formaient et veillaient sur lui; ils gardaient sa fortune, n'en
394 IIISTOIUI. DKS ROIS DKS PKIISKS.
' »-ib >'i. 'sj.'» >-.^X." .v-A_> -K=».^ -O^ C_^'^U ^'wS-CwJ >^^M.à->' ic.
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'>'n l /s_i_; 'w^'' _s_la_) ,fw\' "J^JC à«r>. "j ' J.' ^^ i_^'. <-;_4v-,LaJL
■' ^'. S_; ^.g_-N_c ' wOLA_»vi' j^,<£ 3>wv^ g J ^j-*-? > g > * "> Je. S's^' (.^j\L<iU
'^5?^^'' JU|. ^çvi's-." -UJi ij^ J,l ^-^^' C^J^ <£'w^-v:= O.^-KX \
^^ On_L' ^ i— **' ^>-^r-' ^:^'<ï^ J'~*-?- "^ "^^-^r^^i 3 ' Sy^y^J J^4-''
■ (. AJùJoii jL~j^l. . Miiiuiiic dans M. — -^1 C caJIx». — ' M J^.i_ioJ .
dépensant qu'une certaine somme pour son entretien et pour leur
propre subsistance. Ils le nommèrent Dàrâh, parce qu'il avait été
trouvé entre les arbres et l'eau. Ddr, en persan, signifie «l'arbre» et
àb « l'eau h. Ce nom, ensuite, par le retranchement de la lettre bd, lut
prononce Dàrà. La femme avant conseillé à son mari d'abandonner sa
profession de foulon ])arce qu il n'en avait plus besoin, le mari dit :
•' Je ne veux pas me séparer (fun métier par lequel j'ai eu l'occasion
de trouver le cher enfant et le bienheureux trésor. H y a un vieux
dicton : « Qui quitte son métier, sa fortune le quitte. "
Daràb croissait comme la nouvelle lune et l'éclat de la beauté bril-
lait sur son A-isage. Quand il fut grand, on le mit à fécole, où il
devint instruit et formé aux jjonnes manières. Il aspirait à acquérir
les aptitudes de la chevalerie et les talents des princes, et le reflet de la
majesté divine ravonnail sur lui. Un jour il dit au foulon : Il m est
venu à l'esprit que tu n'es pas mon père. Tu n as rien à rraiiuhe si tu
me dis la vérité sur ta situation envers moi. » Le foulon répondit :
lUSTOIUE DKS ROIS DKS l'KRSES. 395
L^ J\èj SL_L' ^ ^j»>s-4^' J"-*^ v^LJl iji-cls «oLiJ v'^,>22_âJt — jvà'
s-
l;U J._i^b- J--6^«-'' -^-J^-^^J ^^j"^"' <^ <-^J-C ^U Jy3 ^>_^t
') Ces iiii)t>, iiKiiKiiii'iil dans M. - M , .,-'1 — ■ (; J 3yj \| J^, \) , .
«Je suis ton père et lu es uiou lils. M;ils si lu doules de ma ]);Ueruité,
interroge ta mère à mon sujet. ■> Donc, un jour, avant guetle le départ
du toulon allant à son travail, Hàràh lerma la porte, tira le sabre et
dit à la femme en l'en menaçant : " Fais-moi connaître mon histoire
et les circonstances de ma vie et dis-moi la vérité, ou je te tue! » Elle
répondit : « Mon lils, remets le sabre au fourreau et écoute! » Et elle
lui raconta ce qui était arrivé, puis elle ajouta : « Il ne s'en est allé de
ta fortune qu'une faible portion; la ])lus grande partie existe encore,
fais-en ce que tu voudras. » Dàrà dit : « Je savais bien qu'une femme
comme toi ne donne pas le jour à un rejeton tel que moi. Maintenant
il laul que je trouve ceux qui me rendront mes droits. " Il acheta un
cheval et des armes et changea sa manière de vivre. H alla trouver
iiaschnewàdh, un des chefs d'armée de Khomàï, ([ui lui ht le meilleur
accueil, le prit en allection et l'aimait comme son lils. Tous les re-
gards commençaient à se fixer sur Dàrà et tout le monde parlait de
sa beauté et de sa perfection.
Or, il arriva que Khomàï chargea Raschnewàdh d'une expédition
■Mj{\ iiisrolUK i)i:s uois m: s pkusks.
?I_>o'. Ldiw-o' Jwi-Ji-^ls L.^_aXc <L.^u..yi^ ^jrV "^V*i> '^'^^ O^^-V vi^
<j1j L4-0J5 y g ■■> LgjJo _■ ' ■^' 4_ÎAaûft U~<...^ Lg-^-s-c y^-A* ç^À. ,jf>y^ ^
J^' Li[ 4L't ij wVi JÎSù LfijXc J-<^ l^gJ -^-^ ^i -^} <_)'Lx(|_j, jLîiJLJt
(1) C 1.1. — (-* M Jjj o.i. — '-■^' C c:»yUU. — '" Mss. Uj. — *'' ('. iLoy .
vers une certaine contrée et qu(\ sur ses ordres, ce général fit défiler
son armée devant elle, pendant (ju'elle se tenait dans un belvédère
dominant l'hippodrome. Quand Oàrà, j^armi les soldats, passa devant
elle, charmant ses regards par sa beauté et sa noble prestance, le lait
coula du sein de Khomàï et son cœur lui dit que c'était son lils. Elle
le fit appeler et le questionna sur les circonstances de sa vie. Dàià hii
avant raconté son histoire, elle fit venir le foulon et sa femme ([ui,
interrogés par elle au sujet de Dàrà, confirmèrent le récit de celui-ci
et lui apportèrent le rubis qui s'était trouvé attaché au bras de l'enfant.
Alors elle n'eut plus aucun doute, le jour apparut à ses yeux et elle
dit à Dàrà : <- Mon fils, tu es l'enfant ([ue j'ai eu de Bahnian. Pardonne-
moi ce que j'ai f\it à ton égard et fais-en remonter la cause au décret
de Dieu, car il était décidé en sa ])rescience que tu devais être élevé
par le foulon et sa femme, et non par moi. ■> Dàrà se prosterna devant
elle et accepta sa justification, en disant : «Dieu rend à chacun son
droit et met chaque chose en sa ])lace. « Elle s'approcha de lui et
HISTOIRE DKS IlOIS DKS PKHSKS. 397
'■-■ ,:i./,.iw*v. L^_,iLii w^JC^a-lii. . v-AjiJli Jk-f <J ' wO U j L^-ia-ôJ.' ejwo|^ j j|s_**J I
ICinhrass;! cl piciiia de joie, l'ilr lil (loiiiicr au foulon t'I à sa Icnimc
une «grande soninic d arj^cul elles lil cnlrcr ])arnii les gens de sa suile.
Mlle l'einil à Dàrà les richesses el les trésors de l'empire et, ayanl tait
venir les chels d'armée el les mobedlis, elle leur exposa lidèlement
ee qui s'était ])assé et dit : «Voici Dàrà, fils de Bahman, votre roi
désigné! » Comme le rellet de la majesté divine qui reposait sur Dàrà,
confirmait sa déclaration, les assistants se prosternèrent devant lui,
lui prêtèrent hommage et se soumirent à lui. Cet événement eut lieu
après que Kliomàï eut régné trente ans.
UÈGNE OK nvKÀ, FII.S OK UAHMAN, OL DÀUÀ L'ANCIEN.
Lorsque Kliomàï eut remis le pouvoir à Dàrà, celui-ci s'assit sur le
trône, se ceignit de la couronne et donna audience aux grands et au
|)euple. Il leur adressa un discours dans lequel il rendit grâces à
Dieu de l'avoir élevé au pouvoir et s'engagea à bien gouverner et à
398 IIISTOIHK DKS UOIS DKS PKIISKS.
^lïjj pjr-'î c<^-^ L4a2)sw^_[j ^X^b'-^ <yj>^ ^J- ^^^ <-à^^\j ^\Ji-i^\
v_v^ jJSj ^«i^yv-." JiJ-^-^^ ^l>>J"Vl O^ LiÊv<Sè ,^50j ^La^I ejj-<SJ l»-^
iUx j^jj'^l Jis ^^ JjUI <_>
.illc^cr les impôts ([ui pesaient sur le peii|)le. Les assislanls se pros-
lernèrenl devant lui el riicclamèrenl. Il dirigea avec sagesse les
alFaires de l'Etat, veilla à la bonne administration, soumit les rois et
leur imposa des tributs et des conlribulions. Comme il aimait les
lieu\ bâtis et les inonumenls, il londa, dans la province de Fars, la
ville de Darabdjerd, v étal)lit les prisonniers gix'cs et y lit élever fies
temples du Veu. Il fonda encore d'autres villes et construisit le plus
célèbre édifice. 11 (;st cité proverbialement comme exem|)le |)ai- le
|)oele qui a dit au sujet d'ibn '.\l)bàd :
l^f vi/.ir a construit un palais. Que la félicité (Iciiicur'c clan.s .ses appartements!
•laniais sous le règne de l'Islâin ii-i lr| nioiHiiiirnt n'avait été élevé. Dârâ lui-inênu'
n en a pas construit de pareil.
Dàrà lut le prerrner (pu établit la |)Oste (A^z/vV/j, en allectant à ce
service des chevaux auxquels, comme signe dislinc iil, il lit couper les
queues. D'après ITamza d'Isj)alian, le m(j| Inirid serait un mol arabisé
et dérivé de dliaiiah hoarid « queue coupée ".
HISTOlKK DKS ROIS DKS PKRSES. 399
■1 ^^•_5">Li_5 «_g5s_Lo ^^JiS fij-J^ jf>\^ ''vi ws:i=5\' U':s Jjl ^jU^' S-'-^
^^ ,_y>Jt)i" 4^-^i_^J ^_Q-.' "OU <-/i.-^ JS' «Ojl i5-^ -)' >J^ <.i».^-^ ^
'• La place df ce mol est resli-t' en blanc dans M. ■ Ces mots manquent dans M.
Les chroniques rapportent que Dàrâ l'ancien envaliit le pays de
Roùm, vainquit le roi de ce pavs, Faïlàqoùs Philippe), et conclut
ensuite la paix avec lui, paix aux termes de laquelle ce roi devait
lui envoyer chaque année cent mille œufs dor, contenant chacun
quarante mhhqàl. 11 demanda aussi la fille de Philippe en mariage;
celui-ci la lui donna et Dàrà retourna avec elle dans le Fàrs. H eut
d'une autre femme un lils qu'il chérissait excessivement et à qui,
pour cette raison, il donna son propre nom. C'est lui qui est Dàrà,
fils (le Darà, appelé Dàrà le jeune.
COMMENCEMENTS DE L'HISTOIRE D'ALEXANDRE.
Les Persans prétendent qu'Alexandre était le fils de Dàrà l'ancien.
Dàrà, disent-ils, lorsqu il eut épousé la fille de Philippe, roi de Koùm,
eut commerce avec elle; mais il fut rebuté par son haleine. Il éprouva
de la répugnance pour elle et la renvoya en secret à son père alors
que, enceinte de ses œuvres, elle portait dans son sein Alexandre.
'jOO lilSTOlUK DKS ROIS DKS l>KI\SKS.
^ .'■>'' i J^_i»_>o ;?_JLi3 4_Ai_c J:> ,1 U, |^>>wc; LI.s^ <C\i».li^ <,<i_v-> jj^ <Ooi
v^^':>'^-JL_4<Jl ^ «L_C4_L^ i^l>J: ^iLoL;^-^|j ^iVUt «^v*^ (fr^^l "=CkL«
I'liili])|)f' en fut très mécontent et garda le silence sur la situation de
sa lilie. Celle-ci se traita au moyen d'une herbe appelée Ahskan-
ilaroih et son infirmité disparut, au temps où elle mit au monde un
(Ils cpi'elle appela, en en tirant bon augure, du nom de cette herbe,
nom qui, par abréviation, devint Ahskandar. Philippe le fit passer
pour son propre fils et lui voua une grande affection; car rhorosco|)e
d'Alexandre annonçait qu'il serait le souverain de l'univers, qu'il vain-
crait tous les rois, qu'il assujettirait les plus fiers et qu'il obtiendrait
fies fortunes et la réalisation d'aspirations de toute nature, comme
n'en avait obtenu aucun roi avant lui.
Cependant les historiens sont en grand désaccord en ce qui
concerne la personne d'Alexandre. Les uns disent qu'il est le Dhoû '1-
Qarnaïn dont Dieu a parlé dans son Livre, ce que d'autres contestent.
D'aucuns prétendent qu'il était un ange, d'autres qu'il était prophète.
Mais la plupart s'accordent à l'identifier avec Dhoû 'I-Qarnajn. Dieu
seul connaît la vérité I
• HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 401
4' '.i^^ — «j^_fs: Lià_=k. 41)1 ^^jj *J9w y <.À-v-^^^>ÀJ I <_» ^■Jj.x.a^' jo. U^ 4'
U J,I <.J^—j ^<u. <_<S-' .\U-w'' ->VSC *» C^. «OÙS-O xJ^-iSs-w*^'! JilLo
' M ,j.jj.«vXlajj ^-.iU^^-J . Manque dans (^
Quand Alexandre eut grandi, Philippe lll vcnii- pour lui les sages
et les philoso])hes de la Grèce et, parmi eux, Aristole et Plolémée.
Alexandre s'initia à leur sagesse et puisa à leur science. Aristole, en
particuli(M-, demeura constamment à ses côtés et lui iin nl(|M;i la sa-
gesse comme la colombe donne la becquée à son poussin; il lui en-
seigna la ])liilosoj)hie et le forma pour gouverner le monde. On
rappoile ([lie la mère d'Alexandre, un jour qu'il était entouré des
philosophes, lui dit : > Mon fds, que Dieu te favorise d'un .sort heu-
reux, en raison duquel les hommes de talent se vouent à ton service;
(jnil ne te donne pas un talent, au moyen duquel tu servirais les gens
lortunés! »
Après la mort de Philippe, Alexandre régna à sa place. Il demanda
à la Fortune la réalisation de ses promesses et aspira à accomplir sa
haute destinée.
402 IIISTOIUK DES IIOIS DES l'EUSES.
^,Xj>X*«N)I «^ XÀj^ai^ jJLMs^\ l^^-Jj-^j !_;'•> ^ 1^^^ JJ^
,^_<^J' "^ * as « .^y^J-^ <Ow4«. ikswuXX UCsj'l yA '^— -ijll Uli jd.L« (J^ Cl^'w^i.XI Lli,
oi'i_i> ^^j;:^_a^|j •''n-^JI <-iLi».|^ *U.xJI «LsKt ^j^ sJsSvC-wL >-ss^ ySsXi
KEG.NE DE DAHA, FILS DE DAUA , Oi; DAKA I.E ,IEI NE.
DÀr.À ET ALEXANDHE.
Dàrâ rancien, après avoir régné douze ans, tomba nialadc de la
maladie qui le conduisit aux portes de la mort. Il désigna comme son
successeur son (ils Dârà et le mit en possession de la couronne et i\\\
trône, puis il mourut et Dàrà le jeune prit le pouvoir. Ce roi était
dans les premières ardeurs de la jeunesse, dont on ledoute les écarts
et dont on craint les fautes. Il réunissait en lui les ivresses que le
poète a ainsi énumérées :
tl y ;i cinq sortes d ivresses; l'iiomiiie (|ui en est alliiiil dcvirnl la |)i()ie du sort :
Celles de la richesse et de la jeunesse, l'ivi'esse dr l'amour et celles du \in il du
pouvoir.
Or, Dàrà devint allier et orgueilleux, il versa beaucoup de sang et
terrorisa de toutes manières les innocents; il rehuta ses chefs d'année
■ IIISTOIIU'; DKS UOLS DES PERSKS. '[(VA
el SCS siijrls cl ne (il ;iii(iiii cas des rois. (]cii\-ci se garantissaient
de ses lioslililcs en lui envovanl des tributs et cherchaient à gagner
sa faveur par des cadeaux, à Texception d Alexandre qui ne lui fit
pas parvenir le tribut (jue Philijipe avait eu couluin*- d envoyer et dont
il a été])arlé plus haut. Darà lui expédia un ambassadeur, pour exiger
de lui cet argent et le i-éj)riniander sévèrement en le menaçant, parce
qu'il négligeait et bravait ses ordres. Alexandre répondit à l'ambas-
sadeur : « Dis-lui que la poule qui pondait les œufs d'or est morte. »
Cette parole est devenue proverbe. L'ambassadeur s'en retourna et fit
son rapport à Dàrà qui fut très irrité et, par messages et par lettres,
renouvela ses remontrances et ses menaces contre Alexandre. Il lui
envova une racjuette, une balle et une charge de sésame, pour indi-
quer qu'il le considérait comme un enfant, incapable de gouverner
un rovaume; qu'il était lait pour jouer avec la raquette et la balle
comme les enfants, et que lui, Dàrà, mettrait en campagne contre
lui des troupes aussi nond^reuses que les grains de sésame. Alexandre
'lO'i lllSiOlKK DKS ROIS DKS PKUSKS.
1^ l>U ^^ t X-x)ls 4|«LjOo •' ^^-SJj "^-^'v^ SLâJt 7^-9^. ^«>J| JiN-iwLi
>->^— <3s_w^l ^ Lj» LiJ| ^^Lf ^ ^j^^jj <J<jslA ^_,/a6'j^ Hluti^ <'LjL«
^jiaJO ^« *&liij <-i_^'Xijt ^•,*ir'JO*U LaJI^-Xe ,^50'| ^J "^_ji..gjj ^v'Sà»-
■'• -M Jjt». - ■-■ (Jfs mots iiiaiii|uriil dans C. — ''i IM (iC»jj. — '■''> Man(|iit' (hiiis M.
lira hon augure de cet envoi de Dàrà et dit : « Il vient de me jeter son
rnipiic, ainsi que la raquette jette la balle, celle-ci ayant la forme
fie la terre que je posséderai toul entière. Le sésame est une graine
liuilcusc, son goût n'est ni amer, ni acre; j'en augure (jue je lui en-
Ifnerai les plus agréables et les plus profitables de ses biens. Il écrivit
a Dàrà, en réponse a sa lettre, en un langage provoquant et lui
envoya un sachet de moutarde, pour indiquer que ses troupes, bien
que peu nombreuses, avaient une grande force et une action éner-
gique, ainsi que la moutarde qui est à la fois forte et acre et fait
j)leurer celui qui en mange.
Dàrà, irrité du langage et du procédé d'Alexandre, se prépara à
lui faire la guerre et marcha contre lui avec quatre-vingt mille
hommes. Alexandre, à cette nouvelle, .se mit en campagne avec
douze mille hommes, emmenant avec lui les philosophes et les sages.
D'après certaines traditions, il emmena aussi Khidhr (que le salut
soit sur lui! . Il commença par attaquer le souverain de l'Egypte et
■ HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 405
J,| 4 — ^j—Jj '^— ^ J.' ^j-9 L^ ^^^j\^ ^jj"^ <^\j^^ ^ Jiy<-^\j j-^:'^
^ il vJv./Ovw«,!xJ J^^-«-5 ujLiJ! ia_*i |_Jlc iJLsL U\:> J^U jn-Ss.**.^: Ji ^^r*-^'
^Jk_£6 <_/C_i_3 <_^>jL*^ roJ' i^Jt-b ^iL-^' ^ c_>L^jjJ| JULi IjttJt ^^-ajU-' ^
^ ,_S^-=^ ^ ^^ g > '*^\ ^ij yjj--^ "^jJji <J>_Â_^^ *Uai»^ U VtS>» ^''Mr^
U'i s_-S — »M « — <o :i\ « vJ4v — î Jwol ^j-» S>-A.^^2_) ^^ .\»I>>vAj <O^J,^ ^v.Ljij^
c^^^L^-A.^ J_^L." j>' Jj^j ^"^L^" J.a1£ LiL,^vjv.6^\^' jsl jLjLj
' MSS. |;j*.
s'empara de ses richesses et de ses trésors par lescpicL il .iiii;inenla sa
puissance; ])uis il se dirigea avec son armée vers l'Iraq. Dàrà s'étant
|)orl('' en avant, clahlil son camp au bord de l'Euphrale. Alexandre,
lorstpion lui annonça cpie Dàrà avait avec lui (pialre-vingt mille
hommes, dit : «Le boucher n'est pas ellravé du grand nombre des
moutons. » Celte parole est devenue proverbe. Il s'ex[)rin'.ail habi-
tuellement en sentences qui étaient incomparables pai- leur élégance
et leur concision.
Alexandre, ensuite, se lançant dans le risque et le péril et com-
mettant une fausse démarche que, cependant, sa bonne étoile ht
tourner à son bien, partit avec un petit nombre de ses serviteurs, en
prenant le rôle d un ambassadeur envoyé par Alexandre à Dàrâ, dans
I intention de se rendre compte personnellement de la situation de ce
dernier et d'observer par lui-même son rovaiime, afin d'être tout à fait
bien informé à son sujet. Arrivi^ au camp de Dàrà, il fut reçu suivant
l'usage établi pour les envoyés de son rang. Dàrà l'ayant fait appeler
et lui ayant ordonné de délivrer le message dont il était chargé, il
parla ainsi : « Alexandre te salue et dit que la paix est un bien et la
40G IIISTOIUK DKS llOIS DKS FKUSKS.
guerre une affaire périlleuse; quéjiargner le sang est un gain et se
méfier du sort est de la prudence. Or si le roi veut faire la paix avec
moi, j\ consens de même; mais s'il veut absolument la lutte, je re-
jette sur lui la responsabilité de l'injuste attaque et le combattrai. »
Dàrà dit : " Nous répondrons à ce que tu viens de dire. » Et il lui or-
donna de rentrer dans sa demeure. Ensuite il le fit inviter à sa table
et à son banquet. Alexandre, chaque fois qu'on lui présentait une des
coupes d'or ornées du portrait de Darà, la vidait et, au lieu de la
rendre à féchanson, la mettait dans sa botte ou dans sa manche.
Quand il en tenait ainsi plusieurs, les échansons en avertirent Dàrà qui
lui fit demander pourquoi il gardait ces coupes. Alexandre répondit :
"Telle est notre coutume, à nous autres, ambassadeurs de Roûm,
quand nous buvons chez les rois. » Dàrà se mit à rire et donna Tordre
de les lui laisser. Puis, fun des ambassadeurs (|ui avaient été envoyés
par Dàrà à Alexandre et qui assistait au baïujuet pour lui rendre
respeclueusemoiit hommage, dit secrètement à Dàrà que cet homme
iiisroïKK i)i:s iiois dks pkiisks. ^iot
-^0 * k_A,:3_
<_^! —Lia».! U ,.:i..,i> PS.J J^JJ: j'joLo s^JwC. okJ>s.4...£. InI^ JLsÇ o-^ia:::».!
■' M Ajo-yal. - Ces mois iiiaiii|ii>'iil dans (.. \l ^Jdi'l . M^^. L«.
était Alrxaiidic ni pcrsoiiiic. I^c roi dcmaiula (iiion lui apportât
(lu Ticsor un vrtcmciit de soie sur lecnicl était peint le portrait
d Alexandre, pour l'examiner. Alexandre se leva comme pour aller
lâcher de l'eau, et étant sorti, il s'élança sur un de ses chevaux,
coursier sans rival, et courut précipitamment vers son camp en recom-
mandant à ses compagnons de le suivre. Jusqu'à ce que l'on eût
cherché le vêtement de soie, qu'il eût été trouvé et apporté à Dàrà,
(pie celui-ci eût luni^ucmcnt examiné le portrait d Alexandre et donné
l'ordre de le laire garder, Alexandre avait déjà parcouru deux para-
sanges et les hommes lancés à sa poursuite ne purent le joindre, il
revint dans son canij) sain et saul, ayant atteint son ohjet, et dit à
ses officiers : k Je viens de me rendre compte de la situation de Dàrà
et de son armée, je suis parvenu à le connaître à fond, j'ai appris
d'une manière certaine tout ce qu'il me faut savoir de ce qui le concerne
et j'ai emporté ces coupes ornées de son portrait; j'en augure que je
le vaincrai et lui enlèverai son rovaume et tout ce qu'il possède. "
'108 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
^L: bl^ ^b :iljtj ^^l ]^^\j -^ J^^' l^j^y «cyd'
'• Ces mois inaii(|uciit duiis C. — '-' Manque dans M.
MEURTHE DE DARA, EILS DE DATiA.
L'étal des choses existant entre Dàrà et Alexandre ayant conduit
aux hostilités ouvertes et à la guerre qu'ils avaient projetée en se
mettant en campagne, ils se rencontrèrent, à la tète de leurs troupes,
aux bords de l'Euphrate et se livrèrent une Jiataille acharnée qui dura
une semaine sans que la victoire penchât d'un côté ou de l'autre.
Alexandre, comme on lui conseillait de surprendre l'ennemi par une
attaque de nuit, dit : «L'attaque de nuit est un brigandage et le bri-
gandage ne sied pas aux rois. "
La perte de Darà fut causée par les mauvais sentiments que nour-
rissaient envers lui ses officiers qui le trahissaient en cessant de com-
battre sérieusement. Deux de ses chambellans, des gens de Hamadhàn ,
hrent parvenir à Alexandre un message et s'engagèrent à tuer Dàrâ
sur le champ d(! bataille. Alexandre promit de les combler de biens et
de richesses s'ils exécutaient ce qu'ils proposaient. Lorsque les deux
armées reprirent le combat et que la lutte lui dans toute son ardeur,
HISTOIRE DKS ROIS OKS PKRSES. 409
L Jls^ <'L.:^ ^ Ij^wk—;; ^-^jr^ " ^y^J '*^-^>^^'^^ '^^ <'fXs. ^^« OnjS"
,.^--*^.
priidaiil (juc Dàrà, pl;ice au cciilrc, se Iciiail en t^ardc cou lie rriirn'iiii,
mais non contre ses propres }:fens, la hkhI \inl suiprcndir Ir roi dn
côté où il se croyait en sûreté; il ne se doulail de rien (piand, ino-
pinément, ses den\ cliamhellans de llamadlian le liappèrent de
deux coups de lance; d loiid)a di- son ciicxal. blessé à mort. Des
cris sélevèrenl dn milieu de 1 armée. La confusion était ])armi ses
compagnons; les uns prenaient la fuite, l(>s autres se rendaient en
demandani ([uarlici-.
Alexandre, iniormé de ce qui venait d'arriver à Dàrà, courut avec
quelques hommes de sa suite vers l'endroit où il était tombé, mit pied
à terre devant lui, lui essuya la poussière du visage et posa sa tète sur
son giron. Il versa toutes les larnu's de ses yeux et fut en proie au plus
profond chagrin en le vovant en un tel élat. 11 dit : « 0 le plus noble
et le ]jlus illustre des hommes, ô toi qui es le roi des rois, je suis
désolé de ce cpii xicnl de t'arri\er! Mais, grâce à Dieu, ce n'est pas
moi qui suis cause du coup (jui l'a frappé. Dieu sait les bonnes in-
'lIO IIIsrOlliK DKS ROIS DKS PKllSKS.
*L5^— * — -'L 4 ^. — ^ — Si o^-^n-àjjjj <-vsi^ J-vf^'i..! ,^5^0^ jj^j^y.^)!] ^J<^
)i ^^ J ^1 l^^^S^-JJ y. jLiL_3 ^_,^|, ^^1 ^ . J^^i,
j-x O^^-will 4) jLii—J ^>x g r n B.-s. ^ r'y-^^ '-î^'^^i^' ilwvs» ?t-<uls Jt-à-O
M ^^Us»j. ■' Maii((U(' dans M.
Iciilions ([lie j ;t\ais a Ion sujet; il sait ({ue je me projiosais, si je rem-
])()rlais la victoire, d'agir envers toi avec bonté et de respecter les liens
de notre parenté et aussi ceux que j'ai contractés par le lait d'avoir
|)artagé ton repas. » Dàrà ouvrit les yeux et dit d'une voix faible :
« Mon frère, que ce spectacle soit un enseignement pour toi. Regarde
ce roi de l'univers blessé, couché dans la poussière, abandonné de
ses com])agnons et loin de ceux qui lui sont cliers. Son règne est fini
et sa dernière heure est venue. >< Les larmes d'Alexandre coulaient de
telle sorte que sa barbe en fut inondée et l'air relenlissail des san-
glots et des lamentations des Perses et des Gr(>cs. « Mon Irère, reprit
Dàrà, il ne sert a rien de se désoler-, mais écoute les tlernières \olunlés
de ton frère et fais-moi la grâce d'être son fidèle mandataire. »
Alexandre lui dit : «Commande-moi sans me cacher aucun de tes
désirs; sois certain que j'accomplirai fidèlement l'engagement que je
prends envers toi et que j'exécuterai tes ordres. » Dàrà dit : " Je te
donne en mariage ma fille Roûschanak; témoigne-lui les égards aux-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 411
jLs.5ol tjlc jLjl^I JjJ ^j L^'cAxjj ^_j-j^ j'r^' J^j '^'j-^ fr^li
1 ii ujj LJ^.^ r :••!; l5>.^;o! U \j\^ ^ \S\^xj\ ^„à^\ v-Jt^Jt ^^J_s^2_,
'" MjjA^^^. -' IMiruso suppléée (le Tahiiri, I, J). (i()G. — '■''' C |--iïwl. ' Mss. LjLi»;
quels elle a droit, traite-la avec Ijoiitc coininc Ion ('"pousc et doiinc-
Ini lin lai'fi^o étal. Honore les nolîlcs et les fjrands fie Perse, ne lais
|);is (loniiner les oelils sur les i^rands, ne deirnis pas les leni|)les du
l''eii el \en^('-nioi de cenx (|ni inOnI Inc. ■ \le\andi-e dit : ■ Tes ordres
seront |)onrluelleinenl obéis. >
Onand Dàrà, après avoir régné cjualorze ;ins, enl e\|)ii-é, Alexandre
lil laire ses lunérailles et suivit son corps avec ses cliels d'armée au
lieu de la sépulture. Il donna l'ordre dç pendre au gibet les deux
hommes qui avaient mis une main sacrilège sur Dàrà. On les pendit
el on lança sur eux des llèches et des pierres, de sorte que leur cliaii-
el leurs os toniber-enl en morceaux. Alexandre dit : < Voilà le châti-
ment de ceux qui attentent à la vie des rois! »
lu (;\r i)v\i.i;\AM)iu:. oielqles-lnes de ses paroi.es hemakolables.
Le gouvernement de Dàrà avant pris lin, Alexandre régna sur
rirànschahr en même temps que sur l'Eg^^te et le pays de Roûm.
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IIISrOlllK DKS HOIS DKS PKUSKS.
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\l â^=S^Ul.
Il lui ainsi maître d un vaste empire el les dilTéreiils i-ois lui adi-es-
sèrent, par lettres, leur entière soumission. Lorsqu'il consomma son
mariaf^c a\ec Roûschanak, il fut émerveillé de sa heauté et de sa grâce
et il lut charmé d'elle. Il lui donna la libre disposition du domaine
pii\c cl des biens acquis et l'entoura du plus grand respect. 11 piil
|)ossession des l'ichesses et des trésors de l'empire et parcouru! les
pro\ inces.
\lr\andri' sinspii'ail, dans ses actes, des conseils des sages et des
philosophes el laissait tomber de sa Ijouche de précieuses sentences.
Ainsi, un jour, il dit à un vieillard ayant les cheveux teints : « Si tu
as teint tes cheveux, comment teindras-tu fa vieillesse .3 » Voyant un
homme vicieux ([ui a\ait une belle figure, il dit : «La maison est
belle, mais celui qui l'habile est abomiiud^le. " Voyant une femme
pendue à un arbre, il dit : » Je vcnidrais que tous les arbres portassent
de tels fruits! ■ il dit à l'un de ses chefs d'armée ([u'il envoyait laire
une canqiagne : " Rends a l'ennemi la fuite aisée, en t'abstenant de le
poursuivre quand il est en fléroute el agis comme si chaque homme
IIISTOIRK DES ROIS DES PERSES. 413
Ul <_, "l^'t ^-^"îi' ^. <^'^i-^_^! \'*^' ^;^ J^ ^b^ -L^! <.Juu-
J— a-J' <-> ^AijL J-^Li- ^U' Jv,-â^-..J \' ^:>]p 0^^-«-v' J^
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W M X.ljU-.i)I. ''l MSS. yl^i-O. — i"' -M L«^.
• le loii iiiim-c cl, ni un (•>|)i()ti (|iii l'observerait. » \ ceux (|iii lui n'-
préseiilaienl ([ue .s'il prenait beaucoup de femmes il aurait beaucoup
(le fils, |)ar lesquels .sa mémoire serait perpétuée, il répondit : « Une
mémoire durable s'acrpiiert par des vertus et de louables actions; il
ne sied pas à crini (pu a subjut^uf les lionnnrs d être subjugué par
les lemmes. » Il avait coutume de dire : «La crainte est indisjX'u-
sable à chacun ])Our sa bonne direction; l'boinme relii^ieux craint le
ciialiincnl; I lioninic d'Iionncur, la lionlr; l'homme intellif<;enl craint
les suites de ses actions. " Il dit à l'un de ses chefs d'armée : « Ne mé-
prise point un excellent avis que tu reçois d'un homme méprisable;
car la perle précieuse n'est pas avilie par la bassesse du pêcheur. » Il
avait pour habitude, lorsqu'il allait livrer une bataille qui lui inspirait
des craintes, de boire une certaine quantité de vin pour mettre en
mouvement son sanj; et réchauffer son cœur; puis il disait au
musicien de lui chanter une chanson guerrière. x\près avoir ainsi
conlorté le corps aussi bien que l'esprit, il engageait hardiment
la bataille et pavait de sa personne en combattant avec énergie et
liï'\ mSTOIRK DES ROIS DKS PERSES.
\j,j I^U ^^ '^■'^\ LJlil ^ Jls U|.i s_N_w Jlc ^_^J.^ ill
>'' .Manque dans (1. — '-' (> t^y=w. — •' Man(|iie dans M.
ardeur, sans s'cllraver de ses danj^ers cl sans éprouver la moindre
faiblesse.
(iOliVERNEMENT W \Li:\ ANDRK.
(juand \l('\andre lut assis sur le Irône de Dàra, il dil : " (> est nous
que Dieu a lail triompher et ce cpi il nous a donné n'est pas ce doni
Dàrà nous menaçait. Cependant j'ai exécuté ses dernières volontés,
saul en ce qui concerne les temples du Feu. » Quant à ces temples,
il donna l'ordre de les détruire; il tua les mages qui les desservaient
et brûla les livres de Zardouscht qui étaient écrits avec de lencie
d'or. Il ne laissa debout, dans T'iràq, dans le Fàrs et dans les autres
]irovinces de rirànsclialir, aucun beau monument, aucune solifle
lorleresse, aucun château élevé; il fit raser toutes ces constructions.
Il fonda, en Occident, la ville d'Alexandrie et la ville de .Malatie;
en (Jhine. plusieurs villes, entre autres, lîordj al-llidjàrat ; dans le
liiSTOIRK DKS ROIS DES PERSES. 415
Ljfirwj _^l -«gl .•^. ^ y. ■^ ^Jsi -OV*»-} ^'yl» "O-J^X-jCj .X^Owfv. "O-jOs^ .\Lt«.'>Jil
j^_«__) ^.>.-<2k. s.y'r^ ' '^' <->:>':>>.=». jV.U ^w^la^'I >-^-^ *_^o->^>-<* -^^-*-^y
j^_î^_^v ^iJ' <_5U ;5t-j_;|; ^\ >3-'' J-<s» L^J f -^'-^t^^ |;'-^;r^' ^ AIt^'
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'' ('. «jLs^. m iul=.>. - \1.1II(|UC dans ('.. M Jyy..:*". |^;_j^' ^f^i l^i^^ •
Klioràsàii, il loiid;! Sainaicaiidc cl llt'ial l'I ciiloura Marw ascli-Schà-
liidjàn dun imir d iiiir |)arasan};t' en lonj^iiciir et en lar<j;eur. H fonda
anssi Nasa cl la \illc d'Islahàn, à l'imaj^M" d'iin serpent, cl, dans l'Inde,
Sarandîl). Tahaii et Ihii Kliordàdlibeh rapporicnl (juc, passani en re-
vue son année après avoir vaincu Dàrcà, il Irouva (piellc se conij)()sail ,
dit-on, d'un million cl quatre cent mille hommes : huit cent mille
de ses propres soldats el six cent mille des soldats de Dàrà.
Comme il considérait que rien ne serait pins préjudiciable à
rirànschahr et n'amènerait plus promptemenl sa ruine que de
mettre la division entre les gouverneurs des provinces, de séparer
leurs intérêts et de les opposer les uns aux autres, \lcxandre donna
aux principaux chefs la souveraine possession de leur contrée, afin
d'empêcher qu'ils ne fussent sous la dépendance d'un seul. Il en fit
des rois souverains, tous également indépendants, mais en les assu-
jettissant à lui paver des redevances et du tribut. Ces princes souve-
rains sont les rois régionaux qui, après Alexandre, se partagèrent les
416 IIISTOIRK DKS ROIS DES PKRSKS.
\jL4J pLjL^^U -^If^ ^^\ J i^:^\j^ j^^jS^'i} JS^ J\i)l\ JyL
J,t ^ g « '^ ' ^' J-*-i; ^r^ Jjj-o'^t J-€^ (f^^"^' J SJ;-^!; v_/->^^pi;Jt;,
•'' C ii;:^- — ' -M UL,!,^. — ■■'' C Jij. — !■') Mss. »,y, plus Iws ^y. — W M J^^i.
provinces de llrànschahr el régnèroiil jusqu'à ce que Arclascliîr, fils
de Bâbak, devînt roi de l'Univers.
Alexandre, constamment, parcourait les divers pays, traversait
toutes les régions et soumcltail les ])opulations; il était toujours en
mouvement et ne s'arrêtait jamais dans ses courses, soit vers l'Orient,
soit vers l'Occident, ni dans ses expéditions j)our conquérir toutes les
parties de la terre, amassant les richesses de tous les pays, enfouis-
sant une partie de ces trésors et en faisant passer la ]:)lus grande
partie dans le pays de Roûm qui, pour cette raison, est demeuré
le plus riche de tous, jusqu'à présent.
FAPKDITIO.N D'ALEXANDRE DANS 1,'INDE ET GL ERIU. AVEC I.E ROI EOÙR.
Alexandre envoya à l'^oùr, roi de IIikIc, une and)assa(le et une
lettre, le sommant de reconnaître son autorité et exigeant le tribut
de son royaume. Four refusa de se soumettre et répondit avec hau-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 417
_, U jL^U i^tJt ^ ' ^'^ U ^ «C^'ij <i^' so^y.! <^Uîu't
1^1 MiU^. - '-^t C^j.
leur, |)arlaiit (les lruii|)i'> aii\(Hiillfs il aurait recours et de la puis-
sance et des ressources sur lesquelles il comptait pour se déleiidre.
En conséquence, Alexandre laissa Plolémée comme son lieutenant
dans I lianscliahr et se mit en marche, se dirigeant vers l'Inde tel
(liiuM nuage menaqanl, loiilinuaul toujours à concpiérir les pavs
(|M"il traversait et à ramasser les richesses qui lui tomhaient entre
les mains. Il en lut ainsi jusqu'à ce qu'il arrivât aux Irontières des
Etats (le l'oûr, à (pii il adressa un message avec sommations et me-
naces.
Four marcha à la rencontre d Alexandre avec ses troupes et ses élé-
phants; il ne craignait pas de lui résister et se disposait résolument
a lui livrer bataille et à le combattre. Alexandre établit son camp en
lace de lui et ht creuser un fossé tout autour de son armée. Il n'était
inquiet qu au sujet des ele])hants, au nombre de six cents, dont Four
se prévaliait et auxquels il se fiait. U donna l'ordre de torger des sta-
tues de cuivre et de fer, creuses à l'intérieur, représentant des hommes,
et en fit remplir les cavités avec du naphte et du soufre. Le jour du
418 IIISTOlllK DES ROIS DES PEUSES.
jj—! s_«-^jj ^-i-a-^'l Jj-Jt> ,_jjijj ^>LX\j ^Uit <jj-^ <^\ji\j
^U jjLJl JL^-.L ^0.^6x^1^1 jLk.\'t J;L^3 -U^t ..:^^
^j_(6 J^_^_s^ <_i_ù;Li <J:>Lv3 4)^-6- 4)^-sJ! J5-a>^-^ jJs^vSs^vNl! Jk**^
J — sJ'Li^l L^^L^ ^-^j^^ ■^iJl i.ciJ'-r l-^-l-i ^^I;j <~^l^?t s-sU-it
cninbal, il les fil Iriimcr, sur (les chars, au champ de i)alaillc cl |)lacfr
(Icvaul les rallias, aj)rès avoir assigné aux soldais les positions qu'ils
devaient occuper et les avoir convenablenienl réjjartis à l'aile droite et
à l'aile gauche. Quant à lui, il prit position au centre. Four se mil eu
mouvement avec ses troupes, après avoir caparaçonné et barde de ier
les éléphants; il fit battre les tambours et sonner les trompettes in-
diennes et employa tous les moyens possibles pour terriliei- l'ennemi.
Quand les guerriers se provoquèrent au combat, c[ue la bataille lui
engagée et que les champions lurent aux prises les uns avec les autres,
Alexandre lit mettre le feu aux statues qui s'échaulïèrent et devinrent
incandescentes. Four, de son côté, donna fordre aux conducteurs
des éléphants de laire contre l'armée d'Alexandre, avec tous les élé-
phants à la lois, une charge vigoureuse, elïéctive; il se proposa de
charger lui-même, derrière eux, avec f élite de ses gens. Les éléphants
arrivant à l'assaut et prenant les statues incandescentes pour des
hommes, les frappèrent avec leurs trompes, qui furent grillées. Alors,
torturés par la doideur des bridures, ils tournèient le dos etse mirent
IIISTOIKK DKS ROIS DES PERSES. 419
Jlc ,.y^_>^Sw*v\'' c-^'-.^' J— 5"' ■■ g .'^ ^^^ J^ ^i^^ ^jj!^ e^^wi^s Ij^i^
f^^, ^^^ ^^'ij o-jjr'' c^oL=u^j ^-y^^' ^^^L^^j ^-^_^ _<-?:;
Je ^.jS^ :^;->^' ^^^^j f ^^^1; i?^"!;^ J^ ^^l^ "^r- <~y'y^
^-^ '— ■ y ^ '-' ^^ <-' ^ ^
1') C. l«j^.
a liiir <>l se jetèrent sur lims propres gens. Les soldats d'Alexandre,
selancant à leur snite, iniligerent aux Indiens une sévère défaite et
en firent un grand massacre. Ils ne cessèrent de les assommer que
lorsque la nuit sépara les combattants.
Le lendemain matin. Four reprit le combat, rallia ses truuj)es et
concentra toutes ses forces, et il lui \int des renforts de tous cotes.
La bataille recommença comme auparavant, la mêlée deAÏnt ardente
comme un four allumé, les existences furent emportf'es en pleine lorce
et les tètes sautèrent. La lutte dura pendant vingt jours et lit dis-
paraître les cohortes et les individus. Alexandre étant sur le point
d'être vaincu, envova à Four un messager et lui lit dire : « Si la lutte
continue ainsi, elle nous dévorera tous et il ne nous restera pas une
àme. 11 vaudrait mieux que. épargnant nos troupes, nous combattions
nous-mêmes, moi et toi seuls, au combat singulier: celui de nous deux
qui sera vainqueur aura l'empire de l'autre, la guerre ayant déposé
ses armes et éteint ses feux. .. Four fut enchante de ce message. H es-
53.
HISTOIRE DES UOIS DES PERSES.
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péniil l'emporter sur Alexandre, ou plutôt il se croyait certain de la
victoire, car il était puissamment conformé, d'une stature et d'une
force colossales, tandis que l'extérieur d'Alexandre en était l'opposé.
Ayant donné à leurs armées l'ordre de suspendre le combat, les deux
rois s'abordèrent, s'assaillirent, jouèrent de la lance et luttèrent corps
à corps. Four ayant entendu derrière lui des cris qui l'inquiétaii'nt
et s'elant retourné, Alexandre ])rufila du moment où il regarda en
arrière et lui asséna un coup de sabre sur fépaule, puis un second
et un troisième, de telle sorte ([ue i'^oûr lonilia de son clieval et
expira. Les Indiens, lorscpTils le virent à teire, liircnl exas])érés; ils
furent pris de rage et de fureur et cliargèrent tous ensemble farmée
d'Alexandre. Celui-ci fit proclamer dans leurs rangs : « Pour quelle
cause combattez-vous, votre roi étant mort? Craignez Dieu, ne sacri-
fiez pas vos âmes et ne leur faites pas partager le sort de votre maitre I
Déposez vos armes et vous aurez la vie sauve! » Ils reconnurent (|ue
IIISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 'i2l
' M ^I^Jo«. M Nyl.^^.. M.L.aAll. ' Man.]..- dans C
Jv-âJi
c'clail jii>li' ri (lue lii •■l.iil Ir -aliil. ll> iinifiil ha^ l'> armes et se reu-
(lin'iit cil (IcinaiHlanl (luarlici-, iiiii Inir lui accorde par Alexandre.
Celui-ci lit un l)utin innond^rahle en arf;ent. en eirets el en armes,
prit possession du pa\s de Tour, s'assit sur son Irone et fil exhumer
ses trésors qu'il con(is(|ua. Il investit ensuite du gouvernement du
paxs l'un des parents de Four, en lui imposant redevances et tribut,
re^la l'aduiinislratiou de ses provinces et se prépara an flépnrt.
KXPi.nirioN n'\i.KX\Nni\i-: n\>s i.k pays oks iuîahmans.
Alexandre se dirii^ca ensuite vers !<• |)avs des Bralimans qui étaient
des i^^ens faibles et pauvres, dont les plus notables étaient des hommes
sa"-es et de v ie austère , parlant par de belles maximes. H voulait prendre
exemple à leur manière de vivre et entendre leurs instructions. Il
donna l'ordre à son armée, non seulement de s'abstenir de tout acte
(l'Iioslilité à leur égard, mais même de les traiter avec douceur. Ces
hommes vinrent à sa rencontre nu-pieds el n'ayant pour tout vête-
ment qu'une ceinlure tressée de brins d'herbe; ils firent des vœux pour
'i22 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
Ii1^]5 *U^| L'LLS ^"^t J—*-^ fi—'! ^y:>-i ys. 4,1! Jji ,^5ot_ç ^U^ls
__u:_c '--^>-£; 5-^ LjiUj *î^i LjQ=j yii^ |?u]^i^u ^^
t" M j^^L*-». — '-' C *-^i_jj^l AiUôj. ''' Manque dans ('..
lui cl le c()iri|)limentèreiil. Alcvaiidi-c s'iinrla |)ai-iiii envol vil avec éton-
iic'iiuMil Tc^alc pauvreté de tous et de chacun , et la condition misérable
dans latjuelle vivaient les hommes aussi Lien que les femmes. Il lit
appeler les principaux d'entre eux et les interrogea sur les demeures
de leurs vivants et de leurs morts. Ils lui répondirent dans le sens
de la parole de Dieu dans le Coran : « N'avous-nous pas lait la lerre
pour contenir les vivants et les morts .'^» Ils direnl : «Nous sommes
les fils de la terre; nous sommes créés d'elle, nous \ iclounierons
et nous en sortirons en ressuscitant.» Questionnés sur leur manière
de vivre en général, ils répondirent: «Notre lit csl la terre, notre
couNcrture le ciel et notre nourriture l'herbe des champs el les Iruils
des arbres. » L'un d'eux formula une pensée cpie le poêle a exprimée
ainsi :
D'-barrassi'-toi des choses de ce monde, car c'est loiil iiii (|iii' Ui y es venu.
Alexandre dit : «Vous êtes des gens cpii ne laites [)oinl de mal aux
IIISTOIHK DES ROIS DKS PERSES.
423
I?ljL..^ ^^ fjU J fj_^j ,?UI^' ^. (AiU^ <JU|. ^UJi
^^ ^^ ^.^i U^ -^i Uj o!.- ^j^^ ^^^^ c>l ^^!/' ' i^'-^>--j
^_^^Uj 4n Jx^ c5^J :';rJ>.X-v^ jlij Lftjljjj! ^oUOi^ WV^- J^^
-L^U-ct ^ r*~«^^lî <_.^.li.^. OL^^iU <xi| U c:>l^ 4o«ji U J^aJl
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aulrcs liommcs; (Uissi nK'rilcy.-Nnus dr ii't'lrp point molestes el (le
i-ccexoii- (les laveurs; (lem;m(le/,-m(il ce {[ue \oiis v(jiilez. n Ils iv[K)ii-
(lliviil : .(.Nous le (lemandoiis riiiiiii(irlalit(''. — Commeiil, dil-il,
(•rii\ (loiil la destinée est (le mourir pourraient-ils (Hre immortels?"
Ils repartirent : '< Si tu sais (pie des iMres humains no sont pas immor-
tels, (pu'l est ton olijet en ap|)ortant la f^nerre aux. hommes, en ver-
sant leur sang, en t'emparant de leurs biens, en envahissant leurs de-
meures et en jetant la terreur parnù leurs femmes el leurs enfants?
Que le send)le? Si tu |)Oss(''dais la terre entière avec Ions ses habi-
tants et tout ce (pii est sur elle, ne mourras-lu pas bientôt en la lais-
sant derrière loi, tout en portant la responsabilit('' des actes de vio-
lence qui ont été commis?» .\le\andre répondit: "Vous avez raison.
Mais je suis le serviteur de Dieu et son mandataire; c'est en vertu de
son décret el de sa volonté que j'agis ou que je m'abstiens. Je châtie
ses ennemis et épargne ses amis. On ne peut résister à son comman-
dement et ses décisions sont sans appel. Tous, nous lui appartenons
et à lui s(>ul nous sommes soumis! » Puis il prit congé d'eux et s'en
alla avec ses compagnons.
J'ai appris que Ma'moûn, lorsqu'il entendait citer ces paroles
'i2-'j HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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(1 Alexaiulre, dit : "Anciennement, les rois ])r()fessaient la doctrine
d a])rès laquelle riiomme n'ai,nt que sous l'impulsion de Dieu. "
KAÏI) l/liMMEN ET ALEXANDRE.
Lorsque Alexandre eut vaincu Dàrà et Four, tous les rois le redou-
tèrent et s'empressèrent de le reconnaître comme souverain cl de lui
olTrir leur entière soumission. Ainsi fil également Kaid , l'un des rois
de I Inde. Quand Alexandre lui adressa une lettre le sommant de
payer tribut, il se déclara prêt à lui obéir el dans sa réjjonse il ajouta :
«Je possède quatre choses extiaoïdinaires, merveilles du monde,
comme n'en a aucun autre roi. Je t'en fais hommage et m'en dépouille
en ta faveur; car seul tu en es digne, nid autre que toi ue mérite de
les posséder. J'ai une fille dont le soleil n'a jamais vu fégale, pour la
beauté et la perfection. Elle attire et retient tous les regards et est
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HISTOÏKK DKS ROIS DES PERSES. 425
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l'objet delà plus graiule admiration. J'.ii im nirdfcin (jiii, dans larl de
la médecine, dans la connaissance des maladies et des remèdes et
dans l'art de traiter les aOeclions chroniques, semble inspiré par Dieu.
Tant qu'il demeure auprès de toi, sois assuré de conserver ta santé
et de i,niérir toute indi.sposition accidentelle. J'ai dans ma société un
philosophe à qui Dieu a donné la quintessence de la sagesse. Il voit
derrière un mince voile tout ce qui est caché. Enfin, j'ai une coupe
laite de bois du paradis; lorsque, une fois, elle a été remplie d'eau, elle
donne à boire au\ soldats de toute une armée sans que l'eau s'épuise. »
Alexandre, en recevant la lettre de Kaïd, fut enchanté de ce quelle
annonçait. Il écrivit à Kaïd d'envoyer ces quatre merveilles à sa cour
par les movens les plus rapides, fût-ce sur les ailes des oiseaux et les
nuages de poussière portés par les vents. Kaïd obtempéra à son ordre.
La jeune fille, dont le nom était Kanka, étant arrivée à la cour
d'Alexandre, celui-ci en fut ébloui et charmé, et elle s'empara de son
àme et de son esprit. Il ne put détourner d'elle ses regards et fut
'1-26 HISTOIRE DES KOlS DES PERSES.
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SiL^I Jls Lfi'^oi^. <JLaJL:w Uj Jls <«jiJt JLls -\j:>)l\ j^^\ ^^ 4lLw
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lasciné par ses charmes. H sécria : "Gloire au créateur de cet adnii-
ralîle corps et de ses élonuautes perjections! » U donua l'ordre de la
bien traiter et fit d'elle le régal de .ses yeux et les délices de son àme.
Alexandre lit ensuite appeler le médecin dont le nom était Man-
kat. Celui-ci, à toutes les questions qu'il lui adressa touchant les
principes et les doctrines dérivées de la médecine, ne laissa pas de
réponflre judicieusement et donna sur toutes clioses des explications
.satisfaisantes, péremptoires et complètes, en un langage plein de traits
d'esprit, et épuisa la matière. Alexandre lui deman(hi quelle était la
cause des maladies. " L indigestion, répondit le médecin. — Et
qu'est-ce exactement.^ — - C est de manger et de boire plus que ne
supporte la nature et cjue puis.se absorber la faculté digestive. » Il lui
demanda ensuite quels étaient les meilleurs moyens pour conserver
la santé. « C'est, dit le médecin, de manger, boire et se livrer au com-
merce charnel avec modération. » La même pensée a été exprimée
par Mansoûr al-Faqîh en ces vers :
Sois modéré (puissé-je être ta rançon I) ([uantl tu nianj);('s, (juaiul tu bois et (|uand
tu te livres à l'amour.
Et je te garantis, si tu agis ainsi, ([ue tu te porteras l)ii>n tant (\w lu \i\
ivras
HISTOIRK DKS ROIS DKS PERSKS. 427
_>^jU! .^»JL-aJL5 |£W-ii <jsJv^ jLâJ *^^! Sr^jr*^ o)-^ '^'''-**' ^
^a^^Lil^-^S^ .iUli:j ^nI:^^]^ ^\j jUiJl ..-^^I
^ :>L.^2.jc_5"^'! pi-^ y^w^^l '-^'V-'t/* •^^J-^^I v^^^t w^jjla^
4 5-, X v'viL s K)^ ' «< w — à — ^^ — .' <_^i_lji_*^j^ ^^-V ^r^ls
' MaïKiue dans (.. ^' ^^J ^«4^- " < • >tx3:^Dl ■ ' Maii(|iir dans ('..
' Manque dans (j. ■ \K>. ^^
\lr\;iii(l ic le (iiicsl i(»iiii;i ciisiiitr sur li'> rciiirdcs iiilcriics. Le iiic-
(Icciii ic|)()ii(lil : « Le roinèdc iiili'inc est |)t)iir le corps c(' que le savon
est pour le \èl('nienl; il le uetloie, mais il l'use. - Doune-nioi, dit
Mexandre, pour conserver la santé, une instruction dans une phrase
la plus concise qui se présente à ton esprit, n Le médecin répondit :
« Evite trois choses nuisibles et use de quatre choses prolilables, et tu
n'auras pas besoin de recourir au médecin : évite la poussière, la
puanteur et la fumée; use de pain de froment, de viande d'agneau, de
pâtisseries préparées avec du sucre candi et boisdu via de raisin, tout
en observant la sobriété dans le repas principal du jour. " Alexandre,
charmé de ses])aroles, fattacha à sa personne et lui assigna de larges
émoluments.
(}uanl au pluloso])h(\ dont le nom était Schanlca, Alexandre re-
commanda de l'installer, de le bien traiter et de pourvoira tous ses
besoins; puis il lui envoya un pot rempli de beurre. Schanka enfonça
dans ce beurre mille aiguilles et le lui renvova, scellé de son sceau.
Alexandre donna l'orflrede fondre les aiguilles et d'en faire un lingot
428 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
(" Mv=,J«e. - 2) M Jod»^.
noir qu'il fit rapporter à Schanka. Celui-ci en fit un beau miroir et
le lui renvoya. Alexandre, avant fait plonger le miroir clans l'eau
salée jusqu'à ce qu'il fût rouillé, le fit rapporter à Schanka ([ui le
polit, le rendit brillant et le lui renvoya. Alexandre fut étonné de la
perspicacité du philosophe et de sa faculté de pénétrer sa propre
pensée. 11 le fit appeler, approcher de sa personne et se mit à l'in-
terroger. «Quelle était ma pensée, lui dit-il, en t'envovant le pot
rempli de beurre ? — Tu as voulu dire, répondit le philosophe, que
ton cœur était plein d'intelligence et de sagesse et qu'aucune autre
chose ne pourrait y entrer. — TTest vrai, dit Alexandre, mais (jue
voulais-tu dire parles aiguilles que fu as enfoncées dans le beurre?
— J'ai voulu dire que je possédais de subtiles et belles instructions
f[ni pénétreront dans ton cœur, tout rem])li de sagesse qu'il puisse
être. — C'est juste; mais qu'ai-je voulu indiquer en translormant
les aiguilles en un lingot noir.^ — Tu as voulu dire que ton cœur
s'était endurci et était devenu insensible jîar les crimes nombreux
que tu n'as pas craint de commettre et parle sang que lu as versé.
HISTOIRE Di:S ROIS DES PERSES. /l29
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' M ..-oJUb. - M Xil^IJo. ■' M ovi^. ' MaiK|Ut' dans (..
— Très bien. Et que sip^niliait la transl'onnalùin de ce lingot en un
miroir? — J'ai voulu dire que je n'-ussirai bien à scruter ton cœur,
à le redresser el à le ,<,nierir par le ii'uiede ;i|)|)ro|)iie. — Parlaite-
nienl. El quelle élail ma pensée en renvoxaut le miroir rouillé? —
Tu as voulu dire cjue ton cœur corrompu ne pourrait ])as être
amendé |)ar mes instructions. — En effet, je n'ai pas voulu dire
autre chose. Mais en renvoyant le miroir poli, qu'as-tu voulu expri-
],ier? — J'ai voulu dire que, quand même ton cœur serait rouillé,
je le polirai et en ôterai ce qui le recouvre par mes élégants dis-
cours et par mes paroles ingénieuses. » Alexandre s'écria : « Tu es un
homme merveilleux! Jamais je ne ruinerai un pays qui a produit un
homme tel que toi! » Il lui laissa le choix ou de rester dans sa suite,
ou de retourner dans son pays. Le phi!os()|)he ayant choisi ce der-
nier parti, Alexandre lui ht remettre des cadeaux et une robe d'hon-
neur et le laissa partir.
Le lendemain, après son repas avec ses convives, Alexandre de-
manda la coupe et, l'ayant fait remplir d'eau, il en but ce qu'il fallait
pour étancher sa soif sans que l'eau se trouvât diminuée; il la fit
'430 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
A^^i.^^^ AIj ^ ^^#^ <^^ ^^\j fài" <x.« \j^y^ w «oLj^ Je
0^.0 ^' J 4I lo^ -J «LJ^ ;sJLi[ iilsLjK ^-i- Je ù_^>yjjj iL^"^! J
, fols ' oJ^—i^c (^^vjoij *^5oJ UtjJjj J,t Lû^ij "^t ^Ul ,j^j ^L*4v-J|
^_<jw)' Sv« .^ Jl jJ-UO l-g-Ltô ^i^'Jtii» l.g.^*^iJ> ci^'JLv^ .^' Je Js.^30U ià-;S*-'l
'■'> Ces mots manquant dans (',. — (-' MaJUji«;. MoJvj. ' Maiicjnc dans (',.
''' M 50.
ciiTiiIer ensuite parmi ses convives qui tous burent, et Teim restait
toujours au même niveau. Alexandre, étonné de la M-itu de cette
coupe, dit : " Kaïd a acquitté sa dette; il reste de nous acquitter
envers lui. « Et il donna l'ordre de lui écrire une lettre dans laquelle
il lui adressa des compliments, le confirma dans la possession de
son Etat et lui fit savoir qu'il lui envovait des robes d'honneur.
Alexandre, ensuite, se ravisa au sujet de Kanka. Il dit : «Elle est
une troj) i^rande tentation et une chaîne exti-aordinairement forte;
elle m absorliera entièrement et m'empêchera de poursuivre mon
but qui est de conquérir le monde, de soumettre les rois et de gou-
verner les Etats. Il est honteux pour quelqu'un qui a subjugué les
hommes d'être subjugué par les femmes. Il n'v a qu'une chose à faire,
c'est de la renvoyer à son père, pour qu'il me la garde. " En con-
séquence, il donna Tordre de préparer son équipage et de la faire
partir dune façon convenable. Mais Kanka fut indignée de se voir
renvoyée par lui et l'exaspération et l'extrême chagrin la portèrent à
s'étrangler. C'est ainsi qu'elle ravit à sa lamille cette beauté dont la
pareille n'avait jamais été créée.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 'iIM
4_ft>
- ■■■ * ^L_t-*_5J :> 'L_fi-AjC_^!. <.^'Ax», <.^Lv^^ 4!^-^ >-i f ^"^Ai >_/.A.SJU|
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M xLc aM! ^j ^IxiJI j^axU_jjI -Uill iftjiJl. -' .M;m<|iiedaiisM. ■'' ('.,lju*,l.
(', SiLci. • M^^.— '") Mss. Ji^f. '' M;iii(|iio dans C.
Luc histoire ;iii;il(»mi<', (lit r.mlciii- dr ct'l ouvivif^c, m";i été rap-
porlcc (le Qiiboùs, lils de W ;i.s(|iiiii;im'. On lui ;i\;iit riivoNc (!<' la
Mcdle, comiiie un jjlicnuiiicuc cxtraordinain', un jcuiie jifar(,;()u;
jamais on n'en avait vu daussi graciouv et d'aussi cliarmant, avant
toutes les formes de la hcaulc Et parce que sa figure était si parfai-
tement lielle et que tous les regards et tous les cœurs étaient fascinés
par lui, il portait un voile. Qàboûs, avant jeté un coup d'oeil sur lui,
demeura étonné que le monde offrit une telle merveille. Il donna
des ordres pour qu'il fût gardé à sa disposition et bien traité. Ensuite,
craignant de se passionner pour lui, il dit : « Si je le garde pour moi,
il prendra possession de mon cœur, il tiendra ma raison sous son
charme, il m'asservira et, m'occupant entièrement, me détournera
de mes autres affaires. Si je fabandonne, un autre en jouira et mon
àme le désirera toujours. Le mieux sera de n'avoir plus à m'en occu-
per et d'être tranquille. .. Et il donna l'ordre de le mettre à mort.
432 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
g(>. »>' «i-^^JÛ i^J^-^^J-S ^J« J|fc.^jl| ^»-À>^\^ ,_Jlc ia-s-JUl 'Ovi.xi <3ljs-0 ^iLv^J«
'i^fti |<W\ ^j-o ..i^T^v -^ » ,^_àil-^!OI c:^v-*.X.-wN ^y:i^^a-aj\ Ly^AjLf) c:./>^_svJO*U
P:\PEDITI0.\ D'ALEXANDRE EN OCCIDENT.
IL PÉNÈTRE DANS LES TÉnÈrRES.
Ensuite Alexandre se mit en campagne vers 1 Occidenl, pai' terre
et par mer, car il se proposait de pénétrer dans les Ténèbres et de
chercher l'eau (h:* la vie dans la source de rininiortalité. Sur toute
sa route, selon sa constante habitude, il réduisit les rois et les puis-
sants potentats. Il fit reconnaître son autorité ])ar les rois de Syrie,
du ^emen et des contrées occidentales et leur ini|)osa tributs et re-
devances. Tous, sans exception, se soumirent à sa domination. Il
obligea Qaïdhafa, la reine des Coptes, de lui remettre des richesses
de toutes sortes. Si je voulais entrer dans le détail et rapporter ces
récits tout au long, ils rempliraient des volumes et dépasseraient le
plar) de cet ouvrage, qui n'apovir objet que de donner les principaux
laits et les plus intéressants.
En arrivant à l'endroit où se couche le soleil, Alexandic le trouva,
comme Dieu dit dans le Coran, m (Jescendant dans une lonlaiiu' de
IIISTOIRK DKS ROIS DES PERSES. 'l'SS
Li» c^Lj. là Jl J-^i-.i 'Ji Lg>^ i|\' U <^y-^J ^^J)'-^ 'XLftj^ ^ «-tJ;-*-'
Lj'^_*v. <__>L^' ^j-o «LjU ÎOjI ^ "C^fcy^i. ^^«-fwJ!^ JjUuJl i^JaJiJl ,J_>
■^j^jo L.gj:yi ^j* ^Jo L^.^ Jki^' ^ j>' ^jX-&\j U-
L^jTisl^j ^ 'ib Sis^_i».Ll' ijL^' |j_L«L- ^_^»._4wJ' jjJ J,' L::jl4-iâJ! ^j^
C C 1*1^^, M LaIJ>. — '-' Ces iiKils iii;iii(|iii'iit (liins (1. ■'' Maii<|iio dans (',.
houe noiro". Il le vil (Irscciulir dans ses pertiiis et ses maiisioiis et
s'iiislruisit (le tout ce qu'il désirait savoir à son sujet. Ensuite il pé-
nétra, a\ei' quatre cents de ses compagnons, dans les Ténèbres, du
côté du |)ôleNord, le soleil étant au sud. Ils y marchèrent |)endanl
dix-huit jours, sur des cailloux dont ils ignoraient la nature. Alexandre
Icui (lit : «Prenez-en et sachez que ceux qui en prendront et ceux
qui les laisseront se repentiront également. ^ Quek[ues-uns en mirent
dans les musettes de leurs chevaux; mais la plupart d'entre eux n'en
prirent point. Quant à la source de rimniortalité, Alexandre ne par-
vint pas à réaliser son désir. Ce fut Khidhr (([ue le salut soit sui- lui!)
qui, dit-on, la trouva inopinément devant lui et en but et qui ne la
lit connaître à personne; il était, en eflet, décrété par Dieu quil de-
vait vivre jusqu'au jour de la Résurrection. Quand les compagnons
d'Alexandre lurent sortis des Ténèbres à la lumière du soleil, ils exa-
minèrent les pierres cpi'ils avaient emportées : toutes étaient des
'l3û lllSTOIRK DES ROIS DES PERSES.
Lg_5s_i_>) <— ^-' ;»'^-s2. ^lySxj^ ^\\ J.' j^-i-'ViaJ.' <j ,_<\À5l ,.5^ r^l; r^'
^j !' jJ_*-_i' 3 ^1, J— r <-Sl« ^^jJ' ,j-« <' ^->^\j <^->^ <cLUL
i') Manque dans M. - -' C o**J). — î^' M ^J^. — <*) Manque clans M.
émeraudes. Ainsi que 1 avait dit Alexandre, ceux qui en avaient em-
porté regrettèrent de n'en avoir pas pris une grande quantité; ceux
qui nen avaient pas emporté, regrettèrent d'avoir négligé d'en
prendre. Les émeraudes les plus précieuses que les hommes possèdent
encore de nos jours proviennent, dit-on, de celles-là. Dieu seul con-
naît la vérité. On prétend aussi que le mont Moqattam, en Egvpte,
est la seule montagne du monde où se trouvent des émeraudes.
p:\pfj)ition d'alexandrk k.n orient, ie pénètre dans i.e thibet.
Après a\oir terminé sf)n expédition en Occident et ayant vu ses
merveilles, Alexandre se dirigea vers l'Orient, par terre et pav mer.
Il arriva ainsi au Thibet. Le roi de ce pays se transporta auprès de
lui, fit acte de soumission, lui rendit hommage et lui offrit cent
charges d'or et mille ratl de musc. Alexandre fut étonné de sa richesse
et de sa munificence et le remercia. 11 trouva son ])avs extrêmement
HISTOIRE DES ROIS DES l'ERSES. 435
'J pj LgJ j^' <-i->i,Lil[ ^ 4' y ^f^ U ^.tcj lis?»- <^-^j\ i_>lk;;-w|^
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J i?L^L^ Jlc I^Y^ f-i"^ ^Ij-V j^J^ ,J>LJ' ^^ j^l^jpjjJ' oJji^
^ <wJi l^^j^t. e^LLJ' ..sNoit il ^^1 j 44;o'^i^^L^'^l ^Lkxl
^^^L il J\j^'i\-^'^j <-^^ i'
'''M Jua.. - Miiii(|iir (lall^ C.
•ifjfréahlt' ri \ ()I)S(m\;i de ses piopres veux une p;irti(iil;iiit<' ddiit on
lui avait j)arlé, à savoir ([ue lorsqu'on v arrivait on se trouvait dans
un étal d'hilarité et de fijaieté, saus cause déterminante, qui durait jus-
(|n an dcparl. Le rire, dit-on, n'avait pas épanoui les lèvres d'Alexandre
(l< pnis (pi'il était sorti des Ténèbresjusqu'à ce qu'il vînt dansleTliibet.
Il s"\ abandonna donc un peu au plaisir et à la joie. Il reçut la sou-
mission des rois des Turcs, nomades et sédentaires, qui lui ofi'rirenl
à titre d'Iionimaj^e des produits de leurs pavs et snixircnt leur dispo-
sition natui-elle, qui était d'honorer les grands et de les traiter avec
une extrême maf^^niUcence. Ils s'excusèrent de l'insullisance de ce qu'ils
lui offraient et de cette réception qui ue répondait pas à celle qu'ils
auraient désiré lui faire, parce que les désastres d'Afràsiyab et d'Ar-
djcàsf leur avaient fait perdre le meilleur de ce qu'ils possédaient.
Alexandre accepta leurs excuses et emmena un certain nombre d'entre
eux pour son expédition de la Chine. Puis il nMnova le roi de Thibet
el les autres Turcs, chacun dans son |)avs.
'j.Ui lllSTOIRI-: DKS IIOIS DKS PERSES.
J^ ^.-S-r»-^ ^J^-A>^_v^^[l J,| J^à-i ^via_*i Jw6-i'l ^ ^_<\i2^ ll^ '^^7^1?
Jot_J ,jjs>iji.-*<Aj .vl v-ilUl '-'^U .>! Jls lï /-*^ ^'^ o>"<^ i-^-V* "^-^-'^
\LE\ANDHK PÉnÈTRE EN CHINE.
Lorsque Alexandre entra avec ses troupes en Chine, le l'oi de ce
pays fut saisi de crainte et perdit le sommeil. Il simula d'être ma-
lade et envoya à sa rencontre plusieurs de ses chefs d'armée qui le
reçurent respectueusement et le conduisirent à ses quartiers. Vers
minuit, le chambellan d'Alexandre vint lui annoncer qu'il y avail
un envoyé du roi de Chine à la porte et qu'il demandait audience.
Alexandre avant donné l'ordre de linlroduire, le ciiandx'llan fit en-
trer et avancer cet homme qui se tint debout devant Alexandre,
salua et dit : "Le loi voudrait-il m accorder une audience pailicu-
lière?). Alexandre ordonna aux serviteurs et aux gens de sa suite
(jui étaient présents de se retirer. Le chambellan étant resté, l'autre
dit : I' Le message pour lequel je viens ne peut être entendu que de
toi seul. )i Alexandre le fit fouiller et aucune arme n'ayant été trouvée
sur lui, il hii rlit. aj)rcs avoir posé devant soi un sabre nu : "Main-
lUSTUlUK DKS UUIS DES PKRSES. 437
U. j^^^li't <' jLâj ^j2 j^ j^^-i^r. «ud^ o^^^j' _o.^t J^ j-î?
^_^.^_g- J OiU6vJ-_f» 5^'^-«-^jl ^^-'i^ ^>' ^jJl J)' j'^^ JjiL^ J^i^r «o'
J:\ j^^s^l. ^_^J^ Jrt J.^ ^^.-=1 J^ j^u^ jj'^ ^,y>o- _^6>o
''U; UI >jo. - Mss. ^y^. ' CiL-j i). M ^ Loi-.. ' Mi);-
Iriiaiil liriis-loi I r,iii(| iiillc cl (li^ ce (|iic lu \ru\. ■ \l[ il lit sif^Mic ;ni
cliiiiiihcll.in (le sortir. Je suis, (lit-il. le loi dcdliiue, et non son eri-
voyt'. Je viens pour U- dcnuinrler ce (|ne tu veux. Si ce que tu demandes
peut se Aiire, quand même ce serait la chose la plus didicile, je le
lerai et te dispenserai d'avoir recours aux armes. " Alexandre lui dit :
«Qu'est-ce qui t'a inspiré une telle sécurité vis-à-vis de moi?» Il ré-
pondit : "La certitude que, si tu me tues, ce ne sera pas un motif
pour les habitants de la Chine de te donner leur pavs, et aussi que
ma mort ne les empêchera pas de se donner un autre roi; et (juant a
toi, tu seras réputé comme un homme méchant et dépourvu de
jugement.» Alexandre se lut en baissant les veux; il reconnut en
lui un homme intelligent. Puis il dit : «Ce que je te demande, c'est
le revenu de cinq années de ton royaume. — Veux-tu encore autre
chose? dit le roi de Chine. — \on. — Je consens à te le donner.
— Mais, dit Alexandre, quelle sera alors ta situation? — Je .serai,
dit-il, la victime du premier meurtrier et la proie de la première bête
lauve. ' Alexandre dit : ..Et si je me contente du revenu de trois
fl3S HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
wJ. ^^^ .\»3s_ï ^o-*3 >.>-i_w cL>^i^ cLàJnLi ^iLioO s::^Ot.O ^W jls -.jJLL<«
<— . — ^ S;L_i_JvL .jJ^;^ ci,olO ^^Is Jls pj]^ s_tl'i ^^ ^L^l ^_^^3nJ J^
.y_Aw^a_j' ^pwS-?*> J~-S-»' ^j**-£viJ| i.:^OLiJoj JsjU| ^ ^Li Ll^j ^jj_^ajL
^■—i >1^-Jj ^_à_LjcJ| \^ls^ ,^_5Vji. jJ..>Os^jl| ^_ji^<S?^ ial^s»-!) O^^' ^3"^ *.5*^^^
S-
jl-a41 13^-4 Lo_s Jls 4)1; "^ Jls ^jj^ jj>.jS^'i\ <l jLii ^^Ji\ jj3j
(') Maïuju.- dans M. — W M iUilJI .
années, quelle sera la situation? — Elle sera meilleure et plus aisée.
— Et si je me contente du revenu d'une seule année? — Ce sera
un moyen de salut pour mon Etat, mais me privera de tous les agré-
ments de la vie — Et si je me contente du tiers ? — Alors un sixième
sera pour moi et le reste pour mes serviteurs et les autres besoins
de mon Etat. — Eh bien, dit Alexandre, c'est à cela que je borne
ma demande. » Le roi de Chine le remercia et se retira.
Le lendemain, an lever du soleil, les troupes chinoises se présen-
tèrent en si grand nondiie quelles couvrirent la terre et entourèrent
l'armée d'Ale.vandre qui se croyait sur le point de périr. Les oUiciers
accoururent, se jetant les uns sur les autres; enfin ils montèrent à
cheval et se préparèrent au combat. Alexandre, étant sorti du camp,
se tint au milieu d'eux. A ce moment parut le roi de Chine, la cou-
ronne sur la tête. En apercevant Alexandre, il descendit de cheval et
baisa la terre. — " Tu as usé de perfidie! lui dit Alexandre. — Non,
dit le roi de Chine, je le jure. — Alors quf signifie cette armée? —
IIISTOIUE DES ROIS DES PERSES. 439
f Ul ^I; ^j^ ^^j^ \ ii ^ .A*Lt f J ^J J 0.:.^! Jl Jlè
(.jjL:*. ^j^ ^jJ^-i-^ ,_54_9l »_ji6 s_i» jj.' oiSvi* >jJv>l-C "^LsS-x» >-4j"j! Jkv^^'
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j^^Ui—J 'i' ■ ■" •^" c>'~*»>-' jLâJ vjJwnx ^__^s-^>^ivOo b' uÊ« vjJwOo <J:>v U ?s-(S?"
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*'' .Mss. jJ.xjJiJ »v«U. - M JaaojLJI. -^ Mss. ^^. - ' (. «jo>, M »0v/-
J ai voulu l«' nioiihrr, répondit le roi de (IJiine, que je ue t'ai pas
fait ma soumission par lail)lesse ni parce (pie mes lorces seraient peu
nombreuses. J a\ais vu que le monde supérieur et élliéré te lavorisait
et te faisait triompher de rois plus puissants (pie toi. Quiconcpie
lutte contre le monde supérieur est vaincu. C'est povuxpioi j'ai voulu
nie soumettre à lui en me soumettant à toi et lui obe'ir humblement
en t'obéissant et en obtempf'ranl à tes ordres. » Alexandre lui dit :
D'un homme iel ([ue loi on n'exige rien. Jamais je n'ai \u personne
méritant comme toi d'tMre plus particulièrement (pudilié d homme
sage. Or je le liens rpiille de tout ce que je t'ai demandé et je pars. »
Le roi de Chine réplicpia : « Tu n'y perdras rien alors. » Alexandre
étant retourné à son pavillon, le roi de Chine lui envova mille pièces
d'étoÛé de soie, mille autres de soie peinte et mille de brocart; mille
mann d'argent; des peaux de martre zibeline, de renard de Tartarie,
d'hermine, de petit-gris et de castor, mille de chaque espèce; mille
mith(jàl d'ambre, mille bourses de musc, mille ratl de bois d'aloès.
'liO IIISTOIRF. DES ROIS DKS P F. US ES.
<_iU« "^ ^^_it>.X^ <.ÂU.A...v^ r*^^ ' ^1^5 /^î"** "OU» N_<64_i.» i_^JJij i'Xi
..::>s_)>X^i. ^ .X^ly^i J ^^L5ryJî ^^iA.^ ^ISoi. ^^\j U^^^j^ '-«^'1?
<jjuLja.^\L== e:_>L^|>XjjjU ■> —Lc-LLU Js_h.JLJ| ,^_4.^v^» iiiL-â_*JU (_>UJt
^i_? ^j£ ^ \ h ."i Lê-Xs.^ ^j*JiwJ| îdJa-* iXj Ul (.5^ J^'* ^ jpC 4l)| Jis
'' .Man([iir dans C. — '- M Ajo.Ai!l. ' M Joùiil l't iii:iiK|Uf ^LÀiU .
mille vases dOr el (l'aigenl, cent sabres indiens ornés d or et de
jovaux, cent selles et cent brides chinoises dorées el cent colles de
mailles longues. 11 s'engagea, en outre, à payer un tribut annuel.
Alexandre se mit en roule, emportant tous ces objets, et se dirigea
vers le lever du soleil.
ALKXANDRK ASSUME LA MISSION HE CONSTRUIRE I.A MURAIUUE
DE VÂDJOLDJ ET MÀDJOÙDJ.
Dans cette histoire, il n'y a rien à ajouter à ce que Dieu a (Ht dans
le Coran, dont le récit est le plus vrai, le plus précis et le mieux ex-
posé. Quant à ce que rapporte Sallam l'Interprète , en parlant de la mu-
raille, de la porte et de son portant, de la serrure et de la clef dont les
dents seraient pareilles à des piliers, cela ne mérite aucune créance,
comme étant en désaccord avec ce (pie dit le (^oran. Dieu, dont la
parole impose silence à tonte antre, dil : » . . . et il arii\a an lieu où se
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. hdl
^ ^ J^^ci 0> "^ *^i <LjL=w ^J V Jv-C. *Uk. 'ils ^j ^J-« "C?'^ '3sJt) Jls
M . ,^.
"lève le soleil, Cjiiil lrou\a se levant sur un peuple autpiel nous
'< n'avions donné aucun abri pour se protéj^ei' contre ses ardeurs. Il en
Il était ainsi; et nous connaissions les forces (ju'il possé(l;iil. Puis il
Il suivit un clieniMi jus([u à ce que, quand il arriva entre les deux nion-
M tagnes, il trouvai un peuple qui comprenait à peine ce que Ton
«disait. Ces gens dirent : 0 Dhou 1-Qarnaïn , Yàdjoûdj et Màdjoûdj
Il dévastent le pays; veux-tu que nous te donnions une redevance à
Il condition que tu établisses une barrière entre nous et eux? il ré-
« pondit : La puissance que Dieu m'a donnée vaut mieux. Mais aidez-
« moi vigoureusement el jCtablirai entre vous el eux une digue. (H
«dit:] Apportez-moi du 1er en morceaux, jusqu'à ce qu'il eût com-
« blé l'espace entre les deux parois des montagnes; alors il dit :
Il Souiflez, jusqu'à ce qu'il eût chauffé le fer au rouge; alors il dit :
<i Apportez-moi de l'airain londu, que je le verse sur le fer. Alors
« Y àdjoùdj et Màdjoûdj ne pouvaient pas escalader ce mur, ni le
« percer. Dhoû'l-Qarnaïn dit : Ceci est une grâce de mon Seigneur.
«Mais quand arrivera l'événement que mon Seigneur a annoncé, il
« le réduira en poussière. L'événement que mon Seigneur a annoncé
,'.G
'l'rl IIISrOlHK DES KOI S DES PEKSES.
Lf » <i <.-:».'.w2w ^1. >X.«w'l <L^2iJ ^>_^ ^ <<S»I-^ 'LiiS<J^ ^^i] ^Jk^ ^ i 5.C
^-«-X' ^-J^ ^vpïj ^Jl ^vvi ^^^ lli <->! /î^-^i2-JO Jls^ ^^j^l |i ^_<-iû^
"est indubitable.» Ces versels soiil un exjjosr ])i('(is cl couiplel de
I hisloire de la muraille; ils nOnl pas besoin d'rlre coiiipiélés.
l'Ol \\in()\ ALIA \M)r.l. l'I I' NOMMÉ OlIOl'I.-Q AUNAÏN. QUELQUKS ni'.TAII.S
sip, SON i:\Ti':uii:un, son (;aka(;tki;k kt ses faits kt cestes.
Les historiens sont en désaccord au sujet du nom de l)h()ûl-()ar-
naïn par lequel Alexandre est désiî^né. Les uns prétendent que dans
un songe il avait cru tenir entre ses mains les deux disques du soleil,
c[ue ce songe lui lut iiilcrj^rélé comme annonçanl sa doniination sur
Ions les pays qui ctaienl sous le soleil el cpie c'est ]iour celle raison
(piil fut nommé DhoiVl-Qarnaïn. IVautres disent (pi'il lui ainsi ap-
pelé lorsqu'il eut réuni en sa main la région de Roûm et la région de
Fàrs. D'après d'autres, au contraire, il aurait eu sur la léte deux
petites cornes qui étaient les signes distinctils de sa royauté et qui
le caractérisaient spécialement, de même qu'il était spécialement
caractérisé par sa domination sur- ioul l'univers. Dieu seul connaît
la vérité.
HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES. 'l'i:^
^ L-s-cU '''l-*— Ji ^J I^XjfiK *l9j)V-i' <-vs«-' ^âaL^ o>^J J~ii^ >J f*'*^^>-Vj
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' M jjjyfVAj. \l;iii<|iic (hiiis („ — l'i M kiL»ji)I . ' ('. wv~~J ■ Mnii(|iii'
(l;iiis ('..
Les liistorieiis lapportenl iju Ak'xaiulre clail de pclile slatiirr.
mince de taille, ayant les ven\ de roideurs dillérentes, c'est-à-diro un
(jeil noir, l'autre bleu, ce qui est considéiV-, dans riiomme, comme
d'heureux auyiire et comme un signe défavorable dans le cheval. Il
tenait habituellemeni l'd'il bleu fermé. Il s'abstenait du commerce des
lemmes, recherchait la compagnie des savants, tenait en grand hon-
neur la philosophie et les philosoplies, profitait des leçons de son
précepteur Aristote, agissait d'après ses principes et suivait ses
exemples. Comme on lui demandait pourquoi il honorait son précep-
teur plus que son propre père, il répondit : «Parce que mon père
n'est que l'auteur de ma vie périssable, tandis que mon précepteur
est l'auteur de ma \ie éternelle.» Aristote était un des plus grands
parmi les philosophes. Il professait l'unité de Dieu et la création du
monde du néant, crovait à la résurrection et admettait le dogme de
la récompense et du châtiment. C'est rians ses traces que marchait
Alexandre, c'est sur lui qu'il prenait modèle et c est son svstème
de conduite qu'il pratiquait. Il n'usait pas de contrainte pour amener
'l'i'i III.MOmr. DKS KOIS DKS l'KHSKS.
*L_i^'' Jlc îj^>^_^ ^^"-^j |?LjKUxi^U f'^j\j f^-^j i_j.^\ J^ o*-'-^'
■=( -h 8 .'\ ^-tfijwl' IjLli LcLLo LcL^ Ljish. (')'^U^ o)'~^ f^^^ ^ '>-*^
^■Jl-c' J^J^^'l ^L^ JL_^\' ^ o^wcL^l Jlc 'wsiiJw^ <./vsiJl V^U^
les hommes à la religion, mais les laissait libres avec louis o])iiuons
et les crovances qu'ils avaient choisies. 11 était sévère à l'égard des
gens puissants, bienveillant pour les faibles et aimait faire de belles
actions. Après avoii" détruit dans l Irànschahr les forteresses et les
autres édifices, parce ([u il \oulait satisfaire son désir, il fonda les
villes mentionnées ci-dessus, réparant ce qu'il avait brisé et raccom-
modant ce qu'il avait mis en pièces. Et il restaura ])lus (pi'il n'avait
détruit, et ses constructions étaient supérieures à celles ([u il avait
démolies. 11 parcourait constamment le monde, recueillant et ne
donnant jamais rien, amassant l'or, l'argent et les joyaux de grand*
\aleur, désirant surtout posséder des métaux précieux. L'avarice pré-
dominait en lui sur la générosité et il préférait l'économie à la pro-
fligalité. 11 n'y a pas, dit-on, chez les gens de lioûm de mot pour
la générosité, de même que chez les Turcs il n'y a pas de mot
pour la lovauté. Selon Ibn-Khordàdbbeh, Alexandie lut le premier
qui fit préparer le sairûi de froment, d'orge et d'amandes, (piil
IIISTOIUK DKS ROIS DES PERSKS. 'l'if)
C^ ^1 "Us ^ LLLsL ^J ^^y^ ^\ Jy <^^j j-*-^\ ^r?;r^ cT
LÎêj^j-w |.^.^ ^jUyiJI li <*^L» ajL>»X* <;i>-s? (jfrjy^l s^ y*^ «^5
' Mss. JuLdi.
maii<^eait avec du sucre caiuli. I^a viande qu'il préférait à toute autre
était la chair du coq de bruyère, et son dessert de prédilection était
la pomme et la canne à sucre.
QlKf.QI KS COMPARAISONS QUK LES POETES OM" Tri'.ÉES
DES FAITS ET (iESTES D'ALEXANUHE.
nVnlre les plus élé<>anls et les plus heau.v vers sont ceux d'AboiVI-
llasan Ibn Tabàtabà, dans une satire sur Aboù 'Ali al-liostami al-
Isfahànî, composée alors que celui-ci, pour ajouter le terrain à son
palais, fit démolir un côté de l'enceinte de la ville d'isfahàn, appelée
Djaïv :
Certes Djiiiy brille par la justice de son gouverneur; mais ce bâtard fait pâlir
son éclat.
Tandis que Dlioù'l-Qarnaïn a construit une ville, ce cornard s'est mis à en dé-
molir l'enceinte.
'l'Kî IIISTOIRK DES ROIS DES PERSES.
' u^j-j» j* ^l ij-i-' j^' ti? i>" Sy- cr^
<_^i-;-' ^^^^..^a-v" ^iJ-SvJ ^. j,-é-»«Ji^! Jls Jcpx^.j^ ySv j^l ^js.iot.
(1) M ,^. — (^) C JH. — W Manque dans M.
Du même poète sur le même personnage :
O loi qui démolis un mur, démolition qxii est un acte de pure folie,
Sache que ce n'est qu'un cornard qui puisse détruire le mur de Dhoù'l ();irn;iiii:
Ahoû Bekr al-Klnvàrizniî m'a récité ces vers composés par AJ)où i-
Hosaïn Ibn Lankak al-Basrî :
Elle y fui, la jeunesse où tu fus heureux, jouis-^ant à toute heure de tous les
plaisirs.
Tu ne pourrais la rattraper, quand môme tu courrais après elle comme cornait
Dhoù'l-Qarnaïn dans les ïénébres.
\ ers fl" AboiVl- l'aÏN il) al-Motanabl)! :
11 me semble que c'est moi qui ai étendu la terre, tant je la connais bien; il me
semble que c'est parce que je l'ai voulu qu'Alexandre a construit la muraille de
^àdjoùdj et iMàdjoùdj).
Aboû'l-Fadhl al-Hamadhànî, la merveille flu siècle, ma récite les
IIISTOIKK DKS KOlS DKS l'KUSKS. Mil
y_«v_Ji xi > Lj_LJ| JÎ>iL* Jvï * »>JJI p'
vers suivants composés j)ar lui et tirés d'un poème sur l'illustie sullaii ,
le roi (le lOiieiit, \l)OÙ"l-Qàsim Malimoùd ihn Nàsir al-Din (cjue Dieu
sanclilie son es])rit! :
(iriiiul Diiii, (|iicl!(' inerveilli' 1 Que Dieu fasse grandir ma foi !
Esl-ce Alrullioùn couronné ou le second Alexandre?
(^u la Rriiunttion nous a-l-elle rendu Salonion?
Le soleil do Mahmoud regarde de haut les éloiles de Sàmàn.
Kt la (Kiiastie (le Bahi'àm est assujettie au fds du khà(|àn.
FIN DL RÈGNE D'ALKXANDRK.
Lorsque l'œuvre d Alexandre fut achevée, cju'il lut maître de l'uni-
vers entier, qu'il eut subjujj^ué tous les souverains, dressé les tableaux
d'administration, amassé des trésors, institué des rois, fondé des villes
et construit des forteresses; que Dieu lui eut tout accordé, excepté
Vis iiisioiul: dks uois dks i>i:iisivs.
<— i—Lc ti:-''^-^ Js-X.^u<j >-i-*^' 1<SJ->J' J>*-^ U**"'*?^ -^^-^^ iJ'jT*^' >J>' '"•frr^^V^
1 « oil^v-s*. l g T <i "^-^^-JO i . ^*LâJoI Lg-O "O^ .v-*J f
< — ...-LJj -i^^-r^J ^-€^ iJ;— "— '1 1-^ "^-^^^^ ,?^-f^ l-^i-' ^iW-C ^^^L^ Jki^vsi
^.^J-C -g {^ ~w I » »v^_g_»2 (^vlwii v_A^i, [ULXj "OJ.^. "O'y^ j^_4^» j^_o_)t./viiJ»
.•t ainsi i)lus i)as. .'■) M J[ij. (-) (;^^.»js?.
une loiif^ue vie et la (lécouvcrtc de la source de I iimnorlalilc, et
lorsque, après avoir traversé le Djaïhoùii, se (liri^eaiil veis l"lrà(|, il
arriva à Ooûmis, le nionrle paraissant marciier avec lui, alors la For-
lune vint lui redemander ce qu'elle lui avait donné et lui arracher les
atours dont elle ra\ail paré. Il y lond)a malade de la grave maladie
dans lacpielle ses médecins ne lui lurent d'aucun secours, dont ses
sages ne l'aidèrent pas à triompher et pour laquelle ses armées et ses
richesses lui furent inutiles. Il poursuivit sa marche, ayant poui-
compagnon la langueur, la douleur étant son hôte, la crainte son
fidèle camarade et la mélancolie son ami familier.
Plolémée, sur l'orflre d'Alexandre, ayant tiré son horoscope et oh-
servé son étoile, lui dit : « Tu es horsde dangerjuscpi'à ce (pie lu voies
au-dessous de toi un sol de 1er et au-dessus de toi une voûlt! d'or;
c'est alors qu'il faudra craindre pour toi. " Lorscjue Alexandre eut
entendu ces ])aroles, son espoir se releva, tandis (pie son âme languis-
sait; sa tristesse diminua, tandis que sa maladie s'aggra\ait. Quand il
arriva près de Schahrzoùr, il était accablé à la lois par la fatigue de sou
IllSTOlKE DES KOlS DES PERSES. 449
ç^Op^"^! jIjJI J,| <Â.jX}\ J sJ-.,.M ,._,.^^ij; Uj^' ùS^ JjJl^^ ^^.^^^
4_*.^iJ ^JUl j^y^ =^' O")-^ OsJ. ^o«J ^J^ ^wX_*^ <jijj_*v J*V^1 rJ'^
^ji_xi Jv_^« C4— ' s_^^-£6:> ^_j-wC_> «O^ I J~-i-^ ^j»»_fvxJ| Jïj ^U|^ "^-i-^
■,s,^^^_^
M jJOàj.
voyage Icrrcslif cl j)ai- celle du voxaj^e ([u il allail lairo vers laiilic
monde, (loin me il désirait laii-e halle nii nionieiil jjonr se reposer
de la fatif^ue de la niarclie, on mil par terre une cuirass(! sur ia-
(pndle il se jeta et, comme l'ardeur du soleil l'incommodait, on
lui (loiHia de l'omhre au moyen d'un bouclier d'or. Lorsqu'il se fut
lin peu repose, il \ it au-dessus de lui une voûte d'or et au-dessous
de lui une couche de fer. Alors il n'eut plus d'espoir et sut f[ue sa
dernière heure était venue. Il se lrans])orta à Schahrzoùr el adressa
une lellre à sa mère pour la consoler et lui recommander la résigna-
lion et de com|)ler sur la récompense de Dieu. H écrivit dans le même
sens à Roùschanak et leur Ht connaître, à l'une et à l'autre, ainsi cpi'à
ses lieutenants l't à ses compagnons, ses dernières volontés; puis il
expira. H mourut après un règne de ([uatorze ans, à l'âge de trente-
huit ans. La terre par des cris et le ciel par des gémissements annon-
cèrent sa mort. Son corps ayant été placé dans un cercueil d'or fut
promptement porté à Alexandrie. Et parce qu'on le considérait comme
trop grand pour être enterré, on le déposa sur un terrain élevé. Le
'i50 mSTOlUK i)i:s uois dks persks.
J^li» 's_<s-wl ^>— ^^t <p~w! ^.-v^l ijLjLJ < 8À< ïws«J|j tjj^LxJl ^^«Ic o^
j'wH_5 4 r .8_.wO ^^i-j J-T?^' ^^^ c)A"^' f"^"-^' ^ '^^^-^ -^:y^'
inoiulr lui ébranle par les sani^lols, et les i^loires el les vertus, telles
(jue des pleureuses, se lamentèrent pour lui.
U'HOKISMF.S PnOrSONCÉS PAU LES PHILOSOPHES, LES SAVANTS
ET PAR D'AUTRES AUPRES DE SON CERCUEIL.
Lorsqu un grand nombre de pbilosophes et beaucou^j de savants
de Babvlone furent réunis, au milieu de la foule assemblée, autour
du cercueil d'Alexandre, Arislote leur dit : «Allons, soulageons nos
poitrines par des sentences subtiles et des a])liorismes c[ui soient des
leçons pour les grands et des avertissements [)our le peuple ! » Et
s'avançant lui-même, il posa la main sur le cercueil et, sulTocpié par
les larmes, il dit : « Celui qui a réduit en captivité les autres est de-
venu captif; celui qui a mis à mort les rois est mort. » — Platon
s'avança ensuite, tandis que les gémissements et les sanglots reten-
tissaient, et dit : « Alexanrlre nous remue par son repos. » — ■ Ptolé-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 451
' Miiii(|iif dan» \l. — - \l »yoi. (^ «,»^.-j. M ^•-»j^ô- ' ^' asjJ .
.Maru|iu- dans (^. — '■''' M L«j.làcjl. " (1 ^y^.
niée s'étant avancé ensuite dil : " Voyez comme le songe de celui (|iii
dormait s'est évanoui et comme l'umbre des nuages a disparu. » —
Diogène s'étant avancé ensuite, dit : " Alexauflri' ([ui ne cessait
d enfouir l'or, le voilà miiinlenant cnloiii dans loi'. ■ — Dorothéos
sétant ensuite avancé, dil : c Que les hommes sont avides fde la ma-
tière) de ce cercueil et qu'ils ont de la répugnance à y être déposés ! »
— Balînàs s'étant avancé ensuite dit : « Pourquoi ne peux-tu soulever
aucun de tes membres, toi qui étais à même de porter seul la charge
du gouvernement des hommes et des pays?» — Toubîqà (?) s'étant
avancé ensuite dit : " Tu ne flevais pas tant faire le superbe liier,
plongé comme tu es, au jounlhiii , dans cette profonde humilité!»
— Démocrates sétant avance ensuite dit : « Pourquoi ne cherches-tu
pas à quitter cette demeure étroite, toi pour qui le vaste monde
n'était pas assez vaste?» — Socrate s'étant avancé ensuite dit : '< Hier
tu étais très éloquent, mais aujourd'hui tu donnes des enseignements
plus édifiants. » — Philagrios J^?) s'étant avancé ensuite dit : « Ce lion
'l52 lllS rOll^K DKS ROIS DKS PKKSKS.
^:,,jJ:> u jLii s^i jJvJiJ^ ^^^^jII Ji\jjt)\ ^j-« ^sJC-t«J ,__jkS^ v^^ Uj^I
C JLiii!. - l-' M.ss. ijuij.
(lui cliassiiit des iions, est niaiiilenaiil lonihc dans le lilel. » — Un antre
s'étant avancé dit : >< (lliacnn récolte ce qu'il sème, récolte maintenant
ce que tu as semé ! » — ■ Un autre s'étant avancé dit : " L'ornement
d'or convient mieux aux vivants qu'aux morts. » — Un autre s'étant
avancé dit : «Tu es délivré et te reposes des labeurs de ce monde,
vois maintenant comment tu seras tlélivré des terreurs de l'autre. "
— Un autre s'étant avancé dit : «Tu aurais bien pu te dis])enser de
tuer tant d'hommes, ta mort survenant sipromptement! » — Un autre
s'étant avancé dit : «Nous ne pouvions parler en ta présence, main-
tenant nous ne pouvons nous taire. » — Un autre s'étant avancé dit :
«Combien il était (bificile d'atteindre ce que tu poursuivais avec ar-
deur et comme il était facile d'abandonner ce (|ue tu viens de quitter
maintenant! » — Un autre s'étant avancé dit : « Après iivoir, de ton
vivant, si longtemps fait pleurer les hommes, tu les lais pleurer à ta
mort. i> — Un autre s'étant avancé tUt : « Tu n'étais pas aussi patient
dans la baignoire que tu l'es à présent dans le cercueil. » — Un autre
s'étant avancé, dit : « Tu es entré dans les Ténèbres à la recherche de
IIISTOIKE DES ROIS DES PERSES. 45;i
J«^ jLiJ si».T ^is-iJj <S->J;p^ -:^-i-4; ^^ ^^jJj ^' ^4-£ ^v"^' J-à-*
>_^i ^■^^hJ, v'wiJ' :>«U' '>^ i-^ '.JsLi' J'wii ,^' ^J^-âJ, « '- j-vi'
la luinicre de la vie, i|j^iioranl que lu allais à robscurifé du cercueil. »
— Un autre s'élanl a\aucé dit : ^ Tu avais uu endroit ])Our passer la
nui! el mi aiilrr |)()ur faire la sieste; pourquoi te contentes-tu a ]) re-
sent, pour la nuit et la sieste, d'un seul endroit? » — lu autre s'etant
avance dit : « (Kianfl tu pouvais agir, nous ne ])ouvions parler;
uiainttnaiit que nous pouvons parler, tu ne peux agir. " — Un autre
s'étant avancé dit : « Le vent a déraciné l'arbre majestueux; le pâtre
est parti et le troupeau est abandonné. » — Un autre s'étant avancé
dit : «Suivez un autre roi, car le vôtre que voici est parti pour un
voyage dont on nr revient pas. » — Un autre s étant avancé dit :
'< A présent je .sais que tu étais né pour la mort et créé pf)ur la des-
truction. » — Un autre s'étant avancé dit : " Tu as parcouru la terre
en sa longueur et en sa largeur de telle sorte c[ue tu l'as possédée tout
entière, et tu as fini par en avoir l'espace de quatre coudées. » — Un
autre s'étant avancé dit : " Vovez cette fière montag'ne comme elle
/l5'l IHSTOFRK DES UOIS DKS PERSKS.
.\ill iJJL^L^ c:,'—**»—»' J^-?» ^_aJw^1 Jou» k-iLvSJj i^^^i^'. <^y^\\ >^L^jJ^ ^
.^-jl_fl_xi ^.k_(6 JwJLJ .>jLisi jJ^JLjj < ^' <Joi_^ U ^jI .LuJO -1\J|^j|
s'est écroulée, ce plein océan comme il a tari, cette nouvelle lune
brillante comme elle est tombée! » — La mère d'Alexandre s'étant
avancée, dit : « 0 mon fds, j'espérais te revoir, alors qu'il y avait entre
moi et toi la dislance de l'Orient à l'Occident; maintenant je n'espère
plus te voir, et cependant tu es plus près de moi que mon ombre! "
— Roûschanak s'étant avancée, dit: «Je ne croyais pas que celui
qui a vaincu mon père serait vaincu. » — L'intendant des finances
s'étant avancé, dit : «Tu m'ordonnais d'amasser des richesses;
reçois maintenant ce que j'ai amassé pour toi. » — Le trésorier s'étant
avancé, dit : «Voici les clefs de tes trésors; ordonne qu'on les
prenne d'entre mes mains, avant que l'on ne me demande compte de
ce que je n'ai pas reçu de toi. » — Le chef de la cuisine s'étant
avancé, dit : «Les coussins sont jetés, les oreillers sont posés, les
tables sont dressées, mais je ne vois pas le maître qui préside le
banquet! »
L'auteur dit : .l'ai remarqué qu'Aboû'l-'Atàliiya, dans ses élégies et
dans ses poésies spirituelles, exprime assez souvent les pensées de ces
IIISTUIUE DES ROIS DES PERSES. -'i55
La-J-j -^ S.XJLJ J^ ,.^^Us iS—^ t)'— ^ c>— iLJ; |J_) ^^«-« L)
• vJy T' -y '-Si ' ..y -^
Ll^ JkL* LaS^I i^^l cluli cjl \-i s. J >^Ia:^ i ^^)
apliorismes. Tels ses vers (|iii reproduiM'iil l;i sciitciMi- de Philoii.
" Alexandre nous remur* jKir son rrj)os " :
() Ali ibii riiàhit. un ;iiiii m'a (|iiilti''; ^raiid fut li- ipgnl, le jniii- m'i lu o piutil
Par ma foi, je lo jure, tu m'a> fait coiinaitiT k-s angoisses di- la mori ; tu mas
poussé vers elles, tandis que tu es dans ton repos.
El ces vers qui feproduisent la sentence d'un autre [)liiloso|)lu' :
"Hier Aiexandi-e elait Ifès «Moquent, mais aujourd'hui il donne des
enseigneinciils plus <'dillanlsi> :
.le lai appelé, ù mon cher frère, et lu ne m'as pas répondu; la réponse qur mon
appel m'a rapporté, ce fut la douleur.
C'était assez de la douleur de l'avoir enterré, puis «lavoir si'coué <le mes mains
la terre de ta tombe.
De ton vivant, je recevais tes avertissements salutaires; mais aujouidimi lu
donnes des enseignements plus édifiants cjue pendant ta vie!
Et ce vers qui reproduit la sentence d'un autre pliiiosophe : « A pré-
sent je sais que tu étais né pour la mort et que tu avais été créé pour
la destruction » :
Engendrez pour la mort et créez pour la destruction I (liiacun de vous, cependant ,
devra dispaialtre.
/j51) histoire des ROIS DES PERSES.
j^^v ^>L3j f '^-^-vj fjr^b i^jHVj f^J^J (^"^-^-ç <J^ s_>L^2Jo| j |tu.J|
Jv^j 4— LLa g ji JL^j ^^\^-<^\j J--.^' ^jjJ\ ^^j J^j ^j\s
LES HOIS HÉ(;iO\Ar\ M'I'iKS AI.KXANDIiK.
Lorsqu Alexandre fut mort, les États fie riràiischahr et des autres
contrées étaient gouvernés suivant ses intentions et conformément à
ce quil avait établi, à savoir que chacun des rois exerçait le ])ouvoir
sur une portion du rovaume et que l'ancien usage d'après lequel il \
avait un souverain leur donnant leur investiture, soit de rois feuda-
taires, soit de gouverneurs, et avant le droit de les déposer, de leur
commander et de leur délendre certains actes, était aboli. U y avait,
dans la région comprise entre le pays des Turcs et le Yemen, l'Egypte
et la Syrie, plus de soixante-dix rois, qui usurpaient ainsi les
royaumes à titre héréditaire. Les Aschkaniens possédaient Tlràq, les
provinces de Fàrs et le Djebàl; les Grecs, Mossoul et le Sawâd; les
Hevàtelites, Balkh et le Tokhàristàn; les Tarkiioûn turcs, le Khoràsân.
Les autres qui se partageaient le reste des provinces, étaient com-
plètement indépendants; ils respectaient et iionoraient seulement les
Aschkaniens et, dans leurs missives, ils plaçaient leurs noms au-
IIISTOIUK l)i:S MOIS DES l'ERSES. 'i57
^' :>>—*-£ JLjLjj iLs-tt-^s^ ^. ^Ji;^! J. ^. ^LSv-Ail jJj ^ J^ J'>-'i-Jj
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^ Jç>_>.-jaJI >— ^-i Ixi .V— (S'» — "■ >-<i.-£ w^oO .''. JLSJ jJJlLI iO^.» ^ <_ttJ^=k.
dessus (le leurs proj)res noms; et cela, (laijord, eu cousidéralioii de
la noble ori<,due des Asclikanieus,qui descendaient de la race royale,
et, en second lieu, parce (jue le siège de leur gouvernement se trou-
\ ail au cciilrc de la Icrrc.
Asclikau, dil-ou , élail un descendant de Dàrà l'ancien. Certains, au
coniraire, prétendent cpi'il descendait d'Aschkàn, (ils de Kaï Ariscli,
lils de Kaï Oohadli. D'au Ires lui (lonnciil une au Ire origine. Mais seule
la lllialion des Asclikaniens est incertaine; on ne conteste pas leur
descendance de l'ancienne dynastie royale. Dieu seul connaîtla vérité!
Et comme pour leur généalogie, on n'est pas non plus d'accord sur
leurs noms, sur l'ordre dans lequel ils se succédaient et sur la durée
de leurs règnes. Tabarî, dans une de ses versions, rapporte cjue le
])remier roi de cette dynastie fut Aschk, (ils d'Aschkàn, qui régna
vingl el un ans. l/aulcur du Schdh-nàmcli est d'accord avec lui dans
celte NCision, saui pour la durée du règne qu'il dit avoir été de dix
'458 MiSTOIUK DKS IU)1S DES PEKSKS.
(a_^^_(ul. fjU--^' J L^J^-j^j ,j?Jl kjbiJl '.' i^X^ ^J^ lp>' bu ils
J ^. L' ^ .n'^ ^-^'' ^r-'' -—g-'» ■' '^-iJ'— £^ ioJC^t, «OoLi ^.>^=^-*r'
;ins. D après une autre version menlioiinée par Tahari, le preinu-r roi
lui A([r<)ùrschàh ( Afqoùrscliàhj, qui aurait légué peudauf soixaute-
(leu\ ans. (]'est ce que rapporte également Ihu Khordàdliheli qui
donne un récit plus circonstancié. Or le récit appartient à celui qui
rapporte beaucoup de détails. Quant a moi, je ne prends pas la
responsabilité des contradictions que jai trouvées dans l'histoire rie
ces rois, dans leurs noms et dans la durée de leurs règnes, et consi-
gnerai les principaux laits que je considère comme certains.
AQFOURSHÂII I.'ASCHKANIEN.
Ce prince était souxerain de Maflâïn et de la majeuic partie de
T'iràq et du l'àrs. Les dillerenls princes, dans les lettres (piils lui
adressaient, le qualifiaient de Hoi et lui olïraient des présents pour
en recevoir eux-mêmes, non à titre de tribut. Ayant découvert l'en-
droit où était caché le drapeau des Kaianides, il l'en ht sortir el le
conserva avec soin. 11 vainquit le prince grec qui, établi par \lexandre.
gouvernait Mossoul et le Saxvàd et le chassa de ces pays. Puis il
lIlSroiHE DES HOIS DES PERSES. 'i59
\ J^^i-J*^— »*al J~ — (LJ .\L.i U ^l^^« SLJj^n -fc i^j-o 'waX3 jJ.u6« jlKXwo y<^
^_J* <»V_*^ x_<Ov_tv» ^.^JLÀJ'i >Xjtj - \|j>J^l L3^U3 "^j-L l" Ij ' iv^S-*"- ^ .-'^ I
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aJJ>_ll jL^' ^^^-iW J!' -»■■■<■ -i^-i^ ^^JJ "^U-^ JU'^' J -^' ^i»' u:.;;j
^l i ,iJv_.g_c ij ^%— ïa' j_>s^=>l«_j ^^^VJ^« .vU'nJ' ii\L~âJ ^4-'-^'; 'W^S'S-**^'^
('ii\;iliil le |)ii\s (le lloiiiii fl, voiiLiil xcnj^n-r l;i in(»i-t (le Dàrà, il (il
seiilii' \n iii;iif'iir di' s('> nriiics a hi iiliis t;i'.m(l(' ijarlic (le la nation,
• ■niincnanl les honmics sur des navires cl 1rs nuvanl ensuite, (le sorte
(ju il lit périr une nuillilude fie Cîrecs. Il (lelruisil aussi un «fraïul
nombre de leurs lorleresses et ra[)|)orla les ouxraj^cs de médecine,
d astronomie el de pliilosopliie qu Alexandre avait fait passer dans leur
pa\s. Il allégea la charge de ses sujets en diminuant riinpol, et son
gouvernement fut des meilleurs.
l>ors([u'Aqfoùrschàh, âgé de soixante-deux ans, reçut la visite du
lalal visiteur, il désigna son fds Sàboûr comme son successeur et re-
|)oiidit à lapi^'l de Dieu.
kÈ(;nk m: sàboir, fils d'aqkoùhschàh.
Sàboûr, ayant hérité du pouvoir de son père alors qu'il était encore
adolescent, à la fleur de l'âge, bénéficiait à la fois des avantages de
la royauté et de la jeunesse, jouissant pleinement de toutes les délices
du monde et cueillant les prémices de la xie. De son temps vivaient
'l»)(t IIISTOIIIK DKS KOIS DKS l'ERSES.
jL^i efcU^'t J^.^ \ ^uy JLlj* ^1^^ ^1 ^M U <jU^
<— Os_H_**v_)j ' <CLà_^o . «Ci-A-Â^ <A^LX.i^ <.;îJo^[| ^j-0 ^ Ul .. i ^_ji^
J) — 8 — ^ — ^^^^ — r'^ ■'' ^^.^-*— )»■ Vi _>. "\ — g_.^=_s».Lvà_) ij6» <-vS.giJ5 <_^Jaj»
'' (jes iiiDts maïKiiirnl dans Al. — -' {', ^. — !■') M ^JJu^ . !'' C < : i -a .. . —
Jésus et Jean, le fils de Zacharie (que la paix soit sur eux!. Ou ra-
conte qu'il dit, un jour, à l'un de ses amis : «Quelle belle chose
serait le pouvoir, s'il durait !» — « S'il durait, répliqua cet ami, il ne
te serait pas échu. » — « Tu as raison % dil Sàboûr. Il avait ])our lia-
bitude d'aller chaque jour à la chasse et j)rétendait que la chasse était
un exercice pour le corj)s et une école jjour les joutes des cavaliers.
Puis, en revenant à son ])alais, dans la matinée, cent jeunes esclaves
venaient le recevoir, toutes extrêmement belles et bien faites, cou-
vertes de parures et de riches étoffes, tenant dans leurs mains des
instruments de musique, des coupes remplies d'un vin limpide, des
plantes odoriférantes, des beaux bouquets et des cassolettes de parfum ,
ainsi que des plateaux chargés de mets légers et délicats. Elles lui
rendaient leurs hommages, le saluaient, lui présentaient des fruits el
du vin et le divertissaient par la nuisicpu' et les chants, tandis cju il
riait, plaisantait, jouait et badinait avec elles; et alors son âme s'épa-
nouissait et son boidieui' était com])let. i^iis, après avoir dormi et
IIISTOIIIK DKS KOIS DES PKHSES. 461
ïL^ "^1 ^^_;xJl J; «OXc ^>iL "^ ^nL^ ^Js-ÂL^^aJ J ï^UlI' i^Jt^J ^.Xïwl^
<_5Ujs-J w-^ ^^L5J «ojj 4l fy-^=' ^^--"^1 J^ o-^' ■'1;^' -i-H^»
iJv_/>wNiaJ
' M JUii. M *4^. Nh.iKiur dans C. - '>' M ^\. - ""^ C sy^.
i«) Manque (luiis M. - " C l^iw^l, . — '" Divan d'Al-Bolitori nis. ;ir. (!.• hi Bil.li(illM(|i
nationale, n" 3o8G, fol. 38i) : L»«à oJj L*^ et Jlaj ^J^.
s'èlrp repose le leinps iicressjiire, il se leiidiiit (huis une salle dorée,
(liiiall avec ses convives, l)uvait et causait avec euxjusqu'au milieu de
la nnil et se retirait ensuite dans l'appartement de ses femmes où il
prenait du repos jusqu'à ce qu'il lût jj^rand matin. Alors, selon son
lialntiide, il allait à la chasse.
Sàl)oûr ne donnait audience c[u'une lois par mois; car il disait :
.1 L'homme le plus hardi pour attaquer le lion est celui qui le voit le
plus souvent. " Les objets précieux qu'il ollrait à ses convives, il les
donnait pendant qu'il était maître de sa raison et cessait la distribu-
tion quand le vin lui montait au cerveau , afin que sa munificence ne
lût pas attribuée à l'ivresse. L'auteur dit : C'est dans ce sens que Boh-
torî dit dans un de ses jîoèmes :
Tu ne cesses pas d'être un généreux ami pour tes convives, quand ils sont ivres et
(|u' ils sont devenus l)rillants comme des pleines lunes chassant devant elles les étoiles.
Tu es généreux envers eux avant d'avoir vidé des coupes; ce ne sont pas celles-ci
(jui peuvent produire en toi la générosité.
/iC2 lilSTOlliK DKS liOIS DKS PERSES.
Lî!iA_j <_^-ji ^a-J' <_;«^_/J!» <,ô^^i>Ut "Oiv-iJtJt ^^^ ^J v-sc JJ^ c)' -^
<— aJ| -^l s ■> 4l!L *Uxct ^^ Jls ^>>.jr_L>c JKJtij <^\ uX_*_) J:1LLL jji^
'' .M;iiH|uc' tliiiis M. - ('. iUj\ . - '' l.t's mss. ajoiilciil j^l^I Jl <!<>_*_«_> L_s-«j • —
Après que Sàboûr eul passe dans les conditions d'une vie si lien-
reuse et dans cette parfaite félicité cinqnante-li-oisans, sans avoir été,
depuis le commencement de son régne, atteint par aucune maladie,
ni avoir éprouvé d'adversité, et n'ayant été attaqué par aucun ennemi,
les infirmités différées exigèrent Ai- lui sa dette et le ramenèrent là
on toute àme doit revenir.
HEG-NF. DK U.IM OIIAHZ, KII.S DE SÀBOÎR.
Sàboùr avait désigné comme son successeur son iifs f)jaudliarz et
lavait lait reconnaître par les dignitaires de sa cour. Djaudliarz ayant
pris en mains le gouvernement après son père et s'étant assis sur
son trône dit : «Nous sommes riches, car Dieu nous suffit; pauvres,
car c'est de lui que nous avons besoin; c'est lui (|ui nous dispense les
moyens qui aident à nous rapprocher de lui. "
Djaudliarz inaugura son règne par une campagne contre les fils
IIISTOIKK l)L-:S KOIS DES PERSES. 463
A_^i_^ Jw—«LJ ^^l_^' 'v-^îî-iJ-t "^Ur^j ^^. «J?r^ j'-^ '^•^'-^ J-<sS|;r^'
ci/_-sQ^ LlLj _^-g-*i! I jL <jUu«_^. ^_/jÊJjt J^!i^ L^-isi-C -M^ "^^ z'^^'
<_) ^jj yÀJ^ "^"^ <-w^ ^ LiÛsXï».' ^_^^ - VT»\'-^ .>s>S-^a_> ^v^ <<_>'
ijJJL iJsjJ|^ J-J^y
C^jb. - <- M5^Ls4L- ' M iL.;-
(l'Israël, pour venger la mort de Jean, fils de Zacharie (que la paix soit
sur eux!). Il en tua soixante-dix mille, jusqu'à ce que le sang de Jean
cessât de bouillonner. En effet, au moment où celui-ci avait été misa
mori, une goutfe de son sang était tombée sur le sol et avait continué
à bouillonner comme l'eau d'une marmite, jusqu'à ce (|ue Djaurlliarz
accomplit son œuvre de vengeance et détruisit Jérusalem.
Djaudliarz était un des paladins renommés. Il allait à la chasse avec
quatre cents léopards munis de colliers d'or et cinq cents laucons gris
de larlarie. Quand il eut régné cinquante-sept ans, il arriva cpu',
dans uue de ses parties de chasse, il devint lui-même la proie de la
mort. Pendant qu'il chassait des sangliers, l'un de ces animaux, d'un
coup de sa défense, bles.sa son cheval. Celui-ci ht un écart et jeta son
cavalier, qui ne s'y attendait pas, à terre, et Djaudharz se rompit
le cou. J'ai appris (dit l'auteur) c[ue Waschmguîr, fils de Ziyàr, périt
également en chassant le sanglier et exactement de la même manière.
/lO'l IIISIOIUK DKS UOIS DKS 1>K11SES.
4' J — à—ils jL_il Ci.. — \-> ^ -J «LaLvi»! jr<s^ "-^ jj^j^ "^ "^^-^^ ^'^
^w-*3 jjy^ — ^-^^'l ^xb ^1 j^^^^ll <i^iU-) ..pUII J ^jLiii ^;j--.^l
lîEGM-: n'IRANSCIIAIII'.-SCIlAH, FILS DK liALASCH ,
Fil. S DF SÀlîOin l.'\SCIIk\MF!N.
Ce roi, succédant à son oncle Djandliar/., avani pris le pomoir a
un nioinenl où le trésor j)ublic était en détresse, eut la bonne fortune
de mettre la main sur la liste des trésors f|u'Alexandre avait enfouis
dans r Iracj, de réussir à les enlever et de pouxoir s'en servir pour les
besoins de l'Etat et pour laire bonne figure. A défaut de ces trésors,
son gouvernement aurait été réduit à la gêne el il aurait été exposé
au mépris. Mais (ju elles sont grandes les grâces que Dieu prodigue
aux hommes en général et au.v rois en particulier, venant à leur aide
dans la peine et les secourant dans l'adversité!
Irànschalir-Schàh mourut après un règne de (piaiante-scpt ans et
après avoir désigné comme son successeur son (ils Djaudbarz lej(nine.
HISTOIRE DES UOIS DES PERSES. 465
stwjJL ^iJJ— l! sLj .X-o-? jj^àâ > <^' -^ILo - ^'k_4i v_^ o^W' "-^^ ^
'' \r sUyLjl; m;iii([iii' dans C. — - C. ^1^1 JJL« Cl- *' Maiiqur (laii>. M.
HEGNE DE DJ Al DU AI'./. I.E JEL.NE, FILS D'IHANSCIIAII l'.-SCllAll .
\près la mort d'Iràiischalir-Schàli régna son fils njaiidliarz, qui
réunit sous sa domination T'Iràq et le Fàrs. Il administrait bien ses
Etats et les rendait très florissants. Voici une anecdote curieuse de sa
vie : Djaudharz avait trois favorites qui résumaient pour lui toute la
félicité du monde. Chacune d'elles était extrêmement belle et réunis-
sait en elle tous les genres de la beauté. Il les faisait venir toutes les
trois à ses banquets, pour avoir le bonheur parfait en jouissant simul-
tanément de leurs charmes et plein contentement en les regardant
ensemble. Or elles lui demandèrent avec insistance de leur dire la-
quelle d'entre elles était la plus aimée de lui. Il leur répondit qu'il
le leur dirait dans quelque temps. Puis il donna à chacune d'elles un
anneau muni d'un rubis de grand prix en lui recommandant de le
39
/it)6 IIISroiliK OKS KOlS DKS 1»K1\SKS.
v-S'"^'0« ^.X:».' "OnJoc .\0, "> g * ^ <_^;x>^ i__>Lb* ^jr<ï«-^^
Jls ^-y> olLo LiL
:') Mss. »Ui„,\wi- - M .uti-
' u.
tenir caché el de nVn point parler à ses doux coni|)ai^n('s. Quand
l'Iles lui demandèrent de tenir sa promesse et de dire latjuelle lui était
la plus chère, il répondit : "Celle qui a lanueau. » Cihacuue croyant
que c'était elle-même, elles étaient toutes satisfaites el il passait sa vie
affréablement avec elles. Son rè<>;nedura trente et un ans.
KF.GNK DKNVUSÎ, III. S 1)' I HÀNSC.H AU H-SCUÀH .
\arsi avani pris le pouNoir, harangua sou armée el ses sujets et
dit : ".le suis un serviteur obéissant de Dieu. ()béissex-nu)i vous-
mêmes, tant qu(^ je lui obéirai. Promettez-moi une entière soumission
à mes ordres, et je vous promets la justice et le bon gouvernement. »
Il prit |)i'isounellemenl eu mains le gouvernement, s'occupa avec toute
lapiilication nécessaire des all'aires matérielles et spirituelles et lit de
grands travaux dans le Sawàd de l'Mràq el dans le Fàrs. On raj)porte
qu'il avait |»our eiïouses (pialif rniimes, (illes de grands rois, dont
Tune, |)ar jalousie, l'enqjoisonna . et il mourut après avoir règne
trente-quatre ans.
IIISTOIRK DES ROIS DES PERSES. 'i07
j!_j >JiJt ^-^t ,J3^ «lSXo ^i^ j ^_jLL ^I)^^ ^^JJ^ ^
*L**^^| 5t_^ 'L*«_j ? Jj-*-rî c)^^ (^^"^JJ |?L«>XJ4-*v|^ |fLOo yi_5vïw*vl9
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•■! ■x-^\j Uj__» <<>^t9 k_./-g.^t ilys" ^ ^>=V^ ;^jW" '^-*^' ^J ■r>-^='^l
RÈGNK HK nOI\MOZÀN, FILS DE BALÀSCII.
Hormozàn ayant pris le pouvoir, parcourut les provinces de son
royaume, réprima Tiujuslice, lit justice aux personnes lésées et s'oc-
cupa avec sollicitude des pauvres et des misérables. Aimant beaucoup
les eunuques, il en avait un grand nombre et leur donna des charges
et des dignités, ayant coutume de dire : « Us sont femmes avec les
femmes, hommes avec les hommes et sont d'excellents serviteurs pour
les rois. » A l'exemple de Djaudharz l'ancien, il possédait des animaux
de proie et aimait surtout les faucons gris. Un jour, frappé de la
beauté et de la gentillesse extraordinaires d'un de ces oiseaux, il le ht
passer de la main du fauconnier sur sa propre main et se mit à le ca-
resser avec sa manche. L'oiseau se montrait content de ces caresses;
mais subitement il se secoua, battit des ailes et tomba mort de ses
mains. Hormozàn fut allliiîé de cet accident et en tira un mauvais au-
46cS
HfSTOIRK DKS ROIS DKS PF.USES.
■^ (2 iLkJl^^^-Ua-l' ^«-iJi ^UjJ.' JLLw ^^^-s^. ^Ji^
^1 .«ily^jji) ^<ÂJ AJiJ^^ w>vJv_f« ^j-f-
>,nirp. H demanda à ses amis quelle était la durée de la vie du faucon.
Ils lui répondirent qu'elle dépassait rarement vingt ans. Puis, comme
on discutait sur la durée de la vie des différents oiseaux, l'avis gé-
néral fut que c'était le vautour qui vivait le plus longtemps. Hor-
mozàn demanda combien d'années il vivait. On lui répondit qu il vi-
vait fie cinq à sept cents ans. — «Chose étonnante, dil-il, que celle
longévité du vautour, oiseau si vil, et la brièveté de l'existence du
faucon qui est si noble! » H fit appeler le plus savant de ses Mobedhs
hI lui demanda la cause de la vie si longue du vautour et de la vie si
courte du faucon. Le Mobedh répondit : «Je ne croyais pas que le
roi l'ignorât. Le roi ne sait-il pas que le faucon, malgré ses belles
formes et ses qualités, est un être sanguinaire qui persécute des oi-
seaux? Or le persécuteur n'a pas une longue durée. Le vautour, au
contraire, est inolfensif, sans méchanceté et n'attaque pas les êtres
\ivants. C est pourquoi il vit longtenqîs et atteint un si grand âge. "
Hormozàn dit : " A la bonne heure; tu m'enlèves mes doutes el lu me
montres ce que je dois faire poui- mon propre ])ien : éviter l'injustice
et aimer la justice. »
HISTOlKK DES HOIS DES PERSES. 469
- ^_jj-iS-'U^' J^^^j JjoJt jix.1^ iUt ^-^^ eT ^5^-«^^
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J^^\ j jwcLyi! j^i,^ JL.J JUI Je L'unis <^\
h! 'i'^jiL *L**^^' ^>XJÏS-«.I ^ —Lj;^' J^ ùy^^ ^ iKs^jA.^ JsJ>i
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^
«Oljsxl
Horinoznii vi'ciil (niiilit'-vin<>ts ans et ré<,ni;i [)cii(l;iiil (ni;iianlc-se|)l
HEGNK l)K !• VinOlZ, FM. S OE IIOUMOZAN.
Faïrouz avant succédé à son père, prit grand soin du gouvcrni'-
inent et suivit la Noic du devoir en pratiquant la justice et en proté-
geant ses sujets, (loniine il emplovait à son service de beauv jeunes
gens, choisis parmi les captifs grecs et turcs, qu'il attachait à sa
personne, il eut avis que les grands le désapprouvaient de se fier aux
llls de ses ennemis et qu'ils étaient mécontents de le voir s'entourer
d'un grand nombre de ces gens; il apprit aussi que le peuple tenait
des propos malveillants sur lui au sujet de ses adolescents, le blâ-
mant et l'accusant de ce qui ne saurait être dit honnêtement. Il les
éloigna donc de son palais disant : « Celui-là est trancpiille qui emploie
à son service des lemmes. "
'l70 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
j._«_> ^JJ^i^JoL N-«' ^ "^-^ J^ r^^' .^'-"-Ïj J'-^^ cJ^ "^Vt»- t'^ J^
^^^ .M > •^^_«_S^ (j^-j^ ^<vàJLiJ ^rl J.I L^^Nij (Jjy L Jlsj <-^ LckXJ iJs^
— «"ÀJ J^_«_J Ij 4)w«_J ^ <<sJl t_>lj^ iw^iO^ <! vX^îvi 'LisJil i-iiJLo i.::^
Faïrouz avait un fils parvenu à là'^e d'homme nommé Khosni.
Avant appris que celui-ci faisait acte de maître dans l'Etat, il le fit
mettre en prison, disant : «Voilà le châtiment de celui qui est trop
impatient et usurpe le commandement avant son heure. » Puis, après
quelque temps, l'ayant fait mettre en liberté, il le fit venir et lui dit :
« Attends, mon fils, que mon temps soit fini et que le tien soit venu;
car le régime du monde est une série de révolutions de la Fortune où
chaque roi a une part. Tant que les périodes assignées aux pères ne
sont pas révolues, le temps de gouverner n'est pas venu pour les fils! »
Khosra se prosterna devant lui, se repentant de ce qu'il avait fait, et
ne prenait plus les allures d'un maître, jusqu'à ce que Faïrouz quittât
le monde après un règne de trente-neuf ans.
l'.ÈGNK DK klIOSHA, !■ ILS OK FAÏimrz.
Khosra, arrivant au j)ouvoir alors que les adversités 1 avaient cor-
rigé et que le temps avait fait son éducation, gouvernait sagement
HISTOFRK DKS ROIS DKS PKRSES. 471
Je J^" j Jjo j:^ i-^U' 1.4^". Jj
rÉtal, exerçait un bon réprime, rendail le pavs très florissant et ai-
mait la sagesse. On raconte qu'il tint auflienre, un jour fie Mihnljàn.
|)Our recevoir les cadeaux d usage, cl on Ini cii apporta une fpiantite
iniiondjrable. Un envoyé du grand Mobcdli se jufsenta tenant un
plalean d'or recouxeit dune ser^ietle de soie peinte d Alexandrie
(pi il plaça devant Ini. Le roi, avant lait découvrir le plaleau, x vil
d(ii\ charbons éteints. Il lut étonné de trouver ce niiséi-able cadeau
dans une si magnifique enveloppe; puis il flit : '.le suis certain que
cela renferme un enseignement. Appelez-moi le Mobedhl » (lelui-ci
ne tarda pas à arriver, et Khosra, fils de Faïroùz, le fjuestionua au
sujet des deux charbons. Le Mobedh dit : «Sache, ô roi, que, ces
jours-ci, je passai près d'un bocage qui était en feu, de telle sorte que
les flammes l'enveloppaient complètement et dévoraient les arbres. Je
vis un épervier lancé sur un coq de bruvère qui, luxant devant lui.
se jeta en sa frayeur dans le feu. L'épervier, acharné à sa proie, le
ponrsui^^l jusque dans les flammes. Les deux oiseaux y périrent et
472 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
Uo» ^i>Ljv_)Js_(6 ri £ »| Uo \ «s_A_5 y ' S., -lU ■^ JLL? "^ws^y.^ ^.XJ^ 4_*4*_fi_>
tombèrent, réduits à deux morceaux de charbon que je recuediis,
en en tirant cette moralité : L'homme redoutant un ennemi, ne doit
pas se laisser envahir par la crainte au point d'avoir recours par ter-
reur à des moyens qui causeraient sa perte, comme a fait le coq de
bruyère qui, dans l'excès de sa frayeur, s'est jeté dans le feu et a été
consumé. Il ne faut pas non plus que l'homme soit trop ardent à
rechercher les biens de ce monde, au point d'exposer sa vie pour les
avoir, ainsi qu'a fait l'épervier qui, par sa grande avidité, s'est détruit
lui-même. « Khosra, fils de Faïroûz, dit au grand Mobedh : « Que ton
cadeau est donc instructif et que j'en suis charmé! Je n'en ai pas reçu
aujourd'hui d'aussi précieux! » Et il passa la journée avec lui.
La durée du règne de Khosra fut de quarante-sept ans.
IIISTOIHK DKS ROIS DES PERSES. 473
^bl cuLIjsJI .jf^-*-; 3 y^\ c)!?'^)^ |*.x_ttJO ^jL^jil -^j^y <_6-<wJ <_^^l
(•■»)U-X 8 X o <_>Us >-=*-- ^ 4-_>Ofv^ >-s^iI| ^|ji\' <-*-£w_)' ^j«>jJ|^
' \Iss. jiXiyi. M ^'ji^y. M Ujol«. ' M J^L?. "•! ainsi plus Iniir,
plusieurs fois. "> M (,L><_«.
UEGJiE D'AHDAU AN , IlLS DE HAIinAM, K1I..S DK BAI.ASCH,
i)i:nMi;i'. r.oi dks \sciik \mi.n.s.
Les Arabes appellent ce roi Ardawàii le Jeune, parce que, dans
quelques relations, il y a avant lui un autre Ardawàn. Les Perses le
iionmienl Ardawàn le Grand, parce que, tout en venant après un
autre, il le surpassait par l'étendue de ses Etats et par la durée de
sa vie. H était, en effet, le plus grand des Aschkauiens par son pou-
voir, le plus puissant, le plus renommé et celui qui avait réduit sous
sa domination le plus grand nombre de rois régionaux. 11 régnait
en maître absolu sur r'Irà([, le Fàrs et le Djebàl jusqu'à Raï.
Ardawàn avait pour habitude de dire : « Celui qui agit bien trouve
de l'aide; celui qui fait le mal est abandonné. »
IlISTOinE DE BÀBAK, DE SÂSAN ET D'ARDASCHÎR.
Bàbak, d'après les Perses, était marzebàn d'Ardawàn et gouvernait la
IIISTOIHR DES nOIS DKS PERSES.
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— C' Manque dans M. — ") C -oj.
])rovince de Fàrs, etSàsàn, descendant de Sàsàn, fds de Bahman, fds
d'Isfendiyàdh, était l'un des officiers de Bàbak et faisait partie de sa
suite. Bàbak ayant vu en songe que le soleil et la lune s'élevaient du
Iront de Sàsàn, lit appeler celui-ci et lui raconta le rêve qu'il avait eu.
Sàsàn lui dit : "Et moi aussi, j'ai rêvé que des rayons de lumière
sortaient de moi et éclairaient toutes les régions de la terre. Bàbak
l'interrogea sur sa famille, et Sàsàn, qui avait toujours cache son
origine, la lui fit connaître. Babak, désirant s'allier à lui par des liens
fie parenté, lui donna en mariage .sa fille, l'éleva à un plus haut rang
et l'associa à son gouvernement. Sàsàn eut de la fille de Bàbàk un fils,
Ardaschîr, sur qui brillait le reflet de la majesté. Sàsàn étant mort
peu de temps après, on tenait Ardaschîr pour le fils de Bàbak. L'en-
lanl grandit comme grandit un prince de famille régnante. Bàbak, qui
l'aimait tendrement, l'entourait de soins, se dévouait enlièremcnt à
bii et s'occupait de lui, ainsi que de son éducation el de son inslruc-
tion. Ardaschîr devint ainsi un jeune homme sans pareil par ses qua-
lités et ses perfections; il attirait et retenait tous les regards et tous
IlISrOlIlK l)i:S ROIS DKS PKRSKS. /i75
«L_jLs.(s ^>_.^ii: ^l 1' ^--O. >-^^4i^>' ,;-^cls ' 4-P <-o-JI ,j-« <_> Js^.
•'■ C UtI. — '-J \lss. J;jw. ' C Jlftill, in;mi|iM;Ufci)l,. '' M *i^.
les cœurs lui .ippailLMuiicul. Vrdawàn, ayant eulendu parler di' lui.
écrivit à Bàbak lui (leniaudanl de l'envoyer à sa cour, pour qu'il lût
le compagnon dt' ses llls. Bàbak obtoni|)éra à son ordre et l'iivoya avec
Ardaschir de ntnnbreux cadeaux.
Quand Ardascbîr se lui icudu auprès d'Aidawan. celui-ci lui
accorda sa laveur, |)ourvul larj^enieiit à son entretien et le traita avec
bonté. Mais bientôt il le prit en aversion, parce que, nial<,M-é sa jeu-
nesse et le défaut de maturité, il aspirait aux rangs des grands princes
auxquels on ne parvient que par le mérite acquis et par l'âge. Le
voyant, un jour, à la chasse, surpasser ses fils dans les exercices du
parlait cavalier et dans les exploits de la chasse aux antilopes et aux
ânes sauvages, il lui dit : « Fils de Bàbak, est-ce ton affaire de chasser
et de te livrer aux exercices des princes.^ Je te donne la charge de
grand écuyer; occupe-toi donc de l'écurie, inspecte les chevaux et
surveille les palefreniers ! » Et Ardawàn chargea quelcpi'un de tenir la
main à ce qu'il remplît sa fonction. Ardaschir, plein de chagrin, in-
forma de ces faits Bàbak, qui lui repondit en lui recommandant de
'iTC.
illSIOIKK DKS UOIS DES PERSKS.
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ij ^-y^lj jLïyO "^-C^Xj .>' ^U-i>jl 1^ r^Vïj ^-*-;y^^'
se soumettre et d'obéii-, de remplir exactement le service dont il
était chargé, d'exécuter l'ordre reçu et d'attendre la fin de ses peines
et un heureux dénouement. Et il lui envoya de l'argent pour ses dé-
penses. Ardaschîr demeura donc dans sa position et remplit sa
charge, tout en se sentant au-dessus de cette situation et alors que la
Fortune lui promettait ce qu'elle allait bientôt lui donner.
Un jour, comme Aniaschir était assis sur un siège dans l'écurie
d'Ardawân, voila (juuiic esclave de celui-ci, son intendante, et celle
(le toutes les esclaves qui jouissait de sa plus grande faveur, vit Arda-
schîr du haut de la terrasse. Elle s'éprit de lui et lui fit tenir un
message pour demander une entrevue. Ardaschir consentit, dans
l'intention de surprendre par elle les secrets d'Ardawàn. Puis cette
femme trouvait un moyen pour le rejoindre et elle se rencontrait
avec lui de fois à autres et, avec le temps, elle l'aimait de plus en plus.
La nouvelle alors arriva que Bàbak était mort et que ses richesses et ses
trésors revenaient à Ardaschir. Celui-ci accomplit les rites de deuil
et il s'attendait à ce que Ardawan lui donnât la charge de Bàbak. Mais
IIISTOIHK DKS KOI S DES 1>EUSES.
kll
' M iL»jL«-Ai. - ■ -M àajU^^. M;iii(|iii' dans \I. - ' M 0^«L*i.
\f(la\\àii II m lil iirii; il iiivcsiil son (ils aine du i^ouvcriHMiU'iil dos
|)i()viiues de b\irs auparavant i^ouvt'iiUM's par Hàbak ri W cnvova.
I"^n ce temps, [)eudant (|ue Ardaschir méditait le ])njjet de preiidn;
la luile, de laire acte de prétendant et de s'emparer du [)()uv()ir, il
advint ([ur les astrologues d'Ardawàn cpii s'étaient réunis, sur son
ordre, dans rappartemcnl de rintendanlc pour observer les étoiles
et chercher à connaître Tavenir, lui firent la déclaration suivante :
«Si l'un des gens de ta cour s'enfuit dans cette semaine, il sera
maître de l'Irànschahr. »
Ij'intendante ayant rapporté les paroles des astrologues à Ardaschîr,
celui-ci fut encore plus résolu à mettre ses projets à exécution. U dit
à la lemme : "Je vais prendre la luite et me rendre dans mon pays;
veux-tu m'accompagner? » Elle répondit: >i Certes, je ne me séparerai
jamais de toi et ne veux vivre qu'avec toi! " Ils convinrent donc du
départ et finlendanfe retourna chez elle; elle revint ensuite au rendez-
vous à l'heure qui avait été fixée, munie d une certaine somme de
pièces d'or et de quelc[ues joyaux. Ardaschir monta un cheval d'Ar-
/iTS lllSrOIHK DKS ROIS DKS PKIISES.
JwA_^> <_JvLi ^_,^_^^|^ ^>Ls4 ^1^ vj:>Lf^ Jl cjIj'^J Lvv^ S-A_4iij! w-^nJ»
^\ — iw__8_Jt ij_i jL.g_J! pLijjl vx-i^ "11!!! jU^L ^\jij] yt^xj ij lk\j
A^.j<S^^t <^\> i^J<^s>\ <-vl x-ë^s^^ \yXX.*^*-« ^Jia_v^l J-=».i wA_,2:>j)i "^1 "ji
L_«_<s?' '«>•, -i 4' .MuyvTi ».m «OU-w (_j iss^u ^t-x-jb^ Oiâ_»jL» 4lU^) (^
flawàn, un coursier sans rival, et donna une monture pareille à la
jeune esclave. Voyageant ])endant la nuit, protégés par l'obscurité,
ils avaient déjà parcouru une distance de vingt parasanges lorsque
le soleil montait à l'horizon. Ardawàn, qui ne connut l'événement
qu'au lever du jour, envoya pour les poursuivre et les arrêter un
flétacliement de cavaliers. Mais ceux-ci ne purent les atteindre, el Ar-
dawàn se rongeait les poings de dépit et de colère.
AUDASCHÎr. AIir.IVE DANS LE FARS ET SE HEISD ]\1AÎT1'.E D'ISTAKHl!.
Ardaschir étant entré secrètement dans la ville d'Islaklir, les olli-
ciers de J3àbak se réunirent auprès de lui, le mirent en possession
de ses biens, lui rendirent hommage de fidélité et se placèrent sous
ses ordres. Ses partisans, étant accourus dans ses rangs, marchèrent
tous ensemble avec lui contre le fds d'x\rdavvàn qui, chassé par eux
d'istakhr, alla rejoindre son père. Ardaschir lut maître de la ville.
HISTOIRE DES ROIS DES l'ERSES. 479
l g ">vsc' ^-X^o-S» ^rjtj \j^ >jLw ijU-<«| <-A-Lc ^n./^-^^a-j'j visS->oI ws_4ij>A
1^— ï^'à— ils i_j.' JS'^ s_.g__.i ^'vJ' t^^la..j o*U>i.. <Jtx5 SJs.^', '>>o '.vwvaj
On lui apporta de grandes sommes d'argent du trésor public des
autres cantons du Fàrs, les grands de la province se rendant auprès
rie lui firent cause commune avec lui, et les ])rincipaux p»'rsonnages
de rirànschahr, arrivant de toute part, embrassèrent son parti et Ini
rendirent h()niinay;e. Il adressa des lettres aux rois fies dilTérentes
régions, leur annonçant qu il avait lait acte de prétendant et ramené
la royauté dans sa famille, les invitant à reconnaître son autorité et
à suivre son drapeau et les mettant en garde contre les suites de leur
résistance. Un certain nombre d'entre eux se soumirent sans réserve;
d'autres lui fournirent des ressources en argent et en hommes;
d'autres, voulant attendre l'issue de son entreprise, gardèrent la neu-
tralité.
AUDASCHin ASSIÈGE vrDWVÀN ET LE TIE.
Ardaschir avant adressé à Ardawàn la même sommation cju'aux
autres rois, Ardavvàu lui répondit en ternies violents, le considérant
'l80 IIISTOIUK DKS UOIS l)l".S PF.RSF.S.
.w^^-i--* .\|j-i\'* J-<s>--> "Co»x^ ii^jLvi t,^^ 1~^] ^J^ ri '-.^j l>->J^
yja-^' (J?-^^ y<sil *^-vC i*ws^ *WLc ^^.Â.>v^ <J ioLs»"U - Os-n^L^ ''^<S'
AJ J._L? <0J-£ Iv^Ij '^' l^-t? " '^-^'-^^'-^'-^i' •iV6^ f*^l? o^^
d'ailleurs coninic un iuhersaire sans linportaïue. Ardascliîr marcha
contre lui avec ses troupes, s'emparant d'une ville après l'autre, et
soumettant les populations, jusqu'à ce qu'il arrivât aux portes de la
ville de Dodjail, où Ardawàn s'était enfermé. Il l'assiégea, le bloqua
et le réduisit au\ ahois et l'empêcha de s"a])provisionner de vivres, de
telle sorte qu'il le lorça de sortir (h' la forteresse et de livrer halaille.
Ardawan se présenta avec le désavantage d'une situation qui rétro-
gradait, d'un pouvoir qui se dérobait et d'un règne qui hnissail.
Vrdaschîr, qui combattait avec une fortune qui s'approche et un plein
bonheur, triompha de lui, mit son armée en déroule et le tua. \r(hi-
wàn, alors, avait régné cinquante-cinq ans.
RÈGNE D'AROASdUH.
Ardaschir, après avoir vaincu Ardawàn, s'assit sur le trône d'or,
ceignit la couronne et donna audience aux grands et au peuple,
qui le saluèrent du titre de 5c/(«/(SrtHc/(dA, l'acclamèrent de leurs vœux
HISTOIRF DKS ROIS DES PERSKS. 481
p,;_«^ j'^^"^! <__)3^ jj^"^'! L_^j «ûl J ^>L*vja.'^|^ JjoJl
elle félicite rc 11 1. Aidasclin- leur dit : > Dieu ;i l.ill (Icscciidn' sa <>;ràce,
a établi riinion et a mis le sceau à sa laveur eu me déléguaut le pou-
voir sur ses serviteurs et sur ses contrées, pour restaurer la religion
et la royauté, qui sont deux sœurs jumelles, et pour laire régner la
justice et la bonté. " Puis il ordonna les afl'aires, fit des réformes dans
l'administration et envoya des troupes dans les provinces du centre et
des frontières. Il adressa des lettres aux rois, leur signifiant ses com-
mandements, et tous se soumirent et lui obéirent. Il clail maître absolu
de rirànschahr; il recevait en abondance les produits des royaumes
et les cliarges d'argent provenant des contributions et des tributs
arrivaient à sa résidence. Il était droit et juste, bienveillant envers ses
sujets, implacable pour les oppresseurs; il aimait à restaurer et s'oc-
cupait avec ardeur à rendre le pays prospère. Il était plein de sagesse
et travaillait au développement de l'emjjire qu'il avait fondé, à sa con-
solidation et à sa stabilité. H était prolixe dans ses discours et ses
lettres, car il avait le talent de la parole et était fort disert; mais l'abon-
dance de son langage n'était pas dépourvue de conseils profitables.
6i
482 IllSTOIUK DES ROIS DES PERSES.
^jU J.<i-S^'' ^'wO^I ]^->^ iaa^t ^«-5sL£>iX.AJ i'^jlS^'^t j^-jLs: "^JJoJ |
(1) Manque clans M. — '-^l Manque dans C. — '-^l CJU.— <" C jUjii^yi . — !-^' M^^J^.
nUELQlES PAROLES REMAUQUABLF.S D'ARDASCHIR
SLR DIFFÉRENTS SUJETS.
Point de souverain sans soldats; |)i)iiit de soldats sans argent; point
d'argent sans ])rospérité, et point de prospérité sans justice et sans
bonne administration. — Ne nourrissez pas de haine pour n'être pas
surpris par votre ennemi. Ne vous laissez pas aller à accaparer les
vivres, pour n'être pas envahis par la disette. Soyez hospitaliers envers
les voyageurs, et vous serez reçus dans la demeure future. Ne vous
attachez pas à ce monde, qui ne demeure à personne; ne l'abandonnez
pas cependant, car c'est seulement par lui que l'on obtient l'autre. —
H n'y a pas de prospérité pour les grands, quand le peuple se livre au
désordre; la masse de la population est en mauvaises conditions lorsque
la populace turbulente est maîtresse, et il vaut mieux pour les sujets
qu'ils craignent leur souverain que d'être craints par lui. — Il ne
peut y avoir d'Etat prospère, là où le souverain exerce un pouvoir
tyrannique. Un souverain juste vaut mieux qu'une ondée bienlaisante;
IIISTOIRF, DES ROIS DES PERSES. 483
jj-8 >— *-î^ - 'j '-' "^ >X.*wL J^Ij via-'C ^ ' V*^ J-^'-^ ^l h \ «>j ^Ih I w Jl
, - — i
^ji^A^t J--~a_j <,aJ_£ SUjJ^ jJjM\ "^yj J Î;-^ (^^1j r*r^- *'-^^'
<L_?'^Ji. ^ i'^-^sL^i^s^l Z_4i I Jwvo-jj ^>UvJ1 ^...-^^ai*. ^ ;5_ttj| ^l.'nl.... 'l
'I Man(|ue dans (",. - M -.'"-^ - ' Manque dans M. — '' .Manque tians M. —
!5) Mss. yllaJUl. — !«) C Jïl JjôJl, M JiiU Jil JuôJI. — l" Mss. yJvJL.
un lion féroce o.st préférable a un souverain oppresseur et un souve-
rain injuste est préléral)le à la guerre ci\ile |)erinanente. — Tous les
hommes sont à même d'être généreux; les moins excusables de né-
i^lif^er cette vertu, ce sont les princes, jiarce ([u ils ont les moyens de
la pratiquer. — Ce cju'il v a de plus pénible pour les princes, c'est
que la tête devienne la queue ou que la queue devienne la tète. — La
justice du souverain est plus profitable que fabondance des biens
de la Fortune. — Le plus mauvais souverain est celui qui est craint
par l'homme innocent. — Le pouvoir roval se maintient par la reli-
i^Mon, l'action de la religion s'accroît par l'appui du pouvoir roval.
— Les rois corrigent par la disgrâce; ils ne punissent pas par la su|>
pression du salaire. — La mise à mort est le meilleur moven de pré-
venir le meurtre. — Moi et vous, nous formons comme un seul corps.
Tout ce qui arrive, plaisir ou peine, à l'un de ses mend^res a son effet
sur les autres et les atteint tous. Certains d'entre vous tiennent la
6i.
48'l IIISTOllU: DKS KOIS DKS PKUSF.S.
^ l.g jj:> U <'jpÂ-f f^j-^ r^-^ jr^^"^ <^' i-^>jiJiJt 4lv^ ^jSj xiUit
tit ,?5-5;-» ia_=iJt >-J1 •'j—wj s_ia_flJl JL**wo| ^^^_5s^ sjSs-v^t J-iûl <-Jl
^_-i_4 Lf j«SU bs_x»t ^^^ LèJO-o LiJCjUr ejiLi. LfcJaÀj -»UwJt i'\.:iU_^:
r^J-^ <S^J (♦"V**^
Cl CoJLi?!.
place de la tète qui maintient ensemble les membres; d'autres, la
place des mains qui écartent les choses nuisibles et attirent ce qui est
profitable; d'autres, la place du cœur qui pense et réfléchit; d'autres
la iilacc des organes iiiférienrs qui servent au corps à atteindre ce
(lui lui est utile. De même, il faut que vous vous assistiez les uns les
autres, que chacun aide son prochain de ses bons conseils et que les
inimitiés et les haines disparaissent. — L'impôt est le support de
l'État; rien n'augmente son rendement comme la justice, rien ne le
diminue comme l'oppression. — On avait présenté à Ardaschîr un
rapport l'informant que les habitants d'Istakhr se plaignaient du
manque de pluie et des fâcheuses suites de la sécheresse. Il y écrivit
cette décision : ■< Si le ciel refuse sa pluie, c'est notre libéralité qui ver-
sera ses ondées bienfaisantes. Nous donnons des ordres pour (pic
vous soyez dédommagés de vos pertes et mis à l'abri du besoin. »
12)
(3)
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 485
^L_J ^3^1 ^— ÂL/0»-;4Jl« 4_Â.ÂiaJ|» «CÂ^^I r^^JOOl] ^hJ Js.;i^v7 -^^ j.^1
<-Lj^ jc^j_5j_Jl_j <_Ai^ J-^L fj^lj ^.^1^1 j *l-«^_pij ^iJj-UÎ
JJ—^J ^'^ yà-^^y ^1->^I ^ c5^ "^Ut»;^ J!xik.2l| ?jjsji^ <J^_a^
t^i^Ls-j (j-e ' ^« yA»»i.ijl r*j î >-6-^-^\' ^o-^'^-iJ ^^■**''j-^ j*'~^'^rî vj*^^^
'■' Ces mots iiiaii(|uciit dans M. — -) .Mss. oùl^. — '•'' Mss. Lûjw.X;*'. ■ — ''' M Irfj.
COMMl-NT AnnASCIIin 1\EGLA SES AUTRES AFFAIHF.S
PF.NDANT LE RESTE DE SA VIE.
Ardaschîr fit recueillir les livres religieux et les ouvrages de méde-
cine et d'astronomie dont Alexandre avait brûlé une partie et dont il
avait lait jjorter le plus grand nondjre dans le pays de Uoùin. 11 les
lit transcrire à nouveau et en fixer la leçon, n'épargnant aucun efï'ort
et dépensant de grandes sommes d'argent. 11 étal)lit l'ordre des Mobedhs
et des Hirbedhs, chargés de rendre la justice et de décider ce que la loi
permettait et ce qu'elle défendait. Il adressa aux rois et aux chefs ses
instructions au sujet de la religion, leur ordonnant de la pratiquer
et d'observer fidèlement ses dogmes et ses préceptes et les mettant
en garde contre sa colère s'ils négligeaient les œuvres obligatoires
qu'elle prescrit. Il fonda les villes d'Ardaschîr-Khorra et de Djoûr
dans le Fàrs; Bàdhgîs dans le Khorâscàn; Bahman-Ardaschîr et Ràm-
Ardaschîr, qui font partie du territoire de Basra; Astàrâbàdh ou Ka-
486 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
«_g.^oo ^vJ! ._1^ ^yjl ^'\_jL«'N-=»' J^-«-r^ fjjj^ <A_>j^j« '-^^1 (.^y "^t
<Ow.t ^^ ^_^! Lllj^^p^l *Tjj U ^>U;r^ J^lr'' ^^' 4a^ iM^UL^vjUJpj
<— 3s_i_/o \ «—/ol 4' e-A— â-wâ-X-i*! ^^_Aa..» "(Vie» (j-e L-<l3\^ jÀ.^ I » 4->4>jL>
«Làjji jyJLil >-i^>-5j ^Jj <^i-î> s-j'^i ^-î^LikjufcLiiJL >_^Jo»jik. ji^
''' M ilj,U»«l^. — '■' Mss. (jj. — '') Ici commence dans' M, le scribe ayant passé
quatre feuillets, une lacune qui s'étend jusqu'à la fin du chapitre du règne de Bahrâm,
fils d-IIormiz.d. — " Ms. J^^i- —(3) Ms. ylu.^. - "■' Ms. ji^Ji.
rakh-Maïsàn dans le Koùr Didjla. Iba Kliordàdlibeh rapporte qu'il
fonda également la ville de Khwarizm. Il divisa le Khoràsàn en quatre
départements et donna le gouvernement de l'un au marzebàn des
deux Marw, deTàloqàn et de Djoûzdjàn; celui du second au marzebàn
de Hérat, de Boùscbandj, de Bost et du Sedjestàn; celui du troisième
au marzebàn de Balkh el (ki Tokbàristàn; celui (bi (juatrième au
marzebàn de la Transoxianc.
Ardascbîr ayant reconnu la parfaite aptitude de son fds Sàboûr, le
désigna comme l'héritier du trône et comme son successeur: il lui lit
connaître ses dernières volontés et ne laissa pas de lui prodiguer ses
meilleurs conseils. Lorsque son gouvernement fut solidement établi,
alors que les heureux effets de sa justice et de sa haute vertu s'éten-
daient sur tous, de près et de loin , quatorze ans s'étant écoulés depuis
le jour où il fut salué du titre de Scliâhânschâli, il répondit à l'appel de
Dieu et laissa le royaume à son fils.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 487
s-
|fU ,^^j^ >>J^I J-:S5^ Jj^l o>-**^ ^ (^^' «-^ ^ I^WU-lj {'^^^\
(') Ms. c^l^^.
nÈGNK DF. SÀBOÙR, FII.S D'\ni).\scnîn.
Sàboûr ressemblait à son père par la beauté, la sagesse et la pru-
dence, par la douceur unie à l'habileté dans l'administration de l'Etat
et par son grand zèle pour le bien général; mais il le surpassait
encore en générosité et en éloquence. Quand il eut pris le pouvoir à la
place d'Ardaschir, les hommes l'acclamèrent de leurs vœux et le com-
plimentèrent. Il leur répondit par de bonnes paroles et de belles pro-
messes qui iortidèrent leurs espérances; il s'engagea à marcher sur
les traces de son père et à faire revivre ses nobles actions et ses glo-
rieux exploits. Il adressa des lettres aux rois et aux marzebàn, les
confirmant dans leurs gouvernements et les invitant à être ses fidèles
et dévoués auxiliaires et à demeurer attachés au plus saint des devoirs,
celui de fabsolue obéissance. Tous se déclarèrent ses serviteurs sou-
mis et se conformèrent à ses ordres. Ensuite Sàboùr s'appliqua à agir
et à exécuter, à fortifier les frontières, à diriger le peuple, à rendre le
'i8S HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
^ ._)'^_*. 4' Jv-â-»' v_yu-'' W-— >'w3; <JC^>L;-/o^ «O^LL |?LaJ-c o^ri? "^-^v^
pays prospère et à combattre les ennemis. Les bienfaits de la justice
et du bon gouvernement dont il faisait jouir ses sujets implantèrent
dans leurs cœurs l'affection pour sa personne et leur imposèrent
l'obéissance et la fidélité envers lui. Les Arabes l'appelaient Sâboûr des
armées à cause de ses troupes nombreuses et de sa puissance guerrière.
SÂBOÛR S'F.MPAUE DE MSIBE ET ENVAHIT I.E PAYS HE HOIJM.
Lorsque Sàboûr vit que Constantin, le roi du pays de Roùm, ces-
sait de le reconnaître comme son suzerain et refusait de payer le tribut
auquel il était obligé envers lui, il voulut le mettre à la raison et, par
le ciiàtiment qu'il lui infligerait, intimider les autres rois. Il se mit
donc en marche avec ses troupes et, arrivé devant Nisibe qui, à cette
époque, était dans les limites de l'empire grec, il y établit son canq)
et assiégea les habitants. Il dressa des manj^onneaux et des balistes
contre les murs et les tours et fit apporter de Schahrzoùr des scor-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 'i80
^!jJ.I J,I ^'^'^fiJl» ^-^-Lft^l^ J>-«-à-' -i-i»^ jr^ ^j^j-'^ <'L*<^ <Cw)jP^I
'•■i) Ms. ;^. — '■'' Ms. aJ. — i*l Ms. JlU!.
pions dans des vases qu'il fit jeter dans la ville. Les habitants en eurent
beaucoup à souffrir, ils manquèrent de vivres et Sàboûr finit par
s'emparer de la ville de vive force. Il y laissa comme gouverneur un
de ses marzebàn; puis, continuant sa marche, il pril la ville de Tarse;
de là, il se dirigea vers Constantinople. Le roi Conslanlin lui dé-
puta des andjassadeurs, cherclia à. le bien disposer, lui donna tie
nombreux cadeaux, s'engagea à payer tribut et lui demanda de quitter
son pays. Sàboûr alors s'en retourna victorieux à Madàïii.
HISTOIRE DE SÀTIHOÛN, APPELÉ ÇAIZAN, SEIGXEL lî DE HAHR.
Entre le Tigre et l'Euphrate, il y avait une ville nommée Hadr, qui
était au pouvoir de Sàliroùn, surnommé Daïzan. Ce roi ayant fait
des incursions sur les frontières de la Mésopotamie et du Sawâd, pro-
voqué le mécontentement de Sàboûr et bravé ses ordres, Sàboûr
marcha contre lui et vint camper aux portes de Hadr. Daizan se retira
V-9wA4*^l
490 IIISTOIUK DES ROIS DES PERSES.
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t>l Ms. *ix,i,. — (-) Ms. AXJuïo. — ™ Ms.
et s'enferma dans sa ville qu'il défendait énerf,nquemcnt. Sàboùr
fassiégea sans réussir à le faire sortir, ni à détruire la ville.
Or il advint que Nadira, fille de Daïzan, regarda un jour du haut
d'une tour de Hnclr le camp de Sâboûr et, pendant qu'elle le contem-
plait et qu'elle l'examinait de tous côtés, elle vit Sàboûr qui, revenant
de la chasse, rentrait dans sa tente. Charmée de sa jeunesse, de sa belle
stature et de l'élégance de ses manières, elle s'éprit pour lui d'un
violent amour qui lui ôtait le sommeil, la mettait dans un état de
constante agitation et la subjugait entièrement. Alors elle prit une
flèche et y traça ces mots : « Si tu me promets de m'épouser et de me
bien traiter, je t'indiquerai le point de la ville qui n'est pas fermé, de
sorte que tu pourras t'en emparer très facilement et avec un minime
f'ffort. Il Et elle jeta cette flèche vers la tente de Sàboûr. Celui-ci la ra-
massa, prit connaissance de ce qui y était écril et y traça ces mots : « Je
m'engage à faire ce que tu désires, donne-moi le moyen de tenir mon
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 491
4! ^z.^~L-^jj Jr•^-^y f*J"^^~^ "*-V?-^ yi-><-^ S-^V vj^ <JJ:ij <-^\ w^wOlSo
^1 Sj_<s-^ij_jJl ic^^Jï-JL™^ J-M.! <J^ sia_4i cSVÏjo 'Jli-J <.À^ «CoJvil 4Lik.i.
* III
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engagt'iiiciit. " Puis il lança la llechc vers l'endroit d'où elle dait venue.
Nadîra lui adressa une lettre, lui indiqua une petite porte de la ville
barricadée avec des briques, lui en marqua exactement l'endroit et lui
j)roinil d'enivrer cette même nuit les hommes cjui la «^^ardaient, atten-
dant ([u"il s'en rendit maître et pénétrât par elle dans la ville. \ ers
minuit, Nadîra envoya aux gardiens de cette ])orte barricadée des
mets et une grande quantité de vin. Quand ils eurent mangé et bu et
qu'ils lurent ivres, Sàlioùr, arrivant avec une escouade de cavaliers, fit
pratiquer avec des pi([ues une ouverture dans la clôture de briques.
H entra dans la ville, alors que ses habitants ne s'y attendaient nulle-
ment, et les troupes y pénétrèrent après lui; ils s'en emparèrent avec
tous les êtres vivants et tous les biens qu'elle renfermait et tuèrent Sà-
tiroûn sur son trône. Les gens de Sàtiroûn demandèrent quartier et
Sàboùr le leur accorda. H prit possession de la ville et exécuta l'enga-
gement qu'il avait contracté envers Naclira; il l'épousa et consomma
son mariage avec elle.
Une nuit, comme Nadîra se trouvait à ses côtés, Sàboùr vit le lit
62.
492 HISTOIRE DES ROIS DKS IM^USKS.
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rempli de sanp^. Regardant de plus près, il aperçut une feuille de
myrte qui avait déchiré la peau de Nadîra et en avait fait couler beau-
coup de sang; elle adhérait à l'un des plis de son flanc. Il fut fort
étonné de la complexion délicate de cette femme et de sa peau si
tendre et il lui dit : « Avec quoi te nourrissait ton père? » Elle répon-
dit : « Avec de la moelle, du jaune d^L'uf, de la crème, du miel et du
meilleur vin. — Comme tu l'as mal récompensé, dit Sàboùr, de
t'avoir élevée avec de si tendres soins et de tout ce que tu lui devais!
Je crains bien qu'il ne m'arrive de toi pareille chose! » Alors, sur son
ordre, elle fut attachée par les cheveux à la queue d'un cheval fou-
gueux et ardent que l'on ht courir sur un terrain couvert de ronces,
de sorte que les articulations de la femme se détachèrent et que ses
membres furent disséminés.
Les poètes du temps du paganisme parlent beaucoup de la ville
de Hadr et de son seigneur. Ainsi, Aboù Do'àd al-lyàdî est l'auteur
de ce vers :
Et je vois la mort sus|)fii(lu(' du iiaul de Iladr .sur le soigneur de ses habitanls.
le Sâtiroûn.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 493
.y^yV^. liLji \»jL*«- Ïj-vsL^ ^_c>--va_> Ufi* ^_^i-£jl| JS^
j_^Lj. 3U-L4-J ^1 p o'^ r^y' «^^^ ^r*^ ^r^ tr?'
A'sclià, (Ml parlant de lladr assiéf,n'' parSàbonr pondant deux ans,
N'as-tu pas vu comme les habilants do Iladr vivaient heureux? Mais quiconque
vif heureux, est-il éternel P
1,1' Scliàhloùr des armées v demeura deux années en y enfonçant ses haches.
C'est 'Adî, fils de Zaïd , qui a fait les plus beau\ vers surl'existence
éphémère des hommes et la disparition des règnes el sur renseigne-
ment que l'on peut en tirer :
Ô toi qui te réjouis de l'infortune des autres et qui leur en fais un reproche,
es-tu toi-même sans faute et à l'abri de toute atteinte?
Ou a.s-tu une garantie certaine du sort? Non, tu n'es qu'un sot étourdi!
As-tu ^-u quelqu'un dont la fortune fût permanente ou qiii fût protégé contre
lout danger?
Où est Kisrâ Anoûscharwàn, le Chosroès des rois, ou bien Sâboûr, qui a régné
avant lui?
Et où est l'homme de I.Iadr. lui qui avait bàli cette citadelle et qui recevait le
tribut des contrées arrosées par le Tigre et le Khàboûr ^
/i94 HISTOIRE DES llOIS DES PERSES
SiL
•^-^ ol ^_^j jj^L* <0>_>jv^ ^j»jLa_) ,^_50j jj_»L*v iLi ^Lixsç <^5^ fl!v '
(') Ms. »^|. - :-' .Ms.j^i)!.
11 l'avait consti-uite de marbre et l'avait recouverte de chaux, et les oiseaux avaient
leurs nids sur ses cimes.
Considère aussi le cas du seigneur du Khawarnaq, cfuand un jour, comme il regar-
dait du haut de sa terrasse, il méditait; — la direction divine fait naître la
réflexion; —
Sa royauté et ses vastes possessions, la mer qui était étendue devant lui, et le
Sadîr, tout cela le rendait heureux ;
Alors son cœur s'efTi'aya et il dit : Quel peut être le jilaisir de l'être vivant (jui va
à la mort?
Après cela, ils sont devenus comme des feuilles desséchées que font tourbillonner
le vent de l'Est et le vent de l'Ouest.
LES Al T ru: S FAITS REMARQUABLES Dl! RÈGNE DE SÂliOÛH,
FILS D'ARDASCHÎH.
Après avoir vaincu Daïzan cl avoir assuré la sécurité du côté fies
gens do Pioûni, Sàboûr se mit à fonder des villes et s'appliqua à cette
tâche avec la plus grande ardeur. Il fonda, dans l'Ahwàz, Djondaï-
Sàboûr et la peupla avec les prisonniers de Roûm; dans Maïsân,
Schàdh-Saboùr et, dans le Fàrs, la ville de Sâboûr. Il investit son
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. /i95
^l— «^ J>— i>1 ^ — >"■ -fc (,5*>-=»> "^-5^v^l ^'^^ ■''.Xcjil ,5î.«-^ l g 8-^ 4wwLs**<-''
■'' Ms. Ai^Lji. aJIc i^jU; ms. araljo de la Bibliothèque nationale 8087, fol. fii :
fils Hormoz le Preux, du gouvfM'nement du Kiioi'à.sàn et l'y envoya,
plaçant sous ses ordres les marzebàn de la province. Ilormoz y exerçait
le gouvernement en pleine indépendance, s'occupait avec tout le soin
nécessaire de l'administration, domptait les ennemis et protégeait les
sujets, de telle sorte qu'on était content de lui et que sa renommée
s'étendait au loin. Ensuite Sàboûr le rappela et, quand il se présenta
devant lui, il lui adressa cette parole : «Mon fils, maintenant, je
viens de rattacher au faucon son aile. » L'auteur du présent ouvrage
dit : « Ihn al-Mou'tazz, s'appuyant sur cette e.vpression, parle ainsi à
Mou'tadld, ([ui avait rappelé son fils Mouktafi de Raï :
Il a ramené à lui '.\ti, comme le faucon ramène son aile. »
Lorsque Hormoz lut revenu à la cour de Sàbotàr, celui-ci lui donna
une longue instruction , dont les sentences suivantes m'ont paru les
plus belles : Sache que les contribuables, lorsqu'on exige d'eux le'
payement immédiat de l'impôt, sont forcés de vendre leurs produits
liÇlG HISTOIRK DES ROIS DF.S PKRSKS.
^'v Ol \n g! ^v-c ^il_*.^j_;o iwls ^J^l^.^-'O jl -'U^ V^"^ c:jw«| ut '^jij
J:Xi> ">ls ,_iJ^p^j_> <3>J^_> >^--<S=»- *t vJ;U*Jc^ ^ <OJ| <-3lS^ wx»jIj| ci^uSs^o
jya' ,_^-^A^ 'ij <i ^IU% J«^ (. u jixSw^^t Je 4-^ ^ Jj^
^ ^L-i-Lz ' ^^-fs; u LgJufil ,_5V<*J^ ^UJl '-r->j-^l i^^^Lli i^s ii 1 ^ I L-g-^oi-M/j
«cjlj f*U'^'_|^ J,LU!1 5-^ >>^-g-«-'t f>^ J^ *U-*i'^t wLv.' c?^"^'^ '^ Lèn-S^
') Ms. t^. — (2) Ms. u. — <3) Ms. u^^. — (■') Ms. .^^.
à un moment où k' débit est difficile, ce qvii leur porte dommage.
Si, d'un autre côté, on leur accorde de longs délais, ils espéreront
pouvoir se dispenser de payer. Par conséquent, ordonne à tes agents
de répartir l'impôt annuel en dix termes, pour qu'il revienne au trésor
public ce qui lui est dû et que les sujets soient soulagés et aient la
faculté de s'acquitter par acomptes et sans être pressés. — Quand
sur ton ordre il est accordé à quelqu'un un don par faveur ou à la
suite dune requête, dédaigne de lui donner l'objet de ta propre main
ou de le lui faire remettre dans ta salle de réunion ou dans un
endroit où tu le voies, car on dirait que c'est la façon d'agir de gens
qui attachent de l'importance et un grand prix à leurs dons; il ne sied
pas aux princes de faire ressortir leurs libéralités, à cause de leur
grandeur et de leur puissance. — Sache qu'un bienfait que l'on con-
fère à quelqu'un , et qui n'est pas complété et entretenu comme il
faut, se consume comme un vieil habit et ceux qui ont reçu le bien-
fait oublient la reconnaissance qu'ils doivent. lien est de cela comme
dL
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 497
^ c^^y^^t ^1^ .A-il Le' <|^ :>L<ij ^ji-ijl &Ls~à
*L^_iI^ «LU^I js-joj 4]s.-v^L ?.x.^jl;cj ,^_5V2i. ^y^ <î^J<s. ;ï-Hs "Is^ f ^j
^5^^ 4-^LJl J ^"^'1 j^^^du..^^ ^' <j\ ixl 4lji^ «UÔj J <-5K^j
(J-» Z^-^ U ;ï_L-sJ j[ alj>L 5j'.^_cjJt5 ^-Jw'I J>-(tJ iîX^Li (.Jj-i. ^j^v
(le loiilc chose; tout a une fin, depuis réternité et la succession des
temps. Car il n'est aucune chose (h' ce monde, lorsqu'on l'ahan-
donne et que l'on néglig^e de rentrelenir, qui ne soit exposée à se dété-
riorer ou à périr et à disparaître. — Sache que, quand même tu
rétribuerais libéralement les gens de ta suite et de ton entourage, les
membres de ta lamille, les généraux qui commandent tes armées,
les gouverneurs de tes provinces, les serviteurs attachés à ta personne,
et que tu fixerais très largement leurs allocations, cela ne suffirait
pas à les satisfaire entièrement, ni à te rendre quitte envers eux de
tout autre salaire. Il fîiut encore que tu leur envoies fréquemment
des cadeaux et des gratifications et que, chaque fois que f un d'eux se
sera distingué par une belle action, tu l'en récompenses à Theure
même. — Sache que le peuple ne jouira pas d'une entière sécurité
à moins que les gens mal famés et les malfaiteurs ne se sentent me-
nacés de tous côtés; et ces gens, tu ne parviendras à les atteindre et
à t'en rendre maître que si leurs parents et leurs voisins te servent à
les surveiller et t'aident à les punir.
G 3
/j9S lllSTOlllK DKS UOIS DKS l>i:USi:S.
^ 4 ^^;^-^>^->. I^J <_:a-UN-J ^j^^'^Li |?LjULt) ^ CUiLis:]^ <jl>Xct ^Uj^
sJL]; ^,x^ J>' |^t-^^i. Jlsj 4 \ys.^ f»'-*-'!? ij'^ ''c)-^l -r^^ -^i?
' Ms. p?iLs^lj. — - -Ms. UL. — :3i Ms. yi!,. — '■') \is. ^.
Quand Saboùr eut régné trente et un ans, il reçut la visite de la
mort, qui l'arracha de son trône, et Horinoz hérita de son grand
em])ire.
RÈGNE DK HOnMOZ, FILS DE SÀUOL K.
Ilorinoz était surnommé le Preux, à cause de son grand courage
et de sa grande force, et parce que, du sang de ses ennemis, il tei-
gnait les pieds des chevaux et que, de leurs crânes, il faisait des calottes
pour ses lances. Il n'avait ni la perspicacité, ni rhal)ilelé de son père
et de son grand-père. La P'ortune, d'ailleurs, ne le laissa pas vivre assez
longtemps pour qu'il parvint à la dent de la sagesse et qu'il fût dressé
par le Irein du Temps. Lorsqu'il se fut assis sur le trône et qu'il
eut ceint la couronne, il donna audience aux grands et au peuple.
Ceux-ci l'acclamèrent de leurs vœux et leur porte-parole lui parla
ainsi : « Ton grand-père et ton père ont laissé parmi nous tant de
iiisroiur-: des rois dks perses. 409
^j 4-j' ^ ^^L{^à_Jt - ^L«<ai.l. t_)lf^2lL AjU^ls i^JsJJ '^-Jj ï»_*^' 1 ^-i^î-iJ
's._«o%j6 j^\ 4,.à_»>>vxi x'âjûjL (^_5V>« J>XjlJ' ^ \>_>k_<«^ wAw«i:>\i J«.Â_a_»» J^x«JL
'■' Ms. l^. -' \ls. ^.L^ii;. !■ Ms
preuves de ce quils oui hiil ]K)iir iiolif l)()iili(Mir, ]>oiir noire prospé-
rité et pour notre sécurité, (pie nous soninies incapables fr('\j)riniei-
notre reconnaissance. Ils ont retahli I nnilede noire nation rpii élail
dénienibrée et loruié une seule relif^iou de nos croyances qui s'étaient
Iractionnées; ils ont mis fin aux attaques de nos ennemis dont ils nous
ont délivrés et nous ont préparé une heureuse existence. Maintenant
le pouvoir t'est éciiu grâce à la bonté de Dieu pour toi, La sécurité des
provinces est assurée, le peuple est tranquille, les armées sont nom-
breuses, les ressources du Trésor abondantes, le pays est llorissant.
Tu n as qn à imiter les deux rois et (juà suivre la même voie. » Hor-
moz leur en donna l'assurance et leur fit de l)elles promesses.
Hormoz lut fidèle à rengagement qu il avait pris et gouverna avec
justice, à l'exemple d'Ardaschir et de Sàboûr. 11 fonda la ville de Ràm-
Hormoz dans l'Alnvàz, et la ville de Daskarat al-Malik. Il fit une cam-
pagne contre les Haïtalites ou Soglidiens, les vainquit, leur imposa
tribut et érigea à leur frontière une colonne de pierres cju'ils ne
devaient pas franchir. Il revint ensuite à Lstakhr ou, d'après une autre
relation, à Madàïn, où il mourut, étant encore jeune, son règne avant
duré moins de deux ans.
63.
500 IIISTOIRK L)1-:S ROIS DKS PKRSES.
^_i-5_J lLjt><s J>>oJl« ^L«»a>N| f«j-*Mj --^^Ij ^?.^' vj-^t >J L»J L^jtf' Jsi
^IjOufi"^]. ?rlii *Lft;i3'ï ^^JtJ'y}^ 4)1 JL^ c?-^^ UftJva^ jjL^'l^ LûJ^^^
M
^•>>-
l'.KGNF. DK RAHIW.M, FILS 1)1. IlOUMOZ.
Bahràni, fils de Hormoz, prit ensuite le gouvernement. Malgré sa
jeunesse, il était renommé pour son intelligence et son jugement, sa
douceur et sa modération. Les hommes se réjouissaient de son a\è-
nement, espérant que son règne serait heureux et prospère; ils l'accla-
mèrent de leurs vœux et le félicitèrent. Bahràm leur répondit digne-
ment et leur dit : '< Les rois, Jios prédécesseurs, ont établi pour nous,
en tout ce qui concerne la religion, le gouvernement, les institu-
tions de la bonne conduite et de la justice, des directions auxquelles
nous nous tiendrons et que nous ne transgresserons pas. Mais nous
demandons l'assistance de Dieu pour suivre leurs traces et pour nous
guider dans la voie qu'ils nous ont marquée. Nous le supplions de
nous aider à vous donner joie et contentement, à vous soutenir et à
rendre durable votre bonheur. » Ils se prosternèrent devant lui, puis
ils s'en allèrent en manifestant leur reconnaissance. Bahràm sn]>pli-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 501
|fu.j J^^>j_^» <_s-<s-g— Ji c3-^s^ '■ '^r^ ij\j-«^\ y<^j Jw^Ji ''-»^->-.^»
<_jLiJi Jf ' 3^Js_a.iI wbij —j.^i\ "CO^i» ,^_5y^^| 'VjJ-> CJoL) <<_jjLjL>
'" Ici liiiil la lacniif du lUs. \l. \I jjj*"^. - "' M aMI ^JJLllJ AxXfi. ^w*jiXJi j'w^.
— (^) M ^^JolM. - '■" C ^Lw. - ;'■" Manque dans M; C axaX-
f|ua avec zèle à gou\oiiier sagement le royaume, à rérliiire les enne-
mis, à améliorer l'adminislralion des provinces, à accroître les
recottes (In Trésor public, à tenir en respect les mallaiteurs, à déve-
lopper la pros2)érité et à déployer la bannière de l'autorilé.
HISTOIUK DE MÀNÎ L'ATHÉK, LE FAPX PROPHETE
(que FM eu le mvudlsse!).
Ce maudit parut du temps de Sàboùr; mais il ne promulgua sa
doctrine que sous le règne de Baliràm, croyant que celui-ci, dans son
inexpérience, se laisserait tromper par ses fallacieuses paroles et sa
religion mensongère qui, au rapport d'Al-Maqdasî, en son ouvrage
Les Oricjines et l'Histoire, fut la première doctrine athéiste sur terre;
seules ses dénominations ont changé successivement et on l'appelle
aujourd'hui la doctrine des Batèniens.
Lorsque Màni présenta son imposture à Bahràm, celui-ci assembla
les Mobedhs qui, en sa présence, devaient discuter avec lui. Le grand
502 IIISTOIRK DES ROIS DKS PKRSKS.
Jw«.LiJl JylOs.**^ ILJI |j^j£> J^^^^ouJ. Jw*»^! îîiaJLvJ ■'Lis^l <Jl_vi.LsX!
jr-^-Jc-s^sJ L^— ^— *-j ^_^-^jjJ| ^ <_xji.rjj <^jLm ^j^-gj <^iL^ c^'-^y^j
^1 SjLp j_(fil i-ilL^ ^^j_£ L^_>^Li Jls p^lj;'^! "'SjLp Jjv"^! <^l^ Jls
< >lj Je ,_^s_Lv^« oOo ^_<Us.^.» i_^v.*.»_5 ,i.>J^^ T-^'î '-^V^ -^'«j«L*-J5 ciOjs.,^
'■' Mss. SjlSj. - ('. JJLùij. M JJuju. - ' M a^l*.
Mobedh lui ayant demandt' quelle était la doctrine qu'il leui- pro-
posait, Màni répondit : « C'est de faire abandon de ce monde et de le
détruire et de renoncer au commerce des femmes, afin que la géné-
ration soit supprimée et que ce monde matériel et corrompu dispa-
raisse; car les âmes pures et divines se sont combinées avec les corps
impurs d'Aliriman; Dieu, c[ui est offensé par ce mélange, sera satisfait
par leur séparation, pour produire d'autres créatures et créer un
nouveau monde comme il veut qu'il soit.» Le Mobedh dit : «Est-ce
la destruction qui est méritoire ou l'étlification? — La destruction
des corps est l'édification des âmes, répondit Mànî. — Dis-nous alors,
reprit le Mobedh, ce que tu penses de ta pro])re mort; sera-ce une
édification ou une destruction ? — Ce sera la destruction du corps. "
Le Mobedh dit : « Alors il faut que nous te fassions mourir, pour ([ue
ton corps soit détruit et ton àme édifiée. » Le mécréant demeura con-
fondu. Bahràm dit : » Nous allons commencer l'œuvre de destruction
par ton corps, en te traitant selon tes théories. » Et il donna fordre de
lui arracher la ])eau. Mànî fut écorché et sa peau empaillée suspendue
HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES. 50;^
cT* J"'*-^ (^^ ^r c) I 'i'' '-r^ • ' '-^^ U^^j JJ^'^-^ c^^'^^-S^ m|>^I (J^
<J-^0. ^)-6'^ ti^"^' «CSO^ ^ Jy^\ ^j <<sU ]^1^ o~'^' <J^l5
.19 iLxJt "O^ ^_^C..a^^j.X_*w|. ^Lil <J >^ii^ S-'^'r-'l S->>-^ ;-<SC
à l'une (les ])ortes de Djoiulaï-Sàlwùr qui, encore aujourd'hui, est
appelée la Porte de Màni. Sàboùr lit aussi mettre à mort douze mille
des sectateurs de Mànî et sévit contre tous ceux qui avaient subi l'in-
lluence de son athéisme. Cette action gagna à Sàljoùr l'amour et l'ap-
|)robation des hommes. Après avoir régné trois ans, trois mois et
trois jours, la vie lui lit faux bond et il mourut.
lîÈGNE l)K UAIin.Ut, III.S DE HAIIHÀM, KII.S HE UOWMOA.
Ce lut le Bahràm qu'on appelait h' Hautain, à cause de son or-
gueil et de sa morgue. Il était brutal et dur, enivré par la jeunesse et
le pouvoir, plein d'arrogance et de présomption, ne faisant cas de
personne, traitant avec dédain nobles et prolétaires et ne connaissant
d'autre manière de punir que la décapitation. Les grands étaient mé-
contents de lui et le peuple le redoutait. Ils vinrent, les uns et les
autres, se plaindre de lui auprès du grand Mobedh et lui deman-
50'i HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
" M *iy^- — '-' Manque dans C. — <■'') Manque dans C. — '''' M ^v^i \j u!J^ ^!
^. — (5) M A.Lj^. — W M ^O. ~ C) Manque dsns C.
(lèrent conseil. Le Mobedh dit : « En vérité, vous apportez vos plaintes
à quelqu'un qui se plaint et vous venez vous lamenter auprès de quel-
qu'un qui se lamente. Cependant, si vous voulez écouter mon conseil,
suivre mes recommandations et ne point vous écai'ter de la ligne de
conduite que je vous indiquerai, je vous le corrigerai et vous le
rendrai tel que vous désirez qu'il soit. » Us s'engagèrent à se laisser
guider par lui et se conformer exactement à ses ordres. Le grand
Mo])cdli dit : «Demain matin, vous devez rester dans vos maisons et
vous n'irez pas chez lui; qu'aucun de vous ne l'approche ! Vous tous,
ses vézirs, ses chambellans, ses marzebân, ses pages et gens de sa suite,
d'un commun accord, lenez-vous éloignés de sa cour, abstenez-vous
de paraître devant hii, ne vous rendez pas à son appel et laissez sa
salle d'audience et sa salle de réception vides. Et gardez-vous bien de
vous trouver chez lui avant que je vous donne avis d'y retourner ! »
Ils s'engagèrent à suivre religieusement ses recommandations sans
s'en écarter, et, se donnant des assurances réciproques, ils convinrent
d'exécuter ce plan.
HISTOIRE DKS 1U)IS DKS l'RRSES. 505
•^ — iwlx J^-ssU TT^ -^T^ ^-6^ /'^-^ -^i 5^-8^' i-_>L.*-^ 4_5«JC-«-I wXj. Oj-ol
Le lendemain matin, quand Bahràm se fut assis sur son trône et
qu'il ne vit dans la salle aucun de ses pages, ni aucune personne
de sa suite, qu'il n'aperçut aucun de ses serviteurs, ni aucun mar-
zebàn, et ([ue, regardant les places des dignitaires, il les trouva plus
vides c|ue la paume de sa main; lorsqu'à ses a|)pels aucun page ne
répondit et aucun cluunl)ellan ne se présenta, il lut incpiiel, elïravé,
aluni, et se laissa aller à toutes sortes de suppositions. Pendant (pi'il
réilccliissait et cpi'il considérait avec étonnement sa situation et alors
cpie le jour fut déjà très avancé, d vit arriver à sa grande joie le
Mobedh. H lui fit un gracieux accueil et lui demanda des explications.
Le Mobedh dit : «Ne sais-tu pas, ô roi, que tu dépends d'abord de
Dieu, puis des hommes et cpie tu es roi seulement tant que ceux-ci
("obéissent et te servent? Mais si tu les rebutes par tes mauvais trai-
tements, que tu les effrayes par ta rudesse et que tu les terrorises par
ta violence, attends-toi à être abandonné et délaissé et représente-toi
l'état de l'homme réduit à l'inaction ! » Bahràm comprit alors ce qui
6/,
:>0() iiisToiRK ni:s kois dks pkksks.
jjs â 5 ^ ï.X_jU ^_^ L^V^ ^^ ^^' «^j-^S*-^ iSiT^-i -i^y^l ij^ ^;>-***-^>-*^
f'i (". iJolktJi. - - il in;iii(|iir dans M, nJ! ,Jwij i) dans C. — W Manque dans C.
s'était passé et promit de se départir de ses défauts. Le Mobedh se
retira et fit retourner à la cour tous les serviteurs. Ceux-ci se proster-
nèrent devant Bahrâm, qui fut gracieux envers eux et les traita avec
bienveillance. Dès lors, ayant définitivement abandonné ses manières
rudes et étant devenu doux et affable, il se trouvait content lui-même
et les autres fêtaient également. Il remercia le Mobedb de favoir mis
dans la bonne voie et de lui avoir donné un salutaire avertissement;
il n'agissait désormais que d'après ses conseils et ne prenait aucune
mesure sans le consulter. Un jour, éprouvant un grand ressentiment
contre la première de ses femmes, à laquelle il reprochait d'avoir
transgressé ses ordres, il voulut la laire mourir; puis il hésita. x\vant
fait appeler le Mobedh, il lui dit : «Quel châtiment mérite la per-
sonne qui désobéit au roi ? — La mort, répondit le .Mobedh, à moins
que ce ne soit une femme, un enfant, un homme ivre ou un fou. »
Bahrâm renonça à mettre à mort la femme.
Un des beaux traits qu'on rapporte de lui (certains l'attribuent à
un autre prince) est le suivant : Un jour, comme il se trouvait à
table et c|ue le chef de cuisine lui présenta un plat (ïas/'idlicbàdj, une
HISTOIRK DKS 1\()IS DKS PKKSKS. 507
y^ vjJ^_<S-C *^ J ià-X-iAj ^^-^U jyJjOJ jLg.) jLii ïLJ>'Ov.-%aJ> I ^^i v<SJO
|j._d)* >^.L*-a-^ L^ib JjOJ vJwi^ •; ^Jf-^^ ^1 s::.-i6^3 ^iU-l! Lgj| Jlij Àj-^
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C' C 4^^- — '' M (tiy-j- — ■'' ^"''' n\n[s inanqiu-nl clans M.
goutte en tomba sur le hras deBahràm, (|ui donna Tordre de mettre
à mort le cuisinier. Celui-ci dit : « Que Dieu garde le roi de me laire
mourir injustement, car je ne suis coupable d'aucune faute commise
intentionnellement. — Il faut que tu meures, répliqua Baliràm, pour
que d'autres, instruits par cet exemple, ne soient pas négligents dans
le service de leur souverain. » Alors cet homme prit le plat et le versa
tout entier sur Bahràm, en disant : «Je ne veux pas, ô roi, qu'on
dise de toi que tu m'as fait mourir injustement; ce qne je \iens de
faire je l'ai fait pour mériter la mort, afin que tu ne sois pas accusé
ensuite d'être un tyran joour tes serviteurs. Maintenant fais ce que tu
voudras ! » Bahràm se mit à rire et dit : « Comme la vie se délend
bien ! Je te pardonne ! »
RÈGNE DE BAHRÀM, FILS DE BAHP.ÂM, FILS DE BAHIÙM.
Ce roi était appelé Schâltanschâli. Lorsqu'il fut couronné, les grands
de son royaume sassemblèrent auprès de lui et invoquèrent Dieu
64.
508 IIISTOIUK DKS UOIS DES l'KKSKS.
pour qu'il fit prospérer son rèf^ne, l'aidât contre ses ennemis et lui
accordât une longue vie exempte d'adversités et heureuse. H dit :
" Si je aIs, vous aurez lieu d'être satisfait de la manière dont je vous
traiterai et de tout le bien que je vous ferai; et si Dieu me reçoit en
sa miséricorde, j'espère qu'il ne vous laissera pas abandonnés et
qu'il ne vous privera pas de l'insigne protection dont il vous a toujours
favorisés. Nous demandons à Dieu de nous accorder sa grâce, à nous
ainsi qu'à vous! » Alors il se mit à pratiquer la vérité dans la parole,
la probité dans l'action , à mettre bon ordre dans le gouvernement de
l'Etat et à empêcher l'injustice. Mais à peine son règne avait-il duré
quatre mois, que sa jeunesse fut fauchée et que les attaches de sa vie
furent coupées. La satisfaction qu'il donnait à tout le monde et l'admi-
ration que l'on avait pour lui ne lui furent d'aucun secours.
HÈGNE DE NARSi, Fil. S DK BAIIRÂM, FII.S DE BAHRÂM.
Narsî était fils du second Bahràm et frère de Bahràm, troisième du
nom. Lorsqu'il eut pris le pouvoir, les gens notables, les chefs et
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 509
^^-i_Lji J^ f^l j^l^j ,?lJUp' ^y^^ J^ fjUl 4^' ^"' ^^'
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'' .Manqui' dans M. — - M si»»- ' M ouaj. '' C ijS^-
les grands s'assemblèrent auprès fie lui ef invoquèrent Dieu ])oui-
qu'il lui accordât une longue vie et un règne glorieux. Il leur té-
moigna de la bienveillance et leur dit : « Les rois ont une longue vie
seulement s'ils font le bien, une mémoire durable s'ils ont une bonne
renommée. Nous espérons être de ceux-là, si Dieu le permet et le
veut. » Puis il inaugura son gouvernement en ])rati(juant le bien et
veillant aux intérêts de ses sujets. H avait coutume de dire : Le plus
mauvais roi est celui qui tient un beau langage et agit mal, et plus
mauvais encore celui cjui cbarmc par son extérieur et qui a de mauvais
sentiments.
Narsî résidait en été à Istakbr et en hiver à Madàïn. 11 ne buvait
du vin qu'un jour sur deux, il ne se servait plus d'un habit qu'il
avait porté une seule fois, à moins que ce ne fût un vêtement de
grande magnificence et un costume très précieux. Il honorait ses
familiers; il ne se faisait servir aucun mets, ni aucune boisson en
particulier, mais mangeait les mêmes plats que ses convives; il ne se
prévalait de sa supériorité sur eux que le jour de l'audience publique.
IIISTOIRK Di;S ROIS DKS PERSES.
<lj^\ J,I j--g--£ ^v-6-^w-. |j-**o ji^s^J! jLc (,5^1 -^Ul ,^j J ^j Lilj
ii>4_E«« "^ — U> ri 9 .| ^ ^'UJl ja|w^a_) «CL^io ^Lj) v_5*--vJ rj*. V*r^ -^IL« ^
') Mss. ^Ui. M ^.v^U^j — 3) Maïuin.- dans G. — M M ^^Juiii.
Il ne prenait pas un grand nombre de femmes, se bornant à deux
lemmos de naissance royale et à deux concubines d'une extrême
beauté. Il ne visitait pas les temples du Feu, et, quand on lui faisait
des représentations à ce sujet, il répondait : « Je suis trop absorbé par
le culte que je rends à Dieu pour rendre un culte au Feu. »
Après avoir, pendant neuf ans, savouré, dans le jardin de plaisance
du pouNoir, toutes les jouissances et avoir cueilli les Iruits de la vie,
\arsi désigna son fils Honnoz comme son successeur et lui donna ses
dernières instructions; ])uis il quitta la vie somptueuse de ce monde
|)our aller vers l'éternité de lautre.
RÈG.XE DE HORMOZ, 1 ILS DE NARSÎ.
Ensuite régna Ilormoz, fils de Narsî. Comme il ressemblait par sa
rudesse et sa rigueur au second Bahràm, les gens appréhendaient sa
dureté et sa sévérité; ils redoutaient beaucoup son règne et s'atten-
IHSTOIRE DES ROIS DES PERSES. 511
^UL^'^L^bt ...-^^^_^, j,U[^ ^LJt o^^î;^ ^Ut <^ls i'osx ^Ji\
.y—LJ ,^5^::^ J*^-^ J^ ei^' iis-^C <jd-C >XJ. jLO' ,^3-**^ ^^^) c) *-^^=^^^^
.>_*40 ^J 4.1 ^j^-aJ} *^_30oo ^^ o---và.^ .^Lc■ »l 7f.y<-^ .Xjt_) <OJ ^U '^-và_5
daicnl a\L'c leiieur a sus inau\ais traitemenls. Mais, à peine lut-il
établi sur le Irùiie et eut-il pris en mains les afi'aires, que son tempé-
rament se modéra, que sa violence s'adoucit et que ses mauvaises dis-
positions se changèrent en excellentes qualités, et il remplit la terre
de justice. Aussi était-il aimé des gens et les grands et le peuple lui
étaient dévoués; les jours de son règne passaient heureux comme les
jours de la jeunesse et aussi gais que les jours des festins. Mais un
jour, il partit pour la chasse, joveusement et plein d'entrain, et ne
tarda pas à en revenir dans un clat lort grave, car le nuage opaque de
la mort venait de s'abattre sur lui, et avant le soir du même jour il
mourut, atteint par le décret de Dieu, après qu'il eut régné sept ou
huit ans.
Hormoz n'avait pas de fils pour le remplacer, au grand chagrin de
ses vizirs, de ses marzebàn et de tous ses sujets, qui craignaient des
discordes civiles après sa mort. Les serviteurs de confiance les infor-
mèrent alors que l'une de ses femmes, la plus illustre par sa noblesse
et celle qui avait le rang le plus élevé, était enceinte des œuvres de
Hormoz et que celui-ci avait recommandé de proclamer roi l'enfant
ril2 IIISTOIRI': DES UOIS IM'.S IMUISKS.
S-
^.>_)lJ,' vl6^ >^L«* ^jj<u^ ^'Lo^l 41 t,::^.,.Sfc.b'\L ^L^>Jl <j eJ\Lloj ^j-ÀJàJl
'■ M *jU..j J^ -«-ji)l ^. — '-' Manque dans C.
qu'elle portait dans son sein. On lit demander à la femme comment
elle se comjiortait dans sa «^'•rossesse et elle donna cette ré])onse :
" D'après l'éclat de mon teint et les mouvements de l'embryon dans
mon liane droit, ainsi que d après la facilité de la grossesse et la
légèreté du fruit, je crois lermement que ce sera un enfant mâle. "
Les gens furent heureux de cette réponse et ils espéraient que l'enianl
ne démentirait pas le jugement qu'avaient porté sur lui les astrologues,
à savoir qu'il serait heureux en ses entreprises, tjuil vivrait long-
temps, que son règne serait glorieux et qu'il aurait un vaste empire.
Ils placèrent la couronne sur le ventre de cette femme, se proster-
nèrent devant elle, lui rendirent des honneurs et l'entourèrent de
respect. Ils avaient constamment l'attention tournée vers sa déli-
vrance, juscju'à ce qu'elle mît au monde un cnlaiil paieil à une
nouvelle lune naissante qui fnt une joie pour tout le monde et réalisa
toutes les espérances. L'Iienreuse nouvelle lut rapidement portée de
tous côtés et les provinces lurent dans la joie. On le nomma Sàl)oùr;
il fut célèbre, de près et de loin, sous le surnom de Dhoû'l-AhlàJ
I Homme aux Epaules).
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 513
^ > — ?— Ji ^ JhLL! -Jj— ta ^i-*-*-**]^ ^-«' ,.:>-^ ^ ^-^iLo JmLo vi^l^ J^l j-'H
<_<J-£ p-jJ-J' jy«J' c:^^-« jJ^ dj-^ ^^ ^ *^:5;r^ <!' <x^ ^r^
5 -i^^^^-i- "^ — t >•! M ,. rV<S^ •r<Sr'>-^î Jw'-''
C ^\,y — *^' M pl;;^ 6pl;;5 >î>.j . ^ '" M V^M^i"
REGNE DE SABOUR DHOl L-AKTAK, IILS DR lIOn.MOZ.
Ce lui le proniicr souverain et le dernier qui était roi dans le sein
(le sa mère e( dont le règne embrassait toute la vie, depuis son aurore
jusqu'à son déclin. Lorsqu'il vint au monde, parlaitement constitué,
de noble race, avec la marque de la majesté qui brillait sur lui et
tous les signes caractéristiques de la royauté qui se le disputaient, on
lui choisit la nourrice la plus dévouée, la demeure la plus convenable
et la nourriture la plus appropriée. Et sa jeune splendeur commençait
à s'étendre et sa beauté à s'accroître. Les vizirs, les chefs d'armée, les
marzebàn et les gens de l'entourage de son père venaient à sa cour et
étaient assidus dans son palais; ils continuaient à remplir leurs
fonctions, mettant en état de défense les frontières, assurant la bonne
marche des affaires de l'Etat, faisant rentrer les impôts, nommant
des agents, dirigeant les troupes, envoyant des armées aux frontières
et conduisant les allaires comme du vivant de Hormoz.
5l'l IIISTOn\K DKS KO [S DKS PKRSKS.
jlki"^! ^ vUà^"^' uuyi::Jo' L^ -yO^Jb sUja. ^ <-6i-£ ^r^ c:^b> U ^
Ç-L^Jd"^! ti; v;i>_3l_?^ LgJKi_-« I i^X^j Lt^I ^yvJ i-^ ^ J-ftJo Ç.J-L'
,:^/-jL^ L^I^I ^^^^.ajO J.1 '-i[;p^]^ fUjrlj 'rr;;r«-" iS-^} ^^^yx^\j L^
ujU 4)^_a_' p-t«;r-^l cj|;r^|; (^j^^S^I (J^ «.^/-^I-jScJ]^ i-^^jlJ! J,| ^^1|
'»_/;_*^ .al ....-à.)! Lg^ Lyi'^^is A.<s^L-o. A-A-NijI ^ LgJoftl tfc-JuLJ ^_r'jl9
Or, lorsque la nouvelle se répandit dans les dillérentes contrées
que rîrànschahr n'avait pas de roi, que les fonctionnaires de Hormoz
administraient les provinces en attendant qu'un enfant qui était entre
leurs mains eût atteint fàge d'homme pour prendre le gouvernement
du pavs et restaurer le pouvoir roval, le rovaume devint l'objet des
convoitises des ennemis, et les Arabes, les Grecs et les Jures enva-
hirent un grand nond)re de provinces frontières. Les Arabes, dont
le pays était le plus voisin de l'Iraq et du Fàrs, se trouvaient à cette
époque, plus que toute autre nation, dans la nécessité d'émigrer et de
chercher du butin au tranchant du sabre et à la pointe de la lance,
à cause de leur misère et parce qu'ils manquaient de vivres. Une
grande multitude de gens partis du pays des lyàd, de la contrée des
'Abd al-Qaïs, du Bahraïn, de Hadjar, de Kâzima et d'autres régions
s'étant portés sur les frontières de f'iràq et les côtes du Fàrs, en-
levèrent aux habitants leurs terres et leurs troupeaux; ils y commirent
beaucoup de ravages et firent des incursions de tous côtés. Des déta-
chements de troupes grecques envahissaient le territoire do l'Iraq
IIISTOIRK DKS ROIS DES PKUSKS. 515
tjljj ^jwcLj ^ Ij_wj1 U J3I ^LSo j_^Lv p^>^y J j,| f>jj5 cjL^I
e[ le rlévastaienl; ils emmenaient des captifs et enlevaient certains
districts. Les Turcs s'emparèrent de la plus grande partie du Kho-
ràsàn et de ses dépendances. Les Perses s'elïorcèrent de garder
l'onihilic du royaume et le joyau du collier; ils s'a])plicjuaient sans
cesse ni repos à défendre leurs frontières, à bien garder leurs pro-
vinces et à conserver ce qu'ils possédaient. Ils dévoraient les ennuis
que leur causaient les ennemis qui les entouraient, se félicitant de
les voir borner leurs agressions aux provinces de l'exlrème frontière
et aux dépendances de leur pays et de ne pas s'attaquer aux territoires
qui en formaient le noyau. Ils supportaient tout cela en attendant
que Sâboûr eût grandi.
Voici en ([uelle circonstance les gens eurent la première preuve
de l'excellent jugement de Sàboùr et observèrent les premiers signes
de sa haute intelligence. Comme il avait été réveillé un matin par le
bruit d'une foule, vociférant, criant et s'interpellant, il demanda à ses
serviteurs et aux irens de son entourasse la cause de ce vacarme. Ou lui
65.
v_r
51(î IIISTOIRK DKS ROIS DKS PKllSKS.
i-i' A_^_i_>_ft_^ ^ jiLi.:>j\î l'^i *^_^ ol?^ - l^lî '=^)^^ ■^ r-^'^r»' J^ ^«^Ul
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.g — ii:< — > vss*^^ ^ «^l-u' k-jLi^ ^ ' *?^ n <0.>,..«M_) kX_jO^_42 ,^4^a j- ■■•"^ 'j
ap])ril qiiecétalcnl les cris de ceux qui passaient sur le pont du Tigre;
de crainte d'être liousculés dans la cohue de gens suivant la même
direction et de ceux qui venaient du côté opposé et pour n'être pas
précipités dans l'eau, ils s'avertissaient par des cris, afin de se livrer
passage les uns aux autres. — «Par ma vie, dit Sàboûr, une cohue
dans un tel endroit est un grand dangei- ! H laiidrait établir un autre
pont, à côté, pour que l'un puisse servir aux allants, l'autre aux
venants, et que l'on n'ait pas à craindre des collisions de ioules cjui
se pressent. » Les gens lurent étonnés de sa vive intelligence et de son
ingéniosité, admirèrent la sollicitude qu'il témoignait pour ses sujets,
bien qu'il ne fût encore qu'un tout jeune enfant, et se conlirmèrent
dans leur espoir de le voir parfaitement diriger les affaires de son em-
pire. Et ce même jour, avant que le soleil fût couché, ils avaient établi
un second pont, qui fut fort utile et dont on se servait avec grand
avantage, et les hommes cessèrent d'être exposés à un gros danger et
à la panique.
Les traits (jui manpiaient le caractère de Sàhoûr dans son enfance
HISTOIRE OES ROIS DES PERSES. 517
^y^\j\j -UU L5J^ ^yS^_ J U:iU 4-sUj Uu IjLs;^ Jy^ J.
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J^t ?*L5ij ?^}->j ^^U^' ïjLiJ ;5t_?^ JU^' ;5LLs>9 j^Lv ;LL. L1
fLJ <^^^i^j ^}^_^^. (?«-^ <JLs^ ^n'-^j s->*-" fj t'^^<-^^^Sa^ j-y
il) M l^. _ :^) C A^Lc.
(loiinaicMil la {Orliludo {[u'il allciiulrail iiu liaiil mérite, et ses qua-
lités, quand il l'ut adolescent, montraient de même qu'il serait un
très grand roi. Les ordres qu'il donnait, soit prescriptions, soit dé-
fenses, ses premiers actes et ses premiers exploits, tout indiquait
qu'il saurai! obtenir l'accomplissement des promesses que la Fortune
avait données à son sujet.
SÀBOÙR SE MET KN CAMPAGNE POUR CHÂTIER LES ARARES.
Quand Sàboûr lut parvenu à la pleine virilité, réunissant l'éclat,
la force et la vivacité du jeune homme à la gravité, à la prudence et
au jugement du \ ieillard et qu'il excellait dans les exercices du cheval
et dans le maniement des armes, il n'eut d'autre pensée que de châtier
les plus rapprochés de ses ennemis qui avaient envahi des provinces
frontières de son empire , c'est-à-dire les Arabes. Son courroux contre
eux grandissait à mesure qu'il grandissait lui-même et la haine qu'il
leur portait était en lui comme son sang. H résolut donc de marcher
518 IIISTOIUK DES UOIS DES PERSES.
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'" M ^ys:. — '-) Mss. c:,L,ljiJ!. — M M *^^^ ^i ^J^. — ''■' M ^uLs aMI ^^ aj^L**
lOjjjdl ^ |<\jC ^^ Civile. — ^ ^F A^U^l. — ■''' Mss. ^j) dans les deux hémistiches.
contre eux, fie l«>s c()ni])atlre a^ec une extrême vigueur et de les exter-
miner jusqu'au dernier, il choisit dans son armée des soldats de la
plus liaute vaillance et des guerriers intrépides comme des lions ha-
bitant les fourrés, confia le gouvernement pendant son absence à un
lieutenant et se mit en marche avec sa troupe, se dirigeant vers l'en-
nemi qu'il se proposait d'attaquer.
Sàboùr se jeta d'abord sur les lyàdites qui occupaient les Ironlières
du Sawàd et en fit un tel carnage qu'il les laissa à l'état d'os pourris;
il n'en échappa que ceux cjui réussirent à gagner le territoire
grec. Leur sort est devenu fexemple cfune entière destruction. C est
ainsi cju il a été cité par 'Ali, fils d'Aboii Tàlib (que Dieu soit satisfait
de lui !j dans la chaire de Koûfa, lorsqu'il apprit que Mo'âwiya avait
écrit aux Tamîm pour les engager à se révolter contre lui et qu'une
partie d'entre eux v avaient consenti :
Quiconcjue prend le bien pour le ni.il ou cpii considère l'eireur (|iii mène à 1 in-
fortune comme la bonne direction
Sera bientôt anéanti, comme ont été anéantis par -Sàboùr, dans h' Sawàd. les
lyàdites.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 519
"J ^Ll-^^! /^'^-^ s->|.>-£ L^_*- j?tJkc J;,w^^ ^__f»^iJi-!! ->^-sc ii^Ç J,!
Ensuite, avant traverse la mer, il vint dans le Khatt et passa au fil
(le l'épée les habitants du Bahraïn; il les extermina entièrement, sans
se soucier de rançon, ni s'arrêter à faire du butin; ce lut comme s'il
agissait d'après cette parole de l'Imàm Aboû Tammàm :
Ces Ik'tos soiil pareils aux lions hiil)itant k's fourrés ([iii, lorsqu'ils se livrent k
leur saiij,'lantc besogne, songent à la proie, non au Initin.
Puis, con lin liant sa roule, il arriva à Hadjar où se trouvaient de
nondîreux. {Bédouins des Tamim, des Bekr ibn VVaïl et des 'Abd al-
Qaïs. Il en fit un tel massacre que le sang coulait comme un torrent
produit par la pluie. Il se tourna ensuite vers le pays des 'Abd al-Qaïs,
auxquels il inlligea un châtiment consistant à leur arracher les
épaules. Puis il \int dans le Yamàma où il sévit d'une façon épou-
vantable. Il ne laissa sur son passage aucune source des Arabes sans
la boucher, ni aucun puits sans le combler. Attaquant ensuite le pays
des Bekr et des Tay-hlib situé entre son rovaume d'irànschahr et les
5-20 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
jj^_fiJ]^ *L>iï_sJi <j^5\j L^ljfc! j ^A^ ^uJ! ^_^|j |j»J| JiLooj w^
r-! Siljj-l ,^;j— ç-i' ^_y=CjtÂ_> ij ^U^^^Il ^vXj ^--ÏJ t5<:^ ^*J^ LiJi ^_a-**v_?-
c:--— ^ji' j^_fl_i Hb- ,._OJ=lj; ^-,^0 ^I jJUl Lgjt <' ^Laj l^As. ^jj
16) C ^
forts des Grecs, en Syrie, il les traita de terrible façon, avec la ri-
£(ueur du Sort et du Destin, et fit parmi eux des ravag;es comme le feu
dans les broussailles. Enfin il tourna ses armes meurtrières contre les
autres, contre tous les Arabes, dans leurs demeures et dans leurs
retraites, en massacra un grand nombre et arracba les épaules à cin-
(juante mille d'entre eux, de sorte qu'il fut surnommé VHomme aux
épaules. Cependant il s'abstint d'attaquer le Yemen, parce que les
princes de ce pa^s entretenaient des relations d'amitié avec lui et
qu'ils lui témoignaient du respect, ou plutôt parce que, dit-on, il
considérait comme un mauvais présage le grand désastre subi par
Kaï Kàoûs, lorsque celui-ci avait envabi ce pays.
Avant que les épées de Sâboûr fussent désaltérées du sang des
Arabes, et que lui-même fût satisfait et sa vengeance assouvie,
une vieille femme avant le talent de la parole se plaça sur son
passage et l'interpella. 11 était de coutume que les princes s'arrêtassent
pour toute personne qui leur adressait un appel. Il s'arrêta donc pour
cette femme, qui lui dit : » Si lu poursuis une vengeance, ô roi, tu
HISTOIRK DES ROIS DES PERSES. 521
yjj LlvaL^ ' J^ J)' i-cls J^-^-^y i-r-V*-^! J^U^ fi-*-' v.::-'-^ ^j)\j <-^-^jJ
JvJLJ ^j.j_tt_J! ^J-« ^_>s_«_li <-N^ ^-^aJCj L i-*^* '^-^J'-c =^1 Js-'^^ i->«4-^ v.^^'
(Iciiv (liTiiicis mots l);irn's. — ^■'i C lioO^^..
as atteint ton l)ut et au delà; mais si tu veux exterminer toutes les
tribus arabes, sache qu'il y aura une revanche, quand même ce serait
dans un temps éloigné. » Sâboiir donna l'ordre de cesser le massacre.
(]ette vieille femme, dll-on, en parlant ainsi, faisait allusion au pro-
phète Mahomet (que Dieu le bénisse et lui accorde la paix 1) et laissait
cntcnchc qu'il vengerait les Arabes des Perses. Car sa venue était an-
noncée, de génération en génération, si longtemps avant sa naissance,
que |)(Msonne ne savait à quelle époque remontaient les premières
prédictions. Sàboùr, en prenant le parti de iaii'e cesser le massacre,
lut déterminé par la crainte des événements qu'il avait entendu an-
noncer, à savoir le déchaînement des Arabes lors de la venue de Maho-
met et la conquête du rovaume des Perses qu'ils feraient par son nom.
SÀBOUR SE UEND SQIIS UN DEGUISEMENT DANS LF. PAYS OE HOLM
ET Y TOMBE DANS LE FILET.
Lorsqu'il eut pris sa revanche des Arabes et confiné ceux d'entre
eux qui avaient échappé à la mort et qu'il n'eut plus à craindre leurs
522 IlISTOIRF DF.S ROIS OF.S PERSES.
< — iJsjL_j» 1 \j^l\^j <-^jy^ \j^\ \j->^ ^>^5J pJi\ er° '-^l ,_>_^L
jL*v L;^ |?laJ! |^L5v^^.o^j.a^| «_^^]^ fjjr^^l J^ f^^j /^J^l j^Lâ^
_^ Os_^^A_J Je *L^v^ » J| J^*j t_>L_^^| ^^^ >-à-*vl .^U IIt%.
' M l^j-ia_,>. - M ik-i_<v-^-. — P> M ;L,J^_;UL^I, K ainsi |)lus bas. —
déprédations, Sàboûr se proposa d'avoir également satislaclion des
Grecs, qui avaient violé ses frontières et avaient fait des incursions
dans son royaume. Comme il songeait à envahir leur pays, à en laire
la conquête et à les .soumettre à son joug, il désirait auparavant .se
renfire compte exactement de l'état de leurs aflaires et surprendre
leurs secrets, et il résolut de .se rendre .sous un déguisement au milieu
d'eux, ainsi qu'avait fait Islendiyàdli, se rendant à la ville d'airain,
dans le pays des Turcs, et Alexandre, allant au camp de Dârà, lils
de Dàrà. 11 croyait que l'entreprise si dangereuse dans laquelle il se
lançait, cette action si déraisonnable, lui réussirait, comme elle avait
réussi à Isfendiyàdh et à Alexandre, ignorant que la faute est toujours
une faute, même si elle réussit. Le Destin obscurcit son discernement
et son jugement, de sorte qu'il chevauchait l'illusion, qu'il frappait
à la porte du malheur et qu'il se frottait à la dent de la mésaventure.
Ayant remis le commandement des troupes et le gouvernemeni de
l'Etal à des lieutenants et adressé ses ordres à ses agents, Sa])OÛr
IIISTOIIIK DES ROIS DES PERSES. 523
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partit sous un (l(''«^uiseuient, gagna le territoire de Roùni, airi\a dans
la résidence de l'empereur el v prit toutes les informations ([uil
voulait. Or, en ce temps-là même, l'empereur donna un leslin au
peuple. Sàboiir y alla avec la loule. Les serviteurs et les courtisans
que sa figure exotique, sa belle stature et son aspect distingué intri-
guaient, se tournaient les uns vers les autres, se le désignaient et
s'interrogeaient à son sujet. Puis quelqu'un qui l'avait vu dans son
pays le reconnut et allait en informer l'empereur qui se trouvait au
milieu de son cercle intime. L'empereur l'avant fait appeler et ap-
procher et lui ayant demandé qui il était, Sâboûr répondit d'une
façon embarrassée et en balbutiant. L'un des convives tenait dans sa
main une coupe royale de Perse ornée du portrait de Sàboûr. L'ayant
vidée, il examina attentivement le portrait et trouva cjue c était limage
même de Sàboûr. La montrant à l'empereur, il lui dit : « Sire, ne
courez pas après l'ombre en tenant le corps. Voici le portrait de
Sàboûr et voilà Sàboûr, comparez-les. » L'empereur considéra atten-
GG.
r>2'i IIISTOIUK DKS IlOIS DKS l'KUSES.
^i J^J^^ J. «_?. LjfcvL^I ;e W ? « L.gJvyol ^^^^-«ftj L^'L^I ,^_$-?^ L.g>JoLïj«
[.a^ .vaA.^^1
(1) C JJ. — l-^) M »^. — '.■) Manque dans M.
livemeiil lun cl rautrc, cl, s'étanl convaliicu que c'élail Sàboûr lui-
même et comprenant qu'il était venu pour espionner, donna l'ordre
d'égorfj^er une vache et de couvrir Sàboûr de sa peau, à l'insLanl,
pendant qu'elle était encore chaude. C'est ainsi que l'on procéda avec
Sàboûr et que l'on s'assura de sa personne.
Lenq^ereur, prolilanl de la bonne occasion, la capture de Sàboûr,
lit proclamer le lendemain la marche contre llranschaln-; il fit ses
préparatils et se mit en route avec ses troupes, emmenant avec lui
Sàboûr sous bonne c^arde. Dans chaque ville de 1 'Iraq où il ])assait,
il tua la garnison, se fit livrer tout l'argent, détruisit les édifices et
coupa les arbres. Il traita de même la plupart des villes de l'Ahwàz
et du Fàrs et arriva ainsi jusqu'à la ville de Djondaï-Sàboûi-, où
s'étaient enfermés les principaux personnages des Perses, les grands
et les marzebàn. Il fit halte à ses portes et établit son camp sous ses
murs. Il assiégea la ville, mais il ne parvint pas à s'en rendre maître,
tant elle était Inen loitifice et bien fléfeiubie par ceux ({ui v étaient
enfermés.
HISTOIRK DES ROIS DES PERSES. 525
I?L_) .._«-»» sLiÈJil ^jLw| ^ wÀJ =v^-^ ^_^-Ai_NaJ| .X^sc 4)^ j_4 <./Lc ^j-v^
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(?L) ^^^^^ tw ïj ^_^s_^L _L.^.a_? <-i^Js_lI <-->lj O^ !-•> c5^-=*- S->^ J^*^
SABOl R IIKCOIVIU: LA LIBERTE
F.T L'I.Ml'l.lUa IJ TOMBE ENTRE SES MAINS.
IN'iidaiil (lue rcinpcrcui- clail campe devanl Djoiulaï-Sàboùr, assié-
j^caiil les lialulaiils, el cpic Sàboûr, se troiivanl au nombre des ])ii-
somiiers qu'il avail dans son armée, étail eidermé dans ses entraves
el bien gardé, il arriva que, dans la nuit de la lêle de la (hoi\, ses
fjardiens se relâchèrent de leur surveillance. Sàboûr avail aulour de
lui quelques prisonniers de TAhwàz et près d'eux se trouvaient des
outres d'huile. Leur parlant dans une langue c[ue les Grecs ne com-
prenaient pas, il leur commanda de verser sur lui l'une de ces
outres, ce qu'ils firent. Ils répétèrent le procédé une seconde et une
troisième fois, de sorte que la peau de vache qui le couvrait s'assouplit.
.Sàboûr s'en débai-rassa, se glissa dehors et, se traînant jusque près de
la porte de la ville, il appela les gardiens et leur dit son nom. Les
gardiens le reconnurent et, lui avant ouvert la porte, le firent entrer.
L'heureuse nouvelle leur apprenant que Sàboûr était sauvé et se
526 IILSÏOIRK DES HOIS DES PERSES.
A_^_î <_^wsJ! ^:,-.«'wX^! ^ ^ L |?U jLâj jjjJl Jlc i>j_SOt ^' .iw) <j|
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A_^ jjJJJ^:*.]^ |îL-;S-i-C ^_yj-S^\ ^^^--r»^ Jj"^! o*^^' fl;^' ^i^j.^ lll-5
(^ tt*J'- ^ " <^ -«^■i-ô^i- — '^' Manque dans C.
trouvait au milieu deux dans la ville s'élant vile répandue parmi les
assiégés, ceux-ci, portés sur les ailes de la joie, accoururent auprès
de lui. Us fureut enchantés de le revoir, se prosternèrent à terre et
versèrent des larmes de joie devant lui. Us lui demandèrent ce rpii
lui était arrivé et il le leur raconta. Alors ils dirent : «Dieu, en te
délivrant, a eu un secret dessein; il te fera sans doute triompher à
ton tour et vaincre les Grecs ! — Mes amis, dit-il, voici l'occasion
de nous en rendre maîtres; car ils ne se tiennent pas en garde et leur
vigilance est en défaut; la plupart d'entre eux sont dispersés et occu-
pés à faire des préparatifs pour leur fête. Donc, promptement faites
une sortie, prenez vos mesures pour les surprendre par une attaque
de nuit et tomber sur eux cette nuit même, avant qu'ils ne se dou-
tent de notre entreprise, pour qu'ils ne puissent pas se préparer et
se renforcer. « Comme cet appel répondait à leur propre et ardent
désir de faire ce qu'il commandait, ils prirent leurs armes et mon-
tèrent à cheval.
Lorsque les Grecs frappèrent le premier coup de crécelle, les Perses
HISTOIHE DES ROIS DES PERSES. 527
jyJoL <=L_>4.JO\ l g 'j^irn'-) à!^J<L JS'j_^L5s/0 ^j-Y^]^ vjJwvijl <-^U-*-^ ^-^^
r*Lwl 4 y^Lv ^..>wi-a. ''>y^J) i^'''^y <-ft-^*-«J! «CojJ.]^ sJi-t»0 ^IjJ'^'-*^
opérèrent leur sortie contre eux, les enlourèrcnl et les massacrèrent.
Sâhoûr leur lit porter l'ordre de ne point tuer l'empereur, de lui faire
(piarlier et de le lui amener prisonnier. Le soleil était à peine levé,
(pi'ils eurent exterminé les Grecs, rpi'ils furent maîtres de leurs biens
et de leurs femmes, qu'ils eurent lail prisonnier l'empereur et qu ils
l'eurent amené devant Sàboûr. Celui-ci donna l'ordre de renchaîner
et lui dit : «Je te laisse la vie, ainsi que tu as fait à mon égard en
m'épargnant. Maintenant restitue les biens que tu m'as pris, remets
en état les contrées que tu m'as ravagées et reconstruis les villes que
lu m'as détruites avec de la terre de ton pays; à la place de tout pal-
mier que tu as coupé, plante un olivier et engage-toi à payer un tribut
annuel. » L'empereur répondit : " Je suis prêt à exécuter tes ordres. .1
Sàboûr obligea alors l'empereur de construire le barrage de Toustar
et la ville ancienne de Madàïn, de restaurer Djondaï-Sàboùr et d'éle-
ver le pont du petit Tigre qui était d'une portée de mille coudées,
et le pont d'Arradjàn , sur la route du Fàrs. L'empereur demanda
par lettres qu'on lui envovât de Roûm de l'argent, des ouvriers et
528 IlISrOinK DKS UOIS DKS PF.IISES.
<_«_vj ^^>!w)J.| J,ij_^'^_w ^j^^^l -J L^A^ i^ ^l;-*^!' ^l-iil ^;>-^
' M y3\^ Jlc,; C. ^^i\4 j*. -' C ^j et, plus Ikis, ^-i. ■■! M jv^.
(les ini^énieurs et (juc Ion apportât la terre sur des navires et dans
des chars. Ce (pii lut lait; et les charges se succédèrent les unes les
autres. Alors les Grecs se mirent à construire Madaïn et les ponts et
à rebâtir les édifices dans l'Iraq et dans le Fars, et ils y plantèrent
des oliviers; car il n'en n'existait pas alors dans I "Iràc[.
Sàboûr partit ensuite pour Madaïn accompagné de l'empereur.
Celui-ci l'ayant prié de lui rendre la liberté et de convenir avec lui
de la somme f[u'il aurait à payer, comptant et à terme, Sà])oûr con-
sentit à sa demande. Il lui coupa les talons et lui mil, en guise de
bride, un anneau muni d'une corde, disant : « Voilà ton châtiment
pour nous avoir attaqué sans provocation. » Ihiis il le lit monter sur
un âne et le renvoya en Grèce. C'est poui-cjuoi les Grecs ne mettent
pas de talons à leurs chaussures et ne brident pas leurs montures au
moven d'un anneau dans la lèvre et dune corde.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 529
ijyf\ jA^ jyi\M* XJlC <^r^^ U -Ti
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(iOI VI.n.NLMr.NT IM. SAIiOLn.
Sàhoûr s"appli<[ua ensuite à élever des éflifices el à londer des villes.
Il bàlit, dans l'Aliwàz, la ville de Khorra-Sàboûr, qui est la ville de
Soùs; dans le Sawàd, la ville de Faïroûz-Sàboùr, qui est Anbàr;
dans le Kboràsàn, Naïsàboûr, qui est Abraschahr, el dans l'Inde,
Farscliàboûr. Après avoir bâti des villes, il s'occupa j)rinci|)alenîent
à creuser des canaux, à jeter des ponts de bateaux et à construire
des ponts fixes, ainsi qu'à créer de nouveaux bourgs et de nouveaux
\illages.
Voulant se concilier les Arabes, Sâboùr établit les captils quil
avait emmenés dans des contrées analogues à leurs propres pays : il
fixa les Taghlib à Dàrîn, les 'Abd al-Qaïs et certaines tribus des
Tamim à Hadjar, les Bekr ibn Wàïl dans le Kermàn, les Hanzala à
Tawwadj dans le Fàrs; il fit demeurer leurs chefs dans sa ville
nommée Faïroûz-Sàboùr. Réalisant ensuite son désir d'envahir le
oaj
530 II1ST0II\K l)i:S l\()IS DKS PKHSKS.
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c_>« 'n s j>^_«,^L/o» i_>.s_i:« vLà_4vjl| j^ <_*«..iLJ> i^^otj'l «O^O. J^lLil j_j ^1 U
pays (\v lioùin, 11 V pénétra et tonilia sur les hal)itaiils de Sindjàr,
de Bosrà, de Towàna et d'Aniid, et emmena un grand nombre de
captifs, dont il établit une partie à Toustar et à Soùs comme tisseurs
de brocart et do soie. Quand il en eut fini avec les Arabes et les Grecs,
il se rr-ndit dans le Kboràsàn et le fokbàristàn, examina fétat des
deux pro\inces, en bannit les Turcs et cbassa les Haïtalites. Il adressa
des lettres aux rois du Sindb et de flnde pour les sommer de payer tri-
but. Ils en prirent fengagement, se soumirent à ses ordres et recher-
chèrent ses bonnes grâces en lui oU'rant des cadeaux et de fargenl.
Sàboûr retourna ensuite dans le Fârs et dans f Ahwàz, étant ma-
lade, ses campagnes qui l'avaient forcé à un continuel déplacement
ayant porté atteinte à sa santé; son corps dépérit, il devint tout à
fait débile et sa vue s'affaiblit. Ses mobodhs et ses marzebàn lui
dirent : «Il y a parmi nous des gens, bien plus âgés que le roi,
que la vieillesse n'a pas éprouvés, tant s'en faut, comme elle éprouve
le roi. Mais le roi s'est surmené par les expéditions, les combats et
llISTOIF\F, DES 110 [S OKS PKRSKS. 531
<_î^|^^ Jjtjw. «L^^Lc J ^L^ls çJJt J <J\ ^y>_ Ul^ lliSsL
^-Ji-pJ|^ i_>>_<i<>2J J"-^==^i ^ ' "^'-î»*^ i«wc. J^-va» ^:Pj JoUO^U ' J^jis
'•' Ciiyfti)!,. - - Mss. A53a. ' M J3U. ' M bb.. ' M^ui.in.' .hms C.
les grandes fatigues (|ii il ;i ciKliirées. I^e fréquent changenu'iil du
sol, de l'eau et de l'air ne lui convenait pas. H faut maintenant qu il
prenne soin de sa personne, comme il a pris soin des affaires de son
Etat et qu'il rétablisse son corps, comm»' il a relevé son ])avs. (Hi il
fasse venir de l'Inde un médecin habile, (jui traitera sa maladie; car
nous nous mêlions des médecins grecs, parce que nous craignons le
mal qui peut résulter de leur secrète hostilité et l'eflet de leur haine. "
Sàboûr lit donc écrire au roi fie l'Inde et celui-ci envoya un méde-
cin, à qui la science de la médecine semblait avoir été révélée. Ce
médecin réussit à le sfuérir et à ré":énérer sa constitution. Sàboûr
recouvra ses forces et la santé et fut entièrement rétabli; il reprit
ses habitudes, mangeait, buvait et se livrait à l'amour et à la chasse,
comme auparavant. Il témoigna sa reconnaissance au médecin et le
combla de richesses; puis il lui commanda de lui choisir pour y de-
meurer la ville la plus saine de son empire. I^e médecin ayant choisi
Soùs, Salîoûr en fit sa résidence jusqu'à la fin de sa vie. C'est ainsi
que les gens de Soùs, parce qu'ils s'étaient initiés à la science de cet
Indien, qu'ils avaient reçu de lui et des prisonniers grecs qui demeu-
6-:
5;V2 IIISTOIUK DF.S ROIS OKS PKHSF.S.
J^'^ î ■>_/0> — ^ ■• «CÂ .T*^ ^j-« >_g.^iX_> ^Joi_) OJ* s-A_<2i^| «r-f^»-:^ ;^' }^^-*^
. i_4;^^' «L.>s-=>'J -^Lî,L >_CO*! <<_SsJ_>0^ ^N_f^ ^ <À_tv >_AJL.>_«.« v-a^'I
\ «__>L-*v v_5V2_^« jA. » io »>-.*-**_) ,>Lb il NâjLw , J[ ^tJL«( <OoJ ^Jotj Ijj
' Manque clans C. — '-) C y j^. ^ '^' C Ai*t^. M ^c^^kiw. — "'' M J^y -
raient près d'eux la doctrine et qu'ils ont hérité la science médicale
les uns des autres, sont devenus les plus hal)iles médecins de l' Miwàz
et du Fàrs.
Sàbour avait un frère, nommé Ardascliîr, né un mois api-ès lui
d'une favorite de Hormoz. Lorsque le Temps l'eut mené à la fin de son
existence et au terme fatal, sa vie et son règne ayant duré soixante-
douze ans, il nomma comme son successeur au pouvoir son frère
Ardascliîr et, après lui, son propre fds Sàboûr, car celui-ci, à ce
moment, était encore enfant; puis il mourut.
RÈGNE D'AROASCIlil',, KILS DE IIOHMOZ.
Quand Ardascliîr, lils de Hormoz, eut pris le pouvoir après son
frère Sàboûr, il tint audience pour les hauts dignitaires et les grands
qui, lorsqu'ils furent entrés, l'acclamèrent longuement de leurs
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 533
-^lL.^_> ^\ âJ j^j ^->^i-c: «L<si^^l f;r^>^ P^j^ Jr**^ f^-^]j f^-^Jr>-\
LljLxI^ -[yl ^j— ^' r*-^^J ^ ""j^' ^!>^ •4r« ^^J *'-'^^]; ■'■^>^'
^J.1 <_. j-x>^t U <Jl :^ ^Ul^ ^Ut ^^U <-iJ U Je ^b!^
(■v.jj_x.t^is <^jU.' j^'i? *Uiij«-'' ^_iU-t ,^5^ j?L^ .x=^y -^oo j^yi
C C*5:3^!. — <2) M bly^l. M J..-JJI. - ' M yU^. — f'^' .M.iiui.ic dans C.
— (6) M*j ly.^=.U.
vœux et se répandirent en éloges sur son frère Sàboùr. Ardaschîr
leur répondit ^gracieusement, leur marqua la satisfaction qu'il éprou-
vait du bien qu'ils disaient de son Irère et leur promit de suivre la
même voie que lui et fie marcher sur ses traces, et il ajouta : « Il n'est
aucune de vos afiaires que notre frère n'ait bien réj^lée et parachevée,
et il nous en a épargné le soin. Que Dieu lui accorde la meilleure
des récompenses, pour nous et pour vous ! Qu'il nous aide, ainsi que
vous, à obtenir une vie heureuse et la félicité de la vie future ! »
Lorsque Ardaschîr fut solidement établi au pouvoir et que ses
ordres étaient bien obéis, il commença à satisfaire sa rancune à
l'égard des grands et des hauts personnages; il leur faisait expier tous
les griefs qu'il avait accumulés contre eux dans son cœur sous le
règne de son frère et les mettait à mort l'un après l'autre, de telle
sorte qu'il inspirait des craintes aux hauts dignitaires et qu'il mé-
contentait les marzebàn. Ces jDersonnages se concertèrent et réso-
lurent de mettre lin à sa tyrannie en le déposant, après qu'il eut
régné quatre ans. Ils firent paraître en public Sàboûr, fds de Sàboùr,
r>3'i IIISTOIRK OK.S ROIS OKS PKIISKS.
?._iLi_x3 ^Jsx ^.tL<5-^4_) j..<s=»- J- »7^j '-^>^ J^jî ^^^^J-S* ^iM-ll - f>^\ ■i"^^
<-jU^ JuK-hJî *Ls=^I |?J jrf^ 'IxeOt 3tj^t j?La1£ ijj ^LjlI'I jf--os-L
le successeur dési<^ 11 (', qui, rie iiouncIIc lune, clail (Icxciui une jeune
lune et qui, manirestemenl, inarcliail dans la bonne voie. Ils lui
prêtèrent le serment d'Iioinmage ol le proclamèrent roi.
RÈGNE DI'. SÂnOÛr., l'Il.S HK S\150ri\.
Lorsque Sàboûr, fds de Sàhoiir, cul pris le ])ouvoir', les gens se ré-
jouirent de voir la royauté du père rendue à son fils. Ils se tinrent
de])out devant lui et lui dirent : «0 toi, nouvelle lune, image d'une
lune si brillante, brandie d un arbre si majestueux, que ton règne
soit heureux pour toi ainsi que pour nous par toi ! Béni est le jour où
tu hérites de ton père la couronne et le trône! Que, par une grâce
particulière de Dieu, les bénédictions de la nouvelle royauté et de
I heureuse lortune aient jiour ellél de lairc durer ton règne plus
longteni])s cpie les règnes de tes prédécesseurs ! (^)u'il te rende puis-
sant et qu'il lasse cjue chacun de tes jours ait un lendemain plus heu-
reux! » Sàboûr leur fit le meilleur accueil, leur répondit par la plus
fervente bénédiction; il leur promit de faire régner la justice cl de
MISTOIUE DES ROIS DES PERSES. 5:^5
Jj-U^ <-!iLL\j 5>J-^' <-^ <' J^jr'^j ^ J>^j ij <û\-jjjl
(3) (.U'j— ^— i* "^^ A^^J^ i^_5 - .5* ^ > 4 — wU o^> — à* >>^j\l ^i:^ ■*■ i' -»-^ 'i\^_4-N^Lc
lairo cesser r()|ipression. 11 iionima ensuite de nouveaux ffouverneurs,
en desliliia flaulres, déiendil tels actes et ordonna tels autres. .Son
oncle (jni avait été dépose lui était soumis, les rois lui oheissaieiil
et les affaires étaient bien réglées dans ses provinces.
Cinq ans s'étant passés ainsi, Sàboùr alla un jour à la chasse.
Pendant qu'il dormait dans un grand pavillon cju'on avait dressé
pour lui, une tempête s'éleva, arracha les poteaux de ce pavillon et,
en renversant sur lui un pieu, lui écrasa la tète et répandit sa cer-
velle. Sa perte fut vivement ressentie par les grands et le peuple.
Certains prétendent que Sàboûr ayant changé de disposition d'esprit
et songé à inaugurer une mauvaise conduite. Dieu déchaîna contre
lui ce vent, qui délivra les hommes de ce roi.
RÈGNE DE BUIRÀM, FILS DE SÂBOLR, FH.S DE SÀBOÙR.
Bahràm, dans sa jeunesse, était appelé Kermdnschâh , parce que son
père lui avait donné, à titre de roi, le gouvernement de la province
530 IIISTOIUK DES UOIS DES l'KKSES.
:j '^Jjj <-^<^^ '^U-kc -cU-c ;si_j^l <--vt^ Jlc p.LJ!
jjJl jjb-"^ LOw^ «OUiJ liJUvo <CLSsI_^ MjvxI Jic
' <<_A_Lc c^-mL^ "*)>-^' i)^ *-.* *^L«Jl 'OjLi ui.''>-3sjls "Oww Sj.;;:»^ ^_çj..:i.|
(') Manque dans M. -- P) C AiùO^. — P) C yLiûiLo^^. — Mss. aJ!.
de Kerinàii. Ouand il cul ceint la couronne, les liauls personnages de
son royaume et les notables de ses sujets s'assemblèrent auprès de lui
et l'acclamèrent des vœux dont ils avaient coutume d'acclamer ses
ancêtres. 11 répondit : « Que Dieu exauce vos vœux et qu'il nous aide
à réaliser nos bonnes intentions à \olre égard! » Babràni, ensuite,
s'appliqua constamment a bien achninistrer l'Etat, à combattre avec
énergie les ennemis de son empire, à traiter avec bonté ses sujets et
à exécuter de mémorables travaux, fondant entre autres la ville de
Kermàn Schàbàn, appelée en arabe Qermisin. Après qu'il eut régné
ainsi pendant onze ans, le peuple, mécontent de certaine de ses
mesures, s'ameuta contre lui et un homme lira sur lui une flèche qui
pénétra dans sa gorge et le tua. Il ne lui servit de rien que l'on mît
à mort pour son meurtre vingt mille personnes.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 537
,_Sw^ ^\y^^j j'udi] Jj-^^ i'^w^jj i!js^t J,! <-> Jjyj •^\
HKGM-: l)K YAZDIDJKUI), l-ll.S 1)1. liMIlUM, IILS l)K SABOl R.
(rest le roi qui esl appelé ^ azdedjerd le Mauvais. Il était extrême-
ment dur et farouche, et au plus haut point orgueilleux et hautain.
Les Perses, qui ii"i<;noraient pas ses lâcheuses dispositions et sa mau-
vaise lif;ne de conduite, ne purent cependaïit se dispenser de lui
donner le pouvoir. Ils espéraient que 1 heureuse fortune de la dignité
royale le corrigerait el le ramènerait dans la bonne voie, comme
elle V avait ramené Rahràm le second et Hormoz, fils de Xarsi, qui,
malgré leur rudesse, leur mauvais caractère et leur brutalité, s'huma-
nisèrent et se corrigèrent par l'exercice du pouvoir et fournirent une
carrière des plus louables. Lorsqu'on eut mis la couronne sur sa tête
et que les gens se tenaient devant lui, tout en éprouvant de l'animad-
version pour lui et tout en le redoutant, ils l'acclamèrent de leurs
vœux, des vœux dont ils avaient toujours acclamé ses aïeux. Il les
regarda avec indifférence, dédaigna de leur répondre et se borna à un
G8
538 IIISTOIRK DKS ROIS DES PERSES.
J^ — a^jl ^^Z — ^ L — =,1.. — aL < — Ji Jil ^ /i::>j«>J| ?Lft_wj âL>x^^ (I) Â^Luil.
^ ^La-,»-^à.J| — 'vJC^jj ^|^\'I Jijj *UJt c_iL^ls itvijUjj
mouvement de la tête et à un signe avec la main et leur fit boire la
lie du dessus de sa cruche. Ils sortirent péniblement en traînant les
jambes, tant ils étaient émus, et en grinçant les dents dans leur
cuisant regret.
A peine Yazdedjerd lut-il solidement établi sur le trône et son gou-
vernement allermi, la nation entière, de près et de loin, étant sous
son obéissance, cpie l'orgueil fie la puissance le poussa à faire le mal et
c|u"il lit régner l'injustice et la tyrannie. Il fit trembler les innocents,
abaissa les puissants, brisa les faibles, versa le sang, effaça toute trace
de la justice, humilia les Perses, agit d'une manière absolument arbi-
traire, encouragea les dénonciations et opprima ses sujets de la façon
la plus cruelle. Aucune personne, fût-elle de ses amis intimes, ne
pouvait intercéder en faveur d'un homme lésé ou plaider la cause d'un
malheureux opprimé. Si quekpi'un osait le faire, voyant dans le fait
de venir en aide à un personnage tombé en disgrâce ou à un prison-
nier une action qui serait récompensée au Ciel, le roi lui dit : " Quel
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 539
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(Ion as-lu reçu pour la dcinarche? l*our quelle soninie I es-tu laissé
corrompre?» Ce fut à tel point qu'il rendait toute intercession im-
possil)le, et il devint avec le temps de plus en plus mallaisant.
IIISTOIIU: DI-: I5AHH\M-I)J0LI\, LK FILS 1)F. YAZOEnjKRl) LE MAUVAIS.
Yaxdedjerd le Mauvais ne conservait aucun de ses fils vivant. Lors
de la naissance de Baliràm, quand il vit la beauté de cet enfant et
reconnut en lui les symptômes et les dispositions qui le marquaient
pour une haute destinée, il le prit en affection, eut pour lui la plus
tendre sollicitude et le garda comme un trésor. Il ordonna aux astro-
logues de tirer son horoscope et d'observer son étoile. Les astrologues
se prononcèrent favorablement sur son avenir, lui prédisant une
existence pleine de prospérité et la réalisation de toutes ses aspira-
tions. Ils conseillèrent à Yazdedjerd de le faire élever avec soin à
l'étranger et de lui choisir un lieu dont l'air et le sol fussent sains. En
conséquence, Yazdedjerd le confia à son agent Mondhir, fds de No'-
G8.
540 IlISTOIRK DES ROIS DES PERSES.
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niàn, (Us d'Amra al-Qaïs, roi de IJîia, après lui avoir conléré un
rang élevé et des dignités. Il lui ordonna de choisir pour l'enfant des
nourrices, de veiller avec un soin parfait à sa nourriture et de l'in-
staller pour l'élever dans l'endroit le plus favorable. Mondhir reçut
l'enfant et l'emmena à sa résidence, à Hîra, qui est la contrée de T'iràq
dont le sol est le plus .sain, l'air le plus agréable et l'eau la plus
douce.
Mondhir choisit pour allailor reniant trois femmes de noble famille,
de bonne constitution, intelligentes et de bonnes manières, deux
Arabes et une Persane, qui l'allaitaient à tour de rôle, tandis que les
femmes de Mondhir le servaient et l'entouraient de soins. Il fit en-
suite construire près de Hîra le Kliawarnaq et le Sadîr, qui sont les
deux édifices les plus remarquables des Arabes; il les lui donna
comme demeures et pourvut largement à son entretien. Il ne négligea
rien de ce qui était possible de faire pour l'honorer et le bien traiter.
Aussi Bahràm grandit-il rapidement, il progressa de la façon la plus
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 541
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heureuse et devint un jeune lioninie; il apprit les arts des x\rabes,
parla parfaitement leur langue et acquit les belles qualités qui les
distinguaient. Avant même d'avoir atteint l'âge viril, il était déjà
parvenu, dans Tart de l'équifation, dans le tir et dans l'habile manie-
ment des armes, à un lel degré de perfection qu'on le citait pro-
verbialement ])our son adresse. Mondliir lui donna la libre disposi-
tion de tout ce qu'il possédait et se dessaisit en sa faveur d'un cheval
dont les Arabes n'avaient pas le pareil. Bahràm le pria de mettre le
comble à ses faveurs en lui donnant quelques jeunes esclaves et
chanteuses, pour avoir par elles et avec elles toutes les délices de la
vie ensemble et pour qu'il ne lui manquât rien. Mondhir fut heureux
de sa confiante franchise envers lui. H fit venir pour lui toute esclave
bien faite, de bonnes manières et de talent accompli, et lui donna du
vin en quantité. Bahràm en usa à son plaisir et, en leur compagnie,
prit à la jeunesse sa virginité. 11 partageait sa vie entre les divertisse-
ments, la musique, la chasse et les jeux.
Un jour, voulant jouir tout à la fois des plaisirs de la chasse, de la
542 HISrOlRF. DKS ROIS DKS PKRSKS.
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Cl C iljl. — l--" M i,l;y. - P) Mss. *J. — (') Mss. JL^x,. — <=^i CjIjijI; CM Jlii.
musique, fin vin et de la compagnie de rainanle, Baliràm luonla une
chamelle de race, prit en croupe son esclave, la cilhariste Azàdhwàr,
avec sa cithare, emporta une petite outre de vin et une coupe d'or,
et partit pour le parc de chasse, ovi il se mit à chasser, à l)oire et à
écouler l;i musique. Un ln)U|)('au de gazelles se présentant devant
lui, il dit à Azàdhwàr : «Laquelle veu\-tu que j'abatte pour toi? —
Je veux, répondit-elle, que tu fasses qu'un màlc devienne comme
une femelle et une femelle comme un mâle. — Tu demandes beau-
coup, » dit Bahram. Puis, tirant sur un mâle une llèche dont la pointe
avait la forme d'un croissant, il lui enleva les deux cornes, de sorte
qu'il fut comme une femelle sans cornes et sans qu'il eût éprouvé
aucune douleur à la tète. Visant ensuite la tète d'une femelle, Bahràm
tira deux flèches qui y demeurèrent attachées comme deux cornes,
de telle sorte qu'elle ressembla à un mâle. «Bravo, mon Seigneur!
dit Azàdhwàr. Il reste que tu couses ensemble la tête et le pied de
cette femelle. « Bahràm fut outré de sa demande excessive. Il tira
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 543
J,| <_>jLswL ^j <-_«_)0.wJl 4)^)tiJ|^ <_A.4^1 <-<i-«Jl ^-^jû ^j^ c^ L^-j
|.L_^ ^5i^>-^i^_H_J- J eji_;! ^f LgJ Jlsj l^-C^ «UUl LèLioj]^ ^^j"^!
une l)allo sur la lète de la lemelle et, iiniiieclialemenl après, au
moment où celle-ci la gratta avec son pied, une flèche qui cousit en-
semble la tète et le pied. Mais, après avoir achevé ce coup merveilleux
et ce tour d'adresse extraordinaire, il jeta l'esclave à terre, la fit
piétiner par la chamelle et, en l'invectivant, lui dit : «Tu as voulu
me déshonorer par ces demandes exagérées!» L'esclave, gravement
meurtrie, ne fut pas rétablie avant longtemps. Certains disent qu'elle
mourut de cette chute et sous les pieds de la chamelle. Mondhir,
dans son admiration, lorsqu'il apprit ce fait, invoqua la protection
de Dieu sur Bahràm et fit représenter son image avec la cithariste,
la chamelle, les gazelles et les scènes de leur aventure dans une des
salles du Khawarnaq.
Le lendemain, Mondhir voulut accompagner Bahràm à la chasse.
Bahràm monta le cheval alezan que Mondhir lui avait donné. En
suivant leur route avec leurs comjDagnons, ils rencontrèrent un trou-
peau d'ànes sauvages. Bahràm f aborda, lorsque, tout à coup, il vit
un lion qui s'était jeté sur un de ces ânes et lui avait enfoncé ses
5'j/l IllSTOlUK Di:S UOIS l)i:S PERSKS.
^1 ^' \3v.^im JLJL-5 .v-^^i-î-o ,1\.<S«JL J^^il Ja-(L^« Lg>j ejVJvis ^_5i>Jl!
ob! Ul,.^!^ LL^I ùi\jj 'lAj JLoj
'' Dans .M, la ligne _a*JI . . . i_i.w>l. PSl intervertie avec la sui\aiite linissant par yfjtl\}-
Dans C elle a été ajoutée à la marge. -- '-) M x*m^.
jL^rilles dans le corps. Il tira sur le lion une llèclie qui, pénétrant
dans son dos, le traversa jusqu'au venlre de l'àne, puis entra dans
la terre où elle demeura fixée; le lion et l'àne tombèrent niorls.
Mondliir dit : «Si je n'avais pas vu ce cas de mes propres yeux,
certes je n'aurais pas cru la ])ersoniie qui me l'aurait raconté. " Et
il fit représenter la scène à côté de la scène de la cilhariste et des
gazelles. C'est à cause de celte aventure, dit-on, que Baliràm fut sur-
nommé Bdhrâm-Djoûr. Celui-ci acheva sa journée à chasser avec
Mondhir, et lui fit voir des exploits merveilleux dont Mondhir lui
enchanté et ravi et qui augmentèrent son zèlo de lui complaire et de
le combler d'égards.
I!\Hl'.ÀM-nJOi:H SE P.ENO AUPRES DE SON PERE YAZDED.IERD I.E MAUVAIS.
SON RETOUR AUPRES DE MONDHIR.
Baliràm demanda ensuite à Mondhir l'aulorisalion de se rendre
auprès de son père et d'avoir sa part du bonheur de le voir, de lui
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 545
jj-^\ U ^iUl ^J L 4I jLfi_j <_^'^-s-. ^ "LâJj 1 ^^^jK-^j <joJLLo
^^^-—S—bJI jy-cy VpA<s<Jl -i^v^ <jUi <j^ ->ot<J|j ^J!5Aà.}|I Âjj^j ^kLkiJt
'•' Maii(|iif duiis C. — -' W,.^.. ■'■' M Jl. ' Manque clans M.
présenter ses lionimages et de se rencontrer avec les <,'ens de la cour.
Mondhir lui dil : " ['rince, je suis on ne peut plus heureux de ce qui
fait ton bonheur et ne désire que faire ta volonté! Mais le roi ton
père, ainsi que tu las appris, est rude et violent de manières, nulle-
ment porté à la bonté et ne faisant, dans son extrême rigueur et
sa sévérité, aucune distinction entre les proches et les étran<^ers. Je
crains que tu n'aies à regretter de t'étre rendu à sa cour et que, de son
caractère dilTicile, de sa raideur et de son dur ser\ice, il ne t'arrive
tout autre chose que ce que tu désires. " Mais Bahràm, qui voulait
absolument rendre visite à son père, dédaigna ce conseil de Mon-
dhir, et celui-ci h" fit partir de la iaçon la plus fastueuse el lui donna
un magnifique équipage.
Lorsque Bahràm fut arrivé auprès de son père, il ne trouva pas
ce qu'il avait espéré. Il s'était attendu à ce que son père serait heureux
de le revoir, qu'il lui témoignerait des égards et le traiterait absolu-
ment comme un personnage de sa position devait être traité. Se rap-
pelant alors les paroles de Mondhir, il regrettait d'avoir repoussé son
conseil et de lui avoir causé du chagrin en le quittant. Yazdedjerd non
09
5/j6 IIISTOIRK DES IIOIS DKS I^KUSES.
J«_Â-LÎ <-o\Jt« "Oi^J^ 4'i^ 43^-vl ,JN^ <JLà_lo'ywo ^sJ» <jjy>^ O^
>_iw^l i!->^-c! ^J-i -'^ ^ TT^- f-î P'T^"'^ ;^^-*^ i^W^ j'^J^^^!
(" C ^^. - C ^wli. — '^' MaiHiue (hins C. — ('' Maïunic dans ('..
seulement le tenait au-dessous de son rang el lui refusait toute
marque de bienveillance, mais il ne iaisail même aucun cas de lui,
le réduisait à une condition subalterne en lui imposant le service de
la cour et l'obligeait à se présenter devant lui au milieu de tous ses
pages et les personnes de sa suite. Un jour, étant debout devant le
roi, lîabràm lut pris de lassitude et de sommeil et laissa tomber
la tête de façon à frapper la balustrade du trône. Yazdedjerd l'apos-
tropba violemment, l'invectiva et donna l'ordre de le mettre en pri-
son. Bahràm y demeura jusqu'à ce qu'un frère de l'empereur qui
était venu de Roùm auprès de Yazdedjerd jiour demander une trêve,
intervint en sa faveur, \azdedjerd donna Tordre de le mettre en
liberté el de le renvover à la résidence de Morulliir.
Bahràm, à (|ui la joie donna des ailes, se hâta de se rendre à sa
destination et n'eut d'autre souci que d'accélérer son voyage juscpià
ce qu'il fût arrivé auprès de Mondhir. Celui-ci vint à sa rencontre
avec son armée et chacun d'eux mit pied à terre devant l'autre. Mon-
dhir lui demanda comment il s'était porté pendant son absence.
Bahràm lui réjiondif : " One Dieu te préserve! Je n'ai pas goiilé la joie
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 547
*La_^|^ .._^^=,\jX\j \j\j^\ ^ 'ULVij <^-XJL« ^j-^=-\j HJvpit J ^!i^l
depuis que Je t'avais (juilte el je u'ai pas eu à me louer des con-
séquences quand j'ai agi contrairement à ton avis. Mais Dieu soit
loué! Voilà qu'il m'a ramené au paradis près de toi après m'avoir jeté
dans l'enfer auprès d'un autre! » Mondhir dit en riant : « Ne sais-tu-
pas, ô prince, que l'avis d'un vieillard vaut mieux que l'expérience
personiieilc fl un jeune homme?» il l'installa ensuite, lui (il une
ma,t;ni(i(pie réception et chercha à lui complaire par des présents et
en lui donnant des chevaux, des esclaves et des musiciennes, le tout
d une valeur de près de cent mille dinars. Et Bahràni se livra de
nouveau aux plaisirs, aux divertissements et à la chasse. Il lut en-
chanté de retrouver cette agréable vie après avoir supporté la peine
qui toujours le guettait.
FIN Dl nÈGNl-, DE VAZDEDJERD LE .MALVAIS.
Lorsque, par le mauvais régime de Yazdedjerd, l'infortune pesait
sur les gens d'une manière continue et qu'ils subissaient de sa vio-
5'iS HISTOIRK DES ROIS DES PERSES.
^jij'^l ^ ,3 ^Lav J-LLc sjLc ^_j-sJ /^îA^ "V^Ij '^'^ o-^^^-v <-6i^
.*. j^x-30| ^L_*»<_5| <_ïLi,A;;_«/i ^j^
Jl! lj^_£6 U JlS. <_*M_âJ ^ iC-*m i^\}^ t::j>j,UaJ «O-^Li
leiice, (le sa rigueur et de sa mauvaise nature toutes les tribulations,
ils se mirent à darder le Ciel d'incessantes prières et implorèrent
constamment Dieu de les délivrer de ses détestables agissements et
de les débarrasser de son règne calamiteux. Or, un jour, dans le
Djordjàn, pendant qu'il était assis sur son trône, entouré de ses
courtisans, un de ses chambellans vint lui annoncer qu'il venait
d'apparaître un cheval errant, sans harnachement, glissant sur le sol;
superbe, parlaitemcnt beau et fie merveilleuses proportions, comme
jamais on n'en avait vu de pareil; qu'il se défendait contre quiconcpie
voulait l'apjirocher et ne se laissait maîtriser par personne; que ce che-
val était venu jusqu'à la porte du palais, où il s'était arrêté, et que les
gens l'entouraient, émerveillés de ce coursier dont les qualités réunies
épuisaient tous les termes du langage et qui ca])tivait complètement
les veux des spectateurs. Yazdedjerd ne put résister au désir de le
voir; il se transporta vers ce cheval et admira ses beautés. Il fut
ravi de joie et dit : <■ Ceci ne peut être qu'une aubaine que Dieu m'a
destinée et dont il veut me favoriser In II s'approcha et passa la
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 549
LiT?.' CJ^ ^J^^ "^ "^-fr^ C^ 09-^' f^; J^lijl !J l^^^jl^ 0~^' (^>^
Jl*-**i1 (^.^ liLUI ' j3 i^^_»-(iJl jj, ffyii^i J*:^ ùsj»j (^rr*- ^
''' C SâUi. — '-' (] iljJ^. — '^' Maiu|ur tlans C. — ''' Manque clans C.
main sui' le Iroiil cl le loiipcl du clicx;!!, (|iii le laissa faire et se
mon Ira (lou\ et soumis. Alors Yazdedjerd demanda une selle et une
hride. il voulut lui caresser la croupe, mais, lorsqu'il se trouvait
derrière lui, le cheval lui lança avec ses deux pieds à la poitrine
une ruade qui le fit expirer sur-le-champ; il tomba mort comme
s'il n'avait jamais été vivant. Les gens furent frappés d'effroi et de
terreur, puis ils se rassurèrent. Quant au cheval, il prit sa course.
On ne savait d'où il était venu, ni où il était allé; on s'accordait à
dire que c'était l'œuvre de Dieu, miséricordieux et bon, qui avait
donné aux hommes la vie par la mort de Yazdedjerd le détestable, le
mauvais. Yazdedjerd avait alors régné vingt et un ans.
CONSEIL CONSTITUÉ APRES LA MORT DU MALVAIS POIR L'ÉLECTION D'UN ROI.
LE POUVOIR DEMEURE À BAHRÂM.
Après la mort de Yazdedjerd dans le Djordjàn, les hauts digni-
taires et les grands retournèrent à INIadàïn et délibérèrent pour choisir
550 IIISTOIUK DES llOIS DES PERSES.
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<_SoiJi^ <Jv-«-i! ^_jj-<sj ^'-^ ^^^j v*^ jjJLjt;L5 ïj_*«_iJ|^ ^^-â-?- vj s-y«Jl
«Ojt^t, JjJdl Ij-vbj J}}> Je j^Lk;ci L<sU <Jxl^V5 <^jJ\j <i\jJ\j
o—^Jà-) 1».^
i^^v;^». ■' .^.J^ ^N! i^p;::»^; ^J j^.is».jj <-r^;r*-'l ' O^ '^-*-* ^J
^'* C liULc. — '-' M «iJo. — >■"' ('. ^jjyuiJl. — '' .\Ian(|U(' dans C. — ■' ('. go^.
un roi. Ils (lij-enl : " Dieu, par sa lionté et sa grâce, nous a délivrés du
régime néfaste du plus mauvais et du plus Ivrainiique des rois. Nous
ne devons donner le ]X)uvoir à aucun de ses fils, qui marchent dans
ses traces; il faut exclure surtout Baliràm qui, outre qu'il ressemble,
sans aucun doute, à son père, a pris les manières rudes et grossières
des Arabes. Choisissons donc un homme réunissant en lui la capacité
et fexpérience, la bonté et la clémence, et faisons-en notre roi. » Ils
tombèrent d'accord d'agir ainsi et adressèrent des lettres aux rois
vassaux <'l aux in<irzc])ài), les appelant à \enir et à se réunir avec eux
pour léleclion du roi. Tous s'empressèrent de se rendre à celle
assemblée, délibérèrenl et disculèrent, et leurs suffrages se fixèrent
enllii sur un honinic df la ianiille de Sàsàn , nommé Khosra. Ils lui
prèlerenl le serment d Jiommage, sans avoir pris favis de Bahràm à
son sujet.
Bahràm fut iorl méconlenl, ainsi que Mondhir et ses Arabes ([ui
prirent fait et cause pour lui et se mirent en marche avec dix mille
guerriers complètemeni armés. Xrrivés sous les murs de Aladàïn, ils
HISTOIUK DKS ROIS DES PERSES. 551
jLfi_3 ]j-«.<^I 'J cUa.:^J .>^]^L f_^l^ls ^^ <_, ^Ul ^! ^^^
tiLïl )l ,_y| jjjj L j^^-r! j?^-vsj t^'v.?^ t:jLku^ (^L^iÀ/o Jou) /«l-pf^ (î^
y elabliix'iil leur cain|) et finoyerent des messages aux jneinbres du
conseil d'élection, leur reprochant sévèrement d'avoir refusé le pou-
voir à celui qui y avait le plus de droits, c'est-à-dire à Bahràm. Ces
personnages leur répondirent en proposant une entrevue. On se
réunit et, après de longues conversations et discussions, Bahràm
leur parla ainsi : « Sac liez i\no je n'abandonnerai pas mon (boil cl ne
laisserai pas le pouNoir à un autre. Si, à présent, vous me remettez
le pays voloiilaircment, je vous témoignerai ma gratitude, je vous
traiterai avec équité et bienveillance, je vous reconnaîtrai vos droits
et vous délivrerai de la crainte que vous nourrissez de me voir imiter
le mauvais gouvernement et la tyrannie de mon père. Mais, si vous
vous déclarez contre moi et si vous persistez à donner à un autre ce
qui me revient légitimement, je vous ferai voir les étoiles en plein
midi, je vous aurai de force et traiterai chacun de vous comme il
l'aura mérité, pour m'avoir méprisé et pour m'avoir repoussé. » Ils
répondirent : « Séparons-nous aujourd'hui, en prenant rendez-vous
pour demain. » Bahràm et Mondhir retournèrent au camp. Les
552 IIISTOIKK DES ROIS DES PERSES.
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membres du conseil flélibérèrenl entre eux et discutèrent pendant
longtemps. Les uns étaient pour Baliràm, d'autres pour Khosra,
d'autres encore pour un troisième, et leur dissentiment augmenta.
Quand ils furent réunis le lendemain, Bahràm, après les avoir
laissé parler longuement en gardant le silence, prit la parole et dit :
"On n'a droit au pouvoir souverain cpie par deux supériorités : la
naissance et le mérite. Or vous savez que je suis plus noble de nais-
sance que celui vers lequel vont vos préférences, que mon éducation
est meilleure que la sienne et que j'ai plus de valeur que lui. Mais si
vous doutez de ma supériorité sur lui, placez la couronne royale entre
deux, lions féroces, et celui de nous deux qui la prendra aura droit à
la royauté. Si c'est moi qui la prends et qui sors vainqueur, alors
prêtez-moi le serment d'hommage et proclamez-moi roi; mettez-moi
ensuite à l'épreuve et observez ma conduite : si vous en êtes satisfaits,
tant mieux; sinon, je prends envers vous l'engagement, je le jure par
Dieu, d'abdiquer; je serai comme l'un de vous, prêterai le serment
d'hommage à qui vous l'aurez prêté et me soumettrai à celui à r[ui
vous vous serez soumis! »
HISTOIRK DES ROIS DES PERSES. 553
_\-AjuL^ f>) *_>i->\L^ ^j^,>x_«*! l»w.vii^i» >_tU^>o |»„Ni>|y,*j ojtjL«i ^j-o «jLvii»
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''' Mss. ^jjujLo. — - Maïuiuc dans ('..
La pioposilioii (le I5;iliràm ayant été agréée, on fit venir doux lions
féroces el allâmes et on plaça la couronne entre eux. Bahràni dit à
Kliosra : «Qui de nous deu\ ira le premier.^ — Toi,» répondit
Khosra. Alors Bahràm alla hardiment vers les lions. Assailli par l'un
d'eux, il le frappa avec la massue, et le fauve s'enfuit loin de lui.
L'autre l'ayant assailli à son tour, il lui asséna un coup de sabre qui
le décapita. Puis, ayant pris la couronne, il la posa sur sa tète. Un
grognement de satisfaction s'éleva des rangs de ses compagnons. Le
premier (pii lui prêta le serment d'hommage fut Khosra, celui qui
venait d'être dépossédé de la royauté, puis Mondhir et son lils No'màn ,
ensuite les autres marzebàn et les principaux dignitaires. La joie
était générale parmi l(\s gens, en particulier parmi les Arabes, parce
que J3ahràm était leur nourrisson, qu'il avait grandi parmi eux et
cju'il était leur ami.
554 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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'"' M JUi. — "-' Manque dans C. — '''' Manque clans M.
REGNE OF. BAHRAM <)L BAH l'.AM-l),IOl R , FILS DE YAZDEDJERn.
Lorsque tous eurent prêté le serment (riiommage à Bahrâm,
celui-ci tint une audience publique. [1 ceignit la couronne au milieu
des grands, c'est -à-<lire les hauts dignitaires, les marzebàn et les
chefs du peuple, qui lacclamèrent de leurs vœux, comme ils avaient
coutume d'en adresser à un nouveau roi, et commencèrent par faire
son éloge. Bahràm dit : » Epargnez-moi aujourd'hui vos louanges;
attendez que je les mérite de vous par ma bonne conduite envers
vous. » Ils répliquèrent : « Nous n'avons pas besoin d'attendre, ô roi.
Ce que nous avons vu de toi et ta prééminence que nous connais-
sons par le fait prouvent sullisamment que tu mérites toute louange
et tout éloge. Loué soit Dieu qui nous a donné un roi tel que toi et
qui ne nous a pas privés de l'avantage de vivre sous l'ombre de
ta protection et de recevoir pour nous guider la lumière de ton
règne! » Bahràm inaugura ensuite son gouvernement par des actes
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 555
.::..^:M> 4^ Jjl Cîlli ^LS^ijiir! il . i^ ^^j^ U jj^t ^j Jl^"^!
'^iIIjl^L^ ^i^U! j^^.Aii;j| «Il â^oo /*L^ o)^ ■•i'I^Lo! e)l^'^ 't-^-^'
<_6jyJL :>Uj;^'^|^ JjJ ^ J J-Sôo ^LSv3 t^Lii'L L^^..^ ^^U50
(le justice et de houle II (liiniima riinpùl (lu peuple et s';ic(piitt;i
envers tous, grands et petits, de ce ([ui leur était dû. il «dressa ses
ordres aux rois vassaux de toutes les provinces, de près et de loin,
et ceux-ci lu! repoiidireiil par des déclarations de soumission et
d'obéissance. Il éleva à un plus haut ranji^ Mondhir et son fils No'niàn,
en fit ses amis intimes, leur conféra des robes d'honneur, leur donna
des richesses de toute sorte et nomma Mondhir roi de la région com-
prise entre Hira et le Hidjàz. Ce fut là le commencement de la fortune
(pii venait aux Arabes et le premier indice de leur puissance.
Bahràm était unique parmi les rois; il possédait de vastes con-
naissances et le talent de parler facilement les langues. Les jours de
cérémonie et d'assemblée, il parlait aral)e; il parlait j)ersan les jours
des revues des troupes et des distributions de la solde; l'idiome deri,
aux audiences publiques; pehievi, en jouant au jeu de paume; turc,
pendant le combat, et l'idiome de ZàbouUstàn à la chasse; en traitant
des matières de droit, il se servait de l'hébreu; pour les questions de
médecine, de l'indien; pour l'astronomie, du grec; étant sur un
556 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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i» Mss. y,. — '^) M ç^^^ p^ 45JJ ^ x.1^; u^ 'N?) (^ t5'>^ (:^ ;'^- '" — '^' 3^-
navire, il parlait en nahaléen, et avec les femmes dans Tidiome de
Hérat.
Ibii Khordâdhbeh rapporte, d'après Haïtliam, fds de 'Adî : «Le
.râwiya Hammàd a raconté d'après Simâk, lils de H^'^i'l^^ f{UP If
rdwiya de Hîra, Sauwâr, lils de Zaïd, fils de Adî, fils de Zaïd, avait
récité les vers suivants composés par Bahrâm-Djoûr :
Les créatures de toute la terre savent qu elles sont devenues mes esclaves.
J'ai soumis à mon pouvoir leurs rois; j'ai tué leurs maîtres et leurs sujets.
Et cpiand le roi d'un pays me bravait, j'armais contre lui des bataillons et des
armées;
.Mors il était obligé de faire sa soumission, ou je le ramenais avec moi et il se
lamentait de ses chaînes et de ses entraves.
On cite encore de lui les vers qu'il a composés à l'occasion du
combat qu'il livra au Khàqàn :
Je lui disais, lorsque j'eus taillé en pièces ses armées : Tu ne me parais pas avoir
entendu parler des exploits de Bahràm.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 557
(^Li. a] (J^ÎÏ i) *iU* ^Jà. li^ l-fr^ 0*'^'-* '^^-^ <^'-^ a 'S
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(«) ^j*JL^ J-J«-X_*it JuL^i"^! (5)^ji^ jLf"^! s^jj r»|;-«-N^ JilUl LiJC-wl Lll
CilUt ^;p5ww ^^^_A^ ^?t_^ i_>Ls^l ^U V>^1j *L^L S^-i-4^ ^J^-i"^!
j^_>^-c <Jj_LLt :s),vr-6-»! o^ J> ^J~' '-^-^^^^h <-i>-*-^' '-^ sjLs^s"^]^
"' Mss. xjy. — '-' M *Jj. — '^' M ajoute : «JL«w_jj >Ujt^^_ji> -1^ ^^ -U (ce qui est
une variante du second hémistiche). — '*' Cette rubrique manque dans M. — >*' C JiaAj}-
Kt que je suis le défenseur de tout l'cnipirc des Perses! Malliciir ;i un ciMpirc c[ui
n'a pas de défenseur!
11)11 Khordàdhbeh ajoute : « Quant aux poésies que citent de lui nos
compatriotes, en voici un vers :
Je suis ce lion sanguinaire et je suis ce tigre furieux. Je suis ce Bahrâin Gôr et je
suis celui qui est surnommé Boù Djabala !
BAHRÀM TOMBE SUR LE KHÂQÀN, ROI DES TURCS.
Lorsque Bahrâm fut solidement établi au pouvoir, qu'il eut distri-
bué les gouvernements et qu'il se fut débarrassé de toutes les affaires,
il se livra entièrement aux plaisirs des réunions intimes et de la com-
pagnie des femmes, s'abandonna aux passions de la jeunesse et cumula
l'ivresse du pouvoir et celle du vin. On lui présenta un rapport tou-
chant les propos du peuple qui disait que le roi ne songeait qu'à
boire et à se plonger dans les plaisirs et les orgies. Il inscrivit sur la
558 HLSTOIRE DES ROIS DES PERSES.
V— J=-*- 4)^-?'L«-f "^-^sJ— c IjJ 1> f»^^^^^-''^' t^-î^^ K-M^ c:)~^ rT^ "^
Li^jJ 4)1 Silc Jli ^1 Jlc :>v_; i-J jJ-U! ,jp;plt er° O^ '^ '" '^-t^'-^^J
f« — *-^ — * — ■'! ^' ij^."^Us^ tj '-Sjr^ ''^^vj-^ ('^-J^ fj "^y* "^ LiJuJj <Ls?-
i'* Ces mois inuii(]ueiit clans M. - - Mss. ^w». — '■' C yji- — ''' Mss. iOs^aiJi.
requête cette note : « C'est là la coutume des rois, lorsque la paix
règne et que les sujets vivent dans l'abondance. »
Le Rliàqàn des Turcs, ayant appris que Bahràni ne sortait jamais
de 1 ivresse et s'adonnait sans cesse aux divertissements, espéra pou-
voir le vaincre. Il s'avança avec cent mille hommes vers le Djaïhoûn
et traversa le fleuve. Cet événement parut très grave aux grands de
rîrânschahr, qui en étaient effrayés et bouleversés. Ils en informèrent
lîahrâm, qui lui-même ne l'ignorait pas, lui parlèrent longuement et
lui conseillèrent de prendre des promptes mesures contre le danger,
et de porter remède au mal cpii venait d'atteindre l'empire. Bahràm
se borna à répondre : « La laveur de Dieu ne nous lait jamais délaul
et nous avons entière confiance en lui. » Il ne renonça pas à se donner
carrière dans les arènes du plaisir et continua à se livrer avec excès à
la chasse et à la vie joyeuse. Puis il partit pour l'Adharbaïdjàn pour
y faire ses dévotions dans le temple du Feu et pour se rendre ensuite
en Arménie, afin d'y chasser dans les bocages. Il laissa comme son
lieutenant, chargé du gouvernement, son frère Narsî, et emmena
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 559
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avec lui un ccrlain noiiibre de personnes d entre les jj^iands el un
corps des meilleurs cavaliers. Les gens prenaient son départ pour une
fuite; ils croyaient qu'il fuyait Tennenii el qu'il abandonnait son pays.
ils résolurent de négocier avec le Kliàqàn et de chercher à prévenir
ses hostilités en le satisfaisant par une grande somme d'argent. Ils
exécutèrent ce projet et s'engagèrent à lui payer cette somme. Le
Khâqàn consentit à leur demande et s'arrêta à Marw pour attendre
ce qu il devait recevoir deux; il y demeura, s'abstenanl de ravager le
pays, dispersa ses troupes et envoya ses chevaux au pâturage.
L'un des espions expédiés par Bahràm étant revenu auprès de lui
et lui ayant rendu compte de l'état des choses, Bahràm se rendit avec
ses compagnons au Djordjàn, de là à Nasa et marcha rapidement
sur Marw, où le Khàqàn demeurait immobile et dans une parfaite
quiétude. Il le surprit pendant la nuit dans son camp, ht périr la plus
grande partie de son armée, le tua de sa propre main, s'empara de
ses chevaux, de ses armes et de ses femmes, et prit possession de son
pays, (ju'il fit gouverner par ses propres officiers. Puis il retourna
dans 1 Adharbaïdjàn, emportant avec lui la tête, la couronne et les
560 IIISTOIUK DES ROIS DES PERSES.
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richesses du Khâqàn. Il fit suspendre la couronne au temple du Feu
et obligea la khâtoûn, la principale femme du Khàqân, avec ses esclaves
de servir dans le temple et de faire partie de la troupe des gardiennes
du Feu. H continua ensuite sa route jusqu'à Madàïn, où il s'installa
sur son trône. Ses amis furent dans la joie et ses ennemis tremblèrent,
les tributs lui arrivèrent et les adversités s'éloignèrent. Il se montra
disposé à la pak vers laquelle inclinait l'empereur et lui accorda
une trêve en lui imposant de payer chaque année deux millions de
dinars, à part les présents qu'il olfrirail à titre d'hommage.
BAHRÀM Sr. l'.EM) DANS L'I.N'DE.
Baliram, ensuite, mettant à exécution un désir avec lequel il se
portait, se rendit sous un déguisement dans finde. 11 y donna de
telles preuves de son courage et de sa force, en tuant des bêtes lé-
roces et des éléphants qui ravageaient la contrée, que sa renommée
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 561
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('! Ma.Kiuf dans M. — (-i- >
inspira au roi Schankalal l'envie de le voir. Il le fit a|)|)eler et lut
charmé fie ses ])eilerlioiis. il le (jueslionna sur sa situation présente
et sur son ])assé. Hahràni lépondil : i Je lais partie de la cour du roi
Bahrâni. J'ai renij)li dans son service une charge dans laquelle je n'ai
pas su obtenir tout à fait son aj)probation et le contenter, ce qui me
valut son déplaisir. Cette disgrâce me lit craindre pour ma vie et me
lorça de m'expatrier, en attendant que sa colère contre ma pauvre
personne soit apaisée. » Schankalat lui dit : 1 Voilà pour moi une occa-
sion favorable pour faire de toi mon ami et pour ])ronter de ton
éclatante fortune. Apprends donc que tu jouiras de ma faveur et que
lu auras une haute situation. Traite-moi comme Irnlant traite ses
parents. " Il en fit son convive et son compagnon de chasse. Les
talents et les merveilleux exploits qu'il vit de lui le ravirent.
H advint qu'un ennemi de Schankalat d'entre les rois de l'Inde prit
les armes contre lui et arriva à ses frontières, résolu de lui livrer
bataille et de lui enlever son royaume. Bahràm dit à Schankalat :
502 IIISTOIUK DKS UOIS DES PKHSES.
' M , yi v« - ('. I_^yi.l . — '' .Maii(|ii(' dans (',.
".\eii\-lu nio cliarf>;er de le coniliattre, afin que je te débarrasse de
lui?» Schaiikalat répondit : " Si tu l'ollres avec tant d'empressement
ei volontairement à inr lemplacer, je ne doute pas, étant donnée
aussi ton heureuse lortune, de ton succès, et grande sera mon obliga-
tion envers toi. » Bahràm fit ses préparatifs et se mit en marche avec
les troupes indiennes, tandis que le roi ennemi s'aj)proclia, lier de sa
puissance et |)lriii de conhance en la lorce de ses armes. Quand les
deux armées lurent en présence fune de fanire, Bahràm dit à ses
hommes : >( Protégez )nes derrières, et regarde/, les prouesses (jue j'ac-
compbrai sur mes devants. » Les Indiens firent ce qu'il ordonnait.
Alors Bahràm exécuta sur farmée ennemie une charge qui ébranla,
abattit, brisa et dispersa les troupes. Puis, se mettant à altacpier
leurs guerriers, il tranchait la tète à un homme avec son sabre ou
le fendait en deux, ou, fenlevant de la selle, le jetait à terre, le faisait
piétiner par son cheval et le tuait; contre un homme portant une cui-
rasse, il lançait une flèche qui transperçait le corps de part en part
et s'arrêtait dans le sol; saisissant deux hommes par leur télé, fun
de sa main droite et fautre de sa main gauche, il frapjiait ces tètes
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 563
iti_^;_A« J^-^^-flJl L_x_^=(9 jpjb-l |*lp-gj c_jLi^! j-^\j ■>-=-! Ji^ cjjj^ "^
!3i(^5oi. 4! Lx:>j ci.J^^>-«i <' J-f^r-» ' (Tr-**^-?- ^1j (fr^^ ^^^ ^'j^ f*T*^
riiiic coiilre rauliT, de telle sorte que leurs cerveaux jaillissaient et
se répaiidaicnt; allacjuaiil un éléphant, il lui labourait la trompe
avec le sabre et la Iraucliait, délogeait ceux qui le montaient et le
faisait tomber à terre. Les troupes ennemies, se voyant près dépérir,
abaTidonnèrent la partie et s'enfuirent en proie à la panique, sans re-
garder en arrière. Les gens de Bahràm les poursuivirent, en tuèrent
un grand nombre et les dépouillèrent.
Schankalat se tenait sur une hauteur, d'où il voyait ce qui se passait.
Quand Bahràm revint avec cette grande victoire et ce gros succès,
le roi mit pied à terre devant lui, ht des vœux pour lui, le félicita,
le remercia, mit à sa disposition son pouvoir et ses biens et le ramena
avec lui en son palais; il but avec lui et le combla de gracieusetés.
Lorsque Bahràm fut sous Tinlluence du vin, il lui fit connaître son
nom. Schankalat se leva, ne cessa de se prosterner, baisa la terre et
se tint debout devant lui. Bahràm finvita à s'asseoir, lui adi-essa de
bonnes paroles et loi demanda en mariage une lille qui lui était née
56 'l IIISTOIRF. DES ROIS DES PERSES.
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J^ (2)^^^-3[, g ,•;•, ^Is—jI -"LjlLj ^.âLâJ i^L^j J)l Ixl «OJC-à-xi j|j-^y "Co^l
AS-MsJ^ *>vj«J S_/«l AaAx " (Sj^ ^
•"• <_âJL^ iXje_«JU oO^^iLtu^ ^4-j (_jj|>>Jiy 4-Ssi^ C_a.>L*iv>o /*lv-g-^ ^Lc Lli
fie la lilledu Faglifoùr. Schankalatla lui donna pour iemnie, lit passer
sous sa domination Daïbol et Mokràn ot les contrées adjacentes, s'en-
gagea à lui payer tribut pour ses autres provinces, lui donna de l'or,
de l'argent, des armes, des éléphants, des parfums, de l'ivoire et des
peaux de panthères en quantités innombrables, et constitua à sa fille
un é(piipage d'une richesse prodigieuse. Bahràni partit ensuite pour
rirànschahr, ]Hiissant et généreux, joyeux et p\()iu d'entrain. Schan-
kalat, l'ayant accompagné aussi loin (pi'on |)()uvail le laiio, prit rongé
de lui i'\ s'en retourna.
GOUVERNEMENT DE BAUHAM APRES SON r.ETOLlH.
Lorsque Bahràm fut de nouveau installé dans sa résidence à
Madâïn, le bonheur étant son fidèle assistant et la fortune son alliée,
l'univers soumis à ses lois et le siècle acceptant sa domination, il re-
commença à cueillir les fruits des plaisirs et à prendre les prémices
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 565
|ftj C^~^\j ^;)-!S-i--v ;5t-s^' ^1^ LU^I tj^j ^[£.\Ui\j ^[^j}\j ;dÂj
«Csi-Cj «^Is^l f^Jf^^J <-'i^-i-£ «L>lL! Je <CvS<tJj <-:>^-^ "^Wh? Lf (^^Jà/J'
J — LxjJj^ jLjLjLJI S^L«_* JjIjoJ! sJui^ |jJut;oi|^ f -^^J |?Ujî)^
Jic JiU'^l <_^L,,^l_>5, JsiLc'^l (5) cLfWJ W^^^l ;jUjJ ^5^ p^'^^^
j|j_*v^i| i.:^,»^-:». ^_5L:i> <_*.^.^^ «Lc^xJl ^_pLv' J^ ^>-*yl vJ->^ c3^^' jjr**
(les jouissances. U accorda à tous les uiarzebàn et à tous les grands,
en distinguant particulièrement certains d'entre eux, des allocations,
des robes d'honneur, des gouvernements et des fiefs et fit remise au
peuple de l'impôt de sept années.
\oulant |)<)ur ses sujets ce qu il voulait pour lui-mthne, Bahràm
leur commanda de se livrer au plaisir de hoire du vin et de passer
leur temps à se divertir. Il dit : « Si quelqu un d'entre vous n'est pas en
état de subvenir aux dépenses des festins et des divertissements, mon
devoir est de lui procurer les moyens qui lui créent des loisirs et lui
permettent de mener une vie agréable et d'embellir ses jours, tandis
que lui-même devra mettre de côté toute fausse honte en m'adressant
ses demandes et en comptant sur ma générosité et ma bonté. " En
conséquence, les gens s'abandonnaient entièrement à leurs réjouis-
sances et à leurs plaisirs, se livraient sans contrainte aux douceurs
du vin, tout en iolàtranl avec les joues des belles et les seins des
vierges, et passaient leur temps à écouter des chansons et à satisfaire
leurs désirs, dans une parfaite quiétude et une tranquille félicité
560 IIISTOIUK DES ROIS DES PEUSES.
y 11 fl ')\j oj|^L_fîJj^ ',l'i.L,^â_L| 1.1,/JJaLj; ,^îiPî J-W^^ cU^^I t_iLc^
J,| \j^j—s. W ^j-L-Ut j ^^j-^ ^!^_g-_>^t ^xj^-iw-isâ. >^|^LiJ]^ v-Wi
\y-^\ (.i>iLc ^^^^ s^jIi jyJjs^ls i^vJjj *.J<-**J| ^^J-*^ S->r-*^_[j V'-*"— ^1
(') M ^Loil. ■-' .MaïKiuo dans M. — W M JSJkd^ilL.
et dans l'aisance et le bien -être. Il s ensuivit que les marchés demeu-
raient vides, qu'on ne trouvait plus d'artisans, que les laboureurs
abandonnaient le travail, que les cultures périssaient et que le com-
merce et les transactions cessaient. Halirâm fit alors proclamer parmi
les populations : « Allons, retournez à vos professions et occupez-AOus
à gaj^ner votre vie depuis le lever de l'aurore jusqu'à midi, et livrez-
vous ensuite au ])laisir de boire en société, de façon à mener de front ,
chaque jour, le devoir d'acquérir les movens d'existence et le ])laisM-
de boiix', le labeur et la jouissance! » On se conforma à ce comman-
dement, de sorte que les choses rentrèrent dans fordre accoutumé
et reprirent un cours régulier après la confusion et le désarroi.
Un soir, Balirâm, en revenant de son parc de chasse, passa près
d'un groupe de gens du peuple qui buvaient du vin sur flierbe au
coucher du soleil. Il les blâma de se priver delà musique qui charme
les esprits. « Sire, dirent-ils, nous avons cherché aujouid'hui un mu-
.sicien, en offrant cent dirhems, sans ])()u\oir en Irouxcr. ■ I3ahràm
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 567
^ ^.>_i_g_J| ic->-Q-<»>u' <<oL3>^ %-/«! 'Ji /♦-^ (•' Jà>js^ rî-€-? u^*^ \j^\i
«LJ^—va.^ J,| -^J ^^j_Ajt<uJ.t ^U>c]^ ^^^^j]ai\ jl^vji. ^^ ^"^t <-Vjl ^^!
Li6> — .a-JSj l g -S^i— b (^ L^l3. 'KJ^.m^ .^ «j_iXx» t:i>!^'o' <30^^ ^j-» ,5 >.:i.A.,sii^
<jj_5sJ! jU J,|j'..-*v <2}\ ^w<iJl wiijj ^_;>o\'' (^Ik.s-j ji-<s*J' oj!:Aji-c
' M^sùjUm. - -' M ^^,**«wil . . jljJi. M L*cUI. — ■'■ MaïKnii- dans C.
— (à) M o**à^ a.
(lil : Nous vous en procurorons. » Il fit écriiT à Schankalat rinrlien
|)our (lomaiuler ([uil envoyât à sa cour quatre mille des j)lus habiles
musiciens et des meilleurs chanteurs. Schankalat les ayant envoyés,
Hahràni les dissémina dans ses provinces, ordonnant au peuple de
les employer et de se faire divertir par eux en leur donnant une juste
rétribution. C'est de ces hommes que descendent ces noirs Loiiris
dont la profession particulière est déjouer de la flûte et du luth.
FIN DU RÈGNE DE BAHRÀM-DJOÙR.
Après un règne de vingt-trois ans qui, à cause de leur charme
et leur brièveté, paraissaient des heures fortunées prises sur le Temps,
arrachées aux vicissitudes du Sort, uniquement consacrées à la vie
sans soucis et aux instants de plaisir, Bahrâm, ainsi que rapporte
rabari, se rendit à Màh de Koùfa pour y chasser. Un jour, étant
568 lUSTOIRK DES ROIS DES PERSES.
•=L-6-^ <JLL)\ Jl ■> ?jLs^=], «L6J>~c A^Vr»- ■>>^^-^|^ ■4-^9 -^ydl (^ ^X^t J
Je <./ULà_»i. ^\b'| >■ «.»-^ "OUj ^_^^6ia» ^-^^1 iij»-^<2_i j_Jic lv<çi-i LjJlU.
^l'i Manque dans C — '■^' M pl^ âL^ ^1 axL^. ■'' M ^;LL5i^. -- <" Mss.
monté à cheval, il, courut après un àne sauvage et, le poursuivant à une
grande distance, il tomba dans un puits très profond, s'y enfonça et
disparut. Sa mère se transporta, avec des foules de gens, à l'orilice
du puits; les puisatiers et les plongeurs travaillèrent à en épuiser l'eau
et à déblayer l'argile et la vase, de telle sorte qu'ils en formèrent des
hautes montagnes; mais ils ne réussirent pas à retirer le corps de
Bahràm. Lorsqu il n'y avait plus aucun espoir de le retrouver, ce fut
pourles gens une immense calamité, quileur causa un chagrin comme
ils n'en avaient éprouvé pour aucun de ses prédécesseurs; ils étaient
désolés de sa mort et de la grande perle qu'ils avaient faite en lui. Ils
regrettaient profondément son règne florissant et heureux, ses belles
actions et sa bonté envers ses sujets. Ils célébrèrent pour lui, dans
toutes les provinces, des lamentations et organisèrent des assemblées
de deuil et de condoléance pendant longtemps. Et ils dirent : « La
première marque de reconnaissance et de gratitude que nous allons
lui témoigner pour sa bénignité et pour sa belle conduite, c'est de
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 560
^Jw> jr-^>~J ^j^\ J~<s-s-â-i' Jic \j^\j j?U.N^ f '^^J ' A)^ ^ ^-^
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^j\ Lii ^^1 4) j^ y I9 ^.iwJj^ -L5vJL ^,^1 er fjLL^l c>^^
Jj_Lj- Jl^^t ^L ^j_^^! Lilj jL'il J^^t >-^:^ ^;t^! ^;,^I
"> Man<nn'(l;insM. — (2) M^j.
lui (loiiiuT (le bons successeurs pris parmi ses descendants, de prodi-
guer notre vie à les servir et à les honorer et de faire tous nos efforts
pour()l)lenir leurenlière satisfaction cl leur amitié. " En conséquence,
ils allèrent se prosterner devant Yazdedjerd, lils de Rahràm, et lui
déclarèrent que leurs j)ersonnes, ainsi que leurs enfants et leurs biens
étaient sa rançon. Après avoir, en sa présence, pendant quelques
moments, manifesté hautement leur douleur par des pleurs et des
sanglots, ils dirent : « Loué soit Dieu qui, ayant réclamé ce qu'il nous
avait confié de plus précieux, nous fait obtenir ce que l'on peut désirer
de plus excellent et, nous ayant éprouvés par la plus terrible des catas-
trophes, nous favorise parle plus noble remplaçant! » Ensuite, se pres-
sant autour de lui, ils lui prêtèrent le serment d'hommage et le pro-
clamèrent roi.
RÈGNE DE YAZDEDJERU, FILS DE BAIIRÀM.
Lorsque Yazdedjerd, fils de Bahràm, eut pris le pouvoir, les gens
l'acclamèrent de leurs vœux et dirent : « Que Dieu te bénisse, ô roi.
570 iiisr(^iiu-: DKS ROIS nF:s pkrsks.
^<^^'i <^^^. jUi ^^.^j JLJ! 'L; ^ 4)-3 4111 o^ 0^! <.!
-■i^jj Lo3 LfijLpl <-^3jij *^ J--àJl Ux 41'! Ulysi^ *^-^l5 r*'^^-**^'
dans l;i royauté donl il la lavorist", qui! l'accorde conslaniment loiit
bien et toute prospérité, loui bonheur et toute grâce! Qu'il rende
pour tes sujets Ion règne aussi prospère que celui de ton jière! Car sous
le gouvernenient d'aucun de ses prédécesseurs ils n'ont connu, comme
sous le sien, une telle aisance et tant de bien-être, une telle opulence,
une existence si agréable et tant de contentement en général. Certes
tous les rois précédents les avaient bien traités et comblés de bien-
faits, excepté un seul; et c'est le fds qui a réparé le mal qu'avait fait
le père, qui a restauré ce que celui-ci avait brisé et qui a fermé les
plaies cpi'il avait causées. Nous demandons à Dieu pour ces âmes le
salut et la miséricorde. Qu'il veuille leur accorder pour nous la meil-
leure des récompenses! Et de même rju'il l'a donné l'héritage de leur
pays et de leurs cités, qu'il le fasse hériter aussi des années de leur
vie!» Yazdedjerd leur répondit : «Que Dieu exauce votre prière et
donne à vous d'abord tout bien et toute grâce! n Puis il dit : «Nous
avons vu l'attachement si sincère que vous avez témoigné à notre père
pendant sa vie et votre si vive gratitude après sa mort; ces sentiments
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 571
VOUS ont créé (les droits à notre reconnaissance que nous n'oublie-
rons pas et dont nous ne tarderons pas à ac(|uitler la dette. Vous aurez
de nolic solluiludc poui' \oiis et du soin (lue nous |)n'ndi'()ns de vos
allaires des preuves dont vous serez contents et qui réaliseront vos
espérances, par la volonté de Dieu et avec son agrément. i>
\ azfledjerd, jx'iidant un certain temps, marchait sur les traces de
son père, se conlormait à ses louables laçons d'agir et suivait la même
ligne de conduite, étant facilement accessible et faisant droit aux
requêtes. Ensuite il commença à se départir de Ihabitude de se pro-
diguer par de fréquentes audiences. Mais l'un de ses fidèles conseil-
lers lui ayant représenté que cela causait de la peine à ses sujets, il
leur donna satislaction et revint à l'excellent svstème auquel il les avait
accoutumés. Puis il leur dit : " H ne laut pas que la familiarité avec
laquelle vous avez été traités par notre père et fexcessive bonté qu'il
vous a témoignée vous induisent à croire que cette manière d'agir est
obligatoire pour tous ses successeurs, et que, si l'un d'eux manque à
vous reconnaître tous les privilèges que notre père vous accordait,
vous attribuiez cela à son orgueil, à sa parcimonie ou à sa dureté. Les
572 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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(') C lil. — 1-^) C ii^\SJ,y — •'' M »iJ^. — ("i c «a!.
rois n'ont ])a,s tons le niome caractère et leurs idées diflèrent. Chaque
temps a son usage qui ne convient pas à tous les temps. Le roi ne
mérite pas des reproches s'il demeure le plus souvent inaccessible,
s'isole et s'occupe de ses afl'aires; car c'est pour améliorer la condition
du peuple, pour maintenir dans l'Etat le bon ordre, pour combiner la
guerre contre l'ennemi et pour enraverles calamités. » Les gens accep-
tèrent ses raisons, approuvèrent ses idées et adoptèrent son sage avis,
^azdedjerd imitait son père en pratiquant la justice, en veillant à
la bonne administration de l'Etat, en se montrant bienveillant et en
rendant le pays florissant. Mais il ne suivait pas son exemple relati-
vement à la chasse et à son goût pour le vin. En ce qui concerne la
chasse, il l'abandonnait complètement, la considérant comme étant
de mauvais augure, à cause de ce qui était arrivé à son père par le fait
de s'y être livré avec passion et continutdlement. Quant au vin, il en
usait modérément et n'en buvait pas souvent, afin de n'être pas distrait
du gouvernement de l'Etat; il se contentait de boire une ou deux fois
par semaine. Il considérait comme son principal devoir de délibérer
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 573
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AiWÎn^a^ fi<.>w%M y.y^ •
avec ses conseillers, de faire sentir la rigueur de ses armes aux enne-
mis, d'accomplir les promesses et d'exécuter les menaces, d'exercer la
clémence envers le peuple et de veiller au bon état de l'armée. Il avait
deux fds, Hornioz et Faïroûz, qui se distinguaient par les plus nolilcs
([ualités et possédaient toutes les vérins. Yazdedjerd qui craignait, en
désignant l'undoux pour lui succéder au pouvoir, le mécontentement
de l'autre, laissa le soin d'en décider aux grands de l'Etat et aux prin-
cipaux marzebàn. Le règne de Yazdedjerd prit fin après une durée de
dix-huit ans et une fraction, temps rempli d'insignes vertus et de
belles actions.
RÈGNE DE FAÏROÛZ, FILS DE YAZDEDJERD, FILS DE RAHRÂM.
Après la mort de Yazdedjerd, ses deux fils, Faïroûz et Hormoz,
se disputèrent le pouvoir et s'efforcèrent, chacun de son côté, à s'en
assurer la possession. Les gens prenaient parti pour l'un ou pour
57'] HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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L^_sj^i (j^ * *ji > ^^wjw lAili^L) L*,^.>.>->a ji>.A-fg ^Ls^* ^jLxjj
'■' C ^Jla^i. 1p ,„^Jt L^_y,i. on lit : gjb (j^ J^Nil oJ^Ii
'•-'' c c:yiji. ^ji5JU. dJL* jLJI .>JU1 i aJu ^jjJJu. j^l
'*' M j.jjl^ j*Js!l . T**'l? i5<\*»l' uî"^T*ty^" P"'*' après deux
*' Ici finit if chaj)itre dans C et le cha- pages blanches, vient la table des chapitres
pitre suivant y manque entièrement. .\près de la suite de l'ouvrage.
laulre. et il survint des événements qu'il serait trop long de rap-
porter. Puis, les deux princes en étant arrivés aux hostilités ou-
\prtes et à la guerre déclarée, ils luttèrent et s'assaillirent. La bataille
lut ardente, de telle sorte que les sabres et les lances, enivrés de
sang, fléchissaient et se laissaient choir dans les poitrines et les
membres. Les deux frères combattaient l'un contre l'autre tout en
pleurant, ils faisaient preuve d'une égale valeur et versaient à la fois
du sang et des larmes. Ces circonstances, dit l'auteur, me rappellent
les vers d'Al-Bolitori qui sont ce qu'il y a de plus beau et de plus
"bloquent qui ait été dit au sujet de la guerre entre proches parents :
Bien des fois des chevaliers dont les poitrines bouillonnent de haine, de sorte
que leurs cuirasses deviennent trop étroites ,
Quand, un jour, ils combattent les uns contie ie^ .iuLie> et que ieut sang coule,
se souviennent de leur parenté , et voilà que coulent leurs larmes.
HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES. 575
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^:.^"Uj -3^J_5 js^ r^^j *3Aol^j:Ji^" J^. ^LikJl jj_*iL _^j ^
' Dans l'exemplaire du divan d'Al-Bohtori de latiihliotheque iialiniiale nis. ar. 3o86 .
011 lit , g : ■ • et v=^l»e- — ' '"^ vers, dans le divan, se trouve entre les deux vers yLw^j
etooy^l lil. '' Ms. omLj. — 'I Ms. ^j^JUI. — '*' iMs. o»jali.
Une nièlee de lances brise des liens sacrés de lamiilc. Celui qui brise ces liens
encourt le blâme.
Ils égorgent, par vengeance, avec des mains qui à peine leur obi'issent, ceux qui
leur sont les plus chers.
Puis, quand la poussière de la bataille était dissipée, llormoz
fut trouvé mort, sans tète, et avec lui trois personnes de sa famille.
Faïroùz les pleura et pourvut à leurs funérailles.
Faïroûz, ensuite, monta sur le trône et ceignit la couronne. Alors
le ciel retint sa pluie et la terre ses ruisseaux; les vents, ces messagers
que Dieu envoie pour annoncer sa miséricorde, cessèrent de souffler;
les eaux disparurent sous la terre, les sources tarirent, les cultures
desséchèrent et les arbres ne donnèrent pas de fruits. Le ciel demeurait
fermé, la situation était grave et la détresse permanente. La famine
dura sept années, plus funestes que les années de la famine de
Joseph. Les vivres étaient extrêmement rares, la pénurie et le dénû-
576 HISTOIRE DES UOIS DES PERSES.
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ment rég^naient partout, la misère et les souffrances étaient épou-
vantaLles. Les oiseaux et les bêtes fauves périssaient, le bétail et
les bêtes de somme succombaient. Ce fut la gi-ande Catastrophe,
rÉvénement terrible. Faïroûz était brisé et anéanti; il endurait des
tourments comme s'il avait un fétu de paille dans son œil, comme
si un os obstruait son gosier, comme si une anxiété oppressait sa
poitrine. Il considérait comme de mauvais augure cette adversité
prolongée du début de son règne, de sorte qu'il fut sur le point de
s'en aller au hasarfl et d'abandonner son royaume; puis il fit bonne
contenance, supporta courageusement finfortune, se mit en devoir
de pratiquer la générosité, vint en aide aux hommes par ses secours,
et porta remède à leurs maux par ses bienfaits. Il leur remit fimpôt,
leur défendit l'accaparement des grains, ordonna de fermer les bu-
reaux des recouvrements et d'ouvrir ceux de la distribution des dons
aux pauvres et aux malheureux. Il écrivit à tous ses gouverneurs
dans le Khoràsân, Tlràq, le Fàrs, l'Ahwàz et les autres régions, leur
recommandant d'agir envers les gens de ces pavs comme on agissait
envers ceux de la résidence et de les secourir par des vivres et de
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 577
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M s. AiUlj. — -i Ms. cjo4^.
laire le possible; pour nu |);is les laisser périr; il jura iori et lernie (pie,
s'il apprenait (pi'iin seul homme dans une fie ses provinces était mori
de faim, il punirait les habitants de la province et de la ville, du
village ou de l'endroit où cet homme aurait péri et qu'il leur infli-
gerait le chatimen! le phis ligoureux.
Quand les seiit années malheureuses arrivèrent à leur fin, Faïroûz,
un jour qu'il s'était rendu à la campagne pour se distraire et se di-
vertir, vit un bouquetin dont la barbe était balancée par la brise. H
faillit perdre connaissance, tant était grande sa joie de rencontrer cet
animal vivant et d'apercevoir le souffle de l'air. H descendit de cheval
et se mit à rendre grâces à Dieu et à lui adresser d'ardentes prières
pour (pi'il ouvrît le ciel fermé. Pendant qu'il suppliait ainsi, les vents
se levèrent pour rassembler les nuages, le ciel laissa couler ses outres,
la terre fut abondamment arrosée et ses parages ruisselaient. Ensuite
Dieu réveilla la terre de son engourdissement et ranima les créatures
qui avaient été sur le point de périr; la disette s'éloigna et l'abon-
dance arriva, les produits augmentèrent et les prix baissèrent; tout
Ô78 IIISTOIRK DES ROIS HKS PERSES.
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LiaÀ.L Liw44ji>£| SjLàJ.! <>^>^ ^*^ '^;r^ <<sl-c u_>s-^2^J.>oJt J,! ^vU!
prospérait, les Iribulalions se dissipèrenl, les calamités cessèrent et
Faïroûz rencontra de toutes parts des sujets de satisfaction. Il se
mit alors à élever des constructions; il fonda sur le territoire de
Raï une ville qu'il nomma Ràm-Faïroiiz; entre le Djordjàn et la Porte
de Soûl, une autre qu'il nomma lioûsclian-Faïroûz et dans l'Adhar-
haïdjàn une ville qu'il nomma Scliahràm-Faïroùz.
Le rèp^ne de Faïroûz était solidement établi et les rois reconnais-
saient son autorité, à l'exception de Kheschounwàz, le roi des Heyà-
télites à Balkh et dans le Tokhâristàn. Faïroûz se mit en marche avec
ses troupes vers le Khoràsân, et comme il voulait atteindre l'ennemi
par le plus court chemin pour tomber sur lui inopinément, il passa
par le désert, en dehors des chemins tracés. Ses guides se trompèrent
de roule, de sorte que la soif fit périr une grande partie de son armée.
Faïroûz se vit forcé de venir avec ceux qui avaient échappé à la mort,
dans un piteux état et honteusement, auprès de son ennemi et de se
rendre à discrétion, en faisant la paix et en prenant l'engagement
envers Kheschounwàz de ne jîlus revenir dans son pavs, de n'y envoyer
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 570
\|j^s.i::^À. ï^Ljuoj J^gjJl ,^_j.b-âj^ j>>oJi Jlc <-Â.^Ji^ <jSi\ <jXtÀ. 4-^
<<_Jw\L_.Oj "^bjj -^^-^-^ <-vJ^ <j<Jt\\ J^i^\j <<_J| s-6-*^| Jl^ls i-^j;-^
^' Ms. A^AxJ. '- Ms. (jljU»^..4?' jj* Ai^l.
aucun corps d'armée, ni d'attaquer aucune partie de son territoire.
H lui remit un acte dans lequel il attestait d'avoir pris ces enji^age-
ments. Alors Kheschounwâz le laissa partir et Faïroûz retourna dans
son pays; mais dans sa poitrine roulaient des tourmeiils et bouillon-
naient des ressentiments.
NOUVELLE CAMPAGNE DE FAÏROÛZ CONTIU'. LE l'AVS
DES HEYÀTÉLITES.
Faïroûz qni, tourmenté comme il était par la ]iensée d'être revenu
du Tokhàristàn avec un tel échec, trouvait la vie intolérable, fut
poussé par l'orgueil blessé et par le dépit au parjure, à la violation
de ses engagements et à une nouvelle expédition contre Kheschoun-
wâz. Il résolut de marcher contre lui et prit des dispositions pour le
soumettre. Ses vizirs et ses marzebân le dissuadèrent de commettre
une action injuste et le mirent en garde contre les suites de la violation
73.
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HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
Ms. JoyS}. — '^' Ms. ijUk,-. — '^' Ms. aJL**».
du serment; mais il ne fit que persister dans sa volonté d'agir comme
quelqu'un qui est égaré par son aveuglement et qui fait un faux pas.
H se mit eu campagne avec son armée, partant de l'Ahwâz et se
flirigoant rapidement vers le pays de Klieschounwàz jusqu'à ce qu'il
arrivât en lace de son campement. Klieschounwàz, dans un message,
lui représentait la vilenie de son action et sa légèrelé et lui reprochait
sévèrement de s'attirer la honte et de se préparer le léu de l'enler, en
violant le pacte qu il avait juré. Faïroûz ne prêta pas altenlion à son
mes.sage et traita Khe.schounwâz avec dédain; il persista dans sa réso-
lution de lui déclarer la guerre, d'engager les hostilités et de le com-
battre, et il indiqua le jour qu'il choisit pour lui livrer bataille.
kheschounwâz fit creuser derrière son camp un fossé, large de
flix coudées et profond de vingt coudées, le fit couvrir de planches
légères et fégaliser au sol avec de la terre; puis, au jour fixé, il sortit
pour le combat. Lorsque les deux armées eurent lormé leurs lignes
debatailjf, il lit demander à Faïroûz de venir le trouver sur le terrain
qui séparait les deux rangs pour conférer avec lui sur ce (|ui ne pou-
vait être traité que dans une entrevue personnelle. Faïroûz sortit (les
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 581
llsA ^.-^l LiJ^<si-c wil'^ o^jl ^1 ^^.w^.A^| (,5^^^j iS^y^=- cr° 4-^ "^
Lli-j «X-xJ! ^ S-^jr-*^ (2)t^Lc^ '■^'-^ lJwNaj|^ <_*Ufc.2lt iJ^ys»
^J-» Ij >s <^^« '^-iS*-'5 «»>^^^ UJ>-*<0 \ j wO ^_2k.«v£ Lg^l Jà-vV ^j ,^1^
rangs et s'avança vers lui; ils s'arrclèrenl lousdeuv à un endroit où les
deux armées ne pouvaient les entendre. Khescliounwàz lit fout son
possible pour le Iléchir, lui parlant avec bonté, le suppliant, le met-
tant en garde contre les suites de la déloyauté et de l'obstination et
ayant recours au moyen de persuasion qui consistait à l'avertir qu'il
dégageait à son égard sa responsabilité. Puis il lui dit : " Sache que le
langage que tu entends de moi ne m'est pas dicté par un sentiment de
pusillanimité, ni |)ar la crainte de savoir mes soldats trop peu nom-
breux. Mais j'ai voulu mieux démontrer tes torts envers moi et t'en
convaincre et aussi me rendre plus digne d'obtenir l'aide et l'assistance
de Dieu. Faïroûz ne daigna pas lui répondre et tous deux s'en retour-
nèrent ce jour-là; ils revinrent le lendemain pour livrer bataille.
Lorsque les deux armées furent alignées, Kheschounwâz fit exhiber
au haut d'une lance l'acte que lui avait écrit Faïroûz, pour que les
troupes de celui-ci, en voyant ce document, reconnussent sa perfidie
et sa déloyauté et refusassent de lui prêter leur concours. Les gens
de Faïroûz étaient hésitants et se demandaient s'ils devaient combattre
582 IIISTOIUK I)1-:S ROIS DES PKRSES.
J^\ ^y^\ J^ <L^ \'' \yuX^, f ^,U^ JjUj- 'cU ^^
\j^ SjLiî?' <JUo, ^^.4^_. tJuuLJ Jixiî JJ^ jj^ ^\ fdJlj i^LaIc
''If \/* "• "^ J~^ .j' '-i' <-JOs_^Lai^ <;OjL^ C)^!; <-si]^J2wj <^\yc,\j
^.>— j ^ L:^ j^ /^îr-'^' w^~^^ "V"^^ ^^1 t-svaJj' 5^^-^ o>^ "^^-^^
•'' Ms. iLjuJl. — (-* Ms. (_}L). — >'' Ms. !,■;-.- plus bas \^'...- dans lo cliapilrc du
règne de Qohàdh le nom est orthographie !và-_yw et aussi Ci>»^ avec le teschdid : dans
avec lui; aussi, quand les deux armées furent aux prises, ne tar-
dèrent-ils pas à s'enluir et Faïroùz fut entraîné dans leur fuite. Les
troupes heyatélites, sur l'ordre de Kheschounwâz, leur coupèrent le
chemin et les forcèrent à traverser le fossé couvert, qui s'effondra sous
leurs pieds; ils y furent précipités les uns après les autres et s'y amon-
celèrent, et Faïroûz y tomba avec eux. Les Hevàtélites les eurent en
leur pouvoir. Les Perses subirent un désastre complet et il n'en
échappa qu'une petite troupe. Kheschounwâz ne se tenant pas de
joie, dit en riani : «Voilà le châtiment de celui qui agit injustement
et déloyalement! « Il demeura luaitre des bagages et des richesses de
Faïroùz ainsi que des personnes de ses familiers, de ses principaux
marzebân et des gens de sa suite jusqu'à ce que Soùkhorrà, le mai-
zebân du Sedjestàn et du Zàboulistân, vint avec son armée l't hii
adressât un message, l'invitant à se montrer modéré dans le triomphe,
lexliortant à ne point pousser les choses à l'extrême et le mettant
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 583
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Lju-s-*v s »^_>S_5 càiL-o ^jj'-Jj ^>>^»-£ k-6Jl UW fj o*J\^ ^3T*^' '^^■^^->-g'!~-^'
^.JdL? iL>>3. ^y<-> .iLioI ^.Votj woJil ^j '«-'-» s^r> '^ 3 J ï^ *J^ ^.^^ ^^
'j^ .j^joLo ^y^ J,!^.^ c)T^- t^^^irl? c)^^^^' ^-^]^ ^-*^I e^
en demeure de rendre les prisonniers et le butin ou de se préparer au
combat. Kheschonnwàz se décida à lui céder et lui remit tous les
prisonniers qne Soùkliorrà, après avoir obtenu aussi la restitution du
bulin, ramena à Madàïn. Les hauts personnages de l'Etat et les
grands le remercièrent, célébrèrent son mérite et le tinrent en grand
honneur. Balàsch, lils de Faïroûz, le nomma Sepahbadh de l'Iraq et
du Fàrs. Soûkhorrà ne cessa jamais de jouir de la laveur de ce roi.
La durée du règne de Faïroûz fut de vingt-sept ans.
RÈGNE DE BALÂSCH, FILS DE FAÏROLZ.
Après que Faïroûz eut subi son malheureux sort, ses deux fds,
Balàsch et Oobàdh, se disputèrent le pouvoir. Balàsch l'emporta et
prit possession du gouvernement, tandis que Qobàdh s enfuit chez le
Khàqàn, le roi des Turcs, pour lui demander aide contre son Irère.
Les grands et les principaux personnages de l'Irànschahr s'étant as-
semblés auprès de Balàsch lui prêtèrent le serment de fidélité, se
584 IIISTOIRK DKS 1101 S DKS PERSES.
^'^5w J J «<_<sJ! Ij-S^JJ <-*Jl^ C^'Ij-O;}^ <!* I^^i, ^j\Sjtj {^)sy^jjj
U ^|j o«— 'lî lli- |?L^l>l9 <i!iL. J-i-?;^ ^N-i1 ,^;>-*»»^ J^ Jv.sg-^^'^! tp»;^-^
<_>>_)jv^ *. i>|jL*i!Mo uftLfu «Coj.^ .iL^l (^^Oj ijL^t C/»^!* iJvXjlJ!
^j^L;^ ii->o».|^ JS"^_çH(\* ^^j_iJU_>Js.xi js^ ^l^i^ <$^J (jy'^l S-^r^ ioljLtv
Jr^ ^5-_lo.j ^â,AjJt isL i_^pju| <_> -ilLo U ^LS\-«ill uk-i^ ^^L«.:i.^iL
' \laii(|iif dans C. — '-' Ces mots iiiiiii(]iietil clans M. — 1^1 C j.UJI (»L«ji)lj.
souimrciit a ses ordres, le coiiromièrciit, le félicitèrent, racclamèreiil
de leurs vœux et le complimentèrent. Us le prièrent de récompenser
Soùkhorrà le Sepalibadh pour ses hauts laits et la grande bravoure
dont il avait fait preuve. Balàsch répondit à leurs discours et leur ac-
corda ce qu'ils demandaient. Puis il inaugura son gouvernement avec
entrain et allégresse. Il répara les brèches, redressa ce qui joenchait
et fit passer avant tout la justice. (îomme il voulait rendre le pays
llorissant, il fonda, dans le Sawàd, une ville qu'il nomma Baiàscha-
baclli, (|iii est la même que Sàbàl près de Madâïn. Dans le Ilolwàn et
le territoire de Marw, il fonda deux villes qu'il nomma, l'une et l'autre,
lîalàschkird. Par sa bonté envers ses sujets, j)ar la justice dont il
laisait preuve dans la décision judiciaire, par les faveurs (pi il accor-
dait et la bienveillance (ju'ii montrait dans la mesure de son pouvoir,
il s'attachait tous les cœurs et rendait tous les hommes heureux.
Balàsch exigea des habitants de chaque province de fournir leurs
produits particuliers, ouvrages rares et curieux, vêtements et autres
objets, et ordonna de compter le prix de ces objets dans les recettes
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 585
|iLjtJt ^iii\ ^j*JL^ ;i)t^!jJLjt;dl i_^\y> <j'^ J «ucoJvj^ ^^ f U^
'2)c^tijJi^ u-ir^l^ _U5^|, ^%Jt^ ijLJlj jU -yJl^j ^1
^\j—^y-Jt)j ^1 — kvL_st. L-g.;^ :>j w^JaJI ^—K-^L j^_ya>.A_i.^ ^_y3j_Na_l j^ J_-ics|j
,^\! ^_ji!xj ~^LUo (^ ^L^'^^ij.yo LzJ,. Q»J_*«m
.tyilj. ■' Mt^^lJi^: C-j^ULy
(les impùls el redcvancps. Il prit à son service des bouDbiis pour l'ai-
der par leurs ])laisanleries dans ICxpéflilion des affaires sérieuses el
par leurs fantaisies dans son applicalion aux choses réelles, et aussi
pour le mettre en bonne humeur et lamuser en le faisant rire; mais
il ne leur permit pas de l'approcher dans trois endroits : les lieux du
culte, les audiences publiques et les champs de bataille. Les mets
qu'on lui préparait étaient variés. Il y avait le plat du roi qui consistaii
en viande chaude et froide, gelée de viande, viande au vinaigre, gelée
de poissons, viande au riz, feuilles farcies, volaille marinée et purée
de dattes au sucre candi; le plat khorâsânien qui se composait de
viande rôtie à la broche, de viande cuite dans la poêle, dans le
beurre et le jus; le plat (jrcc, préparé avec du lait et du sucre, avec
des œufs et du miel et du riz avec du beurre, du lait et du sucre; le
plat (les dilicjàns qui consistait en viande de mouton salée, de tranches
au jus de grenade et d'oeufs cuits.
Après un règne de quatre ans et quelques mois, BaLàsch, dans
la fleur de sa jeunesse et dans toute sa force, suivit la route
580 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
Jç^^jJO ^ ils* v^Xl*
^'.JOç. Ji^._Xl ^\«U». ^ w> 1 <Aifc.| ^ ^«X^^s;L«_> ^SUk. Jjl iLojLva LlL
1» !.3s_^« ^ ]>^ <'U ^IsLÀ. -^L_***_i ïsX-ïLiv »»J>Làfc. 4_p ^.;i./yyOi3 ^_A.>w«< ^)i
LJL^^ hiLwL) (^jJI ^aàmJI JùLo h'T*"^ '^^^^- iS"^^ ■Tjiiî'Jl (jmJ
11 -M |.U^1 pL.ill. — - C oÔLii; -M l^^-^j Ui^.
([u avaient suivie ses pères et ses aïeux. On pouvait dire de lui comme
dit Aboû-Tammàm :
Que le salut de Dieu demeure sur loi; car je vois que celui qui est généreux et
noble ne vit pas longtemps I
P.kcNK Dli QOIîÀDII, KILS DE l'AÏnoi^Z.
Lorsque Qobàdli vint pour demander secours contre son Irère chez
le Khâqàn , celui-ci le reçut avec honneur, lui accorda une large hos-
pitalité, lui donna des espérances et lui fit des promesses; mais il le
traîna sur la claie de l'atermoiement et lui fit attendre la réalisation
des promesses près de quatre ans. La Khàtoûn, principale femme du
KJiàqàn, s'intéressa à lui, fadopta comme fils et ne cessa d'agir auprès
de son mari pour qu'il le fit partir et le secondai. Son intercession
• •n sa faveur finit par aboutir. Il en lut selon la parole de Farazdàq :
L'intercesseur qui vient à toi couvert de son vêtement nest pasconnin' liiilerces-
scurqui vient à toi nu.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 587
As^ ^. L^ J^ U-^ à^Ji^ C)^ (J-^J 0*^jl^ O"-^ ^^J-^. X^
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Le KluKiàii le lit (loiif pailir avec lirnle mille cavaliers. Lor.sqiril
arii\a à Naïsàhoùr, Qobàdli reçut la nouvelle de la mort de Balascli
el se.s alTain's se relevèrent et se rétahliri'nl. Il Inl de lui connue dil
' \li ihu Djahni :
Je saviiis hieii (|ik' sa mort serait ma \'w.
Il liàta sa marche vers Madàin où il arriva sans coujj lérir. U s'assit
sur le trône royal, les grands et le peuple lui prêtèrent le serment
de lldélité el il lui maître incontesté du pouvoir. H confirma Soù-
khorrâ dans la charge de Sepahbadh et lui confia la haute direction
de l'armée. Il expédia les troupes aux frontières et renvoya l'armée
hir(|ue dans son pavs après l'avoir largement ])avée et fait revêtir
ses chels de robes d'honneur, et envoya à titre de présents au Kliàqàn
el à la khàtoiin des richesses et des objets jirécieux en cpianlité in-
nond^rable.
Oobcàdh, voulant éloigner Soùkhorrà de la cour, l'investit du gou-
vernement du Fàrs et le ht partir pour cette province. Or, lorsque
588 IllSTOlRb: DES ROIS DES PERSES.
5. wé ^'1 ,>_^« iLs-» S^-^J3-s^ ^ <J>iS\jo "^ki^ [zX-' i-g^S-'! ^->^-i->t« ^j^\^
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^>^v^ls .n^_j»^_jJLj ^;;-^L <xVLx^ <( Ij^vjj JxsLL'^l J-r'jts'^t «W^
<— ii_£ ^•Jajil l.iLjii <0>^ fLt*»Xil ^Jlc LiLà_^L L'Si 1 >»,< isLo Ç-y^\ U-''^
Soùkhorrà était loin de la cour, les détracteurs et les envieux trou-
vèrent raoven de le dénigrer, de le diffamer et de ruiner sa haute
situation; ils lui imputèrent des actes coupables et représentèrent au
roi la nécessité d'agir promptement contre lui en le destituant et en
le mettant en prison. Qobàdh les écouta et se laissa tromper par leur
langage. Il fit venir Sàhoûr de Raï, qui résidait dans cette ville, et
l'engagea à se rendre dans le Fàrs, à mettre en chaînes Soùkhorrà
et à l'amener à la cour. Saboûr, conformément à cet ordre, lui
amena Soùkhorrà enchaîné. Oobâdh le fit incarcérer, saisir ses pro-
priétés et confisquer ses richesses. Mais les accusateurs, craignant que
Oobadh ne lui rendît sa faveur et redoutant les représailles de Soù-
khorrà, produisirent de nouvelles accusations contre lui et le char-
gèrent encore davantage. Alors Qobàdh donna l'ordre de le mettre à
mort, éleva le rang de Sàboûr et lui confia la direction des affaires.
Les gens disaient : « Le vent de Soùkhorrà a cessé, le vent de Sàboùr
s'est levé. » Et cette parole est devenue proverbe. C'est dans ce sens
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
589
.^4^ sSo ^\j <.:sLL ^. ^J»»-^i» ^jlo ^\ ^J J<^\ <Jj-â~^. ^Loi» ^j ^MjLxs
{') c.L>-tv ^,
4}jcj> iLo tjt^ ];)/^l -i|ffiJ]^ e)^"^' J)' ^
iL_5 4)^JCj> ^J ^^yAxL*Jl Je l^-S^j -»jW ,.:>-***^
(I) C ^U. — '2' M ^L». — W C JI33L,. Dans le Valîmat alDahr iras. (!.• la Hihl. nat.
11° 33o8, fol. 377 v») on lit : JlOoL i)l Joi J^.
que Lacldjàm dit à propos d'Aboîi Màzin Oaïs ibn Talha et d'Aboù
Bekr Mohaminad ibn Sibâ' :
Aboù Màzin est parti — ce n'est pas un ilomniage — et ini vont favorable \ienl
de se lever pour Ibn Sibà'.
Ainsi la Fortune, étonnante dans ses variations; elle ne cesse d'amener après
lies lionuiies vils des bonirn<'s ignobles.
I-.es grands et les chefs d'armée désapprouvèrent Qobàdb d'avoir
lait mourir Soùkhorrâ bien qu'il fût entièrement innocent et malgré
les hauts faits qu'il avait accomplis. Us se jetèrent sur les hommes qui
avaient mis tout en œuvre pour amener sa perte et les tuèrent. En-
suite, comme ils craignaient Qobàdh et appréhendaient ses sévices,
ils se concertèrent et convinrent de le déposer, de le réduire à l'im-
puissance et de proclamer roi son frère Djàmàsf.
590 HISTOIRE DKS l\016 DKS PERSES.
' M «^..jj-s. , ('. jU^,* Ji jiws». y- — "■ Ms^-^;^jiT?i •'* ;iinsi plus l)as. ■ M J>g^^,
REGNE DE DJAMASF, FILS DE FAIROUZ.
OOBÂDH S'ENFUIT DE SA PRISON ET SE RÉFI'GIE
AUPRÈS 1)1 ROI DES HEYÀTÉMTF.S.
Lors(|ue Djàniàsf eut pris le pouvoir cl ([u il cul été couronné,
bien qu'il ne possédât cpie dans une faiidc mesure le reflet de la
majesté divine, il ordonna avant toute chose d'arrêter Oohàdli, de
l'enchaîner et de le livrer entre les mains de Bourzniilir, hls de
Soûkhorrà. Il désirait que celui-ci fit expier à Qobàdli la mort de son
père, se vengeât de lui et en fît selon sa volonté. Mais Bourzmihr
était trop sage pour oser le tuer ou pour ignorer que le sang des rois
ne peut être impunément versé par qui que ce soit. Vu lieu donc de
le maltraiter, il était crracieux envers lui et, loin de nourrir de mau-
vais desseins, il n'avait que de bons sentiments à son égard; il s'ap-
pliqua aie serxir. à le bien traiter et à le combler de bons procédés.
Qobàdh admira sa générosité et son beau caractère; il se repentit
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 591
d'avoir fail périr son pcre, se juslifia auprès de lui en lui donnant de
longues e\])li(ations et lui ])rodigua les meilleures assurances; il se
liait d'amitié a\(!c lui et le trouvait j)leiu de jugement et de droiture.
Il lui demanda de couronner ses bons procédés en lui rendant la
liberté à Tinsu de Djàmàsl et des chefs d'armée. Bourzniihr con-
sentit et, s'étant entendu avec lui, il promit de le relâcher, de lui four-
nir le nécessaire et de l'accompagner auprès du roi des Heyàtélites,
pour demander aide contre Djâmâsf. Bourzmihr exécuta tout cela,
lui procura ce qui lui était nécessaire et voyagea avec lui, la nuit,
avec une troupe de cavaliers et de braves. Ils firent route en j)re-
nant toutes les mesures de prudence et de précaution.
Lorsque les voyageurs arrivèrent à Isferaîn, dans l'arrondissement
de Naïsàboùr, ils prirent leurs quartiers chez le dihqàn de ce bourg.
Qobàdh, voyant la fille du dihqàn, sentit de l'amour pour elle et,
d'api-ès ses instructions, Bourzmihr la demanda pour lui en mariage
à son père, auquel il assura les plus grands avantages. Le dihqàn
consentit, donna sa fille à Qobàdh et la fit conduire à son époux
dans sa propre demeure. Qobàdh aima la jeune femme de plus en
592 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
L_g_cijU >. g £.>. ^ — >| l2 L_cj-s-*v| LjfcwX-ix i^^i.'^-S^j ii}<.Âji^Jœ j-AU>. ^X-ix
4)wo>-» g i| ^Lo <^_aJI ^^^a-J ^AjJy/0« ?«-»\lj o^lsL-Ss» ^>_**owL ci^/wii^
plus, lui lit cadeau d'un collier de perles royales et demeura avec
elle une semaine; puis, lui ayant fait ses adieux et l'ayant confiée à
ses parents, il conliima sa route avec ses compagnons et arriva chez
le roi des Heyâtéliles. (leJui-ci le combla de bontés et lui accorda la
plus généreuse hospitalité; il se monlra à tel point large et libéral,
qu'il ne restait à Qobâdh rien à désirer. Et il lui dit : n Roi des rois, le
bien le plus efficace est celui qui se fait promplement; les accidents
sont dans les retardements. (lomme tu m'as fait f Jionneur de ciierclier
un refuge chez moi et de me demander assistance, à moi plutôt qu'au
Khàqàn, je n'agirai pas envers toi comme celui-ci a agi, alors qu'il t'a
retenu si longtemps auprès de lui; au contraire, je vais le faire partir
de suite et pleinement satislait. " Qobadh lui répondit : «Jamais je
n'exigerai de toi les tributs pour les pays que tu détiens et je te les aban-
donnerai tant que je vivrai; je te récompenserai largement et t'élève-
rai à un rang éminent. » Le roi des Ueyatéliles mit sous son comman-
dement vingt mille de ses meilleurs fantassins. Daus les j)résents qu'il
lui offrait et dans les bons procédés qu'il avait j)our lui, il alla à
HISTOIRK DES llOIS DES PERSES. 593
it
■^;r-'' J-^ ^
'U ^^;—
3 _^ii='^
'' Manque (l;iiis (\. '-' C y^y-
\\'\[vvnw limilc de la lihci-alilc et il le lit |);ti-lii' en j^jimikIc poinjx' et
|)arlait('ni('nt cquinc.
Qobàdli retourna donc dans llrànschalir. Lors([u'il lit iialle à Isfe-
râîn, chez le dihqân son beau-père, on lui annonça qu'il lui était né
un fils d'une beauté dont jamais on n'avait vu la pareille. Il se le fit
présenter, en fut charmé et l'appela Kisrà; c'est lui qui lut Kisrà Anoû-
scharwàn. Le dihqàn, à qui Qobàdh ht demander [)ar Jiourzniihr son
origine, lui déclara qu'il était de la race d'Afridhoûn. Qobâdh fut en-
chanté de lui, le rendit ojiulent et riche par ses dons et emmena
Kisrà et sa mère avec lui à sa résidence.
OOISADII r.KC.OI VUR LF. POLVOIU
Lorsque Qobàdli, soutenu par la forte armée qui! amenait, arriva
du pays des Heyàtélites dans f Irànschahr, les grands et les chefs d'ar-
mée se consultèrent sur la situation dans laquelle ils se trouvaient et
75
ri9/| IlISTOIRF, DES ROIS DES PERSES.
JoL—tvjill ii^é_L^. ^^_o_tvULïfc. <^ — «j-_=fc.â ^il^L <_j>Jl^ )^î~**' ^^ 'Lâji^wi*
J «x_b-]^ -^1)— 4i ^ ♦>* -^1 "^Î^U»^ lj-à;;^-*v ^_J) [■>)j.^^j^ jjjX^lj <i.y^\j
<^s-:?' — ^1 f'jy\ ^J:^ à-J\j ,jj|-*4^ s-u-i^ ^^^^j,4ijlsLÂ-/«j J^l yLàJ jjsJl Le.
'' Mss. 8j_« Jvi.. . - ('. i>j».!. — '^' M l^iCU. ' ('.j.^j-_), l'I ainsi plus bas.
(Iclibererenl. Ils résolureiil dévitcr ICniision du sang et d'arrêter la
jTuerre civile, en donnant le pouvoir à Oobàdh. Ces personnages,
parmi lesquels se trouvaient Djàmâsf et le grand Mobedh, rendirent
hommage à Qobâdh, lui présentèrent leurs excuses, le proclamèrent
roi de nouveau et lui prêtèrent le serment de fidélité, en stipulant
(|u'il ne sévirait pas contre Djâmâsl, ni contre aucun des hauts di-
gnitaires de l'empire. Oobàdh en prit l'engagement et s'installa dans
sa résidence à Madàïn. Djàmàsi ainsi que les rois vassaux, de près
et clc loin, lui rendirent hommage. Son pouxoir était incontesté et
son autorité reconnue. Qobàdli renvoya ensuite les troupes heyàtélites
comblées d'honneurs, acquitta la promesse qu'il avait donnée à leur
roi, en lui faisant remise du tribut et de la redevance, et l'honora par
des robes d'honneur et des cadeaux. Il donna à Bourzmihr, fils de Soû-
khorrà, la charge de vizir et le récompensa de façon magnifique. Puis
il se mita construire et fonda les villes d'Aradjàn, de Qobcâdh-Kliourra,
de Qobâdhyân et d'autres. Il fit une expédition au pays de Roûm,
s'empara d'Amid et de MeiyâfànYjîn, fit fies prisonniers, emmena des
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 595
LaLjI <ju<^ '^\j i>-^ ij^ <jUj >-i».L ^\ i\j\ 3yvaJ|^ (J5^'>^ W*^ ^y^'
^^\ ^ij-c .ilîA;oU «oy*. N-^U <ÀLi. >^j <K]^ 4wv^ls <ji' j ^lkA.;:xJl
' M l^LJ. - M Iflu-i-g^ • <^^j>^- — '■" ^I*s. lybty.
captils, obligea le roi de llowiii a paver liihiil et rrxiiit \iclori<'ii\ à
Madâïn.
Qobàdh, un jour qu'il était allé à la chasse, vit en s'approcliant d'un
\(M"f;er une leninie avant auprès d'elle un enfant qui \oulait cneillii-
uni' grenade d'un arbre (>l (pii, coninir sa nicrc l'en empêchait, se mit
à pleurer. Le roi, surpris, envoya demander à la femme pourquoi elle
refusait parcimonieusement une grenade à son enfant. Elle répondit :
« Le roi a un droit sur ces grenades; l'homme qui doit les cueillir n'est
pas encore venu chez nous et nous craignons d'y toucher. » Qobàdh
dit a Bourzmihr : » Mes sujets sont vraiment dans une position
[)énible, puisqu'il leur est défendu de disposer de leurs Iruits et de
leurs récoltes!» Bourzmihr émit l'avis qu ils lussent déchargés des
impôts fonciers et qu'on leur abandonnât les récoltes et les fruits.
Qobàdh l'ordonna ainsi. Il ne cessa de gouverner d'une manière
louable, se montrant bon pour ses sujets, jusqu'à ce que Satan cornât
dans son oreille et l'égaràt, le lit tomber, pervertit son moral, fit
apparaître la faiblesse de son esprit et l'éprouvât par Mazdak, (ils de
596 IIISTOIRI': DKS UOIS DKS PERSES.
.3 J. t j. ; ! C>^ .xL_»*v_l'| â_L^ ^JoLol o^xss^ yji>Ùu\ ,__é,4aàj «CjJbJI ^aj
sJaJ. «OisL ;î-tu4 «CÂi ^U s->^|; <-SJ_4v ^ :>LjJ -Lv^]^ ^^ (__j2iAi^|^
^'' (^ ylil -U; M (j'ilj ^Ij. |>1>"^ 'ws y!i)ly«lj dans les deux iiiss. — '-' .Maii(|ii('
daiisC. — W M JJuc'l.
Bàmdàclh, de Nasa, de telle sorte qu'il le désorienta et troul)la ses
idées, le rendit méprisable, aflaiblit son empire et fut Tarlisan des
faits que je vais rapporter.
lIlSTOinE DE MA/.DAK, KII.S DE BÀMDÂDII
(qu'Il soit imaudit!)
Mazdak, (ils de Bâmdâdh, était un Satan sous la lorme humaine.
Il était beau de figure, mais sa nature était mauvaise; il était d'appa-
rence pure, mais son àme était corrompue; son langage était doux,
mais ses actes étaient odieux. Il s'ingénia à trouver accès auprès de
Qobâdh et le séduisit par son perfide langage, l'ensorcela par ses dis-
cours artificieux et lui dressa les filets de l'illusion et les pièges du
mensonge, de sorte qu'il s'empara de lui, qu'il le subjugua et qu'il de-
vint absolument maître de lui. Qobâdh suivait aveuglément sa direc-
tion et se lais.sait entraîner par lui dans son erreur; il entendait par ses
oreilles et voyait par ses xeiix.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 507
^i iL_A 5 ! ^:>Vp^ JlJLJ <-£.L^ 2LJ<^ <xL^| i^i/JkLêJj ^^^^aJ:) i^\j
^ 4 ïL-A-Sfc. L_!i_)^x_J ^v-J »-*) '-r'y^ lS-7^' •^"^^'^ wT^^ ^ <— 5^ "^J"^' ^"^1
>_^L <_>Ax (.5^'^ "^U^ vU^l "W-^ .^-^^ ^>^' >^.>w« JwOL? J>./0LL'
l" M
>N^; r, Jy_>. - <'y>t; M tw^ M J^UjU*.i) . ' Miin(|iir dans M.
\ oici (Ml (|uolles circonstances se produisit 1 une des premières
inanilestations de la j.;uerre civile allumée ])ar Mazdak et qu'il j)Osa
les londements de l'édilice de domination aucpiel il sonj^cait. En une
certaine année, la disette éjîrouAait cruellement les pauvres et les
misérables et la lamine en lit périr un f^rand nombre. Mazdak dit à
Qobàdli : Il .le te demande la permission de te consulter sur une grave
alFaire. — Je te le permets, dit le roi. — Que dis-tu, ô roi clément,
d'nn homme possédant une thériaque éprouvée et voyant une per-
sonne piquée par un serpent qui ]K)urrait être sauvée par cette tlié-
riaque et dont la mort est certaine si elle lui est refusée, ne lui conser-
verait pas l'existence au moyen de ce remède.-* » Qobàdh répondit : « Cet
homme mérite la mort. « Mazdak, très heureux de sa réponse, baisa
la terre devant lui et le félicita. Le lendemain, il fit rassembler les
pauvres et misérables et la plèbe de leur sorte devant le palais de Qo-
bàdh et leur promit de leur procurer ce cjui les mettrait à l'abri du
besoin. Puis il dit à Qobàdh : « Hier, ô roi, je t'ai questionné sur une
598 IIISTOIUE DES ROIS DES PERSES.
s-
^ "^^V .v<S*-«^l cl' ^-^^'^ cj-» ■p^y'^J "^-iJ^C -^UjUj^ '^Î'^ o>'<SJ O^^'
l;jLc|j l^jLti i)*!^"^! xjlij J <^y]^ -O^^UxL^Jl ]pjLw^ ^♦^sS^JL:^
J^iLl' woL N^Joti-j iG! \j-i''sji ^-<J^ ijj^ '^ |J-^-fî-*-'iJ f*l*iîJ| '■^J^ ^
i
c;jw^' ^-^1 <' Jis^ ^i-v-ç- LccO iLo J,t >-^ «■•JtJ'ols ^iy^S ^jL4*J fjc
(lifTicultc (jui me tourmentait et tu m'as donné une réponse qui m'a
soulagé et m'a tiré de l'obscurité du doute à la lumière de la certitude.
Daignes-tu me permettre aujourd'hui de t'interroger sur une autre
difficulté qui s'agite dans ma poitrine? — Fais, » dit Qobâdh. Mazdak
reprit : « Que dis-tu d'un homme qui emprisonne un innocent dans
une maison en lui refusant la nourriture et le laisse mourir? — il
mérite la mort, dit Qobàdh. " Mazdak, de nouveau, baisa la terre
devant lui et le félicita; puis il le ([uilta et alla retrouver les pauvres el
la plèbe rassemblés devant le palais en nombre immense et leur (Ht :
" J'ai parlé au roi des moyens d'améliorer votre situation et j'ai obtenu
de lui l'ordre d'établir l'égalité entre les riches et vous; allez mainte-
nant, prenez la part qui vous revient et partagez avec le souverain et
les sujets les provisions gardées dans les greniers publics. » Aloi's ces
gens se ruèrent sur les magasins de grains et en enlevèrent autant qu'ils
pouvaient, prétendant agir sur l'ordre du roi transmis par Mazdak.
Qobàdh, informé de ces faits, fit appeler Mazdak et lui dit : « C'est toi
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 599
4^JC— 5_j ...i^^^jK^i. ej^ ijS^ ejjJUl <_*^j c:./-Aj ^ L^^ ^,r-^ sj>~^
^L**»_;0 t^5>-=»' |?L_']^! ^j^ S-Us-ii ' ^55--s^j /tAj«£ Jj^l ^■-S';^ 1-^
l g .. ^ ^1 4l,l| ^l^jl J 'Li_«_^_tj ^L^^i'l JjUjoj •'l^-i-àJ|^ ^U^uNll
qui as commandé à la plèbe et à la populace do piller les nia<j^asiiis
de grains? — Non, répondit Mazdak, c'est loi cpii l'as ordonné. —
Quand? — Lorsque je t'ai demandé ton ju<j^ement sur l'iioninie ([ui
refuse à une personne piquée par un serpent la tliériaque qu'il pos-
sède et alors que tu as prononcé qu'il méritait d'être mis à mort. Or il
n'y a pas de morsure plus cruelle que la faim, ni de tliériaque plus
salutaire que le pain. Et aussi, lorsque je t'ai demandé ton jugement
sur l'homme cpii enferme un innocent dans une maison et, lui refu-
sant la nourriture, le laisse mourir, et que tu as prononcé que cet
liomme devait être puni de mort. Quand les hommes possèdent des
vivres et ne les donnent pas aux affamés c[u ils laissent périr de faim,
ils méritent la mort selon ta parole. D'après la loi naturelle et reli-
gieuse, la peine de mort qu'ils ont encourue doit leur être remise,
mais leurs biens doivent être employés à rassasier les affamés, afin
que riches et pauvres soient égaux et que les puissants et les faibles
participent aux vivres que Dieu a départis à l'ensemble de ses créa-
tures. » Qobàdli garda le silence un instant, puis il dit : " Tu te jus-
tifies en t'armant contre moi de ma propre parole! »
600 IIISTOIUK DKS ROIS DKS PKRSKS.
«L-A-? Ljs-JLaxU |jsj>X^ L^ ^«-Â.:».|^ ^yyj« J} 'LèjjUIj Jj-4.>.)|j *LjL«J|
l?L>>>->î Lia_Mj. (^^-^J) lî^jr^ iJv-vvLàJt i') <Us-^i2_ftj| ^3.j6 *Lè»jUL Jv_à_*iJ|
I^cs pauvres, le bas |)('iiple cL la |)0])iilace syinpalliisaieuL a\ec
Mazdak, lui étaient fort attachés et le vénéraient comme un proj^hète.
En allant toujours de plus en ])his loin dans ses affirmations men-
sonf^ères, il arriva à prétendre que Dieu a mis sur la terre les moyens
de subsistance pourque tous les êtres humains se les partageassent
entre eux éf>[alement, desorlc (|u aucun d'eux iicn ])osséd;U phis (pTun
autre. «Mais les hommes, disait-il, se sont muluellemeiit lésés el soni
entrés en contestation les uns avec les autres; les lorts ont vaincu les
laibles et se sont attribué, à l'exclusion des autres, les vivres et les
biens. Il faut donc absolument cpic l'on prenne aux riches pour
donner aux pauvres, de sorte que tous aient part égale aux biens;
celui qui possède en excédent des richesses, des femmes et du mobi-
lier, n'y a pas plus de droit qu'un autre. » Le bas peuple et la popu-
lace, mettant à profit cette aiïreuse doctrine, se livrèrentsans frein à
tous les excès, commirent des actes de violence, s'emparèreni des
biens, enlevèrent les femmes et j)er[)éli('i'eiit tous les méfaits (pi'ils
voulaient. Qobàdh Icnuait les veux sur leurs abominables actions et
HISTOIHK DES UOIS DES PERSES. 601
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c:^K L_o— J J-^'! (^^--S-* ^ ;,J^-'! Ï>-*«*J! >-iJ-<C Jj'v-*-' >-g-=s^l ^^^^1 ^«^Jaxls
leurs crimes par éfj^ard pour Mazdak et parce qu'il le tenait en grand
honnour, et aussi parce qu'il n'était pas en état de maîtriser les mal-
laiteurs. Le désordre était extrême, la situation excessivement grave,
l'autorité se perdait et l'empire périclitait. Les misérables entraient dans
les maisons dos particuliers sans que ceux-ci pussent les en empêcher
et enlevaient leurs femmes et leurs biens. Personne n'était plus maître
de sa maison, de ses biens et de sa femme et ne connaissait ses en-
fants.
La peste des Ma/.dakites s'étendait toujours et ils étaient les maîtres
à tel point que, jugeant Qobâdh assez faible, ils osèrent lui dire : « Si
tu n'acceptes pas notre doctrine et ne fais pas ce que nous voulons,
nous t'égorgerons comme on égorge une brebis. » Ils l'empêchaient
de communiquer avec les gens de son entourage et ils éloignèrent de
lui tous ses autres familiers. La hardiesse de Mazdak était telle et son
irrévérence à son égard alla si loin qu'il lui dit : n Si tu as embrassé
ma doctrine, livre-moi ta mère pour que j'aie commerce avec elle,
afin que tu sois délivré du sentiment de jalousie qui est la cause du
mal. 1' Mais la mère de Qobàdh ne cessa de supplier Mazdak de renoncer
l\0'2 IlISl'Ollil. DKS IU)IS HF.S PKRSF.S.
l^ls^ U^ |jJL<v&.l5 ^ijj^ SwUUi ïwXojjII 5t_?- J ^Aj"^ («1 (^iâJoCi J^IU|«
^i"^! ^vjjv*j ^i-cs^xj JI^*^]^ -^L^! j ^_^^jLia>s ^j-LJ! ^b Ul 4'
<_>L^p! <_aJ1 y (V > U Ls,^j_ixi ^iyy« jLttJ 40 o>>uî> ;oo LaJjJI t__>vi^
G jji>jjilJoy: M ji^^ilàv? yj. -- >-' MiiM(|ii<- (l;ms M. — '» Mss. A^yçk». ' \l
7*'5
il» . — ''' ('. iOLiiJU,!. . ■'■' C v_ÀXkA» .
à son dessein et de l'éparf^ner. Les gens appelaient le roi Qohâdli
Herc'zàdlirisch , c'est-à-dire « qu'il perde les poils de sa barbe! ", à cause
de sa mollesse et de son faible jugement.
Le fds deOobàdli, Kisrà Anoùscharwàn, qui condamnait l'œuvi-e
de Mazdak et la trouvait abominable, et qui était plein de zèle pour la
religion et l'Etat, sut habilement obtenir de son père qu'il rassemblât
les mobedhs pour qu'ils eussent une conférence avec Mazdak. En con-
séquence, les mobedhs se réunirent un jour et dirent à Mazdak :
« Quand les hommes posséderont en commun les femmes et les biens,
comment reconnaîtront-ils k'urs enfants et établiront-ils leur parenté?
Comment, quand tous seront égaux, se pourra-t-il que les uns tra-
vaillfnt pour les autres? Et comment, dans un tel état de choses, le
monde ne périrait-il pas?» Mazdak se leva Furieux, ses partisans se
rassemblèrent autour de lui et voulurent attenter à la vie de Oobàdh
et à celle de kisrà. Us devinrent de plus en plus audacieux et bravèrent
de plus en plus les lois. Qobàdh était impuissant de les en empêcher
ft de les contenir. Il se repentit de les avoir encouragés; il se re])entit
niSTOIUK [)KS ROIS DKS PKRSKS. 603
^s"— » — ^ (.5^^ ^_?-«-^î— ! ■^'-S» -^j ^j-Âj ^j^\ Jl^ Uj JjjjJl JLc j^
C5^ L <' J^j j^! j ^>l5^p_^! J^l ,x^j >Xc_Ss.'i ^^ ^j^j <-vs=-
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^y>j\j SUa_j fy^î. '"^J^ (îûU ^^Ju ,?*-Jo'f; L'...^ JjJlLI^j-6^ ^>L5'
alors que le rcpciilir ne lui servait à rien el que la decliirurc elail
trop larjfe pour que le ravaudeur pût la raccommoder.
La puissance de la secte ne cessa de s'accroitre et le pou\oir de
(jobàdli de s'aflaihlii-. Le roi finit par tomber sur son flanc et il lui
malade de cliafj;rin. H désigna Anoùscharwàn comme son successeur
au pou\oir et lui dil : « Mon fils, il u v a que loi ([ui puisses réparer
les ruines que jai laites el guérir le mal que j'ai cause. Remplace ton
père et implore l'assislance de Dieu pour rétablir Tordre el régénérer
I l'ilat. » Puis il mourul misérablement, après avoir régné ([uarante et
un ans, y compris les quelques années du règne de Dj.Tinàsl. i^es
hommes furent ainsi délivrés de son gouvernement néfaste el fie sa
laible souveraineté.
RÈGNE nr. KISRÀ WOISCH \i\\v\\.
(le lut de tous les rois celui qui avait le plus heureux génie et la
plus haute raison; ce lui le plus juste, le plus excellent par ses (pia-
7ti.
00 '1 illSIOlUK DKS IIOIS DKS l'KllSES.
'^3JSJ. !^_Svij; ^>t«A! 3>_*i! j <<J' v>«jI <s^\ jr*^ *-^=^ ïiLK_**J! ^^
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jJLl! L^l ^ Uj jjJi-ttJ ô-x^l^ c:,.-A^. <;;_SJi^ j^j ^J>-«Jt Je ,^5'^t
>2)<J^]^ Jls |?Ub ^^LJ! J^^ Je j^JU^I wiJ^y* jLiJ <iiuJ| Jjsi Jls
' MaïKnu' dans C — i- M >iGlj .
lités, celui qui eut la yihis heureuse fortune. Quand le pouvoir lui
échut dans un temps lort dillicile et troublé à cause du soulèvement
des Mazdakites, de leur turbulence, de leurs audacieux attentats et de
leurs débordements, il fit appel aux principaux fonctionnaires et
officiers de l'Etat, alla droit au but dans f exécution du projet qu'il
méditait et prit d'habiles mesures pour rétablir l'ordre. Il se prépara
à faire périr Mazdak et ses partisans et ordonna aux amis et aux cour-
tisans fie prendre leurs dispositions à cet eflét.
Ibn Khordàdhbeh, dans son ouvrage, ra])porte qu'un jour, s'adres-
sant aux personnages qui l'entouraient et parmi lesquels s;' trou-
vaient Mazdak et Moundhir, fds d'Amra al-Qaïs, qui se tenait debout
près de sa tète, Anoùscharwân leur dit : " J'avais désiré et demandé à
Dieu trois choses : le pouvoir royal, et il me l'a donné; d'être à
même de nommer ce jeune homme roi des Arabes, et je le nomme;
reste à réaliser un seul de mes vœux. » Les assistants ayant demandé
quel était ce vœu, il dit : « L'extermination des impies. » Mazdak dit :
■' Pourras-tu faire mourir la totalité des hommes? " Le roi dit : « Te
voilà donc ici, fils de courtisane!» Et sur son ordre on enlraina
niSTOIllE DKS ROIS DES PERSES. 605
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(ijjjLJl ^^)— -^-r» ^^-^ A-«-?;> fjr^l^ji^^T^ (^<c--^ i?LslL-) <-/5L«J|^
Mazdak, on l'égorgea et on le pendit au j^ibet. T.es Mazdakites se sou-
levèrent avec rage, engagèrent la lutte, revenant à la charge après
avoir été repousses, et projetèrent de faire ce (juils ne surent pas réaliser.
Les soldats (pii se trouvaient prêts à se jeter sur eux les assaillirent
comme des lions et les laissèrent couchés sur le sol; ce fut comme
un champ de blé fauché. Kisrà ordonna ensuite aux grands et au
peuple de les recherclier dans les villes et les campagnes, de les arrêter
et de les amener tous sur le territoire situé entre Djâzir et Nahrawàn,
On en rassembla quatre-vingt mille. Kisrà, dans une seule matinée,
ht arroser la terre de leur sang et de leurs membres dépecés désal-
térer les sabres. Et, en ce même jour, il fut appelé Anoùscharwàn.
Le pouvoir d'Anoûscharwàn s'affermit et son autorité était bien
établie; sa renommée était répandue au loin, la lélicité de son régime
était éclatante, ses affaires étaient en pleine prospérité, on célé-
brait son gouvernement et son règne se prolongeait. Les rois lui étaient
soumis et les tributs arrivaient sans interruption. Dans la ([uarantième
année de son règne naquit le Prophète (que Dieu le bénisse et lui
600 IIISIOIUK DKS KOlS DKS PKIISKS.
^JlcI Jcy. -^.^^jo J^LJl A\X\ ^j j ei^jjj JjjL^ <^^^jà~L> ^')LJ\
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Jls c:^--A^ <_,L^|j -^-^jK "^^t f-'-^^l y-^-^ ->-^ 4l]^t
ïpl-^ •CJ>Lji^| ^Lw>| ,_a-=s^ *'^j^ LaJjJI L<-I J«-â-> .^L3., < ^bL>vxLtv
' Maïuiiii' dans M. - ('. L>J«X. — '*' M iiil*.
floiiiiele salut!), qui s'en glorifiait eu disant : «Je suis né au lenips
du roi juste», c'esl-à-dire d' Anoùscharwàn.
Ce qui intéressait surtout Anoùscharwàn, c'était l'étude de la vif
des anciens rois, il tenait à bien connaître leur esprit, à s'inspirer
de leurs vertus et à éviter leurs vices; il étudiait notamment les faits
et gestes d'Ardaschîr qui devaient diriger ses propres actions et (|u il
prenait comme modèles de sa conduite.
Aboù Tammàm a parlé de fassaut livré à Mazdak et à ses secta-
teurs dans ce vers :
Et lo jour des Alazdakites, quand ils iiiiposaienl à Anoùsfliaiwàn une tàclir (|iii
n'ptaif pas iacil''.
Ql KI.QLES PAROLES REM AHQl ABl.F.S ET TRAITS D'ESPRIT
U'ANOÛSCHARWÂN.
Quand une allairc tournait contre son désir, il disait : Si le Destin
ne nous aide pas, nous l'aiderons. — Le monde, disait-il, n'est
qu'une demeure prêtée et nous sommes des hôtes; ce qui a été prête
IIISTOIHK DKS ROIS DES PERSES. 607
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i-w| "^ jWt JJU «^t &'^-^ U JjJL. ^>b^ if^^j-âsi sl_l' ^Jojs:
doit ctro rendu et l'hôte doit partir. — Il disait à chacun de ses
agents : N'agite pas ce qui est en repos et apaise tout ce rpii est
agité. — Il (lisait : Tous les hommes doivent se prosterner devant
Dieu, mais phis que tout autre celui que Dieu a élevé à un rang
(jui le dispense de se prosterner devant aucune de ses créatures.
— Le roi (|ui renqiiit ses trésors avec les biens de ses sujets est
comme quekju'un (pii cimente le toit de sa maison avec la terre qu'il
enlève des fondations. — Les jours de tempête, il faut dormir; les
jours nuageux, il faut les consacrer à la chasse; les jours de pluie, au
plaisir de boire et les jours de soleil, aux affaires. — Nous avons
éprouvé dans le plaisir de pardonner aux coupables ce que nous
n'avons pas é2)rouvé dans le plaisir de les punir. — L'Etat périt sur-
tout par la négligence; c'est par la délibération surtout que l'on
trouve la vraie manière d'agir; c'est surtout par la justice que l'on
obtient le secours céleste; c'est surtout par la charité que l'on s'as-
sure les faveurs du Ciel; c'est surtout par la patience que l'on obtient
ce que Ton recherche. — On disait d'un homme qu'il avait particuliè-
rement distingué qu'il n'était pas de grande famille. Anoûscharwàn
608 IIISIOIUK DKS KOI S DKS PKRSKS.
j_j_a. Sjj3 J^^ «Lji -^^jj 'S-^;-^ ^1 J-Nî '>-^jl '-'^^i-^ |;r^ iSrît;
<_x(ls|j i\^-J! 'L« iLfi:| \â_ctj jLxJt IlLa ^ i>«J| ^ (.:i^l :>>-Jl <it Jjl
flil : I.a haute faveur avec laquelle nous l'avons traité est sa grande
famille et sa noblesse. — Il défendait de donner aux fils du peuple
tine éducation soignée, parce que, disait-il, quand les fils des gens de
la basse classe auront reçu une éducation soignée, ils rechercheront
les hautes positions et, quand ils les auront obtenues, ils se permet-
tront d'humilier les nobles de naissance. C'est ce que le poète a
exprimé en ces vers :
Quel excellent homme qu'Anoûscliarwân ! Comme il connaissait liien les manaiils
et les vilains!
Il leur défendit de toucher dorénavant un calame, île peur (juil^. n humiliassent
les fils des nobles dans l'exercice des fonctions.
On lui présenta un rapport ap])elant son attention sur la dépense
et la munificence de l'intendant ([ui excédaient les sommes qui lui
étaient assignées. Il consigna cette réponse : Quand avez-vous vu un
fleuve arroser la terre avant d'avoir buP — Eu une certaine année,
le gouverneur du canton de Djoûr lui ayant adressé un rajjport an-
nonçant que les roses avaient été atteintes par la gelée et qu'il était
difficile de faire de l'eau de roses et de fournir la redevance à la
niSTOIRK DES ROIS DES PERSES. 609
^^.^1^ lJ*^_â_AJt 'C^!iA.-W ^jJ <A_«, ^ïiUjLS <J<^ ïy^h ^ <SL^J
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(j'—^j j jr-*-^!? o)^X^ f*^ o)^-*''^^!; ,.:>-<i-**^<^^i>^ JJ^-^lî '-' ■^H-'j
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iJ\yX^j X.Ji^\ •^->^-^ ^^j-pJl J:! ôî;r*-'î ^Ir^' f;>r^l; jl?-*'^!? ' c>4r^
(ioiir comme Ions les ans, Anoùscharwân consigna celle réponse :
(hiiuid l;i \ie cl la religion sonl sauves, on siippoiie facilement la
perle (le loule anlre cliose. Si la rose n inail pas été crééf^ (piel mal y
aurail-il?
ALTHF.S ÉVÉNEMENTS DU RÈGNE D'ANOÛSCHAUWÂiN.
Anoùscharwân divisa son empire en quatre régions. La première
embrassait le Khortàsàn et les contrées adjacentes, à savoir le Tokhà-
rislàn, le Zàhoulislàn et le Sedjestàn; la deuxième comprenait les
districts de la Médie, à savoir : Raï, Hamadliàn, Niliàwand, Dînawar,
Ooûmisin, Islaliàn, Qonmm, Qàschàn, Abhar et Zandjàn, puis l'Ar-
ménie, l'Adharbaïdjàn, le Djordjàn et le Tabaristàn; la troisième, le
Fàrs, le Kermàn et l'Ahwàz; la quatrième, Tlràq jusqu'au Yemen et
les limites de la Syrie et les provinces frontières du pays de Roûm.
Il préposa à ces régions ses chefs d'armée et ses marzebàn, donnant
Oin mST(^IHK OKS ROIS DKS PKUSKS.
ïUs-^Li ïjwOI J^ ^Li^ "^r^ ^j' -^b"^ <c5sJU* ^j-6-?- j ^j-^. "^
") Maiiqur (kll.s G. — P) M iuuyà. — '■> (', LJLo.
à chacun d'eux le gouvernement auquel il élait apte. Il leur recom-
manda de pratiquer la justice, de bien se conduire et de témoigner
leur sollicitude pour les sujets en réduisant les impôts et en dimi-
nuant les fournitures et les corvées. Il ordonna de cultiver aux frais
du Trésor public les terres dont les propriétaires avaient disparu el
donna des instructions pour que, dans tous ses Elats, ou ne laissât
pas une coudée de terrain inculte. Il disait : «La cullure est comme
la vie, et les champs abandonnés sont comme la morl. Il n'v a pas
de différence entre celui qui tue un iiomme et celui qui d une terre
cultivée lait un désert. Si quelqu'un est trop pauvie jx)ui' meltre son
domaine en culture, nous lui prêterons du Trésor public les sommes
qui l'aideront à retrouver ses moyens d'existence. " U fournit aux
guerriers des chevaux et des armes et leur donna largement vivres et
argent.
Anoûscharwàn parcourut ensuite toutes les parties de ses Elats et
reprit les provinces telles que le Sindli, le Zàboulistân, le Tokhàrislân
et d'autres dont s'étaient emparé les rois voisins à cause de la fai-
blesse deOobàdh. Il réduisit les ennemis, soumit les rois, ferma les
iiisToiuE i)i-:s ROIS i)i:s i'krses. eu
(^j-^ J^j-^ ^j <^\jVi\ i^:)--^^^j j^*^'t '■>^j '^j^^ JJ^ ^l-^"^'!
'■•' J-^-«-'l J— ^-r»- o>-^ '^'^ <^^ jj;-^ jr*-*'*- c)]r^' .^r^ ''■^^-^ Sr>]>^^l5
(5)^j^ Lg-jljv-c! ^ v_g— 42 ^\j-^\ J— *^ ' [)L g WX-4<.| <jtl3 <jU ^j^ >jO> I
^■i^l J|^! cT* '-s^ '^' Ui <-Jl v-gijj JoiJJ s_g>^ 4I sJij^_ 0^1
.xsijJ] j_5-Uw! li <c^s.a_'i ^_;j-£^j <j>x^| ^JJo; 4-«l_j ^j>j\ -ilLo ^L)
passages d'accès et fortifia les frontières. H construisit dans le Djor-
djàn des forteresses en pierre, la porte de Soûl d'une longueur de
cinq parasang(!s, en marbre, et le mur à Bàb wa'l-Abwâb comme
barrière entre l'irânschahr et les Khazars. 11 construisit aussi, entre
son empire et le Caucase, plus de cent citadelles pour protéger les
habitants de l'irânschahr contre leurs ennemis, les Turcs, les Kha-
zars et les Russes. Des envoyés lui apportant des cadeaux vinrent de
la jjart des rois pour déclarer leur entière soumission et s'obliger à
payer tri])nt. f^e Khâqân lui offrit sa fille en mariage, dans l'espoir
qu' VnoOischarwân en aurait des enfants. Le roi avant consenti, le
Kliàqàn la lit conduire auprès de lui en cortège, avec des richesses
innombrables de tout ce que possédaient les Turcs.
CAMPAGNE n'ANOÙSCHARWÀN CONTRE LE PAYS DE ROÎJM.
CONQUÊTE DES PROVINCES FRONTIERES.
Le roi de Roûm, après avoir fait demander une trêve et s'être en-
gagé à paver tribut, avait manqué à la parole donnée et, avec des
612 IIISTOIRK ni'.S ROIS DKS PKRSES.
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corps détaches de ses troupes, avait fait des incursions sur le terri-
toire d'Al-Moundhir, roi des Arabes de Tlràq. Anoûscharwân, très
irrité, envahit le pays de Roûm el conquit Dàrâ, llarràn, Manbidj,
Qinnesrin, Alep et Émèse. Ayant mis le siège à Antioche où se trou-
vaient le fils de la sœur de l'empereur et les principaux chefs du
pays de Roûm, il ])iit la ville d'assaut, tua la garnison, n'en laissant
vivre qu'un certain nombre, et fil un butin dont la quantité ne saurail
être évaluée : or, perles, rubis, émeraudes, armes et autres objets.
Comme la ville d' Antioche et ses édifices lui plaisaient, Anoûschar-
wân en fit dresser exactement le plan quil envova à son lieutenant,
cà Madàïn, avec l'ordre de construire dans le voisinage de cette rési-
dence une ville sur le modèle et le plan d'Antioche et ayant les mêmes
proportions, avec ses rues, ses maisons, ses monuments et tout ce
qu'elle renfermait, de sorte que l'on ne pourrait distinguer fune de
[autre, il lui fournit à cet etïet les matériaux el le marbre provenant
d'Antioche et mit à sa disposition des ouvriers et artisans grecs parli-
culièrement experts qui, ensemble avec les ouvriers persans, travail-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 613
Lftbt |?L;-5^t <.5^ «O-^^l J--*! J-r ^ - <>^^î ^jy^_y\ LfiLjLJ»
>^_y} ^^jU ':^)t^L ii\j ôLS'jLii 4.A.^=lk3L ^b ojU t^L Jj^-o ^U ^^^L
(" Manque dans M. — i- M **;^l. — ^ ' .Manque clans .M. — î*» Mss.^].
laient à la construction de la nouvelle ville, ainsi qu'a son enceinte
et à ses embellissements. Quand ils l'eurent terminée, il semblait que
ce fût .\nlioclie elle-même et Anoùscharwàn la nomma Roùmiya. Il y
lit transporter ensuite les habitants d'Antioche el y fixa leur demeure.
Lorsqu'ils entrèrent par la porte de la ville, chacun se rendit à la
maison qui représentait fidèlement celle qu'il avait occupée à An-
lioche et il lui paraissait qu'il y rentrait après en être sorti. L'un d'eux,
un cordonnier, arrivant à la porte d'une maison pareille à celle de sa
maison d'Antioche, dit : « Ce serait vraiment la porte de ma maison,
si là il n'y avait ])as un saule qui n'existe pas ici! » Puis, étant entré dans
la maison, il ne put la distinguer de sa maison d'Antioche. Quand
tous furent installés, Anoùscharwàn leur fit donner tout ce qui pût
les mettre en bonne situation et plaça à leur tête un chrétien de Djon-
daï-Sàboûr. C'est de cette ville de Roùmiya que parle Al-Bohtori
dans sa description du palais de Kisrà :
Et le palais, par sa iiierveilleuse construction, était comme un bouclier sur le
liane d'une haute nioiitaîiie.
(il'l IIISTOIUK DKS ROIS DKS PKKSES.
o-r»? -::rî; (!j44 ^.il^-ï-jjl --^^ L_k_,l s^;^ jlj,\5 Li iij;
^L_à_Jj| J llcl^i j,_A_.M_|- ^^ J Ç-Nji <-^U. ^_^Jo; <i>li)J]; ^;>-*^
j^Lj^! ^_/*— r -^ -r'y^ i:)-^J {.J^j y-i-^^^ j-r^y c5^j-^ ^^b"^ ^'^
Lct^i Sp«i;x^ l/*-^ cJ^-*^! Jj^j
sj\Jum\ _)Lm
J.l,.>-^
'' C^ljijill. — (•-) M («.j »jUj
Et <(u;ind tu regardes l'enigic d'Antioclio, Ion adiiiinition est partagée entre les
Tirers et les Perses.
Quant à ce paiais, il lut construit à Madâïn par Anoûscliarvvân ou
plutôt, suivant certaines relations, par Abarwiz. C'était un des édifices
extraordinaires et l'un des plus beaux monuments laissés par les rois
de Perse. On en parle proverbialement comme d'un exemple de ma-
gnilicence et de stabilité. 11 avait cent coudées de longueur sur cin-
quante de largeur et cent de hauteur. Il était construit avec de grandes
briques et du plâtre. L'épaisseur de la voûttj était de cinq briques et la
hauteur des ])arties orneineiit;des supérieures de quinze coudées.
LKS AITRES CAMPAGNES n'ANOÙSClI AHWÀN.
Après son retour du pays de Roûm, Anoûscharwân marcha contre
les Khazars et prit sur eux sa revanche. Il se dirigea ensuite sur Aden
et fit une incursion en Abyssinie, puis il retourna à Madâïn, maître
lirSTOlKK DES ROIS DES PERSES. 615
U J,t ll^î-i^^ 3s_<Ljt^ ^ J.' j^ 25 r*-^y ^ l*-^-' 1^-**^ (■•-^•■^
ciJ^pjc-J]^ 4-LU-gJl <' c^'-'l^j <-_j^jiy> -i-^y^ ,_y=^^ Jy^jj-^\ *!;j
0 Mss. y*j^. - -1 Wj^^.
des provinces rlu pays de Roûm situées en deçà d'Héraclée el au delà
de l'Arménie, jusqu'au pays des Khazars, ainsi que du territoire
situe riilre ces deuv contrées et la mer, c'est-à-dire la région
d'Adeu. Il demeura quelque temps à Madàïn, convoqua ses gouver-
neurs, leur recommanda à nouveau de gouverner avec justice et bien-
veillance et leur dit : " Je vous délègue comme un homme délègue
ses propres membres, vous chargeant de mes aflaires et vous associant
à ma sainte tâche. Si vous demeurez infailliblement intègres, vous
conserverez toujours \os fonctions. Obtenez la sécurité par la fidé-
lité à votre devoir. Si vous êtes bienveillants ]iour vos subordonnés,
vos préposés seront bienveillants pour vous.
Anoûscharwàn marcha ensuite sur Balkh, expédia une armée dans
la Transoxiane et établit un certain nombre de ses soldats à Farghàna.
Les Hevàtélites, les Turcs, les Chinois et les Indiens reconnurent sa
souveraineté et son pouvoir .s'étendit jusqu'au Oaschmir et à Sarandîb.
Toujours favorisé de l'assistance divine, il fut constamment victo-
rieux; son armée n'était jamais repoussée et l'objet qu'il cherchait à
atteindre ne lui échappait jamais.
C16 inSTOIRF, DES ROIS OKS PERSF.S.
^v)—. ^i ^^^ ^i-<s-^ L^-SLLs jfLUi ^^s.^! j^I Je -C^::^ c:.-Ja: Ll
J-û<^ jj^l J.I jL^ l^-iX^ ^j^.^^ajî ci,.w*mJ, ^j'w^jJ. <_^:x>>^ Jjt 4' Jls
«ïj^t 4'L*^ <_aJ| <->y=^ <-îj L>s^ ^^5v^ <,^Lc ^jojls ^NJj^pw^t (l! <->
^ ^-js-^vj.?, 4'^îi^j c>^^^ '*-*^ ^>tH^' ^<vL>oJ! jnj6^ ^>Lj_^I i_>A^
^■~>^i; ^ ]^^<v^ !^->-c c>>^' J J)' '■"c:)I'^^l ^ Jl-^ ^\ A^^ ^!
|^_jbj |-k_..wo \j.y—^ 'jjr^j J»' '" /?^-^'^-«-c^« /?lxjlLL! ^v(s 4o^â)J| A-aIc
' C iXj^l . — - M ,«(}V»«c>j. — ' M jv*- — '' ('- ^J^s■^ — '''' MaïKjiR- clans C. —
CONQUETE DL VEMEN PAU ANOSLCH ARWAN.
Lorsque les Abyssins avaient conquis le Yemen, le roi de ce pays,
Saïf, fils de Dhoû-Yazan, s'enfuit et se réfugia dans le pays de Roûm,
afin de demander aide et assistance à l'empereur. Celui-ci, après
l'avoir longtemps leurré de vaines promesses, lui dit : « Les Abyssins
sont des chrétiens et je n'ai pas l'intention de t'aider contre eux. »
Saïf, alors, se rendit chez Moundliir pour trouver par lui accès et un
lavorable accueil auprès d'Anoûscharwàn. Aloundhir l'envoya avec
une mission à la cour et Saïf put exposer au roi sa triste situation et sa
peine et lui demander aide. Anoùscharwàn invita \\ ahriz le Daïlamite
à partir avec lui, mais il se refusa à envoyer avec lui un contingent
de ses fantassins et de ses cavaliers. Alors le grand Mobedh lui dit :
f II y a dans les prisons un grand nombre de gens qui ont mérité
le châtiment. Si tu les relâches en les plaçant sous le commande-
ment de ^^ahriz,i^s se comporteront comme de braves guerriers et
tiendront lieu de soldais. » En conséquence, Anoùscharwàn donna
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 617
<Os-5 '^j^p-^Jt 4Jsja| ^j^ v--^ o>jr^ '-^■^ U^^' ^i-^ï-*^ <Jt>o. o)-^' *Lflij
(JLl? w^_j-aw**J! ^ Lji-*J|^ i^jJt <iL<) x,j 4)^,>x;-*vl9 ^v-sài. <Cw^ -uLo
"I M jyt. »^. M;m(|Mc il.ins M. ^ Mss. j^À-Ji . — i^' M |.yuXi.
loidre (le incllie en libcili- iiiillo prisonniers et de leur fournir ce
([ui leur l'alhiil, et il les jilaça sous les ordres de Waliriz, ainsi qu'un
])etit corps de Turcs et de Daïlaniites. Apres avoir pris de Saïf, fds
de Dlioù-Vazan, une caution garantissant sa soumission et sa fidélité,
il lit partir avec lui \\ aliriz et les gens placés sous son commande-
ment et remit à ce général une couronne et une robe d'honneur
qu'il devait donner, quand il aurait exterminé son ennemi, au fds
de Dhoû-Yazan, le proclamant roi du Yemen sous la suzeraineté du
roi de Perse et lui imposant l'obligation de payer tribut. Wahriz devait
ensuite revenir à la cour.
Wahriz, accompagné de Saïf, hls de Dhoû-Yazan, s'étant mis en
route pour le Yemen, s'embarqua à Obolla et navigua sur la haute
mer jusqu'à la côte du Hadhramaut où il débarqua. Aboû Yaksoûm
Masroûq, fds d'Abraha, roi des Abyssins, averti de son arrivée,
marcha à sa rencontre avec cent mille hommes. Quand les deux
armées furent en présence au bord de la mer, Wahriz dit à ses offi-
ciers : « Brûlez les vaisseaux pour que les hommes sachent qu'il s'agit
de mourir ou de vaincre. Moi je tirerai une flèche, et que chacun de
61S inSTOIRK I")F.S ROIS OKS PKRSES.
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NOUS (Ml tire cinq , puis faites une cliarge vigoureuse et, si les ennemis
laiblissent, vous saurez que j'ai tué leur chef. » Quand ils furent sortis
pour le combat et qu'ils eurent formé leurs lignes de bataille, Wahriz
lança une flèche empoisonnée qui frappa juste le point vital d'Aboiî
Yaksoûm, et celui-ci tomba mourant. Le désordre se mit dans les
rangs des Abyssins et Wahriz avec ses compagnons les attaqua furieu-
sement, de telle sorte qu'il en tua des milliers; les survivants s'cn-
luirent. Wahriz établit Saïf roi du Yemen, selon l'ordre que lui
avait donné Anoûscharwàn, le ceignit de la couronne et le revêtit de
la robe d'honneur, et il lui imposa l'obligation de payer tribut; puis
il revint à la cour avec des cadeaux consistant en produits propres au
Yemen. i\noûscharwàn le remercia et lui donna un rang élevé. Le
Yemen après cela continua à être gouverné par Saïf, jusqu'à ce que
celui-ci fût tué.
Au sujet de ces événements, Aboû'l-Sait ai-Thaqafi dit en célé-
brant la gloire de Saïf, fils de Dhoû-Yazan :
Qu'ils chcrcliPiit l;i vengeancp, ceux qui ressenil)lerit au (ils de Dlioù-^ azan,
(|iianfl, à cause des ennemis, il naviguait en mer pendant des années.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. (h-
ilLï tsÀJi Jj i II 5J^J_c j^^"k» « ;i:_«LJLi ciJLi .x_Sj J-iJ-* Jl
i)L_i_«l u-LjJl i L4-I Lw|j yl^ Le \) -^. i. ■ .i-, i « (^j_^ jf'j'i aM
j>l ■■^ J._l_« ' Ijli j!^ljJ!s ^J; i ''lL«_iJjL«' ^LÎl iîlA* lij-^ <l^îi
iiij_4l j^JLJ bL_i_i tL-c U_*_i (j— f— ! (!r-? " u'-^-*-» ^ r;^' ^
11 vint auprès d'IIéraclius, alors que, en proie à la frayeur, il venait de .s'<iifiiir;
mais il ne trouva pas sa parole sincèie.
Ensuite, après sept années, il se rendit eliez Ivisrà. (Tu as couru bien loin!)
Qui ressemblait à Kisrà, auquel étaient soumis les rois, et à Wahriz, le jour di-
l'armée, quand il s'élançait impétueusement?
Quelle troupe tpie ces lionimes qui se mirent en marche! Nous ne voyons pas
leurs pareils parmi les hommes I
Tu as lancé des lions siu' des chiens noirs; ceux d'entre eux qui ont échappi'
courent Iiigitifs dans le pays.
Maintenant bois gaiement, la coiuonne sur la tète, appuyé sur les coussins, an
haut du Choiundàn, le palais qui grâce à toi est une demeure fréquentée pai- lis
gens.
Et parfume-loi de musc, puisque les ennemis sont terrorisés et en fuite, et laisse
trainer aujourd'hui tes deux robes somptueuses.
\ oilà des faits glorieux, et non deux bols de lait mêlé d'eau cpi bientôt de-
v iennent de l'urine.
HISTOIRE DK BOlZOl RDJMIHR , FILS DE BOKHTAKÀN.
Une certaine nuit, ainsi rapportent les Perses, Anoûscharwàn
eut un son":e : il lui semblait au'il buvait du vin dans une
620 mSTOIRK DES ROIS DES PERSES.
«CsLc ;^_J-1^ r»'^>^ ti' ^-^ -«-iàJ. <j LcO^ <jL>J^ai. jj^ '«-^^ "^ o)l>r*tJ"^'
d'or et qu'un porc, mettant son groin dans la même coupe, buvait
avec lui. Le roi, au matin, demanda aux mobedhs le sens de son rêve,
mais ils ne surent pas l'interpréter. 11 ordonna à ses officiers de con-
fiance de chercher quelqu'un qui en sût donner l'explication. Or il
arriva que l'un d'eux entra dans l'école d'un de leurs précepteurs et
lui demanda son opinion au sujet du songe. Le précepteur, pas plus
que les autres, n'était en état de l'interpréter. Alors, l'un de ses élèves,
un jeune garçon nommé Bouzourdjmihr se leva et dit : «Maître,
moi j'en connais l'interprétation ! » Le maître l'apostropha durement
et le réprimanda et lui dit : « Veux-tu être raisin sec étant encore vert » ?
L'homme qui demandait la consultation dit au précepteur : « On ne
peut nier que Dieu n'ait le pouvoir d'éclairer un enfant comme lui. »
Le précepteur dit an jeune garçon : «Dis ce que tu sais! — Non,
vraiment, répliqua Bouzourdjmihr, je ne donnerai finterprétation
que devant le roi! » L'olficier de confiance l'emmena donc à la cour,
parla de lui au roi et lui rapporta ce qui s'était passé. Anoûscharwàn
le fit appeler et vit en lui un jeune homme sur qui brillait la marque
HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES. 621
s-
'■') Man(|ii(' diiiis M. -' (1 çjUI. — ■' M «jJàÀjjïj.
fie l'inleHigence et de la perspicacilt'-. Il lui dit : « C'est toi ([ui t'odres
pour interpréter mon son<,^e? — Oui, sire, répliqua Bouzourdjmihr.
— Interprète-le donc. — L'interprétation ne peut être commu-
niquée qu'à toi seul. » Le roi ayant fait sortir toutes les personnes
présentes, Bouzourdjmihr dit : « Il y a parmi tes femmes et tes esclaves
un homme qui partage avec toi les faveurs de l'une d'elles. — Je
voudrais, dit le roi, que tu donnasses la preuve de ce que tu dis. —
Il faut, répliqua Bouzourdjmihr, que tu ordonnes à toutes les
Icmnies qui se trouvent dans tes appartements et dans tes pavillons
de passer devant nous.» Quand, sur f ordre d'Anoûscharwân, elles
(Hirent toutes défilé, sans que le fait signalé jiar lui fùl découvert,
Bouzourdjmihr dit : « Il faut que tu leur ordonnes à toutes de
paraître nues devant toi. » Anoûscharwân leur en donna l'ordre. H
avait une femme, une princesse de naissance royale, qui aimait un
jeune homme à qui elle faisait porter le costume des femmes esclaves
et qu'elle gardait près d'elle parmi ces esclaves comme s'il était de
leur nombre. Quand les femmes et les esclaves passèrent nues devant
Anoûscharwân et que vint le tour de ce jeune homme, il était com-
622 IIISTOIRK DKS ROIS DES PKRSKS.
^ <<!Jt obis <_*-*_fl-^' ^-^aJj^wwjj <Xj!Jxj^ ^ j.^^jyj «Oiai ^ v_^-1^0j
<' .Jls. Lg-JC-nJJj . ^■,,H,4» 1| Lg>J; 'OixS'i-' iv-*-^ U^Xd) '^-^^Jl ^Lo <.aJÎ
' M ^jJiïl», — - '""' M;iii(]uo dans M.
plètemenl doniiné par la lerrcur. Anoûscharvvàn sut alors qu'il élaif
un garçon et donna Tordre de le mettre à mort avec son amante.
Il admirait la perspicacité dont était doué Bouzourdjmihr bien qu'il
fût encore si jeune, l'atlaclia à sa personne et en fit son intime fami-
lier. Et Dieu déparlit à Bouzourdjmihr une telle sagesse qu'il de-
vint le phénix, de son siècle.
IIISTOII'.I. DE L'INVENTION DU JEU D'ÉCHECS ET DU JEU DU NAKD.
Les rois avaient la coutume de s'adresser par des messages des
questions sur des sujets difficiles et subtils. Ceux qui en donnaient
la vraie solution furent dispensés de payer tribut, tandis que ceux qui
ne pouvaient les résoudre furent obligés de le payer. Or, lorsque l^s
rois des différentes contrées étaient soumis à Anoûscharwàn et lui
taisaient parvenir des cadeaux etdes tributs, le roi de l'Inde lui envoya
de nombreux et magnifiques présents, entre autres le jeu d'échecs avec
IIISTOIKE DES ROIS DES PERSES. 623
-CU-^î jiLs-J]. j^^:^' ^J_^-iw_LI .ilfjJl^U5J| clkâJly^jjyi
«L,>_>w.^| ^yJU <-;c-iAa-j (j-» Jj-^-J^ ^-^^j^j JU^" <_^'w^ l^jLi^ja..
M l^jJl- " Miuique dans ('..
son échiquier, et lui fil dire ])ar sou ambassadeur : « Si lu eu saisis le
sens et que tu en devines la théorie, je te devrai le Irihut annuel pour
mon pays; mais si tu n'es pas capable de le comprendre enliérenient,
je ne te devrai aucun tribut. \noùscharwàn, sachant que seul Bou-
zourdjmihr en était capable, lui donna l'ordre d'en trouver la clei.
Bouzourdjmihr ayant étudié et minutieusement examiné le jeu, flnil
par en pénétrer le sens et par deviner ce que représentaient réel-
lement les pièces luttant les unes contre les autres et se disputant les
champs. Il dit : « C'est en vue de la guerre que ce jeu a été inventé;
on a donné à la pièce principale le rôle du roi, à la suivante, celui
du visir; aux grandes pièces, le rôle des chels d'armée désignés pour
les grandes actions, et aux pions, le rôle des soldats; leurs mouvements
représentent les rencontres dans la bataille. L'envoyé du' roi de l'Inde
admirait la pénétration de son esprit et prit l'engagement, de la part
de son maître, de payer tribut.
Bouzourdjmihr inventa ensuite, comme contre-partie à ce jeu, le
jeu du nard et l'envova au roi de l'Inde. Celui-ci n'en trouva pas la
clef, non plus que ses savants, et il écrivit à Anoûscharwàn, lui de-
f)2'l IIISTOIRK DFS ROIS DES PERSES.
^■^C'wjL ^y-^ "C/ç^-s*. (J I^J^awl JilLft^ yj''^-' U*^! ^^-^-^ i-^! LcjLj
^1 iUls <C£;_JLJ» .iLii.! <_5^(_ït tj^ ij'— s- '1 '-fr^! f^P^ iJ^^ e^K U^
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maudant d'ordonner à Bouzourdjmihr de le lui expliquer. Bouzourdj-
mihr alors dit : « I-,es douze cases représentent le nombre des mois
et des signes du zodiaque; les pièces noires et blanches, les nuits et
les jours; les deux dés, les vicissitudes de la fortune des hommes et
leurs chances heureuses. Le roi de l'Inde trouva ce jeu très beau et
s'obligea à paver un tribut plus élevé et à envoyer plus fréquemment
des présents.
On lit dans un certain ouvrage que deux frères, princes de l'Inde,
se disputèrent, après la mort de leur père, le pouvoir à main armée.
L'un d'eux ayant péri dans la mêlée de la bataille, sa mère en éprouva
un violent chagrin. Elle voulait se jeter dans les flammes, mais on l'en
empêcha. Constamment elle pleurait, accusait son fds survivant
d'avoir fait périr son frère et l'accablait de reproches. Son bis voulant
lui prouver qu'il était innocent, qu'il n'avait pas eu dessein de tuer
son frère, dont la mort était due uniquement à l'un de ces malheureux
accidents qui arrivent au champ de bataille, ordonna aux savants de
composer une représentation de la guerre, du champ de bataille et
du combat entre deux armées, ainsi que du trépas de l'un des deux
HISTOIRE DES llOIS DES PERSES. 625
ç^y-^if-i U— s-*_Jj oLuXJl <,::jj-^ ^ >-/0j| ^-<s«-6-^* <-oLjLiU <£\LiiL ï\jy-îJ,|
L-g.>>_^| ,^_4_LJ ^ <JÏ-fl.A3Jl ^::^0>^» <3>jLi| Sj»_A.aj w/^L^-l ^^Vri. 1>4J>>>-:?
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' Mss. i)jjL4j», ainsi dans tout le cliaiiitic. — - M ^waXL*. — >'' Mss. ilJOjj^l; plus
l)as ; C >,ljv_i)j!, M yl«>^^)jl- — * ^I lj|j>*.
cliels. Us composèrent donc le jeu d ecliecs el représentèrent les
phases de l'attaque, de la lutle, de la vicloire et des circonstances
qui amènent la mort du roi. Ils jouèrent devant la mère du prince,
de sorte que, lorsqu'elle eut compris la figuration du champ de
hataille et qu'elle sut la façon dont son fds avait péri, elle cessa d'ac-
cuser son (ils sur\lvant et trouva bientôt quelque consolation.
HISTOIRE OF. MF.IIBOÛDH.
Anoûscharwàn avait un visir, un homme sage, nommé Mehboûdh,
([ui était son conddent intime et jouissait auprès de lui d'une grande
iidluence. Mehboûdh avait pour habitude d'ollrir cha{[ue jour au l'oi,
lorsqu'on lui apportait la table, un plat des plus délicats cju'il lui
faisait présenter par ses deux lils. Le grand chambellan d'Anoûschar-
wàn, nommé Azai-windàdh, était le mortel ennemi de Mehboiidh. Il
pensait trouver par sa ruine son propre avantage, attendait pour lui
79
626 IIISTOIRK DES ROIS DKS PKRSKS.
:^' ij-,^.-»-i, "^Li A\J.\ Sw-i-^ <-^ ^>-t.k^ J-5!jjJ| <l iil^>Aj5^|^jJ|
4 i_)J>— va ^1 i^-w^L_i. ^! — u-ls 4 ^ <_iJu»' ia^J» .ij-^-^ "^-^^ iJs-^ «Cx-^W
(') C j5^j. — '-' M i^K.:. C ijlju.. - '■" M *^ o,,J^. ~ '^'') M ^j. — (■') Man<|u,'
dans M. — '") M o»i*J. — !"■ Manqii.' clans (',. — >*) Mss. y^. — î»' C ^i.
les revers de la fortune, cherchait les occasions de le perdre et le
calomniait auprès du roi. Mais celui-ci ne prêtait pas l'oreille à ses
calomnies, parce qu'il affectionnait beaucoup ^lehboûdh et qu'il avait
une immense conhance en lui. Le chambellan prenant pour confident
un ami, un juif (pii, tout en se livrant à l'exercice de la médecine,
pratiquait aussi la sorcellerie, lui fit part de la haine qu'il portait à
Meldioûdh, des tentatives qu'il avait failes auprès du roi pour le perdre
et de leur insuccès dû à l'excessive sympathie que Anoûscharwàn avait
pour lui. Il lui demanda donc de trouver un moyen pour le faire périr
par quelque stratagème et s'engagea à lui donner pour ce service une
grosse somme d'argent. Le juif lui dit : « Entre-t-il dans les plats que
Mehboùdh envoie au roi un mets préparé avec du lait? Je possède un
charme au moyen duquel, quand je souffle sur un mets où il y a du
lait, celui-ci est changé instantanément en poison. — Bien des lois, dit
Azarwindàdh, les plats offerts sont préparés avec du lait. — Si lu
peux me faire voir, dit le juif, un tel plat que l'on porte au roi de la^
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 627
^j-» «OJoi J,| j*^ JS'c^.i^^-^! ^-.'...^î^îJi-*--:; J-*r»^ J^IL^ «Lstfi'lslt j^ >j:l'i
ïiLjtJLS i_./jl>i J,_)Jv>^ ^_JajLo <.-^iI_? ^J-AJaj i».A..g.^ WLvj! J^^\ i| <-«^
^LJ. ^,Ji ^\ ^ i Li^l ^\^jjj\ ^^[I L?J jUi ^^ jr^^
^' Mss. oiCJ. - Maiii|ur cliins M. M IjuiS^, (■ LuLîOj . — >'' M AAA3-J.
pari (le Mchboûdli, lu auras ce cjuc tu désires. — Cela m'est bien
facile; prends donc tes mesures pour ton opération. »
Dès lors, le chambellan faisait venir le juil, chacjue jour, dans son
appartement à la cour d'Anoûscliarwàn et passait son temps avec lui, en
faisant croire aux gens qu'il le consultait comme médecin. Or un jour,
pendant qu'il se trouvait avec le juif, les deux fds de Mehboûdh arri-
vèrent comme ils le faisaient journellement, avec un plat d'argent
couvert d'une serviette d'or. Le chambellan Azarwindàdh leur dit :
i< Découvrez donc ce plat et laissez-moi voir le manger du roi. » Les
deux jeunes gens découvrirent le plat et, ])récisément, c'était du riz au
lait dans une croûte de sucre candi. Le juif y jeta un coup d'oeil
et souilla sur le mets avec son charme. Les fils de Mehboûdh, après
l'avoir recouvert, l'apportèrent dans l'appartement du roi, qui se trou-
vait à table. Au moment où il étendait la main vers le plat, le cham-
bellan arriva précipitamment et, lui parlant à l'oreille, lui dit : « Que
le roi ne mange pas du mets apporté de la maison de Mehboûdh, car
il est empoisonné; l'officier de confiance vient de me l'apprendre. » Le
7'J-
628 IIISTOIRF, DES \\0\S 1)KS PKUSES.
^ U« — J N—iS-*'^ ^U^^J^' '~fy5-S'^4- 4' 'l'^Xi^ oLv<sC OjO^Si J~*-<i-J ^-:^P>J
Jli ^<i.j^ <_j'^^ i_,^U^L jjv^ ^l;^ 14^ "^t v^l ^j\ U ^^L_*i^|
roi, fort étonné, ordonna aux deux fds de Mehboûdh d'en goûter, ce
qu'ils firent, et bientôt ils tombèrent morts. Le roi ne douta pas que
Mehboûdh n'eiit voulu le faire mourir traîtreusement et, sur son
ordre, Mehboûdh, ses femmes et ses serviteurs furent tués jusqu'au
dernier. Le chand)(>llan avait obtenu ce qu'il désirait; il était heureux
de la mort de son ennemi et avait le chani]) libre.
Un jour, comme Anoûscharwàn se rendait avec ses chefs d'armée
et ses amis à son ])arc de chasse, leur conversation tomba sur la sor-
cellerie. Anoûscharwàn dit : « Je crois que la sorcellerie n'est que men-
songe et chimère. » Alors le chambellan laissa échapper ces paroles
irréfléchies : «Ce n'est pas le roi qui se trompe, ce sont les autres;
car j'ai vu quelqu'un souffler avec son charme sur un mets préparé
au lait qui aussitôt fut transformé en poison mortel. » Le roi, se sou-
venant de Mehboûdh et de ses deux fils, se clouta à l'instant que Meh-
boûdh avait été victime de la ca])ale ourdie par le chambellan. 11 (il
halte, eut un entretien particulier avec lui d lui dit : « Fais-moi con-
naître exactement comnifiit tu as agi envers Meliboûdli; car je suis
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
hK-^I ^_<^c \j.iJC:> j>.>J>j i5^.^-g^ <-»jj ^ ^Ju> ^ h!]^! (3)*lkji|^ ;_^.^Li[
") M *J JUi. - - Manque dans C. — -^1 M Ja*'.. — '^' M ^j,j^. - ■• C xlii^
— ('■') .Miuiquc dans M.
certain niainlenanl que c'est loi (|iii as tramé une cabale conlic lui cl
que tu as élé l'artisan de sa niorl. » Le chambellan devint blèmc, clian-
gea de couleur et ses membres tremblèrent. « Dis-moi la vérité, prends
garde! lui cria Anoûscharvvàn; sinon je te lais couper la télé!» Le
cliand)ellan demanda grâce et raconta l'histoire du juif. Anoùscharwàn
demanda cpu- l'on lit comparailre celui-ci sur-le-champ et envoya des
gens pour l'amener. Il l'inlerrogea sur les circonstances du crime et
le juil les lui donna en ajoutant : « Je n'ai fait cela que sur le comman-
dement du chambellan. » Le roi donna l'ordre de pendre le juif au
gibet et de couper le chambellan en deux, et il fit donner les biens de
ce dernier aux héritiers survivants de Mehboûdh. Il regrettait beaucoiq)
d'avoir agi envers Mehboûdh avec précipitation.
HISTOIRE DU MÉDECIN BOURZOLYEH ET LE LIVRE
DE KALILA ET DIMNA.
Anoùscharwàn avait cent-vingt médecins, tant grecs qu'indiens et
persans. L'un des plus illustres des médecins persans, celui qui s'a-
630 IIISTOIRK DKS ROIS DKS PERSES.
Jj-i\ ,JN^ U s-AiLijJl i-/>5Lc tj-« WI44J 2[U> O^-i^^Jl i')L<j ^\ L^,vii_)tj
w_i_k-Jt ^ .3ï_»*JU ^ji^.g_^ «OiUc-^wl^ <_*u_àJ Ji Lç ^Lp,4i^t v-«>ik.t
s-
4>-^ ^L_i l5^^^ "'■8^><s-^v-'} *-fr^-<^-^ '^'î ^■^-U ^Ji-*-' u L^Lijc^i ji i ^_5llXJ»
l'I C JLil. — (■-) C Â-jb. — "1 Manque clans C. ~ "1 Manque dans M.
donnait le plus à rétude des livres, était riourzoûyeh. Ayant lu dans
un de ces livres que sur certaines montagnes de l'Inde il y avait une
nier\"eilleuse plante médicinale qui faisait revivre les morts, il pensait
constamment à cette plante et il avait l'ambition dt; la recliercher et
de se la procurer. Il linit par faire part à Anoûscharwàn de son projet
et lui demanda de lui permettre de partir et de chercher à obtenir
l'objet de ses désirs. Le roi l'y autorisa, lui facilita le voyage par des
subsides et le munit d'une lettre adressée au roi de llude, laquelle
devait lui assurer le succès.
Bourz.()ûyeh partit pour la capitale de l'Inde. Lorsqu'il y arriva et
qu il présenta la lettre d'Anoûscharwàn au roi, celui-ci lui donna une
généreuse hospitalité et le droit de faire tout ce qu'il jugeait néces-
saire pour atteindre son but et le mit à même de partir à la recherche
des plantes médicinales aux endroits où l'on supposait qu'elles se
trouvaient. Bourzoûyeh ne cessa de déployer la plus grande activité et
toute l'ardeur possible et de se consumer en eflbrts et en peines pour
cueillir et ramasser des plantes médicinales, pour les grouper et les
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 631
^j-.^aujj <~^Ij\ ^^ ^^^j <»-^M> cj* ^^ ^ J!y^^]_j <^'w5jî y.x.i':ji-Jj
<jjjso (3)L 4I JuLi ^_£jl! j^^^j^ u Jic s-AiUjJl (-^iij^j^ l^JUu;]^
*') M it,>oij Ajlé JjJij; f"- i' ÂiU. - Manque dans ('. — ■" Maii(|iu- dans M.
rassembler, de sorte que, après un certain temps, il pouvait dire
comme dit le peuple de Baghdàd : «Nous avons constamment été
occupés à rien, jusqu'à ce que nous eûmes fini.» H éprouvait un
grand chagrin et était fort découragé, parce qu'il n'avait pas atteint
ce qu'il voulait et qu'il avait perdu son temps, et il se figurait la honte
qu'il éprouverait devant son maître quand il reviendrait à sa cour avec
sa déception. Il demanda quel était le plus habile médecin et le plus
grand savant dans l'Inde. On lui indiqua un vieillard fort âgé. Il vint
le trouver, lui exposa son cas et lui parla de ce qu'il avait lu dans
quelque ouvrage, à savoir qu'il y avait dans l'Inde des montagnes au
milieu desquelles se trouvaient des plantes médicinales qui faisaient
revivre les morts. Le vieillard lui dit :
ïu as appris une chose, mais d'autres choses te sont restées cacliées.
N'as-tu pas compris que ceci est une allégorie des anciens.^ Par
les montagnes, on a voulu désigner les savants; par les plantes, leurs
salutaires et profitables paroles; par les morts, les ignorants. Les
()32 IIISTOIRK DES I\()IS DKS l'EHSES.
f(-^S^ Jl^ ^_^'^ 'Li^t Jvl ^j.^ Jl^i ^>it^ jL5J| jUJI
<>C«:>« 4)>^Elj ^-y^^ <_jwvJi ^Jl ï> â_Na_i ^^^s-i!. jiXtftj >_^V»I ^î-*^ jftjLjsi
<_*M_L^ ^fcj uP tj V'"^^ J^-^'r'r; '^''iaJU 5t..tuJlj <_>.\s-j «LjL^ls ijL^vJlJJ
[il ^^^jOkJIj L_(î)Ov_ÂUi_)» «LaJ'o»^ ht i ^~-J» "^-^ v^î^'VS' (__>l.^i-SJL «x^kj.
' C *j-,ii.. — '■-' M (jlxj; C. sJwjkjtj. — '"" Maii([iic dans C. — (''' M j! ^:^ ^yiJ'j-
anciens veulent dire que les savants qui instruisent les ignorants par
leurs maximes sont comme s'ils faisaient revivre les morts. Ces maximes
sont renfermées dans un livre intitulé Kaltla et Dinma, qui ne se trouve
que clans le Trésor du roi. » Bourzoûyeh, délivré de ses soucis et
tout heureux de ce qu'il venait d'entendre, demanda au roi de lui
])rêter le livre et de rendre ainsi au roi Anoûscharwàn un Lon olllce
c[ui lui mériterait sa reconnaissance. Le roi répondit : «Je donnerai
l'ordre de te le prêter, par considération pour ton maître d'abord, et
aussi par égard pour toi, à condition que tu le regardes devant moi
et que tu n'en prennes pas une copie pour toi. » Bourzoûyeh déclara
qu'il se conformerait strictement à ses ordres. Dès lors, il assistait
chaque jour à la réception du roi, demandait le livre et l'étudiait, rete-
nait le sens des diverses parties et les mettait ])ar écrit quand il rentrait
chez lui jusqu'à ce qu'il feùt entièrement terminé. Il demanda ensuite
au roi la permission de s'en retourner à la cour de son maître. Le roi
la lui accorda, lui fit despré.sents cl lui donna une rohe d'Iionneur.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 63.^
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' Mss. ^j^. — i-) C Ajli. — '' M A-Sj^JJIj. — »l Manque clans C. — W M *JLs.
Lorsque Bomzoùyeli arriva à la cour et se présenta devant Anoû-
scharwàn, il lui raconta ce qui lui était arrivé et lui annonça comme
un heureux événement qu'il était en possession du livre; puis il le lui
présenta. Anonscharwan en fut charmé, combla Bourzoûyeh de ca-
deaux et donna à Bouzourdjniihr l'ordre de traduire le livre en langue
pehlvie. Bourzoûyeh chercha à obtenir du roi et lui demanda humble-
ment de permettre que Ton mît en tète du premier chapitre son nom
et sa bioi,na|)hie. Anoùscharwàn le lui accorda. Et le livre demeura
toujours, précieusement gardé, chez les rois des Perses, jusqu'à ce
que Ibu MoqaflV le traduisît en arabe et Roûdhakî, sur l'ordre de
l'émir Nasr ibu Ahmad, en vers persans.
COURROLX D'ANOÙSCHARWÀN CONTUE BOUZOUUDJMIHR.
Lorsque Anoùscharwàn, courroucé contre Bouzourdjmihr, lui re-
tira sa Faveur, il lui ordonna de choisir pour demeure un endroit f/«'(7
ne désirerait pas (juitter, ni en hiver, ni en été; pour nourriture, un seul
634 HISTOIRE DES HOIS DES PERSES.
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aliment auquel il ne substituerait aucun autre et, pour se couvrir,
un vêtement qu'il ne changerait jamais. Bouzourtljmihr choisit pour
demeure le souterrain, parce qu'il est froid en été et chaud en hiver;
pour se nourrir, le lait, parce qu'il est en même temps une nourriture
substantielle et une boisson et l'aliment de l'enfant et du vieillard;
et il prit pour vêtement la fourrure, qu'il endossait en hiver et qu'il
portait à l'envers pendant l'été. Son martyre durait longtemps, de
telle sorte qu'il perdit la vue.
L'empereur envoya à Anoûscharwàn un petit coffre fermé par un
cadenas et scellé, avec ce message : « Si tu dis à mon envoyé ce qu'il
y a dans ce coffre, je m'engagea te payer tribut, sinon, non. « Anoû-
scharwàn le demanda aux hommes perspicaces de sa cour, mais ils
furent tous également hors d'état de répondre et de deviner. Il recon-
nut que seul Bouzourdjmihr, bien qu'il fût aveugle, était capable de
résoudre le problème. H donna l'ordre de le mettre en liberté, de le
conduire au bain, de le revêtir du costume des vizirs qu'il portait au-
paravant et de l'introduire. Son ordre fut exécuté et Bouzourdjmihr
fut amené. H le reçut avec honneur, se justifia auprès de lui, lui
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 6:^5
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.1, ^aJL- "O-LsJU-^vls ,J-iiaj|^ "^ .^Is jJj ^'1 jUi Joi.» ,^U J-J t:^LiS
' M ^^JJ^Li. — -' (li's mois maii(|iieiit dans M. ■ M a^Ij. — '' M L$j.>-^I. —
' \I;m(|ui' dans C.
parla du coll'œ cl lui di-niauda ce qu'il coulonail. Bouzourdjniiln- lui
dcnianda pour rc])uiidi(' à la question le délai d'une nuit. Le len-
demain, il monta à clie\al et se fit précéder par deux valets auxquels
il ordonna de lui signaler la première personne qui viendrait en sens
opposé sur son chemin. Une femme \int à passer et il lui demanda
si elle était vierge ou épouse. Elle répondit qu'elle était vierge. Bou-
zourdjmihr poursuivit sa route. Une autre femme venant à passer, il
lui demanda si elle était célibataire ou mariée. — « Mariée, répondit-
elle. — As-tu des enfants.^ — Non. " Bouzourdjmihr s'éloigna. Une
troisième femnie qui vint à passer répondit à ses questions qu'elle
avait des enfants. H continua son chemin et, étant entré au palais, il se
présenta devant Anoûscharvvàn. Il lui demanda de donner l'ordre de
taire venir l'envoyé et d'apporter le coffre scellé. Ce qui fut fait.
Alors Bouzourdjmihr dit : «Il y a dans ce coffre trois perles, dont
l'une n'est pas percée; une autre est percée à moitié et la troisième
est percée entièrement. Le coffre ayant été ouvert, on trouva les
perles, comme il avait dit. Anoûscharwàn admira sa perspicacité, se
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
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repentit de lui avoir fait éprouver son courroux et attribua ce lait au
décret et à la volonté de Dieu. L'envoyé de l'empereur s'engagea, au
nom de son maître, à payer tribut.
FIN nu hÈ(;ne d'anolscharwÀn le juste.
Quand Anoùscliarwàn eut régné quarante-liuit ans, règne pendant
lequel il avait rendu l'univers florissant, soumis les rois, établi d'excel-
lentes institutions, fondé les villes de Naubandjàn, de Roûmiya,
d'Ardabîl, de Hadjar et construit la muraille de Bâb al-Abwàb et les
autres forteresses et châteaux mentionnés ci-dessus, il tomba malade
de la maladie dont il mourut. Il réunit les mobedhs et les marzebàn
et les consulta sur le choix de son successeur. Ils furent d'accord avec
lui pour désigner son fils Hormoz, né de la fille du Khàqàn, le roi
des Turcs. Anoûscharwàn le fit appeler et lui dit : «Mon fds, je te
choisis pour exercer le pouvoir, te préférant à mes autres fils, à cause
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 637
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lli^Jj ^LS^ w^"^! 4I v-i) Çv_X.JC_J^ i-i;JjJJ.I 4_<o>>..^i^ «Col -«LiL^j;^^;^ ^Is
'' C >iL> jjii.1. . — ■' Maïuiiii' dans \\. — t'' C, au-dessous Ac vc mot, ^1 il y <»! ■ —
'' Ces mots in<iiic|iiriit ilans ('.. — '' Mss. ^JàÀJ .
(les bonnes dispositions que j'ai remarquées en toi. Justifie la haute
opinion que j'ai de toi et suis la voie que j'ai suivie; car lu as vu mes
actes et as été témoin des grandes choses que j'ai faites. Ilormoz pleura
et prit l'engagement envers lui de demeurer fidèle aux règles qu'il
avait établies. Les hauts dignitaires et les grands en firent de même
et assurèrent à Hormoz le pouvoir. Après cela, avant cpi une semaine
ne se fût écoulée, Anoùscharwàn mourut.
RÈGNE DE IlORMO/., FILS n'ANOl SCIIUWVÀN.
Hormoz régna à la place de son père. Les rois vassaux lui ren-
dirent hommage et son jDOUVoir était bien établi. Il était bon pour
les faibles, sévère envers les puissants, favorisait les humbles et
abaissait les personnages haut placés. Lorsqu'il fut entièrement maître
du gouvernement, il se mit à rabaisser certains personnages qui
avaient été en faveur auprès de son père, à les charger de fautes qu'ils
n'avaient pas commises et à les exterminer les uns après les antres, et
638 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
-•Lj] ^ <_-i--« ^Ji^-::^jX^\ ^^ JS^^J-» ^J-JU^jj AX^ .X^UI ('ÎJsJO J>-^UJl
^_£j Jil^ v_5;r-*-' f*!/-^ ^ s; Jj_JLJ U^^Jj^ jLa.3 jj^^gj^ ^^.^Jj^-S:.
O M;iii(iiic' dans C. — '-' ('. j^rij, et ainsi plus bas. — '^f Mss. Aa^Iij . — <'' "Li .
— '^' C y.!. — " M Ov*Jl,. — ' ^Iaiu[no clans C. — W M JyL>.
aussi à satisfaire sa rancune à l'égard de tous ceux pour lesquels il
avait éprouvé de l'aversion du temps d'Anoûscharwàn.
Hormoz voulait faire mourir Bourzmihr et Bahràm Adharmàhân,
qui avaient été de grands dignitaires et avaient rempli de hautes fonc-
tions sous le règne d'Anoûscharwàn. Il fit appeler Bourzmihr et, lui
parlant en secret, lui dit : «J'ai l'intention de tuer Bahràm Adhar-
màhân; mais je voudrais que cela fût fait par le moyen de quelque
incrimination qui serait dirigée contre lui. Si tu attestes devant les
grands qu'il est coupahle et (ju'il mérite la mort, je te garantis la vie
.sauve et t'élève à un plus haut rang. » Bourzmihr répliqua : « Je ne
saurais refuser d'exécuter l'ordre du roi ! » Hormoz alors donna l'ordre
de réunir un conseil des seuls notahles et fit appeler Bourzmihr et
Bahràm. S'adressant à Bourzmihr, il lui demanda ce qu'il avait à
dire concernant Bahràm. Bourzmihr, sachant ce qu'il voulait et con-
vaincu qu'il commencerait par faire mourir Bahràm et qu'ensuite il
le tuerait également, se départit de, toute réserve et dit hardiment :
'< J'atteste qu' il est coupable et qu'il mérite la mort. — Mon frère, dit
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 639
j jjl ^Ul L^î j'^jLi Jjs.^ u .v.^>Lt <' Jli^. «L. '^jo ^Joti Jjt
Cl Manqu.' dans M. — '^' M Jliu»l|. — ^1 M ^1^4 ^[jû.
i5aliraui, quand m"as-tu vu conmiettre l'action coupable que tu m'im-
putes? » Bourzmihr répondit : « Le jour que le roi Anoûscharwàn nous
a consultés pour savoir s'il fallait donner le pouvoir au fils de la
Turque, c'est-à-dire à Hormoz. Nous lui conseillâmes de choisir un
aulre; mais toi, tu te prononças pour lui. » Hormoz, tout confus,
baissa les yeux. Quand le conseil se fut séparé, il donna Tordre de les
arrêter tous deux. Il fit ensuite mettre à mort Bourzmibr.
Babràm, sachant qu'il était également condamné, dit en lui-même :
.le veux, avant de quitter le monde, rémunérer ce tyran perfide et
sanguinaire par un don qui attristera sa vie. Il envova donc à Hormoz
un message dans lequel, après avoir rappelé les droits qu'il avait à la
reconnaissance du roi et les motifs qui devaient lui rendre sa vde in-
violable, il lui dit : «J'ai à te donner un avis utile; te plaît-il de
me faire venir pour que je te le communique?» Hormoz le fit venir
et lui ordonna de parler. Bahràm dit : < Il y a, ô roi, dans les archives
secrètes de ta cour, une boite en or scellée du sceau de ton père. Il
serait bon que tu prisses connaissance à présent de ce qu'elle contient.
{]!lO IIISTOIRF. DES UOIS DKS PERSES.
j^> » (^ -^ I .^U^ <*»j| jaJSi^ ^-g-^ ' >•-*— S-/« ,J^^-*w■^i^ j-Jv^^ <C«JaJ ^_C ^::^ -^ B ^
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poui' ([lie tu saches commenl il huit euvisager ton avenir. » Hormoz
demanda que Ton apportât la boîte et la fit ouvrir. On y trouva une
pièce de soie de Chine sur laquelle étaient tracés ces mots de l'écriture
d'Anoûscliarwàn : « Les astrologues connus pour leur inlaillibilité
clans l'interprétation de l'action des astres affirment unanimement
que mon hls Hormoz régnera aj)rès moi pendant onze ans et neuf
mois, que son gouvernement sera ensuite en proie aux troubles, qu'il
y aura des séditions et c|ue les rebelles le déposeront et lui crèveront
les yeux, et qu'après cela ils le tueront. » Lorsque Hormoz vit les lignes
tracées par son père, le monde devint sombre à ses yeux et la tristesse
s'empara de son âme. Bahràm ayant été ramené sur Tordre de Hormoz
dans sa prison dit : << Je viens de mettre le fils de la Turque dans une
situation telle ([u'il mènera une vie misérable! » Lorsque la nuit eut
laissé tomber ses voiles, Hormoz donna l'ordre de lui faire goûter la
chaleur du sabre. Quant à lui, il renonça au plaisir et à la gaieté; le
sommeil ne lui était pas doux et ses jours étaient sombres.
Cependant, Hormoz demeurait fidèle à son svstème de réprimer
UISÏOIKK DKS ROIS DES PERSES. 6-'tI
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— "^^ M wJljt). — "' .M.TiK|iip dans (',. — 1*' C j ^ ;
les actes de violenec des puissants et de protéger les iail)les. Il passai!
l'été dans l'Iraq et 1 hiver dans le Fars. Lors de ses voyages, il délen-
dait aux troupes de loucher au.\ récoltes de ses sujets et les punissait
sévèrement quand elles leur causaient du dommage; il lui importait
peu de mettre à mort un chef illustre pour un crible de paille ou un
fagot de bois enlevés à un jiropriétaire de champs. On raconte qu'un
de ses chefs d'armée voyageant avec lui vit, un jour, une vigne dont
le raisin était niùr et d'un aspect lort agréable. Il en avait envie et
ordonna à son page d'en cueillir quelques grappes et de les lui ap-
porter. Ce qui fut fait. Le propriétaire de la vigne arriva, saisit la bride
de son cheval et s'y suspendit, se plaignant d'avoir été lésé j)ar lui.
Le chef d'armée, craignant que le fait ne vînt à la connaissance de
Hormoz qui, en conséquence, le ferait mettre à mort, détacha une
ceinture d'or brodée de joyaux qu'il portait et la jeta au propriétaire
pour éviter que celui-ci n'allât se plaindre de lui. Abar\viz,fds de Hor-
moz, se trouvant dans le cortège de son père lors d'un de ses déplace-
(\fi2 IIISTOIUE DKS UOIS DES PERSES.
ï>_b ^' ^_v3— «-N- '^--^j'y—^ J"-^J^ ^^y^^ >.:^J^U ^v>-^ J-l 4.^1^ f*r-^ '
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-Lsiî 4.J ji,^^ji U yj»v-j|
JjJUi >JJL« SUi ■ JOuii XJ)L^ -y^jjié Jk\j^ j.AjJ> ^joi^\
.J~=^jj «Oi-Xi-i' »^LLL 'l.xc'lit ^J^:i.\j y»yb Jicj^"^! .'(^i^'LJl lli
' M wOwo. - - Mss. JU«. — ' Vj *jIw, l'I toujours ainsi, plus l)as. — ■'- C ci»i'bj' .
■' Manqur- clans C.
inents, avait, pendant la route, quillr son clieval, qui était ie j)lus
noble (le tous ceux qu'il possédait, pour en monter un autre. Le cour-
sier libre s'était échappé, était entré dans le champ d'un cultivateur et
y avait brouté un peu de verdure. Le propriétaire du champ ayant
porté plainte auprès de Hormoz, celui-ci donna l'ordre de couper la
queue et les oreilles du cheval et de faire payer à Abarwiz l'indemnité
pour le dommage que le propriétaire avait subi.
HORMOZ CHARGE BAHRÂM SCHGIJBÎN
DE LA CAMPAGNE CONTRE SCHÀBA-SCHÂH , ROI DES TURCS.
Lorsque la situation de Hormoz devint embarra.ssée, que les enne-
mis entourèrent les frontières de son Empire et que le Khàqàn appelé
Schàba-Schàh s'avança avec cent mille cavaliers sur Balkh dans l'in-
tention de conquérir et de lui enlever l'Irànschahr, Hormoz consulta les
mobedhs et les j^ranfls sur les fâcheux événements qui lui arrivaient.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. G'iiS
<_)LS^^L fj-^j ?j-*i àlL jtu^=^ Ut <j\j jJJlLI ^Iv-o! ?! -i^yJ' <^.^^
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^li ^j.^\ ^ <_J^,^J U ^^^woL Jlk^N't, ^Ui"^' ^ ^ LJt
Tous furent d'avis que c'était du côté des Turcs que l'Empire était le
plus {j^ravemont atteint et que, s'il cautérisait celte plaie, s'il niettail
un ternie à leurs incursions et à leurs ravages en leur infligeant une
sévère défaite, leur sort servirait d'avertissement aux autres ennemis
(pii alors se retireraient. Floiinoz leui- demanda de lui désigner
riiomme qu'il pourrait charger de la campagne contre les Turcs. La
plupart d'entre eux opinèrent pour Bahràm-Schoûbin, marzebàn de
l'Adliarbaïdjàn, parce qu'il possédait à la fois les qualités du parfait
chevalier et une grande bravoure, ainsi que les talents du comman-
dement et ceux de l'habile politique.
Hormoz l'ayant fait venir vit en Bahram Schoiibin un homme sur
(|ui brillaient les signes de la résolution, et discerna en lui les capa-
cités du commandement. Il examina avec lui l'aHaire pour laquelle
il l'avait appelé et tout ce qu'il entendait de Bahccàm lui causa une
entière satisfaction. Il lui confia donc la direction de la guerre contre
les Turcs et lui laissa pleine liberté de demander telles sommes d'ar-
gent et tel nombre d'hommes qu'il voulait. Bahràm prit douze mille
hommes de l'élite des grands et des guerriers fameux et choisit tout le
matériel de guerre qui pouvait le mettre en parfait état de prépara-
(i'i'i iiisTOiHF. nr.s UOIS i^ks pkrsks
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o.jjj5, «d'I *Lvà_â_) Ls:».>
Maiiquo dans M. - -' M t-^ j«. '^ — Mss. Sj^ÀéU.
tion. Iloniioz donna l'ordre de satisfaire à toutes ses demandes et de
lui lournir tout ce qui lui était nécessaire. Il le fit revêtir d'une robe
d'honneur et lui remit l'étendard de liousteni, en disant: «Voici le
signe qui rappelle la mémoire de Roustem; tu es son remplaçant et
son substitut!» Bahràm baisa la terre devant le roi à plusieurs re-
prises; puis il lit ses préparatifs de départ et se mit en route.
Un devin attaché au service de Hormoz qui avait reçu de lui l'ordre
de scruter l'avenir de Bahràm, suivit son cortège. Bahràm, lorsqu'il
fut hors de la vilh-, vit un marchand de têtes tout nu, portant un
baquet rempli de têtes de moutons. H en tira bon augure, se mil au
galop et enleva avec sa lance deux de ces têtes, en s'écriant : « Par la
fortune heureuse du roi Hormoz, j'enlèverai les têtes de Schàba-Schàh
et de son frère Faghfoûra, comme je viens d'enlever ces deux têtes! »
J-e devin retourna auprès de Hormoz, lui rapporta ce qu'il avait vu et
entendu et ajouta : «Il vaincra l'ennemi, mais il se révoltera contre
son maître. » Hormoz répliqua : ' J'accepterai ce qui aura été décrété
et disposé par Dieu. »
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
C/j5
s-
J^ 4' Jls. SxjJjLJ ^Li-I ^Li <jLi
^♦_5s_^w;ioj ^»J>U_i=L) ^ ^Jic ^l^j' ^ s_Ai.AA_ttj| LiLi^is-*;» ^jJw**<j-^
lUIlHAM KT SCIIABA-SCIIAII.
Bahràni, clans le conimandement de rarmée, lit preuve de la plus
grande aptitude et, dans sa marche vers l'ennemi, d'une habileté con-
sommée. Apprenant qu'un soldat s'était fait remettre de force par une
femme un sac de paille, il donna l'ordre de couper ce soldat en deux,
pour que les autres fussent intimidés par son exemple. Lorsqu'il fut
arrivé près du camp de l'ennemi, Schàba-Schàh lui députa son
frère P'aghfoûra porteur du message suivant : » Ta bravoure et ton
grand talent politique dont j'ai entendu parler m'inspirent le désir
de t'épargner, de te faire du bien et de t'attacher à mon service.
Choisis donc l'une de ces deux choses : ou tu t'en retourneras sain et
sauf avec tes hommes, ou tu viendras te mettre sous ma protection;
je t'accueillerai avec honneur, te donnerai une haute position et t'in-
vestirai du gouvernement tfe l'Irànschahr. Ne t'expose pas à périr avec
ta petite troupe en attaquant témérairement des gens qui vous dévo-
6.'l6 IIISTOIRK DES ROIS DES PERSES.
^ jj^^'^v^ ^>i ^iU^^' j^ ^•^iwSUi |j^ c'ty^v ^tj-gj jUi ^.y. j
3 ^^-J|j (Jj->iaJ| t_>s^>iij (VÏ^Ij ^-^^JJ '3)vI*Oj (^^.wvà-È «—sL-ii \^-^-> <-6=>-l
|â T >. S ftT 1 AXue .y^\ (Si VxLàj ^ jj_>».^| ^LiJC_«;L5 pjjJC^L
'' Mss. »»_5*,. — '-' C, manque y. — (-'i M ij.«v5j . — ''' Manque clans M. —
'^' M/jjJLib. — '*' Lacune (le quelques |)lirases dans les deux niss.
reront en un clin d'œil. » Bahràni répondit : «Fi de ce langaj^e!
Dis à ton frère que si mon maître, pour te prendre, m'a envoyé, moi
qui suis le moindre de ses serviteurs, c'est qu'il fait peu de cas de toi.
Il m'a ordonné de lui apporter ta tête. On ne désobéit pas à son ordre! »
Lorsque Faghfoùra revint avec cette réponse auprès de son frère,
celui-ci fut saisi d'une violente colère et entra en fureur. Il monta à
cheval, fit battre les tambours et sonner les trompettes et donna à ses
gens l'ordre de se porter en avant. Il leur dit : « Ramassez cette poignée
d'hommes et dévorez-les comme du sawki; que pas un seul d'entre
eux n'échappe! "... Bahràm avait disposé son armée de la façon la
mieux entendue, avait placé les fantassins devant lui, les éléphants
derrière lui et les preux guerriers à sa droite et à sa gauche. Il avait
envoyé un détachement de braves pour barrer la route à ceux de ses
soldats qui pourraient s'enfuir.
L'action s'étant engagée, la mêlée lut ardente et les Turcs condjal-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 647
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MaïKiiic tiaiis C. -' M lj.>jLLi~.-'j . — '''G \yittà}- — '' Mss.
(^) M ^.
Uiionlavec rage, hindis que Bahràm résistait faiblement, se tenait sur
la défensive, siniul;iil la retraite et faisait semblant de s'enfuir. Puis
il convint avec ses troupes que, après avoir attendu un peu, elles
feraient avec ensemble une charge générale et mettraient en œuvre
fout ce quelles avaient de force et de vigueur pour combattre et
anéantir les ennemis. Les soldats, se conformant à son ordre, s'élan-
cèrent comme des lions, au moment où les Turcs ne s'y attendaient pas,
firent une charge vigoureuse, les taillèrent en pièces avec leurs sabres
et lesassommèrent avec leurs massues et les mirenten déroute. Bahràm
les encouragea par ses cris et les excita à la lutte. Schàba-Schàh ,
voyant la fortune tourner contre lui, se mit à fuir avec sa suite.
Bahràm courut après lui et tira sur lui une flèche qui transperça sa
cuirasse et sa ceinture, traversa son corps de part en part et se planta
jusqu'à la penne dans le sol. Schàba-Schàh tomba mourant. Bahràm
d'un coup lui trancha la tète qu'il emporta. Les Iraniens, en poursui-
vant les Turcs, remplirent de leurs cadavres le champ de bataille et
le lieu où ils avaient cherché un refuge; ceux qui avaient échappé à
HISTOIRE DF.S ROIS DKS PKRSF,S.
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' r, lA;!;^. — (■-' C.y:--*.. - <' C J,j^. - ^*) Mai.quo dans M. — (5) M jj^L,
la mort seiifuiroiil, cl la batalllo était terminée. Baliràm, couvert de
saiii^i^, rcnlra dans son camp. Il n'avait pas perdu un seul homme de
marrpu^ de .son armée. H pas.sa tran([uillement la nuit et se reposa.
Au matin, Bahràm donna l'ordre de réunir le butin et de chercher
à reconnaître les morts. On trouva parmi eux F'aghfoûra; on prit sa
tête, qui fut jointe à celle de son frère. Bahràm, apprenant que Bar-
moîîdhah, fils de Schàba-Schàh, s'était enfermé dans la ville de
Baïkand avec les biens et les trésors et ayant auprès de lui les princi-
paux personnages des Turcs, envoya un messager à Hormoz avec une
lettre qui annonçait sa victoire et avec les tètes de Schâba-Schàh et
fie son Irère et lui fil demander s'il devait marcher contre Barmoû-
dh.ih. Pendant que Hormoz, assis sur le trône royal et entouré des
mobedhs et des marzebàn, leur parlait de l'inquiétude qu'il éprou-
\ait sur l'issue de la campagne de Bahràm dont on tardait à être
informé, voici que le messager de bonne nouvelle vint lui annoncer
la grande victoire el que l'envoyé arriva lui apprenant que ce qu'il
avait dé.siré était pleinement réalisé. Hormoz se prosterna devant Dieu
HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES. 6'i9
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t'I lui rciulil grâces pour son iiisij^nic bif-iilail. Il Ht distrihuer cent
hourses (rnrgciil aux pauvres et employer ceiil bourses à désœuvrés
utiles; il accorda à l'envové une robe d'Iiouneur et lui fit de ricbes
cadeaux; puis, pendant une semaine, il passa son temps avec ses
lamiliers dans les festins et les banquets. Il répondit à Raliràm eu
Faisant son éloge, lui envoya de magnifiques robes d'bonneur et des
chevaux de grand prix et donna l'ordre de lui faire expédier un trône
d'argent. A chacun de ses chefs d'armée, il fit transmettre une robe
d'honneur et des cadeaux. Enfin il ordonna à Bahrcàm de marchei-
contre Barmoùdha, de prendre possession de tous les biens et trésors
cju'il lui enlèverait et de les joindre aux biens de Schàba-Schàh,
qui se trouvaient entre ses mains, pour envoyer le tout à la cour.
Lors([ue f envoyé retint auprès de Bahràm avec cette réponse, les
robes d'bonneur et le trône, Babràm fut au coml)le de la joie. Il se
revêtit de la robe d'honneur, s'assit sur le trône et distribua les robes
d'honneur aux chefs cfarmée; il se prosterna, la face tournée vers
rirànschahr, en l'honneur de Hornioz, le loua grandement et fit des
030 IIISIdlPxK HKS unis DKS PKRSKS.
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V(pu\ noili' lui ; nuis il scIuimiI au plaisir cl aii\ (iixcflisscinciils cl à
toutes les manilcstatious de la joie et de rallcgresse. Il di'lihéra
ensuite avec ses olllciers sur la campaj^ne contre Bannoùdlia et leur
ordonna de s'y prépaiei-. ils se déclarèrent prêts à obéir et à lui
apporter leur lovai concours et sVn<^agèrent à combattre de loiilcs
leurs iorces. Baliràni les remercia et leur Ht de belles ])romesses. Puis
il fit ses préparatifs pour le départ.
CVMPAGNF. DE BAHHAM CONTHK IIARMOUDHA, Fil. S I)K Sf.II AI5A-S(;ll AU.
Bahràni traversa avec son armée le Djaïlioùn et se dirifi^ea vers
le lieu où se trouvait Bannoùdlia. (lelui-ci, à la tète de ses trou])es,
marciia à sa rencontre et ils établirent leur camp l'un en face de l'autre.
Le lendemain, Bahràm monta à clieval avec quelques-uns de .ses lanii-
liers et, d'une hauteur, regarda les troupes de Barmoûdha; les ayant
examinées et en ayant évalué la force, il dit à .ses compagnons : « Bar-
inoùdba est un jeune prince plein fie qualités et de haute valeur,
HISTOlRi: l)l-:S ROIS DKS PERSES. 631
ses troupes sont nombreuses, il est pourvu d'un puissant équipage
el il vient pour \en<i;er son père et son oncle. Vous devrez faire les
plus «ijraiids ('IForls dans hi Inllf que xous aurez à soutenir contir lin
el conil)altre Mjj^ourensernenl; le mieux sera de l'atta(pier et de le
surprendre pendant la nuit." Fuis il s'en retourna. Le lendemain.
BarmoOidlia monta a cheval dans la ni»''me intention que Baliràm.
Il regarda les troupes de son adversaire, et après les avoir e.xaminées
el avoir réfléchi quelques moments cà leur sujet, il dit à ses ofiiciers :
«Ces troupes, malgré leur petit nombre, sont une force importante
par leur vaillance el leui- valeur absolue; les victoires qu'elles ont
déjà renq)ortées ont encore augmenté leur intrépidité et leur audace;
(piant à leur chef, il a à la lois l'ivresse de la bravoure et la passion du
butin. Je crois ([ue le mieux que nous avons à iaire, c'est de garder
notre position et de les surprendre jjar une attaque de nuit. » Ayant
ainsi parlé, Barmoùdha retourna à son camp.
Il arriva ensuite que Bahram alla allègrement dans un verger ])our
boire du vin. Pendant cpi'il était en train de boire avec ses chels
d armée et ses lamiliers, leurs montures étant attachées devant eux et
G52 HISTOIHK DKS ROIS DKS PKRSES.
^_^-is^ ,^ "^— à-jsJo v:i,>->»J| ^ ,3'iÀifcjCv_> -ij-^ .>.j::h.| >-*.'<^ ^_*jO w«.<5.J^ '«^^-^
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— 15) M ,j.,. — (fi) C«^L*i)I.
leurs iirnics ;i leur ])()rtoo, l'un dos espions de Bannoùdlia vini lui
annoncer cjue Balnain clait à boire et à s'amuser flans tel verger et
f|u'il n'avait qu Un petit nond)re de <^ens avec lui. Barnioûdlia, aus-
Mlot, expédia un dctaclienient de ses meilleurs soldats, auxquels il
donna l'ordre de courir à ce verger, de l'entourer de tous côtés, de
iaire Baliràm prisonnier et de le lui amener. Ces soldats partirent,
franchissant rapidement la distance. Quand ils eurent enveloppé le
verger, Bahràm, ayant remarqué leur présence, prit ses armes et
monta à cheval, et ainsi firent ses compagnons. Ils sortirent du ver-
ger, se jetèrent au milieu des Turcs, tombèrent sur eux comme des
loups sur des brebis et se mirent à les massacrer. Bahràm encoura-
geait ses compagnons, en criant : « Il vous est venu du gibier, chassez
et tuez tant que vous voudrez!» Ils ne cessèrent de cliarger vigou-
reusement les soldats turcs de sorte qu'ils les mirent en fuite et les
repoussèrent dans leur camp. Barnioûdlia regrettait le coup qu'il avait
tenté et f[ui n'avait eu ])0ur résultat (pie le découragement de ses
ijens.
IIISTOIUK DES ROIS DES PERSES. 653
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'') C w^^i^. — -i M aML. — -V M;iii(|Mo (liins C. — ■') M l^.
Bnliiaiii, t'iisuilc, Ul iiiif ;ilt;i(|iic de nuil, loniha sur les gens (le
liaiiii()ù(llia, les tailla en pièces et en fit un grand massacre jusqu'à
l'aurore. Barinoùdlia prit la fuite. Lorsque Bahràm, qui le pour-
suivait, lut près (le l'atteindre, Barnioùdha le conjura par Dieu et la
vie de Horino/.dc s'arnMcr un nioinenl et de l'écouter. Bahràm .s'étant
arrêté, il lui dit : '< Es-tu un Satan ou un lionune.^ N'es-tu pas encore
rassasié de notre chair et assouvi de notre sang? Maintenant lu n'as
(pic liiii de ces deux |)arlis à prendre avec moi : Ou In ti' mesures
avec moi et tu me tues, — et on ne verse pas impunément le sang
d'un homme tel que moi, — ou je lutte avec toi corps à corps comme
un homme qui est forcé de défendre sa vie et, dans cette lutte, je ferai
le suprême effort pour réussir à te tuer!» Bahràm, entendant ces
])aroles, tourna bride et revint à son camp.
Barnioùdha se dirigea vers Baïkand et s'y enferma. Bahràm mar-
cha sur cette vill(> (pi'il in\estil. Avant réduit Barmoùdha à la
dernière extrémité il lui envoya, après quelque temps, ce message :
« (Choisis l'un de ces deux partis : sors pour livrer bataille ou rends
mSTOlRK DES ROIS DKS l'HRStS.
\ j^j^ti JjJiK ^^^
la forteresse et les biens; je t'accorderai alors et demanderai au roi
Hormoz de t'accorder la \\e sauve et te ferai partir dans les meilleures
conditions pour sa résidence. Barmoùdha préféra se rendre au roi. En
conséquence. Bahràm écrivit à ce sujet a Hormoz, qui reçut ce mes-
sage avec une très jfrande satisfaction et donna fordre de délivrer a
Barraoûdha l'acte lui garantissant la vie, muni de sa propre signiitiin-
et des certifications des grands de sa Cour. Et, en témoignage de sfs
bons sentiments, il lui fit présent d'une robe d honneur rovale, d'une
ceinture incrustée de jovaux et d'un chev;il qui n avait pas son pareil,
il envova ces présents a Bahràm pour qu il les remît à Barmoiidha
avec la lettre de sûreté et lui ordonna de le traiter avec honneur, de
pfjurvoirà tous ses besoins et de le mettre en route. Il lui manda en
outre d'envover à la Cour, par ses hommes de confiance, les biens
de Barmoùdha dont il s'emparerait, ainsi que ceux de son père, et
tous leurs trésors. Babràm. conformément à cet ordre, fit porter la
lettre de sûreté et la robe d'honneur à Barmoùdha qui, bientôt, sortit
avec deux cents cavaliers de la forteresse: il la remit à Bahràm avec
tout ce quelle renfermait et ])artit pour l'Irànschahr. Bahràm étant
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 055
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' .Maii({ue dans M. - C Lôijbl». ' M JL*"..
entré flans la forteresse et avant fait ouvrir les trésors, v découvrit des
quantités innombrables d'argent, d'objets précieux, d'armes magiii-
liques et de mobilier, il s'v trouvait, entre autres, les trésors d' Al rà-
sivàb et d'Ardjàsfet la couronne, la ceinture et les boucles d'oreilles
de Sivawousch. Baliràm en lit dresser les listes et envova, par ses
hommes de confiance, toutes ces richesses, sur des milliers de cha-
meaux, en pourvoyant à leur protection par une escorte, à la coui-
de Hormoz.
ARRIVEE DE BARMOL DH A AL PRES DE HORMOZ.
HORMOZ REÇOIT LES RICHESSES CONQUISES.
CALSE DE LA RÉVOLTE DE BKHRAM.
Lorsque Barmoûdha s'approcha de la résidence de Horuioz.
celui-ci envova les chefs d'armée à sa rencontre. Il manifesta une
grande satislaction de son arrivée et se transporta a cheval à la porte
du Palais pour l'attendre, [lorsqu'il le vit paraître, comme il craignait
qu'il ne se dispensât de mettre pied à terre devant lui, il descendit
lui-même de cheval. Barmoûdha hésita et ne descendit qu'après
(î3(î iiisTOiui': i)i:s rois dks pei\sks.
\-^ 3 ^' <_*^ ^jÇU..^ 'S}>yO-^ ^^^-i>_> l « ^^--^A • "^-i-iLcj <^Lv:2J ^isi^sO
^JL^ ^^v-A^:>L«-, Je j>i*^>_> >xjlj'« JoULs vj>-*»J| JjI y^yfi »-^riî •''I^T?^'
> ^- ■ j ^ ^ ^ j ^ ■ "j ^—
_jL_t— iJ|^ s^Ij^Ij O^— "-^' O^ 4-^ J^-ii_^^»_) U ^^ ^ J_<^-^iw« <' U-^^
jljt <0'^' <_x) ^bj ^Ic^ '^ 'uî)>.Aji^ ^^1^ i^_*^' <^-'-^.^ '^'jr4^ ^J>Wî?
un moment. Hornioz, confus, tourna son visage vers le Soleil, pour
faire croire qu'il était descendu afin de rendre ses actions de grâces
à l'astre; puis, s'approchant de Harnioûdlia, il lui loucha la main
et l'embrassa. Il se remit ensuite en selle, tandis c[ue Bannoiullia,
laissant son cheval, alla avec lui à pied jusqu'au portail du Palais.
Hormoz mit pied à terre, monta sur le trône et s'assit et lit asseoir
Barmoudhà sur deux coussins. Il le traita avec la plus grande dis-
tinction et le plus grand honneur et lui parla de façon tout à lait
gracieuse et en plaisantant avec lui. 11 le fit conduire dans le |)alais
qui était préparé pour hii cl qui renfermait tout ce cpi'il mettait à
son service : tapis, ustensiles, valets et servantes, resserre, garde-robe,
cuisine et autres aménagements. Puis il l'invita au banquet, le traita
pendant trois jourset lui offrit des présents consistant en divers objets
rares et précieux.
I^orscjue les richesses fin butin arriwreul et projetèrent en arrière
la porte du palais, Hormoz donna Tordre de les laisser exposées
pendant une semaine; il se les fitprésenter ensuite et les fit collation ner
avec les listes. Ses amis admirèrent leur magnificence, leur beauté et
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 657
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' \I a;;SJ. - \l w^OsIi. — ' M;m(|ii.' (hms C. — " M w^S^'i- — ■'' <- lj»Jti<
Inir (^lantilé. Mais l'iiii d'eux dit : " Oiirl uraïul Icsliu de noce, dont
voici les restes! » On sou[)(;oiuia lialiiain de malversation et delraude,
parce qu'il manfjuait dans l;v niasse d objets les boucles d'oreilles et
les souliers d'or incrustés de joyaux de Sivàwousch, dont avait fait
mention la liste du cbef des informations. Barmoûdba, de son côté,
dénonçait la confluile de Bahràm et laissait entendre qu'il avait
détourné de ses biens et des biens de son père plus qu'il n'en avait
envoyé. Hormoz lut fort mécontent. 11 fit écrire à Babràm une lettre
contenant de sévères reproches et des apostrophes outraji^eantes, avec
Tordre d'envoyer les boucles d'oreilles et les souliers; il lui envoya
lui-même du coton et le fuseau, ainsi que des vêtements de femmes.
En recevant la lettre et le présent de Hoi'moz, Bahràm fut au
comble de la colère et de la fureur et tout à fait exaspéré. Il s'écria :
« Voilà la récompense de celui qui agit honnêtement envers cet inso-
lent infatué! » H fit appeler ses chefs d'armée et ses familiers et leur fit
part de sa peine et de son chagrin. Tous furent indignés et montrèrent
058 lIISTOIliK ni:S ROIS DKS PKRSKS.
vl:,-wj' 2 — ^^^ o^^" u*^^^ "^^-c }~^ ^S^i ^ ■.j§~^. <S^ ^y^sJj y^v^û i»
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C »iUljL«L ^^^. — - M si)^«>j (jLiU»..
une vive af;;-itation : «Quand donc, dirent-ils, Hormoz a-l-il élé fidèle
à la parole donnée envers quelqu'un, pour qu'il soit fidèle à ses enga-
gements envers toi, et quand doue un chef quelconque a-l-il été en
sûreté auprès de lui, pour que tu le sois toi-niéme? Ce qu'il vient de
faire n'est que le prélude des charges qu'il fimputera et le premier
pas pour arriver à l'exterminer el à satisfaire sa rancune. En vérité,
si lu ne déjeunes de lui, il soupera de toi et te Irappera d'un coup
de foudre comme, depuis longtemps, il frappe tes pareils, ceux cpii,
sous son gouvernement, remplissent les hautes fonctions de l'Étal. »
Bahrâm, très satisfait fie leur langage, leur fit prendre rengagement
de le soutenir, d'accepter sa direction el d'agir selon ses ordres. Il prit
la résolution définitive de se révolter contre Hormoz, rie le déposer
et de chercher à obten il- lui-niéme le pouvoir.
Bahràm fil la paix avec le Kiiàqàn, le fils de Barmoûdlia, lui
rendit son pays el conclut avec lui un pacte d'amitié. S'étanl trans-
porté dans le Khoràsàn, il leva ouvertement l'étendard de la révolte
el cessa de reconnaître Hormoz comme souverain. Comme il voulait
amener une rupture entre Hormoz el son fils Aharwiz, il jeta la flis-
HISTOIRE DES HOIS DES PERSES.
>tJ7^l J,!^"^! J^ Jy^is «O Jou^j "^ ^^ ^L^ij c:.^ ;i;abl <'
s-
^ — :Mj— ?' (<^y ? J'-^'^Ij v-i-i"»^' SJ>-~à ' <_i>-^ o)^ "^^ '^— *^i-> ^ «Li-Ai^
'" C Aj!. — '-' Mantjue dans C. — ''' Maii(|iu' dans M. — 'i .Mss. jsjtiiilj.
corde entre eux eu fais;uil Irapper dos pièces d'or cl d ari;cnt porlanl
le nom d'Aharwîz et les fit répandre dans riràusclialir. Il écrivit à
Hormoz une lettre des ])lus virulentes dans hupielle illui tint le lan-
fj^age le plus arrogant. «Tu n'es pas fait pour gouverner, lui disail-il,
tu en es incapable. Retire-toi et remets le pouvoir à Abarwîz, ainsi
fpi'ont agi d'autres roisrpii, de leur vivant, ont transmis le ])ouvoir
à leurs fds. Prends garde et décide-loi avant (pie tout le peuple se lève
pour te tuer. " Lorscpic lloiinoz lut cette lettre, il regretta amèrement
ce ([uil avait lait et il eut |)eur. H était déjà venu à sa connaissance que
des monnaies d or et d argent avaient été Irappées au nom d Abarwiz
et il en était dans la plus grande inquiétude. Adliîn Kouschasp, con-
sulté par lui sur les mesures à prendre dans ces fâcheuses circon-
stances, lui conseilla de mettre à mort Abarwiz et de chercher de
toutes manières à contenter Bahràm et à obtenir sa soumission, pour
que tout rentrât dans l'ordre. Hormoz avait un jeune esclave qui était
dévoué à Abarwîz et lui rapportait toujours les conversations qu'il
83.
660 IIISTOIRK DES ROIS IM'.S PERSES.
t_>vJfij "^K-^ J^\ Jkiiils ^S^\ ^jioi^ ' yjT^^ ^' <-Jl-Cu, U ^^\j 5î-CuJl
<Cv£ Ç.«jJ|. «oUoLa^w 4' .v-fvij* L^lJ•^w^ <->«^XiL .vL^j\i| J.I
ï. — -il—il c:,s_js W -vi>U ï^v^mi» <_àJL^J| cUj <_ftUi*_S» t_C\j| ^Lg-' ^^\^
■T^y-^j «.:i^■^^■ <^'— **^-^ jj-^^i i^mUj ^j-"-^! ^^^ <àjuJ! ;''c^'^Ja..^u
^::^s * < » M — >>« — ^^ t^J« 'n-^s-A ,?5-J^-2»- ^j^ w»LU| L^vJj'n.^» à ^ ■■■,' ^ "^»>3s./v_>
' -M jJ}T?l (j^ <^**w L» Jl Lsâ^'j (***»J' ;J5'v**>>i **J|yJ5 ; ^ ,«-(v»J! ^Jt-**»! **JI j^i?^' i^' J^
— " Manqiip dans C.
avait surprises. Cet esclave lui ayant fait savoir ce qu'il venait d'en-
tendre et l'avant averti du danger qu il courait en demeurant, Abar-
wîz partit pendant la nuit et s'enfuit dans l'AdharLaïdjàn. Le marzebàn
de cette province lui témoigna son dévouement et s'engagea à le pro-
téger et à le défendre.
HOUMOZ KST DKl'OSr: ET ON LUI 15RÙLE LES YEUX.
Lorsqu'on informa liormoz de la fuite d'Abarwîz, il fut très incjuiet.
Comme il ne doutait pas que son fils n'agît d'accord avec Baliràm, il
fit arrêter ses deux oncles, Bindoûva et Bislàm. Sur ces entrefaites,
on reçut la nouvelle annonçant que Ijahràm était arrivé à Raï et qu'il
avait ouvertement levé l'étendard de la révolte et déclaré la guerre.
Il y eut des troubles et de graves émeutes dans la résidence, le peuple
était en eirer\escence et tout était en désarroi. On força les prisons,
Bindoûva et Bistàm en sortirent et excitèrent les gens à déposer Hor-
[IISTOIIIE DES ROIS DES PERSES. 661
4''.— «i| ^'-i-?' Ala^^J» r^r*^ i?^-va-*j sS^jZj i'yjLf^ ^L^oJ fUJ L^îuJIjLo
(•Ir^ 0-H? ^'^ <^y^ ^j)j^-3>j^^ ^j^,j^\a
^\ SlJ ^v— £^ f ^-^J f -^*^* 1^^^ v_r'^' o)-^!; ?''^' .-T^
iiioz (loul ils dcnoiiqaient les crimes. Leurs discours j)r()(luisireiil
l'effet voulu sur les gens; car ceux-ci étaient très hostiles à Hornioz,
ils le détestaient profondément et étaient mécontents de tous ses actes.
Ils se rassemblèrent, pénétrèrent auprès de lui à l'improvlste, le sai-
sirent sur son trône, le traînèrent sur le sol et le déposèrent; ])uis ils
lui hrùlci-t'ul les yeux. Cet événement eut lieu idors (pic IJoniio/.
avait règne onze ans et neuf mois. Lorsque la nouvelle en par\iiilà
Abarwîz, il ])artit incontinent pour Madaïn, voyageant à marches for-
cées. 11 était accompagné du marzehàn de l'Adharbaïdjàn et d'autres
marzebàn.
RÈGNE DE KISRÀ AIÎARWÎZ. CE QUI LUI ADVINT AVEC IîAHRÀM.
Abarwîz, en arrivant de l'Adharbaïdjàn, demeura pendant trois
jours dans ses appartements; puis il s'assit sur le trône, ceignit la
couronne et donna audience aux gens. Il les harangua, leur fit des
promesses, leur donna les meilleures assurances et s'engagea à les
traiter comme ils avaient été traités par son grand-père Anoûscliar-
()62 IIISTOIUK DES UOIS DES PEllSES.
<^ i. -^ '^; 4'^î^Ji.l ^j-« vJoc-^|, 1 <-j^ c>"<^* "-^J '^ Ôt' jr^r^ ''^'^'
■») ^Ljc_x_viï_JL_^ ^>LiJjiIl Ul JLâJ ^v^^-^ ctU^ (^5'^-^J=' ^_;>V J> f*-'^;'^^^
^Is g_j ■'' ^ ti <^'| ^_4L5s_> LtL)s Lg^ ^L.g.(L^I ^ (s <.iJijJ| Uu J>-2».L«_i'
' Man(|iie clans C. — ' C cyOv:^ : M cjJ>^- — ''' Mss. (.IIajijLs. — ''' M »^.
wàii. Los assistants se prosternèrent devant lui et le complimen-
tèrent.
Abarwîz alla ensuite voir son père Hormoz. U eut pitié de lui,
pleura devant lui et se justifia d'avoir quitté sa Cour parce qu'il croyait
sa vie en danger. Hormoz le bénit et lui dit : « Mon fds, tout ce qui
arrive est décidé d'avance par le Destin. Mais accorde-moi trois choses
que je te demande. — Je suis prêt à t'obéir, dit Abarwîz; quelles sont
ces demandes.^ » Hormoz dit : « La première, c'est que tu me témoignes
la piété fdiale et que chaque jour lu me réjouisses par ta visite. La
seconde, que tu me lasses tenir compagnie par un conteur disert qui
soit toujours avec moi et me lasse oulilier mes peines en me diver-
tissant. La troisième, que tu me venges de ceux qui ont usé de vio-
lence envers moi et m'ont flétri. » Abarwîz dit : « Quant aux deux
premières, il va y être lait droit immédiatement; mais, pour la troi-
sième, je te demande un délai jusqu'à ce que Dieu nous ait débar-
rassé de Bahràm. » Hormoz iul contenl de lui et eut confiance en ses
paroles.
IIISTOIRR DES ROIS DES PERSES. 663
,t ^^-Ci < — à_U JU! <-5Ui|^ c)L?r^' f^l/*-^ 4»r^r^
Llt_j <' ^^_c.>s_j ^j-Liw'^ <_JLX> ^vj;'»-^ J^^^J <-fl_U^. -Oj'jJs «L>jQ!j
(^ <J|^L o-jj-9 ^1^ <^ ^-fr^!; ^-^V >;!i»L»; ^ ^^ ^^L^^t ^Jo
lîienlùt, avant (jii il se lui passe une semaine, Vhaiwiz lui inlornie
(|ue Bahràm était campé au Nahrwàn et qu'il se posait en |)reten(lant
reven(lic[uant le pouvoir, il partit en ])rillant attirail et en jurande
j)ompe, Bincloûva marchant à sa droite et Bislàm à sa gauche, pré-
cédé et suivi des marzebàn , et ayant avec lui le drapeau des Kaïanides.
Les gens l'acclamèrent de leurs vœux. Lorsqu'il arriva au Nahrwàn, il
s'arrêta au bord du fleuve. Bahràm s'avança vers lui et s'arrêta en
lace du roi, sur laulre rive, tandis que ses compagnons poussaient
leurs chevaux pour le rejoindre. En voyant Abarwîz, il lui vivement
impressionné par son aspect et il admira sa splendeur et sa beauté;
I envie roulait sous sa peau et la haine se montrait dans ses regards.
Abarwîz demanda lequel de ces guerriers qu'il voyait était Bahràm. On
lui dit que c'était celui qui avait le cheval blanc. Abarwîz dit : « Sa
ligure marque bien sa méchanceté, sa vilenie el son astuce!» Mais
comme il voulait le ramener à lui, le bien disposer et le désarmer, il
s'avança encore, de telle sorte qu'il fut plus près de lui. Bahràm fit
comme lui et s'approcha. Abarwîz f appela, le salua, lui prodigua des
6(Vi lllSTOIHK DES ROIS DES IM-:RSES.
,j^_>|^ <-:^^—>^j Ci^Xjs^ yjjyj] jUUj «CjjLjlLI ^ f»H-g-^ '^' o^^^-^Ij ^-«^
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<J^jL5v-*. <_) <_<Lir ^^ts Ls-î <-^> c)^*^lî *^-"-e>^ Vr'jYr'' "^-^^ '■'' o'^vl'
L^J-jLi L^-jtLi <3j^S^^ ^ >xj J-Jiil ji J^ U Ljl.<^.j; /■iil 'Wjwl Jul?
'• Mss. ^.Ub. — (2) M jUic. — (3) Mss. ^iljl«. — fi) C ^.
éloges, le compliment;!, lui souliaihi la bicineniic el .s'engagea aie
nommer Sipalibadli de 1 irànscliahiet de lui conlierlaliaule direction
de toutes les aiïaires de son empire. Baliram ])oussa contre lui un
grognement ])areil au gi'ognemenl d un chien, lui lit enlendre d'abo-
minables injures et le qualifia de lils de l'adultère. Abarwiz lui parla
avec douceur, le llatta et chercha à calmer sa hireur; mais sa cour-
toisie et ses offres généreuses n'eurent d'autre effet que de le rendre
plus grossier et plus méprisant envers lui. Dans cet échange de paroles,
Aharwîz, entre autres, lui dit : « Nous voulons te choisir un jour lavo-
rable pour t'investir de la dignité de Sipalibadii. — Et moi, répli-
qua Bahràm, je choisirai pour loi un jour lavorablc pour le pciidic! »
i^es familiers d'Abarwiz saisirent la brifle de son cheval et le rame-
nèrent en arrière en lui re])rocliant d'avoir fait preuve de tant de
bonne grâce et de condescendance envers Bahràm malgré son in-
solence et ses abominables propos. Aharwîz leur dit : « N'avez-vous pas
entendu le proverbe : Baise la main que tu ne peux cou|)er? Le
lilSTOIHE UKS UOIS DES PERSES. 665
JU J-^^ iUU ^ -uLi^ ^_^ ^];.«^j ^t^^t it 3i;^l9^L4Jt
J^ j J- — ^-i! ^j^ c:./^a>.s, •< ^ J._i^lj .iO Lli <J)! p»-cV-> ^_j~v-aJU <' J^À^^^ ^
Jw lii 4]^-*J« U>*^ -i^L^il) ^i:,-JV/o yj^s-jl r>' ^^-^} ,ijJs.A.oc<- 1*19 Ij LÇSJOo
J^lLo L_j\^ f '-'■ LÀ.AjtJC*.<jo f«;>-'i ^! )-6-»^ ,^.y^\j» Is-JviJOo <Cà_>>>J,i J,.:i.:>.
pâturage fie l'iniquité est malsain; la mmIIi'- Irionvjjlic loujours, le
mensonge amène le malheur! »
Le lendemain, Haliràm marclia avec son armée sur le camp d \-
harwîz. Celui-ci s'avança pour le combat. Après avoir hatailh' contre
lui une partie de la journée, il fut réduit à prendre la fuite. Baliràm
courut après lui et le força de chercher un refuge sur une haute
montagne où il n'y avait pas d'issue. Les Perses rapportent cpie,
lorsque Bahràm fut sur le point de le saisir, il sortit de la montagne
une main miraculeuse qui éleva Abarwîz à une hauteur où il fut hors
d'atteinte. Bahràm, frappé d'étonnement, abandonna la poursuite, s'en
retourna et resta dans son camp. Abarwîz, dil-on, demeura en cet
endroit un jour et une nuit; puis il en descendit et entra dans la ville
sous un déguisement. Il fit ses préparatifs pour aller chercher aide
en son malheur auprès de Maurice, le roi du [)avs de Roùm, et lui
demander le secours d'une armée, afin de j^rendre sa revanche sur
Bahràm.
Abarwîz partit avec un certain nombre de ses officiers et de ses
intimes, entre autres ses deux oncles Bindoùva et Bistàm. 11 n'était
066 UISTOIIIE HES ROIS DKS PEUSES.
* s-
<<_>«.x_N_> 5î->.sj 1»'»-=^ y^w' ^^'r^ f ' y^T^ <_°^^i >_i ^biLA-wU (:') ^_é-iJOL5
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'•' Manque dans C. — - Mss. ,1, ^ » --«v-*. — '' Mss. >_iJui:.j. — '' M
pas encore loin de la ville, qu'il Ait ses deux oncles s'arrêter et hésiter.
H leur denunida ce qui leur était arrivé et ils répondirent : «Nous
craignons que Bahràni ne rétablisse Ilormoz sur le trône et cju'il
n'écrive au roi de Roûm pour demander notre extradition, ce qui
serait notre perte. "Et ils lui demandèrent l'autorisation de faire périr
Hormoz. Abarwiz n'ayant pas répondu, Bindoûya etBistàm, accom-
pagnés de quelques valets, retournèrent, pénétrèrent auprès de Hor-
moz et l'étranglèrent. Puis ils rejoignirent Abarwîz et lui dirent :
" Va, que Dieu te donne de la joie! »
Abarwîz et ses compagnons firent galoper leurs chevaux et traver-
sèrent fEuphrate. Ayant fait halte dans un monastère des chrétiens
jKJur s'v reposer quelques moments, le guetteur les avertit de
l'approclie d'une escouade de cavaliers de Bahràm venant à leur
poursuite. Bindoûya dit à Abarwîz : « Change avec moi d'habits et
d'armure, continue ta route et laisse-iiioi avec quelques hommes. »
Les gens de Bahràm s'élant approchés, Abarwiz avec ses compa-
gnons, réduits à un petit nombre, sortit du monastère, se sauva et
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 667
j!ii^_t^| ^.SwsLc 'nJLj ^>-*--^ j)l j?^ Jli^ (^-i-Lc ^s_4ils wj^L v5s.**^|
jr_£^y_^| U (2)*Lsc'^| ^ ^j J^\ ^^, J ^--L-a^ JJJ 'lySJ J^J
\s\ <Ji_JjJwL_. Jl_S^ ]j^^S-va! LV-J "^-^jj^!^ cr° <-jtia>sa-j >-j3j' i_>Lsj Ips^j
C' Mani|iic(l;ins(;. — i-' CyLeill.
coiiliiiiia son voviii^c à iiKirclics lorcées. lîiiuloùya, roveMii des luihils
cl (le l";irimirf' dAharwi/., monta à clnnal ri se tint avec ses coinpa-
<i;nons à la porte du monastère jusqnà ce ([ne les troupes se fussent
approché«'s. Celles-ci, en le voyant, ne doutèrent pas cpie ce ne fût
Abarwîz revêtu de son armure. Bindoûva entra avec ses ji^ens dans le
monastère, et donna l'ordre d'en fermer la porte un peu avant qu'elles
lussent arrivées. U monta sur le toit, pendant que les soldats avaient
entouré le monastère, et leur adressa d'en haut ces paroles : « Kisrà vous
salue et vous dit : Me voici entre vos mains; mais je suis fatigué au delà
de ce que je puis dire. Quel inconvénient y aurait-il pour vous, si vous
m'accordiez du répit pendant le reste de la journée et cette nuit jus-
qu'à l'aurore, pour que je puisse me reposer.^ Je me rendrai ensuite
et me laisserai arrêter par vous. » Ils répondirent : 'C'est la moindre
des choses qui te soient dues. » Ils acceptèrent sa proposition et firent
garder le monastère et ses enceintes tout autour. Au matin, Bindoûya,
sachant qu'Abarvvîz était loin et la poursuite désormais impossible, fit
ouvrir la porte du monastère. Les soldats y entrèrent, virent Bindonva
8i.
068 IIISTOIUK DKS ROIS DKS PKllSES.
t.,_**i« A_>Jv_>| ^ iaJLtLi i^-ji-c "^ts^ iLi_> u3w£j VrMw' Uy^. f ; '^îi^^'V
j_^I» i'' *4 <.->0 ^^-ÔSwvi <jJk_;S2». 'C-O'-^ L-^âj» f'Iï-^^ ^' "^ l«-M6i« "OjwXAj
(3) 'L*.^ _.^ i*»_^| ^^ >,.::^LÎ^ ^.J-^ iLi^m ^Jv-/ioI <La^I\ » ^JL/O^ji^ 4 ii-^
< «-^ '•'-^T»^ ?^b~^ O?"'"''^' "^^'^J-^ U\j^^\ (^J-<.^0 "^Vl (^S*-^^-"^]^ O*^^./^
.\l ^^\i| J,i j3w4«-_«_J| ilij s-jjsjI >L*4^3 <_)\U»i. kj?"ii^ v_i ^.v* 4_x^l
' M Ai-» Lx^sii , suivis des mots répétés de la phrase jirécétlenle, (sa) AïjOyyj Ijy-w'^
Aj I^Aiûij. - '-' M ^^jjyo, i)lns l)as ^^jj^, ]>uis de nouveau ^j^y,. — '■' C <.LfcÀJ. —
et 11(111 \I);ii\viz, cl rcconniironl à leur f;i;iii(l di-sappoinleinont qu'ils
avaient été vicliiiies (rune ruse. Ils ariêlèrcnl Biiidoûya et l'emiiie-
nèrent auprès de lîahràin à qui ils racoutèrenl le stratagème donl il
avait usé. Bahràni lut fort èlonué de son action; il donna l'ordre de
1 emprisonner et de lui mettre des chaînes.
Abarwîz arriva auprès de Maurice, le roi de lioûin, qui le reçut
et le traita d'une manière très honorable, pourvut libéralement à son
entretien et ne négligea rien pour lui complaire par de bons procédés
et lui témoigner au plus haut degré les égards qui lui étaient dus
et son respect. Il lui donna en mariage sa fille, nommée Marie, l'une
des plus belles lemmes de son temps, mit à sa disposition, ])oui' lui
prêter assistance, une armée de ciiupiante mille soldats, commandés
par un général nommé Sergius,lui lournit des subsides et le lit partir
de la façon la jilus digne, en même temps que sa fille Marie avec son
équipage et avec deu\ cents fdles esclaves. Abarwiz se mit en marche
hI conduisit l'armée dans rAdharbaïdjàn. Bindoûva qui, par (piehpu'
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 669
«OvU ^jpSot ^^1 ^L;JI u^j ^!-^y ^-^1 c<k J-ï-iaj ^ r*!/*^ c:)~^
^>| ^y ^L^àï>_j_^i! jp-jjj^-^! :>j,jj <aJo LiU 4JiLJ| (ii^^j-^"^! 'ux=^\j
^ s 6JÏ-3 t_Jic J^jc-iJi ^u 'ù~y^^y^ ^\sjj Sv-^xi -)<.:jL«i^Loo L^'i.À.A^
Jr^ -'I^lJI ^jjfil '^li-j ^i^jpjjj^l jj)L ^! <i,IjpA>'Nil is^\j pyi JU-j
stratagème, s'oliiil di'lixrc do la captiMlr (laiis laqiiollc il avait été leiiu
par Balu-càm, vint le rejoindre avec les niarzehàn et les grands, et
nombre de gens accourant du l'àrs et du Klioràsàn s'assemMèrent
auprès de lui.
Bahràm avait usurpé le pouvoir à Madaïn et avait ceint la couronne
que sa tète ne connaissait pas. Le monde le blâmait. Lorsqu'il apprit
l'arrivée d'Abarwiz dans l'Adliarbaïdjàn, il voulut prévenir l'attaque de
son adversaire avant (pie celui-ci ne lût en force et que ses principaux
|)arlisans ne l'eussenl rejoint. Faisant peu de cas de l'armée greccpie,
il marcha sur l'Adliarbaïdjàn et ouvrit les hostilités contre Abarwiz.
Il y eut entre eux de nombreuses escarmouches et des batailles achar-
nées; un grand nombre de soldats grecs furent tués. Il arriva enfin
qu'Abarwiz se mesura avec Balu-àm en combat singulier. Lorsque
Bahràm dirigea contre lui sa lance, il la lui arracha delà main; mais,
ne pouvant tourner le fer en avant et le pointer sur lui, il le frappa
à coups redoublés sur la tête, tant que la lance se brisa. Bahràm
670 HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES.
^jjlsJ^s.aJt ci-'-^J "-^ JS' J--s5 lo^ |jjv_4*»^ (Ojjjjj^ |jJ_^^xA^ ^l->J.I Jjl
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Jw>>X_*^ ^Jlc Jwo! Ij ^Là,6-c >.:>J!j js^I kX3j oLiAi». ^ Lj? »À.< s-^U ^Lj
' <■ Uij^- — "' -MaïKjiu' dans M.
s'enfuit et disparut comme si la terre se fût fermée sur lui. Abarwîz
demeura dans son camp jusqu'à ce qu'il sût d'une manière certaine
que Bahràm avait pris la route du Khoràsàn. Il accorda la vie sauve
à ceu\ qui demandaient grâce et se rendaient à lui et partit ensuite
avec les marzebàn et les hauts jiersonnages pour Madàïn, victorieux,
n'avant rien perdu, heureux. Son premier soin, avant toute chose,
lui de dislrilnier des aumônes et d'accomplir de nombreux actes
de pieté. Il lit expier ensuite à ses deux oncles, Bindoùya et Bistàm,
la mort de son père Hormoz, en disant : "A la vérité, j'éprouve
une grande peine en me décidant à vous mettre à mort; car vous
êtes mes parents préférés, ceux que j'aime le plus, ceux de tous qui
m'ont prêté la plus grande assistance et méritent ma reconnaissance.
Mais un roi est dans l'obligation absolue de tuer ceux qui ont tué son
père, quels qu'ils soient, li Et tout en versant un flot de larmes, il donna
l'ordre de l(\s étranjjler comme ils avaient étran'jlé Hormoz.
Abarwiz s'occupa ensuite à régler les ailaires de l'Etat, à lortiliei-
les frontières, à conférer des dignités aux amis fidèles et à forcer les
adversaires à la soumission. De jour en jour, son pouvoir était plus
respecté et son autorité grandissait. Il fil de Marie, fille du roi Mau-
HISTOIUK DKS ROIS DKS PKRSES. 671
^_)\4_/0 -iU—V' i::.^.«o _JyjO LjtSfc. ^ .\UaJl_*v ïiiJ* ^*— **'
J^ ^^j fj^ o-'' w^' {j^.jr^^ çjj^\S^s: j ^y -J i^^j L^-s-i^
j?L.<>-:i.^-\<3 ^11 ^^_<s-/«v3\>o j?L5^-v^« <0_Lv^ Jv^'» <-*.»>S^ otiik. ' A_*.s>w*j
(îlïju'^l «^ cj w^ 4^ ^- il b JJ^^ (6 ^L«_-si>' ÂJi^ <l 4_5J^]^ is>0 '^
ricp, s;i Icimiic jjiiiicinali', lui doiiiiii |)()iii' (Icinciirr le plus iiiii^iii-
(if[ii(' (le SOS appaiienioiiis cl des lichesses, des objets précieux et
(les jeunes servantes, dont elle lut enclianlée. Il répartit entre les
troupes grecques la somme de vinji^t millions de dirliems, conlérant
à leur général des robes dbonneur de grande \aleur et le cond)l;ml
(le cadeaux, et les renvoya lionorablemenf à leur souverain Maurice,
]X)nr lequel il leur remit des cadeaux beaucoup plus nombreux qu'il
n Vil avait recju de lui. U dispensa aussi ce souverain, sa vie durant, de
la redevance et du tribut, permit aux chrétiens de construire leurs
églises et leurs édifices religieux, de faire usage, dans toutes les pro-
vinces de riiànschabr, de crécelles et d'accomplir les cérémonies de
la fête des Palmiers; et pour témoigner son amitié et pour être agréable
à Maurice, il recommanda aux gouverneurs et aux inarzebàn de traiter
les chrétiens avec bienveillance.
C72 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
]»wwL^ïO ii "C^-lw» ,_5M-'|; <>J^ lîV*^' 1^ ^^J ^ ^'-*r>'^|^ «^W'I ■'Laaj'Ï
^.> ^* J^..A..£UJ| ■>-S^ (J-0 ?Ov-Vt ^_'-6-=>l Ci/jLSj ^L^J^ L^ UJ^_wj ^J 1 '^
(" M U.
.^.
FIN DE BAIIP.AM SCHOUBIN.
Après la fuite de Bahràm, la plupart de ses chefs d'armée se ren-
dirent à Abarwîz. Une petite troupe seulement de guerriers resta avec
lui; ils étaient peu nombreux, mais, par la valeur et le courage, ils
représentaient une force notable. Abarwîz avait mis à ses trousses un
corps de troupes qui devaient le serrer de près et fondre sur lui et
auxquelles il avait dit : «Achevez-le et apportez-moi sa tète!» Mais
ces soldats n'osèrent pas l'attaquer et, abandonnant la poursuite, s'en
retournèrent.
Bahràm, da)is sa fuite, s'arrêta avec quelques-uns de ses officiers
dans un bourg et descendit chez une vieille femme, qui leur présenta
des galettes d'orge dans un vieux crible usé. Ils apaisèrent leur faim
avec ce gros pain, qui leur parut meilleur que du pain blanc, de
l'agneau rôti et du délectable nougat. Ils dirent à la femme : «Si tu
pouvais nous offrir un peu de vin, rends la i-éception complète par
IllSTOlRK DKS KOlS DES l'ERSES. 673
(1) <__>L.^_/s^ j! 3w>w5s ^ S>-Au3J 4' "^vJ ^ "^v-^ i^y-"-^i _5-<"'' ->--^A-ol
i g A s .>kJs_4io Ul >~>.j LgJtiaJ. Ld)>Xik.ls «LiljL» «Lcvi J.' ^L^2-Kj y±iy<j
J^JL_3 <.^j J ^^KS— " j^j ^^^ ^r>}j ^)ij^ Je >^ ^J"^ ^JLÀ\
' M AjL«l^. — -1 M »U^^. — ''' Ces mois inaïKiiiciil dans M. — ' M ^Ij .
une gor^'éo d iiiic i^ourdt'. on |);n' iiiic pclilc i^oiillf (lune pclilc outre,
ou par uu reste dans une ainpiiore. » La leninie sorti! et rapporta
une cruche de vin. Mais ils ne trouvèrent pas de conijc pour- hoire.
L'un d'eux, voyant une calebasse suspendue au plalond, la piil et la
coupa, et c'est ainsi qu'ils buvaient tout en riant, s'énierveillant des
changements des situations et des capricieux retours de la fortune.
Lorsque Bahràni lut un peu égayé, il dit à la vieille femme : « Lh, la
mère, quelles nouvelles as-tu?» Elle répondit: «J'ai a])pris que le
Grand roi Abarwiz est revenu du pavs de Roûni amenant une armée
lormidable, avec laquelle il a lait la guerre conti'e Bahràm Schoùbîn
(pi'il a fini par, écraser et mettre en luite, tandis que lui-même est à
présent bien établi dans sa résidence, à Madàïn. — Et que dis-tu, la
mère, de Bahràm? Avait-il tort ou raison de prendre les armes contre
Abarwiz? — Certes, par Dieu, dit la vieille femme, il avait absolu-
ment tort; car il s'est mis en révolte contre son maître et le fds de son
maître, contre lequel il a tiré l'épée! » Bahràm dit : «Aussi faut-il
^^
67'i HISTOIRE DKS ROIS DKS PKRSES.
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ijj-^ J>^\ j J_j...^^jj 'Li_^Nl|^ ::'):>!^|^ (-^i^LLU! ^'o^ij U.L^
MaïKiuo dans C. — '-' M jUill — ' Maii(]iie dans V.. — ') AI dlLji)! .
qii il iiiiiiif^c nKuntcnant flu ])aii) d Orgf dans un vieux crible et (ju il
boivp (lu vin trouble dans une calebasse coupée! » La vieille femme,
sacliant alors qu'il était Bahràm Schoûbin, fut consternée et hors
d'elle de frayeur. Bahràm lui dit : « Ne crains rien, la mère; tu as dit
la vérité et tu as raison. » Et, prenant quelques pièces d'or dans la
bourse de sa ceinture, il les lui donna et partit.
Bahràm continua sa route vers le Khoràsàn jusqu'à Naïsàboûr, où
il s'arrêta. Voyant le petit nombre de gens qui lui restaient et les sen-
timents peu favorables des populations et craignant ne pouvoir
échapper à la poursuite dont il était l'objet de la part d'Abarwiz, il
se transporta dans la Transoxiane en demandant protection au
Khàqàn, fils de Barmoûdha. Le Khàqàn, accompagné de ses familiers
et de ses chefs d'armée, vint à sa rencontre. Chacun d'eux mit pied
à terre devant lautre et ils se donnèrent la main comme des jierson-
nages égaux en qualité et en rang et position. Puis le Khàqàn fit à
Bahràm une réception extrêmement distinguée, lui envoya quantité
de provisions et des cadeaux de prix, et lui parla ainsi : « Nous avons.
HISTOIRt: DKS ROIS DKS PERSES. 675
<l Jlî^ L-<S^ |-!^ ^l)-i -^1^ ^'-î^l^ -i^Lvi.j S-J^ c5^ J^ WijjUi
^l-, g ' iL-A..^. ;O0 "CjOfc-f 'y>Syj\ ^-'^-%^. f ) * 4jLw\i> jjfiJOI < >W^} Lv «.'"fc
moi et toi, la même piiri ;iii pomoii-; im)ii> Miinmes deux corps avec
une seule ànieel, dans notre union Irati'rnelle, rien ne sera réservé en
|);irli(wlier à lun on à I iintr»', sani cr doiil la loi cl I lioiuicnr (IcfcMdcnt
la possession commune. Sois donc conteni el à Ion aise et prends du
n'pos; dispose de moi en toute liberté pour voir tes vœux réa-
lisés, et sois assuré (jue je cliercliciai à le satisfaire et que je me con-
formerai à tes désirs. » Bahràm le remercia et le félicita de ses bons
|)rocédés.
Dans la suite d<'s lem|)s, Aharwiz, qui ne jouissait pas en pai\ de
la possession du pouvoir, son ennemi Bahràm elanl \i\ant, adressa
au Khàqàn un message dans lequel il lui laisait des re[)roclies et des
remontrances : «Tu as lait, lui disait-il, un ])acte d amitié avec nu)n
ennemi, le rebelle, ettuasdonné reluire à mon esclaxe lii<iilil. Tu n'as
eu, en agissant de la sorte, d'autre but (jue de me nuire, ni d autre
intention que de jeter l'inquiétude dans mon esprit. Maintenant,
si tu le renvoies enchaîné à ma résidence, tu me feras une faveur
dont je te garderai reconnaissance, comme le ramier garde son collier,
jusqu'au jour de la Résurrection, et tu gagneras mon amitié, qui te
85.
676 IIISTOIUK DKS ROIS DES PERSKS.
j^-jj>^ w->»3o" s-'—-s: ^>ilj ^ i,j}\ Jj^\j ,.J^\ ^^Ki! ^i '-:jw1 ^]^
^1 LiJU ^jLiww' JOJ ^Lgj ^^! Jls ^ ^^^ <JlsJs Jxs[p! v-^^^^
A_Lsh.U, ^I-^^l <3-''-S*' {2)jJJjJoJl 1^ J^ JlSj <JJi -'Lwj V^so|"fsifcls
3—6^^^ L'->--«-? ^^^L-i». J.t <_jLs-^ er» ,_à-^a^t ^JSj (^) (j^^V^jLsw J^>Jt)
M .\W' ^* -4^1 y'j- — ■' (^ ■>^s- — ' -Mnn(|iic dans C. '^^ Mss. ^^^^iV^ ^i.
sera grandoment profitable et qui aura pour toi des eflels dont tu seras
content. Mais si tu me préfères ce chien enragé, ce drôle impudent,
sache que tu auras une guerre qui fera fondre le fer et blanchir les
cheveux des petits enfants.» Le Khàqàn lui répondit : « Baliràni m'a
demandé aide et protection et a cherclié refuge auprès de moi; je
fai accueilli, lui ai accordé ma protection et lui ai garanti la sûreté.
Je ne le livrerai pas, tant que mon àme sera liée à mon corps. »
Abarwîz fut soucieux et conçut des craintes. Il dit : « Cet ennemi a
contracté une étroite alliance avec mes ennemis, il a épousé leurs
intérêts et est devenu un des leurs; je crains bien qu'ils ne se mettent
d'accord pour m'attaquer et pour m'enlever mon royaume, et ils feront
ainsi naître une conflagration dans l'Irànschahr. La prudence me
prescrit de ne pas vivre Iraurpiille, tant que Bahràm demeure parmi
eux, et d'emplover tous les movens possibles pour le faire disparaître,
soit d une façon occulte, soit ouvertement. »
Abarwîz députa ensuite auprèsdu Khàqàn l'homme le plus capable
de sa cour, Hormoz Djoràbzîn, avec quantité de présents de toute
sorte, le chargea de messages secrets, lui fit emporter beaucoup
lUSTOIRK DF.S ROIS DES PERSES. 677
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(') M ÂjuJ!. — ■■' Manque dans C. — '' C JoLlï»
(rargciil, lui iccommiiiHln de hiiif tous ses cllorls cl diii^ir sans
trêve ni repos |)()ui- pcidic Baliiàiii dans rcs|)ril (\u Khàfjàn el de
nK'Ilrf en œuvre tous les niovcns qui pussent amener sa ])erte.
Hornioz partit et, quand il fut arrivé à la résidence du Khàqàn,
celui-ci lui donna une large hospitalité, le traita avec distinction et
honneur et accepta les cadeaux qu'il apportait; il l'invitait à ses
banquets et se montrait très gracieux envers lui. Hormoz, ayant
trouvé un jour l'occasion de causer en particulieravec le Khàqàn, lui
(lit : " \e sais-tu pas, o roi, que Bahràni est un sujet du roi Abarwiz,
qu'il s'est rendu coupable d'ingratitude et qu'il s'est révolté contre
lui, qn'il s'en est suivi les événements bien connus et son propre
malheur? S il n'a pas été un bon serviteur pour son maître et son
bienfaiteur, comment le serait-il pour toi? Tu devrais rendre au roi
Abarwjz un service qui ne sera jamais oublié et pour lequel on sera
éternellement reconnaissant, et lui envoyer Bahràm enchaîné. Tu
auras ensuite le droit de lui demander tout ce que tu voudras et tout
ce que tu désireras, n Le Khàqàn se mit en colère et dit : « Est-ce à
()78 UiSTOlRK DES 1U)IS DES l'KRSKS.
S-
y » Ll ^Iv^ c>'^* '^'^■^ '^-i-' jH^ "^ -o)' /^j j^y^ Jy^^ -i^U<s£
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un honiinr tel que moi que Ton puisse tenir un pareil lant;a<^(' ? Si tu
n'avais pas la qualité flambassacleur, en vérité je te ferais mourir!
Et si, après cela, je t'entends encore médire de Baliràm, je te cou-
perai certainement la tète! » Hormoz garda alors le silence et recon-
nut que ses paroles n'auraient pas d'effet sur lui. Bahrâm, de son
côté, avait inspiré au Khàqân le désir de posséder l'Irànschalir. U lui
donna l'assurance quil enlè\ei-ait ce pays à Abarwiz et y établirait sa
domination. Le Khàqàn avait confiance en ses paroles et il lui donna
des troupes et des subsides pour faire la guerre contre Abarwîz. Il
lui ordonna d'établir son camp sur les bords de Djaïboûn et d'y
attendre qu'il l'eût pourvu de tout ce qui lui était nécessaire.
Hormoz avant reconnu que le Kliàqân était inflexible et bien
résolu de conserver son amitié à Babrâm, et voyant qu'il lui avait
flonné le commandement de son armée, renonça à ses tentatives
auprès de lui et se tourna vers la Khâtoûn, la j)rincipale de ses
femmes. 11 ne cessa de la circonvenir par les ensorcellements de ses
discours, par ses présents et ses hommages, de lui représenter Bahrâm
IIISTOIUE DES ROIS DES PERSES. 679
JwC=yt ^i^'^jil .::.--J ^j ^-i-o Ày%Jt c_?^' J^ 0=;;^' "^'1^ ^' ^
LjLit) ^v> Ixi <.'Oa_> Ji ^_^Jt;^\ ''\_ji_=iÀ.ài!J <-Oo 4,Li£ ^^v-i^ ^ f'y'^
ii__^'., ^ i^_v_*.v_j '^. ï .ic :_■ ^ ---^ i <^^ "^-^ -iÎKiJ .v»_>'>Ji. ^Jl\ U-?
sous le ])lus iiKuiNiiis jour, el (le lui i u s|)i n- r des ci;i iules en lui sij;u;ilaut
son astuce, sa rouerie et sa jjerlidie; il lui conseillait constamment
de chercher à lui tendre un piège et à le faire mourir et de débar-
rasser le pays des Turcs de sa sinistre ligure et de son action néfaste.
L;i Khàloiin huit par s'en laisser imposer, consentit à laire ce (pi'il
(leinandail et s'engagea envers lui à faire périr Bahràni ])ar (piehpie
niachinalion. Ilormoz continua à lui offrir des cadeaux et lélilouit
par des joyaux extrêmement précieux qu'Abarwiz lui avait donnés
à cet ellét. Un jour, délibérant avec lui, elle lui dit : > Moi, par Dieu,
je désire plus ardemment que toi faire périr Bahràm; mais je ne sais
comment je pourrais y parvenir. » Hormoz répliqua : " Il faut que tu
aies recours à un Turc, un serviteur de la cour du Kliàqàn, à un
homme énergique, avant le bras solide et ne craignant pas de verser le
sang, qui, pénétrant chez Bahràm à rim])roviste, enfoncera et tour-
nera le sabre dans son ventre et prendra la fuite. » La Khâtoûn y
songea ronslaïunienl et trouva enfin un Turc qui remplissait toutes
680
HISTOIRE DES UOIS DES PEUSES.
O Vi w'^» .>^'-=^ .Nibi_*v(s <jU-Ai». |?^_tv iâ_àj> JsJO <_«.|wJ
il^ t^L^'^L <r?^l9 U^ i^li' ^>' ^^^ JJ-J^ "^jlr^ "^1 Ij^^I j;.*^
^ jLkiJi <_5jpj k?y^ jr^T^ ^-<s^ i3) J^-iv_ci|j 4) 4'.>oj <.t;,ai^ jj^^L
les conditions que Hormoz avait indiquées. Elle le fit venii-, lui lit
connaître le secret en présence de Hormoz et lui promit cent mille
dirhems dont elle lui payerait la moitié comptant. Le Turc, avec
l'empressement d'un homme cupide et rapace et âpre au gain, con-
sentit à exécuter ce qu'elle ordonnait. Hormoz était assuré qu'il
affronterait cette œuvre hardiment et qu'il l'accomplirait. Il ne vit
alors rien de plus expédient, après que son artihce eut pleinement
réussi, que d'en trouver un autre pour se sauver. Il demanda donc
audience au Khàqàn et lui dit : « Je vais envoyer un homme de ma
suite, un marchand, dans l'Irànschahr pour qu'il m'en apporte des
étoffes et des joyaux dont je veux te faire hommage. Mais le surveil-
lant du passage du fleuve l'a fermé, sur f ordre de Bahrâm , aux voya-
geurs et ne fait traverser le fleuve que les personnes nanties d'une
lettre de passe délivrée par toi avec fempreinte de ton sceau. Je
désirerais que tu me les fisses donner. » Le Khàqàn fit droit à sa de-
mande, donna l'ordre d'écrire la lettre de passe, v imprima son sceau
et la lui remit. Hormoz la prit, revêtit le costume d'un marchand et
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 681
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<') \I(j^^. — (•-' MaïKiue dans M. — ». M J^. — 'i Muikiu.' dans C.
sf mil cil roule, ;il);iii(l()iiiiaiil ses compaj^iioiis et ses bafi^afi^es. Quand
il arriva au Ijord du llcuve, il jin'.scnla la Icllre de passe scellée et
Ut un don au surveillant du passage qui lui Ht proniptenient tra-
verser le fleuve. Hormoz continua son voyage, en hâtant sa marche,
vers la résidence de son maître.
Le lendemain, qui, dans l'ordre des jours du mois chez les Perses,
était le jour de lialiràm , — les astrologues avaient recommandé à
Bahrâm de ne pas se niontrei- ce jour en public et lui avaient prédit
que ce serait le jour de sa mort, — le Turc, agent de la Khàtoûn,
se mit en route après avoir caché dans .sa botte un poignard trempé
dans du poison et sans emporter d'autres armes, et arriva au pavillon
de Bahràm. Celui-ci, un ])eu souffrant, n'avait auprès de lui que ses
plus intimes; il avait oixlonné à ses chambellans de n'admettre per-
sonne, fût-ce le Khâqàn lui-même. Ils dirent donc au Turc : « Va-t-en;
il n'y a pas d'audience aujourd'hui! » H répliqua : «Dites-lui que je
suis envoyé par la Khàtoûn, la femme principale du Khàqân, pour
8G
082 HISTOIRK OKS ROIS DKS PKUSKS.
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. t:j*Lai^ J-iJ-»-']; *l5lj|j
une iiiriiiic iinpi)rlaiilc; illaul absolument la portera sa connaissance. i>
I/un des chambellans entra et rapporta les paroles du Turc à Bali-
ràm, qui donna l'ordre de l'introduire et de faire sortir de la chambre
les personnes présentes. Le Turc entra, baisa la terre et s'approcha
de Bahrâm, comme s'il voulait lui parler à l'oreille, de sorte que
Bahràm pencha la tête vers lui. Alors il lui porta avec le poignard un
COU]) dans le côté et, frappant de nouveau, un second dans le ventre.
Bahràm poussa un cri qui donna l'éveil aux gens qui étaient à la
porte. Le Turc s'étant précipité dehors, les sabres s'abattirent sur lui
et le mirent en pièces. Les officiers entrèrent et virent Bahràm par
terre, blessé à mort; son sang coulait et il tenait sa main sur une de
ses deux blessures. Ils furent consternés et désespérés et l'air retentit
de leurs sanglots et de leurs lamentations. Quand Kourdiya, qui étiiit
la sœur et l'épouse de Bahràm et l'une des plus belles, des plus
intelligentes et des ])lus vaillantes des femmes, arriva à son tour, elle
se frappa le visage, coupa ses cheveux et dit : « Voilà, o mon Irère, le
châtiment de celui qui est ingrat envers ses bienlàileurs et se révolte
contre ses maîtres et prend les armes contre ses rois. — Tu as rai-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 083
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I^U^-f. f-^-Jtj, SL^X^^j j?^'^-*^ f*'/^ '-^"''^^Ij
(" C XiJI. — (2) Mss. ^^..ajuj .•! 4_,^L3?j (C <^jl^3l. — -■'■ Mss. 1^1^.
son, (lit H;ilir;uii; r'csl coiimic tu le (lis. ■ El il ajoiilii iiiic réflexion
que le |)t)olf' a exprimée dans ce vers :
C est le fatal Destin qui, tyranniqucment, ap[)()rl<' If malheur à i'Iioiiime; ce n'est
jamais l'homme qui s'attire le malheur.
Il désigna pour lui succéder Mardàn-Sineli, le principal rie ses
chefs d'armée, lui donna le commandement de ses partisans et lui
recommanda d'honorer Rourdiva, d'agir toujours d'après son avis et
de la considérer comme ayant la même autorité que Bahràm lui-
même. Il lui fit connaître, ainsi qu'à sa sœur, ses dernières volontés,
puis il expira. Kourdiya et les chefs d'armée procédèrent à ses funé-
railles et à son enterrement. Le Khàqàn, en a])prenant la mort de
Bahràm, déchira ses habits, déposa sa couronne, le pleura à chaudes
larmes, observa les rites des condoléances j^endant une semaine et
accabla la Khàtoi"inde reproches et d'invectives. Il envova à Kourdiva
et aux compagnons de Bahràm un message dans lequel il leur ])ré-
sentait ses compliments de condoléance, les consolait et leur pro-
diguait les promesses et les assurances.
86.
(•)8'l IliSTOlUK DKS ROIS DKS PKRSKS.
<_«_j_^>| pj ]yi^jj j^LâJi]^^j (^l;-^ i^)y-«j]j fj^t \jj-H^ (S>^^
l
J «^^K <j:5v^ j?W ' ^^j-^ c>-^^^ fv<s-**^ ^ if^lr' fJ^^ ^ (^ ^3^
*•' Mss. i. — (■-) (", *A*Xkt. — ''' C I^Jbôi;. — >" M ci.;Jo. — ''"' M *froyii.
DIVF.HS ÉM^NEMENTS OUI SUIVIRENT LA MOUT DE liAllRAM.
Mardàn-Siiieli, les conipaji^nons de Bahràm et Kourdiya ayant
résolu de partir à 1 insu du Khàqàii, firent leurs préparatifs, chaus-
sèrent leurs montures, envoyèrenl en avant leurs bagages et se mirent
en selle au nombre de quatre mille, et parmi eux Kourdiya, vêtue à
la façon des cavaliers et des preux guerriers; et ils partirent tous
ensemble. Lorsque le Khàqàn en reçut la nouvelle, il fut courroucé
et ordonna à son frère de les poursuivre, lui disant: « S'ils ne reviennent
pas volontairement, ramène-les captifs, liés ensemble. » Le frère du
Khàqàn se mit en marche avec une forte troupe et (il route jusquà
ce qu'il les atteignit le quatrième jour de leur course. Quand Kour-
diya aperçut les Turcs et vit le danger, elle s arma plus complètement
pour se mettre en état de résister et releva le courage de ses tronjies
qui, sur son ordre, se formèrent en ligne de bataille. Le Irère du
Kli.Tqj'ui s'f'tant ap])roché, leur dit : « Je désire que vous me conduisiez
J f^J
IHSTOIRK DKS ROIS DKS PEHSKS. 685
(^ ._- '-S- •; L^-A !i ■ -^ "' lil^ *'-g'isi-c ^»J^ fvj' LfitJL-tw-jj ~^IU,I ^.lL4v^
J)I L^ Jisj l^ /J^-*-^ L^ii...:v.rXj> L^wJj L^X^^ ^^'-^ L^>L*-.^
LAjaJ _^nL oJwisix s-A_<i|j ïCLil Lg-*-3Î *-^^^-*-l^ v3"-"-**l ^^^'-^^
auprès (le kouidi Vil, pourcjiic jc lui coiuiiuiukuic le iiicssaf^^' du loi ;
je veux aussi que vous lécoutiez vous-mêmes. » Lorsque, ayant de
conduit auprès d'elle, il la regarda, il fut frappé de sa beauté, de la
perleclion de sa personne, de son adresse dans l'exercice du cheval et
de sa grâce; il s'éprit d'elle d'amour et la désira. Il lui dit : '< Le roi
m'a ordonné de vous ramener à sa résifleuce; son intention est de vous
bien traiter et de vous témoigner les égards qui vous sont dus. Donc,
si vous y retournez, ce sera pour le mieux; sinon, je ne puis me dis-
penser d'exécuter son ordre et de vous lier. Mais je m'intéresse vive-
ment à toi, ô noble dame, et te conseille de te soumettre à ma
sommation pour que tu demeures sauve avec tes compagnons et tes
biens. » Puis il se mit à lui parler de son désir de l'obtenir en mariage
et à la mettre en garde contre les suites de sa résistance. Kourdiya
dit : « Ce n'est pas ici, mais hors la présence des deux armées que je
veux te répondre. Allons, éloignons-nous d'elles pour causer. — Je
suis à tes ordres », répliqua le frère duKliàqàn. S'étant retirée avec lui
à j)eu de distance, Kourdiya fapostropha en ces termes : «Je suis la
080 IIISTOIUK DKS ROIS DES PERSES.
<L>L_ii— i— > <Joo^. di^^ <.aJl£ s^-i.^ ^*>^-!SJ csljyOaXI ,^^LwLjJ ci^^^^s^va
j jLJI c^ ^iUJl ji |j-»^ ' U^'^^py ci/>=>-U^ ""ly^v '^-i'^y^j <^j-»'
j^l <_<y6 fj-^y>j i-i) Axcii, (_>lji-Jl Ç.LjL>l A_j \y^j\j ^J«JLJ| i_JaJi
^I <j.>s-^^ ^^--^-xSsi s_g^ c)y— :^' *Lsij ^^^j-^4>^>*-^ ci^^H*" ]xr^^J ^!^Uiil
^L^JC--wNj^ <_>!â_fljjj J'^ N-bi ^ j.^j^\ ^\j^ ^3-»j^ <^:>j-^^ l-g-i^!
je 1 ^« 2l-*^2. ^_oi3j3 Vjjw! 1«.^>>-^; ^■4<yl U\L*40 Sw-và-il ^Ij wC*uJ,lj ^..^ill
1'' Mss. Ajl=ccU. — ■-' C pU»i)!.
sœur et la lemnie de Bahràiii. Il faut absolument que je te mette à
l'épreuve. Si tu es capable de me maîtriser, je me soumettrai à loi! »
Elle l'assaillit et tira sur lui une flèche qui traversa sa ceinture et sa
cuirasse et sortit par son dos; puis elle lui fit vider les arçons et
le jeta sur le sol. Elle donna ensuite par des cris le signal à ses gens,
qui se jetèrent sur les Turcs et firent dans leurs rangs des ravages
comme le feu dans du bois sec et, tels que des loups parmi des bre-
bis, ils en firent un grand massacre; ils les mirent en déroute comme
la lumière chasse les ténèbres. Après cela, ils traversèrent le Djaïhoùn
et se dirigèrent vers f Irànschahr. Kourdiya adressa une lettre à son
frère Kourdoï, qui était f un des familiers d'Abarwîz, lui exposant la
situation et demandant pour elle et ses compagnons le pardon du roi
Abarwiz. Kourdoï intercéda pour eux et obtint du roi un ordre leur
enjoignant de se rendre à la Résidence, ce qu'ils firent. Ils lirenl acte
de soumission envers Abarwîz, qui leur témoigna de la bienveillance
et leur accorda des robes d'honneur. Il épousa Kourdiya et la traita
avor hfmneur; il estimait qu'elle avait droit à sa reconnaisance parce
HISTOIRE DKS KOlS DES PERSES. 687
.1 -.' ~^\f .XjLIL f*j-*-W r^=^l; <£UaJl <Jt^L* ^ 1 <.î^ «OL^S'va-C ^
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^^ "^'l rJ^'i] J^oo ^ ^L j-s^ j.^ JWI; <^-^\^\ ^^yj u\jU\
LojJl <>J| c^l; Lg^ilcl ^j"^l «o-SO^ cLLc-u-I U ^-oj^^ pLL|^ 4l
^J-o ^Li-Sv^^i — ^\j J\j-Ji\yJ^ J ^^1^ ^^^1 *^j <-jL^ ^ï^ '-g^jt
qu'elle s'était toujours opposée à Bahràm lors de sa révolte et qu'elle
l'avait poussé à rentrer dans l'obéissance et à avoir souci, par la
lldèle soumission et le respect, du jirésenl et de l'avenir.
QIF.LQLES FAIT.S SAILLANTS DE LA VIK D' VBAl'.W ÎZ.
Lorsque Abarwiz iul délivré de sa préoccupation au sujet de Bahràm
Schoûbîn, il devint comme un nouvel homme et inaugura une vie
pleine de joie et de bonheur. H s'occupa alors à envoyer des troupes
dans les différentes contrées et à nommer des niarzebàn et des gou-
verneurs. Tous les rois de l'univers, sans exception, recevaient ses
ordres et lui étaient soumis; ils lui témoignaient leur dévouement
par tout ce qui était en leur pouvoir; la terre remit entre ses mains
la conduite de ses alïiiires et le monde lui confia la direction de ses
destinées; il brillait d'un éminent prestige et sa puissance était im-
mense. Il amassait plus de richesses et accumulait plus de trésors,
d'objets précieux, d'attributs rovaux et d'emblèmes de la souveraineté
688 IIISTOIRK DKS IIOIS DKS PEKSES.
.- ^ (^ .\l b, ■:?^ ,», <..-^' Jwv^aJv^ lN-tf):> v»_>!H_j» .il*-»-)! -| "^ -^ I l^^i*-i>c
L_hJv.,i^ J« J^_A_i| <_> (_>j_^,àj) ;.i/_A^ iiJiJI iikX_«i» 4-^Luoil (Jl^ i^«.-^^|
.JJJ.I ^^-Lii «Xï^l^ufi. s-'yj^t 3j-^ Cj\j^\ ^ ^^ ii\ yjj-^c^j t_5js_«J,l
-J ^y^ ^-^1 ^U! L^t <' JLlj c^>LSJJ! ^^^U J-^^ls <jU^
^
'' Mss.jjjy^ (M x^jiL >j^».^o). — '-' Manque dans C.
que tous ses prédécesseurs. Mais, malgré toute cette grandeur, il se
donnait libre carrière dans les divertissements d'amour, se livrait aux
rt-jouissances, menait une vie agréable et jouissait d'une fortune con-
stamment heureuse. Il était beau de ligure, d'une haute stature et
doué d'une grande force, de sorte qu'on le citait proverbialement
comme exemple et que, de toutes ses montures, au nombre de plus de
douze mille, une seule était capable de le porter, le cheval connu sous le
nom de Schabdîz, qni était parmi les chevaux ce que Abarwîz était parmi
les monarques. C'était un de ces coursiers célèbres dénommés d'après
les princes qui les possédaient, tels que le Rakhsch de Pioustem, le
Adham de Kaïkhosra, le Yahmoûm de No'màn, le Aschcfcir de Marwàn.
Un jour, Schabdîz, pendant que Abarwîz le montait, était un peu
fougueux, de sorte que la bride se rompit. Abarwîz donna l'ordre de
mettre à mort l'écuver. Celui-ci lui dit : « Ecoute-moi, ô roi, tu feras
ensuite comme tu voudras. — Parle», dit le roi. L'écuyer dit :
"Quand le roi des hommes et le roi des chevaux entrent en lutte,
HISTOIRK DES ROIS DES PERSES. 089
Je ^^s^._*J!^^L^ ^Ll.' ^jL3\ jLii L3L :>L^ li>546Li jj! 4' Joo
it ^^J-^l JbJl ^_^^ •■-.)^j <j| ^j^ .^L5U| jc^LuJi^ ^L^\'|
' M ^v=-lj. -- - Manque clans M. — i^ M J^UiJ. _ » M ^-^-^i
cominr'iil la l)ri(lc (jiii Ifs alkulic l'un a l'auln' [hmiI-oIIc résister?»
Xbarwiz pardonna à l'écuyor, disant : «Son terinn n'est pas encore
venu; voilà ce cpji lui a inspire uiie telle parole. »
QIEI.QLES TnviTS D'F.SPniT D'AIÎ MUVÎZ.
On apprit à Abarwiz qu'un gerfaut avait relancé un faucon. Il dit :
« Tuez-le, pour qu'il n'arrive pas que les esclaves osent s'attaquer auv
niaitres et les prolétaires aux grands. » — On lui lit un rapport con-
cernant un gouverneur qui, appelé à la cour, montrait peu d'em-
pressement de venir. Abarwîz écrivit cette décision : « S'il lui est
difficile de venir auprès de nous en son entier, nous nous conten-
terons d'une partie de lui et nous lui rendrons la tâche plus facile.
Qu'on apporte sa tèle à la cour en laissant le corps! .. C'est dans le même
sens et s'inspirant de cette décision que Mansoûr, s'adressant à l'un
de ses chefs d'armée qui commettait des actes coupables, écrivit :
« Drôle, si ta tête le pèse, nous t'en soulagerons! » — Il avait coutume
690 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
^ f^Aj>— C :55— ^« A "^^^-^S-?" Ljl^^'i Aa^aîL ljv.,vaj> ^lUc AJail oLOj Lîiiil_0
' Manque dans M.
(le dire : " Qui n'obéit pas à son supérieur n'est pas obéi ])ar son sub-
ordonné. » — Dans ses dernières instructions données à son lils
Schîroûya, il dit : « Garde-toi de faire à tes troupes une situation trop
aisée; car alors elles n'auraient plus besoin de toi. Ne les laisse pas
non plus dans le dénûment; car elles crieraient leur détresse et se
plaindraient de toi. Donne-leur une solde convenable et refuse en
douceur leurs demandes; fais-leur espérer beaucoup, mais ne leur
prodigue pas les subsides. » — Lorsque Hàdjib ibn Zoràra lui pré-
senta comme gage pour les Arabes son arc, il dit : « Je ne l'aurais pas
accepté, si, à mes veux, ils ne valaient moins qu'un arc. » — 11 dit à
quelques-uns de ses marzebàn : «Craignez les rois; car ils sont
féroces comme des lions et s'irritent comme des enfants. »
HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES. 691
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<Jt^ ^^J'-=^ ^::^iji. u6yo' 4)Liil ^j-e jJv-i-*i c;^'^>SJ« >.gJijJv.iw .v-C _jâ>-Cl
IIISTOIIU. I)K SCHÎHÎN.
Scllinii clail iiiic IcinuK' cxtiùineiiieiil belle, douée de tous les
cliannes, et aujourd'hui encore elle est citée comme exemple de la
heiuilé et de la perfection. Abarwiz l'aimait quand il était un jeune
adolescent et obtenait ses fa\eurs, en secret, jusqu'au moment où,
occupé par la révolte de Bahràm Schoûbin et les autres événements
l'apportés ci-dessus, il dut la négliger; et quand il fut roi, il nes'occu-
pait plus d'elle. Schirin lut très étonnée d'être ainsi délaissée par lui.
Elle se trouvait à son égard dans la situation de celui qui disait à
un roi :
Ton serviteur a un droit .'>acré à ta bienveillance. Il ne serait pas décent d'en dire
la cause. Ne le force donc pas à parler des titres qu'il a à ta faveur.
Alors elle attexîdait le jour qu il se rendait à la chasse et elle se
plaça sur le passage de son cortège, avant rehaussé ses charmes par
€92 IIISTOIUK DKS ROIS DKS PKUSKS.
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(". :>,i\j. — '*' Manque dans M. — '•■''! Mss. Ij-^jj''
des bijoux et de niaj;iii(iqucs atours, de sorte qu'elle apparut comme
l'image de la hoautt' et de la grâce. Lorsque Abarwîz l'aperçut, son
amour dormant se réveilla et la passion latente qu'il éprouvait pour
elle éclata soudain. Il donna l'ordre de la remettre entre les mains de
l'un de ses olTiciers de confiance et s'en alla pourchasser, alors que son
propre cœur était pris et qu'il était terrassé lui-même par son violent
désir. Il ne tarda pas à hâter son retour et, aussitôt arrivé, il épousa
.Schirîn. Il lui donna cent bourses d'argent, cent esclaves, cent robes
de brocart et cent colliers de grand prix et lui attribua du nombre
de ses appartements comme demeure l'appartement doré. Il lui pro-
digua toutes les marques de faveur et la tenait comme le noir de
son œil et le novau de son cunir; car, non seulement elle possédait
tous les avantages qui constituent la beauté, mais elle était aussi émi-
nemment intelligente et pleine d alleçtion pour son époux.
Les grands et les hauts dignitaires désapprouvèrent Abarvviz d'avoir
épousé une belle femme de basse origine; ils ne la jugèrent pas digne
de lui et dénoncèrent son mariage avec elle comme une laute grave.
IIISTOIRE DES ROIS DES PERSES. C93
4__i_L_, IjX—Ï LêjJj <-^-> ^ vJfilU! <^s^a-Oo J >.>Jj-V? ^■^^-^^ h^^j
JlÂ. |s.V. .a J^J^ c^-àJiJj i_J>-g-o >X-âJ .•■'uLlksw ^j-« <^\L^j U-aJ| ci-JjH^
^_^ ^j^ 4)1 jl^ ^1 j3^ y'^ ^^j ..^l^LkJI ^yfiLkJ!
Ils pensaieiil (juo la |)uieté de sa race serait enlacliée dans les fds qui
lui naîtraient d'elle. Lorsque Abarwîz fut informé de leurs propos, il
les fit venir, fit remplir une coupe d'or de sang puant et d'horribles
immondices et leur demanda comment ils la trouvaient. Ils répon-
dirent qu'elle était extrêmement impure. H ordonna alors de laver la
coupe avec de l'argile et de la soude, de la soumettre à des fumiga-
tions avec le triple parfum et la fit remplir de vin, (fun vin plus
limpide que les yeux du coq et plus agréable que la ])aix avec la
santé. Il leur demanda : « Gomment la trouvez-vous maintenant? » Ils
répondirent : «Extrêmement agréable et pure.» Le roi dit : «C'est
l'image de Schîrin qui, alors qu'elle n'était pas avec nous et qu'elle
passait de l'un à l'autre, ressemblait à la coupe d'or renfermant les
immondices; à présent qu'elle est venue demeurer chez nous et
qu'elle est devenue fune de nos favorites, elle est pure et immaculée
comme cette coupe, dont la substance est pure et dans laquelle on
voit ce qui est bon et agréable. » Ils dirent : « Le roi a raison ; puissent
ses paroles être confirmées par Dieu! Puissions-nous n'être pas
(iU'j HISTOIRE DES UOIS DKS l'ERSES.
- >. g '>Ijs>o .>fcKAJ i-g-A^ O^^ «^ ^^' ^^■''r?? ^-^■^-^ i.::-'-<o ^.w* i-iJ»^ Jotj
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li^_dls -^ILl' ^_^J^ J,! Jw^i^i Jlc ^JjJ^ <_) f;-^|« <<sL£ ^L^ /ï^'Si-io]^
■'> Mss. ^jU-- itijj. — '-' M AilJlo y^jJ L^ . — <■*' M Js^J^ll, l't iiinsi dans
tout le chapitre. — '^' C Onjj.
privés de son éminente supériorité! )> Ils s'en allèrent satisfaits de lui
et en faisant son éloge.
Schîrin, ensuite, ne cessa d'avancer dans la faveur d'Abarwiz et de
s emparer de tout son cœur, de telle sorte qu'il en fit sa femme prin-
cipale après la mort de Marie, la fdle de l'empereur. Ce fut, dit-on,
Schîrîn elle-même qui avait em]X)isonné cette princesse, afin de
j)r('ndre sa place, et elle obtint ainsi l'objet de son désir.
niSTdlIiK. 1)1-: KAHI.AUKDII, l.K MUSICIEN.
Sardjis était, dans les réunions intimes d'Abarwiz, le premier et
le chef des musiciens. Ayant a])pris qu'un jeune homme de Marw, qui
était le plus habile joueur de luth et qui, en s'accompagnant de cet
instrument, chantait d'une façon tout à fait délicieuse et ravissait les
gens par son jeu, était venu à la cour et cherchait à trouver accès
dans les réunions familières du roi, il fut ému et lort inquiet, tour-
HISTOIRE DES llOIS DES PERSES. 695
"A—JUjO <Jij—>^ iL_*«_5 (j-e l9»_à>j 4) |>X.4>..?^ 'i)L>sje_LL| r^-iU.1 .iJ^^U ^M>s »..
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^^ i> ^ i -^v_»— V3H ^.-^ài^I j3-)W Je J^.{L*iU <_**<aJ-5 >_viiÀ.jl! vJ >-^ ;J^
inciitc laiil [)ar la jalousie que ])ar la crainte (le se trouver amoindri
par ce rival. Il employa donc tous les niovens pour le tenir éloigne
fie ces réunions, f^ai^^na par des dons les cliainhellans et les jiortiers
(pii devaient l éconduire et pria les amis et les convives du roi de ne
point lui faire connaître le jeune clianteur et de ne pas lui en parler.
Ces personnalises ne demandaient qu'à laire ce qui lui était agréable,
de sorte que, pendant f[uelque tiMups, Falilabedh demeura ignoré et
éprouva une grande mortilicalion pour être tenu dans l'ombre et
déçu dans ses espérances.
La nécessité amena alors Fahlabedb à avoir recours a un ingé-
nieux stratagème. Il s'adressa au gardien fin jardin dans lequel Abarvviz
allait quelquefois se divertir et boire, lui donna quantité de cadeaux
et lui demanda de lui permettre, quand le roi s'y livrerait au plaisir
de boire, de monter sur un arbre dominant la place du banquet. Le
gardien consentit. Au moment où le roi devait venir s'asseoir sous un
cyprès, Falilabedh prit un costume de soie verte et s'en revêtit, se
munit d'un luth de couleur verte et, étant monté sur un des cyprès
f)96 HISTOIRK DKS ROIS DFS PKRSES.
jw^L*-) ^j Lg-j'c-^^i-c' ^ jfS^ yjjj^\ ^jJ^ Je <i^il__j^^l jl^'t
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ij ^-^ i W ^ <L-s-^^^ j}-^ -JL-*^ Vjwl <' «-r'ria-' '^v'I ç^\^yi>-> cJjr**'
«lu liant desquels on pouvait voir la compagnie d'Abarwiz, il s'in-
stalla solidement dans les branches; et, à cause de la couleur verte de
son costume et de son luth, il ne pouvait être distingué des feuillesde
1 arbre. Le roi arriva et s'assit ; les amis qui 1 accompagnaient occupèrent
leurs places près de lui. Lorsqu'il prit la coupe pour la vider, Fahlabedh
fit résouner le luth et chanta une délicieuse chanson qui produisit
une vive impression; jamaison u'en avait entendu une pareille. C'était
l'air de Ya:dàn âfarîdh. Abarwiz en était ravi et demanda qui l'avait
chanté. On chercha le chanteur, mais on ne découvrit pas l'endroit
où il se tenait. Quand, ensuite, Abarwîz prit la seconde coupe,
Fahlabedh recommença à jouer du luth et à réciter avec une suave
mélodie une chanson , qui produisit une jouissance comme celle que
produit la richesse après la pauvreté. C'était l'air de Partaw-i-JarhJiàr.
Abarwiz fut émerveillé et s'écria: «Oh l'admirable chant! Tous les
membres du corps voudraient être oreilles! » Il donna l'ordre de faire
des recherches pour découvrir l'artiste en dirigeant les regards vers
l'endroit d'où venait la voix; mais on n'aperçut pas le chanteur.
IlISTOlKl': DLS KOI S DKS PKRSES. 097
c.Lfw^! ;t-^ cs^' pUwJj ^'i J,| ji_i .>.w^' <_>. >^uJî
'^i — »i^-5 4''^:^ ijj—^iJ jw<J^ls <>0>â_5 .v^ 4lL*v. ;>)L>kX^.j_>» LajjJLj 4_«_4«/.l9
' ( i Avfjj BjUjI : M .îù^u xfjj SiUjI . - MaM<|iir (l.iiis M. — ■' M AjL>i_«J. —
Al);ii\vi/. pril lii Iroisicmi' coupe, (Icsinml ardcinmrut cnleiidn' ce
(11. ml (jiii ('tait iiiitMolupIc jxxir les oreilles. Falilahedli joua ctrlianta
et lascina les audilcuis pai- les sons plaiiilils des cordes de son iMslrii-
nient et parla tendre modulation de sa voix; il chanta sur l'air de Sab^
(iiitlar sahz , cest-à-dire nie \ert dans le vert». Le roi ne put s'enipf*-
cliei- de se lever et de dire : «C'est assun^nent un an<i;e que Dieu a
en\(»\('' pour m Cniouvoir et nie donner une ji^rande jouissance! » Et il
(lia : " G(^n(''reux bienlaiteur, lu viens de charmer mes oreilles par
Ion cliant, cliarme aussi mes yeux par l'aspect de ta personne; mets
le sceau à ta boRtf" en le montrant pour (ju'il ne niancpie rien à la
joie que j'éprouve par toi! " Fahlahedh descendit et se prosterna à terre
de\ant le roi, ([ui lui fit un accueil des plus honorables, lui prodigua
les compliments de bienvenue et lui demanda les circonstances de
son aventure. Fahlahedh lui avant lait son récit, il fut heureux de
lavoir près de lui et passa le reste de la journée à écouter son chant.
H donna l'ordre de pourvoir largement à son entretien et de le
mettre dans une situation telle cpi'il n'eût plus rien à désirer; il l'at-
tacha à sa personne et le plaça à la tète des musiciens de sa cour.
098 111ST0II\K DES ROIS DES PERSES.
^■^j JjM\ ^U j pjl J^l ^j->j^À\ l^jl^y^.
I' *i^Mid.
Fahiabcdh lui chaulait alors, en tout temps, les airs qui convenaient
et lui faisait entendre dans ses cliansons ce qui lui plaisait et Tini-
pressionnait. 11 est l'auteur des Chants royaux que les chanteurs
récitent souvent encore aujourd'hui dans les banquets soit des princes,
soit d'autres personnages.
MERVF.II.I.KS ET OBJETS RARES ET PRECIEIX POSSÈDES PAR ARARWÎZ.
L'une de ces merveilles uniques était le palais de Madaïn, connu
sous le nom de Ivdnnu Kisrn, qui n'a pas son pareil dans le inonde.
Il existe encore aujomd hui, et c'est lu! que l'on cite proverbialement
lorsqu'on paile de superbes édifices. Il en a déjà été fait mention ci-
dessus, dans Ihistoire d Anoùscharwàn; car certains en attribueni
la construction a ce roi; mais la plupart des auteurs rapportent qu il
a été construit par Abarwîz. — Lue autre merveille était le Takht-i-
Tdqdis. C'était un trône fait d'ivoire et de bois de teck, dont les
HISTOIRE DKS ROIS DES PERSES. 009
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'' M *jLjyIji; (i AiUj^Ub. — - M i\yo- — ■* <• (^L=^ . — ' M^s. Jjo'. —
(*•' Manque clans C. — '' M r;vf ')U — ''' (\ J.y^j
|)la(jues et les baluslrades élaienl (rar<,nMil el d'or. Sa loiif^iu'ur étail
fie cent qualre-vinf^ls coudées, sa largeur de ceiil liciitc coudées el sa
hauteur de (juiuze coiidces. Sur- les «gradins se Irouvaieul des siè<i;-es
de Jjois noir el d eheue doul les cadres étaient d <ii-. (]e Irone était
surmonté d un baldacjuin fait d'or el de la])is-lazuli, où étaieul repré-
sentés le ciel e[ les étoiles, les signes du zodia([ue et les sept cliiuats,
ainsi que les rois en leurs diflérentes altitudes, soit dans le hancjuel,
soit dans la bataille ou à la chasse. H y avait aussi un mécanisme qui
indiquait les heures du jour. I^e trône lui-même était entièrement
recouvert de quatre tapis de brocart broché d'or et orné de j)erles
et de rubis, et chacun de ces tapis se rapportait sj)écialemenl à l'une
des saisons de l'année. — De ce nombre était aussi la grande cou-
ronne, renfermant soixante manu d'or pur, incrustée de perles qui
ressemblaient a des œuls de moineaux, de rubis grenadins |)ar les-
quels s'illuminent les ténèbres et dont on se sert pour s'éclairer dans
.S8.
700 MISTOIUF, DKS ROIS DKS l'KKSKS.
..>l b. ^Isil ,>«_>S^ l g J J^.A.-»*»J ^jjJl J>'L/«Ol ._'wvi2jj. L^»lX_4V <>OkwLI
^i (3"*^' -^^-^^ LjsL/9 A^-^^ij. ^ô| |?UJO>» ''i\âj > 1^ i^^^va» L^>si_f r»;v-''
' Mss. li j^bJI l^x«. — -i Manque dans C — 'j yi j,^| . — (0 Mss. JwJl. —
t^' Manque dans M. — «> M j. — O C J«sw>,. — '»' Mss. ^IST — <") M ^j^y^-
et ainsi plus lias.
les nuits obscures, et d'émeraudes à l'aspect desquelles se fondent les
veux des vipères. Une chaîne d'or, longue de soixante-dix coudées,
('lait suspendue au plafond du palais, et la ronronne était attachée à
cette chaîne, alin qu'elle touchât la tète du roi sans le gêner et sans
peser sur lui. — Il v avait aussi le jeu d'échecs, dont les pièces étaient
lormées de rubis rouges et d'émeraudes, et le jeu de ««refait de corail
et de turquoises. — Parmi ces merveilles figurait aussi l'or mallvahlc
(jui avait été extrait ])our Abarwiz d'une mine du Tliibet. détail un
bloc d'or du poids de deux cents nikli(idl, souj)le comme la cire molle;
lorsqu'on serrait cet or dans la main, il |)assail entre les doigts et se
laissait modeler; on en façonnait des ligures, on lui faisait reprendre
ensuite sa ])remière forme et d devenait comme il était auparavant. —
Il V avait aussi le Trésor du vent , dont voici lliistoire : Lorsque Abarwiz
ap])rit que les Grecs avaient assailli et tué leur roi Maurice, son beau-
père, et qii ils avaient proclamé un autre roi, il éprouva un grand rha-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 701
ooJsJ .ilUL ^tU'ïl^ ^jj^^Uj ^dkl' .jjJ\ j^t
.»,-jLi.ij «O^Là. ;t_?> ^;r^' Jot-X.^!» a: ^LX-àJ ^1 ^U! i_JjL jÂI\ j\:ij
^r — ; <_j'-v-=». .^U-JIj y—*\} i^-~^^J<^ l ^^-i:^ {j^ LfiVj^Ji J^jLicj L^>^'',j».
' NIss. ;!»jLj.:<j, t-l ainsi plus bas. -■ (] sy». — ■'' Mss. ^UÀ>. — •'' C o>âB- .
j^i'iiif'l lui Ires courrouce. Hcuvovalc marzcl)àn connu sous le nom de
Schahrbaraz avec une forte armée (lan.s le pavs de lloùm pour venger
la mort (le Maurice et pour châtier le nouveau roi. Schahrbaraz ])artit
(ît assiégea Alexandrie, dirigeant un corps de troupes vers (ionsfanti-
nopie, qui était le centre de l'empire et la résidence rovale, pour \
mettre le siège. Le roi, dans la crainte que la ville ne lut prise, se
prépara à la luite et embarqua, sur plusieurs de ses vaisseaux, ses
trésors et ses objets très précieux, entre autres la croix qui, au dire
des chrétiens, était celle sur lacjuelle Jésus a été crucifié. Quand ces
vaisseaux furent parvenus dans la haute mer, les tempêtes les poussèren t
vers Alexandrie, de sorte qu'ils tombèrent tous au pouvoir de Schahr-
baraz, qui s'en empara et les envoya à Abarwîz. Celui-ci en fut émer-
\eillé et heureux, et dit : «Loué soit Dieu qui nous a secouru par ses
anges, qui a fait des vents nos auxiliaires contre nos ennemis, et nous
a envoyé, d'où nous ne les attendions pas, les richesses des rois de
Roûm, les bonnes choses de leurs trésors et ce qu il v avait de ])lus
exquis dans leurs collres enfouis! " H donna l'ordre dalTecter à toutes
IIISrOIUK DKS UOIS DKS PKKSKS.
iww|j ^"li' J^lb s-Ls; ^ilUl s^ls 'CajJ! e?>.j|^
<_jvà». w^-;s*-c« > J^-i^_K_*vj' S*-*>-^ i_^ 5~*'>^J L^ij «O-ii.? iJlL;" ■♦ g »J ^-jU
^^S^j^\ Jl5 fer .^L^; JU5J!^ JU 3 U^^ J4 f ^'ij^l
" M ^L^! . — •-'■ .M KiSSll; (:_v^-~J «viSSlI . — '^ M-^s. »Lx.. - ' M M a^; o.'J);1>^-
— '^' C Lislv
ces richesses un trésor particulier, nouinié le Trésur du vent, en
langue persane Kandj-i-Bàdlidward. — Il v avait également le Trésor
du hœiif. Un cultivateur labourait son champ avec ses deux bœufs,
lorsque le soc de la charrue, qui, en langue persane, s'appelle (jltotihdz,
entra dans l'anse d un vase rempli d or. Le cultivateur se rendil à la
cdur du roi et lit connaître le fait. Le roi donna l'ordre de fouiller
et' champ et d'en extraire les richesses qui y étaient déposées, ce
qui lut fait; on en retira cent vases remplis d'argent, d'or el fie
jovaux ayant fait partie des trésors enfouis par Alexandre et portant
l'empreinte de son sceau. On les porta à la cour du roi, qui en loua
Dieu. Il donna l'un de ces vases au laboureur et lit déposer les auties
dans un trésor nommé le Trésor du bœuf. — Parmi ces merveilles
était aussi Schirin, le jardin de la beauté, la rivale de la ])leine lune.
Jamais on n'avait vu une lemme aussi charmante et aussi ])ar-
laite. On ])ouvait lui appliquer les vers d'Aboû-Bekr al-Khwàrazmî :
Mainte beauté, toulcs les fois ([u'clle parait, nous (ail j)criscr qu'il est inutile (jur
h^ soleil se lève.
Js-ftJ .xJj.
HISTOIRE DES KOIS DES PERSES. 703
j^s^j J^l ^j^ <^'^t ^j j^L^ 'Ll! ^^^^. l:x.o'^_; ^^^ s^Jl
Elle augmente, malgré les années, en jeunesse et en beauté, de même (jue le vin
est délicat, bien qu'il soit vieux.
Son histoire a élc (h'\h rapportée ci-dessus; il est inutile de la
réptHer. Al)où'l-Fath al-Bostî dit :
Quand, en causant dans un cercle d'amis, lu parles, pour les amuser, des événe-
ments du passé et des clioses à venir,
Garde-toi de répéter vm récit; car leur nature est plutôt ennemie des répétitions.
Lue autre merveille en la possession dWbarwîz était .son cheval
Schabdiz, dont nous avons également parlé plus haut. C'était le cheval
unique, le t\"pe de l'excellence et de la beauté, réunissant en lui les
(jualités de l'eau et du feu. Lorsqu'il fut frappé par le mauvais œil,
qu il fut atteint par le destin et qu'il mourut, personne n'osa en
inlormer le roi. Le grand écuyer avant su gagner Fahlabedh pour
qu'il lui apprît le fait avec ménagement, le musicien, lorsqu'il joua
et chanta devant Abarwiz, introduisit au milieu du chant un vers
improvisé, dans lequel il disait que jamais plus Schabdiz ne courra.
70^1 IliSTOIUK Oi:S ROIS DKS PERSES.
j^lLL' ^ jls ji' (^xU >>^_B_9 vjvj! jL-»-' f*'^ o'*-^j i^y^- o'^j ^J'-**^.
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«<l.J^ ii..i s-^ols oLjI ^_^>-, «y ilv (^ ^jr^ ^ ■rs=»''9 *Lij_« ^-^_w ^^^^j_c Jl-**^
110 broiilcra, ne dormira. Abarwiz dit : «Alors il est mort!» Fahla-
Ix'dli répliqua : « C'est du roi qu'on rap])rend. » Abarwîz lut boule-
versé et en proie à une vive émotion. Il ne trouva parmi les douze
mille chevaux qui étaient dans ses écuries aucun qui piit remplacer
Scliabdîz. Il se plaisait, après l'avoir p(^rdu, à se servir de quatre
montures qui ressemblaient à ce coursier, mais qui étaient loin d'at-
teindre à ses perfections et n'en tenaient pas lieu. — Abarwîz avait
au.ssi les deux musiciens Sardjis et Fahlabedli, dont nous avons déjà
parlé. Ils faisaient sa joie, l'un aussi bien que l'autre; il était ravi de
les entendre et ils étaient le reconfort de sonàme. Il n'v avait pas, de
son temps, un troisième qui fût leur égal. Mais Sardjis, extrêmement
jaloux de Fahlabedli à cause de la supériorité de celui-ci et de la faveur
dont il jouissait, envoya secrètement quelqu'un qui l'empoisonna, et
l'ahlabedh mourut. Le roi en éprouva un grand chagrin. Il s'informa
de la cause de sa mort et, apprenant que Sardjis l'avait empoisonné,
il donna l'ordre de le tuer et lui adressa ces paroles: "Je prenais
plaisir, après avoir entendu ton chant, à écouter Fahlabedh et à t'en-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 705
^_ja^il| JwSàJI l.p>-«^ < "^-^^ ^iij vi-i*-!^ 4)«-^' Jl eT° 1*-^ '^]i ^■^ iJLi-J
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LjX/e« <<J-Nij. ^J.A_»... <JC„nÎiJ v:>-w«.X_ftJ >XJj i^ïî*^ ^J*^)"^ ^■^■'^'^ / .1^/-. .N|
'' Manque dans M. — "- Maii(|iii- dans C. — ''' Mss. ^^'^o^ . . --x-j- I jl^j. — '^' M
tendre après lui; lu \ifu.s de détruire hi moitié de mon plaisir en
faisant mourir Fahlahedli; lu mérites la mort! » Sarrljis répliqua : « Si
j'ai détruit, 6 roi, la moitié de ton plaisir et que tu en détruises l'autre
moitié, c'est toi (jui l'auras détruit tout entier.» Le roi dit : «Cette
parole, par Dieu, est celle d'un homme dont l'heure n'est pas encore
venue! » Et il lui pardonna. — H avait l'éléphant hlanc, qui était le
plus colossal de s<'s éléphants, dépassant en hauteur tous les autres
de deux coudées, et dont hi peau était d une éclatante hlancheur.
Aucun autre élé])h;int ordinaire, ni aucun élé])hant maie ne lui résis-
tait. Quand sa télé portait les ornements et que son C()r])s était couvert
de l'armure, des miroirs d'argent et des sangles d'or, son aspect était
imposant et excitait l'admiration et il fixait tous les regards. — Il avait
au.ssi le drapeau des Kaïanides, dont nous avons déjà rapporté l'his-
toire et donné la description. — Il avait enfin le par/e Khosch-Arzoù,
qui était un jeune homme appartenant à une famille d'illustres dihqan
et qui était attaché à son service. Personne ne connaissait comme ce
jeune page la manière de préparer des mets d'une saveur délicieuse et
706 IIISTOIUK l)i:S UOIS DKS 1>KKSKS.
i^Ml iLJt-^j\j J^^-^^Â c^-X-X-Jj J>j tViJl '1 i_,,.<s.<siaA_) ^j-LJ| ,^_5^U V|^|
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' Mss. wv*L^- — '■' Maiiquo dans M. — ■*' Mss. ^\j-^.
de procurpp (1rs jouissances nialérielles aux hommes; et personne
mieux (pie lui ne savait décrire les agréments et les plaisirs. Abarwîz, un
jour, lui demanda (piel était l'aliment le meilleur, le plus sain et le
plus agréable. Le page répondit : «C'est celnl (pie tu manges (piand
tu es bien ])()rtanl, liljrc d'esjiiii <•! de belle Imnunir, et (juand tii as
bien faim, étant en compagnie de tes favoris et de tes amis. — Très
bien! dit le roi; dis-moi (juelles sont les meilleures viandes des qua-
drupèdes. — C'est la chair d'un agneau qui a tête deux brebis et
brouté l'herbe pendant deux mois, et qu'après l'avoir échaudéou lôtil
dans le four; ou bien la chair d'un jeune chevreau gras que l'on cuil
dans son jus; ou encore la poitrine d'une génisse grasse cuite axec du
A'inaigre. — C'est parlait. Dis-moi niamten.int ([iiel est l'ahmeiil le pins
exquis d'entre les meilleurs? — (^est la moelle et le jaune d (ml. —
Et quelle est la meilleure chair de volaille? — C'est celle du faisan
gras, celle de la perdrix dlii\er, celle des jeuiu's pigeons engraissés
et celle du jeune poulet nourri avec des grains de Iroment, du chè-
nevi'i f-\ (]<' riniile d'olive. — Et (juels sont les meilleurs hors-d'amvre
IILSTOIUE DKS HOIS DKS I>KUSKS. 707
3^^| j-si^ ' <-^^Jdl Jl5 ^_^:ia .^\ ^ ^y^\ Jli ^^!^
jjjjUJI. - '«' M^:ijJI^^J,. — '') Manqu.' dans C.
froids? — (.0 sont des viandes de veau, tendres et succulentes, pré-
parées avec du vinaif^re très fort et de la moutarde très piquante. —
El fpu'lle est la meilleure }j;elée? — Des viandes de jeune gazelle,
tendres, coupées en tranches longues et minces, raarinées avec du
vinaigre, de la moutarde, de la saumure, fie Taneth, de l'ail, du carvi
el du cumin. — Dis-moi (pielles sont les meilleures ]>àtisseries? —
La pâte faite avec de la farine de riz, avec du lait bien frais, de
la graisse de gazelle et du sucre candi; et aussi le gàleau de pâte
de noix, préparé avec de l'huile d'amandes et du sirop; le gâteau de
])àte d'amandes préparé avec du sucre cristallisé et de l'eau de rose;
le fdhnulhadj préparé avec du sucre et du miel. — Et quel est le meil-
leur \in et le plus délectable .^^ — C'est le vin de raisin qui est tout
à la fois d'une belle couleur et absolument limpide, peu épais,
d'un agréable bouquet, d'un excellent goût et qui enivre prompte-
ment. Les meilleurs vins sont ceux de Balkh, de Marwarroiidh, de
Boûschandj, de Bost, de Djoùr, de Qanàraz et de Dargham. Mais je
89.
708 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
>_>._/OiJL >H_tt_^oJ| Jls li U ^ Jls .ij Jl *U *<-<s^ ^jiw ^^^l" v^^l
C Manque clans C. — C^' Mss. ^^jos^l. — ^' M ^^w»x^l. — '' M ^y^; C ^y^.
w M pji^UI. — W C^jyjd!.
préfère à tout autre \in le vin de Soûr et celui de Qotrabolki. —
Et quels sont les meilleurs Iruits pour le dessert? — Des cœurs
d'amandes dépouillées de leurs écorces, écrasés et mélangés avec du
sucre; la chair de noix de coco Iraiche avec du sucre cristallisé; des
grains de la grenade douce et de la grenade acide avec de Teau de
rose; du djolUib sec; des pommes de Syrie ou de Qoûmis; des dattes
dzâdh fraîches avec des amandes; la pêche d'Arménie dont la chair se
détache du noyau, et le cœur du cédrat du Tabaristan. — Et quelles
sont les fleurs odorantes les plus agréables? — C'est le basilic parfumé
avec du nadd que l'on asperge avec de l'eau de rose. — Et ensuite?
— La violette aromatisée avec la fumée de l'ambre gris, le nénufar
aromatisé avec la fumée du musc, et la fève odorante aromatisée avec
la fumée du camphre. — El quelles sont les odeurs des plantes aro-
matiques? — L'odeur du narcisse est comme l'odeur des adolescents;
l'odeur de la rose comme celle des bien-aimés; l'odeur du basilic
comme celle des fils; l'odeur de la giroUée comme celle des amis. —
CT
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 709
JiL^Ù^\j 3uji à H :5;jJ|^ C^'wiJl ^Lî^lj câ'jjJr**^ ^l^-i^'
.X^J ^t «U4 <:^[j (syjoiJ I J^^^I^^-voJjj iS^^ U^tuJ.]^ c^J^^I
'U^jlJI i^jj ^3ia-> <-s-^I U Jlj cLfuJl «_^-<sLI ^^ oV'^^* *-^'' sj2?"*^'
" M ouu^l. - - Man(|m- dans C. — •>' M pjsjti ^ ^^aï^Jl . — ^*' M tjUÛI v_Ài>
Va ([ucIIc est lOdcur (lu P;iradis? — Si lu combines les arômes du
vin roval, de la rose du Fars, du basilic de Samarcande, du cédrat
du Tabaristan, du narcisse de Maski, de la violette d'isfahàn, du
salran de Qoumui el de Bawan, du nénular de Sirawàn et du triple
|)iiiriim (•()in])os(' de bois d'aloès indien, de musc du Tbibet et
d'ambre de Scbilir, alors tu connaîtras l'odeur du Paradis qui est
promis à ceux qui craif^nent Dieu. — Et quelle est la musicjue la
plus ai^réabb»? — (i'est celle que produit un instrument à cordes
flont le son ressemble au chant et celle d'un chant dont la modu-
lation ressemble au son de l'instrument. » L'auteur dit : « C'est de
cette pensée que s'est inspiré 'Obaïdallah ibn 'Abdallah ibn Tàhir,
dans ces vers :
Pourquoi, ô mon ami, n'cs-tu pas venu à notre réunion? I.a joie n'y manquait
pas el les assistants étaient aux délices.
Le chanteur, pendant que les coupes circulaient, faisait entendre, tant étaient
suaves ses modulations, le son de la flûte, et le joueur de Ilùte paraissait chanter.
710 lllSrolllK DKS 110 1 S i)i:s pkrses.
j V -^J^ g -: !| *U;w_i_J]^ ^L.g_<wv^'!i| ^vU^oJ_l; jo^^H^Uy.]^ cs^^'
J-. U . il J^ ^oJ[ ^yi[ J j^i 44^ Jls /Sj\j Ai\ ^^\ ^
jL^L^Jls ?t~^^jJ^ j Ul Jls ^Uill ^\ ^^ ^x^^ J^ j^j.^1
yJi. ^K-Jl ïJ^^ jj Jw^^|^_sl» jp5^is *UuJt J U]^ c5)j/^' f*-^^l? "^j]/"^'
Aharwiz dit au paj,^e : « Explique cettt' loruuile en détail. » Le pa<;e
dit : "(7est le lulli toHracorde, la cithare bien montée, la mandoline
bien accordéf et la flûte simple; c'est la mélodie (risfahàn, le chant
de Nihàwand, le mode de Naïsàboûr et, en général, le chant qui ne
sort pas d'une bouche moustachue. — Et quelle est la meilleure eau
et la plus agréable? — C'est l'eau glacée qui résonne dans une jarre
d'argile neuve et que l'on boit lorsqu'on a grand'.soif. — Et quel est
le Aètement le plus avantageux? — C'est le vêtement qui, pour le
printemps, est fait d'étoile de Marw ou de Dabîq; ]M)ur l'été, d'étoffe
de Tauwaz ou de Sclialà; pour l'automne, d'étoile de Reï à double
trame ou d'étoffe de Marw mélangée; pour l'hiver, le vêlement
d'étoffe tissée de laine et de soie ou de fourrures faites de la peau
du cormoran; pour les grands froids, le vêtement d'étoffe de soie et
de laine doublée du même tissu et un tissu de grosse .soie au milieu.
— Et quel est le lit le plus doux? — Des cous.sins de brocart rem-
bourrés de plumes que l'on pose les uns sur les autres. — Et quelle est
la plus belle femme et la plus désirable? — C'est celle à qui le cœur
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 711
xJl 4-uJJLo <.^-sil. <jfc;L«<^ 4k*-4- i»-!:^ "^-r*^' 4^-^-5^
" 4 j ^ t_A^\ _y.AjJv_iJ' <.Â.Sfc.OJ_) jJU»'XJ! 430^^. ïw<i<>J' <On_)>.=^ " .N*-^'
jV b il ij__A^_jL,vj i-^_vsJ' 4_^ii:' iiC_*«J' <Jj^jtJJa .wa^! «LixiaJ N-vO-àl
jOU! J^^_3 -Li ij^ ^:î^5Jt 4>sl3 e_:^^'l <*^j <-=^V' "^-^
' <i '^aJ'JM- — " Miiii<|ii<' dans (',. - Muii(|ui' dans C. — '' <i Jlj—^Jl
s'ouvre <'l ([Il il aiim- cl iiiic I aiiif dcsirc La meilleure est celle qui
n'est ni lro|) aj.;;ée, ni trop jeune; ni trop grande, ni Iru]) petite; ni
Irop maigre, ni trop grasse; qui est cl une taille élégante, belle de
ligure, cliarmanle de toute sa personne; qui a le IronI droit, les
sourcils arqués, les yeux, en forme d'amandes, le nez bien propor-
tionné, les lèvres minces et rouges comme des cornalines, la bouche
étroite, les dents pareilles à des perles, le sourire gracieux, le menton
rond, le cou long et onduleux; dont le teint a la couleur de la pomme de
grenade, la peau la douceur de la soie et dont les cheveux, sont très
noirs; qui a les deux seins ronds comme des pommes, une taille de
guêpe, le ventre menu, le nombril creux, les fesses charnues, le pied
petit, l'haleine agréable, la voix douce; qui parle peu et qui a beau-
coup de modestie. " Le roi se mit à rire et dit: « Bravo! C'est jDarfait! "
Le page, sur son ordre, reçut douze mille initluidl d'argent, fut traité
avec plus de distinction qu'auparavant et avança dans la faveur d'Abar-
wiz et dans son intimité.
712 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
<C_J^v_>S-** ^Lc.5» iLo ù\Z[u, jVj N— n<3_aJ i^^^J^ ^.j-* O^ Ti^T^ \^ c)^^^
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4,' "p — ÈJ. 3s — ^â — L! "Cv^o s-ÂJa/O «Os/oi» 4>-<yj t_>Lx.^=> ^^ ^t^b ^-**'^i '-r-'y
'- Maiique dans C. — <-' C i)L.
HISTOinE DE SCHIROL'YA.
Il était né à Abarwiz, de Marie, la fille de l'empereur, un fils à qui
il avait donné le nom de Oohàdh, mais qu'il appelait Schîroûya. Les
astrologues ayant, sur son ordre, examiné l'horoscope de 1 enfant,
l'informèrent que cet horoscope annonçait de grands troubles qui
surviendraient par lui dans l'Etat et une guerre civile dont il serait
cause. Abarwiz garda le secret sur cette prédiction et songea à tuer
Schîroûya; puis, songeant surtout au bonheur de la mère et du
grand-père de l'enfant, il renonça à ce projet et accepta avec rési-
gnation ce qui avait été arrêté et décrété par Dieu. Lorsque Schîroûya
eut grandi, qu'il fut devenu un jeune adolescent et qu'il fui envoyé
à l'école, le mobedhle vit, un jour, revenant de son école et tenant dans
la main droite la griffe d'un loup et dans la main gauche une corne
d'antilope; il frappait ces deux objets fun contre fautre, tout en ré-
citant le chapitre du Lion et du Bœuf du hvre de Kalîla et Dimna.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 713
I 'Ji "Oj ^^^.^Sfr^i^t Jj-^ <^ ''j—^J "^-^ J~*-^ ibjlJ <-> y>jjJ\ j..*J:^\j
\ ç S ■' < 4 — \ — E <_«__*vjjj'j <<)jLi 7^'^^ <.:^i\U <-«^Xi^ <OLA_.i;iw::i. ,j^
'' -M ?ay^- — '"' Maii(|m' dans M. — ' M iuyco . — ''' M Hiym. — ' M:iiii|ui'
dans C.
Le inobedli tini mauvais au<j[ure de ce fait et s'en affligea. H en in-
forma Alwrwîz, dont les préoccupations et les apjiréhensions qu'avaient
éveillées en lui les prédictions des astrologues au sujet de Schîroûya
ne firent cpi'augnienter. (lomnie, ensuite, il n'avait en aucune façon
lieu d'être satisfait de sa conduite, et cpie diverses diatribes et des
j)ro])os blessants tenus j)ar Scbiroiiva lui avaient été ra])portés, il était
iiiilé coiilrc liii, tout en craiguaiil toujours les nialbeurs (pii siu-
\iendraient |)ar lui. Kn conséciuence, il donna lOrchv de leidérmer
dans un de ses plus beaux j)alais, en C()ni])agnie de ])1usieurs per.sonnes
de son entourage et de ses .serviteurs, de pourvoir à tous ses besoins
et de lui donner amplement tout ce qui pouvait adoucir son sort et
lui rendre la vie agréable. Il plaça près de lui comme gardiens quel-
(pie.s-iins de ses officiers de confiance.
FIN nu HiÈ(;NE D'AHAnWÎZ.
Lorsque Abarwiz devint vieux, sa passion d'acquérir toujours plus
de richesses de toute sorte devenant plus forte, il amassa et mit en
71.'l IIISTOIUK DKS ROIS DKS l'KUSES.
^j-^ Ujt-;:a^l3 'L|jJt; <^j|^t <i'^t^ -]^l Jikj; ^U^t cjJa^
résene des trésors innombrables et t'ti fit robjetconslantde sespensées.
Il lui vint aussi une nouvelle habitude, celle de verser du sang, d'el-
Iraver les hauts dignitaires et d'inquiéter les marzebàn et les chefs.
Ces personnages étaient dans la terreur, craignant ses emportements
et sa violence, et, las de son gouvernement, ils convinrent de le dé-
|)oser et de prêter le serment d'hommage à son his Schîroûya. Ils se
rendirent au palais dans lequel celui-ci était détenu et, les gardiens
ayant pris la fuite, ils y pénétrèrent. Quant à Schîroûya, qui ignorait
les événements, la peur lui relâcha le ventre et le chagrin fit couler
ses larmes, et il s'écria : « Hélas! que je suis désolé pour notre père,
le Roi des rois! » L'un des assaillants lui dit : « Sois content; car nous
allons te proclamer roi à la place de ton père. Si tu y consens, tant
mieux; sinon, nous te ferons mourir et prendrons, au lieu de toi,
l'un de tes frères parmi lesquels il y Pn ^i beaucoup que l'on peut
choisir. » Schîroûya garda le silence. On l'emmena et on le conduisit
avecde grandshonneurs à la maison du chambellan Zadhàn Farroukh.
Quand la nuit eut laissé tomber ses voiles, alors que Abarwiz, in-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 715
U ^^ — l'ïj LgJ^->^ t:,/Ot3sJ Wjwl <.>>J' ^1 ^v-> ij <>)Li ^\jt Lgj eJj'jO
<_JL>s'k_^ >,l:>^Ll? cwV^^-^Jt <J«LkJ! ^_C ^J-LI 'I^X^I _^l'i <Jl_fw cJJ«
iL_A_5 o^u.^^ jsj jjj ^ «Oit ^ LJj LiL'"^_^LJ| ^ j^j^^l <j - ^
souciant et en pleine sécurité, dormait à côté de Schirîn, les j^ardes
(|ui, chaque ijuil, criaient : « Aharwîz, liai des rois! » criaient : " Oobddii ,
Hoi (les rois!», dési<(nant par ce nom Schiroûva. Schirin, en enlen-
<l;iiit ce cri, eut un tel saisissement, qu'elle fut prise de vertige. Ne
\oulanl pas ré\eiller Aharwîz, elle dit à haute voix : « Pourquoi donc
ces maudits ganh's iont-ils une si étrange annonce?» Aharwîz se ré-
Aeilla et entendit le même cri, qui fut pour lui le signal du Jugement
dernier. Il fut consterné et en proie à un profond découragement.
Puis, dans son étonnement, il dit avec un rire sardonique à Schîrîn :
«Je suis extrêmement surpris d'entendre le nom de ce maudit; car
il n'avait jamais été révélé à personne; c'est seulement le jour de sa
naissance que nous lui avions dit à l'oreille : Nous te nommons
Oobàdh. Mais nous fappelions Schîroiiva. Qui donc a lait tomber
dans la bouche des gens ce nom qui avait été tenu secret? » Schîrîn
dit : «De l'événement qui vient de se produire. Dieu détournera
les mauvaises conséquences. Mais cherche à te sauver avant que le
TIC) liISTOIl\l-: DES HOIS DF.S PERSES.
v::--^ — K — Kj ^_j~L>U| j5».Uj "^j^s^N^a-/'! >^oi_ijj| —Lv^l 15W Lli-S <_wU ^jj
' Mss. Jio. — '-' Mss. ^U^j- — '•*' MaïKjuc dans (].
matin ne te découvre. Abarwîz, effrayé, sortit pour se mellrc en
sûreté. Il était accompagné d'un page, qui portait un bouclier d'oi-;
il était lui-même revêtu de sa cuirasse et armé de son sabre.
Ayant passé dans le jardin qui se trouvait derrière le Palais, jardin
d'une vaste étendue, renfermant beaucoup d'arbres, il se cacha sous
un de ses arbres, ôta la cuirasse qu'il étendit sur le sol pour lui .servir
de couche et tira le .sabre du fourreau et le plaça dans son giron.
Le page suspendit au-dessus de sa tête le ])ouclier.
Aux premières lueurs du matin, l'air retentit de grands cris, les
gens coururent tumultueusement et le .sol trembla. Les lron|)('s
entourèrent Schîroùva, le firent monter à cheval, famenèreat au
Palais, l'installèrent sur le trône, lui prêtèrent le serment de fidélité
et lui rendirent hommage. On chercha en vain Abarwiz dans Ions
les endroits où on supposait qu'il pouvait se trouver.
Au milieu du jour, Abarwiz ayant faim, arracha un Jioul de sa
ceinture incrustée de joyaux et ordonna au page de le remettre à
une personne qui achèterait des provisions qu'elle lui apporterait. Le
page remit le fragment de ceinture à un des gardiens du jardin.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 717
(^ J—Jj-JC Jj ^iiJjy <->\ i^yJtJ <.^>^j ^J-^\ J,! <-> iS-^^ ^U.'*«-J'
■iy^ls <.^i_âJ! ^^ t_,-,a.Ul ^jj i' ,^UÎ) <'L*mJ cjLJL }~L ^_Ji^ J-r^I
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y-^jj->\ jj-gr^l^ ^5^-=*- '^-*^ ^^^^^2^ «^jr^k vji f_7^1^ ^^ c)^^ ^ '^^^
(Ai aJ J'ol? <jvpi-*i J,l \ytj^jj \j^yp^ ,j^^\> f^j=^j Jj^' f [> ^-^
s.
''' C ijtilj. — '"' M *J. — ^ Manqui- dans C. — '^' MaiK|iu' dans (1; M JC»« Jls^
Celui-ci remporta au marché et le présenta. L'objet fut reconnu
comme appartenant au roi et on arrêta cet homme. Emmené à la
Cour, où on le retint prisonnier, il fut interrogé par Zàdhàn-Farroukh
le chambellan, et il lui Ht connaître les faits. Zcàdhàn-Farroukh le
coiuluisil au])rès de Scliiroùya, à qui il fit le même récit. Schîroûya
hii commanda de conduire vers fendroit où se tenait Abarwîz un
détachement de tioiipcs, (jui devaient l'arrêter. Les soldats suivirent
cet homme jusqu'à ce qu'ils se trouvassent en présence d'Abarwiz.
Celui-ci, en les voyant devant lui, se dressa contre eux le sabre
à la main. Ils s'enfuirent et revinrent auprès de Schiroùya, qui leur
dit : « Où est l'homme } » Us répondirent : « Deux circonstances nous
ont empêchés de le toucher : d'abord la majesté du roi et le res-
pect qu'il inspire; en second lieu, un sabre nu, tel que féclair
fulgurant, qu'il tenait dans sa main, en face d'une nombreuse
troupe.» Zadhàn-Farroukh leur fit de vifs reproches. Puis il de-
manda à Schiroùya la permission d'arrêter Abarwîz et de le conduire
718 HISTOIRK DF.S ROIS DKS 1>KRSES.
— j. — w 4_jjj^p_A«ci .>^xJi3\ Aj^ylj ^jUsc^l **-^ cPjJ jr|j5/^' (J^ (J-^J-^"'I ^
dans un lieu où il fallait qu'il lût jugé étant présent. Scliiroûya
l'autorisa à agir comme il le croirait convenable. Zàdhàn-Farroukh
partit avec une troupe de soldats, plaça des gardes aux quatre côtés
du jardin et se porta en avant jusqu'à ce qu'il fût près d'Abarvviz.
Il se prosterna devant lui et lui dit : « Pourquoi veux-tu rester ici, à
présent que nous t'avons déposé et que nous avons proclamé ton fds?
Tu ne pourras pas hiller, toi seul, contre tout le monde! Allons,
monte sur l'éléphant! » On lui amena son éléphant blanc et on l'y
ht monter. Les .soldats l'escortèrent alternativement, se succédant les
uns aux. autres, et le menèrent à la citadeHe de Madàïn.On l'enferma
dans la demejure du mobedh et on le lit garder par des hauts ofli-
ciers de l'armée. Ces événements eurent lieu après que Abarwiz avait
régné trente-huit ans.
RÈGNE DE SCHIHOÙYA, FILS D'AliAHWIZ.
Lorsqu'on se fut assuré de la personne d'Abarwîz et qu'on eut placé
près de lui, pour le garder, des personnnages nobles et des hauts oiïi-
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 719
^j-t-^j oj_-oJ^j «cJtjjlà.^ ^LJJ^ Q^Ul ^^i>|^ r^^ S'->-a.^J5 -^!
,.:^,._iL>iifc. j3j Lïy^.aJi. AJ J^^s?" cP Jr«^ A-^^^-t j,_**<:i.ls .jJilt <4-^
"kjf^yj^J;, <-JiJA j~^y^ j~^\ '^-^^ ^■'^^^^ '^-^■^ f*SMj ur-^|;r? o)' '-^
j.s'^I ^_j.^_A_a.. <j..SJv ^vU^]^ ojJ]_j Jjij L^.^^^ 1^1 .^i^js-AxlsL «LjosJl»
(5 5t_?^ f-^"^!^ jftjL-J, AjUyl ,J-« |?U>O0. t_àlpL'^L Ojp^L44vC 'S)yJt,^J
— '•'' Mss. XAjy:.. — '' \I;m(|iio dans (>.
ciers, Schiroûya s'assit sur le trône, ceiynil la couroiuic et doniui
iiiidicnco aux f»Tan(ls el au peu])l('. Les gens entrèrent, lui rendirent
lionmiageel le saluèrent du cri : " Que le roi vive éternellement! » Schi-
roûya leur répondit <;racieusenient et s'engagea à les bien tiaiter; ])uis
ils s'en allèrent. La ])luj)art d'entre eux étaient sufloques par les larmes.
Schiroûva et les promoteurs de la déchéance d'Abarwiz décidèrent
(|ue l'on devait faire représenter à celui-ci, dans un message, ses
crimes et qu'il devait être condamné à mort. En conséquence, Schi-
roûya envoya un personnage connu sous le nom de Asfàdh-Gousch-
nasp, pour lui porter un message sévère et sanglant, dans lequel
il lui reprochait ses actes, tels que le meurtre de son père et des grand s
de son empire, l'incarcération de ses fils, le fait d'avoir retenu tou-
jours les soldats aux frontières et les avoir empêchés de revoir leur
patrie, leurs femmes et leurs enfants, enfin le fait d'avoir acquis des
richesses d'une façon illégitime et de les avoir dépensées mal à propos.
L'envoyé partit. Quand il arriva dans fappartement d'Abarwiz, il le
720 HISTOIRE DES ROIS DES PERSES.
^>< :».•■ — =»-■> — ï* ïiLtvjJI ,Jc <)■>■, 6 ... )| ^-^jj l^Lsfc- ç_çjX^\ ijj^uyj] J,|
(') Mss. ^^1: C, manque aJi*. — - M b^i)l. — ^' C *xC*?j o>L*.
trouva assis sur un tapis de brocart broché d'or, appuyé sur des cous-
sins de la même étoffe et tenant dans sa main un coing qui était si lisse
qu'il paraissait ciselé en or. Avant aperçu l'envové, Al)ar\vîz se souleva
et s'assit droit, et il posa le coing sur le coussin. Le Iruit glissa du
coussin sur le tapis, puis sur un tapis posé sous le premier, ensuite
dans la poussière. L'envoyé le prit et l'essuya avec sa manche j)oui-
le lui rendre; mais Abarwîz lui ayant fait signe avec la main de le
laisser, il le posa sur le bord du tapis et se tint debout devant le roi.
Celui-ci lui commanda de s'asseoir et lui dit : « Cet empire nous
a échappé et échappera avant peu de temps à cet écervelé et à
d'autres de mes descendants, pour échoir à des gens qui n y ont
aucun droit. Le fait qui vient de se passer, ce fruit, symbole de ce (pii
est bon, roulant dans la poussière, est un présage : il suffît pour te
montrer que notre prédiction se réalisera.» Puis il lui dit : "Parle,
fais la communication dont tu t'es chargé. » L'envoyé délivra le mes-
sage à la lettre. Abarwiz soupira et dit : «Dis-lui : Seuls les hommes
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. . 721
bi^ J,.jL^ b^^l^ j^lLU^ ^^ -^x. ba^ J^ud» Lli..^ i\ ^
rcprclieiisibU's accusent leurs rois et leurs maîtres, et seul un l)àtard
ose prendre à partie son père accablé par le malheur. Quant au crime
(|u<' tu nous imputes, celui (lavoir lue noire père. Dieu sait que nous
sommes entièrement innocent el «[ue notre main est pure de son
sanp^. Il est constant et à la connaissance de tous qu'il a été lue pai-
nos deux oncles Rindoùva ci Bistain, (|ui ont aj^i en dehors de nos
ordres et sans avoir été autorisés ])ar nous. Aussi, pour sa mort el
pour le venger, les avons-nous lait mourir bien qu'ils fussent chers à
notre cœuret malgré les nond)ieux services qu'ils nousavaienl rendus.
En ce qui concerne la mise à mort de plusieurs de nos chels d'armée
illustres, nous les avons fait mourir pour leurs crimes; nous n'avons
tué que ceux qui mvritaient la mort et nous l'avons fait dans l'intérêt
de la religion et de lÉtat; nous nous sommes conformés à la recom-
mandation de notre ancêtre Ardaschir, qui a fondé et nous a assuré
cet empire et cpii a dit : « L'exécution d un seul prévient l'exécution de
ti plusieurs ». Si nous ne les avions pas tués, nous nous serions trouvés
obligés d'en tuer un bien ])lus grand nombre. Quant à l'incarcéra-
lion de nos fils et de toi-même avec eux, cette mesure nous avait paru
-■2-2 lIISrOIHK DKS UOIS DKS PKllSKS.
.v_A_sw'v ïi_>oJl ^ -^ .-i/'w-v-iJ» . ^iU-Lc Lvsioî L^JSsJ. ;J-Lsl' t^^ c^oLL>
w..^-^«-X J>«^2_5« (?Ly uî>v.À-4*>.^.» utv.A^n -^ il •v^-vi .^'JT?^ >-là-*>-'l L^ *»'^l ->J«
,o),j;vJl N-f-^-v ^\tvjl J-^i-« J;! ^'ij f^J^J 3 A^=='-^*^l' ''!->^'^' "^'^^^l
'' Mss. U. — - Wj^^, <^ )**=?=■• — •"' <- i5\iiJ!^. — " Mss. o,bi)_,Jl. — ' Mss.
Jis?. — '*) M it^. — " M ijùUi] ou »^Js*Ji. — ' Mj^Js?!!"- — '' M;"i<iui> claii> M.
nécessaire. Et si nous l'avif)iis traite comme tu le méritais et si nous
t'avions puni pour les actes coupables que tu avais commis, tu n'au-
rais pas atteint ce but suprême auquel tu aspirais. Mais nous t'a\oas
lait grâce et nous avons fait envers toi tout notre devoir, le devoir
d'un père envers son fils, dans l'espoir que toi aussi lu lerais à notre
égard tout ton devoir, le devoir d'un fds envers son père. Quant au
lait que tu nous reproclies d'avoir retenu les soldats aux Irontiéres
et de les avoir empêchés de rejoindre; leurs lémnies et leurs entants,
nous n'avons eu en vue, en agissant ainsi, que leur bien d'abord,
et le bien de l'Irànschahr ensuite. Car nous leur avons donné des
sommes considérables à titre de solde et de larges gratifications, et, à
la place de leur propre pavs, des gouvernements de provinces. Nous ne
les avons pas empêchés de communiquer avec leurs familles, puisque
nous leur avions donné la faculté de les faire venir auprès d'eux.
Nous avons aussi agi dans le iiicillfur intérêt de l'Irànschahr, en laisaiit
défendre et garder par eux le j)avs; en les maintenant toujours en
présence des ennenns, nous emj)èchions ceux-ci de latlaquer. hn
IIISTOIHK DKS UOLS DES PEUSKS. 72;^
J-^^' -g-^ ^)-<six^I H^^N>'| Jji.0^ ^1^ J^' l^I^I J L^.ij,A^
Ujt>vi>jj •'Ij^'^U UiyL^ ^l?-*^' Lot^'^I ^Ji^-i^i Li-i^js U.^=j-L5 :0,j|j-4Jf
^^iUl JL^ J^ LtLot^ ^^'t;^^J|^ Jl^^'l ut; ;^ iS:\J.\j <ix^|
J ^' >X_iL-vcj^ <_>L».J^ ji3sju <-Ujl» <_j;jpA^ "^-i-vi>> :>Lg_^jt ^j-jX\ ^Jc
' M ^:.UJI. - - C. iSJX\f. - ' \laii<|uc dans M. - ' CsUl.'
elTt'l, riransclialii' (|iii csl romliilic de la Icrrc, le jovaii dti collier,
ressemble à un jardin plein de fruits de toute sorte; nos troupes à
ses frontières en sont coninie les gardiens, et les ennemis ciui l'eri-
lourent sont com|)arables au\ \oleurs. Si nous avions lait re\enir les
li-oiipes, nous aurions laissé les frontières sans défense, nous auiions
ou\ert la roule auv ennemis et amené la ruine de nos sujets et de
l'Ktat. Quant auv richesses et aux trésors que nous avons amassés, ces
richesses sont la parure et le support de l'Etat; elles le maintiennent;
ce sont elles qui donnent la force à l'armée et au peuple; plus elles
sont abondantes, plus est grand le courage des soldats et des sujets, et
meilleure leur condition, tandis que leurs ennemis sont d'autant plus
faibles et impuissants. Sache maintenant, écervelé, ce que tu igno-
rais et ne nous charge pas d'accusations que nous ne méritons pas! »
Lorsc[ue l'envoyé ra])porta cette réponse et en donna connaissance
devant les personnes présentes, Scliiroûva l'approuva en son cœur,
tout en la désapprouvant en ])aroles, et il se proposait de ne point
attenter à la personne d'Abarwiz. H voulait le transférera la citadelle
9'-
72.'i HISTOIRE DKS ROIS HKS PKRSES.
d'Istakhr cl l'v faire garder, en le traitant avec honneur et en lui fai-
sant une vie large et agréable jusqu'à sa mort. Mais les chefs darinée
et les inarzebàn, qui avaient été les promoteurs de sa déchéance,
s'agitèrent et s'inquiétèrent de ce qui pourrait leur arriver, s'il écha])-
pait à la mort et revenait au pouvoir. Et unanimement, ils décla-
rèrent en parlant à Schîroùva : « Le fourreau ne peut contenir deux
épées, ni flrànschahr garder deux rois. Nous ne voulons pas fie deux
Scltdlidnschdh. Il faut que tu donnes l'ordre de tuer Abarwîz ou que
tu te démettes du pouvoir. » Schiroûva répondit : « Nous y penserons
et réfléchirons et aviserons cette nuit; puis, demain, nous ferons
selon votre avis.
MEURTKF. D'ABAinvîZ.
Le lendemain, les grands et les chefs d'armée revinrent au|)rés de
Schiroùya et lui parlèrent de nouveau au sujet d'Abarwiz; ils relu-
FllSTOIKK DES ROIS DES PERSES. 725
• • •• . u . . I ..- A ^'- J <
( ! xi>jl
M J.
seront de coiiseiilir à c(> (ju'il le laissai en vie. Scliîroùva qui les
craignait s'associa donc à eux pour laccomplissement de l'œuvre
qu'ils poursuivaient et leur ordonna de choisir un homme pour
luellre à mort Aharwiz. i^eur choix tomha sur un soldat des ])lus
déterminés à verser du sang et Schiroùva Uii commanda daller tuer
Ai)ar\vîz. Le soldat cacha son sahre sous son vêtement et se dirigea,
accompagné de quelques olliciers chargés des informations, auprès
d'Aharwiz. Celui-ci, lorsque cet homme entra, comprit qu'il ne venait
que pour le tuer. 11 lui dit : « Qu'est-ce qui t'amène.»* — Ce que tu vas
voir», répliqua le soldat. Aharwiz dit : «Tu ne me tueras pas, car je
n'ai pas tué ton père; je l'ai toujours traité avec bonté. Celui qui tue
une personne sans être sous l'ohligation de tirer vengeance d'un
meurtre ou en dehors de la guerre, est un bâtard. » Le soldat se
prosterna devant lui et se retira et alla rendre compte à Schiroùva
de ce qui s'était passé. Schiroùva après l'avoir lait battre, le fit chas-
ser. Puis il dit : « Amenez-en un autre! »
On chercha longtemps pour trouver un homme qui osât perpétrer
720 IIIS'IOÏKK DKS IlOIS DKS 1>K11SI':S.
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' M f^i'^j- — ' <■ »ijl»';- — ^ Maïuiiic (hms C. — ' M:iiii|iit> djins M;
un tel acte. On finit par tomber snr un homme difforme et d'une figure
hideuse, plus affreux que le dénuement après l'opulence. Schiroùva
lui ayant commandé d'exécuter ce dont il s'agissait, cet homme se
rendit auprès d'Abarwîz et entra chez lui brusquement. Abarwiz,
en le voyant, trembla de peur et lui dit : «Que viens-tu faire, Sa-
tan? — Je viens, dit cet homme, exécuter l'ordre donné à ton sujet
par ton fils. " Abarwîz dit : « Que celui qui a une vilaine figure est
donc apte à accomphr des actes odieux! » Puis, ayant lait apporter un
bassin et de l'eau, il fit des ablutions, revêtit des vêtements purs, pria
Dieu et fit pénitence; il s'étendit ensuite sur un lit également pur
et se couvrit le visage. Le monstre fondit sur lui avec son glaive el
se mit à le frapper; mais le glaive ne pénétra pas. Abarwîz se ra])pela
un charme qu'il portait à son bras; c'était l'un des attributs des rois et
par l'effet duquel aucune arme ne ])ouvalt entamer leurs vêtements.
11 le détacha et le jeta. Le monstre lui assena un autre coup qui
l'acheva. Abarwiz rendit l'àme et fut comme s'il n'avait jamais existé.
IllSTOIKK DKS KOIS DES i>KHSES. 727
«CajI Je '.% z.-y:^j <_> ^l^Jii} <-^->o jJ^ïwL. 'l'v^li ^^^t ^^_|4^' ^'>|^ ^'-^l
^LSsaJL ii>>J-J! v;i/-%i\|. ^j^jUl J.I d^-^j ^jj-A-^jio s^l ;;2 Ijvj.>w<2 li--,^
>-.«-LiUI *Jy>« tLw IL^Jo A^_yj>^ c:*)Ji J^ U.^^^
Le inoiislrc son ;ill;i et ;iiiiva dans la salle (le réceplioii de Sclii-
roùva cjui ('tait pleine des liants personnages présents, et lui mon-
tra le glaive ensanglanté. Schîroûya donna l'ordre de le prendre
d'enln» ses mains et de le tuer avec cette arme. Il pleura sou père et
témoigna la |)lus vive douleur; j)uis il fit procéfler à ses funérailles
et le fit porter au tombeau. Le pavs fui ehraidé par les |)leurs et les
gémissements. Ou pouvait nji])licpier à ce cas les paroles de Sokaïua,
lille d'Al-nosaïn, fils d".\li:
(lelui quo leurs sal)ies ont ciiniiiR'Uciiieiil égorge, ils le pleurent amèrement,
(domine pleurèrent les frères de Joseph qui, dans une intention criminelle,
lavaient jet('; dans le puits.
Les mohedli parlaient de la leçon cpie Ton devait tirer de la mort
\iolente subie par Abarwiz, de sa déchéance, de sa fin étrange et du
lait que le ])lus vil des hommes avait mis la main sur le plus noble,
le plus infime sur le ])lus illuslre; il sérail tro|) long de ra|)porter
leurs, discours à ce sujet.
7i>8 HISTOIRK DKS ROIS DKS PERSES.
X}k-x^ -x:^ AjUL)
<__A_L_C - oJoN— :^— ^iU <_*M.40oo J,l <JoU>-ls LêJs^j UfcU^ V g 4.> ft > J,l
FIN DK I.'IllSTOir.K OF. SCHir.OUVA.
Schîroùva, après Ip nieurlre de son père, se comportait conimo
le voleur qui s'est introduit dans le trésor d'autrui. Il tua tous ses
frères, grands et petits. Mais son gouvernement ne prenait pas un
cours régulier et les rois des provinces ne tenaient aucun compte
fie lui et ne lui rendaient pas les hommages accoutumés. Il en élaii de
lui comme dit le poêle :
Lorsque irs clioscs iipjjroclioiil de Irur fin, les indices du d('<Iiii iippar^iisscrit.
(>e qui fai.sait l'objet principal des préoccupations de Schiroûva,
c'était les femmes; car il était absolument esclave de sa passion pou.r
les femmes et extrêmement porté à l'amour. Aussi désirait-il ardem-
ment posséder Schîrîn, qui était encore restée fort belle. Il lui lit
demander d'être sa femme et lui lit de grandes promesses. Schirîn
agréa sa demande et consentit, à condition qu'il voulût lui accorder
HISTOIRE DES UOIS DES PERSES. 729
Lfii'^_^l J\j^\j L«Jij^' L^i_c S^ J i^ij^t L^ ^>-^^l^ 'L^
l g ,' ,^5'^ ^! J^-i-S* S-rî'W O*"*^ '*J-"^ ' ^ ^ •'^■^" -^ ^r^^ •
w.^_<S-Lc Lg-Û L(î»:>^l JU-«|5 *-g-']j-^' •^vr' V^^ ^UXs^i_a_A> '>^
^. L^.4.. B^ (.::,Ni^^, «COw^U |{U^ .vX >â_Hjl L^Lo*L( yj^OuLiJ^ <.g> .-p
■>_>»wjl Jjl .^^^^ J..X-LS ^_j«««'wU' (_>b "'«X.*»-, yj«vJ "^-y^ ^X-i-X ?> '- g '^^^-^
' MaiK|Uf dans (i. — -' (, L^.,^ ojtxcl^ . — ' i. AieL.. ' M AJULicOo . ' M
(|i'u\ requêtes, à saxoir lui rendre ses biens et les biens de ses en-
l;inls, et en second Meu bii permettre, avant de consommer son
in;iiiaii[e avec elle, de \isiter le tondjeau d Abarwiz. Schîroûva ré-
pondit que ses deux demandes élaienl accordées, et il donna l'ordre
de lui rcMidic la lotalile de ses biens (^t des biens de ses enlants. Scln-
riii les emjilova à laire des aumônes, alîrancbit ses esclaves et leur
donna des ressources sullisantes pour leur subsistance; elle consacra
une partie de ces biens, comme elle l'entendait, aux bonnes o'uvres
et aux lieux de dé\otion. Elle fit ensuite des ablutions, revêtit les plus
purs de ses vêtements et mit à son doigt un anneau renfermant sous
le cliaton un poison qui tuait instantanément. Etant entrée dans le
tombeau d'Abarwiz, elle a])plifpia son visage sur le visage du cadavre,
arracba avec ses dents le cbaton renfermant le j)oison (ju elle avala et
lendit lame en serrant dans ses bras le corps d Abarwiz. Lorsque
Scbîroûya apprit la mort de Scbirîn, il éprouva le plus vif chagrin.
Il donna l'ordre de la laisser telle quelle était, auprès du cadavre
d Abarwiz, et de fermer la porte du tombeau: ce qui fut fait.
730 lIIsrOIIlK DES I\()IS DKS PKIISKS.
j SjjjLflJl «^>i;-o> S'U-l' (_j^ 'l*^ ''>>rf> <iais: Lj^i-^ ^-^^ <-p^ Lg-c^
^Jic Ll^os sw L.g<o U lë^i^ L4,^l_i3 «CCobil <Jljj-i. ^ "^^vr^!-^ o>'<^~*^ ^"^
cL_«__> y ? 4l!l (^ cPt^î ^ w^^2JO^t J~^ •r-6-'"'-' '*-*-^ ^1 oJ^-«.^ ^_/;»-«-rî
' M Âiki. — -' Manque dans C. -— ■' M s^^ili. — ' M s^^iliJI. — " (", o;Ui.
M ^,U1.
On rapporlp qu'Abarwiz, avec sa perspicacité, avait observe l'avenir
derrière un mince voile et qu'il avait cherché par quelque artifice
à faire mourir son meurti'ier. Le moyen auquel il eut recours était
un flacon nMir<M-mant du ])oison d'un eflet instantané qu'il scella de
son sceau el sur lequel il écrivit de sa propre main : « Ceci est un élixir
éprouvé qui excite le désir amoureux. » Schiroûya, an jour, ayant par
hasard vu ce flacon dans le Trésor privé, en r()m])it le sceau, l'ouvrit
et, avide d'amour charnel, dégusta ce qu'il contenait. Il ne tarda ])as
à s'affaisser et il expira. On rapporte aussi, contrairement à la relation
qui précède, qu'il est mort victime de la terrible peste qui apparut
sous son règne. Fait remarquable : Schîroùya a tué son père et ne
lui a survécu que six mois; Mountasir a tué son père Moutawakkil
alà 'llah et ne lui a survécu que six mois.
HISTOIRK DKS ROIS DKS PERSES. 731
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Ijxsc*^ I->w£« iL«_A.v^'j Is" g ^ 1 l^_w .v^^cjl. :>U^i -' ^_,JlS. o:>>.^ oi>Xc
' (1 jLjl ,^. fl iiiiisi plus l);is: M j'_jI^^, plus Ikis jl^l ^_^. - ('.oaJ'5^.
nÈ(;M". D'\r.i)\s(;iiir, , rii.s dk schiuoùva.
Apres la morl (!<■ Scliiroiixa rc^iia snii lils Ardascliir, l)i(Mi (jue Ton
doutât qu'il pût altciiKliv l'ajife viril. I/Eiiipirc ctail dans une situation
exlrèiiUMnent fâcheuse; le respect de lautorilé se perdait peu à peu,
le "•ouvernement cessait de louclionuer, les ennemis se uietlaieut eu
mouvement, la fortune des Arabes commençait à s'élever, les marze-
bau refusaient obéissance au |)Ouvoir royal et Schahrbaràz était en
révolte ou\erte. Schahrbaràz avait conquis quelques provinces de
Roûm et était devenu très puissant. Lorsqu'il apprit le meurtre d'Abar-
\viz, il désapprouva ouvertement cet acte et déclara Schiroùya et ses
amis coupables. Ensuite, lorsque Ardaschir avait été proclamé roi, il
convoitait le pouvoir et, à l'exemple de Bahràm Schoûbin, il voulait s'en
emparer, comptant, pour réussir, sur le grand nombre de ses troupes
et sur son matériel de guerre considérable. Il adressait, soit en
secret, soit au grand jour, des lettres aux chefs d'armée et aux grands,
leur prodiguait les promesses et ne leur épargnait pas les menaces.
732 IIISTOIRK DKS 1\()IS DES PERSES.
" jjj <J Jls^ 4)^_«.L1|. 4_*jl5«ylL ws^^ijl 5j_x>^ J^jJS} jjj^ c,j->^Ki^ ^S^^^J
Il eiilrclenait surtout uue correspondauce, par lettres et par mes-
sages, avec Khosra Faïroûz, le majordome d'Ardaschîr. «Tu sais
bien, lui disait-il, quelle est ma force, tu conuais rellicacité de mes
armes, le nombre considérable de mes cavaliers et de mes fantassins
et ma puissance. Si tu consens à faire ce que je désire et si tu veux
irairner mon amitié en faisant mourir Ardaschir, ie reconnaîtrai l'obli-
gation que j'aurai contractée envers toi et te laisserai libre de choisir
ce que lu voudras. Mais si tu ne le fais pas, mon premier acte, quand
je serai arrivé à Madàïn, sera de le mettre à mort. " Khosra Faïroûz,
qui craignait les menaces de Schahrbaràz et, d'une autre part, espé-
rait en .ses promesses, trouva le moyen de faire périr Ardaschir j);ii'
du poison qui fut mis dans un de ses aliments. Il en informa par
lettre Schahrbaràz et fengagea à venir ])rom]itement. Schaiirl)araz,
à la tête de vingt mille hommes, hâta sa marche vers Madâïn et s'em-
para du pouvoir, sans le consentement des grands et des niarzelian.
Le règne d'Ardaschir avait duré un an et cinf[ mois.
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 733
Jwo '.^ ^^-^ r^' u^J ^:JUl w)>_»v j>^xjiji\j jL^j.^ <ALç 'd.
(■-') Loj '<lL-=*>> vJ-« J» -^Ut N->^v^ ^ ^--^-J ^JJ.5sJj >.:>JJwK->^ ^-sS=^| <àJ\
3>s 5 ^>X_« ! . k >L c^J^Ji. J^ ^Lj^j Jsà^ ^ 1 >jjj (jJjJiJ il ^1 iS^y^\
l'> Mss. ,»,.<o^I. - -• M.UKIIIC (I.IIIS C. — -^ Mss. Jo.
REGNE DE SCHAHUIURAZ.
I.oi-Mliu' Schahrbaràz ciil |)ii.s le j^ouvoir, <[u il lut monté sur le
Irône et qu'il cul ceint l;i couronne, il était flans la situation donl
parle le poète :
La f;ivciir accordée par Diou ne doit pas être critiquée. Ce])pndaiit .souvent cite
parait mal placée dans certaines gens.
Il (lit, un jour, aux personnes qui étaient dans sa société : « Que le
pouvoir est excellent et agréable et que la sujétion est pénible et
amère! Certes, un jour passé au pouvoir vaut mieux qu'une vie de
cent ans dans la servitude! » Son fils aine lui dit : « Tu as raison; ce-
pendant tu n'es pas du sang royal, ni de ces hommes qui sont aptes
a la dignité royale, et je crains fort qu'on ne te laisse pas le pouvoir
et qu'on ne te permette pas de fexercer; par conséquent, prends tes
précautions et songe à ton avenir. » Le frère puiné de celui qui venait
73i msrOlHK DKS ROIS DKS l'KHSES.
<jU ^ 1 i>->vOt» «Ut^ <.jL <->->^ J»-<V r>->J ^^^ v^r-*^ 1^' c) J ^'^
;ï_iL=^]^ «=Lj;_ifcLs= Jlc «^;U.|5 ^vUc"^! <_jU.-^= o-^JLfijis ^^i u>-,*J=
5 ^sJS-v^il y«v-Û *WJ^ i_y='-'~''
.Maii(|uc dans M. - Mss. ^Xil.
de ])arlor ainsi s'éleva conlro son langage et blània son hère. « Le
pouvoir roval, clil-il, u'esl pas immobilisé dans la famille des Sàsànides.
11 V a d'autres gens cpii sont aptes à tenir le pouvoir et qui gouver-
neront le peuple mieux que ceux-là!» Schahrbaraz fut enclianté de
ses paroles.
Scbabrbaràz réffnait en souverain absolu et commandait en maître.
Voulant examiner l'état de l'Empire dans le Fars, il donna à ses cbels
d'armée l'ordre de se préparer pour s'v rendre. Il se mit en route en
très grande pompe et avec un équipage magnifique. Quand il voyageait
pendant la nuit, on ])ortait devant lui cent cierges parfumés d'ambre
gris dans cent flambeauv d'or. Cependant les grands et les marzeban
étaient animés envers lui d'un même sentiment d'bostilité et les ])arlis,
divisés entre eux, étaient unis dans la liaine qu'ils lui portaient. Ils
dédaignaient de lui rendre leurs hommages et ne le considéraient pas
comme avant qualité pour exercer le j)ouvoir royal. Ils résolurent donc
de l'assassiner. Or, une nuit, lorsqu'il faisait route dans la région située
entre Tlraq et le Fàrs, Hormoz d'Istakhr, à la tête de ses troupes,
l'attaqua à l'improviste et tira sur lui une flèche qui entra dans sa
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 735
^0 L g J'jLo^ Jw^àJU J>-â-£l ool^ 'vJ^W ^^--^ ^^'>^ ^^^xS^' el' _[jvia^vi>l9
J.JLJ_j c-v-oi. ^v'_..-=^\j J.X^' ^wi_£v3^. c:..^O.^is SjL^! '|;j (J^
<" M , ,t
u';r^-
])c)itrine et sortit parle clos. Scliahrbaràz tomba morleUement blessé,
et il n'y eut même pas deux cbèvres qui se heurtassent avec leurs
cornes pour sa mort. Son armée se rallia à Hormoz et aux autres mar-
zeban, ses pairs, et tous sans exception retournèrent à Madàïti.
nÈGNE HE nOÙn.VN, Eir.l.E OE KISRÀ ABAKWÎ/..
Lorsque les grands et les dignitaires furent de retour à Madàïn, ils
se virent forcés, ne trouvant pour élever au pouvoir aucun des-
cendant mâle de la famille royale, de proclamer Boûràn, fdle
d'Abarwiz, qui était la plus intelligente et la plus éminente d'entre
ses pareilles. Elle s'assit sur le trône et, imitant Kliomàï, fille de
Bahman, elle harangua les gens assise derrière le rideau. Elle leur
adressa de bonnes paroles et s'engagea à faire régner la justice et à les
traiter avec bonté. Elle donna l'ordre de mettre à mort Khosra Faï-
roùz qui avait tué Ardaschir.
736 mSTOIRK DKS ROIS DES PKRSKS.
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' C Ok£y». — - M o*i».i t^j>'- •■' ■li'i'^' l'I"^ l>''^-
Le Prophète, en apprenant ravènement de Boûrâii au Ironf, dil :
" l ne nation qui s'appuie sur une lenime et lui confie l'autorité ne
prospérera pas. » Et il en lut comme l'avait dit le Fro])hète. Après
avoir régné huit mois, Boûràn tomba malade; dans cette nialadie, la
m.iin fin Trépas frappa à sa porte et elle lui permit fl'entrer.
HÈGNE n'ÀZAr.MÎnOKIIÏ, IH.I.K 1)' \B AP.U î/.
Aprèsln mort deJ3oùraM,on résohit d Un conimuii accorrl d élever
au trône sa sœur Azarmidokht, et celle-ci prit le pouvoir. Elle aurait
été une reine dans le vrai sens du mot, si la fortune et la vie l'avaient
secondée. Mais elle régnait alors que la fortune de l'Empire déclinait
par le fait que celle de l'islamisme s'élevait. Il y eut, sous son règne,
de nombreuses révoltes: on commettait tous les excès, le gouverne-
ment était affaibli, le pouvoir tenu tour à tour par des femmes et des
enfants.
msroiHK i)i:s iiois des persks. 737
Lit—? <->^^j_A_^ (Je l' ùyi.^ X-^ •i\j ^y> ,_5-tw_> J_hJ= ~.\ L^ ^>i^^
^^:iw_, ^vJ^--val jww^wo jj-a^ 3^» <!; '=4;;r^ <-<s^' J-^ ^ jr^J^'
<_A_L-£ 4i'! j-^v^ 3^L .-^wjJ' 4|.^. 4^«i^ j^^'î^L ^ï^iijoo ci^LcL^
'" c»
t.l»»^ I.
Azaniiidoklil ;i\;iil un Ircic, t'iicure eiilaiit, iioiiiinc l'";irit)iikliza(lli,
(|ui, à cause de sa jeunesse, avait paru peu clan<!^ereux à Schiroûva et
a\ail eu la vie sauve. Quand il fut |)roclanié roi ajirès Azarniidoklit,
I un (les f>;rands, mécontent de lui, le tua.
Sclialirvàr, fdsd'Abarwiz, 1 iiuc des victimes de son IVèic Scliiroùxa,
a\ail laissé un jeune fds, nomme ^azdedjerd, qui \ivail inconnu cl
dans une condition misérable à Islaklir. Aj)res le meurtre de Fairoukli-
zàdli, on ne (rou\a ])as daulre personne apte an ti-one (rue ^ azdedjerd.
On le lit venir à Madaïn et on le proclama roi.
RÈGNE DE VAZOKDJEKn, FILS DE SCIl AU KVÀr..
Yazdedjerd prit le pouvoir alors qu'il était un adolescent près d'at-
teindre l'àf^e viril, que de la Ibrtune des Perses il ne restait qu'un ves-
tige, que les volontés étaient en désaccord, les classes divisées, les
allaires en mauvais état et que, d'une autre part, la fortune des
Arabes, par le Prophète, s'élevait, que la lumière de l'islamisme ravon-
9^
7:<,S HISTOIRE DES ROIS DES l'EKSES.
4_û ^_j.«^l ^Jic o>L4Jilj J,LjtJ> 4lM ^xxnj ;U3L*4, j^iL«,^[t \yi^ 4)--sJLo A-*v,
c_>'3s_« !! J^_:i. ^oJ^I ijj lli-s ^|r«-" il' ijjj-^s-UI ;ji4,cs^ <jLii^J'
si C>. n ^ SL^ s^-_5i. — v^ ^_>Lii J-SLjb LvJLXi i_>N-JtJ! J^Xi L^'l r^-«*\ Jls
' Maiiqiii' dans C. — (-' M o*s-sy:i. — ■' C Vr^' ^' V.-=* ^^j^'-
uti>
liait et que la promesse de Dieu de faire prévaloir cette religion sur
toutes les autres se réalisait. Yazdedjerd, continuellement, prenait
son essor et se laissait tomber, et gouvernait péniblement l'Ktal jus-
qu'à ce que le Commandeur des crovants, 'Omai' ibn al-KIiallab,
envovat dans l'Iraq SaVl ibn alji \\ aqqas avec les princi|)au.\ Com-
pagnons du Proplîèle et avec des troujies victorieuses. Lorsque celui-ci
arriva à 'Odhaïb, l'infortune vint atteindre les Perses, (pii iiircni
violemment secoués et abattus. Yazdefljerd mit en campagne, pour
combattre les Arabes, Pioustem, de fAdliarbaïdjan, le général en cliei
de son armée, en lui adjoignant les principaux marzebàn. Dans l'en-
tretien qui avait lieu entre lui et Roustem, celui-ci émit ce propos :
« Les Arabes procèdent avec nous comme des loups qui, trouvant les
patres inatientiis, font des ravages parmi les bn^bis. » Yazdedjerd
répliqua : « Mais ils ne pourront jias procéder comme laisait un aigir
qui allait cberclier la proie, au malin, au liant d'une montagne sur
laquelle abondaient les nidsd'oiseauvet, ([ui, cbaque lois qu un oiseau
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 739
JLlj «lU^ ^iJI <<_«LJ ^^ i^.j <iLv ^,1 j^t ^"^.CSJt L?,^^ ^5vi2_j|.
^^ow'wsa '*. ) ,^»Lg-*j Un-5 J^^^.^ ^,-L»J' JvXj!i c_>s_«JI w^ixjoc -p<ot^ ^Àjji.x>
^ c j:^. — « M yàii. ' \iss. ^ji. - «' c aui.
|)if'iiiiil s;i volée, loiulait siii- lui cl le saisissait, |iis(jii'à (('(iii il les pùl
tous liK's. Si ces oiseaux sciaient enlevés tous ciiseiiihle, la plu])ait
(I cuti-c eux auraiiMii été sauves. »
Vazdedjerd prit des précautions en en\o\anl une paiiie de sa
laniillc et ses trésors au Fa<;ldoùr, le roi de (llni)e. Il se relira à Nilia-
wand avec .sa cour et ses nieiUeures troupes, en laissant Farroukh-
zàdli, de rÀdharhaïdjàn, comme son lieutenant à Madàïn, et lit])artir
lioiisleni pour Qadisiva. On raj)])orte que Mofçliira ibn Scho'ba, qui
était \eiui comnieainhassadeur de la pari de SaVI auprès de Houstem,
lut ref^ardé par celui-ci a\ec mé])ris. Apres (juils eurent échangé
beaucoup de ])ai-()les, Ronstem demanda à Moghîra le nom du vête-
ment (pi'il ]X)rfait. Mo<;liira ré|)ondil (piil .s'appelait Ihuinl. Ronstem
tira mauvais augure de ce nom et dit: « Pddschdlu buarfi , il a enlevé
rEm])ire». Puis il dit à Moghira : «La .situation entre nous et vous
autres Arabes est comparable à celle d'un renard cjui était entré dans
une vigne. Le propriétaire de la vigne, le considérant comme peu
dangereux, le laissa .=ans s'en occuj^er, de sorte que le renard man-
T'jO lllSrOlHK DKS l\(MS DKS PKUSES.
'L,^i2_5 >Xjij 4)^Jci) JnI iv-^xil jLJLi 4)>-^ «Jî^ cr>r^' <~^^y9 oP""^ <..£v^-=».
r. wv ^^JS— x_s ^ILife» i>i*^ <J*^ ^ 4' iC-6=k. ^L^= <_xJvOjI J^-6J^ *^y*i?
vi:^- — â_jUl 2/} p^-^w-'t <aJLjL/0 ^_<ic t_>vJtJl A^ - ^JU^ A-£. *^|j-?^ ^ ^
v_g_<S-? ïw'jJI v^oL== j>s_Ajij== 50tf« L^t/CA.j (.:i>v^* 4_X.^iUi.Jlj ^UXfiJl
^t.j iv_«-Jt ^j< j?WJ^ c^' 4^^^! >.::^L^=; <-^>r«-^ ày~>i\j * |*.^^l Jf^
<< — ï^-*—> -> — «_4.J jijj-^ LXiwo ^rv-àJt ^.^ ^^v>4^~»*^-< (tv'^i •' i^l ^
''' M âJLcOI- — "' C ^Mo- — '■'* Ces mois niaïKjuent dans C; M ^^}^} iJUll-
"fcait (le ses raisins, dcveuail "ras et pélulanl et coiuniellail ries
(lé^i^ats dans la vigne. Lorsque le propriétaire voulut le chàtiei- cl lui
donna la chasse, le renard vint à la brèche par laquelle il était entre,
pour sortir et se sauver; mais elle se trouva troj) étroite, parce qu'il
était devenu gras et, à cause de sa corpulence, il élail hors d'élrit
descalader le mur. L'homme par\int ainsi à le saisir et le tua. »
Moghira dit : « Etre tué après avoir satisfait son désir et avoir obtenu
ce qu'il convoitait, valait mieux pour le renard (pie mourir de Iniiii
et d'inanition. » Roustem admirait son énergique réponse et comprit
(|ue les Arabes étaient fermement résolus à subjuguer les Perses.
Les deux armées se rencontrèrent à Qàdisîya et il y eut entre elles
plusieurs batailles dans lesquelles la fortune tournait contre les
Perses et favorisait les Arabes, pour qui tuer un homme avait moins
d'importance qu'une crotte de chameau. Le jour de la grande vic-
toire des musulmans sur les Perses, SaVl était tombé malade et cette
maladie l'em|)écha de monter à cheval et d'assister à la bataille. C'est
à ce propos qu'un poète a dit :
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. 741
A-^l ^(j;» i|«>XJ .Xibu» S^oMJ; ^-jyO iU»j OjoI «Xjj Ujli
<Lak_4vl >Xi».LAJ *L.cwJl ij^ ^■•'-S? LSU^ ô)^^^' "Ov./oo ^ iS-*^ ;^[; o)^^
«Usii 4!t j^ ^I «^-x^j «L^voo ^I ^'i J\^ [i L^^yJl <UU u^:»'^
<^lJa_^' (J^-" ->--'»^-' '^Jt^" li Lo.^' J\yX, \yJu\^ 0*J^J ^Ît*"^ ^
(') Mss. Syoj. — '■ ('«'S niids inan(|iii'i)t dans ('.; M L^xi-j, deux (ois.
N'as-tu pas vu ([ue Dieu a fait dcsciMuiro son assistanco, tandis que Sa'd ne làrlia
pas la porte de Qàdisiya?
Nous revinmi's et beaucoup de femmes étaient veuves. Mais d'entre les feninn'^
de Sa'd, il n'v en a ])as (jui soit privée de son époux.
Roiislcm avait eu un sonj,^'. Il lui avait sonihlé qu'iui ange qui des-
cendait du ciel prenait les armes et les cuirasses des Perses et y re-
montait avec elles. Il éprouv a une grande tristesse de cette vision et
la irarda secrète. Il eut, dit-on, la même vision une seconde fois et il
vif alors le même ange et, avec lui, le Prophète et 'Omar ibnal-Khat-
lah. Il lui sendilait (|ue l'ange scellait ces armes et ces cuirasses,
qu'il les remettait au Prophète, quiles remettait à T)mar. Cette vision
lut interprétée connue inrlicpianl l'assistance di\ine donnée aux
Arabes.
Ensuite eut lieu la grande bataille à Djaloùlà qui donna aux Arabes
l'Iraq et le Fàrset les mit en possession des richesses du monde; puis
la bataille de Nihàwand qui força Yazdedjerd à s'enfuir et à se trans-
T'ri msTOiuK ni:s iiois des pkksks.
porter (rune viHe à l'aiilre. Il v a, de tous ces événeinenls, des recils
circonstanciés dont les ])lus intéressants trouveroni ieiii' place dans
riiisloire d'Omar et dans riiistoiie d'Othnian.
r.E ou ADMNT ni- YA/DEDJF.IU) APRKS \..\ ISATAIl.LE DE NIHÀWANO.
Apres ces événements, c'esl-à-dirc les batailles de Qàdisiva, de l)|a-
loùla et de INihàwand, laudace des Arabes étant devenue ])liis
«grande, les amis de ^azdedjerd vinrent le trouver et lui conseillèient
de se mettre en sûreté cl de sauver sa vie. il (|iiilla donc sa lésidence,
emmenant avec lui mille cuisiniers, mille musiciens, mille gardiens
de guépards et mille fauconniers, sans parler d'autres gens; et cette
suite lui paraissait encore peu nombreuse. H se rendit dans le Se-
djestàn, de là dans le Kermàn et le Mokran; puis il se tourna vers le
Tabaristàn. Sa situation était comparable à celle c[ue décrit Abon
Tammam :
HISTOIRE DES ROIS DES PERSES. Hù^
AJijjûU, I'! ;iiiisi pliisil'urs lois plus l);is.
A Damas est ma l'amilli', Ma'^'lid i<l est rol)jel désirt'-, je suis clans les il(u\ l^aqrja
et à Fostàt sont mes amis;
El je ne crois pas que la destinée soit satisfaite des couises qu'elle m'a fait laire
avant (|uelle niait entiaini' jusqu'aux limiter du khoràsàn.
Y;iz(lc(lj('ivl se mil donc eu nmU' poiii- j;;ii;iiri' le T;il)iirlslaii. Ce
lui ;iii l('iii|)s (le 'Ollimaii ihn 'All'aii, et alors ([iic 'Ahriallali iliii 'Ainir
ibii koraïz et Vlinal il)ii Qaïs avaient déjà fait (Ie§ incursions flans
cette province. Lorsqu'il arriva à Na'isaboùr, se sentant menacé d'un
côté par les Arabes, d'un autre côté par les 'l'urcs, il ne trouva pas
la ville suirisammenl ])roté}^ée contre une attaque. Comme on lui
vantait la sûreté des places fortes sur le territoire de Poùs, il y envoya
une personne pour s'en rendre compte. Le marzehan de la \ille, le
kandranij , qui ne flésirait pas que Vazdedjerd v vint, ne montra a
l'envoyé qu'une citadelle liant perchée et lui lit de riches cadeaux.
L'envoyé s'en retourna auprès de Yazdedjerd et lui exposa que la for-
teresse n'était pas assez vaste pour recevoir les i^ens et tout l'équipaji^e
qu il avail a\er lui. Yazdedjerd, en conséquence, se dirigea, avec les
7/i'l lllS'l'OIUK DKS UOIS DKS l'KUSKS.
i^i^t ^^v-£ «CsLc 4)^N^Lll Jjj-A»'^lj iv^iv» "oJlL ii^^A^ uLL <_*-ixj
.vlsLi^ J-^yJ «Lfi-VpgJt ^ «CfyoUt ^^JJaJ vJ^l |3^ Jjt (Jlsj '=<-63 4)^ii.:5
'L.*^.^vo <o» ^\y-*-^\ S^lxi is'j ^CiJ 4_jJ^>J 4)U1 ^3.^ js^,^ :>y j s.jtui_) Ij
iK -;.j_5 jLâ_J *L^jJ| ^^j5vw^ ''U^t ,j-à^ •■ U Jic ÂJUL?!^^ <-r>r*-^l
ï*U>j 4}^-v3l o^'-si^ kjJ...A_Lc «Uj-diU ^j^l i^/w*^ cS'^^^ ^v^t i') J-^^:-^ ^1
' Manque dans M. — i- C 1$.*»,, -M A**;?- — '^' .MaiK|ue dans .M. — "» M Joi^^.
troupes cl le malcriel vers Maiw, dont le inaizebàu <'tait Malioii\a.
Màlioûva vint à la rencontre cle Yazdedjerd, se prosterna et se
roula dans la poussière devant lui, et lui donna extérieurement toutes
les marques de respect, tandis qu'il songeait à le trahir. Lorsque
Yazdedjerd lui réclama l'argent dont il était redevable pour les villes
de son gouvernement : Marw, Marwarroùdh, Tàlaqàn, Djoûzdjàn et
d'autres, il devint encore plus malintentionné à son égard et il dit :
'Ce fu'dtir veut faire du butin tout en fuyant! " H adressa des mes-
sages au Khàqàn pour l'engager à envoyer une armée à Marw, afin de
bire prisonnier Yazdedjerd et de prendre j^ossessi on de la partie du
royaume gouvernée par lui-même. Yazdedjerd, qui ignorait cet état
des choses, invita Farroukhzadh à retourner dans Tlràq, à conclure
la paix avec les Arabes et à prendre avec eux des arrangements de
nature à arrêter l'effusion du sang et à mettre fin à la guerre.
FarroukJizadh dit : « Je suis prêt à faire ce que tu commandes; mais
je ne suis pas rassuré pour toi à l'endroit de Màhoûva, à cause de sa
vile origine, de son ignoble nature et de ses nombreuses roueries,
d'autant plus que tu l'as inquiété en lui demandant l'argent qu'il
745
IIISTOIKK DES UOIS DES PERSES
^-.
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J rH^M;
«LswiV:. \' <j\ Jlc. <Coo' :>
^ .:.^t ^ , ir L 4f 3. io^^'L ^UU_c .^^_->-> ^Li >^'.v
doil. " Y;i/.(lt''l ji'i'fl ii'|)li(|ii,i : l'.u-- ri In scims rxcinpl de Maiiif. n
I'';iit()uUiz;hIIi si' mil ni i(tiil(' ii rt'i^irl ri ;i\cc Li coiin iclioii (jiic
M;ili()ù\;i ;ill;iil le li-,iliir.
\\iiiil (iiii' l'iinoiiklizadli lui l)irii loin, le Klia(|aii cmoNa NaïzaL
TaiLlian axcc mic nonihiciise année pour lonil)ei' sur ^ azdfdjfM-d.
I.oiscjiic .Naï/.ak ai ri\a a koiisclimaïlian, les inédiak-tii-s s'eiu])loyai»'iil,
sans rassciiliinciil i\v .M.ilioùxa, a amener la paiv entre eux. Naïzak
enlia dans \lar\\, mil pied a Irn'edevanI ^azdedjerd cl se piosiriiia
(levanl lui. Yazdedjerd le Iraila avec dislinclion , lui donna une
larj^c liospilalilé et linxila à ses lianquels. Maliouxa, alors, se mit à
semer la discorde enli-e eux, a nouer et a acIieNcr des inirii;ues
et à lont disposer pour allumer la i.;uerre. H conseilla à Xaïzak de
demander a Yazdedjei'd de lui donner en maria<^e sa fille, sachant
rpi'il ne la loi accorderait pas et qu'alors il naîtrait entre eux une ini-
milie (pii conduiiail à la lutte. Naïzak, un jonr, lil de vive voix sa
demande à Yazdedjei-d, pendant qu'ils élaienl l'un et l'autre à
cheval. Yazdedjerd lonca sur lui avec le louet et lui dit : " Chien, c|ui
7'l6 IIISIUIIIK DKS IIOIS DKS l'KKSKS.
Joe_) «OJtx ïv_)Jv^I c>o'^^ i>.:i.^'>j J^^o C i JL'-ii ^'v-àj ^,ôUw J^l <0»^U
,_^0<> J^^ .-(fi. ^.gliw^ '^j-'ûU <j^LL J,! t_v-frJ' ^L-?^ «L-w^pi ;îJaJiJ
<-^j ^-~^!>-Lj <-iJ^~^ Jr'-^J *^'^-HJ ' "^'^ ^ -^'-=^^^ c)'""^^-" ^Lj
' Mss. U- — - \lan(|ur (hiiis M. — ' Ici tiiiiiniriur (lau^ ('. uiir lacuiii' dr rcspacc
d'un rt'iiillot.
es-lii pour oser Jin' Iriiir iiii Ici langage? (hiaiid iiirnielevin osl versé,
son bouquet ne disparaît pas! » Alors le conllil cache éclata el on en
vint à la guerre déclarée et à la lulle ou\erte.
Le lendemain, \azdedjerd sorlil à la léle de ses houpcs, en coin-
pagnlr de Màhoùva el ses gens. Naïzak, de son côle, arriva avec son
armée. Lorsf|ue les den\ ])artis eurent lorme leui's lignes de bataille
et que lecondiat lut engagé et dans toule son ardeur, Màhonva |)assa
du côté de Naïzak. Les lorces de ^a/.di'djerd se Iroincrenl ainsi di-
minuées et la fortune tourna contre lui, après c|uil eut balancé la
Aictoire et qu il avait été sur le]M)int de mettre les ennemis en déi-oute.
Mais lorsque Naïzak el Malioiiva se lurrnl r('|oiii!s, (pi ds se |irélérenl
un mutuel appui coiilre ^azdedjcrd. cpi Un r('ii\('loj)])èrenf cl (|ii ils
furent sur le point de le lairc ])risoiinicr, il lui forcé de picndi'c la
fuite. Il courut sans s'arrêter, de telle sorte (pic son clicx al lut lourbii.
Yazdedjerd, dans sa Inilc, lut lorcc de clicrcliei- nii reinge dans
un moulin appartenant a Malioiiva. Il v entra, las et harassé. Le
meunier, en le vovant, lut lra])]ié de sa beauté, de son élégante
IIISroïKK DES liUlS DES l'KUSKS. 747
L J
.>is ^!.w...i^ ?K V <.jo^î ^^! i Oc^lkJl <.
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Ci M^
' \K. SjAjlAJ.
Ion iiuirc, (le son niiii^iiilKnic rosliiiiir cl de I ;ij^|-(';il)lr odeur (iii il l'c-
|)ini(l;iil. ^azdedjord lui dit: " rcrnic la porte du nu)uliii ol caclu'-
uioi; |e le récompenserai lari;('ineiil. n [.p meunier replicpia : "La
redevance à ])aver ])onr le moulin est de rpiatre dirliems lovaux par
jour; si lu me les donnes, je l'anvle et en lerme la poile el le laisse
lihre (In resler. " Yazdedjerd dit : " Des diihems, je n eu ai pas sur
moi; mais |)i-eiids cette ceinture incrustée de joyau.v qui vaut |)lusde
ciiHjuaiile mille dinars.» I^e meunier dit : «Cette ceinture n'est pas
laite ])oiir moi el je ne pourrais pas paraître digne (le la posséder; il ne
serait donc pas a\anlaneu\ ])Our moi de fermer la porte du moulin. »
Yazdedjerd, evtrèmemenl fatigué, fut pris de sommeil et s'endormit.
Des cavaliers de Màlioiiva arrivèrent; ils llrenl irriiplion dans le
moulin, arrêtèrent le roi et emmenèrent avec eux le meunier auprès
de Màhoùva; puis ils informèrent celui-ci de la capture de Yazdedjerd.
Màhoiiva leur donna Tordre de retourner auprès de lui el de le tuer.
Exécutant cet orflre, ils l'étranglèrent avec une corfie et le jetèrent
dans le lleuve de Maiw. Le corps, entraîné par le courant jusqu'à
9''-
7'is iiisroii'vi'. i)i:s iiois dks i>kiisks.
4 o ■"- ^ '■' . «OJ-f .j>''>-iJ <.>i-c ^>^' (.5*^=»- r-&-^' <jjjt)U ,_4cj>>o Ij .ï^Jl
(') M-. .U^.
1 eiiiboucliiiic (In J*i;i/.i(|, \ rcsla jiccioclic a la hi'aiiciic d un arJjre.
I^'évèqiie dfs cliiclicns, \(i\aiil ce coi-ps, le l'ccoiiiiiil. Il l'eniporla
dans un Uiïlvsùti \)i\y\\\\t\c fir iiiiisc, pi'occda à ses ())).sèqiies el lui
donna la sr|)ulturc.
Yazfledjerd lui assassine a|irp,s (|u d cul ic^iic \ini;l ans, en I an ô i
de I licj;ii-('. Sa mort dc\inl un i^i'and cl nicnioi'ahlc enseii^nemcul el
le point de dcparl dune ri-c, cl rcnipirc des l'erses cessa d'exister.
Quanta Màlioù\a, a\anl ([uil Jul un mois, Naïzak ne voulant [)as
tolérer cjuil ])rit latlilude d'un soinerain , ([iiil l'xei'Çcàt le pouxoir
en maitre absolu el (|u il i-ouveruàt en le laissant de côté, le tua,
s'empara de sesliiens, alla rejoindre le Kliàqàu, sou maître, et aban-
donna Marw au\ Vrahes.
TABLi: M.PIIABKTIOLK DES NOMS.
AharvM'z, (i I 'i . (i'ii fl Mii\.. ().")H il 727, 'AdI iliii Zaïd. '|().'4.
7 2;) a 7,'ii. Àdliîii k(Misrlias|), (>.")((.
'Alwlallah ihii 'Vmii' ll>ii Koraiz. 7'i.l. \JV|()urscliàli. \(i\. Aqfoiirscliàli.
'Alul al-Qaïs, .'> 1 '1 , .")i y, .")■>;). AlVàsiyàh, 1."), luG à 108, 111 il 137,
Al)har, ()0(). i3i) ii 1 '1 1 . i/i4à i4'i, ifio, i63 cl
AImu'i ' \lf al-l\()stamî, 'l'i") «'1 siiix. siiiv., 1(17, i8(i ot suiv., 189 à 19(>,
AI)où 'lAlàhiya, /lô/i. 198 il 200, :>o2;i 211, 21 /i ii 22/1, 22()
Al)()ù lîokr ai-Kliwaiizmi, Vi'>. 7<>'.>. ii 23."), 2((2, 338, '|35, liô.").
Alxiù Bi'kr Mohainiiiccl ihii Sihà', r)8(). Afridoùii, lô, 3i ii ()(i, 89, i3(i, 137,
Alxu'i Doàd allyàdi, /192. i'i7. 212, 2/1."), 200, 4^7, âgS.
Ahoù 'l-l'"adl al-llamadliàni. \t. 'i'i(i. Ai^n'ratli, 112 il i 1 '1 , 122 et suiv., 12.") ;i
Al)c.ù "I l'alh al-Hosli. 7(,3. l'.S.
Alxiù "l-llasari Uni Tal)àtal>a . V'|."> <'l siii\. Aimai' ihii ()aïs, 7/(3.
Mxiii 'l-llosaïii 11)11 I.aiikak al Uasrî, 'i'|(). \liriiiiaii ou Aliraman) , 2()1, .")02.
Ahoù Alà/.iii Oais ii)ii Talha, .")8(). AInvàz, A2, 24-4i 'lO'l, -'199, ")2/| etstilN..
AI)où Nouas, 18, i()2. .")29 ef suiv., 332, .")7(3, 080, (iny.
Ahoù 'l-Sait ai-Tiiaqafî, (il 8. Alaiiis (mut dt'sl, (il.
Ahoù 'l'r,ii\ih alMoiitaiiaiihl. 'i'|(>. Ale|), (il 2.
Ahoù 'ranim^iiii. 3."). .")!(). .")(S(). (io(>. Alexandif. 399 a /|.')(), '1Ô8, '|()'i. '|8.").
7 'i'. .")•)■?, 7(>').
Vhoi'i V.iksdùiii M:isi(iù(|. ml des \h\ssiii>. Alfxaiuhii', '1 1 '1 , 'l'l9, 701.
(117 il suiv. 'Ali ihii ahi '[ïilih, Jl8.
\hiascliahr Naïsàhoùr . ."129. 'Alî ihii Djaliin, 087.
Ahtliiii, .'> 1 . '\li ihii Tliàliit, 'i">J-
Ah\ssiiiic', (ii'i. — Ahxssiiis. Il 1 li ii (i 1 S. 'Alwàn ('Olwàu;'), 18.
Adam, 1 il 'i , 2 '1 , 2()n. Amid, ,")3o, ^()k-
Adt'ii, (il 4 et suiv. Aubàr (Faïroùz-Sàhoùr) , •129.
Adham (clieval de Kaïkliosia . ()88. Aiularmàsp, 18.
Adiiarl)àidjàii, M, \-j, 53, 232, 2h~, Anoùscharwàn. \oy. Kisrà .Viioùscliarwàii.
'i'iS et suiv., .178, (J09, 6/|3, (i(Jo l'I 'AïKjà, (k) et suiv., 3o/i, 3i(i il 3i8, 3()()
suiv., ()()8 et suiv. ii 3()8.
Vdliariioùsdi (fils d'IslViidivàdli . .id 1 . Aiitioclir, (i 1 2 it (ii'i.
.)()'i. .)()(). Aqlnùrscliàli, '|.)8 et sui\.
Adliaruoùscii liuiplc du IVu . ■>.->>. \ralH's, iGo, /188, hih, 017, ■) i 9 ii Ô21.
•50
lAUl.K Al.l'll Al>i: IIOI K J)KS NOMS.
ôSo, ,"i'|(i ol sni\., riTxt, .')r>.'i, ,"),"),'), (h)'i,
(113. 7.5 1. 7^7 à 7'i'i, 7 '18.
Vnlaliil, (i3().
Anhisrliir, lils (r\h;ir\M'z. -'.\'y.
Aixlascliir, fils de B;il)ak, '|i(>. '17.^ à '187.
^99, (îoti, 721.
Anlnsclifr, lils de Risclilàsf, 271.
Vrdascliir, fds do Ilornio/., 'l'Si cl siii\.
Vrdascliir, lils de Sehiroùva , 701 ri siii\.
Aiilaschir-Kliosra, /iHô.
Anlawàn rAncieii, Ayii.
Ardawàii le Grand, \-j3 à /181).
Artijàsf, sCiS à 2(),'), 2()t) cl suiv. . 272 cl
siiiv., 270 et suiv., 281, 28Ô, 2y3,
29Ô à 298, 3oo, 32.") et suiv., 328 à
33 1, 333 h 337, /|3,"), (iô.').
Aresch, 107, i33.
Aiislote, /|oi, 443, iôo.
Arniàyli, 2/1 à 2().
AriiK'iiie, i3o, 3J8, <)0j). (iiT). 708.
Arradjàn (ou Aradjàn), .")2 7. .")i)'i.
A'scha, 493.
Asclik, lils d'Asclikàii, 'i')-.
Aschkàn, 4Ô7.
\sclikàn, fils de Kaï Aresch, 4 07.
Asclikaniens, 4")(5 et suiv., 473.
Ascliqar ( cheval deMarwàn), (>88.
Asiadii (jousclniasp, 719 et suiv.
Aslàràhàdh (Karakh Maïsan), 48.").
Ayîn (kilàbal-), i4 et suiv.
A/.àdiiwàr, 342 et sni\.
A/.armîdoklit, 736 et sui\.
Azarwiuilàtlli, (J2.) :i ()29.
A/.dahàq, 17. — Vo\. Daliliàk.
liàbak. 473 à 478.
J>^ll)\l<)UC, l3, 2(). I(i,"). \(',-. \ov.
Sawàd.
Bàb Soûl, .")78, (il 1.
Bàb wa'l-Abwàb, (iii, (i3().
Bidhgbîs, i33, 48.").
Bàdlimàn, ii4 et suiv.
Baglidàd, 63 1, 743.
Babmaii, 345, 347 » '^•^^- ''5*>'i • 3(iy , 373,
.■<7.") il 3()o. 3i)2. ,'5i)() cl suiv.. 'i'i7.
:>i '1. .">i.|.
UMliiiiaii Viclascliir .Oholhili). 378, 'iS,").
Ualiràin (jour de ' , (iS 1 .
Uahràni. lils de liidiràni, (ils de lialiiàiu,
.")()7 et, suiv.
Baliiàni, fils de Baliniin, (ils de llonno/. ,
r)<)3 il .")n7, ."no. 7)'.\-j.
Kaliiàiii, lils de Ilormoz, ôoo à 5o3.
Baliràm, lils de Sàboùr, 535 et suiv.
lialiràm Adliannàhàu, 638 à 64o.
lialiràiii Djoùr, 539 ^^ "'i?! ^^9 î' ■>''!)•
Baliràni .Sclioùbiii, (i'ia à (187, <>;) 1 ,
7.(1.
liaïkand, (i'i8. 653.
Balàscli, 583 il 587.
Balàseliàbàdh, 58'i.
Balàsclikird, 584.
Balînàs, 45 1 .
lialkli, i3.'') i 55 et suiv., i()4, '89, 192
et suiv., ■!23, 23i, 244, 255, 257,
276, 281 et suiv., 284 et suiv, 456,
486, 578. (il 5, 642, 707. — (Fleuve
de) ,111, 392.
Barmoùdbali, (i/i8 ;i 657.
Ba.sra, 485.
Basscliàr ibii Bord, 74, 377.
Basloùr, 370, 274 à 276.
liali'iiiciis. 5(1 1 .
Bawaii, 709.
Beh Alridli, 285, 33].
Bekr [b. Qaïs 'Aïlàu] (Tribu de), 519.
Bekr ibii Wàïl (Tribu de), 519, 529.
Berbères, i 58.
Beièzàdliriscli , ()02.
Beselienk, 107, 111 ;i 1 1 4 , 123.
Bescli(iùtlicu, 3(12 , 3o5, 3 10 et suiv., 3i(i,
326 cl sui\., 336, 345, 352, 356 à
358, 3()9 il 371, 373 et suiv., 37(1,
387.
15èwaras|). \ oy. Dalihàk.
BIdarafscli, 273 a. 275.
liiliiselitkaiik . 193, 202, 218, 229, 23i.
Biiidoùya, 660, 663, 665 à 67U, 721.
T\nLE ALIMI \13i;TIQLt: DKS NOMS. Tôl
IJi'ràn. 1 ()() il 2()T , ao'i ii 207, i> m rt suiv., Dàràlnljcrd , 898.
2i.'i il 21,"), 2 2'i il 2 2(). l)ari,'li;iin, 707.
ISinnàyoùn, 3ô. Dàriii, .")2y.
liisclilàsf, i5, 2/|5 il 387. Daskarat al-.Malik, 'it)i|.
liîslàin, fifio, (163, 065 et suiv.. (170, 72 1 . David, i.
Jiîzaii, 238. Di-niocrali's, 'i.")i.
Hiililorî, 39, 'lOi, .")7'i. 61 3. Dcri 1 idionif'i. ,">."),").
Boklit Nnssar, 2'i'|. Di'stàn. \()\. Zàl.
Boklitarsolii'li. \'oy. lioklit Nassjir. Dlioù 'I Vdh'àr, lô,"). i.'jSii 1(12.
Bordj al-llidjàral, 4 1 'l- Dlioù 'l-.Minàr, 1,"),"), iô8.
IJosrà, 53o. niïoù '1-Qaiiiaîn, '1, .'100, '1 '1 1 cl Mii\..
Host, 48(5, 707. /|'l.") p| suiv. — V'oy. Alexaudii'.
Boù Djaliala, ÔÔ7. Diliistàn, 1 1 'i , 117. 227.
ISnukliàrù, 189, 223. 23i. Diiiawar, (inij.
Boriràn, 73,') et suiv. Diogt'ix*, 't.")!.
Ii<>iii7.ii)ilir, 638 cl Mii\. Dirafsclii-kàwiyàn, 38 cl suiv.
Ikiuiv.niilir. (ils (le Soùkliorrà. .')i)ii cl siii\.. njaîhoùii, 189, i/|o, \ ^^i , 189. 201,
693 à Ô9.'). 220, 22(», 23 I, 276, 'i'l8, 308, ()3(i.
IJoiiiv.oùvcli, G29 il ()33. 678, 68(i.
ISoùscliaudj , /|86, 71)7. '^j''']^- Voy. Isfaliàii.
liiiuziiurdjinilir, Ci9à 62') , 63,3 ii 63.'!. Djaloùlà, -j'ii cl suiv.
lîraliuiaiics, /121 ii 'i23. Djàinàsl". 2()2, 26.> i» 2G8. 27'), 27CS cl
siiiv., 28l> a 29 I, 373.
(it'sars, 2'|5. DjàinàsC, (ils de Faïroùz, 'iSiju '.aj'i, (io3.
r.liàlcau DU \illc d'airain, .Jo.'l, 322, 32'i Djaudliaiv. \ny. Djoùdliaiz.
il 328, 333 et suiv., 022. Djaiidliarz rAiicicii. '|()7.
(Iliiiic, C.liiimis, '|2, iOô, 206, 217, 229. Djaudliaiy, lils d'Irànsclialir Scliàli, \()\ il
2,5 1. 'n'i, /j3j il /|39, 61 3, 739. 46(1.
( liiiislaiiliu , '188 et suiv. Djatidliai'Z, lils de ,Sàl)oùr. '|()2 cl siiix.
('.iiiistantiiiople, '189. 701. Djàzir, (io,').
('unies, 2(). Djcliiàzàd, 389. — V()\. Kliuniaï.
Djcn». Voy. Djeiuschid.
l)al)i(|, 710. Djeinscliid, 10 il 19. 23. 27, 3'i, 23(i.
Dal.il.iàk, i3 il 36, 62, 83, 89. 91. 19... Djibàl cl Djabal. i38. i(i'i. '|36, '193.
I>ad)i)l, ,")()'|. 609.
Dadainili's. 617. njondaï-Sàl>oùr, 'i9'i. 3o3, Ô2/1 et suis..
l.)aïzaii, '189 a '191, '19'!. 027, 6i3.
J)anias, 7'i3. Djordjàn, 'l'i, 89. 3'i8 et suiv.. .").")9, 37rS,
Dàrà.liis de lî.diiiiau, 892 il ,399. '102. ()09,()li.
'i.')7. Djoùdliarz, i38, lôO, 219. 223 ii 223.
Dàrà, fils de Dàrà, 399, 4o2 ii '111. '1 1 4 232 à 234, 238, 243.
et suiv., 424, 439. 322. Djoùr, 483, 608, 707.
I)ài-à (ville), 612. Djoûzdjàn, 486. 744-
Dàràl), 394. Dodjail, 48o.
752 rVlU.K \l.ni MU'.'l'IQl K DKS NOMS.
IViiihàwaïui. \.\. :>S, .'^'i. Iladjar. ,"> i 'i . .'lit), '■>:>.(), I)[]t\.
DiimlInHis, \'m . Il;'i(l|il) iliii /.oiàrii. !)()<>.
lliulr. 'iiH;) il '|() 'i.
Kjçyplo. io'i. 'm, .'i."><i. Haïtalitos, /i.Sd, 'kj;,, ôi^o, :)78 à :„S-..
Km.-si-, (ii;>. 5,j„ :, -,,,/, ,;,-,
Ilaïtliiiiii iliii ' \(li'. .">.")().
Kiiplirale, /|0.'), '|<>S, 'iS<), filifi.
Kaghfoùr, 329 ot siiiv., ÔG4, 73y.
I-X^lifoùra. (il^ à ()4(), (J48.
l-'alilal)oilli, (il)'! à (igS, yoS à yoô.
Faïlàcioùs. \ov. l'liili|)|)i'.
Kaïroùz. (ils de llornio/.àii . '4(19 l'I sLii\.
Taïroùz. lils lit' Vazdodjcrd, '•)-'S ;» ôiS,?.
I''aimùz-Sàl)<)ùr, ô t^ ().
Faîwiiidàdli, a-'?.
FaiToiiklizàdli, 7-5<). 7 '1 '1 l'i sui\.
Farmiikhzàdli . liK d" \l):ir\\ i/,. 737.
Far-i-izadi, 7.
Farâmorz, 217. ^(ii, .'{G'i. 3 8, '5, .'5 80 à
388.
I"'<'ràsclià\vard, 3.")(i. •.Uji ft sui\.
Farazdaq, .">8().
I'"ar<,'liàiia, (îiô.
FarscIiàl)oùr, 02;).
Fanvardin (Mois di-;, 1 3.
l'asà. 2."),"), 2(i2.
Foslàl, 7/i3.
Fdùr, 4i(i à /|2 I . 'i ■>.'{.
l'ïirs, (j, /i2, ii() à 118, 121, 108, i()'|.
1(17, 23 I, 23 '1, 2."J2, 2Ô5, 398 rt Mii\. ,
'1 1 I. '1 1 'i. 'i42. '|.")(i. 'ir)8, 'iCi.") cl Mii\.,
'173 cl siii\., '177 à '179, '180, '19'j,
.">i'i, ha'\, .">27 h .")3(i, .")32. 'i-j6, 087
cl siiiv.. fiiiy. (i'ii, ')(>9. 7<)(), 73 '1,
7 '1 1 .
Ilaiiiadliàn, '1118 cl siii\.. (io<).
Ilanial ibii Madr, (in.
Ilamaii. 3.").
Ilaniniàd . ,"),")().
IIani/:i d'Isi'aliàii . 398.
llaiizala. ■i'[).
Harràn , (i 1 2.
Ifa/.ànisl'. 2(i3. — \(.\. Aidj/isC.
Hi'brcii laiisa-^c . ,'),'),').
lldl Khàii. 3o'i cl siilv., 3o7, 33(), 339.
llciiiàwci'àii. \ ()\. Scliàli-i-Ucinàwcràn.
ll.'iachv. (11.).
llcTaclins. (i 1 9.
llci-al. 189. 'i I."). '|8(>. — Idioiiicdi' ..").)(i.
Ilcxàti'lllcs. \.,x. Ilaïlalil.'s.
Ilidjàz, .").").").
IIÎdiii;iiid <iii lliiiiiiiuid . i 19. 3'|.~). 3.)<>.
3(1 I. 38(1.
Iliinvaiilcs Ilcjiiawciàii ? I . i.")."). 1 .")8.
Ilîninaiid. \<)\. liùhnand.
Il ira. .") '10. .").").").
Tlodliaïra, ()0.
Hol«àn, .")8A.
Ildiiiàï. 389. V()\. Kliomài.
11(11111(1/.. (ils d' \M(iÙNcliai\\Mii. (;3(i a r,l\i\.
(J70.
Ilormo/. . d'Istaklii. 73 '1 cl siii\.
Ilormoz, lils de Naisî, ,")i() ii .") 1 '1 . .^.^).
.•.37.
Gàu-i-BimiàWm, 3i. Hormn/. lils de Sal.cùr, 'm).". a '199.
(jliazua -3 HoriHd/.. liK de ^ a/.dcdjci(l . .")73 ;i .")7.").
Gli..um(làn, (ii9. lionne/. Djoial./iii. 07(1 a (i8i.
(;...irz-i-Gàwsâr, 3'i. Ilomio/in, liK iU- ]'..iaseli. '1(17 ii '1(19.
Grecs, '110. i")(i, .■)i'i. :y>.n, .■)2(i a .-)28, Hoùm, 232 cl s.iIn.
:>3o cl s„1n.. .-,.-,.■,. (Im,. (Km,, 07,. HdùscJiaiik. .-> a 7.
70(1. — \ (IV. Hdriiii.
Il)lîs, (i. (|. Kl. 1 9 il 22, 3."). !.■)(), 3.")7.
Ma-Jiamaiil. (117. Ibii 'Ahhad, .')98.
TABLE ALPIIABKTIQLK DES NOMS. 753
11)11 Kliuidàdlihrli, i;5() et siiiv., 2J7, jAri Ji'siis, 'i()o.
<'t siiiv., 378, /ii5, /lA4, 408, 'i8(i, Josepli, '1. 171.
.')56 et siiiv., ()o4- Juifs, 2'|.
11)11 al-Kalhî, 22, 2.'>().
11)11 Mocjad'a', (i.'i.'i. Kàl)I, (risfaliàii, 2() ctsuiv. — \i)y. kàwi'li.
Ibri ai Mo'ta/./. , lô!?, 'iy."j. KÙImiiiI, KàlK)(ilistàri, 7^ à 7,"), 77, 83,
Idjhàr Doctrine (le !'), 42/1. yi, (jy et suiv., U)4, lit)' '-'■ i^^'
liidc. Indiens, (i, /i2, 72, 82. yi), lo'i. 370 il 383, 383 ot suiv.
1 '|(i, 1 ()."), 2 3."), 1 1 3 à '117. '1 M) et siiiv., Kai Ardascliîr (Baliman), 378.
32y il 53i, 333, 3()o it Mii\.. (ii3, kai kànus, i3, i33 ii 234, 230, 2'i3,
G22 il 62/1, ()2f) il ()3i. 3'|2, 020.
Iradj, 4 1 i' 3'i, fi 3, 212. kai kliosra. i3, i()7, 210, 2 1 '1 il 21 (3,
Iran, Iraniens, i'>(). 127, 121), i'i3, iCi. '18 ii 2 '1 '1 , 243 et sniv., 232, 2(J2,
i()4, 219, 223, 228, 272, 276, 28(j, 287, 3'r!.
288, 335, 337, 362, 373, 387, kaiQol)A(lli, 137 il i4«>, i44 il i34.
047. kaid, '1' '1 l'iMiiv. , 43().
Iràiisciialir, 4''. 3(i, 1(17, 108, ii2, i l 'i , kàkoùxrli, (12 cl sulv.
118, 123 l'I sniv., 120, i33 il l35, kalila et Diniiia. 1)32 el sniv.. 712.
i3() il i4i. i3(). lOo, i8(i, 198,200, Kanàrang, 7'|3.
2()3, 212, 218 et sniv. , 22 1, 23o, 234, kaiidariniàn, .13(1 et sniv.
2()3, 268, 270, 281, 290, 292, 329, kandji-Bàdliàward, 700 il 702.
33i, 338 et suiv., 346, 35-, 374 et kanka, 423 et sniv., 43o.
sniv., 4ii, 4i4et sniv., 417, 444,43(), Kankdi/., 229 et suiv.
464, 477, 479, 48i, 3i4, 3i9 , 32 '1 , karakh Maïsan. \'oy. Astàriibàdli.
338, 364, 383, 39.5, (iii, ()'|2. 643. kaniiàyll, 2 4 ii 2().
()49, 634, 639, 671, 676, ()78, 680, karschàli, 3.
68fi, 722 il 724. karscliàsf, i3o et sniv.
Mràfj, 42, i38, i63 ii i63, i()7, 4o3, Kaisîwa/., 189 ii 194, 207 ii 211, 232 et
448, 'i3(i, 438, 4li'i et sniv., 473, sni\.
3i4, 324, 328, 34o, 376, 609, 612, kusilaii, 2a3 ii 207, 210 et sniv., 2i3 ii
64i, 734, 738, 741, 744. 216.
Islaliàn , 4i3, 443, 609, 709 et sniv. katàyoùn, 2'|(i ii 249, 234, 236, 34o,
Isfeiuliyàdh, 236, 238, 261, 263, 270, 344-
273 il 284, 286 il 376, 383 et suiv., Kàweh, 32 a 34, 38.
322. Kayoùmartli, 1 ii 7, 18.
Isferàïii, 391. kàzinia, 3i4.
Israël (Tils d'), 244, 462 et suiv. Kermàn, 42, 84, 329, 336, (ioy, 742.
IsUiklir, 237, 478,484, 499,309,724, kermànschàli Baliràni, lils de .Sàboùr),
737. — (Fleuve de), 392. 333.
Iwànon Kisrà, 698. Kermàn .Scliàiiàn, 33(i.
lyàdites, 3i4, 3x8. Kescliwàdli, 127 ii 129, i3i.
Khàbil (Al-;, 18.
Jean, lils de Zacliarie, '|(in, 463. Khàhoùr, 493.
Jérusalem, /|(i3. Rliàqàn, 23o, 447. 33() ii 36o, 383, 386
9J
7r»'i TM'.I.K M.l'll MIKIKU K DKS NOMS.
et siliv.. .")()•>. (ill. (K<(i, (i'i'. (>r>iS. 1 .JKldj.îm , .")iS().
(>7 'l il (i(Si, (i83 ;i (i8.">, y'|/M'l Mii>- l.dliràsl'. lô, ■i'.]- et .stiiv., ■>'\'.\ il ■).")."),
Mi;ir/.;isl\ -«(i.'î. — V.>\. Aidjàsl'. ilri, 282 H siiiv., 287, .i'ri.
Kliùloûn. r)(ii>, ,'>H() et Miiv., (iyS il tiNi. I.oùris. .Miy.
(i8:V
kli;ill. -"n;). MiidiViii. A58. 48y, iy;), •")0((, 02- i-l
Kliii\varii;u| . 'iji'i. .">'iO. ."l'i.'î. sui\.. ô/i;) ol suiv., ôfio, .">()'i, r)8,'î cl
kha/.ai's. (iii, (ii'i l'I Mii\. suiv., Û87, ô(j4 et suiv., (i 1 2 , (ii'i cl
Klia/.wa/.àii , iiijii 12'. suiv., (ilii . (iGp cl suiv. . ()7,>. ()i(8. 7 1 8 .
Klieschounwàz, roi des llaïlalilcs. ,")78 ii ■j^i'i. ''■^~. '•'<[}■
.")8;<. .Mail MVidli. :)2.
Khidr, lo/i, 'i.i.i. Mail de Knùla. :>(i7.
Klioniàî, 28Ô, 33i. ,'i8<) ;i 3()7. 7.'>."). Mahuioùd. \'\-.
Klioràsàii, /12. iô8, it)4, 23i, /|i'i. 'i-iii- Maliouicl. '1 . >()i. .")2i, (io,").
i8."> et suiv., 4oJ' ôiô, r)29 cl sui\.. Màhoùva. 7'|,'5 ;i 7/18.
.">7(i, ,"178, (ioQ, GJ8, ()()() et sui\.. Maisaii. 'i()'i.
(Î74, 743. Malalic. ', l'i.
Klinrra-Sàboùr, .")2(). Ma'uioùii. 'i23.
kliosra, ,").'»o. 002 ('lsui\. Mauiiidj. (il 2.
Kliosra, Gis <lc Faïroù/., '170 ii '172. Màui. .")oi il .">o3. — Porto de Alà
un .
Kliosra Faïroùz, 732. 73."). Maiikal. 'i''i <'l siii\.
Kliitlaii, 206, 23 I. Man.soùr, (i8i).
Kliniilni, i33 et suiv. Mansoùr al-l'aciili, 7, 'i2(i.
Kliouscli Àr/.oû, 70.") il 711. \Ia(|dasl ( M-' 'Motaliliar ihii Tàliir . r)oi.
Klnvari/.ni, 227, :48(i. Maiclàu-Slucli, ()83 cl suiv.
Kiràmikard, 272, 27,"). Marie, (iiic de Maurice, ()(i8. ()70 cl siii\.
kisrà Anoùschanvàii , (i, lô. 3;). 'ii).). ''d'i- 7i'-
.")i)3. r)02 il 638, ()'io, (3G2, ()()8. Marw , 2, 10, 'i8(i, ôjy, r)8'i. liii'i. 710.
Kîw, i,"ji). i()2, iG'i, 219 il 221. 22.). 7 '1 '1 l't suiv., 7.''i7 cl suiv.
238. Marw al Scliàliidjàii, 'ilô.
Kdliram, 270, 282 ii 28''i, 2g3. 33i ii Manvarroûdli, 707. 7.'i'i.
333 , 336 et suiv. Ma.skî (?) , 709.
Kordam. 278 et suiv., 286, 291 et siii\. Mas'oiidî al-Manva/.î, 10, 388.
Koùfa, 018. Maurice, (ilij, 668, 671, 700 cl sui\.
Koumendhàn, 280. Ma/dak. ,")96 ii 602, ()(i''i cl Mii\.
Kfiur-nidjla, '186. Ma/.dakiles, 601. 6o'i ii (ioli.
KoiirdiNa, 682 a 6X7. M. ■die. Vn\. Djihàl.
kiiiinloï, 686. Mchhoùdli, 62,") ii 629.
Kotirksàr, 29/1, 296 a 298, 3o(). 3o2 a Mcivàràreqîii, .")9'i.
3o6, 3o8 !i 3ii. 3i6 et sui\.. 3ii). Mciioùdjclir. i.'),.")2 ii 108. 112 l'I siii\..
322 il 326. |3(), 2.")7.
Koiisclimaïlian, 7'!."). M(''S()potaiiiic, '189.
kiMistalini, 12,"), 1 3ti. Mihr Mois cl jour de), 3.").
Koùzin. i33. Mlliial.. 73 il 77, 8i, 83. <S7 .•( Mii\.. .S9,
■i\HLK M.IMI MiKTIOl K DES \()\1S. 755
() 1 rt siiiv., (j 'i l'I siii\., ij-, (jc) ;i i ()."), 'U(lliaïl), y.'iM.
iKjà 123. '()iii:ii- ihii ;il-Kli;ill;il), 3{), -^S, 7 'l l «'1
Milirdjàn (l-Y-le de), 30. — .lotirdi' , '171. siiiv.
Miliiiioùsch, .■}()!, .30/1, ^(W). 'Otlimàn ibn 'AlVàii, ?. , -'i' cl sui\.
Mo'àwiya, .")i8. . Oriiia/.d [Jour de), i3.
Mcii;liîra ibn .Sclio'ha, 739 et Miiv. Ouscldiandj 'Hoiisoliank), ,").
Mokiàii, .")(i''i , -'[■!.
MoqaHain (Moiil de . '|3'|. Paldawàu-i-Djrliàii , (18.
Miissoiil, 'i:tC>. 'lô.S. Palcsliiii", 3.")(i.
Mouiidliir. lils dr ' \mra al-Qais, (io '1 , Pt'lil('\i ^idioilR'), .").").'), ()3 3.
(il), ()i(i. Pcrst's, Sgy, /iio. ')i'>, 'y>\, .")2'i, .")2(),
Moiiiidliir. Ids di- No'inàn, r>3() il .">'i7, .)37, (i i 2 , G>(), 60."), l'uS 1 . 707 i-l >>(ii\..
.").")(> et sili\.. ,').")3, ."),")."). 7'l<) cl Mliv., 7'|8.
Miiiiklafi, 'n)."). l'iiarami, 3.").
Miimilasir, 73<>. Pliila^nios ? , 'i,')!.
M()i'i<|àii. '!.)7. Pliili|)|)(', 3()() il 'ici, /|<iiî.
Mdii'ladid, '{[)'). l'i'sclidàdli, .").
Moiilaiiahliî. Vo\. \l)iiù 'l-Tai\il) alMdiila- Platon, '|.')<», 'i.').').
iial)l)f. Ptoli-nici-, '[(>i. '117, /|'i8, 'i.")!.
Moiilawakkd. 73(i.
Qàlioùs Kaï Kàons), iG:>.
Naliali'cn idioiiK';, ,'),")(i. Oàhoùs, (ils de \\ asclini<,'iiîf, '|3l.
Nadi'ia, /i;)0 il /|<)2. Qàdisiva. 39, 739 il 7'i2.
Nalirawàn, (io."), ()()3. Qalilàn, i.")8.
Naïsàhoi'ir, .")29, .")87, Jyi, (17'!, 711', Qaïdliàra, '|32.
7/|3. Qaïs al Madjnoùn, -'[.
Naïzak Tarkiiàn, j '\'i et siiiv., 7'|8. Qanàraz, 707.
Nàinkliwasl, •>7u. Oàrcn, 33 cl siiiv. , 3**, .')3, .")8, (i 1 cl
Naisi, lils do Haliràin, .')o8 il .")ii). siiiv., (l'i, 11.") ii 118. 1 > 1 cl siii\..
Narsî, rW'iv (le lialnàin Djoùr, '^'•>S. 12."), i3i, i3'|.
Narsi, lils d'Irànsclialii- Schàh, /j()(). Qàroùn. .}.").
Nasa, 4i J, •"'•'9, "jqO. Qùscliàii. 609.
Nasr ibn Ahmad, ()33. Qasclimir, 1 1 1 cl suiv.. Gi.").
Naubaiuljàii, G3(i. Qerniîsiii kcrmàii Scliàli.'in . ."),i().
N'audliar, 89 et suiv., 108 ii 122, 12.'). Qinncsrîn, (ii».
Naiirôz (Fête de), i3 c( suiv. Qo))à(lli. lils dVhniwI/. .Scliîroùva), 712,
Nihùwand, G09, 710, 739, 7^1 et suiv. 71.").
.Nîmroùz, 77, 102, iG4, SyS, 383, /188 Qobàdli, lils de l'airnù/., .")83, .")8(iii 6n3,
et suiv. (il i>.
Nisibe, 488. Qohàdh, IVcrc de (Jàrcn, ii.).
No'niàn, lils de Mouiidliir, 533, .").')."). Qobàdli-klioiina . ■i()!i.
Qobàdhvàn, .')9/i.
'Obaïdallah ibn 'Abdallah ibn 'l'àliir, 709. Qohandiz (deManv), 10.
Obollali. 378, (il 7. Qotrabolla, 708.
95.
TÔO TMU,K AI.IMI \l5i:'l"I(U F. DKS NdMS.
(Jni'unis. 'i'j8, 708. Sàl)()i'ir, lil> tlAl^diirscliidi, /ifx) ;i '|()'-!.
(Joi'iinisîii ^fallt^• pour (Jarmisiii . Go;i. Sàbnùr. lils d' \i(l;isoliir, 'i8() ii 'i<|t(. ."xn.
Ominini, 609, yoy. SAhoùr DlimVI- Aklàf, ."nj à ô33.
(Jiiuslahni. i.'^i. Sàlxtùr, lils di- Sàboùr, 032 à ôiiô.
Sàhnin-, (IcRaï. :)88.
liai. 1-kI. iiU). li^i l'I stiix.. 'ly.'î. 'i;).'». Sàhoùr (\ illc do] , 'm'i.
Ô78, (ioi), 6G0, 7U>. Sa'd iliii W^afiqàs, 3(), 709 ;i 7'|i.
Ràiscli (AI-), i33, i58. Sadir, 'i()'i, ô'io.
RaUiscli (cheval de Roiistera), l'io à l'i.'^. Sadilm Diii Va/au, (iUi à (iiS.
363, 367, 369, 38i, 383, 088. Saliàin Jlnhi pivlr, ',',,,.
Uàin Aixlaschîr, fils de Bischtàsf. 271. Salin. '1 1 a (i'i. 1 i!.
Ràm Anlaschîr (Ville de), '18."). .Saloiiion, '1. luit .sui\., 'i'i7.
Ràin-F"almùï, J78. .Sàiii, ()8 à 72, 81 à 84, 87 à iu(). 109
Ràinllonnoz, 499. î' ''>» iiQi ^•>~-
Raschnewàdh, 3 90. Sàniàii, /i47.
Raqqa, 743. Samarcaiide, 201, AiJ, 709.
Razîq, 748. Saraiiilil). UT), ()i.J.
Rois régionaux Moloi'ik al-Ta\\àïr . 'il"). Sa^l,^^ Ir iiiu^ioii'ii . i)Ç)'[ et siiiv. . 70'! cl
406. siii\.
Uiiùdaki, 633. Sàsàii, lils de liahman, 389.
Roùdliàwadh, 73 à u>(), 168. i8<S. .Sàsàn, desceiidaiit de Sàsàii , '173 et siiiv.
IVoùni, 42, 160, 244 et siiiv.. 2r)2 <■! Sàsàiiides. 73/1.
siiiv., 399, 4n, 4i6, 442, 'i44. 'i.")(). Sàliroùii, '189. 491 — Voy. Daï/.aii.
483, 494, 321 à 023, 33o. -if^'i. 61)9. Saiiwàr ibii Zaïd, 33().
(iii et suiv.. (m4 à (ji(i. (173. 701. Sawâd, i3o, i3G, 43o, 430, 438, 4'>(),
731. 489, 3i8, 029, 584.
Roùiniya '?), 389. .ScliàbaSchàli, 642, 644 à 649.
Roùmiya, 6i3, 636. .Scliahdî/. (cheval d'Ahanviz), 688, 703.
Roùschan-Faîroùz, 078. Schàdli-Sàboùr, 494-
Koùschanak, 4n et suiv.. 4 '19 . 'l3'i. Sciiagliàï, 379 et suiv., 382 et suiv.,
Rousteni, io4 ii 106, i4o it i'\-, 161 el 386.
suiv., i64 et .suiv., i68 il 170, i83, .Scliàh-i-llcmàweiàu , i33.
187 a 189, 192 il 198, 2o4 et suiv., Schàhàiiscliàh, 48o, 48().
207, 212 et suiv., 2i() il 218, 221. Schàhuànieh, 263, 437.
223 et suiv., 227 et suiv., 23o, 238. Schahnim-l'aïroùz, 3/8.
243, 3oi, 34i ;» 376, 379 à38'i. 386. .Sclialuhaiàz, 701, 73i à 733.
644- .Sclialinàr, 737.
Roustem de l'Adharbâîdjàn . 738 ;i 7 '11. Siliahrzoùr, 448 et suiv., 488.
Russes, 611. Sclianiàsàs, 119 à 122.
.Sclianka, '127 ii '129.
.Sibàt (Balàschàhàdh), 38 '|. .Scliaukalat, 3(ii ;i 3()4, 367.
Al-.SàbJ [Aboù Ishàq Ibràhîni il)ii Milal . Schàsch, 23 1.
238. .Scliatà, 7 10.
.Sahiens, 238. Seliidàsh, 271.
TAI'.I^K ALPHABKÏIQUE DES NOMS. 757
Scliilir-, 7<><). Talinioùratli, 7 à 10, 3i.
Scliîrln, (iyi à (Sç)\, 70a et suiv.. 71,"). 'r.-ikht-i-Taqdîs, 698 et suiv.
728 et suiv. Talaqàii, 189, 48(i, ■j\f\.
Scliiroûya , (igo à 781, 787. Tamîm (Tribu de), .>i8 et suiv., a^y.
.Srdjcstàn, ()8, 71, 72, io3 et suiv, io(i. Tarkhoùn, 'lôG.
ti'i, ii(i, 1 K) il i>:>, i'ir> à 129. Tarse. '189.
1G8, 187, 'joi, 218, 221, .'i'ii. .'î'i."), Tawwadj ;ou Tawwa/. , ."J29, 710.
;5()2, .380, .383, 385 à 388. 'i8(i, .^82. Tliibet, 43.4 et suiv., 700, 709.
(109, 7'|2. Tijjre, i3o, .489, 5iG, 027.
Ser^'ius, (i()8. Tokhfuistàn , 70, 4ô(), 'i8(t, .")3o, r)78 et
Si'lh, 2. suiv., G09 et suiv.
Siinàk il)ii Ilarb, .').">(). T(iubi(|â (■*) , /|ji.
Sindii, .')3o, (iio. Tous, i2ô, i3o et suiv., i38, i.">(i, i.">9,
Sindjàr, .")3o. i()2, i()/|, 1G9, 197, 201, 207, 223,
Sîiidoklil, 7.') et suiv., 8.") il 88, 92 h 97. 2'|3.
99 il io3. Tht>uraïyà, 2.")8.
Siràl', i()() et suiv. Toustar, Ô27, j3o.
.Sîrawàii, 709. Toù/., /ii à 62, 107, 111 et suiv., i'\-.
Siyàmak, .'), 18. Towàna, 53o.
Siyàwiiàbàdii , 207, 2 lu , 2 1 .') , 2 I 9 et suiv. . Transoxiaue, l3'i, l'iG. itijj, 201, '|8().
23o. (il."), C-'i.
.Siyàwouscli, i()7 il 2i3. 2i() r[ suiv.. Tures, V-', 107, 1 1 '1 , lUi et suiv., i2u
3.")2, 37/1, (i.'jô, ().")7. et suiv., 123 et suiv., i38, i/i3, ij(),
.Socrate, 'lâi. iGo, 191, 197, 2o'i, 2oG et suiv.,
SoMa. \'oy. .Siklhàueli. 21G et suiv., 22.") et suiv., 228, 23i et
.Sôdliàiieli, i,')8 il iG(i, iG.'î. 1 7 i ii 187, suiv., 2G2 ii 2()'i, 2G8 et suiv., 371 il
212. 273, 270, 282 il 28/», 28G, 288 et
.Soglid, 189, 2 23. suiv., 292 à 29 j, 297 et suiv., 3oo,
.Soglidiens. \oy. Ilaitalitcs. 3o3, 336 il 338, 435, 444, 456, 5i4
.Sokaïna biiit Hosaïii, 727. et suiv., 522, 53o, 555, 557 et suiv.,
.Siirklia. il-. 583, (iii, Gi5, G17, 63G, G42 et suiv.,
.Soùkhonù, 582 il 584, 587 ii 590. G4G ii 648, 652, G8G, 743.
Soûl. \oy. Bàb Soûl.
Soùr, 708. \ ille d'airain, ^ov. Ciiàleaii d'aiiaiii.
Soùs (kiiorra Sàhoùi;. 529 il 53 1.
.Syrie, 42, 432, 45G. 520, G09. 708. Waliri/., G16 ii 619.
Waschmguir, 463.
T;d)ari, 2, 22, 24, 2G, 67, i3u, 256 et Wesikàii, 199.
sui\., 263. 4i5, 457 et suiv., 5G7. Wîseh, 117 et suiv.. 122.
Tahaiislàii , 42, 70, 84, 89 et suiv.. 107,
ii'i, 123, 127, i32 il i34, G09, 708 Vàdjoùdj et Màdjoûdj (Muraille de), 44cf
et suiv., 742 et suiv. il 4 4 2 . 44G.
Taghlib, 519, 029. yal.imoùin (clieval de No'màii). 688.
Taliniàsl", i3o et suiv. Vamàina, 519.
758 lAiii.K Ai.rii \i;iVn(H F. i)i:s noms.
^ii/ili'iljenl le Maiiv;iis. 'i?i-j \\ ô.'ii). 12.'), ii!7 ii iJy, i .> i , i .i 'i . i.iS ii i 'j i ,
Viu.dfd'uMil. lils (le Baliràni, r)(.)9 à 't-'.'i. i '|3 et siiiv., i4(3 et suiv., i j(i cl ,siii\.,
Va/.ilotli<Mxl . lils (II- Sclialiiyàr. 2. .'5;). 7.57 Uii, i()8, 188, 207, 3o2, .'5/i7('l suiv.,
il 7'|S. 353 il 337, 306 ii 3-1, 373 i-t siii\..
^(Mlien. i(> et suiv.. l,")3 il lli:>. '\'.'i>. . 37;) ol sui\.. 383 il 388.
i3(i. .">i>o. <)0<). <)i() il (il 8. /.aiuljàn, (iui).
/.ardousclit . _>.")() il :>()3. ,3 1 ,") , f{]'\.
Zàl), l3(i. l.'i(i. — \o\.Zaw. /.arii-, i>'i,">, 2.")l ii l>."v'i. •>()!. >(),"). 'in).
Zàboiil. Zàboiilistàn, G8.71, 77, i)!). 1 1> 1 . 272 ii 274, 27O.
l'ii. i<>i, Uj.'i, 380 i"t siiiv., .").")."). Zaw, 108, i3o i» 137. 1 3().
.")82. (ioi) et suiv. - Zawàbî (A1-), i3(i.
Ziîdliàii FaiTonkh, 714. 717 cl suiv. Zi'wàreh (ou Zebàreli;, 188, 3/iy. 331,
Zàl. Zàl-i-Zar, 08 il loO, ii4, ii<) il 122, 3(ii, 30/i, 373, 373, 38i i. 383.
\f)DiTro\s i:t cohhkctions.
I'iil,'c ly, lii;nc 'i : lirr sOoiio.
l'.if,'!' 1 .■< , ;iv;uil-(liTnièic lii,'ii(' : ('."«■si iniihiihlfini-iit JJli.fl iii>ii jiXt i|ii'il I'.imI lire.
l'jigi- ,57. (Icniiùir lif^no : J";ii r[i' conduit à siibstitiii'r lc> mot cD^^àsJI il la leçon jjS'S>i\
(1rs injMiiiscrils, par la iii-ccssili'- d'obti-iilr un sens pour la phrase. Mais l:r
conjcctin-c est loin dV-lic satisraisanle.
l'aj,'!' 'i*). lignes vt et .'5 de la traduction : Au lieu de : «des llols de s^mi,' ii l'aire loiiiner
les nioidins ». lire : » des coinhats sanf^lants ».
l'atfe ()X, lij;ne :>. : l.i's mots ijj^il ^^LJ j»^,..^-'!. doixeni s'enleiidie dans le sens lilleral :
« il leui- donna des vi'-lernenls tni>-ei;i|)|i's ..
Paf,'e M)!. Ii;j;ne A : Il esl pi>ssi|i|c> (pie Ailvbl soit une latisse leçon pour s^ULil .
i'af^e .((S'i, jii^nes <S el 1 1 de la Ifaduclioii : .lu lieu rfc Roùdliàhadli . liir Roùdliàwadli.
I'af,'e 7()>, liijne '.\ d'en lias : An lii'ii de kliwara/mt. liir Kliwai'i/.iiu'.
l'af^e ()()(), lli^ne (i : w*.«».<»i« esl une fausse leçon des inss. Il lanl coiiif^er en ^jj^j^^yjy.
l'affc yot), ligne 3 : l/adjectif relatif ^^Lm^ peut se rapporter au nom de sSilL^. Mais
peut-èlre fant-il lire ^ljC«L«.
fin plusieurs passages (pages M), (i,"), i>.'5. i .') '1 , etc.' l'expression ^LdL t^»a**! est
liaduile par » il ceignit la couronne » on « il se ceignit de la couromic ». Il serait plus exact
de liacUiire par « il fut ceint de la cotnonne» ou «il fut couroinK'»; car, en l'ail, sous la
dynastie des Sassanides, la couronne était imposée au nouveau roi |)ar un liaiil dignitaire.
Du reste, page 't'.\- de noire texte, on lit l^>>Jic, et page .")i)0 ^jj-
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272 al-Malik ibn Muhamniid
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